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799. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il nous faut renoncer dès lors à toutes les anecdotes postérieures qui ont couru et qui font légende à son sujet ; aux services qu’il aurait rendus à la Grèce pendant la peste d’Athènes, et dont Thucydide ne dit mot ; à ces grands bûchers qu’il aurait fait allumer pour purifier l’air et qui chassèrent le fléau ; à son refus d’aller servir le roi de Perse, et à son mépris des présents d’Artaxerce : inventions agréables, ingénieuses, mais inventions de rhéteurs, nées d’écrits apocryphes que la critique n’admet pas et qu’elle met à néant. […] Voyez dans le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, avec quelle fierté le Grec triomphe du barbare, l’homme libre du sujet soumis à un maître, l’Européen vainqueur de l’Asiatique partout vaincu sur terre et sur mer. […] Ces âmes vigoureuses, amies du vrai sans partage, trempées dans le Styx, non amollies par l’air du siècle, non brisées par le frottement, non usées par le monde, ont avec elles leur inconvénient ; il faut payer la rançon, même des vertus. […] Il y a une belle remarque d’Hippocrate dans son Traité des Airs, des Eaux et des Lieux : « Ce sont, dit-il, les changements du tout au tout qui, éveillant l’intelligence humaine, la tirent de l’immobilité. […] Son visage creusé et sombre, son air noirâtre, qui, de profil, me rappelle parfois celui de Lamennais, n’est nullement désagréable quand il s’anime et qu’il y passe un rayon.

800. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

eux et leurs sciences, furent modelés en figurines de cire, et mis pour les salons en airs de serinette. […] Ses yeux sont un peu gris, un peu enfoncés ; il en fait tout ce qu’il veut, et la mobilité de ses traits donne si rapidement à sa physionomie un air de sentiment, de noblesse et de folie, qu’elle ne lui laisse pas le temps de paraître laide. […] Il n’était ni gluckiste ni picciniste, au grand déplaisir de Marmontel qui, dans son poème de l’Harmonie, disait : L’abbé Delille avec son air enfant Sera toujours du parti triomphant : épigramme que Delille réfuta suffisamment dans la seconde moitié de sa vie, en étant du parti des malheureux32. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que Chaumette protégea Delille ; ce qui le protégeait surtout, c’était son humeur, sa gloire chère à tous dès le collège, son air enfant, son gentil caractère ; souris qui joue dans l’antre du lion ; épagneul que la griffe terrible épargne. […] Enfant, j’ai connu le manoir où en 1813, pour charmer les vacances d’automne, on avait dans le grand salon un jeu de solitaire, un orgue avec des airs nouveaux ; on apportait quelquefois une optique pour voir les insectes ou les vues des capitales.

801. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

j’aime l’Italie et je hais Avignon ; l’odeur empestée de cette maudite ville corrompue vicie l’air pur de mes champs. […] Il se faisait proclamer chevalier de l’univers ; il frappait l’air de son épée nue, des quatre côtés de l’horizon, pour prendre possession de la terre entière. […] Son âme, prête à quitter sa belle demeure, rassemblant en elle-même toutes ses vertus, semblait avoir rendu l’air plus serein. […] « Elle est partie pour le séjour de la félicité, et mes yeux la cherchent en vain dans ces lieux où elle naquit, dans cet air que je remplis de mes soupirs ; mais il n’y a ni rocher, ni précipice dans ces montagnes, ni rameau, ni feuillage vert sur ces rives, ni fleuve dans ces vallées, ni brin d’herbe, ni goutte d’eau, ni veine distillant de ces sources, ni bête sauvage de ces forêts qui ne sachent combien je souffre pour elle !  […] Airs dont mes longs soupirs attiédissent l’haleine, Sentier jadis de joie, aujourd’hui de douleurs, Coteau cher à mes pas, plus cher à mes langueurs, Où l’amour cependant par instinct me ramène : Je reconnais en vous l’aspect accoutumé, Non en moi, pour jamais à tout plaisir fermé, Et qui nourris au cœur un chagrin solitaire.

802. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

L’âme est semblable, si vous voulez, à ces molécules de l’air ou de l’eau qui ont chacune une configuration propre et isolée, mais qui font partie cependant de l’élément eau ou de l’élément air, qui exercent chacune leur pression relative sur l’élément tout entier, et qui subissent à leur tour la pression de chaque vague de la mer ou de chaque mouvement de l’éther. […] Les ruines jaunissent et la mer bleuit comme une décoration convenable de cet opéra en plein air. […] Ces prisons en plein air étaient seulement une espèce de lazaret épuratoire contre la peste du brigandage ; les grands coupables étaient morts sur leurs rochers, exposés sur des fourches patibulaires au bord de la route de Terracine, d’Itri, de Fondi, du royaume de Naples, ou chargés de fer et scellés aux murs des cachots ; leurs familles, leurs vieillards, leurs femmes, leurs enfants jouissaient d’une demi-liberté dans ces dépôts de Rome. […] De plus, la scène est vraie : le vieux poète du môle de Terracine ou de Sorrente exerce sa profession en plein air pour gagner, en accompagnant ses stances de sa guitare, le pain, l’huile et le fromage nécessaires au souper de sa famille.

803. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

quelle vapeur dans les airs ! […] Alors la révolte, suspendue aux cordes de la cloche, la fait gémir dans l’air et change en instrument de violence un instrument de paix. […] « Maintenant, arrachez avec les câbles la cloche de la fosse ; qu’elle s’élève dans les airs, dans l’empire du son ! […] Un jour qu’elle était chez le prince primat avec toutes les chanoinesses, portant le costume de son ordre, une robe à queue, un col blanc avec la croix d’ordonnance, quelqu’un fit la remarque qu’elle ressemblait à une apparition au milieu des autres dames, à un esprit qui allait s’évanouir dans l’air. […] On ne monte pas plus haut que certaines pages extatiques de Faust : plus haut, l’air raréfié ne porte plus l’homme ; mais il y a de grandes raisons de penser que, si la nature n’enfante pas souvent une individualité poétique de la force de Goethe, la littérature allemande dans son ensemble retrouvera une période de splendeur égale à la période qui porte le nom de Goethe.

804. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

La duchesse avait été remarquablement belle ; en dépit d’une maigreur qui donnait à sa personne un faux air d’apparition, elle conservait des traces d’une régularité fine et noble, des yeux magnifiques et pleins de feu. […] Elle aperçut une femme voilée dans un carrosse ; c’était l’infortunée duchesse qui respirait un moment l’air extérieur pendant que la cloche de la ville tintait par-dessus les murailles les obsèques prochaines de son ami. […] Je tiendrai dans ma place un temps raisonnable, pour n’avoir pas l’air d’agir avec légèreté, mais certainement, quand je vous verrai au printemps, nous fixerons l’époque de ma retraite. […] Cette nuit nous avons eu du vent et de la pluie comme en France ; je me figurais qu’ils battaient votre petite fenêtre, je me trouvais transporté dans votre petite chambre ; je voyais votre harpe, votre piano, vos oiseaux ; vous me jouiez mon air favori ou celui de Shakespeare ; et j’étais à Rome, loin de vous, dans un grand palais ; quatre cents lieues et les Alpes nous séparaient ! […] J’aime prodigieusement vos siècles écoulés dans le temps qu’avait mis la sonnerie de l’horloge à sonner l’air de l’Ave Maria.

805. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Remercions-le donc et ne le payons pas en ingrats, par des épigrammes et avec des airs de supériorité. […] Avec ses cheveux blancs, sa robe de chambre bien blanche, il a un air tout candide et tout patriarcal. […] Je le voyais un autre jour par un beau temps, à côté de moi dans sa voiture, en pardessus brun, en casquette bleue, son manteau gris clair étendu sur ses genoux ; son teint brun est frais comme le temps, ses paroles jaillissent spirituelles et se perdent dans l’air, mêlées au roulement de la voiture qu’elles dominent. […] « On ne peut pas savoir comment les choses tourneront, dit-il ; à Berlin, j’ai beaucoup de belles connaissances ; nous verrons, j’ai pensé à vous ces jours-ci. » Et, en parlant ainsi, il souriait en lui-même d’un air affectueux. […] « — Le temps était très couvert, l’air immobile, très silencieux et très lourd. » « — Et avez-vous cru Goethe sur parole ?

806. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Rapports de la population avec les gouvernements, les lois et la religion ; constitution économique du commerce ; proportion des peines aux délits ; réduction de toutes les lois françaises en un code unique ; la liberté, pour attirer les étrangers par l’opulence qui la suit toujours ; l’égalité, pour porter l’abondance et la vie dans tout le corps politique ; la tolérance religieuse, pour assurer l’autorité du prince et la stabilité de l’Etat : voilà quelques-unes des nouveautés que Montesquieu proclame avec l’air de n’y penser que par plaisir, répandant à la fois les doutes, les vœux de réforme, les critiques déguisées du temps présent, tout, excepté des craintes sur le prix dont la France devait payer un jour ces conquêtes. […] Il y a un endroit très plaisant des Lettres où les Parisiens disent d’un passant, sur la foi de son costume : « Qu’il a bien l’air d’être un Persan !  […] Pendant que le public lettré admirait dans Charles XII l’histoire réformée par le bon esprit philosophique, et, parmi toutes les grâces du récit, un air de liberté, de vérité inconnu jusqu’alors, Buffon composait le premier ouvrage français où la science ait été exposée dans la langue des grands écrivains. […] Si la pompe consiste à n’avoir pas l’air dégagé qu’affectait alors le style, ni cette courte phrase appropriée à la propagation rapide des idées comme à l’attention distraite des esprits, soit ; Buffon est pompeux. […] Là sont les chambres « bien meublées sans magnificence », où nous avons passé les heures paresseuses, feuilletant les vieux livres dans de vieux fauteuils de damas effacé, qui ajoutaient à la douceur de notre repos, en répandant autour de nous les images tranquilles et comme un air du passé.

807. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

À ce propos, Tourguéneff dit à peu près cela : « Votre langue, messieurs, m’a tout l’air d’un instrument, dans lequel les inventeurs auraient bonassement cherché la clarté, la logique, le gros à peu près de la définition, et il arrive que l’instrument se trouve manié aujourd’hui par les gens les plus nerveux, les plus impressionnables, les moins susceptibles de se satisfaire de l’à peu près. » Jeudi 16 avril Cette jolie petite tête d’Armand, je l’ai vue, il n’y a pas dix jours, si espièglement heureuse dans sa convalescence, si remueuse, si éveillée, sur son oreiller, de la vie qui revenait. […] Mme Daudet veut bien me lire une pièce de vers, où des fils dispersés d’un col, qu’elle vient de broder en plein air, la poétesse imagine un nid, fait par les oiseaux du jardin. […] Sur ces hauts sommets, le voyageur jouit de la pureté de l’air, comme un gourmet d’eau, jouit à Rome, de la bonté de l’ aqua felice . […] Une montagne de malles et de sacs de nuit, une vieille calèche au velours rouge passé, des chaises à porteurs sur lesquelles étaient renversées des fillettes en robe blanche, les mollets à l’air : tout un capharnaüm de choses accidentées de jolis petits détails linaires, de jolis petits tons. […] Samedi 10 octobre Tout de mon long sur la terre, la joue sur le bras, c’est pour moi un des plaisirs de la chasse au bois, de somnoler, à demi éveillé par le fourmillement de la terre, le susurrement de l’air ensoleillé, les jappements lointains de la meute, dans les profondeurs de la forêt.

808. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Même, pour ce tableau le plus antique, le retour du printemps, que l’on prenne, dans Anna Karénine, la sortie du propriétaire Lévine, allant, par la première journée douce de renouveau, inspecter les champs aux molles noires, les enclos où meuglent les bestiaux étourdis et ivres de leur sortie au grand air, puis sa course à cheval par ses bois, dans la brise molle et crue cependant de la fonte des neiges, dont l’eau claire court, à peine salie sur le sol gelé ; les faits familiers mais précisés, les sensations vives fraîchement remémorées d’une observation plus attentive et plus charmée, plus immédiatement vraie que dans la plupart des romans réalistes, s’y pressent comme pris à même avec de grosses et bonnes mains, sans qu’il y ait cependant à vrai dire de passages descriptifs, sans qu’on puisse séparer la série de traits formant tableau de la série des pensées du personnage dont la présence dans cette scène en cause le narré. […] Dans le roman où se dessine cette héroïne d’une si chaude vie, on peut suivre le même travail minutieux de représentation par un grand nombre d’incidents sur tous les personnages de premier plan ; toute une période de leur vie nous est donnée en d’innombrables instants pour Wronsky l’homme moderne du bel air, élégant, un peu lourd d’esprit ; mais noble, constant, délicat, digne d’être aimé, et se haussant parfois à de grandes idées humaines étrangères à sa caste, comme pour Lévine plus fruste, plus simple et plus profond et dépeint de ses occupations de gentilhomme campagnard à ses angoissantes préoccupations sur le but et le sens de la vie. […] Cet homme qui jeune, fut musculeux et trapu, le visage oblong, le front bombé par les côtés et arrondi par le haut, les yeux clairs enfoncés sous les sourcils broussailleux, le nez puissant, les lèvres charnues et rondes dans la barbe épaisse, l’air énergique et mâle, brusque et bon, bien Russe, qui, né noble et riche, prit part aux guerres du Caucase et à la défense de Sébastopol, qui parcourut l’Europe, mena à Saint-Pétersbourg et Moscou la grande vie du gentilhomme, qui fut cassant et orgueilleux, insolent pour Tourguénef, qui devint célèbre et dont la gloire a conquis ces dernières années la France et l’Allemagne, s’est tout à coup détourné de sa nature, de son génie, de sa renommée et contraint mystérieusement par les commandements de sa conscience, renonçant à ses habitudes, à ses appétits, à l’exercice de sa puissante intelligence, s’est retiré du monde, de l’art, de la jouissance même de ses richesses. Comme Lévine, il a rencontré sur sa route un pauvre d’esprit dont les paroles ont retenti dans son cœur, comme une voix intérieure, et ce Slave dont l’âme violentée et repoussée par les durs dogmes de la science occidentale, demandait au monde plus de bonté qu’il n’en contient, cet aristocrate, cet homme de fortune, ce grand écrivain s’est retiré à la campagne, écrit des contes pour les moujiks, s’adonne à des travaux manuels, fait des souliers et raccommode des poêles, donne son bien en aumône, prêche la vie populaire, le refus du serment, le pardon des injures, l’union avec une seule femme, interdit le divorce, le service militaire, la violence, la résistance aux méchants, les injures et menace de fonder une nouvelle secte de gens scrupuleux et troublés dont il sera le patriarche, devenu aujourd’hui un grand vieillard de soixante ans, les cheveux longs rejetés en arrière du front creusé de profondes rides, au-dessus des yeux plus caves, mais fermes, inébranlablement fermes, les joues creuses autour du large nez et ployant sur de massives pommettes, la bouche droite, saillante et close, au milieu d’une longue barbe blanche tombant sur de larges épaules, l’air vénérable et sûr, de la certitude de ceux qui ont cru à jamais ; l’air noble et d’une joie austère, de la joie de ceux qui sont affermis dans leur foi.

809. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Pour me soulager de cette obsession d’un mal inconnu et pour retremper mes nerfs irrités dans un air moins imprégné de sel et de soufre que l’air de la mer et du Vésuve, je cédai au conseil du vieux Cottonio, l’Esculape presque séculaire de Naples, et je partis pour Rome. XI À peine eus-je dépassé Capoue, et franchi les premières collines des Abruzzes qui séparent l’atmosphère des montagnes de l’atmosphère de la mer, que je me sentis soudainement guéri, comme un homme asphyxié à qui une fenêtre ouverte vient de rendre l’air respirable. […] Ces fleurs innombrables répandaient leurs teintes lactées et rosées sur toute la campagne ; elles tombaient des branches à chaque légère bouffée du vent tiède de la mer ; elles semaient d’un véritable tapis de couleurs riantes l’intervalle d’un arbre à l’autre ; elles remplissaient l’air soulevé par la brise d’une nuée de papillons inanimés qui venaient tomber jusque sous les roues sur le chemin. […] Il respirait et il aspirait je ne sais quel air balsamique qui avait traversé le vieil Éden.

810. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

On n’y trouve ni l’air de tête, ni l’expression, ni même les traits du modèle. […] C’est par là que je lui trouve un air monacal. […] … que le ciel me semblait plus bleu, l’air plus caressant, les oiseaux plus gais, les fleurs plus tendres qu’à mon arrivée ! […] Madame Charles mourait, au palais Mazarin, dans une chambre qui certainement n’était pas traversée par de tels courants d’air. […] Mais elle n’est point faite pour les âmes jeunes et simples, pour le public, pour le grand jour et le grand air.

811. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il est obsédé par l’air de la Marche indienne qu’il a joué quelques centaines de fois depuis l’ouverture de l’Exposition. […] Je ne sais plus ce qu’il nous a chanté sur l’air de la Boiteuse. […] Toute la maison est en l’air, dans l’attente du maître inconnu. […] Bref, elle est païenne, étant vraiment et uniquement femme ; elle n’a pas du tout l’air d’avoir été baptisée. […] Un grand air d’exactitude et de précision dans tout cela.

812. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

La débauche passait pour française et de bel air ; c’est pourquoi Addison proscrit par surcroît toutes les frivolités françaises. […] Ils me firent penser à ces airs célestes qui accueillent les âmes envolées des justes à leur entrée dans le paradis pour effacer le souvenir de leur récente agonie et les préparer aux plaisirs de ce lieu bienheureux. […] Renowned in verse each shady thicket grows And every stream in heavenly numbers flows… Where the smooth chisel all its force has shown, And softened into flesh the rugged stone, Here pleasing airs my ravisht soul confound With circling notes and labyrinths of sound. […] She bore an inexpressible cheerfulness and dignity in her aspect ; and though she seemed in years, appeared with so much spirit and vivacity, as gave her at the same time an air of old age and immortality. […] They put me in mind of those heavenly airs that are played to the departed souls of good men upon their first arrival in paradise, to wear out the impressions of the last agonies, and qualify them for the pleasures of that happy place.

813. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Ainsi d’une roche caverneuse sort en tourbillon la foule innombrable des abeilles ; leurs essaims, toujours plus épais, se groupent sur les fleurs printanières ou voltigent épars dans les airs ; ainsi tous ces peuples sortent, les uns de leurs tentes, les autres de leurs navires, se répandent sur la vaste plage de la mer et se pressent par groupes au lieu assigné pour le conseil. » Agamemnon leur adresse un discours très éloquent et très pathétique pour relever leur courage par leur nombre et par leur patriotisme. […] À ce grand nom, du Pinde à l’Hellespont, Les airs, les cieux, les flots, la terre, tout répond. […] « Ainsi, lorsque, dans le firmament, à la lueur de la lune argentée, les radieuses étoiles scintillent, lorsque les vents se taisent dans les airs et que la transparence de la nuit laisse découvrir au loin les collines, les vallées, les hautes cimes des montagnes, le vaste espace des cieux qui s’étend devant nous laisse apercevoir tous les astres, et le cœur du berger est plein de joie… Ainsi brillent çà et là les feux que les Troyens ont allumés devant Ilion et le Xanthe aux flots rapides. […] « Un aigle intrépide, laissant à sa gauche l’armée des Troyens en s’élevant dans les airs, emporte entre ses ongles un serpent énorme, sanglant, vivant, palpitant encore. […] Le serpent tombe au milieu des combattants, et l’aigle, avec des cris aigus, s’envole dans les airs, emporté par le souffle des vents. » On raconte avec effroi ce prodige à Hector, littéralement dans les mêmes vers que nous venons de citer.

814. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Que penser d’un poisson qui déserterait son élément, s’imaginant nager plus rapide dans l’air ! […] L’air qu’on respire s’allège en se purifiant. […] Un parfum nouveau me transporte ; je respire un air jeune. […] Si donc je me suis offert le plaisir de condenser quelques principes, c’est sans doute que je les ai découverts épars et comme flottants dans l’air. […] Je prie qu’on veuille bien me pardonner mon air timide et mon inexpérience.

815. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Je lui passerais certains chapitres où, rangeant des vers sous air de prose, il s’amuse à les faire filer comme des troupes déguisées et à mystifier le lecteur qui n’y prendrait pas garde ; ces chapitres-là sont une critique lutine du jargon lyrique à la mode : ils valent mieux que notre critique sérieuse.

816. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Autran a cet air de cheveux blancs, et ils lui semblent venus dans la peine du labeur et des veilles de l’étude.

817. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pioch, Georges (1874-1953) »

Leurs souhaits d’air fleuri tendus vers les dimanches… Leurs fronts lourds et pâles se penchent, Et leurs regards, résignés, poursuivent Leur jeunesse qui s’effiloque Avec les Orients découpés par leurs doigts.

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