Ce style provient d’une telle suite de sentiments en accord avec les vœux de tous les hommes honnêtes, d’une telle confiance et d’un tel respect pour l’opinion publique, qu’il est la preuve de beaucoup de bonheur précédent, et la garantie de beaucoup de bonheur à venir.
Par bonheur, il restait à Verlaine quelque argent de poche. […] J’apprends que le manuscrit des Valentines, par bonheur retrouvé, est aux mains de l’éditeur Messein.
Du point de vue même de cette interprétation purement intellectuelle de l’existence phénoménale, il faut donc faire place à la tendance de l’être humain qui s’exprime en ce vœu : fonder son bonheur sur la sensation. […] Les considérations précédentes nous avertissent qu’à côté de cette utilité de connaissance qui fut tout d’abord désignée comme cause de toute invention de réel, il est nécessaire de faire place à une autre utilité, qui s’exprime dans la recherche du bonheur par la sensation, et qui semble jusqu’ici avoir donné naissance à presque toute spéculation philosophique, ainsi qu’à toute conception religieuse, économique ou politique.
Un bonheur bête est la solution. D’abord, ce bonheur, d’autres le nommeraient d’un autre mot.
celle qui les a écrites, qui a parlé avec tant d’enthousiasme des triomphants bonheurs de l’amour, un jour elle-même a été brisée. […] Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !
Mais, ce qu’il y a de céleste et de divin, c’est d’avoir entre ses mains le bonheur des hommes, et de faire ce bonheur.
Et c’est une allusion à la publication récente du volume de Verlaine, Bonheur, où le poète critique les essais des jeunes. […] Il ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment de sa responsabilité, l’idée que le bonheur de sa vie désormais ne dépendra plus de lui seul. […] Un livre très dur, ce Bonheur ! […] Pour moi, c’est un bonheur qui m’étourdit : c’est une émotion physique. […] Entre temps, toute sorte d’aventures particulières ; et il s’y conduit avec plus ou moins de bonheur et d’adresse.
Le hasard du génie y pourvoira… Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte du premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.
Tristan Klingsor se montre un poète délicat et subtil, et, parmi les poètes nouveaux, l’un de ceux qui manient avec le plus de dextérité, d’invention et de bonheur le redoutable et difficile vers libre.
Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l’adversité, formés pour les arts, civilisés jusqu’à l’excès, durant le calme de l’État ; grossiers et sauvages dans les troubles politiques, flottants comme des vaisseaux sans lest au gré des passions ; à présent dans les cieux, l’instant d’après dans les abîmes enthousiastes et du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le second sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes, ni de leurs vertus ; amants pusillanimes de la vie pendant la paix ; prodigues de leurs jours dans les batailles ; vains, railleurs, ambitieux, à la fois routiniers et novateurs, méprisant tout ce qui n’est pas eux ; individuellement les plus aimables des hommes, en corps les plus désagréables de tous ; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l’étranger ; tour à tour plus doux, plus innocents que l’agneau, et plus impitoyables, plus féroces que le tigre : tels furent les Athéniens d’autrefois, et tels sont les Français d’aujourd’hui.
Plût à Dieu qu’un si bel exemple fût imité dans le reste de l’Europe, & qu’en désarmant la chicane par des bonnes loix, on assurât le bonheur & les possessions de tous les citoyens.
« Soyez tranquille sur tous les points », écrit-il à son amie qui avait sans doute manifesté quelque inquiétude à cet égard, « soyez tranquille ; la ressemblance n’est pas du tout parfaite, et, quand elle le serait, elle ne me rappellerait que des peines et le bonheur dont vous les avez effacées. […] Quel bonheur ! […] Aujourd’hui je ne puis vous parler que du bonheur de vous revoir jeudi. » Que cette commémoration est touchante, et qu’il y a de vraie sensibilité dans cette date ! […] Seulement Saint-Évremond n’avait jamais d’humeur ni contre les événements, ni contre les hommes, ni contre la fortune ; il se laissait amuser, il se prêtait même en philosophe anacréontique au bonheur qu’on voulait lui faire ; il était le complaisant de la belle Hortense. […] Ce récit rappelle bien cet homme qui avait écrit avec tant de justesse cette phrase immortelle dans René : « Si j’avais encore la folie de croire au bonheur, je ne le chercherais que dans l’habitude. » Il avait raison : l’amitié est une habitude du cœur, et l’habitude est l’amour des vieillards.
Artiste eut-il jamais pareil bonheur ? […] Et on remarquera que non seulement le méchant « philtre d’amour » disparaît ainsi, mais encore, que cette attente d’une mort subite qui a provoqué l’aveu et qui a ainsi donné aux deux amants le seul bonheur que la vie pouvait leur accorder, devient le levier qui permet au maître de « reléguer le drame à l’intérieur ». « La vie et la mort, l’importance et l’existence du monde extérieur, tout ici dépend uniquement des mouvements intérieurs de l’âme. » dit Wagner (VII, 164) ; et, à partir de ce moment, cela est vrai. […] La mort leur avait donné l’unique minute de bonheur ; mais de bonheur indicible, absolu. […] Ernst, qu’il faille négliger les souvenirs personnels de ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le maître ; mais nous ne les acceptons que quand, comme ici, ils viennent d’un témoin digne de foi et qu’ils sont datés.
Réduits en termes précis, tous ces adjectifs heureux, pur, noble, élevé, plaisant, fort et doux, signifient que l’art idéaliste classique sait donner de la nature, du dehors et du dedans de l’homme une image où se trouvent réunis les traits corporels ou moraux qu’il est bon que l’homme possède pour son bonheur et pour le bien de sa race13. […] Ils donnent à l’homme un corps contrefait, mal bâti et souffreteux ou bouffi de chair et truculent, un visage déplaisant, vulgaire, hâve, douloureux ; ils se complaisent dans la description des lieux sales et pauvres ou lourdement fastueux ; ils analysent les passions basses, la luxure, l’avarice, la méchanceté, la fourberie, l’humiliation, la souffrance laide ; ils conçoivent l’homme comme méchant et malheureux, c’est-à-dire encore qu’ils le représentent dans les traits corporels et moraux qu’il est mauvais que l’homme possède pour son bonheur et celui de sa race. […] Dans une étude qui a paru ailleurs, nous avons marqué comment cette affection résulte chez la plupart des littérateurs de la constitution mentale même, qui ne saurait presque jamais exister en un état de santé, qui toujours est hypertrophiée de quelque côté et défectueuse d’un autre, de telle sorte que ses parties se nuisent et nuisent au bonheur de celui qui les possèdent. […] James Sully comme condition du bonheur, cette forte discipline de la volonté qui conduit à réaliser les désirs possibles et à se détourner des désirs insensés. […] La sociologie moderne se trompe en reconnaissant qu’il est légitime de perpétuer cet état de guerre quand la subsistance pouvant être assurée à tous sans qu’il soit nécessaire que l’on s’affame, l’homme uni à d’autres pourrait aspirer à ce que l’on s’associât pour le bonheur et non pour lutter encore à répartir inégalement la profusion des richesses.
D’ailleurs, si nul ne peut même songer à en vouloir aux beaux animaux de sang assez riche, de chair assez confusément opulente pour opposer une tête et un corps en toute spontanéité victorieux des pièges sentimentaux et des méchancetés de l’intelligence, quel moyen d’accepter les calembredaines et syllogismes truqués des anémiques, sots et pédants qui, à grand fracas, se réclament de civilisationl, parlent avec ostentation de vie morale et, en fait, se contentent d’user de principes à double fond pour composer un bonheur dont la source n’a point jailli de ce morceau d’eux-mêmes où il eût été, sinon héroïque, du moins décent qu’ils tentassent de la faire sourdre. […] Que l’individu agisse en vue d’un bonheur grossier, qu’il se fasse de la science, de la raison autant de remparts d’égoïsme, que peut-il contre une simple, une toute petite phrase de poète: Terre arable du songe ! […] Au contraire, nous savons à quelle pourriture se condamnait l’individu qui, non satisfait de sa créature terrestre, mais tout de même incapable d’assigner à cette créature un simple rôle relatif, non seulement ne la limitait point, mais encore pour donner, vis-à-vis de soi-même et des autres, illusion de bonheur ou de dignité quotidienne, pour étouffer les cris du doute, chantait la Marseillaise de sa médiocrité, se galonnait de mensonges éthiques, esthétiques et autres. […] C’est là et non dans le coma paisible, le radotage sans fin des après déjeuner et, comme le constate André Breton dès la seconde page du Manifeste du surréalisme : « Réduire l’imagination en esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve au fond de soi de justice suprême. […] Ainsi l’homme libre dédaigneux de la conscience et de son joug aspire à la nuit, son bonheur, sa liberté.
Pour ton bonheur (s’il est quelque bonheur ici-bas), il était égal à ta bonté, car la fortune avait bâti ton nid sur des lieux élevés. […] Il veut quelle lui vante le bonheur dont il jouit, et qu’elle y applaudisse en le partageant. […] Peut-on jamais trop inspirer l’amour des devoirs et de la vertu aux princes d’où dépend le bonheur de tant d’hommes ? […] J’ai le bonheur ou le malheur de rencontrer mon nom assez souvent dans des ouvrages polémiques, des pamphlets, des satires. […] Un moment de vanité peut lui enlever le bonheur de toute sa vie.
. — Ses succès et son bonheur. […] Le moraliste. — Ses essais sont tous moraux. — Contre la vie grossière, sensuelle ou mondaine. — Cette morale est pratique, et partant banale et décousue. — Comment elle s’appuie sur le raisonnement et le calcul. — Comment elle a pour but la satisfaction en ce monde, et le bonheur dans l’autre. — Mesquinerie spéculative de sa conception religieuse. — Excellence pratique de sa conception religieuse. […] Il faut voir avec quelle complaisance il peint dans sir Roger et dans le Freeholder les sérieux contentements du citoyen et du propriétaire : « J’ai choisi ce titre de franc-tenancier, dit-il, parce qu’il est celui dont je me glorifie le plus, et qui rappelle le plus efficacement en mon esprit le bonheur du gouvernement sous lequel je vis. […] Au fond de sa morale est une balance qui pèse des quantités de bonheur. […] C’en est assez, je n’y veux point aller. — La même précision littérale et lourde lui fait rechercher quelle espèce de bonheur auront les élus921.
Il ne sentira pas que le bleu et le rouge, la ligne droite et la ligne courbe, suffisent pour composer des concerts immenses qui, parmi tant d’expressions diverses, gardent une sérénité grandiose, et ouvrent au plus profond de l’âme une source de santé et de bonheur. […] Le fond du caractère anglais, c’est le manque de bonheur. […] Il va chercher de pauvres ouvriers, des bateleurs, un enfant trouvé, et accable sous leur bon sens, sous leur générosité, sous leur délicatesse, sous leur courage et sous leur douceur, la fausse science, le faux bonheur et la fausse vertu des riches et des puissants qui les méprisent. […] Dans un pays où il est scandaleux de rire le dimanche, où le triste puritanisme a gardé quelque chose de son ancienne animosité contre le bonheur, où les critiques qui étudient l’histoire ancienne insèrent des dissertations sur le degré de vertu de Nabuchodonosor, il est naturel que l’apparence de la moralité soit utile. […] Personne, selon Dickens, ne sent aussi vivement qu’eux le bonheur d’aimer et d’être aimé, les joies pures de la vie de famille.
En choisissant et indiquant les points élevés et lumineux, vous avez obéi à cette noble nature qui va, comme le cygne, se poser à tout ce qui est limpide, éclatant et pur ; et vous m’avez ainsi, rien que par le bonheur amical de vos citations, élevé à ta fois et idéalisé à votre exemple.