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253. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Je me rappelle une petite morale écrite en latin par l’Anglais Hutcheson85 ; elle m’a paru vraiment classique. […] L’Anglais Martin87 a ébauché cette tâche.

254. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Quoiqu’on l’ait souvent considéré comme un pur disciple des Anglais, il reproche vivement à Mill d’avoir voulu réduire la science à n’être qu’une constatation des faits. […] Taine avait d’ailleurs été trop étroitement en contact avec l’empirisme anglais pour n’en avoir pas fortement subi l’influence : de là des incertitudes et des contradictions dans la suite de ses idées.

255. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Dans un pays de la forte nationalité du nôtre, qui est tout l’univers avant d’être français, et dont les gentilshommes — s’il y a encore des gentilshommes — mettent pour courir les culottes d’un jockey anglais, il y a dix poètes pour le moins, à cette heure, de la force ou plutôt de la faiblesse de Leopardi, et dont on ne s’occupe pas, avec raison, du reste, mais par la seule raison qu’ils ne sont pas des Italiens ! […] Avant que nous sussions l’anglais, Shakespeare, dans Le Tourneur, nous paraissait superbe ; Byron, sublime, dans Amédée Pichot ; Walter Scott, dans Defauconpret, de la plus incomparable bonhomie.

256. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Prise dans son ensemble, bien entendu, la littérature qui ne grandit pas s’amoindrit ; et la nôtre, depuis la mort de Chateaubriand, de Ballanche, de Balzac, de Stendhal-Beyle, depuis des vieillesses plus tristes que la mort même, et dont nous ne nommerons pas les titulaires, puisqu’ils vivent encore, la nôtre a trop rappelé sans interruption ce que devint la littérature anglaise après la resplendissante époque des Byron, des Burns, des Coleridge, des Crabbe, des Sheridan, des Shelley et des Walter Scott. […] Deux degrés de corruption de plus et un de scepticisme, et ce lymphatique anglais, fils de la Douleur et de l’Obstacle, aurait endormi son génie dans tous les dons que Dieu lui avait faits !

257. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Elles sont venues de l’anglais  : après avoir souillé notre vocabulaire usuel, il va, si l’on n’y prend garde, influencer la syntaxe, qui est comme l’épine dorsale du langage ; du grec, manipulé si sottement par les pédants de la science, de la grammaire et de l’industrie ; du grossier latin des codes que les avocats amenèrent avec eux dans la politique, dans le journalisme, et dans tout ce que l’on qualifie science sociale. […] Les mots anglais ont ainsi acquis une très grande liberté d’allures, peut-être parce qu’ils ont été moins tyrannisés qu’en France. […] Contre-danse n’est pas la corruption de l’anglais country-dance, — au contraire. […] Gosse est l’abrégé de gosselin et cela est tellement évident que son féminin, demeuré intact, est gosseline. « Le mot budget est notre ancien mot pouchette, bougette » ; nullement ; pouchette et bougette sont deux mots très différents : l’un est venu en français de l’anglo-saxon pocca, poche, pouche, pochette, pouchette ; l’autre est le latin bulga qui a fourni bouge, bougette, et ce dernier mot, au sens de sac, bourse, magasin, trésor, est entré légitimement en anglais avec le dialecte normand. […] Comparez avec iniation l’anglais coercion pour coercition.

258. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Les prologues des pièces anglaises roulent presque toujours sur l’apologie de l’auteur dramatique dont on va jouer la pièce ; l’usage du prologue est, sur le théâtre anglais, beaucoup plus ancien que celui de l’épilogue. […] Chez les anciens, la pièce commençait dès le prologue : chez les Anglais, elle ne commence que quand le prologue est fini ; c’est pour cela qu’au théâtre anglais, la toile ne se lève qu’après le prologue, au lieu qu’au théâtre des anciens ; elle devait se lever auparavant. Chez les Anglais, ce n’est point un personnage de la pièce, c’est l’auteur même qui est censé adresser la parole aux spectateurs : au contraire, celui que les anciens nommaient prologue, était censé parler à des personnes présentes à l’action même, et avait, au moins pour le prologue, un caractère dramatique.

259. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Les Anglais, sûrs de la victoire, entourent ce carré d’artillerie et sont prêts à y faire brèche à coups de canon, s’il s’obstine encore. […] Un officier anglais, parlementaire, s’avance et crie au bataillon : — Braves Français, vous avez assez fait pour la gloire, la fortune a décidé ; rendez-vous pour sauver à l’humanité un meurtre inutile ! […] Les Anglais insistent. […] La mèche est sur les pièces ; les Anglais hésitent encore. […] Il serait temps d’en finir, ou bien de changer résolument l’histoire, et d’écrire, à l’exemple du père Loriquet ou des libéraux de 1815 : Waterloo, grande victoire gagnée par Napoléon sur les Anglais et sur les Prussiens dans les plaines de Belgique.

260. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Ces restrictions font honneur à son jugement : tout le monde ne les faisait pas alors ; et, avec cette frénésie qui scandalisait ou effrayait les classiques, un journaliste converti de la veille donnait en deux phrases le credo romantique : « Vivent les Anglais et les Allemands ! […] Deschamps727, romantique de la première heure, essayait de concilier le principe de l’originalité personnelle, et celui de l’imitation des Espagnols, Allemands et Anglais. […] Il a fait les Proscrits (1802), le Peintre de Salzbourg (1803), dans le genre allemand sentimental, les Essais d’un jeune barde (1804), l’Histoire des Sociétés secrètes de l’armée (1815), où il invente un colonel qui est à Napoléon ce que d’Artagnan est à Mazarin, des nouvelles et romans, de Jean Sbogar (1818) à Trilby (1822), Bertram ou le Château de Saint-Ablebrand, tragédie imitée de l’anglais (1821), etc.

261. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

C’est ainsi que le vif succès des Lettres Persanes de Montesquieu détermina par dizaines des Lettres Anglaises par Voltaire, Chinoises, Portugaises, etc. […] Lorsque les célèbres romans de Grandisson pénétrèrent en France, grâce à l’adaptation de Prévost (Mémoires pour servir à l’histoire de la vertu, extrait du journal d’une jeune dame, traduit de l’anglais), ils obtinrent en très peu de temps auprès du public français un succès étourdissant. […] La première condition pour un écrivain qui voulait trouver éditeur et lecteurs était de se mettre à la mode anglaise.

262. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Possédant déjà à fond l’anglais, il s’était mis avec ardeur à l’allemand, pour lire Hegel dans le texte. […] Les poètes anglais étaient ses poètes préférés, et, comme philosophe, il est de la famille des Spencer, des Mill et des Bain. […] La première édition des Essais contient quelques articles sur des écrivains anglais contemporains qui ont été remplacés par d’autres dans l’édition de 1874, parce qu’ils avaient pris place en 1867 dans le dernier volume de la Littérature anglaise. […] Un travail préparatoire, la traduction des lettres d’une Anglaise, témoin de la Révolution de 1792 à 1795, parut en 1872. […] Il lui reprochait d’être peu français dans sa tournure d’esprit, trop anglais dans ses idées politiques, et surtout de manquer du sens de la vie.

263. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Lorsque je parlerai de la littérature des modernes, et en particulier de celle du dix-huitième siècle, où l’amour a été peint dans Tancrède, La Nouvelle Héloïse, Werther et les poètes anglais, etc., je montrerai comment le talent exprime avec d’autant plus de force et de chaleur les affections sensibles, que la réflexion et la philosophie ont élevé plus haut la pensée. […] Descartes, Bayle, Pascal, Molière, La Bruyère, Bossuet, les philosophes anglais qui appartiennent aussi à la même époque de l’histoire des lettres, ne permettent d’établir aucune parité entre le siècle de Louis XIV et celui d’Auguste, pour les progrès de l’esprit humain.

264. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

« Tu ne peux te figurer, écrit-il à sa sœur, combien cette simple phrase m’est allée au cœur » ; et il conclut : « Le bon moyen de maintenir le patriotisme dans le cœur des Français est de les faire voyager. » Au bout de cinq ans, il se démet de son poste pour se marier avec une jeune Anglaise pauvre, qu’il a connue à Berlin et chez qui il prenait des leçons d’anglais.

265. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Au milieu de ces hommes aimés à tous les titres, et dont chacun a sa spécialité d’amour, évidemment le plus aimé de la collection, le plus aimé avec le plus de furie, avec le plus de passion vraie, — traversée pourtant (à ses jours) de libertinage, — c’est l’Anglais, cet Anglais que Mme George Sand appelle un délicieux Oswald, avec le petit claquement de langue du connaisseur ; mais le plus enivrant pour l’amour-propre du bas-bleu dépareillé, qui cherche sa moitié de génie, et le plus utile pour sa vieillesse future, c’est à coup sûr Chateaubriand !

266. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle ne se tenait pas aux combinaisons de la Constitution anglaise ; elle allait aussi avant sur bien des points que les royalistes constitutionnels de la plus vive génération, tels que MM. de Narbonne, de Montmorency, et M. de La Fayette lui-même. […] Ce ne fut que plus tard, et surtout vers la fin de l’Empire, que l’idée de la Constitution anglaise la saisit. […] Son jugement sur la Constitution anglaise est formel ; elle croit qu’on peut désormais se passer en France des fictions consacrées par cet établissement aristocratique de nos voisins. […] La poésie anglaise, qui, durant la guerre du continent, n’avait pu assister à ce congrès permanent de la pensée dont Coppet fut le séjour, y parut en 1816, représentée par Lewis et par Byron. […] Elle s’était entièrement convertie aux idées politiques anglaises, dans cette Angleterre qui lui semblait le pays par excellence à la fois de la vie de famille et de la liberté publique.

267. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

On pourrait dire que l’on retrouve dans son œuvre écrite les noirs profonds de la gravure anglaise. […] Il s’était fait une âme anglaise, un cerveau anglais, un extérieur anglais ; il ne pensait qu’en anglais ; il ne lisait plus les journaux de France, ni aucun livre dans sa langue maternelle. […] Cela l’ennuyait de voir les Anglais apprendre le français dans Télémaque et les Français l’anglais dans le Vicaire de Wakefield. […] Il étudiait la manière-noire sous l’Anglais Reynolds, et travaillait à la planche représentant le Naufrage de la Méduse d’après Géricault. […] L’école anglaise préoccupa incontestablement Delacroix, qui dut étudier beaucoup les portraits de sir Thomas Lawrence.

268. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Nous prenons ces sortes de dictionnaires pour exemple de dictionnaire de langue du pays ; ce que nous en dirons pourra s’appliquer facilement aux dictionnaires anglais faits à Londres, aux dictionnaires espagnols faits à Madrid, etc. […] On sait que les Italiens prononcent u et les Anglais w, comme nous prononçons ou, etc. ; ainsi, au mot ou d’un dictionnaire, on pourrait dire : les Italiens prononcent ainsi l’u et les Anglais l’w , ou ce qui serait encore plus précis, on pourrait joindre à ou les lettres u et w, en marquant que toutes ces syllabes se prononcent comme ou, la première à Rome, la seconde à Londres ; par ce moyen, les étrangers et les Français apprendraient plus aisément la prononciation de leurs langues réciproques. […] On pourrait même croire qu’il serait à propos de s’en tenir à cette signification, parce que le latin étant une langue que l’on apprend ordinairement dès l’enfance, on y est pour l’ordinaire plus versé que dans une langue étrangère vivante que l’on apprend plus tard et plus imparfaitement, et qu’ainsi un auteur de dictionnaire traduira mieux d’anglais en latin que d’anglais en français ; par ce moyen la langue latine pourrait devenir en quelque sorte la commune mesure de toutes les autres. […] Par exemple, on sait que l’e en anglais se prononce souvent comme notre i ; ainsi au mot sphère on dira que ce mot se prononce sphire. Cette dernière orthographe est relative à la prononciation française, et non à l’anglaise : car l’i en anglais se prononce quelquefois comme aï : ainsi sphire, si on le prononçait à l’anglaise, pourrait faire sphaïre.

269. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Soit que le jeune ambassadeur des girondins, emporté par son ardeur de propagande jacobine à Londres, donnât des ombrages fondés au cabinet anglais, soit qu’il dédaignât de se conformer aux sages prescriptions de son mentor, M. de Chauvelin, décrédité de fait par l’événement du 10 août, échoua dans ses tentatives de négociations avec le gouvernement anglais ; il fut même obligé de quitter l’Angleterre, suspect d’y fomenter l’esprit révolutionnaire au-delà des limites de la constitution. […] Mirabeau lui avait laissé en mourant, comme à Sieyès et à Talleyrand, le système de l’alliance anglaise. […] L’alliance libérale rêvée en 1789 par Mirabeau, M. de  Talleyrand et les grands patriotes anglais, pour l’expansion de la philosophie et de la liberté dans le monde, est noyée dans des ressentiments implacables ; Bonaparte les résume dans son nom. […] Les armées de Napoléon étaient détruites ; la France n’en avait plus dans sa population tarie de sang ; le Rhin était franchi par la coalition du Nord ; les Pyrénées, par les Anglais et les Espagnols ; 1814 se levait comme le jour du jugement sur l’univers politique. […] Or le royaume-uni hollando-belge, on ne le cachait pas, était un rempart élevé par l’Angleterre et la Prusse contre des invasions éventuelles de la France, champ de bataille fortifié, que les Anglais avaient le droit de surveiller et d’occuper en cas de guerre.

270. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

J’avais eu l’occasion, l’année précédente, de rencontrer à Chambéry une jeune personne anglaise, d’un extérieur gracieux, d’une imagination poétique, d’une naissance distinguée, alliée aux plus illustres familles de son pays. […] Les chuchotements de la maison lui avaient fait connaître la secrète intelligence qui existait entre la jeune Anglaise et moi, les obstacles que sa mère mettait par religion à ce penchant de sa fille, et les difficultés qu’elle apportait à nos entretiens. […] Peu de temps après, Alfieri, voyageant seul suivi de ses quatorze chevaux anglais, sur la route de Sienne, s’acheminait mélancoliquement vers Rome, où la comtesse d’Albany se rendait de son côté par une autre route, allant chercher dans un couvent la protection de son beau-frère, le cardinal d’York. […] Dans ce dernier poème, je supposais que le poète anglais, en partant pour aller combattre et mourir en Grèce, adressait une invective terrible à l’Italie pour lui reprocher sa mollesse, son sommeil, sa voluptueuse servitude. […] et un tribunal anglais s’est-il avisé de venir demander compte à l’illustre barde des opinions du corsaire ou des sentiments de Lara ?

271. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Les Anglais appellent cette théorie l’hypothèse intensiviste. 2° L’espace est une forme engendrée par les ressources propres de l’esprit, pour recevoir et envelopper des sensations qui, telles qu’elles sont données à l’origine, n’ont rien de spatial, mais qui, une fois mises dans ce moule de l’espace, y prennent unité et ordre. […] C’est des mouvements et des sensations musculaires, comme on sait, que l’école anglaise contemporaine, principalement Bain, Stuart Mill et Herbert Spencer, ont voulu faire dériver l’idée de l’étendue et de ses déterminations : longueur, hauteur, largeur, forme, position, direction. […] Les anciens croyaient qu’Uranus ou l’espace infini était le père de Saturne ou du temps ; l’école anglaise, au contraire, croit que le Temps est le père de l’Espace. […] Nous croyons donc que la construction anglaise est utopique, tout comme si, avec la sensation du jaune et celle du bleu, on prétendait construire la sensation du vert. […] Outre les éléments qui précèdent, il ne faut pas oublier, dans la formation de l’idée d’espace, ce que les Anglais appellent les sentiments de mouvements, feelings of motion.

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