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212. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Les Zélateurs du sentiment, qui en ont eux-mêmes si peu, voudroient-ils qu’il eût perverti les genres ; qu’il nous eût donné des doléances aussi déplacées que celles qui nous endorment dans leurs Romans, dans leurs Tragédies, dans leurs Œuvres philosophiques, dans leurs Comédies…. ? […] Quand il n’auroit fait que la Comédie du Glorieux & celle du Philosophe marié, il n’en mériteroit pas moins un des premiers rangs parmi les Poëtes comiques. […] Ses autres Comedies sont moins achevées, & supposent, malgré leurs défauts, des talens singuliers pour la bonne Comédie. […] Plus adroit, plus heureux dans ses dénouemens que le premier ; plus décent, plus moral que le second, il ne perd jamais de vue le but de la vraie Comédie, qui est de corriger les hommes, de guérir leurs travers, en les amusant.

213. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Il souffrit… Et quoique l’amour des vieillards soit comique dans les comédies et dans la vie, dont elles sont l’imagé, le sien se marqua du tragique de son génie et de sa fierté. […] Père de la tragédie et père aussi de la comédie, il a fait Racine et il a fait Molière, — Molière, que la terrible observation de son esprit et la profondeur de sa plaisanterie ne garantirent pas non plus des égarements de son cœur. V C’est ce dernier Corneille — le Corneille de la comédie — sur lequel M.  […] Il nous a parlé longtemps du poète comique dans Corneille : de la comédie de la Suivante, jolie comme son sujet ; du Menteur, dont il n’était pas besoin de nous parler (car il tient toujours la scène comme Molière, avec des touches que n’a pas Molière, et cependant Molière a écrit le rôle de don Louis — dans Don Juan — qui est un rôle cornélien !) 

214. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

La comédie des Ménechmes est une de celles qui servent de fondement à sa réputation. […] On pense généralement que cette comédie anonyme fut jouée avant the Taming of the Shrew de Shakspeare. […] Il est difficile d’établir d’une façon positive l’année de la composition de cette comédie, mais il est certain qu’elle a été écrite de 1587 à 1591. […] Quoi qu’il en soit, si la comédie des Joyeuses Bourgeoises offre un genre de comique moins relevé que la première partie de Henri IV, elle n’en est pas moins une des productions les plus divertissantes de cette gaieté d’esprit dont Shakspeare a fait preuve dans plusieurs de ses comédies. […] Cette comédie paraît avoir été composée en 1604.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ratisbonne, Louis (1827-1900) »

Ratisbonne, Louis (1827-1900) [Bibliographie] La Divine Comédie, traduction (1857). […] En ce siècle hâtif qu’effrayent les longues besognes, à moins que ce ne soient d’interminables romans bâclés au jour le jour, il faut un singulier courage et une patience d’enthousiasme extraordinaire pour traduire en vers, avec une fidélité scrupuleuse qui n’exclut pas l’élégance, tout l’enfer de la Divine Comédie, depuis le premier cercle jusqu’au dernier.

216. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

C’est moins l’analyse que l’enquête de la comédie que nous allons faire. […] Deux prétendants s’obstinent pourtant à la conquête de cette dot imprenable, M. de Sainte-Agathe et le baron d’Estrigaud, les deux renards de la comédie. […] C’est au troisième acte que la comédie commence à craquer sous le poids des invraisemblances et des fautes. […] Nous touchons ici au vice organique de la comédie de M.  […] …     C’est le trait final de la comédie : il se retourne contre elle et la frappe en la résumant.

217. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 529

On est plus pardonnable de s’écarter quelquefois des reglés de la bonne Comédie, quand on a, dans les détails, le talent d’égayer le Spectateur, que de s’attacher scrupuleusement aux principes, au préjudice de l’effet principal. Le bon Soldat, le Baron de la Crasse, sont les seules Comédies de Poisson qui soient restées au Théatre, mais elles ne sont pas les seules qu’on puisse lire avec plaisir.

218. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

La comédie, déjà populaire en Italie, naissait seulement en France ; on s’occupa peu du jeune Molière. […] Molière, s’écria du parterre une voix de vieillard enthousiasmé ; voilà enfin la bonne comédie !  […] Ses farces renouvelées qu’il avait fait représenter dans ses courses en province devenaient des comédies à Paris. […] Ainsi destituée de moyens pour jouer la comédie à Rouen, la Raisin prit le parti de revenir à Paris avec ses petits comédiens et son Olivier. […] Le rire est la loi suprême de la comédie, on est plus tenté de pleurer au Misanthrope.

219. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Alors la Tragédie & la Comédie abandonnèrent Athènes, & se réfugièrent dans Rome, où elles reprirent un nouvel éclat. […] La Comédie, au contraire, eut un sort plus heureux, & ne démentit point son origine. […] Brumoy dans son Discours sur la Comédie Grecque. […] Cette Comédie admirable, digne du génie de Molière, est la seule Comédie, qui existe dans le vrai genre, depuis le Misantrope. […] Observations sur la Comédie par Riccoboni, p. 117.

220. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Avant lui, il y a la farce et la comédie « régulière » ; ni l’une ni l’autre ne sont du vrai théâtre. […] Puis la farce tend à s’introduire dans la comédie, comme le roman dans la tragédie ; on donne souvent l’appellation plus noble de « comédie » à ce qui n’est qu’une farce, une sotie, à ce que nous appellerions une revue, une pochade, un simple tableau de mœurs. […] Plus exactement : les uns ont blâmé Molière de ses dénouements bouffons ou providentiels, les autres l’ont loué d’avoir su rester dans la comédie, de n’avoir pas mêlé les « genres » ! […] Le lyrisme de La Fontaine est épars dans toutes ses fables, qui sont aussi, considérées dans leur ensemble, une épopée, une comédie, un drame. […] Charger de décors une comédie de Musset, c’est compromettre son harmonie intime.

221. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

. — On apprit à Chambord la mort du bonhomme Corneille, fameux par ses comédies ; il laisse une place vacante dans l’Académie. » Le bonhomme Corneille ou le grand Corneille, cela revient au même ; Dangeau avait été du jeune monde, et, comme nous dirions, de la jeune école. […] Des pièces de Racine qui sont de sa première manière, Dangeau nous apprend laquelle Louis XIV préférait : « Le soir (dimanche 5 novembre 1684, à Fontainebleau), il y eut Comédie-Française ; le roi y vint, et l’on choisit Mithridate, parce que c’est la comédie qui lui plaît le plus. » Mais quand Racine eut fait Esther, ce fut certainement la pièce de prédilection de Louis XIV, si l’on en juge par le nombre de fois qu’il y assista. […] Bien souvent le soir, à la Cour, il y avait comédie : c’étaient des farces italiennes ou des opéras français, et quelquefois aussi de vraies comédies. […] À propos de cette nouvelle comédie du Jaloux, qu’on joua à Marly le 28 janvier 1688 : « Le roi la trouva fort jolie ; mais il a ordonné qu’on y changeât quelque chose sur les duels, et quelque autre chose qui lui parut trop libre. » Louis XIV goûte moins une autre pièce de Baron qui se jouait également à Marly en même temps qu’on y dansait le ballet : « Le roi le vit (le ballet) de la chambre de Joyeux ; mais il n’y demeura pas toujours, parce qu’il ne trouva pas la comédie trop à son gré ; c’était L’Homme à bonnes fortunes. » En revanche, Louis XIV assistera peut-être trente fois à Esther, et toujours avec plaisir.

222. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Scipion et Salluste furent soupçonnés, l’un d’être l’auteur secret des comédies de Térence, l’autre d’avoir été l’acteur caché de la conspiration dont il était l’historien ; mais on ne voit point d’exemples dans Athènes, que le même homme ait suivi la double carrière des lettres et des affaires publiques. […] Les comédies de Plaute et de Térence ne sont que des imitations du grec. […] Les idées, les sentiments qu’on exprimait dans ces comédies étaient, pour les spectateurs de Rome, comme une fiction de plus dans un ouvrage d’imagination ; et néanmoins Térence conservait dans ces sujets étrangers le genre de décence et de mesure qu’exige la dignité de l’homme, alors même qu’il n’y a point de femmes pour auditeurs. […] C’est dans l’an 514 que les premières comédies en vers, composées par Titus Andronicus, ont été représentées ; et c’est l’année suivante qu’Ennius a été connu. […] Les écrivains vraiment célèbres avant le siècle d’Auguste, ce sont Salluste, Cicéron et Lucrèce, auxquels on peut joindre Plaute et Térence, traducteurs des comédies grecques.

223. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 377

Son Commentaire sur les Œuvres de Moliere ne se borne point à des Remarques grammaticales ; il offre encore des observations pleines de goût, de finesse & de solidité sur les mœurs, les usages, les modes ; des anecdotes relatives à chaque Comédie, & des réflexions critiques, très-propres à ramener les esprits aux vrais principes d’un art qui se dénature tous les jours. […] Bret étoit d’autant plus digne de commenter le premier des Poëtes comiques, qu’il a lui-même composé des Comédies qui annoncent une grande connoissance du Théatre, l’art du Dialogue, le talent d’enchaîner les scenes, & principalement le bon genre comique.

224. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Mais le grand observeur, dont un pareil sujet chaussait admirablement les facultés incomparables, mais cette tête qui pensait à tout ne pensa point précisément à ces Mémoires d’une femme de chambre, qui auraient si bien trouvé la place d’un chef-d’œuvre de plus parmi les chefs-d’œuvre de La Comédie humaine, et il nous a laissé, à nous qui vivons après lui, l’occasion de bénéficier, si nous pouvons, de cette distraction de son génie. […] Quel plus excellent cadre de mœurs, de comédie humaine ou sociale ! […] Je ne discuterai pas la question, pour ne pas être impertinent envers mon époque et ses lumières… On vivait alors sur les vieux reliefs de la société féodale, et il ne faut pas trop prendre au sérieux les valets de la comédie. La comédie, qui repose bien plus sur des conventions qu’on ne le croit, ne dit pas un mot de vrai avec ses valets et ses soubrettes, vieux types usés et recrépis par le génie de Molière, que les faiseurs de pièces de cette époque se sont passés de la main à la main.

225. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 535

Jodelle a le premier distribué les Tragédies & les Comédies en actes, les actes en scènes, & rappelé les trois unités prescrites par Arioste. Voilà à peu près à quoi se réduit tout son mérite ; car sa Tragédie de Cléopatre, celle de Didon, & sa Comédie d’Eugene, ne peuvent être comparées même aux plus mauvaises Pieces d’à présent ; mais dans un siecle grossier, c’est beaucoup que d’imaginer quelque chose.

226. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Le théâtre français contemporain des Gelosi On a vu quelle vive et fringante allure avait prise la comédie sur le théâtre des Gelosi. […] On peut même douter que la comédie ait jamais eu chez nous une telle aisance et une telle souplesse dans ses évolutions. […] C’étaient presque toutes tragédies, tragi-comédies ou pastorales ; la comédie, malgré les traductions ou les imitations littéraires des Larivey et des Turnèbe, avait peu de place tant au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne qu’au théâtre de l’Hôtel d’Argent qui s’ouvrit vers 1600 rue de la Poterie au Marais.

227. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il débuta au Théâtre-Français par la comédie en vers des Fils ingrats, en 1728 ; et en 1730, par la tragédie de Callisthène. […] Piron a mérité tous les éloges qu’on donna à sa comédie dans le moment. […] Vers, prose, algèbre, opéra, comédie ? […] Une fois, à Fontainebleau, quand la Cour y était dans l’automne de 1732, Piron rencontra Voltaire ; c’est toute une petite scène de comédie encore. […] Le tragédien Lafon faisait tous les dix ans, plus ou moins, un essai d’entrée dans la comédie ; il prenait volontiers le rôle de Damis, M. de l’Empirée.

228. (1921) Esquisses critiques. Première série

Les comédies de M.  […] J’ai vu représenter deux ou trois de ses comédies. […] Bataille a pour le réel et qui se manifeste dans le soin avec lequel il localise ses comédies. […] Tantôt ce n’est qu’une partie de la comédie qui suscite de semblables rappels. […] Rencontre-ton d’ailleurs des caractères dans ces comédies ?

229. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 111-112

Il a donné aux Italiens, en 1763, une Comédie intitulée le Rendez-vous inutile, qui fut un Rendez-vous très-fâcheux pour lui, puisque sa Piece fut sifflée. Sa Comédie des Protégés a été plus heureuse, en ce qu’on lui a épargné, dit-on, les disgraces de la Scène.

230. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pyat, Félix (1810-1889) »

C’était en 1846 : j’appris que l’auteur d’Ango et des Deux Serruriers venait de composer un Diogène, une comédie athénienne ; j’étais fou, comme je le suis encore, de tout ce qui touche à la Grèce maternelle, et, avec la confiance de la jeunesse qui ne doute de rien, j’allais trouver Pyat, que je n’avais jamais vu, et je lui dis combien je serais heureux de connaître sa pièce. […] C’est là qu’il me lut Diogène, à une table de cabaret, sous une allée de lilas ; la comédie lyrique, satirique, aristophanesque, infiniment jeune et audacieuse m’intéressa extrêmement, et la personnalité de l’auteur encore plus.

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