Arrivés au fleuve, le chat grimpe sur le chien qui va le passer à la nage mais, quand ils sont au milieu de l’eau, le chien lui dit : « Montre-moi cette bague ; moi aussi je veux la voir. » Le chat prend la bague pour la faire voir à son camarade, mais elle lui échappe et tombe à l’eau.
Une bienveillance toute particulière, une confiance dont je me sens honoré108 me remet entre les mains une suite de lettres de cette femme illustre qui ont échappé au double désastre d’une ruine et d’un incendie. […] La nature et l’humanité sollicitent à la fin une solennelle vengeance… » Le ton, on le voit, est à la hauteur des circonstances : l’écrivain n’échappe pas entièrement à la phraséologie déclamatoire qui régnait alors, et qui ne faisait que traduire le plus souvent avec sincérité l’exaltation des sentiments. […] Quinze jours après environ, dans la séance du 16 messidor (4 juillet), la parole de Camille Jordan l’entraîna un peu plus loin qu’il n’eût fallu, et il lui échappa un de ces mots dont s’empare aussitôt et qu’envenime à plaisir la mauvaise foi des partis. […] Des soldats. — Qui vint combattre sous vos murs, ô mes concitoyens, les derniers et sublimes efforts de la liberté mourante, incendier vos habitations, massacrer votre jeunesse, présider aux plus féroces exécutions, tomber le sabre à la main sur des malheureux échappés aux mitraillades ? […] Elle se considérait comme dans une geôle et n’était occupée qu’à épier le moment et le moyen pour s’échapper.
Il se confond en efforts pour échapper à ce cercle vicieux. […] Notez que Leopardi n’a jamais rien fait pour échapper à la tyrannie de ses idées. […] Leopardi n’était guère enclin au mysticisme, et une partie de Dante dut lui échapper. […] Après tout, quelque grand qu’il soit, quelques honneurs que la reconnaissance publique ait cru devoir lui décerner, il ne saurait échapper à la commune mesure. […] Il se meut à l’aise dans ces idées vagues qui nous échappent et dont nous nous écartons prudemment.
De cette façon, si une fermentation s’établit, le gaz emplit la partie supérieure du premier tube, chasse le liquide par le petit tube ER, sans pouvoir s’échapper. À la fin de l’opération, on peut constater si le gaz qui s’est formé est de l’acide carbonique, et si le liquide qui s’est échappé et celui qui reste encore dans le premier tube contiennent de l’alcool. […] On comprend maintenant que la bile ne peut plus être versée dans l’intestin et qu’elle s’échappera de la vésicule au fur et à mesure qu’elle se produira. […] Le foie de l’homme sain n’échappe donc pas à la loi que nous avons établie sur la présence du sucre dans le tissu hépatique de tous les êtres de l’échelle zoologique. […] Voici de cette même viande avec laquelle des chiens ont été nourris pendant des mois entiers ; on la broie, on la traite par l’eau, le liquide qui s’en échappe ne contient pas la moindre trace de sucre.
Quoi de plus délicat que ce mot : « L’âme s’échappe du vieillard sans effort ; elle est sur le bord de sa lèvre… ? […] La mort me poursuit, la vie m’échappe : conseillez-moi. » « Qui construisit le premier vaisseau ? […] Sénèque emploie souvent des moyens subtils ; mais les moyens simples et solides ne lui échappent pas. […] Je n’ai su ce que je disais… Il ne fallait pas en agir ainsi… La belle occasion qui m’a échappé ! […] Le bienfaiteur peut dire : Si vous parlez, vous serez un ingrat ; l’obligé : S’il vous échappe un mot indiscret, vous m’aurez desservi.
Alors même que les livres dont je parle auront cessé d’être lus, on trouvera dans ce volume, s’il a le bonheur d’échapper à l’oubli, des renseignements utiles à consulter sur la situation morale et intellectuelle de notre société, étudiée dans les œuvres d’imagination où elle a cherché son idéal. […] Le roman, toujours par monts et par vaux, s’agite sans beaucoup avancer ; Pénélope tient sa tapisserie d’une main si distraite, qu’elle laisse échapper à chaque instant des mailles qu’elle a peine à ressaisir ; on devine que le fil va se rompre avant que l’ouvrage arrive au dénouement. […] Claude est au moment de rester sur le champ de bataille comme une victime de plus ; mais il revient, et l’églogue l’accueille encore tout troublé du drame auquel il échappe. […] À la vue du magnifique paysage qui se déroule devant les yeux de la jeune fille, des larmes lui échappent, et avec ses larmes son secret. […] Le mot m’est échappé, je ne le retirerai pas, et l’on va voir s’il est motivé.
Cependant, il n’a pu échapper à une certaine partialité, puisqu’il m’a concédé près de la moitié de son ouvrage. […] J’en vois quelques détails, mais l’ensemble m’échappe. […] Ils échappent, en effet, à la prévoyance humaine, puisque, par définition même, ils sont l’imprévu, ils sont l’Accident. […] L’amiral Dumont d’Urville avait fait plusieurs fois le tour du monde, avait échappé aux tempêtes les plus redoutables. […] Personne n’a presque échappé à la contagion.
Cette coïncidence heureuse entre la réception de l’historien de Richelieu et l’éloge indispensable du cardinal fondateur de l’Académie n’a pas échappé à la sagacité du président-directeur, et il a terminé sa harangue par une péroraison laborieuse, où s’entrelaçaient le panégyrique du cardinal et celui de son historien, le tout couronné d’une irrésistible invective contre un ministre funeste, qui n’est autre que M. de Vaublanc.
Alors elle a laissé échapper tous les sanglots, toutes les larmes de son cœur déchiré, et pâle, austère, silencieuse, elle se repose un instant d’avoir loyalement exhalé vers les cieux tant de cris immortels, tant de plaintes désespérées !
Ce moribond se raccrochait à la vie, qu’il sentait lui échapper avec toute l’énergie du désespoir.
Quoi qu’il en soit, Ennodius échappé au danger, mourut trois ans après en 521.
D’une loi royale, éternelle et fondée en nature, en vertu de laquelle les nations vont se reposer dans la monarchie Cette loi a échappé aux interprètes modernes du droit romain.
Tant d’aventures curieuses dans le trajet d’Ulysse revenant de Troie, ont retardé son arrivée dans Ithaque, que la relation de ces faits détachés ralentirait l’action principale : mais le héros, échappé des gouffres de la mer, et reçu des Phéaciens, aura l’occasion de les conter rapidement à la table hospitalière d’Alcinoüs : et la fable commencée, un moment interrompue par ce récit, continuera de se précipiter vers la catastrophe. […] Le récit des crimes de la ligue, des horreurs de la Saint-Barthélemy et du massacre de Coligny, prend une force de plus dans la bouche du roi sincère et vertueux échappé lui-même aux poignards des catholiques. […] Elle a satisfait au besoin de la faible intelligence du vulgaire, à qui toutes les abstractions échappent, et leur a offert des objets comparatifs à la place des spéculations métaphysiques. […] « Voilà que tout à coup, du sein d’un vaste chêne, « S’échappe une légère et charmante Syrène, « Dont les souples habits, avec grâce flottants, « Décèlent mille attraits encore à leur printemps ; « Cent autres déités, qu’autant d’arbres enfantent, « Aux regards du héros à la fois se présentent. […] « Il dit ; et la Comète, effréné météore, « Semble échapper au joug qui la domine encore.
Zanutzi y remplissait le rôle de Fulvio, non en amant troublé par son amour, mais en fou échappé des Petites-Maisons, ayant un habit couvert de rubans, un bas vert, un autre rouge et quand je lui demandais compte de cette folie, il me soutenait que la signification du mot inadvertito justifiait, exigeait même cette mascarade. […] ne devrait-il pas au moins payer d’un soupir tant d’expressions tendres, tant de traits délicats échappés successivement du cœur de son amante ? […] Si une femme veut réellement échapper aux poursuites d’un téméraire, a-t-elle besoin de lui susciter des embarras ? […] Ajoutons que Molière, à qui rien n’échappait, ouvrit, dans sa courte scène du Sénateur, la mine la plus féconde à tous les auteurs qui, depuis, ont mis sur la scène des robins petits-maîtres. […] Malheur au comédien si, dans toutes ses expressions, dans tous ses mouvements, dans tous ses gestes, il ne laisse échapper le sentiment avec autant de facilité qu’il s’échappait du cœur et de la plume de notre philosophe amoureux !
Grimm, dans sa Correspondance34, donne des extraits de ce charmant ouvrage comme il l’appelle, dont il ne fut tiré d’abord qu’une vingtaine d’exemplaires, mais qui, malgré les réserves infinies de la distribution, ne put bientôt échapper à l’honneur d’une édition publique. […] Il y a de plus une grande sagacité politique et une entente de la situation réelle, dans les conseils déjà mûrs qui lui échappent sous cet accent passionné. […] » Marie-Joseph Chénier aurait dû se souvenir de tant de passages inspirés par le libre génie de ces années d’espérance, plutôt que de se prendre, comme il l’a fait (Tableau de la Littérature), à un mot douteux échappé sur Condorcet. […] Corinne a beau resplendir par instants comme la prêtresse d’Apollon, elle a beau être, dans les rapports habituels de la vie, la plus simple des femmes, une femme gaie, mobile, ouverte à mille attraits, capable sans effort du plus gracieux abandon ; malgré toutes ces ressources du dehors et de l’intérieur, elle n’échappera point à elle-même. […] Molé et s’étonnant qu’un homme d’autant d’esprit aimât la campagne, elle s’échappa à lui dire : « Si ce n’était le respect humain, je n’ouvrirais pas ma fenêtre pour voir la baie de Naples pour la première fois, tandis que je ferais cinq cents lieues pour aller causer avec un homme d’esprit que je ne connais pas. » Manière piquante et même flatteuse d’exprimer combien elle préférait la conversation et la société à la nature.
Et tous deux, avides d’azur et fous de vivre, menèrent aussitôt une vie buissonnière de poulains échappés. […] Ce ruissellement d’eau pure, qui les trempait au grand soleil, prolongeait leur enfance, leur donnait des rires frais de galopins échappés, lorsque, jeunes hommes déjà, ils rentraient à la ville par les ardeurs troublantes du soleil de juillet. » Admirable éducation païenne, exceptionnelle hélas, à notre époque, bains de flammes, de verdure, de soleil, où l’âme se retrempe dans le sein de la terre, admirable éducation qui forme les tempéraments riches et les esprits robustes. […] Pas une consonance heureuse ou fâcheuse ne leur a échappé. […] Taine, elles n’échappent à la laideur que par la puissance. […] La partie sociale de l’œuvre, la parfois très belle ordonnance des rythmes, lui échappa, certes !
Quiconque, dans ce siècle, a tenté de le dire, y a échoué misérablement, parce que, ne pouvant concevoir l’homme sans la moralité, sans le langage ou en dehors de la société, ce sont ainsi les éléments mêmes de sa définition qui échappent à la compétence, aux méthodes, aux prises enfin de la science. […] C’est ce que Renan, dans sa jeunesse, — quand il n’était encore l’auteur que de ses Études d’Histoire religieuse et même de sa Vie de Jésus, — ne laissait pas échapper une occasion de dire ; et Voltaire en ce temps-là ne lui était guère moins odieux que Béranger lui-même, avec son Dieu des bonnes gens ! […] ou voudrait-on dire par hasard que, de tous les hommes, il n’y a d’assurés d’échapper à la « paralysie générale » que les « géomètres et les physiciens ». […] Cela est d’un autre ordre, et rentre dans un autre plan, qui pourrait nous échapper. […] Mais on ne saurait échapper à la nécessité de répondre, de répondre par oui ou par non, et bien loin de nous y aider, je soutiens que l’exégèse ne nous sert qu’à nous dérober.
Elle lui échappe enfin tout à fait (1652), et prête l’oreille à l’aimable duc de Nemours. […] L’étude de la nature humaine est infinie : au moment où l’on croit la tenir et se pouvoir reposer un peu, elle échappe, et c’est à recommencer. […] C’est en pleine Fronde qu’il lui échappa un mot souvent cité, et qui révélait en lui le futur auteur des Maximes.
Du Bellay, dans son séjour à Rome, et déjà découragé, a fait d’excellentes et de savoureuses poésies ; Ronsard déjà lassé, et sur une corde un peu détendue, a trouvé ses meilleurs accents ; il a composé après 1555 mainte pièce qui échappe presque entièrement à tous les reproches que l’on continue de lui adresser et qu’il ne mérita qu’à ses débuts. […] Rien n’est plus propre à nous faire comprendre ce qu’aurait été la poésie française, si elle avait su échapper au trop de politesse du xviie siècle, et si, avant de tant chercher à se clarifier au risque de s’affaiblir, elle avait pu arriver, dans un tel génie, ou dans des génies tournés vers d’autres genres, à son entière maturité. […] Il l’est dans tout ce qui vient de source et qui sort involontairement de sa plume, pièces légères, satires, boutades, débuts de chants, vers saillants nés proverbes, qui lui échappent en tout sujet, et qui courent le monde.