/ 1822
36. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Il a déjà publié un roman intitulé La Benjamine. […] On ne peut pas dire précisément qu’il ait créé le roman physiologique, mais il lui donna le grand caractère que son génie donnait à tout, et par son exemple il imprima plus profondément la marque de cette influence du temps, à laquelle nul ne peut se soustraire sans s’appauvrir, à tous les romans qui suivirent les siens. […] La Critique, qui doit tout comprendre et tout embrasser, excepté le faux, la Critique, qui doit même se réjouir de ce que la science ait investi l’art d’une force nouvelle, devait non-seulement applaudir à l’influence physiologique dans le roman, et dans le roman de la moralité la plus spirituelle, mais elle devait même encourager, sous toute réserve, le genre spécial du roman, qui allait fatalement tendre à se constituer, et qu’on peut appeler le roman purement physiologique. […] Armand Pommier, malgré le talent qui agite et chauffe son roman. […] Il retourne du roman lui-même, qu’il ne faut pas tuer sous prétexte de le grandir.

37. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Lais et romans. […] Des romans en prose accompagnèrent, précédèrent peut-être parfois, et plus probablement suivirent les romans en vers. […] Éditions : Roman de Troie, éd. […] Roman de Thèbes, éd. […] Roman d’Encas (Bibl.

38. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

C’est ce roman— le Roman bourgeois — que deux hommes d’esprit et de littérature, Édouard Fournier et Charles Asselineau, ont arraché à la poussière et replacé sous les regards trop indifférents du public. […] L’auteur du Roman bourgeois est dans la vérité de son modèle. […] Impossible, quand on a lu attentivement le Roman bourgeois, de le méconnaître ! […] C’est un romancier qui a placé et élargi la comédie dans le roman, mais qui n’en est pas moins resté sérieusement attaché à la vérité de l’art et à la vérité sociale. […] Le Roman bourgeois, avec des notes historiques et littéraires et une notice, par Édouard Fournier et Asselineau (Pays, 12 février 1855).

39. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Céard n’a publié aucun roman. […] Au reste, une bonne partie des romans de ces messieurs est du pur roman d’aventure. […] Je ne traite que du roman. […] Voir le roman du même nom. […] Le Roman naturaliste (art. « Le reportage dans le roman »).

40. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Mais je ne sais rien, moi, de ce qui se passe dans mon roman ! […] Elle n’aspire à rien moins qu’à être la réformatrice du roman populaire. […] C’est le roman de cape et d’épée (Alex.  […] C’est le seul roman dont je subisse l’anxieux mystère de « la suite à demain ». […] Frédéric Loliée aux industriels du roman populaire.

41. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Eugène Sue n’a cessé de produire ; ses nombreux romans se pourraient distinguer en trois séries : romans maritimes, par lesquels il a débuté (Atar-Gull, la Salamandre, etc., etc.), romans et nouvelles de mœurs et de société (Arthur, Cécile, etc., etc.), romans historiques enfin (Latréaumont, Jean Cavalier). […] Sue pour les futurs romans de mœurs qu’il produira. […] L’exacte bordure du paysage est bien essentielle dans ce genre de romans. […] Sue plusieurs romans, et notamment Arthur. […] Le roman suit, comme il peut, le titre, et s’y conforme bon gré mal gré.

42. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

va peut-être les tuer… Alphonse Lemerre n’a rien négligé pourtant pour éterniser la popularité de ces deux romans d’une popularité vieillie. […] Ses romans furent probablement l’unique préoccupation de sa vie. […] La couleur locale, de nécessité dans le roman comme dans la vie elle-même, n’était pas encore inventée. […] — ce fut surtout le genre même du roman auquel on donnait pour théâtre l’Espagne, de ce roman qui s’appelle le roman « d’aventures », et auquel on pourrait donner pour théâtre tous les pays, parce que son infériorité est au niveau de l’esprit de tous les pays ! […] Le Sage a pondu le roman feuilleton.

43. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Le roman, en premier lieu, — ce qui jadis avait été le roman héroïque, le roman en douze tomes, le roman de Gomberville, de La Calprenède et de Mlle de Scudéri, — sans cesser d’être le roman d’amour, métaphysique et galant, s’était insensiblement réduit, comme de lui-même, aux proportions de ce que nous appellerions aujourd’hui la nouvelle. […] Par exemple, le roman de Le Sage est un roman où l’on mange, où l’on sait ce que l’on mange, où même on aime à le savoir. […] La lecture de ce petit roman, encore aujourd’hui, n’est pas désagréable. […] Le roman historique existait, puisque, comme nous l’avons fait voir à propos de Gil Blas, le roman de mœurs en était lui-même sorti. Les romans de Courtilz de Sandras, et ceux de Mlle de La Force, et quelques-uns de ceux de Mme d’Aulnoy sont des romans historiques.

44. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il en est de même du roman naturaliste. […] Je ne la vois pas couler, je ne la devine pas même dans le roman naturaliste. […] Cette race, toute portée à l’action, se représente le roman comme une biographie. […] Et ainsi le roman anglais est un roman plus que le nôtre près du peuple, plus conforme au cours même de la vie et mieux en harmonie avec l’esprit des simples. […] La crise du roman est due, en partie, à l’erreur où nous sommes tombés, en prenant le roman pour une simple distraction et un amusement de lettrés.

45. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Elle écrit des romans qui se lisent et qui ont du succès. […] Ses romans vertueux, car elle les veut vertueux, s’adressant à une société qui ne prend plus la vertu à sa seule source, qui est la religion, la morale de ses romans n’est plus que celle des gens bien élevés et qui se lavent les mains à la pâte d’amandes… C’est de l’honneur humain et de l’élégance. […] Ses romans n’ont pas de profondeur, mais ils ont de l’élévation. […] Les combinaisons de ce roman, comme toutes les combinaisons des romans de Mme Gréville sont assez minces. […] Le roman s’ouvre par un punch d’officiers, qui est une merveille d’entrain et d’entrain d’officiers !

46. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

En moins de deux ans (de 1876 à 1877), elle a rudement attesté sa virilité littéraire par six volumes de romans, et l’éditeur Plon en annonce encore !! […] Ses romans, à elle, ont fait moins de bruit que les romans de Mme Henry Gréville ; mais elle n’en inonde pas moins les cabinets de lecture. […] Il y a en lui, à travers toutes les rengaines du roman de son temps, je ne sais quelle invention… abracadabrante (on cherche un mot et on ne le trouve pas !) […] C’est qu’en fin de compte, tous ces petits romans de Mme de Chandeneux et jusqu’à Une faiblesse de Minerve, qui a l’ambition d’être un roman de passion et qui se développe et se meut dans une autre atmosphère, sont des romans comme les piécettes qu’on joue au Gymnase sont des pièces de théâtre. […] Rien de ces romans n’est dans la passion sincère, dans la vérité du caractère et des mœurs.

47. (1879) À propos de « l’Assommoir »

— C’est le roman de Nana qui va paraître. […] Zola l’autorisation de tirer une pièce de son roman. […] Pour le roman de M.  […] Émile Zola, et se retrouve dans tous ses romans. […] J’ai peu hanté les romans de M. 

48. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le sujet du roman de Jack est prosaïque, commun, oui ! […] Cela avait déjà été mis bien des fois dans des romans et au théâtre. […] Tel est le défaut de la cuirasse de ce roman : le sans intérêt ! […] Il l’a même appelé : Roman parisien. […] Sujet énorme d’un roman oublié par Balzac.

49. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

… Je pense que Hugo et les autres ont fait reculer le roman, le véritable roman, le roman de Rétif de la Bretonne, oui ! […] Le primitif roman d’aventures est devenu roman de sentiment, puis roman de caractères, enfin roman de mœurs et de milieux. […] Cinq des romans de MM. de Goncourt, sur six, sont des romans parisiens. […] Il y a les beaux romans et les méchants : il n’y a pas les romans bien composés et les romans mal composés. […] Jamais roman n’eut tant de trous.

50. (1887) George Sand

Peu à peu le système tue le roman. […] Il restait un roman berrichon de la tête aux pieds. […] Ainsi le veut l’esthétique du roman. […] Elle s’est fort amendée dans les derniers romans. […] Il n’était pas aisé de l’attirer sur le roman, même sur ses romans à elle.

51. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls (lui répondra-t-on par un autre roman encore ? […] Dans le roman de Mme Sand, le criminel de cœur, l’infâme et le fou, c’est l’amant. […] Ce Palmer, sans qui, du reste, le roman ne finirait point, apporte, pour le terminer, un enfant enlevé à Thérèse et qu’elle avait eu d’un indigne mari avant que l’indigne amant lui eût succédé. […] Paul de Musset n’a pas cru, lui, qu’il le fût… et il a opposé roman à roman, titre à titre ; et ce n’est pas tout, à la fin du sien, qui est très-net, très-aiguisé, très-ajusté à la poitrine et dans lequel il ne dit pas de son Olympe ce que Mme Sand dit de son Laurent : « Il avait le cœur admirablement bon », M.  […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de M. de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du dix-septième siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes.

52. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Définir ce charme des premiers romans de M.  […] Octave Feuillet ont ceci de remarquable que ce sont des romans éminemment romanesques. […] Or, on pourrait presque dire que cette évolution du roman a été non avenue pour M.  […] Ses romans sont, par excellence, des romans ; ils répondent pleinement à l’idée que ce mot éveillait jadis dans les esprits, et c’est peut-être là leur meilleure originalité. […] Les romans de M. 

53. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Voilà tout le roman ! […] Victor Hugo respire de nouveau dans le roman de M.  […] … Il n’y a pas dans le roman de M.  […] … Son roman donne une idée du vertigo de l’hippogriffe qu’il monte et qui l’emporte. […] De là les grands défauts d’un roman qui veut être une étude de la société d’il y a quelques années.

54. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Quant aux cantharides que Lord Byron voyait dans la crème fouettée d’un célèbre roman de Lewis, il n’y en a point, quoi qu’on en ait dit, dans les romans de Μ.  […] Houssaye et sans le trouver, le trouverai-je dans le roman de MΜ.  […] Je les trouve absolument contraires au but que l’Art doit atteindre dans un roman. […] L’un est le roman et l’autre est la chronique. […] Conte ou chronique, histoire ou roman (et le roman, c’est de l’histoire encore), ont, l’un et l’autre, pour visée d’exprimer la réalité, et ici c’est la réalité contemporaine.

55. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Il est vrai que Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls lui répondra-t-on par un autre roman encore ? […] Dans le roman de madame Sand, le criminel de cœur, l’infâme et le fou, c’est l’amant. […] Ce Palmer, sans qui, du reste, le roman ne finirait point, apporte, pour le terminer, un enfant enlevé à Thérèse et qu’elle avait eu d’un indigne mari avant que l’indigne amant lui eût succédé. […] Paul de Musset n’a pas cru, lui, qu’il le fût… et il a opposé roman à roman, titre à titre. […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de Paul de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du xviie  siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes.

56. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

On peut regretter qu’il ait, comme les camarades, confondu roman moderne et roman mondain. Le roman mondain est le plus facile, parce qu’il simplifie. […] Kahn analyse avec humour le roman d’Anatole France, et, après quelques pichenettes, conclut, c’est le meilleur de l’auteur et vraiment un joli roman. […] Il aime le roman fantaisiste et les dévergondages épisodiques. […] France n’a pas voulu cette fois écrire le roman de la jalousie.

57. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

, roman contemporain (1890). — Pierre le Véridique, roman (1890). — La Princesse nue, nouvelles (1890). — La Femme enfant, roman contemporain (1891). — Les Petites Fées en l’air, contes (1891). — Pour dire devant le monde, monologues et poésies (1891). — Jeunes filles, réédition (1892). — Les Poésies de Catulle Mendès, trois volumes (1892). — La Messe rose, contes (1892). — Lieds de France (1899). — Luscignole, roman (1892). — Les Joyeuses Commères de Paris, scènes de la vie moderne, avec G.  […] Il est poète et toujours poète, et quand il écrit des romans, c’est Apollon chez Balzac. […] Le roman romanesque où se plaît M.  […] Le roman de M.  […] Ce n’est point que des beautés ne se trouvent éparses dans les premiers romans de Mendès.

58. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Zola, le bouc du troupeau littéraire qui s’en va broutant, dans le roman, le serpolet des réalités les plus basses. […] Huysmans — et les héros des romans que nous écrivons sont toujours un peu nous-mêmes — est un malade comme tous les héros de roman de cette époque malade. […] La passion, qui fait les romans, troublait cet équilibre et aliénait la liberté de l’homme, mais elle ne la supprimait pas. […] Huysmans a écrit l’histoire) est soumis, dans toute la durée du roman, à cette fatalité terrible des nerfs, plus forts que la volonté et ses maîtres. […] Il est, dans son roman, plus Byzantin que Byzance même.

59. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Un tel roman peut exister, & il existe dans Gil Blas. […] Une héroïne ne brille, dans un roman, que par le contraste de vingt femmes prostituées. […] Que de vérité, s’écrie t on, dans leurs romans ! […] On vante surtout, parmi les romans Anglois, ceux de Richardson, pour leur morale épurée. […] Mais c’est trop parler des romans.

60. (1864) Le roman contemporain

Nos romans seuls l’étaient moins. […] C’est sur un roman qu’elle juge, condamne l’Église, et ce roman, elle en est l’auteur. […] About s’entend mal à dénouer les romans. […] L’ancien roman calomniait la société, le roman tel que l’a conçu M.  […] Il a présenté dans le Roman d’un jeune homme pauvre un roman de chevalerie.

61. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Ses romans, à elle, ont une prétention plus haute. […] Ce roman du Divorce, un de plus soignés de Mme André Léo, — esthétiquement — n’existe pas. […] Chose à noter, dans les romans écrits par des femmes ! […] Mais c’est que le roman porte, bien plus loin que le Traité, l’idée qu’on veut populariser, et c’est là de l’utilité encore. […] Tous ses romans pourraient s’appeler Bucolique et Zoologie !

62. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Avant Balzac, en France, — car en Europe Walter Scott a précédé Balzac, — on ne connaissait que le roman individuel. On faisait son roman sur un homme ou une femme, et c’était tout. […] D’individuel, le roman fut social. […] Je vais la traiter comme si elle était un roman de l’ordre mince ou de l’ordre profond. […] Et cela est même, selon moi, le sens et l’idée du roman.

63. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Le plus agaçant des romans naturalistes, le plus précieux dans le grossier, est moins odieux que tel roman de mœurs mondaines. […] Or ce rêve est réalisé, du moins en partie, par les héros des romans mondains. […] Mais, encore que l’idée de la vanité universelle soit un grand soulagement, nous préférons quand même aux romans de la vie élégante les romans de la vie plate, misérable et grossière — parce qu’ils nous emplissent d’une infinie pitié. […] Un héros de roman ferait le généreux, délierait la jeune fille. […] Il n’y a aucune émotion dans ses romans.

64. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Je me suis souvent étonné, en constatant le chiffre d’éditions atteint par le Roman comique de Scarron, de n’en trouver que trois du Roman bourgeois. […] Le roman de Scarron, chef-d’œuvre de verve imaginative, d’invention et de fantaisie, appartient excellemment à l’ordre des récits d’intrigues et d’aventures ; c’est un roman romanesque, admirable assurément. Le roman de Furetière, peinture aussi exacte que vive des habitudes et des travers de toute une classe de la société, est un tableau ; c’est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. […] Peindre, telle est l’intention fondamentale du roman de Furetière, et peindre en caricature. […] Ainsi que plusieurs autres romans de la même époque, entre autres le Roman comique, le Roman bourgeois ne finit point, ou, du moins, il n’est pas complet.

65. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

La satire et la parodie dans les romans de Renart. […] Le Roman de Renart. […] De quels éléments s’est formé le roman de Renart ? […] Au reste, jongleur ou légat, prêtre ou baron, notre roman n’en veut à personne, s’il se moque de tout le monde. […] Édition : Ernst Marlin, Strasbourg et Paris, 3 vol. in-8, 1881-87. — À consulter : Ernst Martin, Observations sur le roman de Renart, Paris, 1887 ; Sudre, les Sources du roman de Renart, Paris, 1893, in-8.

66. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Chateaubriand prisait ce roman […] Les romans psychologiques, qui prenaient pour modèle le puissant et original roman de Godwin, Caleb Williams, qui fut transporté sur la scène, et les romans sentimentaux, mis en vogue par Werther, commencèrent à pulluler. […] L’invasion des romans allemands succédait à celle des romans anglais : on traduisait et imitait les productions larmoyantes, fades et ennuyeuses d’outre-Rhin. […] Quel lecteur a pu aller jusqu’au bout du roman ? […] Les romans à thèse étaient à l’ordre du jour.

67. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

À côté d’elle, un autre monde épique : le roman chevaleresque, le roman antique. […] On a dit (dans une intention de critique) que l’Émile est le roman de l’éducation, comme le Contrat social est le roman de la société humaine ; romans ? […] Ainsi dans le roman. […] Lavedan dialogue ses romans, puis il passe au théâtre ; Gyp en reste au roman dialogué (mais est-ce bien encore de la littérature ?)  […] (Zeitschrift für roman.

68. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Le roman de Delphine venait de paraître, et soulevait bien des questions et des querelles. […] Le premier roman qu’on a d’elle, et qui date de ce temps, porte également témoignage de ses opinions et de ses couleurs. Laure d’Estell, publiée en l’an X (1802) par Madame ***, en trois volumes, n’est pas un bon roman, mais il y a déjà des parties assez distinguées. […] Il y a, je le répète, beaucoup d’art et de nuance dans cette seconde partie du roman. […] Les romans de Mme de Souza (pour prendre un type très distingué) ont été sinon écrits, du moins rêvés sous Louis XVI.

69. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Le Roman est une symphonie. […] Il aurait pu ajouter de l’art du roman. […] Il en est du roman comme des fresques. […] Ces romans sont déjà plus vivants. […] Émile Zola d’une autre sorte de roman, le roman sociologique.

70. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

En transformant dans ses romans les personnages de sa connaissance en héros et en princes, Mlle de Scudéry croyait ne pas sortir de sa maison. […] Parler aujourd’hui des romans de Mlle de Scudéry et les analyser, serait impossible sans la calomnier, tant cela paraîtrait ridicule. […] Pour bien apprécier ses romans comme tels, il faudrait remonter aux modèles qu’elle s’est proposés et faire l’histoire de toute une branche. […] Mais comment, dira-t-on, de tels romans eurent-ils tant de vogue et de débit ? […] Ses romans ont obtenu une vogue qui marque une date précise dans l’histoire des mœurs et dans l’éducation de la société.

71. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Lawrence32 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du Roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme Bulwer, par exemple, ont depuis longtemps abandonné. […] malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou À outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham. […] Quelle différence entre Guy Livingstone et les autres romans contemporains, et surtout ceux-là (il faut le dire) qui se publient dans notre pays ! […] aussi bien dans les peintures que sait oser une imagination si sauvagement amoureuse de l’énergie que dans la conception des autres personnages de ce roman, de si grande proportion humaine, et qui mêlent leur destinée à celle de Guy Livingstone. […] Heureuse mise en scène du roman !

72. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Du roman, c’est la Vierge sage. […] Sandeau, que nous avons vainement cherchée dans le nouveau roman qu’il publie. […] La moitié du roman de M.  […] Dans le roman de M.  […] C’est ici, à proprement parler, que commence le roman de M. 

73. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Rien donc d’étonnant à cette précipitation des esprits vers le roman, cette forme actuellement populaire de la pensée littéraire du dix-neuvième siècle, mais rien d’étonnant non plus à son avilissement par sa popularité… Il en arrivera du roman (et dans un avenir très-prochain) ce qui est arrivé de la tragédie. La tragédie a eu ses jours d’empire et même de despotisme, comme le roman de notre temps. Autrefois, tout ce qui se croyait une destinée littéraire dans le cerveau faisait sa tragédie, identiquement comme aujourd’hui on fait son roman ou son volume de contes, car le conte, c’est le roman en raccourci… Malheureusement, les popularités ne sont jamais bien longues, et l’amour des foules est mortel. […] Et il en sera de même du roman, si le train qu’on mène continue. Nous en sommes présentement, en matière de romans et de contes, et si près du grand Balzac encore, aux Luce de Lancival et aux Carion de Nisas.

74. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Lawrence36 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme M.  […] En effet, impossible de s’y méprendre : malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou A Outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham. […] Bernard Derosne a fait aussi précéder la traduction du roman dandy de M.  […] Quelle différence entre Guy Livingstone et les autres romans contemporains, et surtout ceux-là (il faut le dire) qui se publient dans notre pays ! […] Heureuse mise en scène du roman !

75. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Nous avons été peu payé, avouons-le, de notre indiscrète recherche, en parcourant ces volumes de M. de Viellerglé, que le Miroir du temps rapprochait, quant au choix des sujets, des romans de Pigault et de Rétif, et que le libraire Pigoreau classait parmi les romans gais en opposition aux romans noirs, aux histoires de brigands et de fantômes. […] L’auteur a jugé ce roman digne d’être revu et reconnu, et il ouvre sa carrière ostensible à dater de là. […] La Peau de Chagrin, publiée en 1831, ouvre la nouvelle et la véritable série des romans de M. de Balzac. […]  » Ce dernier roman venait de paraître. […] Rien ne nuit plus à la curiosité qui naît du nouveau et à ce charme de l’imprévu qui fait l’attrait du roman.

76. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Le roman, à certaines époques, les a dépeints complaisamment. […] Pleurons donc les romans royaux. […] Voyez les auteurs qui font les grands romans pour petits journaux. […] Car l’emploi d’un langage inférieur ne peut que diminuer l’intérêt d’un roman. […] Et l’on peut dire que, dans ses traits essentiels, un roman est l’œuvre d’un instant.

77. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Roman, tome II, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1904, p.  […] Un roman, selon lui, naît, d’une façon en quelque sorte nécessaire, avec tous ses chapitres ; un drame naît avec toutes ses scènes. […] Votre roman est phtisique ? votre roman n’est pas viable ? […] Il eût trouvé plus court de faire un nouveau roman.

78. (1876) Romanciers contemporains

Un autre maître dans le roman, M.  […] Marmier a écrit, et c’est ainsi qu’il a créé un genre de roman qui lui est propre, le roman cosmopolite. […] Le roman est œuvre d’art. […] Le roman, quoi que fasse M.  […] Il en est du roman comme du théâtre.

79. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

L’amour a été jusqu’à présent le sujet de ces sortes de romans. […] Quand les mœurs de ces premières classes sont bonnes, elles conservent l’amour, et l’amour inspire les romans. […] Il y a des longueurs dans les romans des Anglais, comme dans tous leurs écrits ; mais ces romans sont faits pour être lus par les hommes qui ont adopté le genre de vie qui y est peint, à la campagne, en famille, au milieu du loisir des occupations régulières et des affections domestiques. […] Tom-Jones ne peut être considéré seulement comme un roman. […] Tous les autres romans français que nous aimons, nous les devons à l’imitation des Anglais.

80. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Pour écrire de pareils romans, l’intelligence suffit quand elle est robuste. […] La Madame Bovary du roman manque du sentiment maternel, et c’est un des caractères de son type. […] Ce n’est pas un roman, comme nous en faisons toujours dans la première partie de notre vie, car le roman étant le plus souvent de l’observation personnelle appliquée aux choses de sentiment, nous voulons tous avoir plus ou moins l’expérience des choses du cœur. Que de gens pour qui le roman qu’ils écrivent n’est qu’une confidence à la troisième personne ! […] Et elle ne s’en relèvera plus, parce qu’il faut que le roman finisse, car les femmes comme madame Bovary ne s’arrêtent pas à un second amour.

81. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

… Voilà le défaut de son livre, et il faut bien le lui dire, puisqu’elle se destine au roman. […] Elle a projeté de faire, avant tout, un roman sentimental. […] Et c’est même la femme comme il faut qui confisque l’artiste quelquefois en elle (comme, par exemple, dans ce roman de l’Orpheline). […] Et voilà du reste son roman, son roman véritable, qui n’est pas l’Orpheline, mais l’adultère interrompu, mais la brebis perdue qui d’elle-même, et avec une énergie et une volonté que n’ont pas d’ordinaire ces brebis de femmes, rentre courageusement au bercail ! […] Mais derrière le mariage il y a l’adultère, — l’adultère, cette idée commune à tous les romans de ce temps qui n’a cherché qu’à le poétiser !

82. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Le roman ne recule pas devant la logique. […] Le roman lui-même va nous le dire en termes non équivoques. […] Le roman met-il en scène un honnête homme et un fripon ? […] On se souvient du roman de M.  […] De ce roman l’auteur a fait un drame, drame plus mauvais encore au point de vue moral que le roman.

83. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Les lecteurs de poètes ne sont pas très différents des lecteurs de romans idéalistes ; il y a pourtant quelque distinction à faire. […] Il y a entre les poètes et les lecteurs de poètes une franc-maçonnerie qui n’existe pas entre les romanciers et les lecteurs de romans. […] Aussi le lecteur de romans idéalistes n’est pas dédaigneux à l’ordinaire, mais le lecteur des poètes l’est presque toujours. […] Il est rare qu’un lecteur de romans idéalistes écrive lui-même des romans ; il est rare, au contraire, que le lecteur de poètes ne fasse pas des vers lui-même. […] C’est quelquefois et même assez souvent un homme à penchants romanesques qui fait sa lecture ordinaire des romans réalistes, et ici l’on pourrait citer Flaubert lui-même, qui, romanesque et romantique éperdument, se corrigeait et rectifiait lui-même non seulement en lisant des romans réalistes, mais en en faisant.

84. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Emile Zola publiera un roman de sept cents pages intitulé la Terre. […] Le roman de M.  […] On sait que l’auteur des Batailles de la vie écrit alternativement un roman de passion et un roman d’« études sociales ». […] On sait bien qu’il y aura dans son prochain roman un mélange astucieux d’observation aiguë (l’observation aiguë, vous savez ? […] Cela commence avec la largeur d’un roman de Zola.

85. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Les deux romans ont en outre cela de commun, d’obéir à une tendance philosophique, de viser à une moralité analogue, plus explicite et tout en dehors chez Mme de Staël, plus sous-entendue et laissée à la sagacité du lecteur dans Indiana ; les divagations métaphysiques à la mode, du temps de Mme de Staël, et dont elle ne s’est pas fait faute dans Delphine, sont remplacées de préférence, dans le roman de 1832, par les hors d’œuvre pittoresques, les descriptions d’intérieur et de boiseries de salon, si à la mode aujourd’hui, et auxquelles l’auteur d’Indiana s’est laissé quelquefois aller un peu complaisamment, mais qui sont après tout assez de mise dans le roman domestique. […] Il faut voir, dès la première scène du roman, ces trois personnes, ce petit monde, sans oublier le beau chien griffon Ophélia, par une pluvieuse soirée d’automne, dans le vaste salon du castel de Lagny. […] le roman va commencer. […] Cette situation difficile est admirablement ménagée et déduite dans le roman ; dès le début, le drame est à son comble. […] Tout va bien jusqu’à la moitié et même jusqu’aux trois quarts du roman.

86. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau nous tend un livre d’archéologie ; de l’autre, un roman. […] Le premier roman de M.  […] l’écueil du roman, et je dirai plus, du talent de M.  […] Feydeau avait dix romans dans la tête. […] Seulement, avec ces dix romans de l’avenir, je ne crois point, sauf erreur, que M. 

87. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Sa Madame André est un roman ; et pour tous ceux qui connaissent et pratiquent M. Richepin, ce roman sera une surprise. […] Il y a une héroïne, ou plutôt, c’est madame André qui est le héros dans ce roman, qui, d’ailleurs, s’appelle Madame André. […] Richepin, à l’humilité devant elles d’un homme qui sait se tenir debout, d’un homme qui a le sexe d’Hercule, et qui fait de sa massue la quenouille de ce roman filé ? […] … Les qualités qui manquent le plus dans ce roman, c’est l’attendrissement et le rire.

88. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Tandis que nous ne trouvons plus même cet effort en ces trois volumes publiés à la fois, et qui ne sont, du reste, que le même roman en trois parties distinctes. […] Dans un roman qui devrait être, comme tout roman, une profonde ou riche étude du cœur humain, il nous a donné beaucoup de cabotinisme, suffisamment de Bade, beaucoup de Pologne, un peu de Californie, et, pour terminer la chose, une brûlure de danseuse en plein théâtre. […] C’est, en effet, cette exactitude, pour laquelle on oublie trop la manière dépeindre, que je trouve, dans les nouveaux romans de Feydeau, mise à la place de la peinture. […] Et il n’y a pas plus d’invention non plus dans les autres personnages importants de ce ou de ces romans ! L’impresario Giskel est cet éternel vieillard qui aime, et qui également fait pleurer ou rire, selon qu’on le trouve dans un roman ou dans une comédie.

89. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

L’auteur de ce roman a longtemps vécu en Italie et y a beaucoup aimé le séjour de Rome, l’impression majestueuse et sévère des ruines, le profil encore conservé des caractères antiques sous la frivolité des mœurs et l’épicuréisme des sentiments. […] Par malheur, dans le roman, tel que l’a écrit l’auteur, la place manque aux développements. […] En se rapprochant de l’antique et jusqu’à un certain point de la statuaire, ce genre de roman, un peu froid peut-être, appelle tout le soin de l’artiste, toute sa méditation lente au dedans, toute sa correction au dehors. […] Et puis, dans toute espèce de roman, même le plus élevé, le plus sérieux, le plus digne, n’y a-t-il pas lieu, par instante aussi rares qu’on voudra, mais quelquefois enfin, à s’asseoir, à s’oublier, à s’épanouir ? […] Sainte-Beuve salua d’un court et aimable article le roman de Sextus dans la Revue des deux Mondes, Voici cet article, qui n’a jamais été recueilli.

90. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Taine et des romans de M.  […] Car, si les romans de M.  […] Maeterlinck ou des romans de M.  […] « Le roman romanesque ! […] Passe encore dans ses romans !

91. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

ou tenir le roman pour un art, à qui reconnaît l’art des peintres ? […] Il y a la poésie et le roman : il y a encore la poésie descriptive et la poésie musicale ; le roman naturaliste, le roman psychologique, le roman dit idéaliste ou de pure fantaisie. […] Des romans, et purement rationnels. […] En revanche, nos artistes ont perfectionné la forme du roman, l’ont bellement préparé à devenir ce roman attendu. […] Une réforme pareille a été tentée naguère, dans un roman : Sor.

92. (1922) Gustave Flaubert

Dans toute confession, il y a du roman. […] Elle éclate dans ses premiers romans personnels. […] Le roman de Flaubert n’est pas une « comédie humaine », comme l’est souvent celui de Balzac, mais du roman pur. […] Le roman de la fatalité, et pourtant le roman de la vie, et le roman de l’amour. […] Roman de l’amour sensuel comme Manon Lescaut, roman du romanesque comme Don Quichotte, Madame Bovary est par surcroît le roman de la destinée comme Candide.

93. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Je viens de relire la plupart de ses romans. […] Il avait pour ce commencement de roman un exemple précis, m’assure-t-on, dans quelqu’un de sa connaissance, et, tant qu’il s’y est tenu d’assez près, il a pu paraître vrai. […] Dans les nouvelles ou romans qui ont des sujets italiens, il a mieux réussi. […] Le roman est moins un roman que des mémoires sur la vie de Fabrice et de sa tante, Mme de Pietranera, devenue duchesse de Sanseverina. […] En critiquant ainsi avec quelque franchise les romans de Beyle, je suis loin de le blâmer de les avoir écrits.

94. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Le grand avantage du roman est précisément d’avoir échappé jusqu’ici à toute théorie, à toute règle. […] La Nouvelle Héloïse et Delphine sont des branches légitimes du roman. […] En un mot, j’admets tous les genres en fait de roman, et je ne m’inquiète que de la manière dont ils sont traités. […] Thèse contre thèse, théologie contre théologie, et tout cela en roman ; c’est un peu rude. […] — Le roman de Mademoiselle La Quintinie était en cours de publication.

95. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Cela le mène tout doucement à ses grands romans parisiens. […] Et ne vous sentez-vous pas à cent lieues de la convention du mélodrame ou même du roman proprement dit ? […] Renan, qui n’aime pas les romans, dit un peu partout, et particulièrement dans sa Seconde lettre à M.  […] Ces romans nous troublent, nous secouent, nous oppressent par la sensation des fatalités cruelles ; ils nous attendrissent rarement. […] Je reprendrai plus tard en la remaniant l’étude que j’ai eu l’occasion d’écrire sur ses romans : j’attendrai pour cela l’apparition du premier roman que M. 

96. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

De nos jours mêmes, Jean Moréas, le chef de l’École romane, a nommé Silves un de ses recueils. […] C’est là malheureusement un travers assez fréquent chez les écrivains qui aiment à compliquer l’histoire d’un peu de roman. […] On s’était contenté, à l’origine, d’intituler les romans du nom du héros principal. […] Dans le théâtre romantique, il en fut de même que dans le roman. […] Dans cette série de romans qu’il intitule la Décadence latine, éthopée, le Sâr Péladan eut aussi de ces trouvailles rares.

97. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

la civilisation ronge davantage, voilà les parentés intellectuelles de l’auteur de Miréio, le poète, et du moraliste qui a écrit le roman qui s’appelle : — Le Marquis des Saffras ! […] Les paysans dont le beau roman de M. de La Madelène fait l’histoire sont, nous l’avons dit déjà, ces robustes et lestes paysans du Midi, bruyants, extérieurs, ivres de leur force, têtes de poudre et de foudre, capables de tout dans un moment donné, et dont la gaieté est une turbulence encore. […] Cette maison d’Espérit est en effet tout Espérit, qui est lui-même tout le roman. […] Dès les premières pages de ce roman, qui marche toujours et ne s’arrête qu’à la dernière, le développement du caractère d’Espérit et celui des faits et des épisodes sont congénères. […] Il fait mouvoir les foules que Shakespeare, plus heureux, pouvait mettre à la scène, et qu’il ne peut, lui, faire mouvoir que dans des romans.

98. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Maître de sa technique dès En ménage, il ne s’est pas complu dans la réédition, sous des noms variés, des romans déjà connus, ni même des romans déjà envisagés comme possibles. […] Et nous eussions lamenté s’il eût adopté pour un roman chrétien le style cireux de la rue Saint-Sulpice. Ici, détail : dans ce curieux roman de conversion on cherche si l’auteur s’est peint lui-même. […] Huysmans recommençant le roman d’autrefois, le petit roman d’adultère à trois francs cinquante. […] Est-il bon que le roman appuie nos polémiques esthétiques ?

99. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Tel est pourtant le personnage principal autour duquel le roman va tourner, emportant deux mondes, l’Europe et l’Asie ; car une partie de l’action se passe aux Indes. […] On l’a dit avec vérité : le roman est l’épopée moderne. Que cela plaise ou non aux esprits incapables d’en produire un seul, le roman est le livre des sociétés qui périssent en proie aux extrêmes civilisations. Mais, justement à cause de cette destinée, justement à cause du grand nombre de romans que nous avons déjà, et qui chaque jour vont se multipliant davantage, la forme du roman, sur laquelle on se blase, devient d’une prodigieuse difficulté. […] Avant de mourir, il donne son manuscrit à lire à sa sœur, et ce manuscrit, c’est sa vie, ses amours, son séjour aux Indes, c’est le roman enfin.

100. (1881) Le roman expérimental

Le roman expérimental est au bout. […] Le roman naturaliste est là. […] Le théâtre n’est pas le roman. […] Tous vont vers le roman. […] Avec le roman naturaliste, le roman d’observation et d’analyse, les conditions changent aussitôt.

101. (1924) Critiques et romanciers

Il est réaliste dans ses romans d’histoire. […] Il écrit ses mémoires, qui sont un roman de M.  […] Toujours est-il que les romans de M.  […] Dans le roman de M.  […] Gustave Geffroy, sans le vouloir, et contre son gré même, a écrit un roman, j’allais dire, un roman romanesque.

102. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il fait du roman pittoresque. Il ne fait pas du roman descriptif. […] C’est trop un roman d’automne. […] J’accepte, si l’on veut, cette division des romans en romans de printemps, d’été, d’automne et d’hiver. […] Roman d’automne ?

103. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

On retourne en drame ce qu’on avait d’abord tourné en roman. Épargne d’un sujet pour les têtes stériles, et, grâce à la publicité sans pareille du théâtre, pour le malheureux roman, qui pourrissait silencieusement dans le cimetière d’une boutique d’éditeur, écus et brouhaha… Tout profit ! […] de dessous le nom de son père, que par sa fameuse Dame aux camélias, qui, roman, ne l’avait pas tiré de dessous ce nom écrasant, mais qui, drame, un soir, l’en tira. […] Le poète dramatique qui devait au moins se montrer, se prouver, dans ce roman sans valeur de roman, ne s’est point attesté dans son œuvre. […] Ce n’est pas romancier non plus… quoiqu’il s’efforce au roman.

104. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il en fît un roman. […] Donc le roman est bon. […] Il sera le roman romanesque, le vrai roman romanesque. […] Ceci c’est le roman conventionnel, c’est le roman romanceux, c’est, pour parler plus simple, le roman suranné ; ce n’est pas le roman romanesque. […] En un mot, le roman psychologique c’est le roman romanesque qui est bien fait.

105. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

… Si ces lettres d’amour n’étaient qu’un roman, un roman d’un effet calculé dans le mystère dont on l’entoure et qui ne serait qu’une ruse de plus pour percer dans la publicité ? […] Eh bien, malgré ce que je viens d’écrire là, si les lettres de Réa Delcroix ne sont qu’un roman, il faut bien le dire : elles sont un roman de génie, tant elles paraissent une vérité ! […] L’émotion est toujours plus forte que l’esprit en elles, et c’est là même ce qui fait douter du roman. […] — je ne connais que dans ce roman des lettres d’une beauté d’éloquence et de couleur comparables à celles de ces lettres de Réa Delcroix. […] lisez plutôt ces lettres, ce roman fini dans un tour d’année.

106. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Une histoire d’abord, et un roman ensuite. […] Dans son roman de La Papesse Jeanne, c’est un goguenard qui, à coup sûr, n’est pas d’Athènes ! […] Selon Emmanuel Rhoïdis, la chose à lire de son livre, c’est le roman, et cela n’est vrai ni dans sa pensée ni hors de sa pensée. […] Le roman n’est que de la fantaisie libre, voluptueuse ou plaisante. […] L’oie n’a pas une tête inventive, et il y a peu d’invention dans le roman de Rhoïdis.

107. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Le roman, dans son action même, commençait très bien. […] Mais si la comtesse Alice ne l’est pas, le reste du roman l’est trop. […] Albéric Second, qui me fait l’effet d’être un très habile constructeur de romans, quant aux faits qu’il ramène très bien à ses fins, Albéric Second, qui a peut-être dans l’esprit, sans qu’il en ait conscience, ses Trois Mousquetaires, s’amuse et s’attarde, au lieu d’attaquer quelque long sujet de récit, à un roman de chronique, fait avec des événements de chronique, et il est si naturellement et si habituellement chroniqueur qu’il n’écrit même pas en italique, dans son roman, une foule de locutions qu’on ne comprendra peut-être que dans dix ans, à cent cinquante lieues de Paris. […] — je dirais que j’ai commencé aussi, dans l’ordre du roman, par une chronique parisienne. […] en Angleterre, où il y a aussi des littératures restreintes à côté de la grande littérature, vous avez vu ce qu’est devenu le roman de high life qui eut, au commencement du siècle, un tel succès, que Pelham commença la fortune politique de Bulwer… Rien n’est resté de ce genre de roman.

108. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

C’est le roman qui va l’aider à les développer. […] Ce que le mouvement même de la vie nous dérobe, nous ne lisons ses romans que pour l’y découvrir. […] Brunetière, Le Roman naturaliste). […] La Petite Comtesse, 1856, et Le Roman d’un jeune homme pauvre, 1858]. […] , « Les romans de M. 

109. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Cette seule nouvelle, qui a presque les dimensions du roman, suffirait à poser au complet le talent de M. de Bernard. […] C’est ce que tout le monde ira chercher au plus vite dans l’intéressant roman, si l’on suit notre conseil. […] A ce moment, le roman change de ton ; le terrible commence et les catastrophes se précipitent. […] Je sais qu’un roman est toujours un roman ; mais pourquoi en avertir ? […] Le roman, si élastique qu’on le fasse, demande quelque distance et quelque horizon.

110. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Mais est-ce bien du roman qu’on peut dire pareille chose ? […] Qu’on me laisse un moment parler de ce roman ancien, le seul ou presque le seul que nous ait légué la littérature latine (car le livre de Pétrone n’est pas un roman proprement dit), qu’on m’en laisse parler comme je le ferais de tel ou tel de nos romans modernes. : il les vaut bien. […] C’est une suite de tableaux de genre que ce roman à tiroir. […] Heureux le roman, fût-il inégal, où il y a de la vérité et qu’a visité la grâce ! […] Zevort, dans l’introduction qu’il a mise en tête d’un choix, d’ailleurs fort soigné, de romans grecs traduits en français (Édition Charpentier).

111. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Le village est la scène du roman de M.  […] Voilà, en effet, le rapport intime du roman de MM. Bataille et Rasetti avec le roman de M.  […] Il y a encore d’autres ressemblances entre ces deux romans, mais elles ne sont qu’à fleur de peau, et celle-ci est profonde. […] Bataille et Rasetti, et malgré la pureté de l’adolescence des jeunes filles, je ne jetterais pas ce roman par-dessus les murs de leurs pensions.

112. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Les romans contemporains doivent ressembler à l’histoire contemporaine ; mais avec l’idéal en plus. […] Il aurait pu nous donner un roman mordant et profond, qui aurait coupé non plus dans le vif, mais dans cet énervé et ce lâche de la nature humaine qui a remplacé le vif ; mais il n’a su être ni le Tacite ni le Juvénal du roman. […] Il a des prétentions plus hautes : c’est un roman. Mais quelle qu’en soit l’exécution, la conception de ce roman est une idée fausse. […] C’est le caractère le mieux venu, le mieux suivi, le plus étudié de tout le roman.

113. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Et cependant ce roman n’a rien de ce qui distingue les ouvrages aimés et recherchés, pour l’heure, par ce gros capricieux qu’on nomme le Public. […] Certainement, ces sortes de livres ne sont pas les premiers, en fait de romans, dans l’histoire des littératures. La première place sera toujours pour les œuvres étendues et fortement combinées, pour ces romans où l’esprit bourgeois voit des longueurs, comme il en voit dans Clarisse et dans les deux premiers volumes de tout roman de Walter Scott, mais où le connaisseur sait voir, lui, des secrets d’effet merveilleux. […] est-ce cette situation, découverte cruellement par les circonstances, qui est la cause de cette rupture douloureuse, mais définitive, sur laquelle finit le roman ? […] J’ai parlé plus haut de Werther, d’Ourika, d’Édouard et d’Adolphe, à la famille desquels appartient ce genre de roman.

114. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

A-t-il mieux compris le roman psychologique et le roman d’observation sans excès ? […] Sainte-Beuve n’a donc pressenti ni la valeur du roman d’observation réaliste, ni la transformation du roman idéaliste en roman psychologique. […] La comparaison du roman de Balzac avec le roman artiste de Flaubert ne lui fait pas conjecturer la distinction radicale qui va s’opérer dans l’art d’écrire et le dédoublement esthétique qui séparera le roman d’observation du roman purement plastique. […] Romans à thèses ? […] Sand est devenu roman d’observation dans Balzac, roman réaliste chez Flaubert, pour être enfin le roman physiologique d’aujourd’hui.

115. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Ce roman nous arrivait si vite après le premier ; deux mois à peine d’intervalle ! […] À vrai dire, toute personne qui, dans sa jeunesse, a vécu d’une vie d’émotions et d’orages, et qui oserait écrire simplement ce qu’elle a éprouvé, est capable d’un roman, d’un bon roman, et d’autant meilleur que la sincérité du souvenir y sera moins altérée par des fantaisies étrangères : il ne s’agirait pour chacun que de raconter, sous une forme presque directe et avec très-peu d’arrangement, deux ou trois années détachées de ses mémoires personnels. […] Je ne sais aucun début de roman qui soit plus irrésistible et plus engageant. […] Il est à regretter qu’ayant su si bien conduire le roman à son point de maturité, l’auteur en ait développé la seconde moitié avec une précipitation qui laisse beaucoup de traces. […] On a remarqué avec raison que M. de Lansac était un homme tout d’une pièce, une utilité de roman, un chiffre commode et invariable.

116. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

C’est un roman sans une seule femme et avec tous prêtres ! […] Dès le titre, on se sent ici à soixante lieues du roman moderne et de ses mièvreries corrompues. Un roman sans femmes, en plein Paris, en pleine civilisation du xixe  siècle ! […] La scène de ce roman, — qui est presque plus un drame qu’un roman, car l’action y est extrêmement rapide et serrée dans des circonstances impérieuses et le dialogue y dévore souvent le récit, — la scène de ce drame-roman, qui n’a pour acteurs que des prêtres, est Lormière, ville épiscopale des Pyrénées. […] Je n’en connais qu’une dans son roman, celle de l’orage, justifiée, du reste, par les nécessités du récit.

117. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

La poésie avait son domaine, et le roman a maintenant le sien. […] Körting, dont les deux volumes sur l’Histoire du roman français comprennent en effet, le premier, le Roman idéaliste, et le second le Roman réaliste. […] Mais le goût public n’était pas encore au réalisme du roman picaresque. […] J’ai tâché de montrer quelle était l’importance du roman de Le Sage, non seulement dans l’histoire du roman français, mais dans celle même du roman européen. […] Ouvrons maintenant le Roman comique.

118. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le Roman de la Rose : origines de l’allégorie. […] Tout ce travail aboutit au Roman de la Rose et s’y résume. […] Roman de la Rose. […] Roman de la Rose. […] Langlois, Origines et sources du Roman de la Rose, Paris, in-8, 1891.

119. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Mais, encore une fois, je ne suis pas juge ; j’aime mieux faire comme plus d’un de mes confrères et en prendre occasion de relire le joli roman.. […] Après une simple mention faite de l’Âne de Lucius, et de Théagene et Chariclée d’Héliodore, il se contente de dire : « Le roman de Daphnis et Chloé du sophiste Longus est d’un temps plus récent encore ; Huet ne le croit guère antérieur à deux romans obscurs qu’a produits le siècle. […] Voilà pourtant la fleur des romans de l’Antiquité. » M.  […] Il y en a quelque trace dans son chef-d’œuvre ; mais aussi, pour être juste envers lui, envers cet aimable bienfaiteur de nos belles années, n’allons pas surfaire l’ancien roman : ni le surfaire, ni le sacrifier, c’est la justice. […] Voir à la page 421 de l’Histoire du Roman dans l’Antiquité, par M. 

120. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Roman : MM.  […] Les résultats sont plus positifs dans le roman. […] Melchior de Vogué (né en 1850) : le Roman russe, 1886, in-8. […] Rodenbach, Belge, le Règne du silence, en 1891 : Bruges la morte, roman, 1894. — M.  […] l’Armature. (1893), qui est en train de prendre une des premières places dans le roman contemporain.

121. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Mais la femme aussi de ce même roman, qui peint les mœurs modernes au vif, a l’originalité, non moindre, de n’être pas une adultère. […] Et non seulement la femme du roman, l’héroïne du roman, n’aime point le prêtre qui est l’être supérieur du roman, comme elle en est l’être charmant ; mais elle aime son propre mari comme une honnête femme… qu’elle n’est pas cependant ; car pour être une honnête femme, dans la santé splendide de cœur et d’esprit que ce simple mot exprime, il ne faut pas mêler à son amour les idées et les dépravations qu’une société vicieuse a fait pénétrer dans les âmes ; or, c’est ainsi que madame de Manteigney aime son mari dans ce roman. […] Cette source, qui n’est pas découverte encore quand le roman commence, a été soupçonnée d’exister par un M.  […] … J’ose revenir à cette idée, et ce sera ma conclusion : ce roman renferme surtout une œuvre de théâtre. […] Le roman gardera peut-être son analyseur, son descriptif et son peintre… Fera-t-il du théâtre ?

122. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

La liaison si longue et si inviolable qu’eut Mme de La Fayette avec M. de La Rochefoucauld fait ressembler sa vie elle-même à un roman, à un roman sage (roman toutefois), plus hors de règle que la vie de Mme de Sévigné, qui n’aime que sa fille, moins calculé et concerté que celle de Mme de Maintenon, qui ne vise qu’au sacrement avec le roi. […] Ce peu d’illusion qu’on remarque en elle, cette raison mélancolique qui fait le fond de sa vie, a passé un peu dans l’idéal de son roman même, et aussi, ce me semble, dans tous ces autres romans en quelque sorte émanés d’elle et qui sont sa postérité, dans Eugène de Rothelin, Mademoiselle de Clermont, Édouard. […] Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu’il a jamais écrit pour permettre d’hésiter. […] Fontenelle lut le roman quatre fois dans la nouveauté ; Boursault en tira une tragédie, comme à présent on en eût fait des vaudevilles. […] « M. de La Rochefoucauld, a dit l’abbé de Longuerue, a été toute sa vie fidèle aux romans.

123. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

L’auteur lui-même, dans ce précieux roman, nous enseigne comment il conçoit le roman ; et nous avons à la fois sous les yeux ce qu’il a fait et ce qu’il a voulu faire. […] Son roman est d’un homme qui n’a pas mis les pieds dans un atelier depuis quinze ans. […] Il fait presque des « romans historiques » — tout comme Walter Scott, ô honte ! […] Ce roman de l’artiste est aussi funèbre que le roman de la courtisane, de l’ouvrier ou du mineur. […] Vous trouverez les deux personnages qui sont dans presque tous les romans de M. 

124. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

M. de Balzac en est l’inventeur, et c’est là une de ses découvertes les plus réelles dans l’ordre du roman intime. […] En Hongrie, en Pologne, en Russie, les romans de M. de Balzac faisaient loi. […] Il y a trois choses à considérer dans un roman : les caractères, l’action, le style. […] La première partie de ce roman (La Cousine Bette) présente des caractères d’une grande vérité, et aussi des exagérations telles qu’en a presque inévitablement l’auteur. […] Je pourrais tracer ici l’esquisse de son futur roman, son dernier roman en projet, dont il ne parlait qu’avec flamme.

125. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Donc, en dépit des imbéciles, vous êtes le dieu du roman. […] j’ai fait vœu d’acheter — avec les tas d’or que me rapportera ce roman — une terrine de réséda. […] Adieu, cher écrivain ; que vos orangers de Nice vous consolent de mes romans ! […] J’excepte le Roman de toutes les femmes, dont je reparlerai. […] Malgré lui, vous croirez encore aux pommes appétissantes et aux romans savoureux.

126. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

» Mais il y a à dire nettement et sans broncher : « Tu es une coquine à prendre au chignon, comme les exempts du roman t’y prennent pour te jeter à la charrette ! […] Il ne fait identiquement dans sa préface que ce que l’abbé Prévost fait dans son roman. […] Poète veut dire inventeur, et, selon Dumas, l’abbé Prévost n’a pas inventé son roman. […] Pour ce qui est de la composition de son roman, — de ce roman qu’il n’a point inventé, selon Dumas, — il en a du moins inventé les invraisemblances. […] Jamais, selon moi, mystification ne fut plus grande et plus obstinée que cette gloire faite à Manon Lescaut, dans un pays où nous avons des romans de la force de ceux de Balzac !

127. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Sa vie, en effet, fut pour lui le premier de ses romans et comme la matière de tous les autres. […] Son roman, — oui, son roman, nonobstant la fille de joie et l’escroc que vous en connaissez, procède en ligne assez directe de l’Astrée, de la Clélie et de ceux de madame de La Fayette. […] Au reste, le Doyen de Killerine est peut-être de tous les romans de Prévost celui où se décèle le mieux sa manière de faire un livre. […] Nous ne signalerons, entre les productions dernières de sa prolixité, que l’Histoire d’une Grecque moderne, joli roman dont l’idée est aussi délicate qu’indéterminée. […] Walter Scott, de nos jours, n’a-t-il pas écrit ainsi, sans plus de façon, des articles d’éloges sur ses propres romans ?

128. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Le roman du temps, le roman folie, le roman usurpateur de gloire, le roman qui empêchait les duchesses habillées de sortir et d’aller au bal, la Nouvelle Héloïse est en lettres, et le roman qui clôt le siècle, le monstrueux et infernal roman de Laclos, — les Liaisons dangereuses, — l’est aussi. Je ne parle pas de Clarisse, qui est un roman de l’esprit humain, à sa meilleure place, en Angleterre. […] ; Madame de Graffigny les Lettres péruviennes (un roman !). […] Ses lettres s’ajoutent aujourd’hui au torrent de lettres qui nous vient du xviiie  siècle, et, comme les autres lettres de ce magnifique roman de Delphine, c’est le dernier soupir, ardent et pur, que cette littérature épistolaire qui allait se taire ait poussé. […] Pour mon compte, je ne connais point, dans tout le xviiie  siècle, un sentiment qui ressemble à l’amour de Madame de Sabran pour Boufflers, à cet amour malheureux qui, tout le temps de la durée de ses lettres et de sa vie, ne songe pas une seule fois à se reprendre à l’homme qui était véritablement pour elle le Destin… Les éditeurs de ces Lettres donnent à croire dans leur Notice que Madame de Sabran épousa le chevalier de Boufflers en émigration, mais cette fin de son triste roman ne dut rien changer à la nature d’un amour qui était la plaie immortelle d’un flanc qui saigne et qu’on lèche sans pouvoir la cicatriser, et que dis-je ?

129. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Ces romans célèbres, qui ont vingt et trente ans d’existence, ont été vantés, exaltés, mais jugés, non, et je dirai pourquoi. […] Le contraste des livres qu’il publia avec les romans et les contes qu’il avait publiés, servit énormément à ses premières publications, et en augmenta rétrospectivement la valeur. […] Excepté l’étreinte (qui dure le temps d’une étreinte de Mme de Turgis dans la Chronique de Charles IX), il n’y a, dans les romans de M.  […] Il a commencé avec talent dans le roman ce qu’un homme de talent aussi, M.  […] Le roman et le drame vont mieux, allégés de ces charmantes et magnifiques inutilités.

130. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

À s’enfermer dans le roman, il eût écrit plus de Roman d’un jeune homme pauvre que de Petite Comtesse. […] Tels sont bien les romans de Feuillet. […] Mais, l’étrange illusion de confondre le « roman psychologique » avec le « roman à thèse » ! […] Bourget n’ait défini plutôt là le roman d’exception que le « roman psychologique ». […] Entre tant de formes ou d’espèces du roman, le roman d’aventures est la plus amusante, le roman de mœurs est la plus passagère, le roman à thèse est la plus amusante, la plus passionnante, mais le roman psychologique est peut-être la plus conforme à la notion même du genre, la plus intellectuelle, et d’ailleurs la plus difficile à traiter.

131. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

L’Astrée : par où le roman diffère des pastorales italiennes et espagnoles. — 3. […] Les romans : Mlle de Scudéry. […] Par Montemayor et par Perez de Hita, ils furent nos maîtres dans le roman galant et héroïque. […] Tous les romans, depuis d’Urfé jusqu’à Mlle de Scudéry, mais surtout l’Astrée, le Cyrus et la Clélie, sont de vrais « romans d’éducation ». […] Romans im XVII Jahr.

132. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Il veut être tout à la fois un traité de philosophie et un roman, — une métaphysique et un drame. […] Mais nous ne ferions jamais de roman sur eux. […] Tel le sujet du roman de Meurice, et ce sujet, sous une plume virile et suffisamment essuyée des badauderies qui enniaisent la sienne, pourrait, malgré la faiblesse du caractère de son héros, tué par une opinion qu’il prend pour sa conscience, être intéressant, — comme l’est toute lutte ardente et funeste. Mais pour cela il ne faudrait pas que les idées philosophiques de l’auteur eussent préexisté au roman qu’il devait écrire, pour en diminuer ou pour en détruire le pathétique et la vérité ! […] Ainsi, pour conclure, tout a tourné à mal dans ce roman, sous le dégât de cette ridicule théorie qui le précède.

133. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Nous parlions plus haut de l’énorme place qu’occupe déjà le roman dans la littérature moderne et de la difficulté de l’écrire d’une manière nouvelle et piquante. […] La donnée du roman est le sujet de roman ou de drame le plus commun dans l’histoire de nos mœurs présentes. […] Les événements qui font la trame du roman de Charles Barbara sont combinés avec une force égale à celle qu’il lui fallait pour attaquer le terrible et sévère sujet du remords dans une âme perverse et puissante. […] Voilà, en peu de mots, ce roman qui nous a beaucoup frappé par des qualités fermes, rudes, et une virtualité cachée qui nous fait infiniment espérer de l’avenir de l’auteur. […] Il y a dans son roman les empreintes marquées de la volonté, les griffes de lion d’un labeur qui sait s’acharner, et quand nous trouvons cela, notre critique n’a plus qu’un mot : courage !

134. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

… Les Hommes de lettres, voilà le titre de leur roman ! […] Mais c’est tout autre chose aujourd’hui qu’ils font un roman, lequel, — comme tout roman, — doit être d’abord une idée, — puis une action, — et enfin un développement de nature humaine sous ses trente-six faces, avec un dénoûment qui éclaire le tout d’une suprême clarté ! Avant de se mettre à cette grave besogne, MM. de Goncourt se sont peut-être très-bien rendu compte des obligations du roman, mais bah ! […] Ils ont été entraînés au dialogue, au monologue, à la lettre, au mémorandum, à toutes les formes littéraires possibles, se succédant sans raison d’exister que la fantaisie, mais pour moi, je ne croirai jamais qu’ils aient songé à refaire ce roman de Balzac, qui ne se refera jamais, par la raison qu’on ne refait que ce qui est manqué, et dans lequel la vie littéraire du dix-neuvième siècle a été transpercée d’une lumière qui en a fait voir les plus lâches misères et les plus féroces vanités. […] Seulement, ce que nous étreignons en quelques mots, MM. de Goncourt le délaient et le mêlent à des faits aussi vulgaires, aussi connus, aussi traînants dans tous les romans, que les promenades sur l’eau, l’habitation à la campagne, les descriptions d’architecture, les thèses médicales et les copies écrites des tableaux peints.

135. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Un roman n’est pas de la vie représentée. […] Il y a le roman de Stendhal comme il y a le roman de Balzac, et il y a aussi le roman de Barbey d’Aurevilly. […] Un roman de M.  […] Vous prétendez, vous aussi, ne faire que du roman objectif : vous faites du roman à idées. […] Un roman de M. 

136. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lombard, Jean (1854-1891) »

. — L’Agonie, roman (1889). — Byzance, roman (1890). — Loïs Majourès, roman (1900). — Un volontaire de 92 (1900). […] Alfred Vallette En même temps qu’il dirigeait et rédigeait des revues et des journaux auxquels collaborèrent presque tous les jeunes gens de lettres parisiens, il composait Adel, poème de la Révolte future… Puis publiait Loïs Majourès, roman de mœurs politiques provinciales, et deux autres romans d’un travail énorme, deux vastes poèmes en prose plutôt, qui reconstituent, l’un, l’Agonie, la Rome décadente d’Héliogabale, l’autre, Byzance, le monde oriental sous Constantin Copronyme.

137. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

La marée des romans monte sans s’arrêter jamais. […] Je ne parlerai pas du beau roman de mœurs ecclésiastiques où M.  […] Ces romans sur les curés semblent écrits par un curé : c’est merveilleux. […] L’abbé Capdepont est dans les romans de M.  […] Et vous la retrouverez, si vous passez des romans ecclésiastiques aux romans campagnards.

138. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Le roman de Jeanne est celui dans lequel elle a commencé de marquer son dessein pastoral. […] Jeanne présente de l’intérêt, un intérêt élevé, mais qui se complique de roman. […] On y rencontre des scènes dignes, pour la finesse et la gaieté d’expression, du joli roman de Daphnis et Chloé. […] Mais on n’est malheureux dans un roman qu’autant qu’il plaît au romancier. […] Dans ses romans, depuis Lélia jusqu’à La Petite Fadette, que de Sténio !

139. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Ses premiers romans se ressentent très fort de cette conception. […] Bel-Ami est l’histoire — plus rapide et plus aisée, contée plutôt à la façon des limpides romans du xviiie siècle — d’un joli homme de proie. […] Mont-Oriol me semble, dans l’œuvre de Maupassant, un roman de transition. […] Ce que je dis là, il est aisé de le constater dans ses deux derniers romans et jusque dans son dernier volume de nouvelles : la Main gauche. […] Le thème du roman, c’est, au fond, l’immense douleur de vieillir.

140. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Le roman ne devait pas en rester là. […] Les romans pullulent, tout le monde en fait. […] C’est dans le corps du journal qu’est le vrai roman, le roman vécu, quotidien et varié. […] Le roman est donc appelé à charmer les loisirs de tous. […] A vrai dire, c’est plus une étude qu’un roman.

141. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Depuis le symbolisme il existe, à côté du roman romanesque et du roman romantique, une manière de roman qui n’est pas le roman naturaliste, qu’on peut appeler le roman symboliste ; j’en ai donné qui valent ce qu’ils valent, mais ils ne sont pas ceux du voisin. […] Les événements modifièrent cette conception du poète qu’avait conçu de lui-même Hugo ; la forme du roman s’imposait ; la poussée des romans de langues germaniques et anglo-saxonne, leur fantastique que l’on ne connaissait guère que par ses pires adaptateurs anglais, le roman à couleur historique qu’imposait le goût des masses pour les chroniques de Walter Scott et le goût des élites pour les restitutions de Châteaubriand et de Thierry, induisirent Hugo au roman. […] Dès les Misérables, son roman devient un roman à base de pitié, aux ambitions sociologiques et surtout politiques ; les événements, l’exil, les ambitions déçues feront longtemps prédominer Juvénal. […] Mendès paraît professer le roman romanesque. […] Grande Maguet, son dernier roman, est un succès de librairie.

142. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Mais avec cela les romans de Loti m’envahissent et m’oppriment plus qu’un drame de Shakespeare, plus qu’une tragédie de Racine, plus qu’un roman de Balzac… Et c’est pour cela que je suis inquiet. […] Voici : ces romans ébranlent l’âme à la fois dans ce qu’elle a de plus raffiné et dans ce qu’elle a de plus élémentaire. […] Dans le Roman d’un spahi, l’impression générale est cruelle. […] Mais, de plus, c’est l’exotisme même de ses romans qui conseillait et imposait à Pierre Loti les sujets simples et les drames élémentaires. […] Du reste, il n’y en a pas tant  Ou bien : « La nature, dans ces romans, n’accable-t elle pas un peu l’homme ?

143. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Durant les années de l’ère Kwanseï (1789-1800) Hokousaï écrit de nombreux contes et romans pour la lecture des femmes et des enfants : romans dans lesquels il fit lui-même des illustrations, romans où il signe comme écrivain Tokitaro-Kakô, et comme peintre Gwakiôjin-Hokousaï. […] Le Japon est amoureux du surnaturel, et ses romans sont pleins d’apparitions. […] L’année suivante, en 1806, Hokousaï illustre un autre roman dont le texte est également de Kohéda Shighérou, roman publié en dix volumes, dont les cinq premiers paraissent en 1806 et les cinq autres en 1808. […] Un roman dans lequel le prince Yuriwaka, un prince du xiie siècle, met à mort Beppou, l’ennemi de sa famille, un roman où se trouve un puissant dessin du faucon qui a donné son nom au roman, et un caractéristique dessin de Beppou qui, tombé à terre, se tient la tête, se bouche les oreilles sous le sifflement d’une flèche qui passe au-dessus de lui. […]   Shishin, l’un des 108 héros du roman de Souikô.

144. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Une immense compassion, celle qui vient de la science de la vie, se dégage silencieusement du roman de Flaubert, et la résignation au monde comme il est. […] Il est clair que tout cela est plus rare dans nos romans, sans doute parce que c’est plus rare aussi dans nos mœurs. […] J’observe toutefois que, si la réalité est peut-être moins impudique qu’elle n’apparaît dans quelques-uns de nos romans réalistes, elle l’est certainement beaucoup plus que les romans anglais ou russes ne nous le feraient croire. […] Bourget, dont les derniers romans sont, en maint endroit, des récits piétistes. […] Ainsi au xviiie siècle nous avons découvert les romans de Richardson, qui avait imité Marivaux.

145. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

. — Arthur, roman ; 1836.  […] Nous craignons que ce ne soit là un peu le cas de l’auteur du roman d’Arthur. […] Moi-même, entré dans ses confidences d’alors, ému de ses souvenirs plus que des miens, j’ai rêvé avec lui, près de lui, sous ces ombrages qu’Arthur sait si bien décrire, un grand roman poétique et qui était déjà commencé, quand Juillet est venu pour toujours l’interrompre : c’était un de ces romans de loisir et que la Restauration seule pouvait encadrer. […] Le roman, tout roman (il faut bien le dire) est plus ou moins contraire au sévère christianisme, parce que tout roman renferme en soi et caresse plus ou moins un idéal de félicité sur terre, ou un idéal de douleurs. […] Dans un roman dont je n’ai pas parlé, et que M.

146. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

À toutes les époques, sans doute, des personnes du sexe, nées la plupart dans des conditions de loisir où la culture de l’esprit est facile, avaient attiré l’attention par des romans, des lettres, des poésies, des livres d’éducation.  […] Aujourd’hui donc, de toutes parts, les femmes écrivent ; chacune a son secret, son roman douloureux à l’appui du plaidoyer d’émancipation, et chacune le livre. […] Deux ou trois passages de Lélia pouvaient mériter, à coup sûr, des reproches et soulever des scrupules par une grande nudité d’aveu ; mais le sérieux continu et l’élévation du sentiment rendaient ces passages mêmes beaucoup plus chastes que les trois quarts des scènes triviales qu’admirent et célèbrent nos critiques dans les romans de chaque jour. […] Comme la donnée première de Lélia est tout à fait réelle et a ses analogues dans la société où nous vivons, j’ai eu peine à ne pas regretter, malgré l’éclat prestigieux de cette forme nouvelle, que l’auteur ne se fût pas renfermé dans les limites du roman vraisemblable. […] L’auteur, nous l’espérons, reviendra au roman de la vie réelle, comme Indiana et Valentinel’ont posé ; mais il y reviendra avec toute la force acquise dans une excursion supérieure.

147. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

C’est là la véritable différence entre un roman idéaliste et un roman réaliste7. […] Les Halles de Paris sont assurément plus grandes dans le roman que dans l’atmosphère. […] Dans toute la série de ses romans, M.  […] Zola est un roman ; il est aussi un code d’esthétique. […] Dans ce roman, l’étude du milieu artistique est déplorable, fausse et incomplète.

148. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Combien de gens, même en matière plus grave que des drames ou des romans, se flattent d’obéir à des principes et qui ne font que subir des relations de société ! […] De même dans le roman, et pour plus d’une raison semblable, je me sens favorable à M.  […] La composition de ce roman (car M.  […] Busterback, qui est le Georget du nouveau roman, ne manque pas non plus de ressemblance ; c’est un plat original dont il s’est vu plus d’une copie. […] Turgan, directeur du Moniteur, avait pour objet bien moins de louer tel ou tel roman d’un de nos amis que de replacer la question littéraire et d’art sur son véritable terrain.

149. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

C’était, comme nous le reconnaîtrons plus expressément par la suite (disait Fauriel), ce même idiome que j’ai distingué plus haut par la dénomination de latin rustique, et qui fut un peu plus tard nommé langue romane, ou roman ; il se divisait en nombreux dialectes, dont les deux plus tranchés, aux deux extrémités du pays, formèrent, l’un le français, ou roman du Nord ; l’autre, le provençal, ou roman du Midi20. » Tel est l’état général des choses au moment où notre étude proprement dite commence. […] Dans son culte exclusif pour la langue romane du Midi, il ne put la croire sans règles et sans lois : il finit par les découvrir ; il les aurait plutôt, sans cela, inventées. […] Littré), on considère toutes les modifications qu’a subies la langue latine pour devenir langue romane comme un produit régulier de la loi de changement. […] Cet habile grammairien pense, comme lui, que les langues romanes sont un développement organique du vieil idiome latin vulgaire. […] Bekker a publié, à Berlin, quelques-uns de nos vieux romans de chevalerie. — M. 

150. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Le Frédéric Moreau sur qui Flaubert a eu la bonté d’écrire un roman, et un roman de deux volumes, n’a pas même d’histoire. […] Vous voyez d’ici la série de lâchetés et de malpropretés par lesquelles va passer ce monsieur jusqu’à la fin du roman. […] Flaubert n’entend pas ainsi le roman. […] Est-ce un roman que cette pancarte ? […] Pendant qu’il écrivait, à coup de ratures enragées, ce roman, ce dernier roman qui le soulageait, comme une soupape ouverte à sa vapeur, cette locomotive de haine !

151. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pichat, Laurent = Laurent-Pichat, Léon (1823-1886) »

. — La Païenne, roman (1857). — La Sibylle, roman (1859). — Gaston, roman (1860). — Les Poètes (1862). — Le Secret de Polichinelle, roman (1862). […] Poète de combat, il l’est dans ses romans et ses nouvelles de haut goût et de psychologie supérieure, où il traduit sans phrases ni sermon, par la simple analyse des âmes et des choses, l’incessante préoccupation de son esprit généreux.

152. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Il ne paraît pas qu’il se soit occupé du roman rustique. […] Raynouard. — Premiers monuments de la langue romane. […] C’est le procédé de la langue romane, et le nôtre. […] Voilà un mot du roman méridional, qui appartenait au roman wallon. […] C’est à la fois une chronique et un roman de chevalerie.

153. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

En tête des anciens romans bretons, dans les généalogies qui figurent au commencement de ces poèmes, on saisit la trace des systèmes astronomiques, de ceux qui sont venus du Nord en particulier. […] Il serait précieux de retrouver des romans en prose antérieurs aux xive et xve  siècles. Vous noteriez, dans les romans en vers, si les vers sont rimés par tirades monorimes, s’ils sont de douze, de dix ou de huit syllabes. […] Les chroniques en vers, qu’il faut distinguer des romans, et dans le genre du Rou ou du Brut, vous offriraient une valeur historique étroitement unie à la curiosité littéraire. […] Les manuscrits de poèmes ou chroniques en langue romane provençale ne sont nullement exclus de votre recherche.

154. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Pour l’auteur de ces tristes Mémoires, le but évident, le but pourpensé et réfléchi de son livre, c’est ce coup de Jarnac du pamphlet, mais le roman y est aussi. […] Il y est pour bien des raisons, mais surtout parce que cette forme du roman est un excellent mur d’exposition sur lequel on peut accrocher, pour qu’on les voie mieux, ses portraits. […] Or cette question n’est point, comme on pourrait le croire, le pamphlet, l’ignoble pamphlet sous forme romanesque que j’ai laissé là, de dégoût, mais le roman lui-même, le genre de roman introduit en ces Mémoires, et qui n’est pas, il faut le dire, beaucoup plus propre que le pamphlet ! […] Certainement je vois bien deux raisons à ce bruit d’un livre manqué, comme ces Mémoires d’une femme de chambre : d’abord le pamphlet qui s’y est embusqué, et ensuite le genre même du roman qu’on a voulu écrire. Mais le roman y est tel qu’il pouvait se passer du pamphlet et n’en faire pas moins son petit tapage.

155. (1891) [Textes sur l’école romane] (Le Figaro)

Le besoin se faisant sentir d’une nouvelle École, l’École Romanitas va se former, qui affirme que notre langue se meurt depuis le jour où, après Racine, elle s’est écartée du dialecte roman, père du dialecte français. […] Je fonde l’École romane française, où viendront ceux à qui l’amour de notre langue gréco-latine fera jeter de superbes rameaux de renaissance littéraire et morale. […] Jean Moréas, le fondateur de la nouvelle École dont nous annoncions hier l’apparition, adresse la lettre suivante au Figaro : Monsieur le Rédacteur, Le Figaro de ce matin m’attribue au sujet de l’École romane française une conversation dont je ne saurais assumer les termes violents. Vous me permettrez donc de donner en quelques mots les éclaircissements que voici : L’École romane française revendique le principe gréco-latin, principe fondamental des Lettres françaises qui florit aux onzième, douzième et treizième siècles avec nos trouvères, au seizième avec Ronsard et son école, au dix-septième avec Racine et La Fontaine. […] Je ne puis m’étendre davantage sur cela dans cette courte lettre ; je dirai seulement que l’École romane française renoue la « chaîne gallique » rompue par le Romantisme et sa descendance parnassienne, naturaliste et symboliste.

156. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

Beau trio I Dernier roman de M.  […] Mais il est si facile d’attribuer à l’envie froide et moite les sévérités des écrivains indépendants… Ce bavardage, pour le principe, et une fois pour toutes, et cette fois presque vain hors-d’œuvre : en l’occurrence, je dois reconnaître dans la Petite Paroisse un roman plutôt amusant. […] Ces caractères sommaires sont notifiés par des formules que les précédents romans de M.  […] Daudet a si bien réussi avec Fromont jeune et Risler aîné, qu’il n’a jamais refait un autre roman. […] Il y a dans les ultimes chapitres — et je suis heureux, après des compliments que de mauvais esprits craindront énigmatiques, de finir sur une louange sincère : — il traîne en queue de roman une intrigue de juge d’instruction où Mme Fénigan croit son mari assassin, tandis que son mari la suppose coupable, et que c’est au juste un vieux braconnier qui a fait le coup, il y a là un de ces quiproquos à triple détente, d’un comique irrésistible, et dont M. 

157. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Le roman : Mme de la Fayette. — 5. […] Mais comme il dit en cinq mots la vérité que le roman dilue en un volume, notre amour-propre trouve le breuvage amer. […] Surtout il a vu son temps, le temps de la Fronde, le temps des romans héroïques et des tragédies cornéliennes. […] Les grandes aventures des romans la ravissent. […] Mais la Princesse de Clèves (1678) marque un progrès : c’est une transposition du tragique cornélien dans le roman.

158. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

* * * — Un des caractères particuliers de nos romans, ce sera d’être les romans les plus historiques de ce temps-ci, les romans qui fourniront le plus de faits et de vérités vraies à l’histoire morale de ce siècle. […] J’ai la pensée, quand je fais un roman, de rendre une coloration, une nuance. Par exemple dans mon roman carthaginois, je veux faire quelque chose pourpre. […] Ou vous faites des vers qui ne sont pas des vers de comédie, ou vous faites de la prose… Oui, tout ira au roman, c’est si vaste… et un genre qui se prête à tout… Il y a bien du talent dans le roman maintenant !  […] * * * — L’histoire est un roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être.

159. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Cependant le gros roman que lui avait laissé Mme d’Épinay ne fut jamais publié par lui, et ce roman courait risque de rester pour toujours inconnu, quand il tomba aux mains du savant libraire M.  […] Dans l’état actuel de l’ouvrage, la forme de roman est à peine sensible. […] Le roman de Mme d’Épinay est assez compliqué, quoiqu’il ressemble à celui de bien des femmes. […] La suite du roman est variée d’incidents dont je ne puis indiquer que quelques-uns. […] En vérité, cette société est comme un roman mouvant.

160. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

de chacun de ces romans fameux. […] Telle est l’affirmation soutenue de ce livre qui peut bien passer, ce me semble, pour le dernier de ses romans. […] Il est vrai qu’ailleurs elle ajoute : Je n’ai jamais cru à la moralité du roman. […] À chaque roman qui tombait de cette plume facile, c’étaient des applaudissements universels ! […] Or, dans ce volume d’Impressions littéraires, je retrouve publié un petit roman qui passe pour un chef-d’œuvre de Mme Sand (les Lettres à Marcie) et le petit roman n’est rempli que de prudhommismes d’images.

161. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Il y a des chroniqueurs qui ne peuvent citer un de ses romans sans parler de « l’ex-législateur » et de « Meurthe-et-Moselle ». […] Barrès n’est pas plus responsable de l’anarchie des personnages de ses romans que l’autre de la vertu de ses produits. […] Il est légitime, actuel et charmant de prendre un anarchiste délicat comme héros de roman. […] Ceci n’est qu’une nuance : le roman, n’est-ce pas, est charmant, et s’il ne nous emballe pas comme les Barbares, ce n’est pas la faute du poète, mais du lecteur qui a, vieilli, déjà, un peu, et que les premiers romans de Barrès avaient dès l’abord rendu trop difficile. […] Tels, dans ce récent roman, Les Cœurs utiles, la bacchanale du Cirque, le compte rendu de la chute de Maïa.

162. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

On commence à éprouver une grande fatigue, soit du roman documentaire, soit de l’écriture artiste et névrosée. […] Les pharisiens ont dit que ses premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes, et — comédie exquise — les romanciers naturalistes ont parlé comme les pharisiens. […] Si George Sand a paru reconnaître, dans ses premiers romans, le droit absolu de la passion, c’est uniquement de celle qui est « plus forte que la mort » et qui la fait souhaiter ou mépriser. […] Mais il ne faudrait pas oublier que George Sand a inventé le roman rustique. […] Elle est l’Isis du roman contemporain, la « bonne déesse » aux multiples mamelles, toujours ruisselantes.

163. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Li Romans de Berte aus Grans piés Précédé d’une dissertation sur les romans des douze pairs, par M.  […] Paris vient de faire de l’un des romans du cycle de Charlemagne, tel que le poëte Adenès l’a arrangé et rimé vers la fin du xiiie  siècle, nous nous garderons de revenir en rien sur une polémique déjà ancienne dans laquelle nous n’avions pas hésité à prendre parti. […] La pensée de notre jeune et savant collaborateur consistait à rechercher dans les anciennes épopées françaises, non pas seulement les imaginations plus ou moins gracieuses des conteurs et des poètes, non pas le mérite et l’agrément littéraire de leurs romans, mais les croyances diverses des populations, les récits historiques altérés, les invasions mythologiques qui avaient laissé des traces. […] Quant au roman, grâce aux notes essentielles, bien que discrètes, de M.  […] Paris nous promet là série des autres romans des douze pairs.

164. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

Un roman paraît qui, s’écartant des nombreuses œuvres imitées des esthétiques admises, est original par le cas psychologique qu’il étudie et inaugure, avec les quelques livres marquants de ceux qui débutent, un nouveau style et un nouvel art. […] le nouveau roman deM.  […] *** Par son intrigue encore ce roman est original et se distingue surtout du Werther et de l’Obermann du commencement de ce siècle. […] Huysmans où l’amour ne joue aucun rôle, et dont le dernier analyse un solitaire, à cet admirable roman de M. Albert Pinard, Madame X… qui est l’histoire de deux êtres dont aucun ne peut subjuguer l’autre en un aveu, d’autres œuvres encore affirment une nouvelle manière d’envisager les relations passionnelles qui diffèrent de celles des anciens romans en ce que la femme n’est plus l’être asservissant et dominateur que présentent les de Goncourt et Zola.

165. (1927) André Gide pp. 8-126

Et le roman de M.  […] Le roman ne finit pas. […] Qu’est-ce donc qu’un roman ? […] Il voudrait « dépouiller le roman de tous les éléments qui n’appartiennent pas spécifiquement au roman ». […] Est-ce un bon roman ?

166. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Charles et Marie est un gracieux et touchant petit roman anglais, un peu dans le goût de Miss Burney. […] Patin, dans un jugement qu’il a porté sur Mme de Souza19, préfère ce joli roman de Charles et Marie à tous les autres. […] Il y a, si je l’ose dire, comme dans les romans de Miss Burney, une trop grande profusion de tons vagues, doux jusqu’à la mollesse, pâles et blondissants. […] Sous cet aspect, le joli roman cesse d’être une œuvre individuelle et isolée, il a une signification supérieure ou du moins plus étendue. […] Si jamais l’auteur a marié quelque part l’observation du moraliste avec l’animation du peintre, s’il a élevé le roman jusqu’au poëme, c’est dans Eugène de Rothelin qu’il l’a fait.

167. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il ne faut pas trop vieillir pour bien juger les romans de son temps ; le roman est un genre essentiellement contemporain. […] Je le sens aujourd’hui et reconnais ma faute en venant parler si tard des romans, des scènes et proverbes de M.  […] Et puis les romans d’alentour et d’auparavant n’avaient pas nui à y préparer par leurs tableaux d’un autre genre. […] En fait, les personnages étant ce qu’ils sont et les choses ainsi posées et amenées, que se passerait-il dans le monde, dans la vie réelle et hors du roman ? […] Je sais que le roman ne dit pas tout, qu’il y a des dessous de cartes qu’on arrange et qu’il est bon d’arranger.

168. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roussel, Raymond (1877-1933) »

Roussel, Raymond (1877-1933) [Bibliographie] La Doublure, roman en vers (1897). […] Gustave Kahn Le roman en vers n’avait plus guère tenté personne depuis l’Édel de Paul Bourget, et pas même Bourget lui-même ; d’ailleurs Édel, comme l’Olivier de François Coppée, est plutôt une nouvelle qu’un roman en vers. […] Raymond Roussel, l’auteur de la Doublure , tient à ce que ses lecteurs appellent son livre un roman.

169. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Lacordaire, inventée peut-être après coup, dans l’intérêt de son histoire, ou plutôt de son roman d’amitié. Et j’ai dit le mot : Roman d’amitié, car il est impossible de voir là une histoire, et malgré le fil délié de ses analyses à la Sainte-Beuve, le Père Lacordaire n’est sûr de rien. […] Lacordaire n’est que le roman, le roman pur, introduit dans cette mâle et simple chose qu’on appelle l’hagiographie, par un esprit sans virilité ! C’est le roman moderne, subtil, maladif, affecté, allemand, le roman des affinités électives, transporté de Goëthe dans l’Évangile, pour expliquer les sentiments que l’Évangile avait assez expliqués, en les voilant de son texte inviolable et sacré, pour la gloire de sainte Marie-Madeleine et l’édification de ceux qui croient en elle ! […] Tout ce petit roman de l’amitié de Jésus-Christ et de Marie-Madeleine nous offre beaucoup trop Notre-Seigneur Jésus-Christ sous cette forme humaine qui demande grâce pour sa divinité et qui l’obtient de messieurs les philosophes (de si bons princes !)

170. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

About les deux romans qui ne sont pas des contes pour rire qu’il ait publiés. […] Toujours est-il qu’il s’est jeté gaillardement dans le roman, où tout de suite il a fait son bruit. […] L’ignoble se trouve bien dans la vie, pourquoi ne serait-il pas dans les romans ? […] Tout l’intérêt et le secret du roman sont là. […] Le roman qui porte son nom est l’histoire de ce défricheur de génie, et quoique cette histoire, trop simple pour qu’on puisse l’analyser, ait moins d’étoffe et de sensibilité que les romans de M. 

171. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Roman, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1910, p. 14-16. […] Dans toute œuvre de la pensée, drame, poëme ou roman, il entre trois ingrédients : ce que l’auteur a senti, ce que l’auteur a observé, ce que l’auteur a deviné. Dans le roman en particulier, pour qu’il soit bon, il faut qu’il y ait beaucoup de choses senties, beaucoup de choses observées, et que les choses devinées dérivent logiquement et simplement et sans solution de continuité des choses observées et des choses senties. […] Aussi Han d’Islande, en admettant qu’il vaille la peine d’être classé, n’est-il guère autre chose qu’un roman fantastique. […] Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle il a été écrit, et l’état particulier de l’âme, de l’imagination et du cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour, quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.

172. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Edmond et Jules de Goncourt dans leurs romans. […] Trois types principaux passent et repassent dans ces romans. […] Le roman d’analyse a pour écueil l’abstraction, le roman de mœurs aboutit trop aisément à l’absence de pensée. […] C’est pour avoir négligé de parti pris ce dessin que le roman de M.  […] L’originalité du roman de M. 

173. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

la mode est au roman, et essayez d’écarter une femme de la mode ! […] Le roman, intense et douloureux, n’est pas présenté directement. […] Mais ce conte renfermait le germe de plusieurs romans. […] Ceci, c’est le roman populaire à thèse. […] Ce troisième roman est fort différent des premiers du même auteur.

174. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Et, en effet, sur la fin, le roman lâche terre, s’ébroue, s’envole, peut plus aller pas à pas, à l’allure d’un bon roman réaliste. […] Il a là de la poésie, de l’art, et même du roman feuilleton. […] Moréas, symboliste, puis chef de l’école romane, est mort le 25 mars 1910. […] Il est l’auteur d’un roman paru en 1919, Le Cadran solaire. […] Le roman a été rédigé entre 1906 et 1909.

175. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Édouard Thierry, et le roman à M.  […] (Romans.) […] si Molière avait écrit un roman ! […] Je ne voudrais pas jouer avec le sens des mots, mais il est certain pour moi que le roman qualifié historique est le moins historique de tous les romans. […] Vialon, il a le monopole des romans dédiés à Saint-Hubert.

176. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Elle est issue du roman de mœurs. Elle n’est même que ce roman mis à la scène. […] Le roman naturaliste s’appelle tout aussi bien le roman expérimental. […] De fait, tous les romans de M. Daudet seront des romans tristes.

177. (1902) Propos littéraires. Première série

Ce n’est ni un roman d’observateur, ni un roman de poète ; c’est un roman de critique. […] Édouard Rod, est tout à fait un roman russe. […] » — C’est le dernier mot du roman. […] Bourget n’y place un roman. […] Ces petits romans sont tous des romans mondains.

178. (1923) Au service de la déesse

On écrivait des romans, avant eux ? Oui : des romans faux ; et deux sortes de romans faux, œuvres polissonnes, œuvres consolantes. […] Leur roman, c’est le roman vrai, le roman moderne. […] Mais l’idéal du roman ? […] On dira que je réduis le roman, — le roman moderne ! 

179. (1896) Écrivains étrangers. Première série

C’est lui qui, avec son Hans Pfaal, a ouvert la voie au roman scientifique, et au roman judiciaire avec le Drame de la rue Morgue, et au roman spirite avec les histoires de Bedloe et de M.  […] Pater, qui tous deux ont essayé de faire renaître en Angleterre le roman historique. […] Kielland, des romans de MM.  […] Jules Lemaître, du beau roman de M.  […] Roman réaliste, roman psychologique, ce sont désormais des genres dont on ne veut plus.

180. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Par une lecture étendue, variée, comprenant la plupart des grandes littératures, l’analyste se sera mis en possession d’un type moyen du genre qu’il examine, — nous prendrons pour exemple le roman. […] Dans un roman, il y a au dehors, le vocabulaire, la syntaxe, la rhétorique, le ton, la composition, et il y a, au dedans, les personnages, les lieux, l’intrigue, les passions, le sujet, etc. […] Pour composer un roman, il faut décrire les endroits où l’action se passe, les personnages et leurs actes. […] Le récit historique, l’épopée, le drame, rentrent avec de légères modifications dans la classe du roman. […] La définition de l’œuvre d’art comprend au même titre le roman feuilleton et le roman d’analyse, les genres supérieurs et bas ; elle s’applique aussi bien à l’émotion d’un charretier écoulant une chanson de café-concert, qu’à celle d’un poète charmé par un lied de Schumann, d’un philosophe admirant les démonstrations de Malebranche, ou d’un ingénieur suivant le jeu d’une locomotive.

181. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. Le roman dont je veux parler ici était L’Astrée du marquis d’Urfé. […] Ce roman est une pastorale allégorique dans laquelle l’auteur a décrit ses propres amours dégagés de toute idée grossière, et où, « par plusieurs histoires et sous personnes de bergers et d’autres, sont déduits les divers effets de l’honnête amitié ». […] « Ces ouvrages, dit Huet, furent reçus du public avec un applaudissement infini, et principalement de ceux qui se distinguaient par la politesse et par la beauté de l’esprit. » Rien ne nous apprend comment le Ier volume du roman du marquis d’Urfé fut accueilli à l’hôtel de Rambouillet, ni si l’auteur s’introduisit dans cette société. […] Discours sur les héros de roman.

182. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

L’auteur de ce roman dirige la mort vers Dieu. […] Il rêvait son deuxième roman, — le roman d’une jeune fille après celui d’un petit collégien ; — et il mit deux ans à l’écrire. […] André Lafon a composé de même ses romans. […] Et du roman d’histoire ! […] Vous vous trompez en n’accordant au roman d’histoire que la petite place qui convient à une variété du roman : le roman doit être surtout historique.

183. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Et il n’y aura sans doute plus de roman d’aucune sorte, depuis longtemps. […] Mais ceci est le premier roman de M. Bérenger, et on apprend aussi à composer des romans, comme des vers. […] Il l’expose dans son premier et récent roman, l’Élite. […] Radiot l’a développée dans le plus étrange des romans.

184. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Avant même de considérer quel est le sujet de ce roman, qu’il me soit permis de féliciter l’auteur de cette pensée honorable, qui lui a fait demander tout d’abord au travail et à l’étude une consolation. […] Mais je m’oublie à parler de l’écrivain, et le roman est là qui me rappelle. […] Voilà un bien grave sujet, et on se demande de quel droit le roman y peut entrer. […] Maintenant, je n’entrerai pas dans le récit du roman de M.  […] Le roman de M. 

185. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Marcel Prévost et Paul Margueritte Je voudrais vous parler un peu de deux romans presque également distingués, à ce qu’il me semble, par des qualités diverses : Mademoiselle Jaufre, de M.  […] Ce qui me désole, ce qui fait que je n’ouvre presque jamais sans ennui ni défiance les romans qui m’arrivent par paquets, c’est que je suis toujours sûr d’y trouver des parties entières que je connais d’avance, des développements qui peuvent être « de la bonne ouvrage », mais qui sont à tout le monde, qui m’écœurent parce qu’il me semble que je les aurais moi-même écrits sans effort, et que je voudrais voir réduits à l’essentiel, à des notes brèves et comme mnémotechniques… Dans une littérature aussi vieille que la nôtre, il y a nécessairement des sortes de lieux communs du roman. […] Une particularité de ce roman, c’est qu’il atteint, par endroits, à l’émotion la plus forte par des séries de notations brèves, précises, un peu sèches même, à la Flaubert. Il est écrit à la fois dans la manière de l’Éducation sentimentale et dans l’esprit du plus « cordial » roman anglais. […] Et, de grâce, ne nous accablez pas tant sous les romans russes.

186. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

Elle vient de prendre, vis-à-vis du public, son rang de Dauphine littéraire, en publiant un roman : Au lit de mort ! […] Il n’a point suffi à Mme Marie-Alexandre Dumas de se mettre sous l’auvent du nom de son père, sous ce parasol de Runget-Sing… Elle a dédié son roman à son père. […] Le roman qu’elle a écrit est une étude de famille qu’elle leur donne à creuser, à ces deux grands romanciers, à ces deux puissants poëtes dramatiques ! […] La sainteté se recueille, se retire, cache sa main gauche avec sa droite, prie et médite au lieu d’écrire, et ne publie pas de roman ! […] Aujourd’hui, dans ce roman qui veut être un livre pieux, Mme Marie-Alexandre Dumas se peint en robes de cachemire blanc, avec capuchon, — le costume dramatique ! 

187. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

La donnée du roman est d’une grande simplicité. […] Quand au sujet même de ce roman, il importe de le préciser. […] Ce livre est par excellence le roman de l’impuissance du cœur. […] Mais je n’ai pas à faire l’examen de ce roman. […] La célébrité de ce roman me permet de n’en donner qu’une courte analyse.

188. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

— Romans : le Capitaine Fracasse. […] Ce roman tout rétrospectif n’offre rien qui fasse froncer le sourcil aux vrais savants et aux initiés. […] La première partie du roman surtout est en ce genre un chef-d’œuvre ; c’est le classique du romantique. […] On va en effet dans ce roman de tableau en tableau. […] Tout est ainsi, et je me figure le roman comme un canevas et un prétexte à tableaux.

189. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Le premier des deux romans, Simiane, est moins animé que le second, et la dissertation y empiète sensiblement. […] Le roman du second volume, Steven, offre précisément cet intérêt d’action qui se faisait vainement attendre dans Simiane. […] Le talent de romancier, qui se manifeste dans Steven, est très vif, et, à ne prendre les choses que par le dehors, on peut regretter, pour le succès de lecture, que ce roman n’ait pas précédé l’autre. […] L’action du roman, dans les deux tiers, ne mérite guère que des éloges. […] Fortoul va continuer sa série de romans dans la même voie morale.

190. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Sur Adolphe de Benjamin Constant » pp. 432-438

Quoique le caractère poétique soit moins marqué dans ce dernier roman, il y a eu de la part de l’auteur une grande habileté à fondre les éléments réels qui font la matière de son récit, avec les circonstances romanesques qui composent ou achèvent la physionomie de ses personnages. […] La femme du roman, Ellénore, est certainement la plus noble des déclassées, mais elle n’en est que d’autant plus déclassée, et elle le sent, elle en souffre. […] À défaut de fraîcheur et de charme, il y a tant de vérité dans ce roman tout psychologique que, malgré les légers déguisements dont l’auteur a enveloppé son récit, on s’est demandé tout d’abord, quand le petit livre parut, quelle était cette Ellénore, car certainement elle avait vécu, et l’on n’invente pas de semblables figures. […] Ni les circonstances de la vie, ni celles de la personne n’ont aucune identité ; il en résulte qu’à quelques égards elle se montre dans le cours du roman tout autre qu’il ne l’a annoncée : mais, à l’impétuosité et à l’exigence dans les relations d’amour, on ne peut la méconnaître. […] La femme âgée avec laquelle il a vécu dans sa jeunesse, qu’il a beaucoup aimée, et qu’il a vue mourir, est une Mme de Charrière, auteur de quelques jolis romans.

191. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Faire éditer un roman est difficile ; mais placer de la vaseline est ardu ; et, métier pour métier, celui-là ne serait ni plus malaisé, ni moins lucratif qu’un autre. […] Ils reconnaîtront que le roman est un art, que le poème est un art, que le théâtre est un art, — se formulant, le premier, en une légende réaliste ou symbolique ; le deuxième, en un thème, des rythmes ; le troisième, en des mouvements et des déclamations. […] On discernerait enfin que des labeurs vulgarisateurs et commerciaux, étrangers à l’art et à la science, relèvent de l’Industrie : le journal, le roman populaire, le théâtre en gros, les manuels, les prospectus. […] Sous prétexte de littérature indépendante et de dédain des genres tout classés, on composera les mixtures troubles, roman scientifique, drame philosophique, critique anecdotique, histoire artistique. […] On négligea que l’histoire ne se compose point comme un roman, qu’elle n’a le droit de synthétiser le passé sous la forme d’un récit suivi qu’une fois en possession de documents complets et que jusque-là elle ne peut légitimement dresser qu’un inventaire des pièces en portefeuille.

192. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Toulet lui ressemble comme un frère jumeau et ce roman : La jeune fille verte, itou. […] Il a fait paraître des recueils de poèmes et des romans, a été critique littéraire, théâtral et littéraire. […] Il tâche de dresser un panorama de la littérature contemporaine, analysant les romans et poèmes issus de la guerre, étudiant la vogue du roman d’aventures ou le recul du vers réguliers. […] Ses romans abordent la question de la foi, dans une langue classique. […] Camille Mayran, petite-nièce de Taine, a obtenu à l’occasion de ce premier roman le Grand Prix du roman de l’Académie française.

193. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

. — Madame André, roman (1874). — La Chanson des gueux (1876). — Les Caresses (1877). — Les Morts bizarres (1877) […] — Césarine (1880). — La Glu, roman (1881) […] — La Miseloque (1892). — L’Aimé, roman (1893) […] — La Mer, poésie (1894). — Mes Paradis, poésie (1894). — Vers la Joie, conte en 5 actes (1894). — Flamboche, roman (1895). — Les Grandes Amoureuses (1896) […] Richepin, je voudrais réveiller le souvenir d’un roman de lui, très ferme, très curieux en son originalité réussie, le Cadet, un roman de la terre et de la propriété, qui n’est peut-être pas considéré par tous à sa vraie valeur.

194. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 316-318

Cette émulation a produit le Siége de Calais, le Comte de Comminges, & les malheurs de l'Amour, trois Romans, dont le premier est, sans contredit, celui qu'on lit avec le plus de plaisir. […] On avoit beaucoup parlé de Romans dans sa Société. […] [Nos Romans modernes, fruit du libertinage de l'esprit & de la corruption des mœurs, n'avoient pas encore osé paroître.] […] Elle ne tint pas tout à fait sa promesse, au moins quant à la décence ; mais on y trouve de l'art, de la délicatesse, le ton de la bonne Compagnie : agrémens cependant peu capables d'intéresser dans un Roman dont la vertu n'est pas le fondement, surchargé d'ailleurs d'épisodes & d'incidens peu vraisemblables.

195. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Cette fois, l’homme à système disparaît dans l’artiste, et le roman est bien un roman. […] Bonneau du roman. […] Dans ce personnage est la grande valeur du roman. […] Flaubert entend le roman carthaginois, comme Th.  […] Féval d’écrire une étude sur le roman contemporain.

196. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Ivanhoë est le roman historique confinant à l’épopée, et un roman qui est presque de plain-pied avec nous encore. […] Je dirai donc : son ouvrage est un poème ou roman historique, comme il voudra l’appeler, qui sent trop l’huile et la lampe. […] Le roman historique est un moule suspect et ambigu, qui ne peut nous rendre, en telle matière, qu’une médaille en grande partie fictive et controuvée. […] Ne devenons jamais en littérature de ceux qui sont appelés dans ce roman les mangeurs de choses immondes. […] Flaubert, qui venait de faire Madame Bovary, comme s’il s’était senti humilié d’être trop lu, s’est mis à faire son roman archéologique.

197. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Je sais bien qu’il en faut, de la psychologie dans le roman. Mais qu’est-ce, au fond, le roman ? […] Et que pensez-vous de la Renaissance romane ? […] Je me souviens que, lors de l’avant-dernier roman de M.  […] Faire du moderne avec la langue romane !

198. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget appelle lui-même son dernier roman, André Cornélis, une « planche d’anatomie morale », et il n’a que trop raison. […] Ce roman est donc, en somme, une histoire d’expiation, l’histoire de deux âmes purifiées par la douleur. […] La fin de Crime d’amour est mystique comme un roman russe. […] Cet attendrissement, fait de méditation sérieuse, de tristesse et de pitié, c’est lui qui donne tant de prix aux romans de M.  […] Et qu’il fasse enfin l’univers de ses romans aussi large que celui de ses Essais.

199. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Tartarin, roman, est de petit art ; Tartarin, typé, est d’observation facile, grosse, mais frappante, et le personnage pourrait bien demeurer dans les mémoires, comme Paturot ou Colonet. […] On exalte, sans y regarder, la Fille Élisa, roman écrit, selon la déclaration de l’auteur, pour « parler au cœur et à l’émotion de nos législateurs » et auquel, en effet, les parlementaires ont pu s’intéresser sans effort, roman dont l’émotion demeure à la préface, livre pauvre d’humanité et mince de littérature, bien loin, ce me semble, des chefs-d’œuvre que fabriquait, avec son frère, M.  […] Lisez (si vous souriez, je vous prierai de me croire sur parole) la déjà longue série des romans jeunes de Zola, Les Mystères de Marseille, Le Vœu d’une morte… puis lisez les Contes à Ninon, et enfin les Rougon-Macquart, soutiendrez-vous que l’artiste n’ait point évolué, n’ait point lentement et mûrement corrigé sa manière ? […] Est-ce que, malgré son début et son sujet, Là-bas n’est pas aussi naturaliste que ses romans aînés ? […] Pendant un quart de siècle, quelques écrivains laborieux et artistes ont fait, pour le roman, pour le théâtre, pour la langue française, de braves efforts et de réelles conquêtes.

200. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — Post-scriptum » pp. 154-156

. — Ailleurs, et au hasard, veut-on un autre exemple : Voici le vrai texte : J’ai cherché d’où j’aimais Don Quichotte et à le relire vingt fois dans ma vie, ainsi que plusieurs autres romans : c’est que j’aime les mœurs qu’ils dépeignent. Je vis avec de bonnes gens en les lisant ; dès que ce sont des romans de mœurs, les auteurs y peignent les mœurs de leur temps, et non celles du temps où vivait le héros. […] Il est tel de nos vieux romans que je ne me lasserai point de relire. J’aime les peintures de mœurs, dans les romans, comme dans les estampes celles des modes. […] Et comme le marquis d’Argenson dit en terminant : « Mon imagination aime les images, et le bonheur coule de là chez moi par les sens », au lieu de cette parole expressive, l’éditeur de 1825 lui fait dire : « Mon imagination aime les images ; il me semble qu’à la lecture de nos vieux romanciers le bonheur me pénètre par tous les pores » ; transportant ainsi à la lecture des romans ce qui est dit, au sens physique, de la seule vue des images et des estampes.

201. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié23 I Voici un roman attribué à madame de la Fayette. […] Briquet, l’un des rédacteurs du Bulletin du Bibliophile, contre le titre, l’introduction, les appendices de Barbier, l’éditeur du roman en question. […] Impossible, selon nous, d’y reconnaître cette plume qui n’a servi qu’une fois et qui nous écrivit ce suave roman, dont le sens se perd tous les jours un peu plus : la Princesse de Clèves. […] Le roman actuel, si mal nommé Mémoires de Hollande 24, parce que l’action s’y passe en 1630, n’a rien de cette fleur d’âme qui est tout madame de la Fayette. […] Les Mémoires en question, les autres romans de l’auteur, ces drames de toute forme, très intrigués et dans lesquels les événements semblent des nœuds gordiens impliqués les uns dans les autres, frappèrent à poing fermé sur l’imagination d’une époque qui avait ressenti les étincelantes secousses du Romantisme.

202. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

C’est pourquoi, dans l’histoire des lettres, on voit si souvent le roman faire des révolutions contre le roman lui-même. Au Moyen-Âge, les romans chevaleresques sont tournés en dérision dans les romans héroï-comiques. […] On le rencontre aussi dans le roman. […] Puis on s’est engoué des drames et des romans à thèse de G.  […] « Ce roman, dit M. 

203. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Bernardin de Saint-Pierre a vécu en qualité d’ingénieur parmi les pamplemousses où il a placé son célèbre roman de Paul et Virginie. […] Sois tour à tour vendeur de romans épicés, de théories pessimistes, de nouvelles mystiques, de pièces à spectacle, de tout ce qui est à la mode du jour. […] Dédaigne le profit facile des romans à la toise, des pièces bâclées, des volumes expédiés à la diable. […] Comment ne pas se rappeler le succès que certains romans d’Eugène Sue obtinrent aux environs de 1848 ? […] De nos jours, ces sommes ont été surpassées par ce que tel de leurs romans a rapporté à Zola, à Alphonse Daudet, à Georges Ohnet.

204. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Qu’est-ce, en effet, que le roman de Prévost ? […] Mais que vient faire, dans un roman, un pareil personnage ? […] Tous les romans de M.  […] Le premier roman de M.  […] Je voudrais donc voir disparaître du roman de M. 

205. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

* * * — La Revue des Deux Mondes, ces temps-ci, a déclaré par la voix de M. de Brunetière, qu’il y avait plus de vérité, d’observation, dans un roman de Gaboriau ou de Ponson du Terrail, que dans tous les romans de mon frère et de moi. […] Puis s’animant et s’égayant, il nous entretient du Bonheur des dames, son nouveau roman. […] Au milieu de ces notes, il y a le récit de l’audition de mes trois derniers romans. […] Il n’est pas content du roman qu’il fait… Il y a trop de vente de toile et de coton… À distance, et avant de l’avoir commencé, la chose lui paraissait devoir être plus intéressante. […] Et il laisse échapper, sur la note d’une profonde tristesse : « Au fond, je ne referai plus jamais un roman qui remuera comme L’Assommoir, un roman qui se vendra comme Nana ! 

206. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

J’ai entendu vanter le pathétique du roman de M.  […] Les faits groupés autour de cette donnée ne la rajeunissent pas, ils appartiennent à l’inventaire éternel de tous les romans et de toutes les pièces. […] J’ai pensé enfin qu’Henriette serait tout le roman, mais il a fallu en rabattre quand j’ai vu ce caractère, soutenu jusque-là, s’affaisser tout à coup au dénoûment du livre et finir par la platitude ordinaire de l’inconséquence, de la faiblesse et de la consolation ! […] Duranty, qui bûche si vaillamment dans cette vulgarité, pour lui peut-être la seule nature humaine, ne suffit pas pour nous intéresser à tous ces gens-là qu’il nous montre dans son roman, un écrin de médiocrités ! […] Duranty peut être le plus brave travailleur en vulgarité et même le plus puissant, et la Critique se laisser toucher par la peine qu’il se donne pour être profond à sa manière, que son roman, en lui-même, reste ce qu’il est, c’est-à-dire d’un effet manqué, comme composition littéraire ; mais la sorte d’intérêt qu’il excite ne peut ricocher du livre à l’auteur.

207. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Flaubert s’est astreint à décrire de niaises campagnes, comme les environs d’Yonville, où les plates rives de la Seine entre lesquelles se passe le début de son second roman. […] Enfin placé devant les scènes où le mènent ses romans, Flaubert quitte tout à coup l’exacte réalité et s’abandonne à l’admiration du spectacle. […] Maxime Ducamp attestent la perpétuelle oscillation de Flaubert entre le roman réaliste et des œuvres plus idéales. […] S’abstenant de toute répétition, de tout développement, il lui fallut des actes, des choses, des détails ; il dut être en roman moderne un réaliste, et en roman historique, l’érudit qu’i, fut. […] Huysmans sont de ceux-ci, Flaubert en fut aussi dans ses romans.

208. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Scarron, dans son Roman comique ; S.  […] Körting, Geschichte des französischen Romans im XVII. […] Morillot, Le Roman en France depuis 1610, Paris, 1893. […] Le roman a été achevé par P. de Vaumorière, 1665. […] — L’imitation de l’espagnol dans les romans de Le Sage ; — et, à cette occasion, du roman picaresque (Cf. 

209. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Aujourd’hui ces romans sont morts. […] Encore un roman mort ! […] On est donc en droit de considérer ce roman imaginaire comme une transposition du roman véritable que l’auteur a vécu pendant ces années. […] Qu’est-ce que le roman naturaliste ? […] Le lecteur des romans déjà nombreux de M. 

210. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Croix, Camille de (1859-1915) »

. — Contempler, roman (1887). — Mœurs littéraires (1890). — Double Mère, roman (1891). — Amours de vierges, roman (1891) […] — Pantalonie, roman (1900). — Les Fiancés d’Enguelbourg, cinq actes, en vers (1900). — Le Justicier, opéra en trois actes, avec Henri Signoret, musique de Léon Honnoré (1901).

211. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Roman, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1910, p. 7-13. […] Au moment d’exécuter cette détermination hardie, il conçut d’abord la pensée de placer en tête de cette seconde édition ce dont il n’avait pas osé charger la première, savoir quelques vues générales et particulières sur le roman. […]  ; les autres par ceux-ci : La célébrité européenne que vient d’acquérir ce roman, etc. […] Quelqu’un l’exhortait encore — car il doit tout dire ingénument à ses lecteurs — à placer son nom sur le titre de ce roman, jusqu’ici enfant abandonné d’un père inconnu. […] Il insiste expressément sur ces mots, parce qu’il serait au désespoir qu’on lui supposât l’intention de plaisanter en traitant d’une aussi sérieuse chose que ce roman.

212. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Ton roman m’intéresse plus que tous les miens. […] Il s’est trouvé que le roman s’y prêtait merveilleusement. […] Beyle a écrit des romans de caractères, et nos romanciers, à la suite de Flaubert et de ses fervents, écrivent tous des romans de mœurs. […] Il n’a pas un seul modèle de roman, il en a et quatre et cinq et six. […] Vous chercheriez en vain un roman moderne où il en soit tenu compte.

213. (1902) Le critique mort jeune

Pas de vers, pas de roman, pas de comédie. […] Passons sur les « trois romans idéologiques ». […] Roman social, roman scientifique, roman archéologique, où ne s’étendent pas, en effet, les prétentions du roman documentaire ? […] Déjà, avant ces deux romans, M.  […] … » Le roman de M. 

214. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Le roman de M.  […] N’importe ; ces exemples de galimatias sont rares, et c’est le style encore, malgré ses défauts, qui forme le meilleur titre peut-être de ce roman. […] En dépaysant son imagination fourvoyée, en quittant le roman bourgeois pour le roman épique. […] Flaubert avait bien le droit de placer la peinture des passions humaines au milieu des horreurs d’une guerre sauvage ; mais non, une autre pensée l’occupait : au lieu d’accepter le large cadre de Polybe pour y déployer son roman, il n’inventait son roman que pour corriger l’œuvre de Polybe — je dis pour la corriger et la refaire. […] En quittant le terrain de son premier roman, M. 

215. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Emile Zola, Le Roman expérimental. […] Zola, Le Roman expérimental. […] Zola, Le Roman expérimental. […] Zola, Le Roman expérimental. […] Zola, Le Roman expérimental.

216. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mme Des Houlières croyait qu’il eût fallu remonter jusqu’à Bassompierre, et Mme de La Fayette a rejeté la date de son roman sous les Valois. […] Mais je ne parlerai un peu que de ses romans ; elle en a composé plusieurs : j’en ai lu deux. […] On se rappelle, dans les Mémoires de Silvio Pellico, le touchant roman ébauché avec cette Madeleine repentie, dont il n’entend que la voix et les cantiques à travers le mur ; mais le roman reste, pour ainsi dire, dans l’air, à l’état de fil de la Vierge, et flotte en pur rêve. […] Les romans de Walter Scott passaient alors le détroit ; on commençait à songer à l’exactitude dans la reproduction des lieux et des époques. […] De là elles sont tentées de faire des romans de sentiment quand elles sont jeunes, et plus tard des plans d’éducation.

217. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Et un roman, c’est aussi un drame, c’est une œuvre de création et d’imagination poétiques, c’est-à-dire un livre dans les puissances intellectuelles de Victor Hugo. […] Devant Lantenac, l’émigré et le marquis, que sont tous les révolutionnaires qu’il a contre lui, devant lui, autour de lui, dans toute la durée du roman ! […] Si supérieur que soit le roman de Quatre-vingt-treize, qui n’a que le silence, à ce roman des Misérables, qui eut le bruit, à ce livre d’un sujet qui était, celui-là ! […] … Aboyer et hurler et courir après comme une chienne ; et ce sont les seules choses que fasse la Fléchard dans le roman d’Hugo. […] Mais dans un roman, il s’en soucie bien !

218. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Avant elle, les Romans étoient l’ouvrage de l’imagination, & jamais celui du sentiment. […] On lit encore avec plaisir la Princesse de Cléves, tandis que mille autres Romans, publiés depuis, n’ont pu se soutenir au delà des bornes toujours étroites de la nouveauté. Le Roman de Zaïs, qui parut d’abord sous le nom de Segrais, & fut attribué, après la mort de cet Auteur, à Madame de la Fayette, est aujourd’hui la matiere d’un problême. […] Sans prétendre néanmoins décider la question, nous nous contenterons de dire que Zaïde est un des meilleurs Romans.

219. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Les romans de M.  […] Avec les trois œuvres qui l’ont précédé, jointes aux romans antérieurs des deux frères, il semble que l’on peut maintenant définir, en ses traits essentiels, la physionomie morale de l’auteur de Chérie, le mécanisme cérébral que ses écrits révèlent et dissimulent, comme un tapis de fleurs la terre. […] Ces faits nus, ou accompagnés de considérations et de narrations, qu’ils résument et qu’ils prouvent, ces faits soigneusement choisis, renseignant sur toutes les phases des personnages, arrivant aux moments essentiels de leur vie fictive, forment toute la contexture des romans de M. de Goncourt, sans lien presque qui les aligne, sans transition qui les assemble et les dénature par une relation logique. […] Il a fait faire un pas de plus que ses contemporains, à l’évolution scientifique du roman. […] A une époque où le souvenir du romantisme remplit les romans réalistes et les scènes brutales, de grands chocs tragiques et sanglants, de raffinements maladifs, M. de Goncourt a conservé le sens des choses naturellement charmantes, de la poésie dans les incidents journaliers, des âmes délicates de naissance, de ce qui est vif, simple et gai.

220. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Le tempérament de Mirabeau devait faire rêver cet autre tempérament… Le début, dans la prose de Mme Louise Colet, fut une Étude sur la jeunesse de Mirabeau ; mais le Mirabeau de cette étude, fort peu savante, n’est pas le Mirabeau historique ; c’est le Mirabeau romanesque, et ce livre n’est guère qu’un roman. […] Ainsi sa vanité qui faisait roue de paon éternelle avec tout, même avec ce qu’elle eût dû cacher, lui dicta son roman intitulé Lui comme sa haine révolutionnaire lui fit écrire ses deux romans, les Derniers Marquis et les Derniers Abbés, et son livre qui veut être de l’histoire et qui n’est que du pamphlet, l’Italie des Italiens… Seulement, chose très particulière ! […] Et à commencer par son roman intitulé Lui, ce scandale, imité d’un autre scandale, dont les personnages, aux noms seulement défigurés pour qu’on les reconnaisse tous, ne vivent plus maintenant, à l’exception d’un seul… Ce qui prouve la radicale nullité des femmes, en fait d’invention, c’est qu’elles n’ont dans la tête qu’un roman et c’est le leur, celui de leur vie : Mme Golet n’a pas fait exception à cette loi. […] C’est un petit roman corrompu, ratatiné et idiot, dont le théâtre est dans les Pyrénées et qui ne devrait pas s’appeler les Derniers Marquis, car il n’y en a qu’un, et pas plus le Dernier Marquis que le Dernier Bourgeois, — la Dernière Actrice — le Dernier Écolier, — le Dernier Aubergiste, car il y a un bourgeois, — une actrice, — un écolier et un aubergiste dans ce pauvre roman, et tout aussi insignifiants et aussi plats que le marquis de carton, dont l’auteur tire les fils ! […] III Tels sont les romans de Mme Colet.

221. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ces romans nouveaux ne sont pas des romans. […] Elle pénètre le roman : le dernier roman de M.  […] Crise du roman : le roman tourne à l’histoire. […] Mais il a fait un roman tout de même, un véritable roman ; qu’est-ce ? […] Mais il écrit un roman.

222. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

C’est dire que, selon l’idée que je me fais du roman moderne, le romancier est tenu d’avoir des connaissances universelles. Pour mon compte, ma méthode n’a jamais varié depuis le premier roman que j’ai écrit. […] Zola voulut être père d’une autre expression typique, et il lança le mot de Roman expérimental. […] Le drame clinique essentiel du roman c’est la folie d’Emmanuel, le mari de Charlotte. […] « … En s’arrêtant à chaque instant, dans le cours de son roman, pour se livrer à des dissertations pseudo-scientifiques, M. 

223. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Vers 1898, à la suite de nombreuses lectures, je crus constater une décadence grandissante du roman français et recueillis une série de notes intitulées « fin du roman ». Puis je remarquai que les auteurs les plus vigoureux, les plus originaux, allaient au théâtre ou avaient du moins une tendance à dialoguer fortement leurs romans ; d’autre part, l’élément romantique et lyrique me frappait de plus en plus dans les origines du roman contemporain, jusque chez Flaubert lui-même ; j’esquissai tout naturellement, pour la littérature française du xixe  siècle, la série : lyrisme, épopée, drame. […] Elle rit dans les fabliaux, elle disserte lourdement dans le Roman de la Rose ! […] En France : le roman de Rabelais, les Essais de Montaigne, Le Prince de Balzac, les Pensées de Pascal, tout Fontenelle, etc. […] Un problème du même genre se pose à propos de la nouvelle, que sa forme extérieure fait considérer comme un petit roman, alors qu’elle est le plus souvent un drame de par la conception de l’action et du conflit psychologique.

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