vous méditez une muse, c’est-à-dire, une chanson, vous vous exercez à chanter. […] On voit tous les jours des persones qui chantent agréablement, sans conoitre les notes, les clés, ni les régles de la musique, elles ont chanté pendant bien des années des sol et des fa, sans le savoir ; faut-il pour cela qu’elles rejettent les secours qu’elles peuvent tirer de la musique, pour perfectioner leur talent ? […] Ainsi tous les exemples dont on prétend autoriser l’antiphrase se raportent, ou à l’euphémisme, ou à l’ironie ; come quand on dit à Paris, c’est une muète des hales, c’est-à-dire une femme qui chante pouilles, une vraie harangère des hales ; muète est dit alors par ironie. […] et qu’on répond, il écrit, il dort, il chante, il danse ; tous ces verbes là sont pris alors dans un sens neutre. […] Un mot est équivoque, lorsqu’il signifie des choses diférentes : come choeur, assemblée de plusieurs persones qui chantent ; coeur, partie intérieure des animaux : autel, table sur quoi l’on fait des sacrifices aux dieux ; hôtel, grande maison.
N’ont-ils pas chanté des chansons contre moi, ces méchants ! […] Elle a fait home aux hommes de leur servitude ; elle a protesté contre la tyrannie ; elle a entretenu ou rallumé dans les âmes le feu presque éteint de la liberté monarchique, représentative ou républicaine ; elle a détesté à haute voix, quand tout se taisait ou applaudissait, le joug soldatesque, le pire de tous, parce qu’il est de fer, et qu’il ne se brise pas même, comme le joug populaire, par ses propres excès ; elle a donné du moins de la dignité au gémissement de l’Europe ; elle a été vaincue, mais elle n’a pas consenti à sa défaite, elle n’a pas loué l’oppression, elle n’a pas chanté l’esclavage, elle n’a pas vendu ou donné un seul mot de ses lèvres, une seule ligne de sa main à celui qui possédait l’univers pour doter ses adulateurs ou pour exiler ses incrédules ; elle a édifié et consolé l’esprit humain ; elle a relevé le diapason trop bas des âmes ; elle a trouvé dans la sienne, elle a communiqué à ceux qui étaient dignes de la lire, un certain accent antique peu entendu jusqu’à elle, dans notre littérature monarchique et efféminée, accent qui ne se définit pas avec précision, mais qui se compose de la sourde indignation de Tacite, de l’angoisse des lettres de Cicéron, du murmure anonyme du Cirque quand Antoine présente la pourpre à César, du reproche de Brutus aux dieux quand il doute de leur providence après la défaite de la cause juste, du gémissement de Caton quand il se perce de son épée pour ne pas voir l’avilissement du genre humain !
VIII Rizzio était un jeune Italien d’une naissance infime et de condition presque domestique, doué d’une figure heureuse, d’une voix touchante, d’un esprit souple tant que son sort fut de plier devant les grands ; devenu habile à jouer du luth, à composer et à chanter cette musique langoureuse qui est une des mollesses de l’Italie, Rizzio avait été attaché à Turin, comme musicien serviteur de la maison de l’ambassadeur de France en Piémont. […] ne sont plus icy ; quand tant de beautez rares Dont les grâces des cieux ne vous furent avares Abandonnant la France, ont d’un autre costé L’agréable sujet de nos vers emporté ; Comment pourroient chanter les bouches des poëtes, Quand par vostre départ les Muses sont muettes ?
Le vieux Malherbe chante Mme de Rambouillet ; Balzac, Corneille lui sont présentés : mais les réunions n’ont rien d’une Académie. […] Milon de Crotone se bat en duel, et Horatius Coclès chante aux échos des douceurs pour Clélie.
On y traite les dadas de fumistes, d’ignorants, de crétins, on les accuse de chanter la réclame à priori. […] Il est l’inventeur, note André Billy, du « poème synoptique sur trois plans » et « chante la vie moderne dans ce qu’elle a d’exalté » (André Billy, La Littérature française contemporaine.
Il rit même de la terreur qu’il leur inspire, et jouit comme d’une chose très comique d’être le Croquemitaine de son époque ; car il l’a été un instant, lui qui, malgré sa haine de Dieu et de la propriété, se sent, au fond, un si bon homme, et chanterait à, pleine voix, s’il pouvait chanter : Tenez !
je ne vous la donne pas pour une création profonde et neuve : c’est un lieu commun qui recommence sans cesse aux approches de quinze ans pour toutes les générations de Chloé et de Daphnis ; mais ici le lieu commun a passé par le cœur et par les sens, il est redevenu une émotion, il est modulé d’une voix pure ; il continue de chanter en nous bien après que le livre est fermé, et le lendemain au réveil on s’étonne d’entendre d’abord ce doux chant d’oiseau, frais comme l’aurore.
Les raffinements étranges et impurs que plus tard Théocrite et tant d’autres n’ont pas rougi de chanter, d’embellir, et qu’ils ont reportés en arrière en les imputant aux héros des vieux âges, n’ont de place ni de près ni de loin dans les mœurs homériques.
Car les grands artistes furent le plus souvent de profonds amoureux, et depuis trois cents ans la séméiologie des troubles qu’ils en éprouvèrent se murmure en prose, se déclame en vers, se chante en musique.
L’imprimerie, si favorable aux progrès, à la diffusion des lumières, nuit à l’effet de la poésie ; on l’étudie, on l’analyse, tandis que les Grecs la chantaient, et n’en recevaient l’impression qu’au milieu des fêtes, de la musique, et de cette ivresse que les hommes réunis éprouvent les uns par les autres.
Après avoir chanté les plus douces leçons de la morale et de la philosophie, Sapho se précipita du haut du rocher de Leucade ; Élisabeth, après avoir dompté les ennemis de l’Angleterre, périt victime de sa passion pour le comte d’Essex.
La reine Blanche comme un lis, Qui chantait à voix de Sirène, ….
« Laisse, dit Du Bellay, toutes ces vieilles poésies françoises aux Jeux Floraux de Toulouse et au puy de Rouen, comme Rondeaux, Ballades, Virelais, Chants royaux, Chansons, et autres telles épiceries… — Jette-toi à ces plaisants épigrammes, … à l’imitation d’un Martial… Distille… ces pitoyables élégies, à l’exemple d’un Ovide, d’un Tibulle et d’un Properce… — Chante-moi ces odes inconnues encore de la muse françoise, d’un luth bien accordé au son de la lyre grecque et romaine. » On pourra faire des épitres, élégiaques comme Ovide, ou morales comme Horace ; des satires, à la façon d’Horace.
Que je lise avec le même ravissement ce que les Muses immortelles ont chanté, que j’oublie les passions orageuses qui tourmentent l’homme inquiet pour m’élever aux pensées riantes ou majestueuses qui font disparoître tout ce qui n’est pas elles.
Au moment où Leconte de Lisle chante le néant, il ne le sent plus en tant que néant ; il jouit des formes que son imagination évoque et dont elle revêt l’idée du néant. — L’impressionnisme est la formule esthétique de l’instantanéisme psychologique théorétisé par Stirner et cet aspect de notre nature a droit comme les autres à sa traduction esthétique.
Quelle différence entre chanter un bout de latin qu’on appelle l’Épître et lire en société la correspondance des confrères, entre un morceau de pain bénit qui n’a plus de sens et l’agape des origines ?
Les Devins, sous l’étreinte des Dieux, ont dit que les morts frémissaient sous la terre, et que leur fureur s’enflammait contre les meurtriers. » — Les Choéphores chantent en marchant, selon les rites des cérémonies expiatoires ; mais leur chant lugubre se retourne contre celle qui l’a commandé ; la supplication s’y défigure en malédiction.
D’une autre part, voici venir madame Godefroy, la bouche enfarinée, qui chante aussi le grand air de la Calomnie.
On voit assez que, ni dans ces hymnes, ni dans les chœurs qui les chantaient, on ne trouve aucune trace de la véritable tragédie, à en pénétrer l’idée plutôt que le nom.