Dans Corneille, des faits de conscience produisent des actes, qui donnent naissance à de nouveaux faits de conscience, jusqu’à ce qu’on atteigne par ces actions et réactions successives à l’événement final Dans Racine, des faits de conscience engendrent d’autres faits de conscience, pour n’aboutir en général qu’à un seul acte physique, qui est le dénouement.
Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, chacun a sa « morale », c’est-à-dire une conception des règles qui doivent déterminer la conduite de l’individu, et des fins auxquelles s’adaptent ces règles.
On condamne d’un mot et en bloc l’opinion de tous les maîtres de notre langue, de tous les juges de notre littérature, de tous les grands poètes et grands écrivains, depuis Ronsard jusqu’à Chénier, Chateaubriand, Sainte-Beuve et Flaubert, sans oublier Boileau, Racine et Gœthe, qui tous ont admis et conseillé hautement l’imitation d’Homère.
C’est un pieu, — comme Racine dans M.
Français comme Corneille et Racine, Fréron eut presque exclusivement la Critique française, mais pour être dans la tradition nationale du xviie siècle et de ses mœurs, il n’en voyait pas moins, par-dessus la frontière, les qualités de l’esprit d’une race différente de la sienne, et il l’a bien prouvé pour les Anglais, à qui il reconnaît « ces cris du cœur qui pour lui sont l’expression la plus certaine du génie ».
Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, — car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, — et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité.
Sur une lettre, très peu merveilleuse, que nous pouvons lire dans l’édition de Gilbert, et dans laquelle Vauvenargues s’amuse à l’éternel parallèle, cher aux rhétoriques, du génie de Corneille et du génie de Racine, Voltaire prend feu comme un jeune homme pour cet officier du régiment du roi qui s’ennuie de son métier, et qui lui envoie, avec tous les salamalecs d’usage, de la littérature de garnison.
Gilbert, et dans laquelle Vauvenargues s’amuse à l’éternel parallèle, cher aux rhétoriques, du génie de Corneille et du génie de Racine, Voltaire prend feu comme un jeune homme pour cet officier du régiment du roi qui s’ennuie de son métier, et qui lui envoie, avec tous les salamalecs d’usage, de la littérature de garnison.
Cette grâce, cette expression douce et légère qui embellit en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages et qu’on définit si peu ; ce charme qui est nécessaire à l’écrivain comme au statuaire et au peintre ; qu’Homère et Anacréon eurent parmi les poètes grecs, Apelle et Praxitèle parmi les artistes ; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu’on ne trouva presque point ailleurs ; que l’Arioste posséda peut-être plus que le Tasse ; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et le Corrège ; que, sous Louis XIV, La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grâce que la beauté) ; dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénelon, et à laquelle nos usages, nos mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parce qu’ils ne peuvent nous donner, ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre ; enfin cette grâce, ce don si rare et qu’on ne sent même qu’avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon.
Dans aucun temps il n’usa de représailles envers ses rivaux modérés, parmi lesquels se rencontra le fameux Racine, qui lui-même fut presque ingrat à ses services. […] La solidité de la plupart de ses discours sur les tragédies de Racine et de Voltaire, prouve que ce dernier l’empêcha de s’égarer en parlant du genre qu’il avait approfondi, et sur lequel il lui communiqua les réflexions de sa longue expérience ; mais le peu de fonds des jugements qu’il porte sur les comédies grecques, latines, et françaises, et particulièrement sur Molière, qu’il effleure en quelques pages, prouve que n’ayant pas assez médité ce genre, et que n’étant plus dirigé par un bon guide en cette autre route dramatique, son esprit ne trouva pas assez de force et de lumière en lui seul pour la bien parcourir. […] Je renvoie plus loin mes réflexions sur ce fameux chef-d’œuvre d’Aristophane, ainsi que d’autres considérations sur les Guêpes et sur les Harangueuses, dont il sera temps de parler en examinant les belles imitations qu’en ont tirées Molière et Racine. […] Molière me fournira, dans cette nouvelle partie de mon cours, plus de leçons prises en lui seul que Corneille ne m’en a fournies dans la tragédie : car, il m’a fallu chercher le complément de la théorie du genre tragique dans les auteurs grecs, dans Racine, qui les imita, et dans Corneille, qui créa spécialement la tragédie politique ; tandis que je trouve chez le seul Molière tous les principes et tous les modèles du genre comique, parce qu’il ne partage avec personne l’honneur de l’avoir accompli dans ses cinq espèces différentes. […] Pourquoi le goût de Boileau met-il en question cette supériorité de Molière, et le traite-t-il moins bien de son vivant qu’il n’a fait après sa mort dans une belle épître à Racine ?
Une studieuse métempsycose le fit renaître dans les vers de Racine, aux jours les plus florissants d’une société polie. […] On conçoit la vive impression que cette lecture avait faite sur l’imagination du plus tendre de nos poètes, de Racine, dans sa première jeunesse, étudiant la langue grecque à Port-Royal. […] Ce roman d’Héliodore, surpris dans les mains du jeune Racine, devait être un grand scandale. […] Si une forme nouvelle de tragédie devait sortir de nos mœurs actuelles et du génie de quelque grand poète, cette forme ne ressemblerait pas plus à la tragédie de Shakspeare qu’à celle de Racine. […] Depuis Homère jusqu’à Dante, depuis le Tasse jusqu’à Racine, l’âme du vrai poète a toujours mêlé ses tons divers.
Le Dictionnaire académique vaut pour Racine : il est trop pauvre pour Molière et pour La Fontaine, qui ont besoin de signes moins éloignés et moins dépouillés des sensations naturelles.
Sans doute il est de son temps ; il admire encore Crébillon ; il déclare, après une représentation de la Suite du Misanthrope, que « d’Eglantine est le plus grand génie qu’ait produit le dix-huitième siècle en littérature » Je comprends d’ailleurs que ce jeune homme de tant d’orgueil et d’énergie place très haut Corneille et même Alfieri : je conçois moins que celui qui doit écrire le livre de l’Amour fasse si peu de cas du théâtre de Racine.
Ce fut Chapelain qui attira sur Racine les premiers bienfaits de Louis XIV, rédigea la critique du Cid, conçut le plan du Dictionnaire de l’Académie.
En effet, que Racine ou Despréaux & le plus excellent prosateur du siècle passé eussent entrepris, à l’envi l’un de l’autre, de mettre en notre langue Virgile ou Horace, est-il douteux que les deux traductions ne se fussent balancées, & n’eussent un égal dégré de mérite, chacune dans son genre ?
Ne sentons-nous pas que ces symphonies nous agitent, nous calment, nous attendrissent, enfin qu’elles agissent sur nous à peu près comme les vers de Corneille et ceux de Racine y peuvent agir.
Connaîtrons-nous jamais la nature mentale de Sophocle, par exemple, aussi bien que celle de Hugo ou de Racine, n’ayant que son œuvre à notre disposition ?
Ces sirènes corruptrices mirent des concetti dans le vieux Corneille, et, dans cet invulnérable de goût et de génie qu’on appelle Racine, surent trouver le tendon d’Achille, qu’elles ne coupèrent pas, mais qu’elles énervèrent.
Il est vrai que c’étaient Racine et Bossuet.