A Montesquieu, l’histoire renouvelée ; à Voltaire, la propagation du déisme, du bon sens et de la tolérance ; à Diderot, le résumé encyclopédique des connaissances humaines ; à Jean-Jacques, la restauration du sentiment religieux, des droits de l’homme, tant individuel que social, et le grand principe de la souveraineté démocratique ; tels sont les titres généraux, que leur reconnaît M. […] Ses écrits nombreux sur les matières économiques, son Voyage en Italie, attestent beaucoup de justesse, de finesse et de connaissances ; ses descriptions de machines dans l’Encyclopédie méthodique surpassent, assure-t-on, en précision élégante celles de Diderot.
Les diverses additions qui s’étaient faites à la première connaissance si vague et si lyrique, les détails plus précis, les analyses et les anecdotes se rapportaient naturellement au même point de vue. […] Je crois bien n’avoir pas échappé à quelques-unes des épigrammes qu’il distribuait à la Gazette d’Augsbourg, aux dépens de ses connaissances de Paris.
Journaliste expert et aiguisé, mais bien au-dessus de son état de journaliste, car il faut être au-dessus de son état pour être bon journaliste, Vitu, dont l’esprit a beaucoup de goûts divers et cette irisation de connaissances très multipliées qu’on pourrait nommer l’encyclopédisme, a cependant assez d’assiette dans les facultés pour résister aux goûts qui lutinent son esprit et condenser cette irisation de connaissances dans la pleine lumière d’une seule chose.
Et c’est pourquoi la connaissance des formes sociales qui concourent au progrès de l’égalitarisme n’interdit à personne de faire effort pour l’enrayer. Toutefois, il est au moins une chose dont cette connaissance rend compte : elle montre quelles conditions seraient nécessaires pour qu’une réaction pareille eût quelque chance de succès.
Nous devons donc partir d’une notion quelconque de la divinité dont les hommes ne puissent être privés, quelque sauvages, quelque farouches qu’ils soient ; et voici comment nous expliquons cette connaissance : l’homme déchu, n’espérant aucun secours de la nature, appelle de ses désirs quelque chose de surnaturel qui puisse le sauver ; or cette chose surnaturelle n’est autre que Dieu. […] Elle a régné chez les nations plus de mille ans avant qu’elles eussent des écrivains ; ces écrivains n’ont donc pu en avoir aucune connaissance.
Je suis revenu, un superbe panier de fleurs à la main, un panier mis devant moi, pendant le repas, et que, dans mon émotion, je n’avais pas regardé attentivement, ayant pris seulement connaissance du billet de Mme Mirbeau, qui me l’avait envoyé. […] Ces deux femmes m’étonnent par la connaissance qu’elles ont de : Manette Salomon et de : La Maison d’un artiste. […] Et cette connaissance de l’histoire de l’Empereur, lui est arrivée par des livres en langue hollandaise, que son père avait apprise de son maître, un médecin hollandais. […] Wendel, qui en a eu connaissance, assure qu’il n’y avait pas un mot, dont la réalisation ne soit arrivée, eh bien, ce rapport avait été refusé, peut-être un peu, parce que l’auteur était catholique et surtout parce qu’il était revenu de là-bas, avec la réputation de se piquer le nez. […] » Et s’élevant presque contre son mari, contre ses enfants qui l’ont fait opérer, malgré elle, dans la perte de connaissance du chloroforme, elle laisse percer le regret de ne pas s’en être allée, et d’avoir à recommencer une autre fois : — la souffrance l’ayant abandonnée, et se trouvant dans cet espèce d’état, doucement vague, qui précède l’évanouissement.
. — 3° A ces deux raisons s’ajoute la connaissance que nous avons des lois de la nature. Cette connaissance constitue comme un sens du probable, du possible, du réel, sens non pas inné, mais acquis : c’est le bon sens dans son application à la simple expérience ; ce qui le contrarie, ce qui l’étonne, nous nous refusons à le croire réellement extérieur. […] Le contenu de l’espace et le contenu du passé sont les deux objets sur lesquels s’exerce l’action du sujet pensant ; toute connaissance phénoménale est aperçue ou située par lui dans l’une de ces deux formes ou dans toutes les deux à la fois ; seulement, il distingue le passé immédiat du passé lointain ; il appelle le premier présent, le second seul est pour lui le passé. […] Ces deux distinctions passent de la réalité objective dans la pensée, la première par la perception externe, la seconde par la reconnaissance ; la reconnaissance nous révèle ainsi la loi fondamentale de notre existence intérieure, l’habitude ; la connaissance de l’habitude n’est qu’une généralisation de nos jugements de reconnaissance. […] Cette localisation ne peut résulter d’une sorte d’intuition a priori des rapports de la pensée avec le cerveau : il est absurde de supposer le cerveau sentant lui-même sa situation dans le corps ; il ne l’est guère moins de supposer l’âme sentant le cerveau, prenant connaissance de ses relations avec lui, et localisant le cerveau directement, elle-même par association.
Il introduit le triple principe par où la rénovation de l’éloquence sacrée se fera : le sérieux profond de la foi, la solide connaissance des Écritures, l’exacte connaissance de l’homme.
On peut considérer l’institution d’un prêtre sous trois points de vue généraux : les mœurs, les connaissances et les fonctions ; et les fonctions sous deux autres aspects : les fonctions publiques et les fonctions privées ou ce qui tient à sa vie domestique. […] La connaissance de la langue latine lui est indispensable ; celle de la langue grecque lui est encore moins nécessaire qu’au médecin.
Il est impossible en effet de ne pas s’apercevoir des efforts qui se font, en ce moment, pour asseoir toutes nos connaissances primitives et acquises sur une base solide et inattaquable, celle de l’expérience. […] Ainsi, quoique l’ouvrage de M. de Bonald semble s’appliquer à un ordre de choses qui n’existe plus, cet ouvrage n’en est pas moins d’une très grande importance et d’une utilité incontestable, parce que la vérité est toujours la vérité, parce que le don primitif de la parole n’a pas cessé d’être l’origine de nos connaissances.
Mais je dis que, tel qu’il soit au fond, s’il a un fond, il paraît cultivé à la surface, renseigné, orné de connaissances, fort bien appris dans les matières qu’il traite. […] Lenient et son livre forment tous deux le résultat le plus favorisé de la pisciculture intellectuelle, qui crée du talent avec un semis de connaissances, et comme elle peut, le fait lever.
Eugène Ledrain Penseur et artiste, elle fait preuve, pareillement, surtout dans la partie philosophique d’Un mystérieux amour, de connaissances aussi précises qu’étendues.
Quand certaines figures de sa connaissance avaient ainsi passé devant lui, il essayait mentalement et de parti pris de les reproduire. […] Des images d’un certain genre constituent les souvenirs, c’est-à-dire la connaissance des événements passés. Des images associées aux sensations des divers sens, et particulièrement de la vue et du toucher, constituent les perceptions acquises, c’est-à-dire tout ce qui dans la connaissance des objets individuels extérieurs dépasse la sensation actuelle brute. Des images d’un certain genre et associées d’une certaine façon constituent les prévisions, c’est-à-dire la connaissance des événements futurs. — De même que la connaissance des qualités générales n’est possible que par la substitution des signes aux perceptions et aux images, de même la connaissance soit des événements futurs ou passés, soit des propriétés groupées qui composent chaque objet individuel extérieur, n’est possible que par la substitution des images aux sensations. — Dans les deux cas, la nature emploie le même procédé pour aboutir au même effet, et la psychologie répète ici la physiologie.
Ce guide, c’est la connaissance de la nature humaine, c’est ce réalisme psychologique qui est la vertu essentielle de nos grands classiques. […] Nos connaissances se sont accrues et, par suite, nos inquiétudes. […] Les connaissances sommaires, dues aux manuels universitaires que ne commentent qu’avec prudence des professeurs insuffisamment avertis, suffisent à la curiosité générale, en même temps qu’aux exigences des examinateurs. […] Je crois que la nation française, en tant que nation, n’aura à user de réprobation ou de reconnaissance envers son élite littéraire, que le jour, dont rien n’annonce l’aurore, où elle aura pris connaissance de l’œuvre même de cette élite dont le retentissement est, pourtant, sensible, par-delà nos frontières. […] Non seulement, le niveau des connaissances a baissé, mais la curiosité intellectuelle.
XV Je dois, pour compléter ma pensée et bien faire comprendre ce que j’entends par une philosophie scientifique, donner ici quelques exemples desquels il ressortira, ce me semble, que les études spéciales peuvent mener à des résultats tout aussi importants pour la connaissance intime des choses que la spéculation métaphysique ou psychologique. […] La physique et la chimie ont plus fait pour la connaissance de la constitution intime des corps que toutes les spéculations des anciens et modernes philosophes sur les qualités abstraites de la matière, son essence, sa divisibilité. […] La théorie du primitif de l’esprit humain, si indispensable pour la connaissance de l’esprit humain lui-même, est notre grande découverte et a introduit dans la science philosophique des données profondément nouvelles. […] Est-il croyable qu’il n’existe pas dans toute l’Europe une seule chaire de linguistique et que le Collège de France, qui met sa gloire à représenter dans son enseignement l’ensemble de l’esprit humain, n’ait pas de chaire pour une des branches les plus importantes de la connaissance humaine que le XIXe siècle ait créées ? […] Sans doute la connaissance universelle de l’esprit humain serait nécessaire pour cette histoire.
Ribot ont déjà tiré de cette vue les conclusions qui conviennent sur le peu d’influence moralisante de la diffusion des connaissances. […] Nous avons pu déterminer ainsi quelles atteintes l’excès de cette faculté porte aux autres ; comme elle rend la connaissance plutôt partielle et incomplète que fausse, comment elle supprime par contre presque toutes les idées générales et toute notion d’analyse, comment elle exagère la faculté d’expression, comment elle porte aux éclats et à l’outrance, l’impression de certitude et d’infaillibilité qu’elle donne à celui qui l’éprouve. […] À beaucoup d’égards, Dostoïewski en est au même point que Dickens ; chez lui également, la connaissance et la compréhension du monde est obscurcie et profondément altérée par les frémissements, le trouble continuel que lui cause une sensibilité morbide, Mais ici l’affection est plus profonde et autre. […] Ils sont exclus du monde des faits, de la connaissance et de l’amour des simples objets naturels, par le maléfice d’une imagination incurablement raffinée, qui dégoûte de toutes choses par de plus séducteurs idéaux et oublie qu’il manque à ces fantômes la qualité primordiale de l’existence. […] Plus haut encore, les artistes, en percevant les objets par leur côté frappant, caractéristique, essentiel, un paysage en son accent de mélancolie ou d’exubérance, un homme dans la particularité de son tempérament, une civilisation dans son effigie spécifique, en viennent, par un détour, à effectuer dans l’univers cette connaissance par les causes, qui est à la fois le but de la science et le terme dernier de notre développement intellectuel.
Au duc Albert de Saxe-Teschen, qui venait de perdre la bataille de Jemmapes et d’être gravement malade, et qui lui demandait, en le revoyant à Vienne, comment il le trouvait : « Ma foi, monseigneur, répondit le prince de Ligne, je vous trouve passablement défait. » Il disait encore très joliment du prince royal de Prusse qui s’était trouvé indisposé et pris d’un étourdissement à une séance de l’Académie des sciences à Pétersbourg : « Le prince, au milieu de l’Académie, s’est trouvé sans connaissance. » Tout ceci est du meilleur : mais après une visite qu’il avait faite au cardinal de Luynes, archevêque de Sens, au sujet d’un procès, il outrepassait le mot, il le cherchait et le tirait de bien loin quand il répondait à M. de Maurepas, qui lui demandait comment il avait trouvé le cardinal : « Je l’ai trouvé hors de son diocèse », voulant dire hors de sens. […] Cela dit, prenons-le par ses bons côtés, par ses saillies qui souvent vont fort loin dans le vrai et dans le sérieux, prenons-le dans sa parfaite connaissance de la vie, du monde et des hommes. […] Une lettre piquante adressée à son ancien ami Ségur qui avait donné quelque adhésion aux premiers actes de la Révolution, nous montre le prince de Ligne à la date d’octobre 1790, dans le premier instant de son irritation et de sa colère : La Grèce avait des sages, dit-il, mais ils n’étaient que sept ; vous en avez douze cents à dix-huit francs par jour, … sans mission que d’eux-mêmes, … sans connaissance des pays étrangers, sans plan général, … sans l’Océan qui peut, dans un pays dont il fait le tour, protéger les faiseurs de phrases et de lois… Messieurs les beaux esprits, d’ailleurs très estimables, ont bien peu de talent pour former leurs semblables.
Lorsque sa traduction parut, ils se dirent : « Voilà donc cet Homère dont on parle tant », et ils firent bientôt toutes les critiques qu’une première impression suggère quand on ne se met pas au point de vue de l’Antiquité ou qu’à défaut d’une connaissance véritable on n’est pas retenu par le respect de la tradition. […] Elle sent d’ailleurs très bien le faible de cette génération à laquelle elle s’adresse, génération de cafés et d’Opéra, qui s’en tient à une première connaissance superficielle et va ensuite porter ses découvertes dans les belles compagnies pour s’y faire applaudir : Mais par quelle fatalité, s’écriait-elle, faut-il que ce soit de l’Académie française, de ce corps si célèbre qui doit être le rempart de la langue, des lettres et du bon goût, que sont sorties depuis cinquante ans toutes les méchantes critiques qu’on a faites contre Homère ! […] Mme de Staal de Launay, dans ses ingénieux Mémoires, a immortalisé cette petite scène de raccommodement qui eut lieu à souper, le 5 avril, dimanche d’avant Pâques de 1716 : ce jour des Rameaux n’était pas choisi sans dessein pour le pardon chrétien des injures : Avant que je fusse à la Bastille, écrit Mlle de Launay, M. de Valincour m’avait fait faire connaissance avec M. et Mme Dacier ; il m’avait même admis à un repas qu’il donna pour réunir les anciens avec les modernes.
Or ce grand bouillon de colère et indignation étant aucunement refroidi, et là-dessus ayant ouï parler des gens de toute sorte, consultant à part moi souvent de ce qu’en conscience il en faut tenir et croire, enfin je me suis aperçu bien changé… Il est à remarquer que la date de cette lettre, qui est d’avril 1589, coïncide avec les premiers temps de la connaissance que fit Charron de Montaigne37 : je n’irai pas jusqu’à conjecturer que, dès les premiers entretiens, Montaigne fut pour quelque chose dans ce changement de Charron. […] Ce qui est certain, c’est qu’en 1589, après avoir prêché le carême à Angers, et un carême très vif38, Charron retourna à Bordeauxk, où, dit-on, il prit connaissance et vécut fort familièrement avec messire Michel de Montaigne, chevalier de l’ordre du roi, auteur du livre intitulé les Essais, duquel il faisait un merveilleux cas ; et le sieur de Montaigne l’aimait d’une affection réciproque, et avant de mourir (ce qui eut lieu trois ans après), par son testament il lui permit de porter après son décès les pleines armes de sa noble famille, parce qu’il ne laissait aucun enfant mâle. […] Grün, dans La Vie publique de Montaigne, page 373-374, veut que leur connaissance ait commencé plus tôt qu’on ne l’admet communément ; il en allègue pour preuve un ex dono d’ouvrage, qui porte la date de juillet 1580.