Cette chambre ne recevait d’air et de lumière que par une fenêtre grillée sur la cour et n’avait, pour horizon, que le cauchemar de hauts murs nus, aveugles, badigeonnés d’ocre et de brun. […] » Et, continuant à bousculer son prédécesseur, il franchit le seuil à son tour, claqua la porte pour lui couper la retraite, courut au lit de Verlaine, lui serra les mains plein d’effusion et, avec l’enthousiasme d’un assaillant qui déploie un drapeau sur la citadelle enfin conquise, jeta triomphalement son nom en l’air : « Louis Le Cardonnel ! […] Je n’ai jamais vu, chez eux, ces sourires ironiques, ces airs accablés d’ennui ou insolents de détachement qu’on surprend sur les visages de la bonne société.
On voit la terre, qui nous paraît si vaste, déployée dans les airs comme un petit pavillon, ensuite emportée avec aisance par le Dieu fort qui l’a tendue, et pour qui la durée des siècles est à peine comme une nuit rapide. […] Dans les scènes dramatiques, lorsque les passions sont émues, et que tous les miracles doivent sortir de l’âme, l’intervention d’une divinité refroidit l’action, donne aux sentiments l’air de la fable, et décèle le mensonge du poète, où l’on ne pensait trouver que la vérité. […] La Bible a mieux connu le cœur humain : elle a su comment apprécier cette exagération de sentiment, par qui un homme a toujours l’air de s’efforcer d’atteindre à ce qu’il croit une grande chose, ou de dire ce qu’il pense un grand mot.
« Elle avait un air si fin, si engageant ! » Mais montrez-le donc, cet air-là ! « L’air de l’amour même !
Je dois aussi tenir le doigt en l’air, ça me fatigue ! […] Je ne puis pas arriver à glisser mon pied, ni même tenir le petit doigt en l’air ? […] Mais maintenait j’hésitais ; il avait par hasard l’air honnête… Je n’osais plus. […] L’homme était naïf sous son air contenu et réfléchi. […] Cardinal écoutait tout cela d’un air écrasé.
D’un air ingénu il se déclara bigame. […] Mes poésies ne sont pas un produit de serre chaude ; elles sont faites en plein air. […] C’était le faune qui jouait un air pour son propre plaisir, un air libre et original, mais d’un charme si pénétrant, qu’on ne pouvait se soustraire à l’enchantement. […] — « Quel air frais, n’est-ce pas ? […] Croyez qu’il n’existe pas de passe-temps plus délicieux que de bâtir des systèmes en l’air.
Le snob est un mouton de Panurge prétentieux, un mouton qui saute à la file, mais d’un air suffisant. […] Comme ils courent indifféremment à tout ce qui affecte un air d’originalité, ils s’attachent le plus souvent à des modes ridicules et qui passent ; mais il est inévitable qu’ils s’attachent aussi quelquefois à des nouveautés qui demeurent ; et leur concours, alors, n’est point négligeable.
Aussi, quand les amis de la famille lui font compliment de la précocité de ses talents littéraires, répond-il d’un air modeste : « Bah, chacun sa partie ! […] Si l’embryogénique histoire du fœtus de lettres, que j’esquissai tout à l’heure, vous a frappés par son air vieux jeu et déjà connu, elle n’atteste que mieux la désinvolture avec laquelle, depuis longtemps, on tient la besogne littéraire pour un travail normal, régulier, quotidien, ayant ses charges professionnelles, ses profits, ses déboires, ses privilèges, sa chambre syndicale, son autonomie.
Qu’aura-t-on gagné à bouleverser les noms, à appeler l’air vital oxygène, etc. […] Il aiguise le fer, il prépare le poison, il appelle les éléments à son secours ; il fait mugir l’eau, il fait siffler l’air, ses fourneaux s’allument.
Voilà ce qui doit arriver tôt ou tard aux poëtes qui ne s’assujetissent pas à copier la nature dans leurs imitations, qui ne s’embarrassent point que leurs personnages ressemblent à des hommes, et qui sont trop contens quand ces personnages ont je ne sçais quel bon air. […] Gardez donc de donner ainsi que dans Clelie l’air et l’esprit françois à l’antique Italie, et sous des noms romains faisant notre portrait, peindre Caton galand et Brutus dameret.
Cela encore ne m’a pas du tout l’air d’un paradoxe. […] Ces deux ou trois conseils ont peut-être un peu l’air empirique au premier abord.
Or, ce n’est pas une exception que d’être un proscrit regrettant sa patrie, un officier mécontent du gouvernement qui l’emploie, un philanthrope, un humanitaire, un Don Quichotte ; — non du passé, comme le chevalier de la Triste-Figure, mais d’un avenir qui ne viendra peut-être pas, ce qui ne donne pas l’air plus gai. […] Malheureusement, malgré les différences de climat, de situation, d’éducation et même de nature, cette petite indienne a un faux air d’Atala, comme Zélislas lui-même a un faux-air de René, et le père Thadée, du père Aubry.
Les bouches d’air closes et condamnées, de nouvelles fissures se produisirent à côté. […] Les parois craquèrent sans cesse, et ce qui était au dedans, invinciblement attiré par l’air libre, suivit l’exemple de libération, par individualités, par groupes ou par masses.
« Les pauvres même ont de la gloire et quand ils demandent l’aumône, c’est d’un air impérieux et dominant. […] A vrai dire, il a vécu à Paris comme un plongeur sous sa cloche, fermant les fentes par où l’air du dehors eût pu entrer. […] ils règnent à la fois sur les espaces de l’air et sur le royaume de l’âme. […] Cela menaçait-il de lui ôter l’air et la lumière, de l’exposer à un incendie ? […] Le changement d’air arrêta la dyssenterie ; arrivé à Beyrouth, il se traîna hors du navire.
ont un air convenable et digne. […] Tout y semble maniable et civilisé ; tout y est sur un petit modèle, avec un air de finesse et d’agrément. […] Un air de Mozart éveillait en lui l’essaim des songes et des images intérieures. […] La douleur même, dans ce pays, prenait un air sensuel, caressant, naïvement immoral. […] C’est un château en l’air.
Coiffé d’un chapeau rond, le visage apparaissait coloré par la marche et le grand air. […] Poictevin avait toujours l’air d’être « en partance ». […] Il a la face rasée, l’air soucieux et ironique. […] Edmond de Goncourt avait grand air. […] L’autre jour, il faisait chaud et toutes les odeurs florales se mélangeaient dans l’air brûlant.
Cette dernière déclamation porte le nom d’air ; la première a été appelée le récitatif. […] L’air et le chant commencent avec la passion ; dès qu’elle se montre, le musicien doit s’en emparer avec toutes les ressources de son art. […] En un mot, tout ce que la passion la plus douce et la plus tendre pourra inspirer dans cette position à une âme sensible, composera les éléments de l’air de Mandane ; mais quelle plume serait assez éloquente pour donner une idée de tout ce que contient un air ! […] Au moment le plus pathétique de l’air, leurs accents peuvent se confondre ; cela est dans la nature. Une exclamation, une plainte, peut les réunir ; mais le reste de l’air doit être en dialogue.
Ses longues papillotes lui donnent un air de petite fille bien sage. […] Il avait bien l’air, à ce moment-là, d’être emporté par le flot romantique. […] Ses paroles épurent l’air autour de ses lèvres ; son vol est si rapide que nul ne peut dire où il va. […] que l’air du ciel est pur ! […] J’ai les cheveux coupés, les yeux cernés, les joues creuses, l’air bête et vieux.
Que ce soit encore le confortable, la chaleur resserrée de quelque gai petit logis de pauvre, l’originale maison, par exemple, que le pécheur Peggotty s’est faite dans une vieille barque ensablée à deux pas du long grondement de la mer grise, le style de l’écrivain encore se contourne et se complaît avec des airs de souriante satisfaction. […] Mais le voici qui parle ; ses termes sont recherchés et vagues, un soudain sourire de confiance amicale et fate éclaircit son visage ; il fait un geste solennel de la main, prononce quelques phrases sonores, s’en va majestueusement en fredonnant un air et l’homme est posé pour tout le reste du livre. […] Clennam, qui ne décèle l’écervellement de la coquette sur le retour, affectant des airs de petite fille évaporée avec sa mine de grosse matrone bien nourrie. […] Les deux bateliers qui, dans L’Ami commun, s’emploient à la sinistre tâche de repêcher dans la Tamise les cadavres des noyés, sont ainsi dessinés par phrases fragmentaires, par allusions discrètes et présentent d’étranges airs de vie. […] Quand Daumier veut faire rire des villégiatures dominicales des bourgeois, les environs de Paris prennent dans ses lithographies des airs de Sahara.
Il ordonna à ses archers de tirer en l’air ; ses flèches blessèrent beaucoup de Saxons au visage, et crevèrent l’œil d’Harold. […] Le profond rajeunissement des êtres, l’air tiède du printemps qui renouvelle et ébranle toutes les vies, ne leur suggère qu’un couplet gracieux ; ils remarquent en passant que « déjà est passé l’hiver, que l’aubépine fleurit, et que la rose s’épanouit » ; puis ils vont à leurs affaires. […] La sale chaumière enfumée, le noir château féodal, où tous, sauf le maître, couchent pêle-mêle sur la paille dans la grande salle de pierre, la pluie froide, la terre fangeuse rendent délicieux le retour du soleil et de l’air tiède. « L’été est venu. — Chante haut, coucou ! […] Ainsi va leur vie tout aventureuse et décorative, promenée en plein air et au soleil, parmi les cavalcades et les armes ; ils représentent et se réjouissent de représenter. […] On n’y peut point vivre nonchalamment étendu sous la belle lumière, dans l’air tiède et clair, les yeux occupés par les nobles formes et l’heureuse sérénité du paysage.