Les fouilles récentes des géologues ont fait une étrange découverte ; elles ont exhumé du sol de l’Attique, à l’état fossile, un immense charnier d’animaux géants.
Il veut reprendre immédiatement possession de cette femme, qui refuse de lui rendre son corps déshonoré ; il la poursuit par la chambre, à la façon d’un animal fondant sur sa proie.
Il considère la parole comme « la physique expérimentale de l’esprit », et il en prend occasion d’analyser l’esprit, l’entendement, et tout l’être humain dans ses éléments constitutifs et dans ses idées principales ; il le compare avec les animaux et marque les différences essentielles de nature : puis il se livre, en finissant, à des considérations éloquentes sur Dieu, sur les passions, sur la religion, sur la supériorité sociale des croyances religieuses comparativement à la philosophie.
Il est difficile de voir ; c’est une faculté animale et c’est un don humain.
et dans le vaste ensemble des êtres créés, choses, hommes, animaux, plantes, rochers, tous tournés vers le Caucase, on sent cette inexprimable angoisse, le libérateur enchaîné.
En effet ils sont à peu près les mêmes par tout, semblables en cela aux cris des animaux.
Quel est le rôle de la mémoire chez l’animal ?
Pourquoi donc l’humanité témoigne-t-elle si peu d’intérêt pour les victimes, et tant d’indulgence pour l’animal puissant qui les croque ? […] Seul, le chiffre zéro exprime la part de libre initiative qu’il y a dans la foule, animal sans raison et purement instinctif, que certains individus directeurs poussent en avant, poussent en arrière, précipitent à droite ou à gauche. […] La théorie de la concurrence vitale, généralisée d’une façon excessive, étendue des végétaux et des animaux aux hommes et à toute chose, devint une loi sociale et une loi du monde. […] L’exacte vérité est que Paris est la tête, non l’âme du public, cet animal. […] S’il est vrai qu’il y ait 5,744 mots arabes relatifs au chameau, on voit l’importance de cet animal utile dans la vie de ce peuple nomade ; mais on comprend aussi avec quelle tyrannie, nuisible à l’introduction d’idées d’un autre ordre, leur imagination doit en être obsédée.
Là, point de machinerie, comme dans les Nuées ou les Oiseaux ; pas d’hommes affublés en animaux, comme dans les Oiseaux ou dans les Guêpes ; pas de personnages symboliques, comme dans les Chevaliers ou dans Plutus. […] et les bonnes soirées entre soi, à ventre déboutonné, passées à conter des histoires grasses, que l’on gazait à cause des dames, à entendre cet animal de fils Chamouillet simuler tous les bruits de la création, et à entonner en chœur le refrain du Canard aux petits pois ! […] C’est, avec toute son ingénuité, la gaieté française dans les couches moyennes : un peu de blague très élémentaire et très grosse ; pas mal de grivoiserie, — c’est le fond de l’esprit national, — et surtout une grande joie animale de vivre. […] Après que ce qui constitue essentiellement la vie « noble » leur a été enlevé, ils ont persisté à faire certains gestes de la vie noble ; tels, ces animaux inférieurs à qui, dans les laboratoires, les physiologistes coupent la tête et qui n’en continuent pas moins à marcher. […] Pour comble d’agrément, ces animaux parlaient comme parlent les paysans au théâtre.
Le principe animal doit y dominer64. […] des demi-coquins, qui, sans immoralité scandaleuse, font servir leur intelligence à satisfaire l’instinct animal.
Mardi 8 août Les impatiences des animaux, n’ayant pas le langage pour se faire entendre des humains, sont curieuses. […] Et l’auteur de Pœuf se remémore quelques impressions de son enfance coloniale, entre autres, l’écoute, à l’orée d’une grande forêt, vers la tombée de la nuit, l’écoute de l’éveil de la forêt, où, de temps en temps, au-dessus de tous les bruits, s’élevait une grande lamentation d’animal, que toute la ville allait entendre : lamentation mystérieuse, et qu’on ne savait à quelle bête attribuer.
Ne consiste-t-elle pas plutôt dans la conscience que prend l’animal d’une certaine attitude spéciale adoptée par son corps, attitude que ses rapports familiers avec son maître lui ont composée peu à peu, et que la seule perception du maître provoque maintenant chez lui mécaniquement ? […] chez l’animal lui-même, de vagues images du passé débordent peut-être la perception présente ; on concevrait même que son passé tout entier fût virtuellement dessiné dans sa conscience ; mais ce passé ne l’intéresse pas assez pour le détacher du présent qui le fascine et sa reconnaissance doit être plutôt vécue que pensée.
En sa qualité d’animal raisonnable, le poète observe d’ordinaire les règles communes de la raison, comme celles de la grammaire ; non en sa qualité de poète. […] Que la raison collabore au poème le plus chétif comme à la découverte scientifique la plus merveilleuse, pour le nier, il faudrait l’avoir perdue, ou tout ignorer de l’homme qui, même poète, reste un « animal raisonnable ». […] En tant qu’animal raisonnable, le poète est lucide ou devrait l’être ; en tant que poète, il ne l’est pas, il ne peut l’être.
Dans une lettre sur le Coup de Dés, il rappelle une promenade nocturne qu’il faisait à Valvins avec Mallarmé, sous un firmament dont l’aspect lui évoquait les pages du poème, et il écrit : « Il me semblait maintenant d’être pris dans le texte même de l’univers silencieux : texte tout de clartés et d’énigmes ; aussi tragique, aussi indifférent qu’on le veut ; qui parle et qui ne parle pas ; tissu de sens multiples ; qui assemble l’ordre et le désordre ; qui proclame un Dieu aussi puissamment qu’il le nie ; qui contient, dans son ensemble inimaginable, toutes les époques, chacune associée à l’éloignement d’un corps céleste ; qui rappelle le plus décisif, le plus évident et incontestable succès des hommes, l’accomplissement de leurs prévisions jusqu’à la septième décimale ; et qui écrase cet animal témoin, ce contemplateur sagace, sous l’inutilité de ce triomphe. […] Le physiologiste va un peu plus loin : il imagine les faisceaux de nerfs afférents et efférents, la trépidation des cellules, l’irrigation sanguine ; mais, tandis qu’il voyait en images dynamiques la liaison entre les mouvements du cœur et la production de la chaleur animale, il ne voit absolument rien de la liaison entre les mouvements intérieurs des cellules et la conscience ou le mouvement volontaire. […] Le feu de la passion ne ressemble pas à un feu, il est du feu, il figure dans le langage humain l’équivalent du mot chaleur appliqué aux animaux, et il faut le prendre dans un sens presque physiologique.
Un trait distinctif du livre qui nous occupe et qui court au travers de tous les ouvrages de Loti, c’est une gravité naturelle, quelquefois amère et quelquefois joyeuse, rarement ironique, qui distingue ses personnages : ils sont tous graves, doux et silencieux, et quand il leur arrive d’avoir un accès de gaieté, c’est une gaieté involontaire, qui provient, comme celle des jeunes animaux, d’une surabondance de sève physique, plutôt que de la joie de l’esprit. […] Dans ces états de sympathie universelle, j’ai même été animal et plante, tel animal donné, tel arbre présent. » Pour qui sait lire, cette faculté, — que la mauvaise humeur de M. […] Elle apparut dans l’immatérialité de son essence comme un fantôme impalpable et triste ; une âme dolente encore de tant de coups reçus, mystique, insaisissable, désolée ; une âme — et c’est ici que se remarque la grande proximité du naturalisme — tout animale, dont les sentiments ne sont guère encore que des sensations ; une âme nouveau-née, respirant à peine et qui ne semble pas devoir supporter jamais le souffle ardent de la vie morale. […] J’y relève les passages suivants : « Certaines natures sont ainsi, comme ces boîtes chinoises qui en contiennent six ou sept autres… C’est un animal très compliqué, dit Claude, expliquant au prêtre la conduite de Mme de Moraine. — Compliqué ?
Ayant le cynisme de la reconnaissance et le délire chronique de l’amitié, j’ai tenu à inscrire ton nom en tête de ce livre écrit chez toi, pour toi, grâce à toi, dans un mépris surnaturel de tout ce qui peut être dit ou pensé par la ruminante multitude des animaux qui se croient nos juges. […] Nul autre que le rutilement de cet animal de gloire qui voulut toujours être unique et ne souffrit jamais d’égal. […] J’espérais même un peu de ce poil soyeux qui tapisse si voluptueusement le tabernacle de l’harmonie chez ce gracieux animal qui s’appelle le cerf de David et qui est au 41e psaume, le symbole biblique du désir. […] Je concevais très bien la poignante, la despotique substantialité du rêve et sa glorieuse primauté sur les animales et contingentes réalités de la vie sensible. […] Il est certainement très peu de sources où les chameliers de la littérature, que saint Jérôme appelé des animaux de gloire, aient aussi copieusement abreuvé leur bétail.
Nous prendrons le mot art dans le sens où il a été employé par Schiller en Allemagne1, par Spencer en Angleterre2, et, avec eux, nous pourrons le définir une des manifestations — la plus complète et la plus élevée sans doute — de cet instinct du jeu qui, dans l’échelle des êtres, commence, d’une façon rudimentaire, aux animaux d’ordre supérieur pour ne s’épanouir pleinement que dans l’animal humain. […] Est-il pourtant impossible de concilier la répulsion instinctive et animale de la tombe avec une aspiration raisonnée et philosophique au quiétisme absolu ? […] L’humanité se désapprendrait si elle n’avait sous les yeux que ce spectacle de fatalité, ce circulus de dévorement où tout est à la force, où il n’est d’autre justice que la nécessité ; où du plus petit au plus grand des animaux, du plus noble au plus vil, la vie de l’un vit de la mort de l’autre205. […] Un des dogmes sur lesquels s’appuie celle-ci, c’est que la vie universelle ne se composait que d’un déroulement continu de représentations spécieuses, d’idées sans réalité positive, toutes ces représentations ou idées équivalent les unes aux autres devant le néant suprême : l’homme, l’animal, la matière brute se rangent sur le même degré ; la moindre hiérarchie se trouve détruite dans le monde, et il n’est pas un être ou un objet qui possède des droits particuliers à la pitié, à l’amour, au respect plus étendu des croyants. […] En dépit du sentiment public, qui du reste ne se voyait pas menacé, et pour qui nulle modification n’était même apparente, la peinture et la poésie se mettaient à l’unisson du mouvement scientifique : l’animal humain n’y venait plus qu’au second plan et parfois il en était banni.
Je renvoie, pour le reste, au volume ; on y trouvera maints passages charmants de calme et de simplicité, entre autres une fête de Noël à l’église du village où les troupeaux, tous les animaux du pays viennent se faire bénir par le brave curé. […] Si la pensée humaine, voulue par un créateur conscient, avait dû être ce qu’elle est devenue, si différente de la pensée et de la résignation animales, exigeante, chercheuse, agitée, tourmentée, est-ce que le monde créé pour recevoir l’être que nous sommes aujourd’hui aurait été cet inconfortable petit parc à bestioles, ce champ à salades, ce potager sylvestre, rocheux et sphérique où votre Providence imprévoyante nous avait destinés à vivre nus, dans les grottes ou sous les arbres, nourris de la chair massacrée des animaux, nos frères, ou des légumes crus poussés sous le soleil et les pluies ? […] N’est-elle pas visiblement et uniquement disposée, plantée et boisée pour des animaux ? […] Voici entre autres une des observations qui trahissent son obsession : … Les enfants sont de petits animaux tout d’instinct, ayant surtout des instincts mauvais, vicieux, destructeurs. […] Les colonnes commencèrent à déboucher par les deux ponts du Sig, et se formèrent sur la rive droite, pendant que tous les chameaux conduits, tantôt par des chameliers à pied, tantôt par des nègres qui, perchés au haut des bagages, indiquaient par leurs oscillations le balancement de l’animal, passaient le gué pour prendre leur place dans le convoi.
Ou nous abaisse au sens des simples animaux.