Les hypothèses historiques de Vico ont souvent chez Cuoco un air plus paradoxal encore, parce qu’on n’y voit plus les principes dont elles dérivent.
L’honneur ne m’a pas permis de me corriger, et j’ai dû tout conserver pour n’avoir pas l’air de rien dérober à une critique ennemie. […] Les catégories obtenues par la réflexion ont donc l’air, par leur rapport à la réflexion, à la volonté, à la personne, d’être personnelles ; elles ont si bien l’air d’être personnelles qu’on en a fait des lois de notre nature, sans trop s’expliquer sur ce que c’est que notre nature ; et le plus grand analyste moderne, après avoir séparé les catégories d’avec la sensation et tout élément empirique, après les avoir énumérées et classées, et leur avoir attribué une force irrésistible, Kant, les trouvant dans le fond de la conscience où gît toute personnalité, en conclut qu’elles ne sont que des lois de notre personne ; et comme c’est nous qui formons le sujet de la conscience, Kant, dans son dictionnaire, les appelle des lois subjectives ; quand donc nous les transportons à la nature extérieure, selon lui, nous ne faisons pas autre chose que transporter le sujet dans l’objet, et, pour parler allemand, qu’objectiver les lois subjectives de la pensée. […] Tel est le système de l’histoire ; et ce système, nous ne l’avons point emprunté à des vues en l’air et à des combinaisons chimériques, mais au principe même et à la seule mesure possible de l’histoire, à l’humanité. […] Quel est celui de vous qui pense que la terre qu’il habite, l’air qu’il respire, les montagnes ou les fleuves qui l’avoisinent, le climat et toutes les impressions qui en résultent ; en un mot, que le monde extérieur lui est indifférent et n’exerce sur lui aucune influence ?
Fatale et destructive idée, qui, sous air de respect, a miné par dedans, a évidé la religion, lui a soustrait toute sa substance et l’a réduite à une écorce sans vie. […] C’est le seul livre au monde de son espece, et d’un desseing farouche et extravagant27. » Mais ailleurs : « Ce qui me sert peult aussi, par accident, servir à un aultre… C’est une espineuse entreprinse, et plus qu’il ne semble, de suyvre une allure si vagabonde que celle de nostre esprit, de penetrer les profondeurs opaques de ses replis internes, de choisir et arrester tant de menus airs de ses agitations ; et est un amusement nouveau et extraordinaire qui nous retire des occupations communes du monde, ouy, et des plus recommendees. […] Écoutons-le un moment : « Il y a quelque apparence de faire jugement d’un homme par les plus communs traicts de sa vie ; mais, veu la naturelle instabilité de nos mœurs et opinions, il m’a semblé souvent que les bons aucteurs mesmes ont tort de s’opiniastrer à former de nous une constante et solide contexture : ils choisissent un air universel ; et, suyvant cette image, vont rengeant et interpretant toutes les actions d’un personnage ; et, s’ils ne les peuvent assez tordre, les renvoyent à la dissimulation. […] Comme on l’a dit, ce qui plaisait surtout dans Montaigne c’était son air cavalier ; en le lisant, on se savait bon gré d’en savoir autant que lui. […] Avec La Rochefoucauld nous passons dans une autre atmosphère ; c’est un air différent que nous allons respirer.
L’une, c’est la merveilleuse activité d’un esprit dispos, sans lassitude comme sans effort, à qui le mouvement est aussi nécessaire que l’air qu’il respire, et qui, plutôt que de ne pas agir, agirait même avec la légèreté du liège et l’irréflexion de la plume.
J’entrai à la chambre, libre comme l’air de cette mer du Nord qui souffle où il veut, sans craindre les écueils, mais sans y pousser.
Vendredi 9 juillet Dans l’espèce de foire, qui se tient autour des bâtiments de la source de la Grande-Grille, il y a un étalage en plein air, au coin duquel se tient un vilain juif, à l’œil dormant d’un chat qui guette une proie.
Le physicien dit d’abord : — Si la foudre est produite par l’électricité, imaginons un cerf-volant terminé par une pointe et lancé en l’air ; j’en devrai tirer des étincelles. — Puis il réalise le cerf-volant, en tire l’étincelle, et vérifie ainsi la loi d’abord hypothétique des relations entre la foudre et l’électricité.
Martens en a essayé d’autres, mais en de meilleures conditions ; car il plaça ses graines dans une boîte et la boîte même dans la mer ; de sorte qu’elles furent alternativement mouillées, puis exposées à l’air comme de véritables plantes flottantes.
Comme les membres de classes distinctes se sont souvent adaptés, par suite de modifications légères et successives à vivre sous des circonstances presque semblables, et à habiter, par exemple, la terre, l’air ou l’eau, il n’est peut-être pas impossible d’expliquer comment il se fait qu’on ait observé quelquefois une sorte de parallélisme numérique entre les sous-groupes de classes distinctes.
« S’il a paru autrefois des impies, — s’écrie Massillon dans son Petit Carême, — le monde lui-même les a regardés avec horreur… Mais aujourd’hui l’impiété est presque devenue un air de distinction et de gloire ; c’est un mérite qui donne accès auprès des grands, qui relève, pour ainsi dire, la bassesse du nom et de la naissance, qui donne à des hommes obscurs, auprès des princes du peuple, un privilège de familiarité. » [Cf. […] C’est sans doute qu’ils flottaient dans l’air, épars et indéterminés, et l’un après l’autre, l’auteur de l’Introduction à la connaissance de l’esprit humain, comme celui de l’Esprit des lois, comme celui de l’Essai sur les mœurs n’ont fait que leur donner une forme littéraire en les appropriant chacun à son sujet, à son vague « dessein », et à sa nature d’esprit.
Le poète, ou l’artiste, doit être l’auxiliaire et même l’instrument du magistrat dans l’œuvre d’éducation morale que celui-ci poursuit sans cesse : « Il faut [que le magistrat] cherche des artistes habiles, capables de suivre à la trace la nature du beau et du gracieux, afin que nos jeunes gens, élevés au milieu de leurs ouvrages comme dans un air pur et sain, en reçoivent sans cesse de salutaires impressions par les yeux et par les oreilles et que dès l’enfance tout les porte insensiblement à imiter, à aimer le beau, et à établir entre lui et eux un parfait accord. » — « À l’exemple du médecin qui, pour rendre la santé aux malades et aux languissants, mêle à des aliments et à des breuvages flatteurs au goût les remèdes propres à les guérir et de l’amertume à ce qui pourrait leur être nuisible afin qu’ils s’accoutument pour leur bien à la nourriture salutaire et n’aient pas de répugnance pour l’autre ; de même le législateur habile engagera le poète et le contraindra même, s’il le faut, par la rigueur des lois, à exprimer dans des paroles belles et dignes de louange, ainsi que dans ses mesures, ses accords et ses figures, le caractère d’une âme tempérante, forte et vertueuse. » En un mot, l’art, comme toute chose, devrait être étroitement et sévèrement subordonné à la morale, et le beau n’est pas, comme on l’a fait dire à Platon, et comme il ne l’a jamais dit, et ce serait presque le contraire de sa pensée, la splendeur du vrai ; mais le beau est la splendeur du bien ; et c’est, pour parler simplement, le bien présenté avec agrément. […] Aussi, après de terribles blessures reçues et de terribles déchéances, dont il n’a plus l’air de se souvenir le moins du monde, voilà qu’un peuple jeune et fort, qu’il est assez inepte pour mépriser, se dresse au nord et s’apprête à le rayer définitivement du nombre des nations. […] La vie du savant est celle d’un homme qui creuse un puits ou qui s’élève dans les airs : plus il creuse profond, plus il est à la fois satisfait d’avoir été si loin et désespéré de sentir qu’il y a à aller plus loin encore ; plus il s’élève, plus il est satisfait avoir un panorama plus vaste, et désolé de sentir qu’il y a mille fois plus de choses à voir qu’il n’en aperçoit. […] Les faux arts se reconnaissent d’abord et surtout à ce qu’ils n’ont aucun rapport visible avec la morale, ensuite à ce qu’ils ont un air de routine et un caractère tout professionnel, et cela au moins doit mettre sur la voie.
Ils ont soif d’air et ils ont ouvert toutes grandes les fenêtres.
Professeur au Collège de France ; directeur et président de section à l’École des hautes études ; secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ; grand officier de la Légion d’honneur, sénateur ; ancien ministre ; membre d’une foule de Conseils plus supérieurs les uns que les autres ; logé par l’État, à la ville, et à la campagne, du côté de Meudon, où l’on conte qu’il étudie « la fixation de l’oxygène de l’air par le vert des plantes » en mangeant des fraises exquises, — on ne peut évidemment pas dire que la science ait fait « banqueroute » à mon très cher et très éminent confrère M.
Ton mépris : mais c’est l’air qu’il respire ; ta haine, Ta haine est son odeur, sa sueur, son haleine.
Mais, par là, le radical Alain subit plus ou moins l’appel d’air socialiste. […] C’est pourtant le socialisme qui crée aujourd’hui dans la vie politique l’appel d’air des idées, des problèmes, des discussions.
De-là naquirent l’intérêt sordide, les faux airs & les ridicules de toute espèce.
Quant à l’Autruche, un moment de réflexion suffira pour comprendre quel énorme accroissement de nourriture il faudrait à cet oiseau du désert pour acquérir la force de mouvoir dans les airs son énorme corps.
Il en est de même quand nous écrivons : il n’y a pas d’écriture sans parole ; la parole dicte, la main obéit ; or, la plupart du temps, quand nous écrivons, il n’y a d’autre bruit perçu que celui de la plume qui court sur le papier ; la parole qui dicte ne s’entend pas ; elle est réelle pourtant ; mais le bruit qu’elle fait, ce n’est pas l’oreille qui l’entend, c’est la conscience qui le connaît ; il n’agite pas l’air qui nous entoure, il reste immobile en nous ; ce n’est pas la vibration d’un corps, c’est un mode de moi-même.
C’est cette sorte de restitution mentale qui nous permet d’entendre avec plaisir un air joué sur un instrument un peu faux16. […] S’ils s’étaient contentés, à la manière des poètes, de nous donner la série des notes qui composent un air, s’en remettant à l’oreille du soin d’en trouver la cadence, il est probable que les rythmes musicaux en seraient encore au point où en sont les rythmes poétiques.