En relisant ces deux tomes de poésies complètes (nous espérons bien que des vers nouveaux viendront encore augmenter sa gloire), on est surpris de l’initiale solidité, de cette œuvre et de voir combien tout, après les années écoulées, reste debout, ferme et gracieux, combien les mélancolies de Dierx ont gardé toute la fraîcheur du décor sylvestre dont il s’est plu à les parer.
On retrouverait chez les Grecs, dans Shakespeare et encore dans Ibsen, les indications théoriques ou des réalisations qui furent peut-être l’origine et la cause de cette particulière et désormais triomphante formule esthétique qui est celle de ses drames ; mais n’eut-ce été que de les coordonner et d’en tirer tous les effets virtuels, la gloire de M.
Son inspiration, apparaît-il, se recueillit en une maison de bon accueil, sise sur la lisière d’un menu village et que veille la gloire sonore, aromatique et ténébreuse d’une forêt : C’est ici la maison de douce solitude Dont le vantail de bois ne s’entr’ouvre, discret, Comme à l’appel de Dieu, qu’au cri d’inquiétude Du vagabond venu du fond de la forêt.
Et, d’avoir lu ces pages de clarté, j’ai gardé l’âme éblouie comme au passage d’une gloire lumineuse d’archange, telle qu’on peut la songer d’après l’or, le rouge et le bleu des images naïves, peintes pieusement autrefois.
C’est la gloire de la France d’avoir, par la Révolution française, proclamé qu’une nation existe par elle-même.
Si le plan des Philosophes ressemble un peu trop à celui des Femmes Savantes, pour laisser à l’Auteur la gloire de l’invention, il a du moins su se procurer celle qui doit être le prix du ton de la bonne Comédie, d’une versification heureuse, énergique, & facile.
Lucain, ne voulant pas avoir inutilement travaillé, préférant sa gloire littéraire à tout, ne tient aucun compte de la défense : il récite son poëme ; on en reçoit les vers avec acclamation.
ce monstre, ce monstre d’ire, Contre toi me força d’écrire, Et m’élança, tout irrité, Quand, d’un vers enfiélé d’iambes, Je vomissois les aigres flambes De mon courage dépité ; Pour ce qu’à tort on me fit croire, Qu’en fraudant le prix de ma gloire, Tu avois mal parlé de moi, Et que, d’une longue risée, Mon œuvre par toi méprisée, Ne servit que de farce au roi.
Voilà pourquoi l’on habille aujourd’hui communément ces personnages de vêtemens imaginez à plaisir, et dont la premiere idée est prise d’après l’habit de guerre des anciens romains, habit noble par lui-même, et qui semble avoir quelque part à la gloire du peuple qui le portoit.
On peut envisager les mauvais auteurs comme fonction de la gloire des grands.
Enfin ceux qui sentent tout le prix des talents, et qui ont le goût des arts, voient avec intérêt, à la suite des princes, des généraux et des ministres, les noms des artistes célèbres ; de Lully, de Mansart, de Le Brun ; de ce Claude Perrault, qu’on essaya de tourner en ridicule, et qui était un grand homme ; de la Quintinie, qui commença par plaider avec éloquence, et qui finit par instruire l’Europe sur le jardinage ; de Mignard, dont ses parents voulurent faire un médecin, et dont la nature fit un peintre ; du Poussin, qui, las des intrigues et des petites cabales de Paris, retourna à Rome vivre tranquille et pauvre ; de Le Sueur qui mérita que l’envie allât défigurer ses tableaux ; de Sarrazin, qui, comme Michel-Ange, fut à la fois sculpteur et peintre, et eut la gloire de créer les deux Marsis et Girardon ; de Varin, qui perfectionna en homme de génie l’art des médailles ; enfin du célèbre et immortel Callot, qui eut l’audace, quoique noble, de préférer l’art de graver, à l’oisiveté d’un gentilhomme, et qui imprima à tous ses ouvrages le caractère de l’imagination et du talent.
Mais la gloire de MM. […] Il y siégea, sans gloire. […] Il vieillit doucement, très oublieux de sa gloire éphémère de journaliste. […] Boche est loué par tous ceux qui ont intérêt à ce que les auteurs à succès soient troublés dans la quiétude de leur gloire. […] Il y a un moment de gloire pour Boche.
C’est un tableau où sont représentées, en une sorte de cortège triomphal, toutes les gloires dont la France s’enorgueillissait au commencement de l’année 1854. […] Nous avons remplacé la gloire par la publicité. […] La gloire leur a coûté trop cher pour qu’on ne sache pas gré à nos maîtres actuels de ne nous en procurer que de la coloniale. […] Survienne un véritable cas de conscience, un de ces conflits tragiques où la gloire de la patrie et l’honneur de l’humanité sont en jeu. […] À l’exemple de Salomé, elle aimait les « perspectives illimitées », l’« indépendance », la « fortune », la « gloire ».
Mais la gloire générale d’un poète est en raison inverse de l’intérêt qu’il offre à l’érudit. […] Les épigrammes sont la gloire même de Marot. […] Ce que les cieux racontent et la terre, c’est La gloire de Dieu, et sa partialité aux yeux de l’infirme raison humaine. […] C’est de 1560 à 1574 que se place l’époque de pleine gloire de Ronsard. […] De nouvelles gloires se levaient, irritantes, d’autant plus qu’elles étaient des erreurs du public.
Et par leur nombre ils font la gloire. […] Elles associent dans une image de passion et de gloire l’éternel Adonis et le Dieu des temps nouveaux. […] Elle a vu la gloire du Ressuscité, qui meurt et qui renaît tous les ans. […] Sous un ciel et dans un temps où c’était une gloire que d’être beau, César était d’une beauté éclatante. […] C’est une rue mal pavée, étroite et tortueuse, mais noble et pleine de gloire.
Ainsi se bâtit le théâtre de Dryden ; le poëte, avide de gloire et pressé d’argent, y trouvait l’argent avec la gloire, et innovait à demi, à grand renfort de théories et de préfaces, s’écartant de l’ancien drame anglais, s’approchant de la nouvelle tragédie française, essayant un compromis entre l’éloquence classique et la vérité romantique, s’accommodant tant bien que mal au nouveau public qui le payait et l’acclamait. […] Ici Dryden a rassemblé en un vers un long raisonnement ; là une métaphore heureuse a ouvert sous l’idée principale une perspective nouvelle781 ; plus loin deux mots semblables collés l’un contre l’autre ont frappé l’esprit d’une preuve imprévue et victorieuse ; ailleurs une comparaison cachée a jeté une teinte de gloire ou de honte sur le personnage qui ne s’y attendait pas782. […] Longtemps ce travail fut considéré comme sa première gloire ; de même à Rome, sous Cicéron, dans la disette originelle de la poésie nationale, les traducteurs des pièces grecques étaient aussi loués que les inventeurs. […] — Ton trône est une obscurité dans l’abîme de lumière, — un flamboiement de gloire qui interdit le regard. — Oh ! […] — Ma jeunesse imprudente a volé parmi les vains désirs ; — mon âge viril, longtemps égaré par des feux vagabonds, — a suivi des lueurs fausses, et quand leur éclair a disparu, — mon orgueil a fait jaillir de lui-même d’aussi trompeuses étincelles. — Tel j’étais, tel par nature je suis encore. — À toi la gloire, à moi la honte. — Que toute ma tâche maintenant soit de bien vivre !
Ce qu’une âme si violente, précocement habituée à la gloire éclatante, ressentit de fureur et de tortures dans cet assaut universel d’outrages, on ne peut l’apprendre que par ses vers. […] Leur gloire ne consiste point dans l’étalage d’une fantasmagorie, mais dans la découverte d’une vérité. […] Les musulmans le méprisent, les chrétiens l’exècrent, et sa gloire ne fait que publier sa trahison. […] Plus d’amour ; — la terre n’avait plus qu’une pensée, celle de la mort, — de la mort présente et sans gloire, et la dent — de la famine mordait toutes les entrailles. […] Ce qui fait la gloire de Gœthe, c’est qu’au dix-neuvième siècle il a pu faire un poëme épique, j’entends un poëme où agissent et parlent de véritables dieux.
La patrie, le devoir, la gloire, les lauriers, tout ça lui est égal. […] … Rome… subséquemment… la gloire de Rome… les intérêts de Rome…, scrongnieugnieu ! […] Coquelin que je reconnus combien cette exhibition de nos gloires était incomplète. […] Renan ne figurait point parmi ces gloires. […] L’idée de la mort nous suit partout dans cette baraque de la gloire.
La gloire de Shakespeare est un phénomène de suggestion. […] Mais il n’en est pas moins qu’une gloire qui dure trois siècles ne peut pas être l’effet d’une suggestion, comme la gloire de Debureau inventé par Jules Janin. Autant presque vaudrait dire que la gloire d’Homère est un préjugé. […] Ce fut une pièce de tout repos et de toute gloire. […] C’est tout à fait à sa gloire.
Et le soleil semble une hostie de gloire offerte à l’univers. […] Je veux seulement, pour la gloire de toute cette nature, rétablir l’harmonie qu’il a rompue. […] — Gloire aux vaincus ! […] Et la lumière d’or rouge qui vient de l’Occident l’enveloppe de gloire. […] Tu vivras pauvre et sans gloire… Renonces-tu ?
Mais songez à cet autre miracle : la vie a pardonné à Elisabeth cette provocation ; ce bonheur n’a pas été détruit à peine goûté ; ni la maladie, ni la maternité, ni le contact quotidien, ni les jalousies de métier, ni les concurrences de vanité, ni la gloire, n’ont réussi à amoindrir ce grand amour. […] Les châteaux et les parcs, les palais aux bords de l’Arno, les chevauchées au milieu des douces collines toscanes, les honneurs, la gloire : quelle ironie ! […] Aussi s’est-il fait le héraut de sa gloire. […] Il veut exprimer les rêves de beauté qui le tourmentent ; et en même temps il s’abuse ; il cherche le chemin qui conduit à la gloire, et commence par s’égarer. […] Enfin tout s’illumine ; et vient la gloire.
Ces comparaisons prouvent que les indications de l’actualité n’ont qu’un rapport très lointain avec la gloire des gens, et même avec leur simple notoriété. […] je cite, mais leur vrai critique c’est Charles Maurras, et le « sceptique en dernier ressort », celui qu’il leur faudra attendrir pour conquérir une gloire un peu solide, c’est Francis Chevassu. […] Je n’en crois pas ma destinée brisée, ni la gloire de M. […] Car moi, au fond, je suis un solitaire, je crois que la poésie est faite pour le faste et les pompes suprêmes d’une société constituée où aurait sa place la gloire dont les gens semblent avoir perdu la notion. […] Je ne parle pas de Moréas et de ses jolies cantilènes devenues poèmes épiques : nous en avons ri, tous, toujours ; c’est ce qui l’a monté à la gloire !
. — Ils parlent, ils combattent pour lui, et offrent leur poitrine aux coups qu’il va recevoir, peut-être ; ils vont à la conquête de la gloire solide qu’il conserve, et n’ont pour eux que celle d’un moment. […] Or, durant quatorze années que j’ai vécu dans l’armée, ce n’est qu’en elle, et surtout dans les rangs dédaignés et pauvres de l’infanterie, que j’ai retrouvé ces hommes de caractère antique, poussant le sentiment du devoir jusqu’à ses dernières conséquences, n’ayant ni remords de l’obéissance ni honte de la pauvreté, simples de mœurs et de langage, fiers de la gloire du pays, et insouciants de la leur propre, s’enfermant avec plaisir dans leur obscurité, et partageant avec les malheureux le pain noir qu’ils payent de leur sang. […] Il sent que la patrie, qui l’aimait à cause des gloires dont il la couronnait, commence à le dédaigner pour son oisiveté, ou le haïr à cause des guerres civiles dans lesquelles on l’emploie à frapper sa mère. — Ce gladiateur, qui n’a plus même les applaudissements du cirque, a besoin de prendre confiance en lui-même, et nous avons besoin de le plaindre pour lui rendre justice, parce que, je l’ai dit, il est aveugle et muet ; jeté où l’on veut qu’il aille, en combattant aujourd’hui telle cocarde, il se demande s’il ne la mettra pas demain à son chapeau. […] Il avait l’estime et la gloire modeste de ses travaux auprès d’une épouse digne de son cœur ; il fut pour elle ce qu’il avait été pour sa mère.
Il lui commanda une œuvre de sculpture dont il décorait en ce moment la Logia de Lanzi, espèce d’amphithéâtre couvert, mais en plein air, où l’on exposait à perpétuité les œuvres immortelles des artistes toscans à l’admiration et à la gloire du peuple sur la place du Gouvernement. […] J’espérais que, si je venais à bout de mon Persée, toutes mes peines se changeraient en gloire et en plaisirs. […] « Je sortis de Florence, et je fis mon pèlerinage, ne cessant de chanter des psaumes et des oraisons en la gloire de Dieu ; ce qui me délectait d’autant plus que la saison était belle, et le pays que je parcourais extrêmement agréable. […] Le génie était la vertu, la bravoure était la gloire.
Il était puissant sur les Athéniens, riche, heureux, occupé de ses travaux, couvert des reflets de la gloire de son élève. […] Callisthène s’imaginait être le dispensateur de la gloire et le seul homme capable de transmettre à la postérité les hauts faits d’Alexandre. […] C’est le moment que choisirent les ennemis naturels d’Alexandre pour s’élever contre sa mémoire et pour tourner contre lui des rancunes et des reproches égaux au moins à l’immensité de sa gloire. […] C’est une gloire pour un homme quelconque de l’avoir conclu, et d’avoir sacrifié, soit comme soldat, soit comme magistrat, soit comme philosophe, une partie de lui-même à cette nécessité de tous ses semblables !
D’où il suit que la part la plus vivante de sa gloire est fondée sur un faux-sens, sur un contresens et sur une tradition incertaine. […] Il était d’un temps où les hommes d’Église faisaient brûler les hérétiques et les sorciers pour la gloire de Dieu : j’aurais peur d’apprendre sur son compte des choses qui me chagrineraient. […] Il y a celles dont le viril esprit fut en si intime communion avec leur illustre époux que, de très bonne foi, elles considèrent sa gloire, non comme héritée par elles, mais comme acquise en commun avec lui. […] Il y a les frères veufs, dont le mort avait du talent, et qui en ont aussi peut-être, mais qui, pouvant tranquillement jouir d’une gloire indivise, ont voulu, par leurs productions personnelles, nous mettre à même de dégager de l’œuvre commune l’apport du défunt.
Au loin, plane le cantique intercédant, le cantique augural et fidèle des pèlerins, détergeant les dernières plaies de l’âme épuisée par la diabolique lutte ; — et, dans une apothéose de clarté, dans une gloire de Rédemption, la Matière et l’Esprit s’enlacent, le Mal et le Bien se lient, la Luxure et la Pureté se nouent avec les deux motifs qui serpentent, mêlant les baisers épuisants et rapides des violons, les éblouissantes et douloureuses caresses des cordes énervées et tendues, au chœur auguste et calme qui s’épand, à la mélodie médiatrice, au cantique de l’âme maintenant agenouillée, célébrant la définitive submersion, l’inébranlable stabilité dans le sein d’un Dieu. […] Au défaut de la gloire musicale, la gloire d’avoir enrichi la machinerie dramatique n’a-t-elle point ses charmes ? […] Voilà donc, pour le triomphe prochain du répertoire de Richard Wagner, un interprète sur lequel on peut compter à l’avenir, et que la gloire attend peut-être dans le rôle de Wotan de la Walkure et de Kurwenal de Tristan et Yseult.
Tel est le grief : on a laissé aux patriotes de profession le systématique déni des gloires transrhénanes ; mais, une rancune a été gardée d’Une Capitulation. […] Oui, je le crois, nous pouvons ne pas nous rappeler que l’incomparable poète-musicien fut l’insulteur de nos défaites et de nos gloires. […] Peu soucieux, aussi, de la méprisable gloire, il rattache constamment sa doctrine à la philosophie de Schopenhauer, en reconnaissance d’une extraordinaire admiration. […] La traduction vulgarisatrice sera dans quelques années achevée : Tristan, les Maîtres, la Tétralogie, Parsifal seront des poèmes français, que liront les Français, qui seront chantés en les théâtres français, et par lesquels largement sera répandue dans le public français la gloire Wagnérienne.
Transporter ainsi à l’aide de l’impérieux ascendant de l’art, l’esprit d’un public frivole, en dehors des bornes qu’il pose généralement à son imagination, faire naître en lui une joie vraie dans un attristement réel, grâce à l’entraînement de la spiritualité et des plus hautes aspirations de notre être, n’est ce point une des plus belles victoires dont il ait été donné aux poètes et aux artistes d’ambitionner la gloire ? […] Richard Wagner eut la gloire de se refuser à un pareil choix : nous le vénérons surtout parce qu’il a compris l’intime parenté des formes artistiques, et parce qu’il a tenté la restituer. […] Quelques-uns même, — et c’est la gloire de Flaubert22 — ont pris un personnage unique : le roman entier est la série des sensations perçues par lui seul. […] Les poètes Parnassiens eurent la gloire de dédier pleinement le vers aux fonctions musicales.
………………………………… Pourquoi chercher si loin la gloire ? […] Le digne fondateur a sur ce sujet de belles et nobles paroles qui décèlent, sous cette monarchie de Louis XV, un cœur de citoyen ; j’en veux citer quelques-unes, ne fût-ce que pour moraliser ce sujet de Bernis, dont les débuts sont un peu amollissants : Ce que vous me dites, monsieur, écrit Duverney à Bernis, de l’opinion de l’étranger sur cet établissement n’est guère propre à modérer mon impatience ; j’en ai toujours beaucoup dans les choses qui contribuent à la gloire de notre maître et au bien de la nation… Les objections ne m’ont jamais rebuté.
La ville de Metz, en se réunissant à la France sous Henri II, avait réservé ses privilèges ; le droit, en ce pays des Trois-Évêchés, se compliquait de mille questions particulières ; il y avait des exceptions à l’infini, dont la connaissance faisait le principal mérite d’un avocat : Voyez, s’écriait le jeune homme ambitieux d’une plus noble gloire, voyez ce qui reste de ces fameux MM. […] Le jeune Roederer, à cet âge où le jeune homme embrasse d’un coup d’œil tout l’avenir, voulait donc un champ plus vaste à son activité et à ses aptitudes ; il voulait une réputation étendue, sinon la gloire.
L’amitié du père Lefebvre pour le jeune Daru avait commencé à Tournon dès l’année 1776, quand celui-ci n’avait que neuf ans ; elle dura jusqu’à la fin, doucement flattée et enorgueillie dans l’élévation et la juste fortune de celui à qui il écrivait en 1788 : « Votre gloire doit faire la consolation de mes cheveux blancs, ne négligez rien pour la rendre solide. » À cet effet, le père Lefebvre n’épargnait pas à son ancien élève les conseils du sage et de l’homme de goût : Voulez-vous que je tous parle franchement, mon cher Daru ? […] Et c’est ainsi que cette part de labeur qu’on avait acceptée et qu’on ne s’était point choisie, cette part qui pouvait ne sembler d’abord qu’ennui et corvée inévitable, imposée à l’ami des Muses, devient sa gloire la plus sûre auprès de la postérité ; car, à la suite et dans le cortège de celui qui ne mourra point, il a pris rang, lui aussi, comme témoin des prodiges, et il est entré dans l’histoire.
Anne Le Fèvre qui, à sa manière, fut une des gloires du siècle de Louis XIV, naquit à Saumur, non pas en 1651 comme on l’a souvent répété, mais plus probablement en mars 1654107. […] Peut-être aussi était-il impossible de réunir ces qualités dans une traduction ; car je ne prétends pas rabaisser la gloire de cette femme judicieuse et savante114.
Hénault raconte tous ces dessous de cartes en se jouant, et comme un homme qui tient plus à être dans le secret de la coulisse et à manier les ficelles qu’à obtenir le renom public et la gloire. […] du moins la religion des païens avait-elle des ressources : Pandore leur avait laissé une boîte au fond de laquelle était l’espérance ; elle était cachée sous tous les maux, comme si elle était réservée pour en être la réparation ; et nous autres, plus barbares mille fois, nous anéantissons tout ; nous n’avons conservé que les malheurs ; nous détruisons toute spiritualité… Adieu, mon cher confrère ; Dieu vous fasse la grâce de couronner tous les dons dont il vous a comblé, par une vérilable gloire qui n’aura point de fin !
Richelieu et son ardeur en cette périlleuse entreprise, l’affection qu’il met aux choses et qui le consume, éclatent en mille traits de feu dans son récit : Cependant, dit-il en un endroit, tandis que le cardinal employait tout l’esprit que Dieu lui avait donné à faire réussir le siège de La Rochelle à la gloire divine et au bien de l’État, et y travaillait plus que les forces de corps que Dieu lui avait départies ne lui semblaient permettre, on eût dit que la mer et les vents, amis des Anglais et des îles, s’efforçaient à l’encontre et s’opposaient à ses desseins… Prendre La Rochelle avant toute chose, promptement et sans rémission cette fois, c’est là son idée fixe ; c’est, selon lui, le premier remède à tout, et il y faut employer tous les moyens, toutes les inventions imaginables sans en omettre aucune ; car « de la prise de La Rochelle dépend le salut de l’État, le repos de la France, le bonheur et l’autorité du roi pour jamais. » Y aura-t-il un État dans l’État, un allié naturel et permanent de l’étranger parmi nous, un port et une porte ouverte aux flancs du royaume ? […] Voilà comme cette pauvre ville, qui fut autrefois la retraite et les délices du roi Henri IV, est devenue depuis l’ire et la gloire de son fils Louis XIII.
Vous l’avez vu rassasié de jours, il vous a vu couvert de gloire. […] Je fais mille vœux pour votre reconvalescence. » Mais Frédéric en parlait à son aise : il avait pour lui sa gloire, ses actions, son monument de roi : Voltaire pouvait en salir un peu la base et en tacher quelques bas-reliefs, non l’ébranler.
C’est dans cette Cour qu’elle eut l’occasion de voir fréquemment le prince de Conti, frère de la duchesse d’Orléans ; il était veuf, il s’attacha à elle non-seulement comme amant, mais comme un ami indispensable ; elle l’écouta et, se brouillant avec la Cour d’Orléans pour passer dans celle du Temple, elle y prit la position équivoque et brillante qui fit sa gloire, si ce n’est son honneur, et qui fit aussi son tourment. […] Il vécut sur cette gloire.
Il est heureux, il a fini de voir tant de malheurs ; sa gloire va augmenter : moi seule, je l’ai perdu ; il faisait le bonheur de ma vie. […] Amateur et curieux, un peu paresseux comme le sont volontiers les causeurs, il avait plus d’esprit et de finesse que d’ambition, et était plus fait pour la société et le dilettantisme que pour la gloire.
Coulmann, né vers 1795 ou 1796 en Alsace, aux bords du Rhin, était le frère de la belle comtesse Walther, femme d’un brave général né dans ces mêmes contrées, et qui commanda avec honneur et gloire les grenadiers à cheval de la Garde impériale. […] Je n’ai jamais rien trouvé de si vide que la gloire, et à plus forte raison ma gloriette à moi.
Trop sensible au mépris, de gloire peu jalouse, Blessée au cœur d’un trait dont je ne puis guérir, Sans prétendre aux doux noms et de mère et d’épouse, Il me faut donc mourir ! […] Bien peu de familles auraient eu, comme vous, cette manière élevée et noble de penser et de sentir, qui met la plus grande gloire d’une personne si chère, dans l’expression la plus intime de la vérité. — Vous et votre excellent fils, vous êtes pour moi, à cet égard, des modèles, et tels que je n’en ai pas rencontré deux fois dans ma carrière de critique littéraire et de biographe.
L’avenir, nous le croyons, ne l’oubliera pas ; tout d’elle ne sera pas sauvé sans doute ; mais, dans le recueil définitif des Poetæ minores de ce temps-ci, un charmant volume devra contenir sous son nom quelques idylles, quelques romances, beaucoup d’élégies ; toute une gloire modeste et tendre. […] En lisant Mme Valmore, on se fait à cette idée que la vie, l’amour, la poésie et la gloire ne s’échappent qu’en débris.
En quatre ou cinq années (terme moyen), ils ont usé une réputation qui a eu des airs de gloire, et avec elle un talent qui finit presque par se confondre dans une certaine pétulance physique. […] Napoléon était de ceux qui sentent tout ce qu’une grande époque littéraire ajoute à la gloire d’un règne ; il essaya de classer, d’échelonner sur les degrés du trône les gens de lettres de son temps, de dire à l’un : Tu es ceci ; et à l’autre : Tu feras cela.
Tandis que la postérité acceptait, avec des acclamations unanimes, la gloire des Corneille, des Molière, des Racine, des La Fontaine, on discutait sans cesse, on revisait avec une singulière rigueur les titres de Boileau au génie poétique ; et il n’a guère tenu à Fontenelle, à d’Alembert, à Helvétius, à Condillac, à Marmontel, et par instants à Voltaire lui-même, que cette grande renommée classique ne fût entamée. […] La gloire d’avoir parlé le premier du fusil et du canon n’est pas grande.
L’œuvre est concordante en ses parties, les emblèmes désertant leur habituelle fonction n’y attirent point l’œil comme des écriteaux, mais disparaissent dans l’universelle gloire ; et vers les clartés descendues des verrières, au-dessus des ombres d’où jaillissent les tiges des arceaux, une patrie mystérieuse des âmes est évoquée par le conflit de mille nervures jointes comme des mains pour la prière. […] Aime : Honte ou Gloire, qu’importe À toi dont voici le tour ?
La gloire des premiers explorateurs est d’être dépassée et de donner à leurs successeurs les moyens par lesquels ceux-ci les dépasseront. « Mais cette gloire est immense, et elle doit être d’autant moins contestée par celui qui vient le second que lui-même n’aura vraisemblablement aux yeux de ceux qui plus tard s’occuperont du même sujet que le seul mérite de les avoir précédés 115. » L’oubli occupe une large place dans l’éducation scientifique de l’individu.
Gloires tardives et posthumes dont la clarté a mis des centaines d’années à franchir quelques dizaines de lieues ! […] Pendant que des Français, soucieux de ranimer la sève nationale par d’habiles greffages, importaient des théories, des procédés d’éducation et d’organisation militaire ayant cours en territoire germanique, d’autres Français, patriotes exclusifs et craignant de voir amoindrie la personnalité de leur pays, combattaient à outrance tout ce qui provenait d’une source suspecte et détestée, dénigraient de parti pris les gloires allemandes, sifflaient Wagner coupable d’avoir insulté la France, célébraient par réaction Roland, Jeanne d’Arc et les volontaires de la première République, faisaient des succès exagérés à l’opéra-comique, sous prétexte que c’est un genre éminemment français, ou à des poésies dont le principal mérite était de relever le courage et la confiance des battus de la veille.
A tous ses surnoms de gloire elle avait ajouté cette épithète miséricordieuse : « Zeus protecteur des Suppliants ». […] » — Un vœu touchant sur ces bouches de vierges, est celui qu’Artémis, la chasseresse, patronne des couches heureuses, « visite les épouses, au jour de l’enfantement ». — La gloire poétique n’est même pas oubliée dans ces sorts propices jetés sur Argos ; les Danaïdes lui promettent le sourire des Muses et le chant des lyres : — « Que les chanteuses divines accordent ici leurs voix, et que le son de la cithare se mêle harmonieusement au son de leurs bouches sacrées !
Il y a des personnes peut-être qui s’imaginent qu’il suffit d’être riche, d’avoir un bon cuisinier, une maison confortable et située dans un bon quartier, une grande envie de voir du monde, et de l’affabilité à le recevoir, pour se former un salon : on ne parvient de la sorte qu’à ramasser du monde pêle-mêle, à remplir son salon, non à le créer ; et si l’on est très riche, très actif, très animé de ce genre d’ambition qui veut briller, et à la fois bien renseigné sur la liste des invitations à faire, déterminé à tout prix à amener à soi les rois ou reines de la saison, on peut arriver à la gloire qu’obtiennent quelques Américains chaque hiver à Paris : ils ont des raouts brillants, on y passe, on s’y précipite, et, l’hiver d’après, on ne s’en souvient plus. […] On peut croire que cette modestie, chez elle, n’était qu’une manière plus douce, et pleine de goût, de porter son amour-propre et sa gloire.
Tous les mois suivants sont remplis de ses succès et de ses exploits, à Jargeau, à Beaugency, à la bataille de Patay où Talbot est fait prisonnier, à Troyes qu’elle fait rendre au roi ; à Reims où elle le fait couronner : ce sont pour elle quatre mois pleins de gloire. […] Un jeune seigneur (Gui de Laval), qui la vit dans le moment de sa gloire, et qui en écrivît une lettre à sa mère et à son aïeule, nous l’a peinte alors de pied en cap, au naturel : « Je la vis monter à cheval, dit-il, armée tout en blanc, sauf la tête, une petite hache en sa main, sur un grand coursier noir qui, à l’huis de son logis, se démenait très fort, et ne souffrait qu’elle montât ; et lors elle dit : “Menez-le à la croix.” » Cette croix était près de l’église, au bord du chemin.
Salomon a dit quelque part dans le livre des Proverbes : « Comme on voit se réfléchir dans l’eau le visage de ceux qui s’y regardent, ainsi les cœurs des hommes sont à découvert aux yeux des sages. » Mais il est difficile de rester prudent et sage quand on lit à ce degré jusqu’au fond dans l’âme des autres hommes ; il est difficile, même lorsqu’on n’en abuserait point pour des fins intéressées et sordides, de ne point haïr, de ne point mépriser, de ne point marquer ses propres antipathies et ses instincts ; et le faible de Saint-Simon comme homme, de même qu’une partie de sa gloire comme peintre, est de s’être livré avec passion et flamme à tous les mouvements de réaction que cette seconde vue, dont il était doué, excitait en lui. […] Si Saint-Simon n’a pu faire rendre si tard à la noblesse française une influence politique et aristocratique qui n’était point sans doute dans les conditions de notre génie national et dans nos destinées, il a fait pour elle tout ce qu’il y a de mieux après l’action, il lui a donné, en sa propre personne, le plus grand écrivain qu’elle ait jamais porté, la plume la plus fière, la plus libre, la plus honnête, la plus vigoureusement trempée et la plus éblouissante, et ce duc et pair dont on souriait alors se trouve être aujourd’hui, entre Molière et Bossuet (un peu au-dessous, je le sais, mais entre les deux certainement), une des premières gloires de la France27.
Sorti de cette forte souche bourgeoise, mais ayant reçu en propre de la nature une inclination des plus expansives, Diderot fut le mauvais sujet de la famille, et il en devint la gloire. […] Si l’Encyclopédie fut l’œuvre sociale et principale de Diderot en son temps et à son heure, sa principale gloire à nos yeux aujourd’hui est d’avoir été le créateur de la critique émue, empressée et éloquente : c’est par ce côté qu’il survit et qu’il nous doit être à jamais cher à nous tous, journalistes et improvisateurs sur tous sujets.
Le philosophe qui cherche les causes est comme le machiniste qui serait assis au parterre de l’Opéra, et qui essaierait de se rendre compte de certains vols, de certains effets extraordinaires de gloire et de nuage ; et, à l’aide de cette simple comparaison, Fontenelle trouve moyen d’amener les principaux systèmes physiques qui ont été tour à tour proposés par les philosophes. […] Là est son originalité, là est sa gloire.
Saint-Évremond ne croit en rien à l’avenir, et toutes ses espérances, comme tous ses bonheurs, se terminent pour lui au moment prochain ou présent : « Je n’ai pas en vue la réputation, dit-il… je regarde une chose plus essentielle, c’est la vie, dont huit jours valent mieux que huit siècles de gloire après la mort… Il n’y a personne qui fasse plus de cas de la jeunesse que moi… Vivez ; la vie est bonne quand elle est sans douleur. » Lui, qui a si bien pénétré le génie des Romains, voilà pourtant ce qui lui a manqué peut-être pour être leur peintre durable et définitif ; il a laissé cet honneur à Montesquieu. […] Aussi est-ce à vous que la gloire en demeure.
Enfant de l’Hérault, je tiens à l’honneur et à la gloire de mon pays ! […] — Maintenant que vous connaissez la muse, en deux mots connaissez l’homme : J’aime la gloire, mais jamais les succès d’autrui ne sont venus troubler mon sommeil.
Il disait du Directoire, mis en présence des triomphes de nos armées : « On ne règne pas dans un pays à la fois couvert de gloire et d’ignominie, quand on n’a pour soi que l’ignominie. […] Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.
Espérons que cet héritage de famille subsiste toujours, et qu’il en sera finalement tiré parti dans l’intérêt de tous, dans celui de la gloire de l’illustre ancêtre. […] Parlant de son ami le maréchal de Berwick et le montrant, dès l’adolescence, à la tête d’un régiment et gouverneur d’une province, Montesquieu disait : « Ainsi, à l’âge de dix-sept ans, il se trouva dans cette situation si flatteuse pour un homme qui a l’âme élevée, de voir le chemin de la gloire tout ouvert, et la possibilité de faire de grandes choses. » Sans prétendre rien dire de pareil de cette charge de président à mortier obtenue de bonne heure, Montesquieu du moins fut dès lors sur le pied de tout voir, de juger les hommes à leur niveau, et de n’avoir pas à faire d’effort pour arriver et s’insinuer jusqu’à eux ; il n’eut qu’à choisir entre les relations qui s’offraient.
Il y avait, d’ailleurs, quelques belles pensées, mais rendues dans une langue gênée et contrainte : « À chaque instant le bien public, disait-il, lui demande le sacrifice de son intérêt, de ses affections et même de sa gloire. […] Necker, en présence de cette opinion dont il ne se défiait pas, songeait sans doute avant tout à faire le bien, à condition qu’il le ferait à son plus grand honneur personnel et à sa plus grande gloire.
La tourbe des domestiques sophistes, des écrivains qui ont autour du cou une rondeur pelée, des souteneurs historiographes, des scoliastes entretenus et nourris, des gens de cour et d’école, fait obstacle à la gloire des punisseurs et des vengeurs. […] C’est la gloire du poëte de mettre un mauvais oreiller au lit de pourpre des bourreaux.
Les philosophes de génie sont les maîtres du monde qui font payer leurs bienfaits et leur gloire par le despotisme. […] Quelques grands hommes ont su joindre les deux philosophies, et à la gloire d’inventer et de créer ils ont ajouté celle de comprendre, de recueillir, de concilier.
Il dit que le desir de plaire, de s’élever, de se faire de la réputation, n’est point un motif qu’on doive écouter ; qu’il ne faut parler que pour instruire ; ne louer un héros que pour apprendre ses vertus au peuple, que pour l’exciter à les imiter, que pour montrer que la gloire & la vertu sont inséparables. […] S’il ne joint un beau geste à L’art de bien parler, Si dans tout son dehors il ne sait se régler, Sa voix ne charme plus, sa phrase n’est plus belle, Dès l’exorde j’aspire à la gloire éternelle ; Et dormant quelquefois sans interruption, Je reçois en sursaut sa bénédiction.
Au-dessous de la gloire dont l’éclat frappe le visage de la sainte, dans des nuages rougeâtres, l’artiste a placé deux groupes d’anges et de chérubins entre lesquels il y en a qui semblent se disputer l’honneur de porter la houlette de la bergère de Nanterre, petite idée gaie qui va mal avec la tristesse du sujet. […] Quoique la partie supérieure de son tableau n’aille pas de pair avec l’inférieure, la gloire cependant est soignée, contre l’usage, qui la néglige ordinairement, hic quoque sunt superis sua jura ; et le tout rappelle bien mon épigraphe : multaque in rebus acerbis… etc. le besoin que Doyen et Vien ont senti de retoucher leurs tableaux en place doit apprendre aux artistes à se ménager dans l’attelier la même exposition, les mêmes lumières, le même local qu’ils doivent occuper.
C’est un jalon, planté magnifiquement et avec une franchise d’une noblesse plus haute que le talent, à nos yeux, dans un champ où, pour sa récompense et pour sa gloire, Heine trouvé le genre d’inspiration qui convient le mieux à son génie, — à son génie qu’il a pris jusqu’ici à contre-sens de sa nature, comme bien des poètes, du reste, ces enfants gâtés et terribles, si souvent inconscients de leurs facultés et capricieux comme la puissance ! […] Il tenait aux circonstances et aux passions d’un temps qui s’en allait en guerre, comme Marlborough, contre toutes les grandes et respectables choses établies, et qui ne connaissait pas la céleste rêverie que, depuis, nous avons appris à connaître… La gloire de Voltaire, c’est le bruit de toutes les ruines qu’il a faites.
Il nous récapitule sa gloire ; il se réimprime. […] Renan une gloire bien grande.
Ce sont là du reste les plus belles gloires réservées encore aux époques dites de décadence. — A propos de cette distribution des prix de l’Université, qu’on veuille bien nous excuser d’avoir discouru un peu au long sur les trois chefs qu’elle est accoutumée dès longtemps à suivre et à reconnaître.
Sa vie entière s’était consumée dans cette lutte subtile ; ses facultés s’y étaient resserrées ; et, grâce à tant de travail sur elle-même, nulle femme ne possédait à son égal l’entente profonde et déliée des tracas de salon ; c’était une gloire dans la société, mais, en même temps, un obstacle à l’intelligence des grandes affaires.
Mais, si toutes les conséquences de l’art nouveau ne sont pas tirées, s’il reste encore des applications possibles au gré des génies inventeurs, si, parmi les idées en jeu dans la société, il en est quelqu’une, noble et féconde, qui attende encore son organe éclatant et son expression éternelle, rien ne s’arrête ; la révolution que les uns ont entamée se consomme par d’autres, et le siècle accomplit jusqu’au bout sa destinée de gloire.
Cette démocratie française se montrera avant tout calme, intelligente, civilisatrice, souverainement ingénieuse par ses arts et par son génie ; elle pratiquera la clémence et la gloire.
) Sublime monument, deux fois impérissable, Fait de gloire et d’airain.
La récompense de ces modestes travailleurs ne sera pas la gloire ; mais il est des natures douces et calmes, peu agitées de passions et de désirs, peu tourmentées de besoins philosophiques (gardez-vous de croire qu’elles soient pour cela froides et sèches ; au contraire, elles ont souvent une grande concentration et une sensibilité très délicate), qui se contenteraient de cette paisible vie, et qui, au sein d’une honnête aisance et d’une heureuse famille, trouveraient l’atmosphère qu’il faut pour les modestes travaux.
Par l’abnégation, il est arrivé à la gloire et à une position unique dans le panthéon religieux de l’humanité.
L’effet des séditions a toujours été de ramener à l’obéissance, & de faire sentir le prix de l’autorité légitime, par l’expérience des maux que la révolte entraîne : de même leur soulévement contre la Religion deviendra le plus solide trophée de sa gloire, & le lien le plus sûr pour y attacher les Esprits raisonnables.
Jaloux d’ajouter ce genre de gloire à celle que ses aïeux & lui-même se sont acquise dans les armes, M. le Comte de Tressan a consacré à l’étude des Sciences & à la culture des Beaux-Arts, les momens de loisir que lui ont laissés les fonctions de son état.
Ils font sa gloire.
Si obscur et si insuffisant qu’il soit, on ne peut lui interdire, en présence des pures et éternelles conditions de la gloire, cette contemplation qui est sa vie.
Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ; Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages Des générations à vau-l’eau dans les âges ; Et devant mon regard se prolongeaient sans fin Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim, La superstition, la science, l’histoire, Comme à perte de vue une façade noire.
L’ouvrage que lui dicta son zèle, étoit fait avec d’autant plus de soin, qu’il y alloit de sa gloire.
La maturité de ses années et l’intérêt même de sa gloire lui firent comprendre que pour élever un monument durable, il fallait en creuser les fondements dans un sol moins mouvant que la poussière de ce monde ; son génie, qui embrassait tous les temps, s’est appuyé sur la seule religion à qui tous les temps sont promis.
Pour moi, je suis plus fiere et fuis la gloire aisée… etc.
La gloire de George Sand n’est pas, que je sache, assise sur Pauline… » Mon Dieu, j’ai cité Pauline parce que j’avais ce volume sous la main.
Dessins du temps et des époques qui ont suivi, gravures noires, gravures coloriées, portraits, éclaircissements sur la géographie et le costume de la guerre en 1430, théâtre des événements, histoire littéraire où l’on passe en revue les livres et les poèmes inspirés par Jeanne d’Arc, tout est là de ce qui se rattache à sa gloire, depuis le mystère du siège d’Orléans jusqu’au drame de Jules Barbier et de Gounod.
On peut encore rappeler utilement que ce territoire produisit le savant et mystique Gerson, Mabillon, l’une des gloires de notre érudition nationale.
Cette forme de serment est analogue à celle que les anciens vassaux germains prêtaient à leur chef, au rapport de Tacite ; ils juraient de se dévouer à sa gloire .
Dès les premiers feuilletons du Publiciste, à la date de floréal an X, sous le titre de Pensées détachées, s’en trouvent quelques-unes du cachet le plus net, du tour le mieux creusé, — très-fines à la fois et très-étendues, très-piquantes et très-générales ; par exemple : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue ; et un mot de sensibilité, lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé : c’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » Et cette autre : « La gloire est le superflu de l’honneur ; et, comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent. […] Le sentiment qu’elle inspire est tel que les termes d’estime et de respect peuvent seuls le rendre, et que c’est presque un manquement envers elle, toujours occupée d’être et si peu de paraître, que de venir prononcer a son sujet les mots d’avenir et de gloire 15 mai 1836.
C’est l’unique gloire de notre portrait de rassembler tous ces traits : « Mme de Longueville a naturellement, dit-il, bien du fonds d’esprit, mais elle en a encore plus le fin et le tour. […] Voilà sa gloire chrétienne, que les inévitables défauts ne doivent pas obscurcir. […] Elle était proprement de ces esprits fins que Pascal oppose aux esprits géométriques, de ces « esprits fins qui ne sont que fins, qui, étant accoutumés à juger les choses d’une seule et prompte vue, se rebutent vite d’un détail de définition en apparence stérile, et ne peuvent avoir la patience de descendre jusqu’aux premiers principes des choses spéculatives et d’imagination, qu’ils n’ont jamais vues dans le monde et dans l’usage. » Mais, géométrie à part, l’usage même, le monde et son coup d’œil, sa finesse et ses élégances, le sang de princesse dans toutes les veines, une âme féminine dans tous ses replis, cette vocation, ce point d’honneur de plaire qui est déjà une victoire, de belles passions, de grands malheurs, une auréole de sainte en mourant, l’entrelacement suprême autour d’elle de tous ces noms accomplis, de Condé, de La Rochefoucauld et de Port-Royal, cela suffit à composer à Mme de Longueville une distinction durable, et lui assure dans la mémoire française une part bien flatteuse, que nul renom d’héroïne ne surpasse, que nulle gloire, même de femme supérieure, n’effacera.
Céladon, banni par Astrée qui le croit infidèle, peut se noyer de désespoir dans le Lignon : sauvé par des nymphes, il résiste à l’amour de Galatée, mais il n’ose se présenter devant sa belle tant qu’elle ne révoquera pas l’ordre de son bannissement ; il faudra cinq volumes pour qu’elle se décide, pendant lesquels aussi Silvandre soupirera pour Diane, Hylas se fera gloire d’être inconstant, le sage druide Adamas sera intarissable en bons conseils et bons offices : nymphes et bergères, bergers et chevaliers entre-croisent leurs histoires habilement suspendues, qui se dénoueront auprès de la merveilleuse fontaine d’Amour. […] « La conversation, disait encore Mlle de Scudéry, est le lien de la société de tous les hommes, le plus grand plaisir des honnêtes gens, et le moyen le plus ordinaire d’introduire non seulement la politesse dans le monde, mais encore la morale la plus pure et l’amour de la gloire et de la vertu. » Saint-Evremond la préférait à la lecture, et Varillas, un historien de profession, disait à Ménage « que de dix choses qu’il savait, il en avait appris neuf par la conversation » ; — « je pourrais à peu près dire la même chose », ajoutait Ménage, un des cerveaux pourtant les plus bourrés du temps. […] Déjà il ne se gagnait plus de gloire qu’à Paris, à la suite de la mode : la résidence était de rigueur ; et voilà pourquoi notre président d’Aurillac, qui méritait un peu mieux, a laissé moins de renommée que les Voiture et les Sarrazin.
… La gloire de Proudhon, gloire terrible ! […] Venu dans des temps plus menaçants et plus terribles, il aura peut-être l’affreux mérite d’allumer les torches des pétroleurs de l’avenir ; mais, un jour, le monde, las d’être brûlé, soufflera sur ces torches et les éteindra avec colère, et la triste gloire de les avoir allumées s’éteindra avec elles.
IX Il a la gloire de cette pauvreté d’imagination, il a la sublimité de cette platitude. […] Il fallait qu’il dégustât, goutte par goutte, le regret et l’angoisse du spectacle de sa gloire perdue ; il fallait qu’il revînt, chaque soir, boire à cet affreux calice ; car il est des supplices qui tuent et qu’on aime. […] XV Car la question poignante d’un livre qui pouvait être si dramatique et si terrible est de savoir si l’âme et le génie peuvent vivre, dans leur double intensité, au fond de ce système nerveux endiablé, comme disait Voltaire, d’une comédienne qui aime son art comme tout être de génie aime le sien, et qui lui demande ses émotions, son bonheur et sa gloire.
Mais, sans la complicité du très brillant « faubourg » d’alors, Lamartine eût fort bien pu attendre la gloire encore quelques années. […] C’est un homme, une gloire, un combat, Zurich ou Marathon, Salamine ou Morat. […] Et plus loin : La conquête brutale est l’erreur de la gloire. […] Le poète allègue les gloires de la Suisse, et l’âme de Rousseau, que cette nature a nourrie et formée. […] Le silence est la voix suprême D’un coeur de ta gloire interdit.
Il apprit l’art de la guerre sous le fameux Philopemen, & l’art de la politique sous son pere, qui gouverna la République des Achéens avec beaucoup de gloire. […] C’est une des productions de notre langue qui en a le plus répandu la gloire. […] Mais ce qui fait le plus grand mérite de ce livre & la principale gloire de l’auteur, ce sont des portraits, des réfléxions, des remarques distribuées avec art pour servir d’ornement à cet abrégé, & en dérober la sécheresse. […] C’est un double emploi qu’un homme jaloux de sa gloire & de sa réputation, ne devroit jamais se permettre. […] La gloire de M. de V.
Laborieux, assidu, retiré et silencieux, personne n’a moins aimé le fracas et le tapage, non pas même celui de la gloire, non pas même celui qu’entraîne une influence sur les autres hommes. […] Des gloires sont étouffées dans un paragraphe insignifiant. […] C’est ainsi que certains étonnements qu’il provoque tournent à la gloire de son sens critique. […] Il a fait connaître Newton, très contesté alors en France et que la gloire de Descartes offusquait. […] Ce serait quelque chose comme l’Empire sans gloire.
Il l’anima d’un entrain superbe, la gloire. […] Il dut à sa déception la gloire. Et l’on est touché de sentir qu’en 1895 encore il eût préféré à la gloire le bonheur. […] L’enfant, qu’il ne connaissait pas, l’a vu revenir à la maison couvert de gloire. — « Hélas ! j’étais couvert de haillons… » Ces haillons, l’enfant les a vus couleur de gloire.
Si les Jésuites ne renient pas les gloires de leur ordre, ils ne sauraient non plus renier ni rompre dans l’histoire la solidarité qui les lie à ceux qu’ils n’ont point publiquement désavoués. Suarez et Sanchez, Vasquez et Escobar, Lessius et Lugo, Molina et Valentia ne sont-ils pas d’ailleurs eux-mêmes des « gloires » de l’ordre ? […] Le voyez-vous se faisant gloire d’avoir ouvertement attaqué la religion ? […] C’était d’abord la reine mère, Anne d’Autriche, témoin secret des larmes de la jeune reine Marie-Thérèse, et qui craignait de voir Louis XIV compromettre, au hasard de ses amours faciles, sa santé d’abord, la gloire de son règne en ce monde, et son salut dans l’autre. […] Mais au lieu d’être un simple amuseur ou un « bouffon de génie », je ne crois pas qu’il puisse être indifférent à sa gloire d’avoir été un « penseur » aussi.
« Les pauvres même ont de la gloire et quand ils demandent l’aumône, c’est d’un air impérieux et dominant. […] Sa femme « n’aura guère plus de génie et d’habileté ; une gloire « insupportable dont elle s’applaudit sera son principal « mérite, et souvent des gens d’une capacité consommée seront soumis à ces deux animaux qu’on leur « donne pour supérieurs. ». […] Ces candélabres vivants demeurent ainsi tout le jour sous la pluie des rayons et dans la gloire du ciel éblouissant, exhalant leur parfum vague, et çà et là, autour de leurs têtes, des couples de ramiers voltigent. […] En outre, il aura la satisfaction et la gloire de se voir représenté, non par un petit groupe de députés, mais par l’Assemblée nationale tout entière. […] le plus illustre peintre de la France, au faite de la gloire et des honneurs, un fils posthume de Raphaël, le chef de l’école idéaliste !
Même il revient, couvert de gloire, sous prétexte de présider une cérémonie officielle, en réalité pour revoir Pauline, qu’il croit toujours libre. […] A défaut de son amour, sa gloire et sa puissance lui parleront de moi ! […] Rappeler votre gloire, un peu, très peu, si peu ! […] Seigneur Dieu, donnez-lui, par pitié, quelque petit défaut, pour que nous puissions varier un peu les phrases par lesquelles nous célébrons sa gloire ! […] Il leur semble que par là ils participent en quelque façon à sa gloire.
Tel ces « bâtards » fameux qui, au moyen âge, honoraient par la gloire la maison dont ils étaient sortis. […] Au moment de mourir, se sentant emporté, englouti, comme tant d’autres, par l’effroyable consommation d’hommes qui était apparemment nécessaire à la gloire de notre pays, il s’écriait : « Oh ! […] Il fut conduit, un soir, par son ami Adolphe de Leuven, dans la loge de Talma, et il manqua de défaillir d’émotion en voyant, réunies dans cet étroit espace, toutes les gloires dont l’éclat et le bruit lui faisaient envie. […] Très soucieux de leurs aises et de leur tranquillité, ils dédaignent la gloire et ils méprisent l’amour. […] Dans la gloire des derniers siècles, la Vénus de Milo déhanche sa nudité superbe et la Victoire de Samothrace déploie l’envergure de ses ailes.
Les hommes quelquefois sont si follement avides de gloire qu’il ne leur suffiroit pas d’être inventeurs, ils voudroient encore être uniques : mais non, sans leur attribuer un motif si odieux, j’aime mieux croire que l’exécution a emporté tout leur loisir, et qu’il ne leur en est pas resté pour les réflexions. […] Peu d’écrivains, sans doute, ont éprouvé cette méthode ; l’amour de la gloire qui fait écrire est trop impatient pour se résoudre à de si longs délais : mais je doute encore que ceux qui l’auroient suivie s’en fussent bien trouvés, sur tout pour les ouvrages de génie. […] C’est pour eux une ambition bien vive que la gloire d’être imprimés avec quelqu’espérance d’être lûs ; et le titre d’auteur, surtout d’auteur critique, leur paroît d’une grande distinction parmi les hommes. […] Dès qu’une tragedie réussit, quelque auteur comique songe à la travestir ; et la gloire qu’il se propose, est de ravaler jusqu’au bas et au boufon, une action qui vient de paroître grande et pathétique. […] Quand un auteur de quelque ressource a fait une piece malheureuse au théatre, il étudie les raisons de sa chute ; et il reconnoît, malgré qu’il en ait, qu’il avoit ignoré quelque chose : car s’il avoit vû qu’il devoit déplaire, il n’auroit sûrement pas hazardé un ouvrage qu’il ne donne que pour sa gloire.
Mais ce n’est pas ainsi qu’il l’entend ; car, s’il se moque des uns, il croit fort et ferme aux autres, et ce qu’il en dit, c’est par amour et gloire de son état. […] Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.
Sans doute les grands génies dont s’honore l’intelligence humaine ont subi cette épreuve, et l’une de leurs gloires est d’y avoir résisté ; mais les Sonnets de La Boétie ne le classeront pas avec Pindare, Anacréon, Horace… J’accorde qu’il ne perdra pas à être envisagé de près ; mais je crois qu’il gagnerait à être entrevu à distance. […] Elle en réserve la perfection et l’exquise délicatesse pour les femmes qui ont su rester fidèles aux vertus de leur sexe, et pour les hommes qui savent le leur pardonner, mais qui, près d’elles et avec les années, y retrouvent leur compte : « Quand elles n’ont point usé leur cœur par les passions, leur amitié est tendre et touchante ; car il faut convenir, à la gloire ou à la honte des femmes, qu’il n’y a qu’elles qui savent tirer d’un sentiment tout ce qu’elles en tirent. » J’insiste sur cette espèce et cette qualité d’amitié que Montaigne a oubliée et qu’il semble avoir regardée d’avance comme impossible ; elle est le produit d’une culture sociale très perfectionnée.
Dans l’intervalle des phrases de Duclos que j’ai rapprochées, celui-ci a eu soin d’introduire un brillant éloge d’Agnès Sorel et un mot sur Jeanne d’Arc, qu’il appelle d’ailleurs une généreuse fille ; mais Agnès Sorel a tous les honneurs : Ce fut la maîtresse pour qui Charles eut la plus forte passion et qui fut la plus digne de son attachement : sa beauté singulière la fit nommer la belle Agnès… Rare exemple pour celles qui jouissent de la même faveur, elle aima Charles uniquement pour lui-même, et n’eut jamais d’autre objet dans sa conduite que la gloire de son amant et le bonheur de l’État. […] La simple étude approfondie et creusée dans ses plus laborieux sillons produit à la longue des fruits dont la postérité elle-même est reconnaissante : n’est-ce pas une gloire aussi que ce surcroît d’estime unanimement décerné aux Du Cange, aux Mabillon, aux Tillemont ?
Lanfrey s’exagère la gloire de celui dont il parle. Benjamin Constant, en son temps, n’eut point de gloire et n’en méritait point.
Il faut de la gloire ou de l’argent pour que des hommes acceptent momentanément une semblable existence. […] Un jour, à ce qu’on appelle un thé militaire, c’est-à-dire à une réunion de tous les officiers supérieurs dans un jardin où l’impératrice leur offrait un régal, l’empereur, après avoir pris la main d’Horace et la lui avoir tenue pendant un assez long temps, en lui parlant de ce qui venait de se passer pendant les manœuvres, s’était retourné et avait dit aux officiers : « Messieurs, Vernet fait partie de mon État-major, et je mets à l’ordre qu’il sera libre de faire tout ce que bon lui semblera dans le camp. » Prestige de notre gloire militaire qui se réfléchissait jusque sur son peintre !
Parler ensemble de la pairie, faire des vœux pour la prospérité de ses armes, se pénétrer réciproquement de l’honneur qu’il y a d’être martyr du zèle qu’on a mis à la servir, devancer par la pensée ses triomphes et sa gloire, telles étaient les idées que je me formais des moments que j’allais passer aux Sept-Tours jusqu’à l’époque de notre délivrance commune. » Il arrangeait sa persécution à souhait et se faisait en idée un martyre commode. […] Cretet, en lui développant son programme de travaux et d’améliorations de tout genre à l’intérieur : « J’ai fait consister la gloire de mon règne à changer la face du territoire de mon Empire.
Le volume se compose de deux parties : la principale, qui est la négociation du mariage de la princesse de Saxe, nièce du maréchal, avec le dauphin de France, père de Louis XVI, forme tout un ensemble, et peut être considérée comme un épisode entièrement neuf de la vie du héros, Français de gloire, Saxon de cœur, et qui sut concilier en cette circonstance les intérêts de ses deux patries. […] Ainsi, en établissant l’égalité, vous satisfaites à la justice et à la gloire du roi… » Rien ou à peu près rien de ce qu’avait conseillé Maurice ne se fit.
— D’un autre côté, plus je lis, plus je pénètre sous les voiles qui me cachaient nos grandes gloires, et moins ] j’ose écrire ; je suis frappée de crainte, comme un ver luisant mis au soleil. » Et cette autre lettre encore, qui semble résonner et bruire de tous les carillons de ces jolies villes flamandes à toutes les grandes et moyennes fêtes de l’année : « Le 1er novembre 1840. — Bruxelles. — 10 heures du soir. — Je vous écris, mes chères âmes, au milieu de toutes les cloches battantes de Bruxelles qui se répondent pour les Saints et pour les Morts. […] Il y a un grain de stupidité dans la préoccupation que tout un sexe brûle pour votre gloire.
Et le résultat continue de resplendir au loin et d’éblouir, et de s’appeler du nom de gloire ! […] Le besoin de se procurer des vivres, et aussi l’humeur ardente, le désir de gloire, le poussaient sans cesse, du côté de Kœnigsberg, à des mouvements et à des entreprises que l’Empereur n’avait pas ordonnés.
un siècle tout entier, mettre autant de rapidité à oublier toutes ses origines intellectuelles, toutes les annales, toutes les gloires de sa littérature et de son art. […] Voilà une gloire et des services dont la postérité se passerait bien. » Quoi qu’il en soit de ces vues si nettement exprimées et de ce qui peut y entrer de conjectural, l’importance excessive du Roman de la Rose et de toutes les ramifications qu’il engendra est un fait qui domine notre poésie durant ces âges médiocrement poétiques.
C’est à nous, bien à nous, notre gloire et notre plaie que le journal : prenons garde ! […] Je suis tenté vainement de citer le nom de Tournemine comme se rattachant le plus en tête à la rédaction des Mémoires de Trévoux ; Tournemine a-t-il obtenu ou gardé quelque chose qui ressemble à de la gloire ?
De loin ou même de près, on les perd aisément de vue ; au sein de cette gloire voisine, unique et qu’on dirait isolée, ils s’éclipsent, ils disparaissent à jamais, si cette gloire dans sa piété ne détache un rayon distinct et ne le dirige sur l’ami qu’elle absorbe.
Et le nouveau secrétaire d’État, Michel Le Tellier, écrivit à Gassion cette lettre que M. le duc d’Aumale ne cite pas et n’avait pas à citer, et dont les termes me paraissent très significatifs : Monsieur, la bonne part que vous avez eue en la gloire de la bataille de Rocroy a été publiée si hautement et est si connue de tout le monde, qu’il n’a pas été besoin que vos amis se soient mis en peine de faire savoir à la reine de combien de valeur et de prudence a été accompagnée la conduite que vous avez tenue en cette occasion si importante, etc. […] Il serait ridicule et j’espère qu’il serait inutile de vouloir diminuer la gloire militaire de Condé.
« Sigillées d’Arthur Rimbaud, d’Ernest Raynaud, de Maurice du Plessys, de Laurent Tailhade, maintes strophes ont fulguré que ces bons écrivains restituent pieusement au Maître admirabonde qui leur fit cette gloire de vêtir quelque temps leur personnalité. […] Phœbé, quand tous les chats sont gris, Profile de sa pointe rêche Nos corps par la Gloire nourris Qui s’effilent en os de seiche.
Que nulle gloire n’en soit néanmoins revenue aux passionnés militants d’intelligence, ce serait évidemment trop prétendre. […] Aussi, croyons-nous sage, en terminant, de nous borner à exprimer le regret que l’auteur de Thaïs, dont le robuste talent promettait de nous intéresser très hautement, n’ait, en définitive, témoigné d’avoir aspiré qu’à la vague gloire de faire œuvre de subtil amuseur.
Lamoureux a accepté l’échec irrémédiable de la cause wagnérienne, pour s’arroger — au prix certes d’une grosse perte d’argent, mais il peut s’offrir ce luxe — cette gloire, la seule possible pour lui, de martyr du wagnérisme et de l’art. […] car, en faisant mourir l’artiste de faim, en le couvrant de boue, ils se proclament vaincus par lui, sans combat, et le sacrent de suite en pleine gloire.
Comme toutes les cités illustres du monde antique, la Tragédie grecque a la gloire d’avoir eu pour fondateur un héros. […] Ce n’est point la seule ressemblance entre Eschyle et Dante : tous deux, au déclin de leur vie, dans le rayonnement de leur gloire, prirent la route de l’exil.
Huet se rendait parfaitement compte qu’il était l’homme d’une époque qui finissait : Quand je suis entré dans le pays des lettres, dit-il, elles étaient encore florissantes, et plusieurs grands personnages en soutenaient la gloire. […] Vous êtes incapable de vous venger en rendant malice pour malice, et vous êtes si peu médisant que même le ressentiment ne vous arracherait pas une médisance de la bouche contre vos ennemis ; je trouve que vous ne les ménagez que trop selon le monde ; je n’entends pas dire pourtant que vous manquiez de sensibilité pour la gloire et pour l’honneur ; au contraire, vous y êtes délicat jusqu’à l’excès.
Elle rêvait dans l’avenir gloire, grandeur politique, puissance, et, en attendant, elle voulut vivre le plus à son gré et le plus en souveraine qu’elle pût, rendre le moins possible aux autres et se passer tous ses caprices, avoir sa cour à elle, où ne brillât nul astre rival du sien. […] Après la double prison qu’eurent à subir la princesse et la femme de chambre, prison qui ne tourna pas à l’honneur de l’une et qui fut la gloire de l’autre, Mlle de Launay, ennoblie aux yeux du monde par sa fermeté, revient à Sceaux auprès de sa maîtresse, qui la récompense en la mettant (à quelques nuances près toutefois) sur le pied de ses dames.
Encore une fois, ce n’est pas l’idée même que nous soyons à un âge de maturité, à une époque d’égalité et même de nivellement, et qu’il faille tirer le meilleur parti de la société moderne en ce sens-là, ce n’est pas cette idée qui est la fausse vue de Condorcet ; son erreur propre, c’est de croire qu’on n’a qu’à vouloir et que tout est désormais pour le mieux, qu’en changeant les institutions on va changer les mobiles du cœur humain, que chaque citoyen deviendra insensiblement un philosophe raisonnable et rationnel, et qu’on n’aura plus besoin, dans les travaux de l’esprit, par exemple, d’être excité ni par l’espoir des récompenses ni par l’amour de la gloire. […] André Chénier, témoin des mêmes actes, et jugeant Condorcet dans la mêlée comme un transfuge de sa cause, de la cause des honnêtes gens, s’écriait : C…, homme né pour la gloire et le bien de son pays, s’il avait su respecter ses anciens écrits et su rougir devant sa propre conscience ; homme dont il serait absurde d’écrire le nom parmi cet amas de noms infâmes, si les vices et les bassesses de l’âme ne l’avaient redescendu au niveau ou même au-dessous de ces misérables, puisque ses talents et ses vastes études le rendaient capable de courir une meilleure carrière ; qu’il n’avait pas eu besoin, comme eux, de chercher la célébrité d’Érostrate, et qu’il pouvait, lui, parvenir aux honneurs et à la fortune, dans tous les temps où il n’aurait fallu pour cela renoncer ni à la justice, ni à l’humanité, ni à la pudeur.
Il s’en tirait, comme il fit toujours, avec des mots, des compliments, des demi-partis, éludant les difficultés avec une grande habileté de détail, les ajournant, ne les prévenant et ne les embrassant jamais ; « n’ayant pas la force de composer un bon ministère, ni le courage d’en former un trop mauvais ; également incapable de manquer de foi et de tenir parole à temps » ; plus amoureux de louange que de pouvoir réel et d’action ; ménager avant tout de sa gloire et de sa vertu, soigneux de sa chasteté. […] Les trois principaux personnages en jeu sont la reine, Mirabeau et le comte de La Marck lui-même, ce dernier bien digne d’être associé aux deux autres par son jugement excellent, sa finesse et sa fermeté d’observation, sa connaissance des hommes et des choses, par son dévouement au malheur d’une reine et à l’amitié d’un grand homme, et qui justifie pleinement aujourd’hui aux yeux de la postérité ce qu’il écrivait un jour à Mirabeau : « Dieu ne m’a mis sur la terre que pour aimer et surveiller votre gloire. » Rien, en effet, de plus honorable pour la réputation politique de Mirabeau que le contenu de ces diverses notes et l’esprit général qui les anime.
Il étudiait les langues, il réfléchissait sur les principes et les instruments de nos connaissances, il visait à la gloire du style. […] Les salons distrayaient Rivarol et le détournèrent trop de la gloire sérieuse.
Ce fut longtemps son rêve et finalement son regret ; il y revenait en idée dans les derniers temps, à travers les courts et sombres intervalles de réflexion que lui laissaient ses luttes de presse de plus en plus désespérées ; c’était à une telle œuvre qu’il aurait aimé à attacher la gloire de son nom. […] Et restituant à la révolution de Juillet son sens général et unanime, la montrant indépendante des menées souterraines du carbonarisme, régulière, pour ainsi dire, et légale, et avouable en plein soleil, il ajoutait ces mémorables paroles, où un vrai patriotisme respire : Cette victoire est celle de la nation entière, et la nation qui n’a jamais conspiré, la nation qui croit ne s’être pas insurgée, mais avoir réprimé et puni l’insurrection du pouvoir, la nation, disons-nous, s’étonnerait et s’alarmerait de manifestations qui ne lui rappellent point des efforts et une gloire à elle, mais des dévouements particuliers à des affiliations politiques, et qui ne peuvent être appréciés à toute leur valeur que par ceux qui les ont vus de très près.
Il parut, dans le Journal de Paris, une lettre d’une ironie froidement piquante, censée écrite par un ecclésiastique, lequel trouvait peu morale cette manière de faire l’aumône à une pauvre femme, en la désignant pour ce qu’elle n’était pas, et en la baptisant d’un nom de comédie, peu honorable après tout, et qui pouvait devenir préjudiciable à son enfant : Cette célébrité de nom qui fait votre gloire, monsieur, disait-on, peut faire le malheur des honnêtes gens que vous avez obligés. […] On parlera encore de gloire ; mais, au milieu de tout cela, qu’est devenu ce qu’on appelait la considération ?
Ces harmonies qu’il ne pouvait réaliser sur la terre dans l’ordre politique et civil, il les demanda à l’étude de la nature, et il en raconta avec consolation et délices ce qu’il en entrevoyait : « Toutes mes idées ne sont que des ombres de la nature, recueillies par une autre ombre. » Mais à ces ombres son pinceau mêlait la suavité et la lumière ; c’est assez pour sa gloire. […] Il parle un langage ; mais Bernardin en parle un autre ; au même moment, il écoute involontairement au-dedans de lui la voix de ce génie qui l’a jusque-là déçu de promesses et qui longtemps le décevra encore, et qui pourtant ne lui ment pas en lui disant : « Ce n’est pas là qu’est pour toi la gloire. » M.
Le rapsode est devenu citoyen, et le conte épique devient un discours : l’histoire est une tribune où un homme, doué de cette harmonie des pensées et du ton que les Latins appelaient uberté, vient plaider la gloire de son pays et témoigner des grandes choses de son temps. […] La France, amusée dans son enfance par des hochets, bercée dans sa jeunesse par des prestiges de gloire, et parvenue enfin à la raison de l’âge mûr, s’est lassée de mensonges, d’illusions, de fables… Au lieu de cela, que nous ont offert les mémoires contemporains ?
Elles ne réussissent qu’à mêler à la gloire un bruit grossissant. […] Il est grand, il est auguste, il est majestueux, il est au-dessus de toutes les têtes, il a pour cortège la bravoure, la bataille, la fanfare, la bannière, la renommée, la gloire, il a le rayonnement de vingt victoires, il est plein d’astres, cet Othello, mais il est noir.
Pradel, etc… Ils ne dédaignaient pas les grands mots : « Nous ne sommes pas une coterie, nous n’organiserons pas des congrès, nous ne nous estomaquerons pas d’éloges réciproques, nous ne nous offrirons pas de mutuelles frairies, nous n’avons pas de grand homme de neige à pousser au soleil de la renommée, nous ne tenterons pas de restaurer sur des tréteaux de baladins les tables saintes de Cana, dans la secrète espérance d’y voir surgir entre la poire et le fromage quelque nouveau messie qui nous ferait participer, sur le vain Thabor de la gloire humaine, au resplendissement de son éventuelle divinité. […] Et s’il nous arrive dans l’exubérance de notre jeune foi de prendre à notre insu des postures d’apôtres, l’on voudra bien nous pardonner, considérant que nos exagérations ne servant pas notre propre gloire ne peuvent provenir d’un hypocrite calcul mais plutôt d’un débordement de nos bonnes volontés.
Quoique le génie de lord Byron ne passionne plus l’Angleterre actuelle — l’Angleterre de Tennyson et de Carlyle — et que la gloire du pèlerin de Child-Harold ne soit plus guère, dans son pays, que le marbre officiel et guindé de beaucoup de gloires enterrées à Westminster, cette académie de tombeaux, on s’était cependant ému en Angleterre du livre de M.
II Le premier de ces livres, non le premier en date, mais le premier dans l’ordre que je veux donner à leur examen, a un titre italien et minaudier : Galileo Galilei, ce qui signifie Galilée, comme on dit dans la langue de la gloire, qui a toujours aimé à parler français. […] La gloire de l’écrivain est de l’éviter.
Sainte-Beuve devra sa gloire, certainement elle aurait fait trouée dans le recueil. […] VI Les Consolations furent les poésies qui suivirent le Joseph Delorme, et le premier démenti que l’auteur donna à une manière et à une inspiration qui, malgré le démenti, restera sa gloire.
Pommier, dont la gloire aurait été de n’avoir point d’épisodes et de compter plus de quinze cents vers ! […] Parce qu’il n’aura pas fait fléchir l’austère notion chrétienne dans un livre blasphémateur, on l’accusera de matérialisme, car, pour être spiritualiste aujourd’hui, il faut écrire La Fin de Satan, et renoncer à cette gloire de Saint-Paul dont MM.
Il eût fait un tableau court, pathétique et chaud de la barbarie où nous étions jusqu’au règne de François Ier… Je demande si cela ne vaudrait pas mieux pour la gloire du poète et le plaisir du lecteur. […] En effet, je parle ici de l’homme qui n’a pas craint d’écrire quelque part : « L’hérétique est celui qui a une opinion. » Bossuet, en matière de foi, n’a pas eu d’opinion ; et il a mis sa gloire à ne rien inventer. […] … L’Être parfait se peut-il plaire à élever une créature au plus haut degré de sa gloire, pour la précipiter ensuite au plus bas degré de l’ignominie ? […] Bayle a paru quelques années trop tôt pour sa gloire. […] et parce que l’héritier de Bayle s’était jeté dans leurs bras, croirons-nous qu’en vérité la réputation ou la gloire de l’auteur du fameux Dictionnaire y ait beaucoup perdu ?
Bourget est arrivé à la gloire et à l’Académie sans autre secours que le mérite de ses livres, et par la seule vertu de son talent. […] Sa gloire est de celles qui survivent aux « nécrologies », hâtivement rédigées, avec l’aide de Vapereau, pour le lecteur pressé. […] Puis, malgré le rétablissement de la colonne sur sa base, la gloire impériale s’éclipsa. […] La gloire militaire est la poésie des illettrés. […] Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou de foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coups d’imprévu.
Fidèle à la famille d’Espagne au risque de déplaire à Louis XIV, madame des Ursins déclare son dessein de se retirer, plutôt que de donner au roi Philippe un conseil incompatible avec sa gloire.
Non, non, mon Dieu, si la céleste gloire Leur eût ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enlevé leur mémoire ; Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain ?
Or telle est la gloire du czar Nicolas, ou du petit czar don Miguel, ou du petit czar de Modène, de plusieurs rois et ministres que vous connaissez.
En un mot, que M. de Bernard, bien qu’il paraisse si bien savoir la vanité de la gloire elle-même, le néant et la raillerie de toutes choses, prenne plus au sérieux (sans en avoir l’air) son grand talent.
Si l’imprimerie avait existé, les lumières et l’opinion publique acquérant chaque jour plus de force, le caractère des Romains se serait conservé, et avec lui la nation et la république ; on n’aurait pas vu disparaître de la terre ce peuple qui aimait la liberté sans insubordination, et la gloire sans jalousie ; ce peuple qui, loin d’exiger qu’on se dégradât pour lui plaire, s’était élevé lui-même jusqu’à la juste appréciation des vertus et des talents pour les honorer par son estime ; ce peuple dont l’admiration était dirigée par les lumières, et que les lumières cependant n’ont jamais blasé sur l’admiration.
Un âge aride, que la gloire et la vertu pouvaient honorer, mais qui ne devait plus être ranimé par les émotions du cœur, la vieillesse s’est enrichie de toutes les pensées de la mélancolie ; il lui a été donné de se ressouvenir, de regretter, d’aimer encore ce qu’elle avait aimé.
Le roi, de son côté, devant se considérer, à quelques égards, comme le dispensateur de la gloire, comme le représentant de l’opinion, ne pouvait récompenser qu’en flattant, punir qu’en dégradant.
En même temps que les Vies de Plutarque enivrent les âmes imprégnées de l’amour de la gloire, et à qui ces éloges des plus hautes manifestations de l’énergie personnelle qui se soient produites dans la vie de l’humanité, montrent la voie où elles voudraient marcher, toute l’œuvre de Plutarque séduit comme déterminant assez exactement le domaine de ce que devra être la littérature : morale et dramatique.
beaucoup d’orgueil et de vaine gloire.
Et c’est justice de ne pas accorder toute la gloire à ceux qui recueillent la moisson, et d’en réserver quelque petite part à ceux qui ont préparé et semé le champ.
Si des jeunes gens contemporains paraissent si avides de gloire et d’exploits, c’est que la violence de leurs pères, exaspérés par la déroute et par la période de l’insurrection, sut leur constituer, en effet, un extraordinaire caractère de frénésie intellectuelle.
Cette mode eut tant de faveur que Bonaparte, soit qu’il en ait subi l’engouement, soit qu’il ait jugé politique de l’exploiter pour sa gloire, revêtit le jour du sacre la pourpre des Césars et que les yeux n’en furent point, étonnés.
L’homme qui se refusait aux gloires fiévreuses de la ville unique, apparaissait comme une exception.
N’oublions pas pour la gloire du beau sexe les Institutions physiques de Mme. du Chatelet, en deux volumes in-4°. : ouvrage qui étonne par l’immensité des calculs, & par les connoissances de la femme ïllustre qui les a faits.
Peut être que les romains nos contemporains montreroient encore cette modestie après les succès, et cette hauteur dans le danger qui faisoient le caractere des anciens romains, si leurs maîtres n’étoient pas d’une profession qui défend d’aspirer à la gloire militaire.
Il faut bien savoir admirer tout ce qui peut développer dans l’homme des sentiments élevés, tout ce qui peut lui fournir l’occasion de beaux sacrifices ; mais il faut être juste aussi : et il n’est pas moins vrai que cette gloire, acquise en dernier lieu, au prix de tant de sang, n’a servi qu’aux vastes triomphes d’un aventurier.
Lord Byron a écrit vingt poèmes, parmi lesquels plusieurs chefs-d’œuvre ; mais, parmi ces poèmes, il n’y a qu’un Don Juan, sa plus belle gloire !
« L’Empereur, qui nous a donné le salut, puis qui nous a donné la gloire, et à qui rien n’a manqué que le soleil », nous aura donné toutes les prospérités possibles en nous donnant la liberté de la tribune et de la presse, si agréables aux membres du Corps législatif qui tiennent à être vus par la fenêtre !
Cet homme aimable, que tout le monde appelait Monselet tout court dans une chaleureuse et flatteuse sympathie et parce qu’il plaisait à tout le monde, ce nonchalant de mœurs, fait, à ce qu’il semblait, pour se chauffer, lazzarone d’esprit, au soleil de tous les printemps et au feu de toutes les cuisines, cette gloire de tout festin et que toute la terre qui sait dîner eut voulu avoir à sa table, hospitalité intéressée !
Que le magistrat, le militaire, le marchand, le paysan, que toutes les conditions de la société, se voyant tour à tour dans l’idéalisme de leur dignité et de leur bassesse, apprennent, par la gloire et par la honte, à rectifier leurs idées, à corriger leurs mœurs et à perfectionner leurs institutions. […] Enfin, on comprendra que l’honneur et la gloire Peuvent se rencontrer ailleurs qu’en des combats. […] 1) traduire pour la plus grande gloire de son pays et l’édification de la postérité. […] Cette gloire est trop chère aux amis du nouveau Colomb pour que je songe à la lui dénier. […] Heine, assez étranger au fait de leur naissance ; sauf à tomber finalement dans la monomanie de croire l’univers entier occupé à lui voler sa gloire et à s’en venger par le poison.
Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain, Les Déesses de marbre et les Héros d’airain Dont l’herbe solitaire ensevelit la gloire. […] Ils sont nombreux, en toute langue, les refrains à hoquets rimés pour la plus grande gloire de ceux que Rabelais nommait les « humeurs de piot », et ce n’est point à l’honneur de la poésie cosmopolite. […] pourquoi la gloire n’a-t-elle pas frappé à leur porte ? […] Bien que retourné à ces grandes études qui ont fait sa gloire, il se retrouva bien des fois avec l’Empereur, le vit encore dans l’intimité, et c’est ce qui donne un grand prix aux notes qu’il a laissées ; elles sont peu nombreuses mais font connaître l’homme et complètent pour ainsi dire le livre de Las Cases. […] Il est des altitudes que ne sauraient échauffer même les rayons de gloire humaine.
Il semblerait que le règne de Catherine II eût dû ajouter la gloire littéraire à toutes les autres. […] C’est la gloire de la vieille Russie et la grande mémoire de Catherine qu’on respecte dans son œuvre, plus que la rhétorique ampoulée de ses vers. […] Il disparut jeune, en pleine force, en pleine gloire, avec le crédit de chefs-d’œuvre espérés que nous faisons volontiers à de telles morts. […] Telle est pourtant la condition de sa gloire : oublier et détruire ce qu’il a aimé, partir pour l’inconnu en tête de l’esprit de son temps. […] Nul étranger ne fut aussi lu, aussi goûté à Paris : cette haute gloire a un versant français.
La gloire du siècle d’Auguste et de Mécène fut moins d’avoir produit un improvisateur comme Horace que d’avoir senti la perfection d’une telle langue. […] Ce dédain, il l’exprime comme il le sent, avec l’audace d’un homme qui n’espère rien de la multitude : « Je hais le profane vulgaire, et je l’écarte. » Cela ne l’empêche pas de chanter la vertu civique pour elle-même dans les strophes les plus mâles qui aient jamais été écrites à la gloire de l’héroïsme civil. […] La source qui l’arrose a la gloire de donner son nom à un ruisseau dont l’Hèbre aux champs de la Thrace envierait la fraîcheur et la pureté !
L’Italie était alors ce qu’elle est encore, ce qu’elle sera toujours, à moins qu’il ne renaisse à Rome un peuple-roi ; elle était une perpétuelle et héroïque anarchie de cinq ou six nationalités qui se disputaient la puissance, la gloire, la primauté dans cette cendre du vieux monde : les membres principaux de cette anarchie étaient Venise, Rome, Milan, Naples, Florence ; les Impériaux, les Français, les Espagnols, appelés comme aujourd’hui par les Piémontais en Italie, en faisaient leur champ de bataille ou le prix de leurs victoires. […] Par de tels moyens on peut sans doute acquérir le pouvoir ; la gloire, jamais ! […] La dynastie bourbonienne rentre en Sicile ; Murat gouverne en héros et en administrateur ce beau royaume ; il y laisse des souvenirs de gloire et de bonté qui ne sont pas un parti, mais une estime.
L’unité de cette vie, c’est l’absolu désintéressement, c’est le dévouement sans défaillance au devoir, sous toutes les formes où successivement il se présente ; chacun des ouvrages de l’orateur ou de l’écrivain est venu à son heure, pour un besoin actuel et précis, sans nul désir de gloire littéraire. […] Bourdaloue Bossuet étant descendu des chaires de Paris dans toute la force de l’âge et du talent, le souvenir de sa prédication, que ne soutenait pas l’impression, se perdit vite au milieu de tant de titres de gloire que son activité paisible lui acquérait incessamment. […] Il se fit admirer surtout dans l’oraison funèbre : il eut toutes les qualités mondaines en parlant des gloires du monde, et même le tact suprême d’être sincèrement chrétien.
Sur le fond d’un paysage d’hiver, joliment neigeux, Mme de Nittis se détache dans une robe couleur d’une rose gloire de Dijon, les épaules et les bras nus, balayés de dentelles, dont le tuyautage est de ce blanc, de ce rose, de ce jaune qui ne sont, pour ainsi dire pas, des couleurs. […] Mardi 20 juin Une opération terrible est faite dans un hôpital, par un chirurgien à la main admirable, — mais une opération tout à fait de luxe, et pour la grande gloire de l’opérateur. […] Aujourd’hui la conversation est sur la guerre, sur la baisse de la gloire militaire dans les esprits, sur la perte de 25 p. 100, qu’ont fait subir à cette vanité des temps passés, la blague des Militairiana, les romans des Erckmann-Chatrian, l’affaiblissement de l’idée de la Patrie.
Au nom de la patrie, de sa langue et de sa gloire littéraire, ils ameutaient le bon goût et la tradition contre le monstre barbare et informe, importé de l’étranger. […] Il retourna d’Amérique avec un grotesque projet de « découverte d’un passage sous le pôle Nord » ; croyant tenir la fortune et la gloire, il court le soumettre à M. de Malesherbes, alors ministre ; il fut éconduit, mais ne s’en vanta pas. […] En se prenant pour sujet et en décrivant dans une langue imagée et passionnée ses tempêtes mentales, René donnait une voix aux sentiments poignants mais troubles de cette masse de jeunes hommes ardents et agités, qui, la tête enfiévrée par des mirages de fortune, de gloire et d’honneurs pataugeaient dans la boue, les bottes éculées et faisant eau.
Une fois le sacrifice accompli, tu vivras paisible ici-bas ; je vivrai éternellement dans le ciel, et j’acquerrai dans ce monde la gloire du devoir accompli. […] Cependant, en faveur de la pureté éminemment classique de son style et du naturel exquis avec lequel y sont tracés les divers caractères qui lui impriment la vie, nous le prierons au moins de vouloir bien mitiger son arrêt, et de comprendre ce chef-d’œuvre sous la dénomination de classico-romantique, en lui souhaitant pour sa propre gloire d’en produire un pareil. » VI Je reprends : Mon impression personnelle ne fut ni moins vive ni moins ravissante que celle du traducteur, la première fois que le poème dramatique de Sacountala tomba sous mes yeux. […] » Rassurée par ce pardon et par cette promesse, Sacountala débarrasse avec joie le saint prophète de la corbeille lourde de fruits qu’il vient de cueillir ; elle verse sur ses pieds fatigués une eau rafraîchissante, et, d’une voix caressante, elle le supplie de protéger son époux et elle dans ses prières, et de demander au ciel la gloire à leurs descendants.
Les religieux célèbrent sa gloire. […] Voilà enfin la gloire ! […] Puissent l’imagination dramatique et le goût délicat du poète lui assurer la gloire due au grand maître de son art poétique, et puisse-t-il nous initier toujours davantage dans cette science mille fois plus sublime et plus sainte, qui nous donne la connaissance des perfections de l’Être unique en qui se résument tous les êtres : Dieu !
Il lui arrive bien d’invoquer les gloires athéniennes, mais lesquelles ? […] Juge de toute chose, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers ». […] Spinoza est devenu une sommité officielle, un grand Européen, et, pour la Hollande, une gloire nationale. […] Tout démontre qu’il est sincère, et d’ailleurs sa gloire dominait assez celle de ce jeune rival pour l’exempter de toute jalousie. […] Cependant, sa gloire n’a cessé de grandir, malgré ces traverses.
., à des grands et même des petits, que je dois ce succès, puisque succès il y a, et ce serait une outrecuidante modestie que celle qui consisterait à rabaisser un travail fait de l’appréciation des œuvres de presque tous ceux qui sont la gloire littéraire de la France. […] Les orgues grondaient très haut, les cloches sonnaient à la volée, la foule acclamait le couple d’amour, au seuil de l’église mystique, sous la gloire du soleil printanier. […] … Faites votre route et votre œuvre, en dehors d’elle… Surtout, ne lui sacrifiez rien, car elle n’a rien à vous donner de ce que vous n’apporterez pas, ni le talent, ni la gloire, ni le suprême contentement de soi… Ce n’est ni un recours, ni un asile, l’Académie ! […] Ce que vous avez pris pour la gloire d’un homme, C’est la gloire d’un peuple, et c’est la vôtre, hélas ! […] Le soleil est tombé derrière l’Océan, mais ses derniers rayons montrent assez quelle était sa grandeur et, pour la gloire des lettres françaises, luiront encore longtemps sur le monde.
Les anecdotes caractéristiques y abondent : sur Hugo lui-même, sur les circonstances de la publication de ses œuvres, sur ses familiers, sur ses contemporains, sur ses rivaux de gloire et de popularité. […] Salut, Vierge aux beaux yeux, rayonnante de gloire, Plus blanche que le cygne et que le pur ivoire, Qui sur ton cou d’albâtre enroules tes cheveux ! […] « Gloire au génie hébreu ! […] Mettons beaucoup de choses, le plus de choses que nous pourrons, — la gloire, l’honneur, la patrie, le devoir, — au-dessus de l’horreur instinctive que la guerre et la mort nous inspirent. […] Là, furent vraiment et seront son honneur et sa gloire.
L’auteur le reconnaît lui-même, et s’en fait gloire. […] Comme elle est, naturellement, héroïque à la fois et enfantine, elle souhaite la gloire ; et, comme elle est tendre, elle souhaite la, sympathie. […] Il s’agit pour lui d’exécuter un raccourci de cette durée, pareil à ces raccourcis d’espace, tourment et gloire du dessinateur. […] La gloire de Tourguéniev est qu’on puisse dire la même chose des femmes qui traversent ses romans. […] Ce dont Amiel a souffert fait la joie et la santé actuelles comme aussi le péril probable de beaucoup d’autres, qui le comprennent à travers eux et goûtent en lui la transposition douloureuse de leurs propres tendances, et si ce n’est pas la grande gloire, c’est une gloire encore et une immortalité.
et gloire au Tout-Puissant ! […] Les exercices du corps et la gloire de vaincre en public étaient le premier plaisir et le premier besoin de ce peuple d’athlètes et d’artistes ; mais leurs jeux étaient rudes comme il convenait à de tels soldats. […] C’était au siège de Namur, en 1692 : quarante ans de gloire, point de revers encore, les plus grands réduits, les trois. […] Il écrivait seul, en secret, avec la ferme résolution de n’être point lu tant qu’il vivrait, n’étant guidé ni par le respect de l’opinion, ni par le désir de la gloire viagère. […] Ils agissent isolés et désunis, et n’ont pour but que la gloire, la gloriole et l’argent.
L’héroïsme, la gloire, la vertu, s’offrent d’elles-mêmes au couteau. […] Sa gloire est d’avoir été, par l’âme plus que par le rang, une exception dans son temps. […] Quelles luttes déchirantes au sein de cette gloire ! […] Mais si la gloire du héros suédois est stérile, son caractère restera un des étonnements de l’histoire. […] Seul il a le génie, la gloire et la science infuse.
Peut-être l’imagination seule opére-t-elle ce prestige, l’imagination qui sait tout embellir, la douleur qu’elle adoucit, comme le plaisir qu’elle relève…. » Doué de la sorte et sentant comme il sentait, il était impossible qu’il contînt sa chanson aux simples sujets d’amour ou de table et à la camaraderie de collége ; les intérêts de gloire, de patrie, les événements publics, devaient y retentir aussi, et, en un mot, lui qui chantait depuis 1812, devait naturellement, inévitablement, entrevoir et pressentir dans ses refrains les mêmes horizons que découvrait vers le même temps Béranger. […] Cette explication que je crois vraie, si elle intéresse jusqu’à un certain point les admirateurs dans la gloire du poète admiré, n’ôte pourtant rien, ce me semble, à la beauté du sentiment, et elle ramène le génie humain à ce qu’il devrait être toujours, à une condition de fraternité généreuse et de partage. […] Non content d’effrayer par la force, d’entraîner par le succès, d’éblouir par la gloire, il jugea qu’il fallait encore s’adresser à l’esprit des hommes et le séduire ; il se mit à plaider lui-même, dans le Moniteur, la cause qu’il gagnait avec son épée. […] Le refrain de Béranger, au contraire, qui tombait presque dans les mêmes termes, allait en sens inverse du reste des paroles, et de ce contraste sortait l’amère ironie : Oui, ma mie, il faut vous croire, Faisons-nous d’obscurs loisirs : Sans plus songer à la gloire, 204.
La même faculté nous porte à la gloire ou nous jette dans un cabanon. […] Nous leur mettrons plutôt le feu au ventre pour la glus grande gloire du festin. […] Ce style passionné est d’une puissance extrême, et on peut lui attribuer la moitié de la gloire de Dickens. […] Ils sont produits en Angleterre par une école qui a sa philosophie, ses grands hommes, sa gloire, et qui ne s’est jamais établie chez nous.
Les Mysiens, satisfaits, allaient se retirer ; mais Atys, qui avait entendu leur demande, apprenant que son père s’y était refusé, entra et parla en ces termes : « Ô mon père, c’était autrefois mon plus beau droit et mon plus noble privilége d’aller chercher la gloire à la guerre ou dans les chasses périlleuses. […] Comme roi et général, je pense qu’il est dans l’ordre que vous ayez affaire à un autre roi et à un général : d’abord, parce que, si vous faites tomber sous vos coups un homme aussi distingué, une grande gloire vous en restera ; et ensuite, parce que, s’il doit l’emporter sur vous, ce qu’aux dieux ne plaise, périr sous le fer d’un semblable adversaire est un malheur moins grand de moitié. […] Les Lacédémoniens, dans cette journée, s’acquirent une grande gloire ; et, entre autres faits remarquables, montrèrent bien toute la supériorité que leur donnait la connaissance de l’art de la guerre sur des ennemis ignorants. […] Léonidas, couvert de gloire, tomba dans l’action, et près de lui les plus illustres Spartiates, hommes que l’on ne peut trop louer, et dont j’ai recueilli avec soin les noms : je connais même ceux de tous les trois cents. » XVI Ainsi fut non pas sauvée, mais immortalisée la Grèce par la défaite triomphante de Léonidas.
Thiers, ses livres et l’universalité de sa gloire. […] Là, il nous montre les dons des artistes à sa critique, — pauvres dons qui attestent toute l’avarice et la lésinerie de ce monde de l’art envers un homme qui, pour un si grand nombre, a bâti des piédestaux en feuilletons, et a mis de la gloire autour de leurs noms inconnus avec le patronage de ses belles phrases et de ses descriptions si colorées. […] À propos de cette lumière, de cette espèce de gloire entourant la Mercier, et la faisant nager dans un rayonnement, je me demandais, — cela me rappelle tellement les effets de Rembrandt ; — je me demandais si Rembrandt usait de la bête d’habitude de faire poser ses modèles dans un atelier éclairé par la lumière du nord, ainsi que tous nos peintres. […] — J’ai vu aujourd’hui la Gloire chez un marchand de bric-à-brac : une tête de mort couronnée de lauriers en plâtre doré.
Dans sa philosophie désintéressée et qui promenait volontiers son regard sur l’immensité des choses, il croyait peu à la gloire, à ce miroir artificiel et magique qui concentre sur un point quelques rayons.
Aujourd’hui que, selon une expression mémorable, la pyramide a été retournée et replacée dans son vrai sens, quand la société est remise sur sa large base et dans son stable équilibre, ne serait-il pas plus simple, dans cet ordre aussi de récompenses dramatiques, de rendre aux choses leur vrai nom, d’encourager ce qui a toujours été la gloire de l’esprit aux grandes époques, ce qui est à la fois la morale et l’art, c’est-à-dire l’Art même dans sa plus haute expression, l’Art élevé, sous ses diverses formes, la tragédie ou le drame en vers, la haute comédie dans toute sa mâle vigueur et sa franchise ?
Balzac a dit que les trente mille livres de rente de l’abbé de Tiron (au xvie siècle) avaient fait faire bien des mauvais sonnets et envoyé bien des pauvres poëtes à l’hôpital ; on peut à plus forte raison appliquer la même parole aujourd’hui : des poussées de jeunes gens qui n’ont qu’une ambition ardente et nulle vocation spéciale se jettent dans les Lettres comme dans une carrière où l’or se ramasse pêle-mêle avec la gloire : ils confondent d’abord l’âpre soif du lucre et du plaisir avec l’étincelle sacrée et l’on sait ce que devient celle-ci.
Le voilà donc dans toute sa gloire et sa pureté, dressé sur son piédestal de marbre, entouré de toutes les inscriptions et de tous les bas-reliefs qui lui conviennent, ce charmant poëte florissant de jeunesse, ce dernier de nos classiques, tout entier restauré et reconquis.
Nous trouvons cette sorte d’amour énergiquement exprimée dans une pièce de vers inédits adressée à un jeune homme qui se plaignait d’avoir passé l’âge d’aimer : Va, si tu veux aimer, tu n’as point passé l’âge ; Si le calme te pèse, espère encore l’orage ; Ton printemps fut trop doux, attends les mois d’été ; Vienne, vienne l’ardeur de la virilité, Et, sans plus t’exhaler en pleurs imaginaires, Sous des torrents de feu, au milieu des tonnerres, Le cœur par tous les points saignant, tu sentiras, Au seuil de la beauté, sous ses pieds, dans ses bras, Tout ce qu’avait d’heureux ton indolente peine Au prix de cet excès de la souffrance humaine ; Car l’amour vrai, tardif, qui mûrit en son temps, Vois-tu, n’est pas semblable à celui de vingt ans, Que jette la jeunesse en sa première sève, Au blondi duvet, vermeil et doré comme un rêve ; C’est un amour profond, amer, désespéré, C’est le dernier, l’unique ; on dit moins, j’en mourrai ; On en meurt ; — un amour armé de jalousie, Consumant tout, honneur et gloire et poésie ; Sans douceurs et sans miel, capable de poison, Et pour toute la vie égarant la raison.
Il y aurait eu moyen avec peu d’effort d’amasser quelque gloire, et pour quelque temps, sur cette tombe prématurée.
Vers le même temps, la lutte s’engagea sur un autre point : il s’agissait de savoir si l’inscription d’un arc de triomphe dirait la gloire du roi en latin ou en français.
Marié deux fois, père d’un Paul et d’une Virginie, il jouit de sa gloire aussi paisiblement que son caractère quinteux le lui permet.
La gloire de de Vigny n’a-t-elle pas, elle aussi, un charme d’étoile, par son éclat discret, son mystère, sa hauteur sereine et sa pureté ?
Ne me faites point pécher par vaine gloire en m’accompagnant.
ne démêle-t-on pas un besoin secret d’encouragement, dans cette tendresse suppliante, dont Henri IV, son père, et Louis XIV, son fils, furent si éloignés, dans le sentiment de leur force et de leur gloire ?
il était tranquille, au comble de la gloire, et peut-être sur une haute montagne, où, selon l’ordre que Dieu a établi dans ce monde, on trouve aussi une allée123. » Le 30 juin, madame de Sévigné représente Jo dans l’innocence et la solitude de la campagne. « Jo est dans les prairies en toute liberté et n’est observée par aucun argus.
En supposant que l’Abbé de Marsy se soit attaché à l’imitation plus qu’il n’a fait, il auroit toujours la gloire d’avoir su bien choisir ses modeles, & dans ses modeles, les morceaux véritablement dignes d’être imités.
Cette ombre de faveur & la gloire réelle d’être nommé le père de la langue françoise, le maître & le modèle de l’éloquence, acharnèrent contre lui de petits écrivains avides d’un peu d’or & de fumée.
Nous avons remporté une gloire signalée !
Une troupe nombreuse de l’armée céleste chante pendant la nuit : Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !
La gloire en est due à M.
Les italiens presque aussi amoureux de la gloire de leur nation que les grecs le furent autrefois, sont très-jaloux de cette illustration qu’un peuple s’acquiert par la science et par les beaux arts.
Les grecs et les romains, si passionnez pour la gloire, ne s’imaginerent jamais qu’il fut honteux au citoïen d’attendre sa vengeance de l’autorité publique.
Certes, n’était-ce pas là, sans cette première liaison, sinon du bas-bleuisme pur, du bas-bleuisme pourtant dans toute sa gloire ?