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17. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Qu’est-ce qu’une belle idée, sans le faire ? […] Le tout est une belle ébauche, une belle préparation. […] Ce sont deux belles choses. […] Cette femme promet un beau caractère de tête. […] C’est le génie qui fait la belle esquisse, et le génie ne se donne pas ; c’est le temps, la patience et le travail qui donnent le beau faire, et le faire peut s’acquérir.

18. (1890) L’avenir de la science « I »

Vivre de la vie de l’esprit, aspirer l’infini par tous les pores, réaliser le beau, atteindre le parfait, chacun suivant sa mesure, c’est la seule chose nécessaire. […] Fatale distinction, qui a empoisonné l’existence de tant d’âmes belles et libres, nées pour savourer l’idéal dans toute son infinité, et dont la vie s’est écoulée triste et oppressée sous l’étreinte de l’étau fatal ! […] Un beau sentiment vaut une belle pensée ; une belle pensée vaut une belle action. […] Envisagé comme homme, un Newton, un Cuvier, un Heyne, rend un moins beau son qu’un sage antique, un Solon ou un Pythagore par exemple. […] On s’imagine trop souvent que la moralité seule fait la perfection, que la poursuite du vrai et du beau ne constitue qu’une jouissance, que l’homme parfait, c’est l’honnête homme, le frère morave par exemple.

19. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

voilà un beau jour ! Vous avez là un bel habit ! […] Beau spectacle ! […] ce beau Regnard ! […] sur la belle humeur.

20. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Tu fus trop beau, voilà tout ton crime ! […] Le saint est l’idéal du christianisme, parce que la sainteté est le beau dans l’âme ! […] la part du beau pour le beau ! […] Décourage-toi d’espérer en vain de voir le beau sur la terre ailleurs que dans tes rêves ! […] Ici l’architecture reçoit la loi du beau, comme la sculpture.

21. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

C’est là que cette si belle chienne d’Oudri, qui décore à droite notre synagogue attendoit le baron notre ami. […] Cependant on n’en parle pas moins chez ce peuple de l’imitation de la belle nature ; et ces gens qui parlent sans cesse de l’imitation de la belle nature, croyent de bonne foi qu’il y a une belle nature subsistante, qu’elle est, qu’on la voit quand on veut, et qu’il n’y a qu’à la copier. […] Votre ligne n’eût pas été la véritable ligne, la ligne de beauté, la ligne idéale, mais une ligne quelconque altérée, déformée, portraitique, individuelle ; et Phidias aurait dit de vous : (…) vous n’êtes qu’au 3e rang après la belle femme et la beauté : il y a, entre la vérité et son image, la belle femme individuelle qu’il a choisie pour modèle. […] Convenez donc que, quand vous faites beau, vous ne faites rien de ce qui est, rien même de ce qui puisse être. […] Laisse là ce reproche que les sots, qui ne pensent point, font aux hommes profonds qui pensent… tenez, sans m’alambiquer tant l’esprit ; quand je veux faire une statue de belle femme ; j’en fais déshabiller un grand nombre ; toutes m’offrent de belles parties et des parties difformes ; je prends de chacune d’elles ce qu’elles ont de beau… et à quoi le reconnois-tu ?

22. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Le givre fait de belles fleurs. […] « La belle chose que la pensée ! […] le beau tableau ! […] « Beau ciel, beau soleil, beau jour. […] Il est beau et fort caressant, je l’aime ; et je lui cherche un nom.

23. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Spencer sépare le beau de l’utile. […] Au point de vue scientifique, un beau sentiment, un beau penchant, une belle résolution, sont tels en tant qu’utiles au développement de la vie dans l’individu et dans l’espèce. […] On ne vulgarise pas le beau. […] Mais trouver six beaux vers !  […] … Que tu es belle, au milieu des délices !

24. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Supposez l’Antinoüs devant vous : Ses traits sont beaux et réguliers. […] Belle demande ! […] Que votre tête soit d’abord d’un beau caractère. Les passions se peignent plus facilement sur un beau visage. […] Les Euménides des Anciens sont belles, et n’en sont que plus effrayantes.

25. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

C’est le plus beau repos. […] Un beau fond. […] D’ailleurs sa tête est belle. […] Sa tête n’est-elle pas belle ? […] … très belle ; et pour vous ?

26. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Il est donc tombé sur la colline, ce jeune et beau guerrier ! […] Fille plus belle que l’Esprit des collines, lorsque, sur un rayon du soleil, il traverse les plaines silencieuses de Morven ; penche ta belle tête sur les flots. […] Dis à Fingal, dis à ce roi du désert, le plus beau de tous les guerriers, que je lui donne ma fille, ma fille, la plus aimable des belles. […] Bientôt il s’approche, et nous aperçûmes cette belle. Son beau sein était agité et gonflé de soupirs.

27. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MARIA » pp. 538-542

Or, puisque c’est l’attrait dans la belle jeunesse Que ce luxe ondoyant que le zéphir caresse, Et d’où vient jusqu’au sage un parfum de désir, Je veux redire ici, d’un vers simple à plaisir, Non pas le jeu piquant d’une boucle enlevée, Mais sur un jeune front la grâce préservée. […] (et sur les beaux cheveux D’une enfant là présente et sur sa brune tête Il étendait la main en façon de conquête), Pour dix francs tout cela ! […] dis-je à cette mère empressée à conclure, Vous venez vendre ainsi la plus belle parure De votre enfant ; c’est mal. […] Non, rien de tout cela, sinon qu’elle était belle, Belle enfant comme on l’est sous ce climat fidèle, Comme l’est tout beau fruit et tout rameau vermeil Prêt à demain éclore au pays du soleil. […] L’intérêt délicat qu’un regard étranger Marquait pour les trésors de son front en danger Éveilla dans son âme une aurore naissante : Elle se comprit belle, et fut reconnaissante.

28. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Il n’était même pas besoin de mettre ces curieux derrière les barreaux d’une ouverture — la chose était déjà belle et assez belle. […] C’est certainement là une belle peinture […] Haffner a, dans la petite galerie, à une très-mauvaise place, un portrait de femme du plus bel effet. […] L’attitude est belle et bien choisie. […] Citons une belle et honorable exception, M. 

29. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Que ces eaux sont belles et vraies ! […] Plus ta copie sera fidelle, plus ton tableau sera beau. […] Que fait le propriétaire de ce beau lieu ? […] Il est beau, il est doux de compatir aux malheureux, il est beau, il est doux de se sacrifier pour eux. […] ô nature, que tu es imposante, majestueuse et belle !

30. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Le beau remède, en effet, aux fêtes de l’amour et aux charmantes folies de la jeunesse, que de se mettre à se moquer et à rire. […] Le parterre, habitué à toutes les vieillesses du théâtre, demande quel est l’âge de cette belle enfant ? […] Qu’a-t-elle fait de ses belles épaules si bien cachées, qu’on les devinait à peine ? […] Il était — après madame de La Vallière — le plus bel ornement de ces fêtes brillantes qu’admirait l’Europe entière. […] La belle raison !

31. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

A-t-on jamais dit : Voilà une belle saveur, voilà une belle odeur ? […] Du beau et du sublime. […] Ce qui est utile n’est pas toujours beau, ce qui est beau n’est pas toujours utile, et ce qui est à la fois utile et beau est beau par un autre endroit que son utilité. […] Voyez une belle fleur. […] Si l’odorat semble quelquefois participer au sentiment du beau, c’est que l’odeur s’exhale d’un objet qui est déjà beau par lui-même, et qui est beau par un autre endroit.

32. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Voilà une belle question, une belle question d’histoire universelle. […] Que le pouvoir est grand du bel art de flatter ! […] » se dit Gnaton, et comme celui-ci ignore le bel air des choses ! […] Pendant ce temps, le tuteur, qui reçoit ces belles confidences en plein visage, enrage de tout son cœur. […] Et il y a là les plus beaux vers de conte — je ne dis pas de fable — les plus beaux vers dans la manière des Contes, que La Fontaine ait écrits.

33. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Pour cette femme étendue morte sur de la paille avec son chapelet autour du bras, plus je la vois, plus je la trouve belle. ô la belle, la grande, l’intéressante figure ! […] Ses cheveux hérissés sont beaux ; il est bien dessiné, bien touché. […] C’est une belle idée, bien poétique, que ces deux grands pieds nus qui sortent de la caverne ou de l’égout ; d’ailleurs ils sont beaux, bien dessinés, bien coloriés, bien vrais. […] Cet oiseau cruel battant les ailes de joie est horriblement beau. […] Cette belle femme qui vient d’expirer au pied du massif a expiré en invoquant.

34. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

pour défrayer de poésie toute une soirée, et surtout quand le poète est là brillant lui-même, spirituel et beau, et qui paie de sa présence. […] Cette belle jeune fille ne sait pas, en général, dégager son imagination des types convenus (chevalier français, beau Dunois, muse de la patrie) ; elle se prend à ces types naturellement, de bonne foi, mais trop en idolâtre et par les dehors. […] C’est l’air de bravoure, et qui est un motif à déployer quelques beaux accents. […] Le vicomte de Launay est, à mes yeux, comme un beau chevalier de Malte qui combat les corsaires tout en l’étant un peu. […] est allée tomber dans le bel étang de Mortfontaine ; elle a choisi le site le plus poétique pour y mourir.

35. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

J’avais beau déplacer ou étendre le criterium, il était toujours en retard sur l’homme universel, et courait sans cesse après le beau multiforme et versicolore, qui se meut dans les spirales infinies de la vie. […] Le beau est toujours bizarre. […] Renversez la proposition, et tâchez de concevoir un beau banal ! […] Ingres fait en l’honneur de la tradition et de l’idée du beau raphaélesque, M.  […] Sardanapale lui-même était beau comme une femme.

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