On tend à les fréquenter, non pour enrichir sa personnalité, non pour s’exercer à penser droitement, non pour saisir les nuances délicates du beau, mais pour emmagasiner vite un minimum de connaissances utilitaires, et pour obtenir un parchemin qui serve. […] Les collègues américains, toujours si prompts à exercer leur hospitalité cordiale, l’invitent, et le font entrer dans leur familiarité ; de sorte qu’il s’enrichit à son tour de connaissances et de sympathies, et qu’il reçoit autant qu’il donne : le cycle est complet. […] Elle est la puissance, puisqu’on passera de la connaissance qu’elle assure à l’action qu’elle garantit : et donc, elle apportera le progrès, le bonheur. […] Trembley a beaucoup étendu nos connaissances sur le système organique. […] Mais il sentait en lui une multitude de forces qui s’agitaient confusément ; il devinait, dans la perception de la beauté, jusque dans l’instinct même, « le résultat d’une infinité de petites expériences81 » : et découvrant chez Leibniz le principe de la connaissance claire ou obscure, il approuvait : « Qu’est-ce qui se passe en nous dans la connaissance des couleurs et des odeurs ?
Ce fut dans les calmes jardins qui descendaient jusqu’à la rive du lac que ses yeux avides et attentifs firent connaissance avec la nature qu’elle devait tant aimer. […] Les jeunes poètes d’alors, dont j’étais, n’y fréquentaient guère, car Edmond de Goncourt était franchement insensible aux charmes de la Poésie ; néanmoins je me trouvai chez lui en pays de connaissance, et le courtois accueil du maître du logis me rassura, si bien que, sans devenir un habitué du « Grenier », je ne manquais pas d’y paraître de temps à autre. […] Les littératures étrangères l’attiraient et sa connaissance de plusieurs langues lui en rendait l’accès facile. […] Au retour, il traversa l’Inde en compagnie de son ami Curnonsky, et les deux voyageurs en rapportèrent une connaissance approfondie des boissons en usage dans la péninsule indienne. […] Ces réunions étaient fort nombreuses et fort animées, et ce fut à l’une d’elles que je fis la connaissance d’Alfred Jarry.
Littré avait laissée de lui et de sa force d’initiative : « À la mémoire de Michel-François Littré, d’Avranches, chef de bureau à la direction générale des Contributions indirectes, mort à Paris le 20 décembre 1827 ; canonnier de marine durant les guerres de notre Révolution ; l’un des collaborateurs du Journal des Hommes libres en 1799 ; patriote sincère et constant, qui a cru et travaillé pendant sa vie entière aux progrès de la liberté ; érudit qui ne devait qu’à lui seul et à la persévérance de ses travaux des connaissances étendues et variées ; philologue distingué, l’un des plus anciens membres de la Société asiatique de Paris ; homme d’une inaltérable droiture, etc. […] Littré l’a retrouvée, et il la rend à son tour, en y joignant la connaissance plus précise qui caractérise les modernes : « On prétend, dit-il, que Virgile, interrogé sur les choses qui ne causent jamais ni dégoût ni satiété, répondit qu’on se lassait de tout, excepté de comprendre (præter intelligere). […] Ce qu’il fallait de connaissances positives et variées, d’aptitudes et de spécialités diverses, concourant dans un labeur assidu, pour entreprendre et mener à fin cette grande œuvre de la Collection hippocratique, rien qu’une telle idée, au premier aspect, eût été capable d’effrayer et de détourner tout autre que M. […] La ville prise, elle et sa mère se hâtaient sur la route de Lyon, quand elles rencontrèrent quelqu’un de leur connaissance qui leur annonça que Johannot était mort dans les prisons : cette nouvelle leur perce le cœur ; la mère refuse de faire un pas de plus, la fille veut aller chercher le corps de son père ; elle chemine pleurant ; puis au loin, sur la route, elle aperçoit… son père lui-même vivant et délivré ; qu’on juge des émotions de ces tragédies !
Si l’idolâtrie a été ridiculisée tant de fois par nos gens de lettres, si elle n’a jamais pu devenir la religion du gouvernement, quoiqu’elle fût celle des empereurs (depuis les conquêtes des Tartares et l’introduction des superstitions des Indous), nous le devons à ces livres… « Comme ils font aussi toute notre histoire, ajoute l’écrivain chinois, il est clair qu’on y doit trouver des détails uniques pour la connaissance des mœurs dans cette longue suite de siècles, détails d’autant plus intéressants que les poésies qu’on y voit sont plus variées et embrassent toute la nation depuis le sceptre jusqu’à la houlette. […] Pour remplir exactement tous ses devoirs sans troubler l’économie de l’ordre, il faut savoir connaître, il faut savoir distinguer, il faut appliquer à propos cette connaissance sûre, ce sage discernement, cet équilibre d’ordre, d’autorité, d’obéissance, de liberté ! […] Il n’est occupé soir et matin que de son perfectionnement moral et politique par l’acquisition de quelque vertu ou de quelque connaissance spéciale qui lui manque, non pas pour s’en parer, mais pour les communiquer à ceux qui dépendent de lui. […] « Les coercitions matérielles, dit-il dans la suite de cet entretien, les prisons, les supplices, les peines de toute espèce, les intimidations par les châtiments sont de bien faibles liens pour retenir dans le devoir les hommes que l’on ne conduit pas par la raison, la conscience, la convenance ; mais si on les forme, par l’éducation, la liberté mesurée, l’exemple, l’exercice, à la connaissance et à la pratique de la raison, de la conscience, de la convenance, si l’intelligence et l’amour de ces trois principes se développent dans leur cœur par la force naturelle que le Ciel (Dieu) a donnée à ces trois principes qui font l’homme social, tout changera de face et s’améliorera dans l’empire.
Tout tend en Chine à persuader la multitude que l’empereur est infiniment au-dessus des premiers lettrés par la force de son génie et par l’étendue de ses connaissances. […] L’ouvrage destiné à faciliter au peuple tout entier la connaissance de la religion, des lois, des motifs des lois, de la politique, des sciences, des arts, des métiers, de l’agriculture, du commerce, de l’industrie, est divisé en quatre cent cinquante livres. […] Depuis le deux cent quarante-deuxième livre jusqu’au trois cent seizième, il n’est question que de l’homme, mais il y est envisagé sous toutes les faces, rapports et points de vue imaginables ; soit pris solitairement et par rapport à sa constitution corporelle ; soit envisagé dans sa famille, dans la société et dans l’État ; soit surtout comme capable d’acquérir des connaissances, de cultiver toutes les vertus, ou de donner dans des vices et des désordres qui le dégradent et font son malheur. […] Ce résumé encyclopédique est lui-même le résumé de deux cent mille volumes qui se multiplient tous les jours sur toutes les connaissances humaines, et cela dans une langue triple, tellement riche en mots et tellement parfaite en construction logique qu’elle est à elle seule une science dépassant presque la portée d’une vie d’étude.
Ce n’est pas toutefois faute de connaissances claires et profondes sur ce point de l’histoire de notre littérature française. […] Sa confusion encyclopédique, sa prétention audacieuse et mal réglée à toucher à toutes les connaissances, ce grotesque étalage d’érudition où se trahit le sentiment de l’unité de l’esprit humain ; toutes ces choses furent alors d’informes mais précieux rudiments de culture intellectuelle, et des germes féconds pour l’avenir. […] Ailleurs il loue Virgile de la profonde connaissance qu’il a du cœur des femmes. […] N’est-il pas admirable de reconnaître sous cet entassement de connaissances confuses et mal digérées, l’esprit français déjà si sûr, si hardi et si vaste, à peu près comme on distingue, sous l’amas d’ornements dont les sculpteurs chargeaient l’enveloppe des cathédrales, les grandes et simples lignes de l’architecte ?
Cependant Buffon ne dédaigne pas les faits dont la connaissance, dit-il quelque part, constitue la seule et vraie science. […] Je sais tel vieillard goutteux et gourmand que mène, en le faisant bien dîner, une gouvernante dévote, et qui a chassé son neveu, « parce qu’il n’a aucune considération pour cette pauvre fille. » Il n’est pas que vous n’ayez dans vos connaissances un poète de l’humeur de Fabrice, dupe de la nouveauté, imitateur de ce qui réussit, grand admirateur de Gongora, — et en quel temps n’y a-t-il pas des Gongoras ? […] Il annonce une histoire des études, et il ne donne que le tableau un peu vague des connaissances qui, chez les anciens et les modernes, ont formé la matière des études. […] Nous sommes par tant de côtés étrangers aux sujets de l’éloquence antique, qu’à moins de nous rendre l’orateur présent par la connaissance de sa langue, de nous placer sous son souffle, le plus médiocre livre qui nous parle de notre temps nous intéressera plus que les harangues de Démosthène et de Cicéron.
Scrupule qu’une connaissance plus approfondie de leur histoire détruira bientôt chez le futur auteur du Luther ! […] Dans le débat rapide de ces questions, on entrevoit des fonds de connaissances prodigieux, et les spécialités d’aptitudes de cette intelligence presque sacerdotale, dont les études se sont creusées dans les grandes préoccupations du prêtre ! […] Sans ces connaissances générales, il n’est pas d’histoire particulière dans l’histoire du catholicisme que l’historien pût toucher, tant les mailles de ce magnifique réseau rentrent profondément les unes dans les autres, tant le fil électrique de la tradition, remué à une place, tressaille et vibre dans toute sa longueur, de l’une à l’autre de ses plus distantes extrémités ! […] Après avoir écrit le mot Civilisation avec la béate confiance d’un moderne, il en place l’idée dans le développement des lettres et des arts, et la diffusion des connaissances.
Alors, comme le souvenir est lui-même, par essence, une connaissance de ce genre, puisqu’il n’a plus d’objet, on ne peut trouver entre la perception et le souvenir qu’une différence de degré, la perception déplaçant le souvenir et constituant ainsi notre présent, simplement en vertu de la loi du plus fort. […] Alors, comme on ne voit pas l’intérêt qu’elle aurait à laisser échapper les connaissances qu’elle tient, vouée qu’elle serait à la connaissance pure, on ne comprend pas qu’elle renonce à éclairer ce qui n’est pas entièrement perdu pour elle. […] Il semble donc bien que nous ne débutions ni par la perception de l’individu ni par la conception du genre, mais par une connaissance intermédiaire, par un sentiment confus de qualité marquante ou de ressemblance : ce sentiment, également éloigné de la généralité pleinement conçue et de l’individualité nettement perçue, les engendre l’une et l’autre par voie de dissociation.
Entre les divers propos que le président Groulard a recueillis de la bouche de Henri IV, il en est un qui le peint bien dans son bon sens, dans son peu de rancune, et dans sa connaissance pratique et non idéale de l’humaine espèce. […] Dans la modération et la clémence de Henri IV il entrait donc, sur un fonds premier de générosité et de bon naturel, une profonde connaissance de ce que peuvent les choses, de ce que valent les hommes, bien de la prudence et un peu de mépris.
Si M. de La Rochefoucauld avait voulu former un jeune homme à qui il se serait intéressé, le jeune duc de Longueville, à son entrée dans le monde, par exemple, il aurait pu lui faire lire ces pages pleines de conseils et de recommandations adroites, fondées sur la connaissance parfaite des esprits. […] Plus on avance dans la vie, dans la connaissance de la société, et plus on lui donne raison.
qu’avant de se décider à écrire sur quelque portion de ce beau siècle, on devrait bien s’y être préparé de longue main, et, pour cela, dès la jeunesse, dès l’enfance, avoir insensiblement reçu une première couche générale de connaissance classique française, de bon et juste langage, comme du temps de Fontanes et de la jeunesse de M. […] Un moment elle craint que le peu de contentement où l’on est à la Cour de France de certains procédés équivoques habituels au duc de Savoie, ne fasse renoncer aux vues qu’on avait sur la princesse sa fille : « Si cette nouvelle est véritable, écrit Mme des Ursins, je vous supplie très humblement, madame, de m’informer sur ce qui pourra venir à votre connaissance, afin que je puisse prendre mes mesures de bonne heure. » Mais bientôt elle apprend que tout tient et achève de se conclure ; en attendant, elle ne s’en est pas fiée aux simples insinuations auprès de la cour de Turin ; elle a écrit, elle s’est décidément offerte.
Il n’a que vingt-cinq ans, il quitte l’Angleterre après quelques mois de séjour, il vient à Paris et y retrouve quelques-unes de ses connaissances et de ses meilleures amies de Genève, Mme Necker, reine d’un salon, les duchesses d’Anville et de La Rochefoucauld. […] Vous avez en vous un trésor de connaissances, vous avez un ami ; pourquoi ne pas jouir d’un bonheur qui est en votre puissance, au lieu dépasser votre vie dans des intrigues sans intérêt, auxquelles nous sommes, vous et moi, moins propres que personne au monde ?
Enfin, il avisa, pour se divertir, d’aller voir les dames veuves de son temps et de sa connaissance, et tâcha à passer son temps doucement ; et, pour ce que le malheur des guerres lui ôtait la liberté de sortir la ville et s’aller promener à Ormesson, il loua un petit jardin, proche sa maison, où il s’allait promener souvent. […] À un point de vue plus général, tout historien profitera beaucoup de la connaissance de ce journal et du contrôle qu’il permet d’établir avec d’autres récits, surtout pour la première Fronde : la seconde n’y est pas.
Je suppose qu’une ou deux de ces grandes séries aient paru, non pas arrangées, non pas triées et écourtées, mais telles quelles, par une de ces indiscrétions et de ces imprudences heureuses dont tout le monde profite ; que cette âme vive, émue, expansive, passionnée et généreuse, magnanime, pour tout dire, cette intelligence avide, empressée, ouverte de toutes parts, divinatrice et sympathique, touchant au génie, se soit montrée et comme versée devant tous dans une multitude de lettres familières, affectueuses, éloquentes, inachevées chacune, mais s’achevant l’une l’autre : les nouvelles générations auraient fait connaissance avec elle plus directement encore que par les livres ; elle ne serait pas restée une gloire aristocratique, la plus haute renommée de salon, mais s’y renfermant ; elle balancerait Chateaubriand non seulement de mérite et de nom, mais de fait ; elle serait lue et encore présente au milieu de nous ; on la discuterait. […] Or, le maître et l’oracle en telle matière l’a observé, « le genre de bien-être que fait éprouver une conversation animée ne consiste pas précisément dans le sujet de cette conversation ; les idées ni les connaissances qu’on peut y développer n’en sont pas le principal intérêt ; c’est une certaine manière d’agir les uns sur les autres, de se faire plaisir réciproquement et avec rapidité, de parler aussitôt qu’on pense, de jouir à l’instant de soi-même, d’être applaudi sans travail, de manifester son esprit dans toutes les nuances par l’accent, le geste, le regard ; enfin, de produire à volonté comme une sorte d’électricité qui fait jaillir des étincelles, soulage les uns de l’excès même de leur vivacité, et réveille les autres d’une apathie pénible ».
Il était des amis de mon père et des miens, homme d’un esprit doux, aimable dans la société, orné de plusieurs connaissances et ayant du goût pour les lettres comme pour ceux qui les cultivent ; mais, soit par un dévouement trop ordinaire aux intendants pour les ordres de la Cour, soit parce qu’il croyait, comme bien d’autres, qu’il ne restait plus dans le parti protestant qu’une opiniâtreté qu’il fallait vaincre ou plutôt écraser par le poids de l’autorité, il eut le malheur de donner au reste du royaume un exemple qui n’y fut que trop suivi et dont le succès surpassa d’abord les espérances même de ceux qui le faisaient agir. […] Le roi l’en loue ; puis on en vient au premier détail du plan proposé pour, faciliter les conversions : « Je lui montrai, dit Foucault, la carte que j’avais fait faire du Béarn, avec la situation des villes et des bourgs où il y avait des temples ; je lui fis voir qu’il y en avait, un trop grand nombre et qu’ils étaient trop proches les uns des autres, qu’il suffirait d’en laisser cinq, et j’affectai de ne laisser subsister que les temples, justement au nombre de cinq, dans lesquels les ministres étaient tombés dans des contraventions qui emportaient la peine de la démolition du temple, dont la connaissance était renvoyée au Parlement, en sorte que, par ce moyen, il ne devait plus rester de temples en Béarn.
Là, l’auteur de ces romances sentimentales, dont l’une a dû à Rousseau une si délicieuse mélodie, put faire connaissance avec l’abbé Métastase et causer musique avec lui ; mais cette agréable rencontre, et celle aussi du bibliothécaire de l’empereur, le philosophe Jameray-Duval, qui lui marquait confiance et amitié, ne lui rendirent pas l’habitude d’une Cour plus facile ; il y resta peu et changea bientôt d’emploi. […] Voir la Notice sur la vie et les ouvrages de Deleyre, par Joachim Le Breton, secrétaire de la seconde classe de l’Institut, dans le recueil des Mémoires de cette seconde classe, tome II, page 9 ; et dans la Décade philosophique du 30 mars 1797, page 44, une courte note nécrologique, assez curieuse. — Il faut tout dire, et un moraliste de ma connaissance, qui aime marquer le plus qu’il peut les contradictions de la nature morale, me souffle à l’oreille ce dernier mot : « Allons, convenez-en, ce tendre et mélancolique Deleyre était athée en toute sécurité de conscience, et à la Convention, dans le jugement de Louis XVI, il vota la mort sans biaiser et sans sourciller. » L’aveu qui me coûtait le plus à faire est sorti.
Le Play, averti par lui et sentant qu’on ne pouvait de soi-même chercher et trouver dans bon grand in-folio les mille inductions éparses qui résultaient de cet ensemble d’observations particulières, a pris le soin de résumer les idées, d’élever les points de vue, de grouper et de serrer les comparaisons, de les développer en même temps et de les mettre dans leur vrai jour, d’en tirer les conclusions plus ou moins pratiques, plus ou moins immédiates, mais toutes fondées sur une connaissance exacte des sociétés et des peuples. […] » — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ?
Une note avait été envoyée de Versailles, dès le 5 février, à tous les Cabinets de l’Europe, par laquelle le roi déclarait n’avoir eu aucune connaissance de la convention particulière conclue entre la Cour de Vienne et l’Électeur palatin, et n’y avoir pris aucune part. […] Elle a connaissance, à la fin, de cette note du 5 février qui avait établi dès l’origine la situation et la conduite de la France65.