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477. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Par exemple, le chapitre sur « L’esprit critique et satirique » est d’un homme qui préférait de beaucoup la morale insinuante de La Fontaine fabuliste à la franche satire de Boileau et même de Molière ; on dirait que l’auteur continue de faire, à l’égard de ces derniers, quelques-unes des restrictions et des réserves de M. de Montausier. […] Fléchier n’a rien de Molière en lui, mais il a du Théodore Leclercq : qu’on me pardonne bien vite ce rapprochement.

478. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

On était donc, en 1665, au vrai seuil du beau siècle, au premier plan du portique, à l’avant-veille d’Andromaque ; l’escalier de Versailles s’inaugurait dans les fêtes : Boileau, accostant Racine, montait les degrés ; La Fontaine en vue s’oubliait encore ; Molière dominait déjà, et le Tartufe, achevé dans sa première forme, s’essayait sous le manteau. […] Pascal, Molière, Nicole, La Bruyère, ne flattent guère l’homme, j’imagine ; les uns disent le mal et le remède, les autres ne parlent que du mal : voilà toute la différence.

479. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Je vois des physionomies brutales, grossières, sans idéal, et je ne vois pas Gerson, Calvin, Molière, Rousseau, Voltaire, Montesquieu, Condorcet, Lavoisier, Laplace, Chénier. […] Je suis sûr que Beauvilliers prenait un plaisir très délicat aux tragédies de Racine, peut-être même aux comédies de Molière ; et pourtant il est bien certain qu’en y assistant il ne pensait pas faire une œuvre religieuse, peut-être même croyait-il faire un péché.

480. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

On vient de voir ce qu’était le théâtre au temps de Shakespeare et de Molière ; veut-on voir ce qu’il était au temps d’Eschyle ? […] Un de ces sauvages, c’est Molière.

481. (1772) Éloge de Racine pp. -

Racine, Boileau, Molière, pouvaient se glorifier, avec raison, d’être protégés par Louis XIV, quand un mot de sa bouche était le prix le plus flatteur pour les Condé, les Luxembourg et les Villars. […] Sa comédie des plaideurs obtint le suffrage de Molière, et en était digne.

482. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Il y a eu une grande école, c’est l’école de 1660, l’école de ces quatre grands poètes, au moins de ces quatre poètes dont trois sont très grands : Racine, Molière, La Fontaine et Boileau. […] Cette vérité dont ils parlent sans cesse, et La Fontaine l’a dit à propos de Molière : Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d’un pas.

483. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Nommer Despréaux Desvipéreaux, lui reprocher d’avoir fait servir des alouettes au mois de juin dans son Repas ridicule, glorifier Pelletier de recevoir chaque jour vingt-cinq personnes à sa table, traiter l’auteur des Satires de « bouffon » et de « faussaire », ou de « jeune dogue » qui aboie autour de lui, et lui dire agréablement qu’il ne fait rien « que les mouches ne fassent sur les glaces les plus nettes », le menacer du bâton ou faire entendre que les cotrets ont déjà pris le contact de ses épaules, trouver dans ses vers des insultes au parlement, à la cour, au clergé, au roi, et un athéisme digne du sort de Vanini, le reprendre tantôt d’user « de quolibets des carrefours, de déclamations du Pont-Neuf qui ne peuvent être souffertes que dans un impromptu de corps de garde », et tantôt de piller Horace, Juvénal ou Molière : voilà ce que la rancune venimeuse des victimes de Boileau invente pour le confondre.

484. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Je citerai : Ira Odeurs de Paris (1866), 1 vol. in-12 ; Boyne pendant le concile. 2 vol. in-8 ; les Libres penseurs, 1 vol. in-12 ; Dialogues socialistes (l’Esclave Vindex, 1849), 1 vol. in-12 ; Historiettes et fantaisies, 1 vol. in-12 ; Molière et Bourdaloue (1877). in-12, etc.

485. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

486. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Le Mariage de Figaro avait enflammé les esprits et allumé une gaieté folle, inextinguible, mais qui n’était pas inoffensive comme le bon rire des pièces de Molière.

487. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Les aurores à côté des aurores, le renouvellement indéfini des météores, les mondes par-dessus les mondes, le passage prodigieux de ces étoiles incendiées qu’on appelle comètes, les génies, et puis les génies, Orphée, puis Moïse, puis Isaïe, puis Eschyle, puis Lucrèce, puis Tacite, puis Juvénal, puis Cervantes et Rabelais, puis Shakespeare, puis Molière, puis Voltaire, ceux qui sont venus et ceux qui viendront, cela ne te gêne pas.

488. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Mais il y a place pour deux théâtres, Corneille et Molière, la peinture du meilleur et du pire.

489. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

C’étaient des Précieuses d’une insupportable manière d’être, que le bon sens de Molière traita, dans la pièce de leur nom, comme les porteurs de Mascarille le traitent, avec les bâtons de leur chaise.

490. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

III Aussi eut-elle, sinon immédiatement, un succès qui se consolida, et avec une telle force qu’on put le croire indestructible… Pendant vingt-cinq ans pour le moins, en effet, ni les fautes de Buloz, — de piéton modeste et incomparable devenu directeur assis et incompétent, — ni ses humeurs peccantes qui feraient le bonheur d’un médecin de Molière, ni sa tyrannie bourrue et tracassière, ni son orgueil durci par la fortune, ni les bornes sourdes de son esprit, ni ses procédés hérissons, ni ses grognements ursins, ni l’horreur de ses meilleurs écrivains mis en fuite par cet ensemble de choses charmantes, ni l’ennui enfin le plus compacte qui soit jamais tombé d’un recueil périodique sur le lecteur assommé, rien n’a pu le diminuer, ce succès étrange, ou l’interrompre un seul jour… C’est à n’y pas croire !

491. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Voyez Molière, Montaigne, Rousseau, Bernardin, Chateaubriand. […] Molière, ce prodigieux génie qui confondait Gœthe d’étonnement, Molière est un auteur comique parfois si grave, que ses comédies déconcertent et qu’on doute parfois si elles ne sont pas des drames. […] Le plus profond observateur du cœur humain qui ait paru, Molière, était, je pense, autant dans le vrai que M.  […] C’est dans Molière que l’on trouve les plus parfaits modèles de l’amour pur. […] Les caractères en sont soutenus comme des caractères de Molière ou de Shakespeare.

492. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Ni Plaute, ni Térence, ni Aristophane, ni Molière, ne sont descendus jusqu’à ces profondeurs d’analyse d’un vice, et n’ont passé par le burlesque pour arriver au tragique. […] Molière était triste, et c’est pourquoi il fut Molière.

493. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ainsi, dans une autre époque, les marquis de Louis XIV voulaient rosser Molière, parce qu’ils se reconnaissaient dans ses satires. […] Zola, qu’il n’y a aucune raison d’employer une périphrase pour désigner une chose, tandis qu’on a le mot propre sous la main ; nous verrons que Shakespeare et ses contemporains : Ben-Johnson, Fletscher, Marlowe, ne reculaient devant aucune crudité de langage, devant aucune observation humaine, quelque cruelle et amère qu’elle fût ; nous les verrons  et Molière avec eux  rechercher et mettre en évidence la cause des mauvais penchants : ce qui est tout le procédé naturaliste   Seulement, Rabelais, Shakespeare, Molière étaient des faits isolés dans leur époque.

494. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

D’où vient que Corneille, Racine, Molière, et La Fontaine, ont gardé tant de pouvoir sur les esprits ? […] Homère, Sophocle, Démosthène, chez les Grecs, Bossuet, Corneille, et Molière, chez nous, s’élancèrent hors de la doctrine. […] « Ce peintre, qui d’Alceste a tracé les vertus, « Ton Molière immortel admire mon Plutus. […] La fécondité du docte Molière me fournira seule tous les types des cinq autres espèces de comédie, dans lesquelles se trouve comprise la comédie latine. […] c’est avec de tels mobiles d’intérêt que Molière excite puissamment cette raillerie salutaire, ce rire vengeur qui poursuit les faux dévots, qui désole et confond l’incorrigible imposture.

495. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Molière, Molière lui-même, si riche de toutes parts, compte cette beauté parmi les plus divines dont sa muse est pourvue. […] Alfred de Musset dans ce genre capricieux, dont les improvisations italiennes, le Songe d’une Nuit d’Été, et les petites comédies de Molière, sont les ravissants prototypes. […] Nous ne savons pas si pour être peintre il est indispensable d’approfondir la nature morale ; nous sommes peut-être disposés à croire que le Titien connaissait encore mieux le coloris d’un beau visage que les mouvements d’un noble cœur, mais nous sommes persuadés qu’un écrivain se passe à merveille de juger sainement en peinture ou en sculpture ; qu’il peut fort bien, comme Molière, comparer Raphaël à Mignard, et cela pour faire honneur au Sanzio ; mais, dans tous les cas, ce même écrivain ne peut se dispenser de savoir manier dans ses livres et les sentiments et les passions de l’homme.

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