Il avait donc été convenu entre nous, par l’intermédiaire d’un ami commun, que nos conversations seraient à double entente ; que nous ne nous regarderions jamais face à face en causant ensemble, mais que nous aurions l’air de nous adresser à un troisième interlocuteur dans la confidence des deux ; que chacun de nous paraîtrait adresser à ce tiers complaisant ce que nous avions à nous dire ; que nous nous entretiendrions obliquement, par ricochet, et que nos paroles, insaisissables ainsi à la foule, ressembleraient à ces projectiles qu’on dirige d’un côté pour frapper ailleurs.
Ballanche restait à Paris auprès de l’amie commune.
V Nul ne peut nier que ceci ne soit le résumé parfaitement historique de l’institution de la papauté, et de son action séculaire pour rassembler autour d’un centre commun les débris de l’Italie, pour la défendre des barbares, pour la disputer à l’empire germanique et pour faire de ses membres épars une unité papale, au lieu d’une unité romaine : à ce titre, les historiens philosophes les moins chrétiens, tels que Gibbon, Sismondi, Ginguené, Voltaire lui-même, constatent les services réels rendus par la papauté à l’Italie dans le courant des siècles.
IX La vie que l’on menait pendant la villégiature, dans la villa de la comtesse Léna et de toutes les familles élégantes d’Italie, était éminemment adaptée à ces longues lectures en commun qui sont l’occupation des longues paresses d’esprit.
« Ces philosophes, tout en méprisant les hochets de ce monde, se les disputaient sans pouvoir les obtenir, insuccès final qui les raccommodait et leur faisait maudire en commun la détestable engeance humaine !
Mes paroles, tout en augmentant la tristesse commune, ne modifièrent pourtant pas notre résolution.
Déjà cependant les affinités communes à la sensible et à la dominante se groupent bientôt autour de celle-ci, par un jeu mélodique qui, par la précision de ses formes et le timbre des instruments, équivaut à une complète modulation.
Ou, si on ne leur prend rien, on ne peut s’évader d’eux qu’en régressant dans une imitation ressassée du passé… Mais nous avons hâte maintenant de nommer des poètes, parmi les principaux, survenus depuis dix ans environ et quelles que soient leurs tendances, qui, de non commune valeur et aimant leur art, d’aucuns en étant les passionnés et les tourmentés, honorent cette heure ou sont de l’espoir ou notoires, ou encore tout nouvellement révélés : MM.
Tout cela est devenu des assignats, et cette Elisabeth Lenoir, cette fille d’argent, comme on disait alors, et que M. de Courmont avait épousée pour sa fortune, — morte dans un grenier en compagnie d’un vieux chien, — a été enterrée dans la fosse commune, et notre cousine n’a qu’une toute petite rente viagère et une place au cimetière Montmartre, payée d’avance et bien à elle.
Elle parle en phrases douces, et non comédiennes, du désagrément de se séparer, de l’ennui de ne pas toujours continuer cette vie commune, et elle bâtit bientôt dans le rêve et l’impossible humain, une espèce de phalanstère, où l’on mêlerait ses existences jusqu’à la mort.
Ces œuvres semblent avoir été faites en commun avec des êtres auxquels la terre n’est plus habituée.
. — Les fleurs sont toujours inanimées, harmonieuses et emblématiques….. les plus « communes » plantes. — Quelle splendeur de plafond décorante que les pétales de scarabée d’un chou, rose métallique, infinis concentrés, filigrane de reliquaire de cuivre… peinture de moine avec des couleurs venues en écaillés de pays étranges, étendues respectueusement aux sarcophages — comme la mort colle les yeux qu’on ferme d’éternité pour l’éternité.
Nous ne nous rencontrons que dans nos vœux communs pour la félicité et pour la sainteté de l’homme, et dans nos efforts pour le faire avancer d’un pas, eux vers un progrès indéfini et continu, nous vers un progrès réel, mais relatif.
Il n’y a pas de droit d’aubaine pour la pensée : le génie est du domaine commun.
quand j’ai franchi le seuil du temple sombre, Dont la seconde nuit m’ensevelit dans l’ombre ; Quand je vois s’élever entre la foule et moi Ces larges murs pétris de siècles et de foi ; Quand j’erre à pas muets dans ce profond asile, Solitude de pierre, immuable, immobile, Image du séjour par Dieu même habité, Où tout est profondeur, mystère, éternité ; Quand les rayons du soir, que l’Occident rappelle, Éteignent aux vitraux leur dernière étincelle, Qu’au fond du sanctuaire un feu flottant qui luit Scintille comme un œil ouvert sur cette nuit ; Que la voix du clocher en sons doux s’évapore ; Que, le front appuyé contre un pilier sonore, Je la sens, tout ému du retentissement, Vibrer comme une clef d’un céleste instrument, Et que du faîte au sol l’immense cathédrale, Avec ses murs, ses tours, sa cave sépulcrale, Tel qu’un être animé, semble, à la voix qui sort, Tressaillir et répondre en un commun transport ; Et quand, portant mes yeux des pavés à la voûte, Je sens que dans ce vide une oreille m’écoute, Qu’un invisible ami, dans la nef répandu, M’attire à lui, me parle un langage entendu, Se communique à moi dans un silence intime, Et dans son vaste sein m’enveloppe et m’abîme ; Alors, mes deux genoux pliés sur le carreau, Ramenant sur mes yeux un pan de mon manteau, Comme un homme surpris par l’orage de l’âme, Les yeux tout éblouis de mille éclairs de flamme, Je m’abrite muet dans le sein du Seigneur, Et l’écoute et l’entends, voix à voix, cœur à cœur.
Servi par un sens peu commun des valeurs, l’auteur du Manifeste du surréalisme assigne ainsi à la raison son véritable rôle qui est de contrôle.
Il louait avant tout dans le traducteur, et recommandait avec raison aux jeunes écrivains l’ensemble et le tissu du style, qu’on sacrifiait dès lors à l’effet du détail ; il s’élevait à plusieurs reprises contre les métaphores accumulées et les figures nébuleuses : « Ce n’est pas, ajoutait-il, à M. de Fontanes que cet avis s’adresse, il en a trop rarement besoin ; mais les vérités communes ne peuvent pas être perdues aujourd’hui ; il faut bien les opposer aux nouvelles extravagances des nouvelles doctrines : Un tronc jadis sauvage adopte sur sa tige Des fruits dont sa vigueur hâle l’heureux prodige105 ; « Hâter le prodige des fruits est une métaphore très-obscure. […] Fontanes avait adroitement emprunté et prodigué les formes sacramentelles du jour : « Une grande Commune a mérité l’indignation nationale : mais qu’avec l’aveu de ses égarements vous parvienne aussi l’expression de ses douleurs et de son repentir !
Vous sentez, mon cher Monsieur, que Paris s’occupe bien davantage de M. de Musset lorsqu’il paraît et disparaît ainsi, avec son escorte de beaux vers et ses prodigalités d’un moment que s’il vivait comme le commun des êtres, parmi lesquels sont d’aussi grands talents que lui. […] Sue, qui, à ce que dit notre compatriote, a de grandes prétentions à la distinction, trouve-t-il que manger est une chose trop commune et trop populaire.
Ce serait de découper des figures articulées représentant les soldats, d’imprimer à chacune d’elles le mouvement de la marche, mouvement variable d’individu à individu quoique commun à l’espèce humaine, et de projeter le tout sur l’écran. […] Quant à ce qui se passe dans l’intervalle, la science ne s’en préoccupe pas plus que ne font l’intelligence commune, les sens et le langage : elle ne porte pas sur l’intervalle, mais sur les extrémités.