/ 2694
455. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Elle avait conservé la franchise tragique d’idées, d’attitude et d’accent de cet interrègne de la société appelé la Terreur en France. […] Le seul défaut de ses vers, nous le répétons, c’est l’excès d’esprit ; l’esprit, ce grand corrupteur du génie, est le fléau de la France. […] malgré cette médiocrité d’existence de ces deux femmes, les plus beaux noms de France et d’Europe se pressaient dans cet entresol. […] Je jure d’accomplir ta sainte mission ; Elle aura tous mes vœux, cette France adorée ! […] En attendant, qu’ils sachent que je les lis, et que je m’écrie souvent en les lisant, et en sentant palpiter leur âme à travers la page : il y a des cœurs en France !

456. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

La France avait imité le Portugal avec la différence du climat et des caractères. […] La haine des gouvernements de Portugal, de France, de Naples et d’Espagne, n’était point apaisée par une proscription universelle. […] Pour la France, c’était le marquis d’Aubeterre ; pour l’Espagne, Azpuru et le chevalier d’Azara. […] Effrayés de l’avoir vu toucher de si près à la tiare, les ministres de France et d’Espagne osèrent insinuer d’abord, et proclamer ensuite, que si les cardinaux ne se conformaient pas au vœu des couronnes, la France, le Portugal, l’Espagne, les Deux-Siciles, se sépareraient de la communion romaine. […] Au contraire, elle apprendra un peu mieux ce qu’elle ne sait pas assez : c’est que si la France produit le poison, elle produit aussi l’antidote.

457. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

La France rassemblait ses bataillons ; une mémorable campagne allait s’ouvrir. […] Le siècle a manqué sous ses pas, la France est tombée de ses mains puissantes ; et pourquoi ? […] L’empereur s’informa s’il y avait un roi en France et si l’on y parlait anglais. […] Une révolution en France ! […] C’est un représentant de l’éternelle rivale de l’Angleterre, un enfant de la France, un ami de ceux qui ont reconquis la liberté de la France à coups de fusil.

458. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il s’agissait de lier un grand commerce entre cette nation portugaise et la France, d’y combattre l’influence et les intérêts de l’Angleterre. […] Or, qui deviendrait chancelier de France avec des connaissances d’affaires de l’État pourrait, dans l’âge et les circonstances du règne, devenir premier ministre par la primauté que donne ce ministère. […] Il voulait la paix, une paix qui, selon lui, eût été plus avantageuse à la France que celle qu’on signa ensuite à Aix-la-Chapelle ; il croyait qu’on l’eût obtenue moyennant une grande guerre défensive de toutes parts. […] Il n’y aura bientôt plus en France ni de beaux parleurs ni d’auteurs comiques ou tragiques, ni musique, ni livres, ni palais bâtis, mais des critiques de tout et partout. […] Rien n’est plus vrai qu’il n’y a plus de bons écouteurs en France, ni 131 même d’écouteurs.

459. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars rentra en France par la Suisse. […] Je sais qu’il aurait ardemment désiré de servir, même depuis qu’on a fait des maréchaux de France. […] » Villars rentré en France vit tous les grands commandements se distribuer pour l’année 1704 sans en obtenir : le roi le destinait à une mission assez singulière et de confiance. On l’envoya, tout maréchal de France qu’il était, dans les Cévennes pour avoir raison des fanatiques révoltés, et pour extirper du cœur du royaume cette guerre civile religieuse qui devenait une complication fort maligne à cette heure d’une guerre générale extérieure […] L’année suivante (1706) fut désastreuse pour la France sur toutes les frontières : Villars seul se maintint sur la sienne sans échec, et même avec avantage.

460. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Je ne savais pas alors qu’il n’y avait au fond de républicain en France que moi et ceux qui craignaient que la royauté ne les fit pendre. » Pour réparer son tort, il se hâta de se réfuter en composant pour Louvet un discours en sens opposé, et que celui-ci prononça à la tribune peu après, mais qui ne réussit pas. […] Quand je me rapprochais du petit nombre de terroristes déguisés qui avaient survécu, j’entendais dire qu’il fallait exterminer le nouveau gouvernement, les émigrés et les étrangers ; quand je me laissais séduire par les opinions modérées et doucereuses des écrivains qui prêchaient le retour à la morale et à la justice, on m’insinuait à la deuxième phrase que la France ne pouvait se passer d’un roi, chose qui me choquait singulièrement. […] Lorsque ce talent à la fois jeune et en pleine maturité s’est annoncé ici avec un si grand éclat, on a cherché à l’écarter en disant que c’était un étranger : le fait est faux ; c’est un Français rendu à la France par le décret philosophique qui réintègre les descendants des protestants réfugiés. Mais, après tout, ce prétexte, qui a fourni quelques armes à la jalouse médiocrité, ou plutôt à la mauvaise foi, pour les cas où il s’agit de la France et de ses intérêts secrets, devient ici sans application possible, puisqu’il est question d’une organisation étrangère. […] Sa grande faute en 1815, cet article exalté du 19 mars, ce fut une femme, Mme Récamier, qui le lui fit faire ; et quand plus tard il dut s’excuser devant les royalistes accusateurs de s’être rallié à Napoléon, il eut à donner de bien bonnes raisons sans doute, les principes supérieurs aux hommes, la nation avant tout, la France à la veille d’une invasion, la nécessité alors pour tous les patriotes de se rallier à un grand général en présence de l’étranger ; mais par malheur, une autre femme (Mme de Staël), à la suite de laquelle il avait fui la France quelques années auparavant, était cause qu’il avait écrit cette autre phrase également exaltée et si antifrançaise, datée en effet de Hanovre ou du quartier général de Bernadotte, le 31 décembre 1813 : « Les flammes de Moscou ont été l’aurore de la liberté du monde.

461. (1890) L’avenir de la science « II »

La vraie histoire de France commence à 89 ; tout ce qui précède est la lente préparation de 89 et n’a d’intérêt qu’à ce prix. […] La France est trop portée à supposer qu’on peut suppléer à l’impul-sion intime de l’âme par des mécanismes et des procédés extérieurs. […] Il y a en France des hommes qui admirent beaucoup l’établissement religieux de l’Angleterre, parce que c’est de tous le plus conservateur. […] Voir, par exemple, les Considérations sur la France, de M. de Maistre. […] De la Démocratie en France, p. 76.

462. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Quand Rivarol eut quitté la France, en 1791, il disait avec plus de gaieté que d’invraisemblance : « Si la Révolution s’était faite sous Louis XIV, Colin eût fait guillotiner Boileau, et Pradon n’eût pas manqué Racine. […] Rendez-vous de la France et de l’Europe, Paris n’est la patrie de personne, et on ne peut que rire d’un homme qui se dit citoyen de Paris. […] Sorti de France en 1791, Rivarol séjourna d’abord à Bruxelles, puis en Angleterre, et ensuite à Hambourg. […] Une partie notable de ce Discours, qui avait trait à la philosophie moderne, n’avait pu d’abord s’imprimer en France, grâce à la défense du ministre de l’Intérieur, François de Neufchâteau. […] Il aborde, en finissant, la grande et nouvelle passion qui a produit la fièvre nationale et le délire dont la France a été saisie : c’est la passion philosophique, le fanatisme philosophique.

463. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Il revint en France dans les premiers mois de 1793. […] De ces tracasseries de plus d’un genre qui menaçaient de devenir une persécution, Volney conclut que les États-Unis n’étaient pas un lieu privilégié de paix, et il s’en revint en France en 1798. […] Il voulait obtenir de lui de laisser arriver des journaux de France dont on était privé depuis longtemps. […] Au mot si vrai du consul : « La France veut une religion », il répondit par manière de défi : « La France veut les Bourbons ! » parole blessante, fausse en elle-même, car la France, qui voulait en effet une religion, ne voulait pas pour cela les Bourbons ; parole sans excuse d’ailleurs dans la bouche de Volney qui n’était nullement royaliste ni bourbonien.

464. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Il n’y a plus d’imagination en France. […] Que voulez-vous, si la France en est là ! […] D’un autre côté, la prétention de Belleville de vouloir despotiser la France, ne pourrait-elle pas amener une résurrection des anciennes provinces, déjà blessées de la centralisation des derniers règnes, amener un démembrement de la France, dont la pensée existe ce matin dans l’affiche de la Bretagne ? […] Alors la pensée et la parole de Nefftzer montant et s’élevant, il reprend : « Moi je suis germain, complètement germain, je défends seulement la France par devoir, mais je ne m’abuse pas… Le jour n’est peut-être pas loin, où vous reverrez une République phocéenne, un grand-duché d’Aquitaine, un grand-duché de Bretagne… C’est la Saint-Barthélemy, soyez-en persuadés, qui amène, en ce moment, la fin de la France… si la France était devenue protestante, c’eût été à tout jamais la grande nation de l’Europe… Voyez-vous, dans les pays protestants, il y a une gradation entre la philosophie des classes supérieures et le libre examen des classes inférieures… en France, entre le scepticisme du haut et l’idolâtrie du bas, il y a un trou, un abîme… croyez que c’est cela qui tue la France. » Dans le café devenu obscur, envahi par les ténèbres, de cette grosse face jordanesque, rougeoyante sous la lumière crue de la chandelle, qui en fait saillir la chair épaisse et verruqueuse, de ce baragouin, par moments, incompréhensible, de cette parole rétive, qui sort comme d’éructations, s’échappent des pensées pleines de profondeur, des ironies, des paradoxes, presque de génie. […] Vraiment, la France est maudite !

465. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Mickiewicz et en les retournant en un sens plus général, la France réelle, celle qui a tant aimé la Pologne, qui a tant saigné pour elle, la France qui a vaincu aux trois jours, et qu’on a liée par surprise, et qui souffre et qui attend, cette France dont nos gouvernants enhardis s’accoutument à nier l’existence, croyant l’avoir confisquée dans leurs petites Sibéries, cette France ne pourrait-elle pas répondre au poète : « Oh !

466. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Il ne s’agit plus pour lui du xviiie  siècle ni des deux derniers cotillons — comme disait cet insolent Frédéric de Prusse — dans les plis desquels se prit la royauté de France pour aller tomber, un peu plus tard, la tête la première, sur l’échafaud. […] Ce sont des épouses quasi-légitimes de par la coutume, mais en France, pays de droit sens et de réalité, où les situations ambiguës sont antipathiques au génie même de la race, les maîtresses de roi, elles, n’ont jamais été que des maîtresses, — toujours désavouées et déshonorées par les mœurs. […] Très concluant et supérieur de bon sens en tout ce qui touche à la politique de Henri IV, aux difficultés de son temps, aux luttes des partis et aux impossibilités d’une situation connue et fréquente dans l’histoire et qui doit toujours y amener les mêmes catastrophes, il ne l’est plus au même degré en tout ce qui touche aux passions de ce premier roi Bourbon, qui introduisit la bâtardise dans la maison royale de France et qui abaissa la notion sainte de la famille aux yeux de son peuple. […] Malgré la splendeur d’une bravoure qui a dans l’Histoire sa magie, il faut cependant plus que cette beauté de bravoure si partagée en France pour y sacrer grand homme et grand roi, de pied en cap, un homme brave qui ne serait que cela.

467. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ce doit être une étrangère, car comment une pareille figure existerait-elle en France sans que son nom la devançât partout comme une célébrité, et sans que je l’eusse jamais aperçue dans les salons ou dans les spectacles de Paris ? […] Toute la gloire et tout le charme de la France étaient là. […] Un mari digne d’elle attirait autour de lui, par l’aristocratie de son rang et par le libéralisme un peu trop hostile de ses idées, tout ce qui tenait à la grande opposition en France et en Angleterre : c’était le salon des deux mondes. […] Decazes, esprit qui aurait sauvé et popularisé la Restauration si les ambitions acerbes de l’esprit d’émigration rentré l’avaient permis, cet esprit mixte comme la France régnait chez madame de Sainte-Aulaire. […] C’étaient presque tous les jeunes hommes de lettres, poètes, écrivains, orateurs, publicistes, qui ont illustré depuis la tribune et la presse en France.

468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Dès que la France balbutie, elle commence de chanter. […] Parmi les races héritières de l’antiquité, la France hélas ! […] Victor Hugo était la jeune France, il était surtout l’immémoriale et éternelle France ; il n’était pas Jeune-France. […] 1789, c’est la première manifestation de la totale France. […] la France révolutionnaire et impériale, la France de la parole terrible et du combat-conquérant, est-elle morte en effet ?

469. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Ils eurent un succès inouï en France et dans toute l’Europe. […] Pourquoi, par exemple, la France porterait-elle envie à l’Allemagne ? […] c’est grâce à la France que les lourds lingots germaniques deviennent une monnaie européenne. […] M. Anatole France en un vers très heureux. […] En juin 1830, il écrit : « Je vois la France mourante ou plutôt convulsive.

470. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Pour Naudé qui débute vers 1623, et qui s’en va passer hors de France de longues années, Malherbe ni Balzac ne sont guère jamais venus. […] On a besoin, pour comprendre que ce livre de Naudé a été utile et presque courageux, de se représenter l’état des opinions en France au moment où il parut. […] Sa passion à lui, son idéal, ce fut la bibliothèque, une certaine bibliothèque comme il n’en existait pas alors, du moins en France. […] Rappelé l’année suivante en France pour être bibliothécaire du Cardinal-ministre, il ne quitta Rome que comblé des bienfaits de son dernier patron. […] Bazin, l’historien de la France sous Mazarin, en a beaucoup profité dans son spirituel récit.

471. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Sainte-Beuve, empêché par sa santé, la page suivante, qui est un hommage tout littéraire rendu au savant et à l’ami : « Messieurs, ce ne serait point à moi de venir prononcer quelques paroles en l’honneur du savant homme dont le cher et respecté souvenir nous réunit dans cette commémoration funèbre : ce serait à quelqu’un de ses vrais collègues, de ses pairs (parcs), de ses vrais témoins et juges en matière d’érudition : mais ils sont rares, ils sont absents, dispersés en ce moment ; — mais quelques-uns de ces meilleurs juges de l’érudition de Dübner sont hors de France, à Leyde, à Genève, dans les Universités étrangères ; mais Dübner en France, aussi modeste qu’utile, aussi absorbé qu’infatigable dans ses travaux, n’appartenait à aucune académie, et tandis que son illustre compatriote et devancier parmi nous, M.  […] « Oui, je le remarque avec peine, avec regret pour la France, l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres a laissé vivre et mourir, sans se l’associer, ce savant homme si essentiel, dont la perte est reconnue aujourd’hui, par tous ceux qui ont droit d’avoir un avis en ces matières, comme immense et presque irréparable. […] Adner, « si, de 1836 à 1866, il a été publié en France cent volumes de grec, on peut hardiment affirmer que Dübner, pour sa part, en a revu au moins quatre-vingt-dix. » — Né dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha, le 21 décembre 1802, sorti de l’Université de Gœttingue, élève et ami des Mitscherlich et des Jacobs, il fut appelé à Paris dès 1832, pour y travailler au Thesaurus entrepris par M.  […] Elle ne veut pas même de lui pour correspondant. — Ô France !

472. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Dans notre France surtout, de ce côté-ci de la Loire, au sein des provinces centrales et passablement prosaïques de Picardie, Berry et Champagne, il n’y eut guère, à aucune époque, de poésie populaire proprement dite, de poésie vivante et chantée ; seulement la malice des fabliaux circula ; la moquerie, la jovialité de certains mystères, répondirent au bon sens railleur et matois des populations. […] En demeurant le plus individuel des poëtes, aussi bien que le plus accompli des artistes, le chansonnier a su devenir le plus populaire, le seul même qui réellement l’ait été en France, depuis des siècles, en ce sens que, durant quinze années, ses œuvres, partout retentissantes, auraient pu, à la lettre, vivre et se transmettre sans l’impression. […] Quant au dieu de Béranger, c’est un dieu indulgent, facile, laissant beaucoup dire, souriant aux treilles de l’abbaye de Thélème , n’excommuniant pas l’abbé Mathurin Regnier, pardonnant à l’auteur de Joconde, même avant son cilice ; c’est un dieu comme Franklin est venu s’en faire un en France, comme Voltaire le rêvait en ses meilleurs moments, lorsque, d’une âme émue, il écrivait : Si vous voulez que j’aime encore… Théologie, sensibilité, peinture extérieure, on voit donc que chez Béranger tout est vraiment marqué au coin gaulois : qu’on ajoute à cela un bon sens aussi net, aussi sûr, mais plus délié que dans Boileau, et l’on sentira quel poëte de pure race nous possédons, dans un temps où nos plus beaux génies ont inévitablement, ce semble, quelque teinte germanique ou espagnole, quelque réminiscence byronienne ou dantesque. […] Béranger avait déjà tenté précédemment d’élever la chanson jusqu’à un genre de grande ballade historique ou philosophique dont on n’avait pas idée en France auparavant.  […] Sans doute on chante, on chantera longtemps et toujours en France.

473. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Certainement si la France, en perdant au printemps de 1831 le très-estimable écrivain Victorin Fabre, avait perdu le tome cinquième en personne de Montesquieu, de Voltaire, de Jean-Jacques et de Buffon, on n’en parlerait pas autrement que M. […] Sabbatier voit partout les doctrinaires comme d’autres les jésuites), marchant constamment à son but de brouiller toutes les idées pour dénaturer tous les sentiments nationaux, tous les principes patriotiques, avait travaillé dix ans à faire une renommée colossale à un romancier anglais mille fois inférieur à Richardson, à Fielding, à Goldsmith, mais bien digne de sa tendresse puisque à sa qualité d’étranger il joignait le titre encore plus sacré de pamphlétaire aux ordres de l’aristocratie bretonne pour déchirer la France et tout ce qui faisait sa gloire et sa prospérité. » Ce sont là de ces douceurs judicieuses que le biographe de Victorin Fabre répand comme le lait et le miel sur la tombe de son héros. […] En politique, plus de parti national ; d’un côté, les hommes de l’émigration, etc., etc… ; de l’autre, les familiers d’un prince du sang, qui ne combattaient les premiers que pour prendre leur place… ; en d’autres termes, deux entreprises rivales qui se disputaient la France à abrutir et à ruiner… Entre ces deux partis, Victorin ne pouvait pas hésiter ; il devait dire et il dit à l’instant : Ni l’un ni l’autre !  […] Il ressentait profondément l’humiliation de la France, il s’accoutuma à y rapporter et à y mêler la sienne propre, et, comme le monde littéraire lui échappait, il se dit que ce changement devait tenir à une perversion complète des sentiments de tous. […] L’éditeur répète à chaque page de sa Notice qu’il n’y a plus ni critique, ni indépendance de jugement en France ; il aurait trop lieu de le croire, si de pareilles énormités littéraires passaient tout à fait inaperçues.

/ 2694