Un ciel gris, fondant par intervalles en une neige épaisse ajoutait sa tristesse à celle des lieux, tristesse qui saisit les yeux et les cœurs dès que la naissance du jour, très tardive en cette saison, eut rendu les objets visibles. […] Nous croyons qu’il se trompe ; l’objet aurait été trop disproportionné à l’action. […] C’est que, sous ce dénuement apparent de style, il y a mieux que le style lui-même, il y a la chose, il y a le fait, il y a l’objet ; il y a plus encore, il y a l’impression. […] Car, le style, qu’est-ce autre chose que le moyen de communiquer l’objet à l’œil de l’esprit ?
Depuis les romantiques, on traduit bravement : « Les choses elles-mêmes ont des larmes. » Ou bien, en style de Hugo : « Les larmes des choses, cela existe. » Et l’on rapproche cet hémistiche du vers de Lamartine : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? […] Il est d’ailleurs certain que l’« idée fixe », l’obsédante représentation de l’objet idolâtré exerce plus pleinement les puissances de l’âme que ne ferait sa présence réelle. […] Nul n’a plus durement appliqué, ni à des objets plus divers, des théories plus étroitement déterministes. […] Son objet est de fixer la valeur des œuvres par rapport, non à lui-même, mais à toute la littérature.
On avait beau lui faire lire Loysel, Mézeray à l’article Avocat de son Dictionnaire historique, il répugnait à ces travaux sur des objets de contestation la plupart si ingrats ou si minces. […] Je vis que ce qu’on y appelait utile n’était autre chose qu’une influence étroite et précaire sur quelques objets la plupart minutieux, influence qui tirait son principe du sein des abus mêmes ; je répugnai dans cette pensée à des engagements irrévocables dans de pareilles voies.
Ce qui lui manquait, c’était le travail qui creuse, l’attention qui concentre, c’était la puissance de talent qui réalise : Tout rappelle à notre esprit, disait-il dans la préface de son François II, les objets où il se plaît davantage ; et comme je m’occupe assez volontiers de l’histoire, je n’ai presque vu que cela dans Shakespearei… En voyant la tragédie de Henri VI, j’eus de la curiosité de rapprendre dans cette pièce tout l’historique de la vie de ce prince, mêlée de révolutions si contraires l’une à l’autre et si subites qu’on les confond presque toujours, malgré qu’on en ait… Et tout à coup, oubliant que je lisais une tragédie, et Shakespeare lui-même aidant à mon erreur par l’extrême différence qu’il y a de sa pièce à une tragédie, je me suis cru avec un historien, et je me suis dit : Pourquoi notre histoire n’est-elle pas écrite ainsi ? […] douce, simple, m’aimant uniquement, crédule sur ma conduite qui était un peu irrégulière, mais dont la crédulité était aidée par le soin extrême que je prenais à l’entretenir, et par l’amitié tendre et véritable que je lui portais. » Mme Du Deffand est très bien traitée dans ces Mémoires, et s’y montre presque sans ombre, sous ses premières et charmantes couleurs ; mais la personne évidemment que le président a le plus aimée est Mme de Castelmoron, « qui a été pendant quarante ans, dit-il, l’objet principal de sa vie. » La page qui lui est consacrée est dictée par le cœur ; il y règne un ton d’affection profonde, et même d’affection pure : « Tout est fini pour moi, écrit le vieillard après nous avoir fait assister à la mort de cette amie ; il ne me reste plus qu’à mourir. » On raconte que dans les derniers instants de la vie du président et lorsqu’il n’avait plus bien sa tête, Mme Du Deffand, qui était dans sa chambre avec quelques amis, lui demanda, pour le tirer de son assoupissement, s’il se souvenait de Mme de Castelmoron : Ce nom réveilla le président, qui répondit qu’il se la rappelait fort bien.
Il se vit l’objet d’une exception unique, il fut le seul homme de lettres envers qui l’Académie ne craignit pas de s’engager à l’avance. […] Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.
« Outre qu’elle parut infiniment aimable, nous dit un témoin, on s’empressait de la voir comme un objet rare et merveilleux ; on lui faisait un mérite de sa curiosité de voir l’Angleterre ; car on remarquait qu’elle était la seule dame française de qualité qui fût venue en voyageuse depuis deux cents ans. […] Outre le droit qu’elle a sur mon admiration et ma reconnaissance, elle en a un tout particulier sur cet agréable travail33, entrepris sous ses auspices : je lui en fais l’hommage avec mystère, parce que je ne puis le faire à découvert ; ceux qui ont éprouvé le doux transport qu’excite dans l’occasion le souvenir d’un bienfait signalé, ne désapprouveront pas que mon cœur cherche à se soulager lorsqu’il ne peut se satisfaire ; ils ne seront pas surpris de me voir ajouter que dans mes regrets d’être obligé de taire l’illustre Objet de sentiments si légitimes, si naturels, et qui ne demandent qu’à se produire, je me console quelquefois par l’espérance qu’on le devinera, sans que j’aie couru le risque de tomber dans le malheur de lui déplaire. » On me dira que c’est là une Épître dédicatoire ; mais cette Épître ne portant aucun nom, elle n’est évidemment pas pour la montre ; c’est la reconnaissance toute pure qui s’épanche, et tout ce que nous savons, c’est que l’humble auteur anonyme, du temps qu’il était moine, ayant été rencontré par Mme de Boufflers dans le jardin d’un couvent où elle était entrée par hasard, avait profité de l’occasion pour l’intéresser au récit de ses malheurs ; il lui avait dit tous les dégoûts qu’il avait à essuyer dans sa profession ; et elle, touchée de son sort, l’avait fait relever de ses vœux, avait pris soin de sa fortune et, avec la liberté, lui avait rendu le bonheur.
Lucile, la pauvre jeune fille, atteinte de consomption, se laissa mourir pendant le conflit dont elle était l’objet, et, moyennant des larmes et un grand deuil, sa mort tira chacun d’embarras. […] Les hommes se figurent souvent que l’orage qui est dans leur cœur est excité par l’objet de leurs affections, et qu’ils se calmeront s’ils s’attachent à un être apathique.
Malouet, au moment où il arriva à l’Assemblée nationale, objet premier de tous ses vœux, était déjà dépassé et désabusé. […] » Lorsque les députés arrivèrent ensuite avec leurs mandats et leurs instructions écrites, Malouet eût été d’avis également que les ministres s’y appuyassent pour déterminer l’objet et la portée des débats.
Le jeune auditeur de La Mennais a sans doute embelli légèrement les objets vus à distance : il les a poétisés. […] Au lieu de cela, en dehors de l’étude et d’une lecture assez étendue, mais toute sérieuse, La Mennais jeune n’a que des relations et des préoccupations d’un ordre unique : une guerre, à Saint-Malo, du petit séminaire contre l’Université, Saint-Sulpice à l’horizon pour toute capitale, et deux ou trois amis avec qui il correspond sur les mêmes objets élevés, mais toujours pris d’un seul point de vue ; rien d’ailleurs qui vienne renouveler l’esprit et lui offrir une variété d’aliments.
objet de mépris et d’amour, Le soir un vous honore au temple, Et l’on vous dédaigne au grand jour. […] Il y eut cette fois accueil sérieux, attentif, studieux, de l’enthousiasme même : miss Smithson, entre autres, ravissait tous les cœurs, et cette noble intelligence de Berlioz, qui vient de disparaître, soudainement frappée alors comme Roméo, voyait se réaliser devant ses yeux le premier objet de son idéal, la beauté véritable.
C’est une chose bien remarquable, comme, en avançant dans la vie et en se laissant faire avec simplicité, on apprécie à mesure davantage un plus grand nombre d’êtres et d’objets, d’individus et d’œuvres, qui nous avaient semblé d’abord manquer à certaines conditions, proclamées par nous indispensables, dans là ferveur des premiers systèmes. […] Le paysage, quand il y a un paysage, est beaucoup plus vif et distinct que celui que nous avons vu dans les Idylles ; tous les objets s’y dessinent et quelquefois y reluisent trop.
Tous les objets leur apparaissent sous un jour faux ; on dirait des enfants qui, à chaque tournant du chemin, voient dans un arbre, dans un buisson, un spectre épouvantable. […] Et cependant, avec toutes ses rigueurs, la loi n’atteint pas son objet. « Nos villes, dit le parlement de Bretagne763, sont tellement peuplées de mendiants, qu’il semble que tous les projets formés pour bannir la mendicité n’ont fait que l’accroître. » — « Les grands chemins, écrit l’intendant, sont infestés de vagabonds dangereux, de gens sans aveu et de véritables mendiants que la maréchaussée n’arrête pas, soit par négligence, soit parce que son ministère n’est point provoqué par des sollicitations particulières. » Qu’en ferait-on, si elle les arrêtait ?
Souvent il a dû, pour rétablir la scène de quelque crime, examiner des plans d’appartement, regarder de près des mobiliers, passer en revue, et méthodiquement, de menus objets. […] Il apporte, d’ailleurs, dans ses notations successives d’objets particuliers, une merveilleuse netteté, et qui n’est pas un petit mérite, même en littérature Et il va sans dire que j’exagère ici mon impression ; mais je continuerai à l’exagérer pour être clair.
« Le théâtre est un objet de consommation comme un autre, cela entre dans l’article Paris. […] Jean Jullien : « Le but est d’intéresser le spectateur et surtout de l’émouvoir. » Barberou l’écrivait à Bouvard : « Le théâtre est un objet de consommation comme un autre, cela, entre dans l’article Paris.
Oui, deux groupes atomiques qui se montrent identiques au travers de toutes les épreuves de la chimie peuvent être, l’un à l’égard de l’autre, dans la même relation qu’un objet à l’égard de son image vue dans un miroir. […] C’est la rage, Monsieur, qui est en ce moment l’objet de vos études ; vous en cherchez l’organisme microscopique, vous le trouverez ; l’humanité vous devra la suppression d’un mal horrible, et aussi d’une triste anomalie, je veux parler de la défiance qui se mêle toujours un peu pour nous aux caresses de l’animal dans lequel la nature nous montre le mieux son sourire bienveillant.
Votre haine n’est autre chose que l’amour humilié et révolté : vous ne guérirez de cette funeste maladie qu’en aimant quelque autre objet plus digne de vous. » — « Ah ! […] On sent, en lisant Grimm, un esprit supérieur à son objet, et qui ne sépare jamais la littérature de l’observation du monde et de la vie.
Elle n’y résista point, malgré son âge déjà avancé ; elle passa par Vienne, et y fut l’objet marqué des attentions des souverains. […] Marmontel, en lui écrivant, avait paru croire que ces attentions dont une simple particulière était l’objet de la part des monarques, allaient faire une révolution dans les idées ; Mme Geoffrin le remet au vrai point de vue : Non, mon voisin, lui répond-elle (voisin, parce que Marmontel logeait dans sa maison), non, pas un mot de tout cela : il n’arrivera rien de tout ce que vous pensez.
M. de Bonald avait pris pour épigraphe cette phrase de Rousseau dans le Contrat social : « Si le Législateur, se trompant dans son objet, établit un principe différent de celui qui naît de la nature des choses, l’État ne cessera d’être agité jusqu’à ce que ce principe soit détruit ou changé, et que l’invincible nature ait repris son empire. » — M. de Bonald se réservait de prouver qu’ici la nature n’était autre chose que la société même la plus étroitement liée et la plus forte, la religion et la monarchie. […] Dans ses deux volumes de Recherches sur les premiers objets des connaissances morales, il a défendu la philosophie spiritualiste par les armes les plus aiguisées et les plus habiles qu’elle ait maniées de nos jours.
J’étais persuadé que tout était perdu, et notre liberté, et les plus belles espérances du genre humain, si l’Assemblée nationale cessait d’être un moment, devant la nation, l’objet le plus digne de son respect, de son amour et de toutes ses attentes. […] Fidèle, en outre, au plan que nous nous sommes proposé dès l’origine, nous ne perdrons jamais de vue le précepte de Tacite : Praecipuum munus Annalium… « Mon dessein, disait Tacite en parlant des délibérations du Sénat sous Tibère, n’est pas de rapporter tous les avis des sénateurs ; je me borne à ceux qui offrent un caractère remarquable d’honneur ou d’opprobre, persuadé que le principal objet de l’histoire est de préserver les vertus de l’oubli, et de contenir par la crainte de l’infamie et de la postérité les discours et les actions vicieuses. » Ce fut le programme de Mallet, programme d’historien encore plus que de journaliste, a-t-on dit avec justesse.
Louis XIV, religieux comme il est, croit qu’il est des lumières qui se proportionnent aux situations, et particulièrement à celle de roi : « Dieu qui vous a fait roi vous donnera les lumières qui vous sont nécessaires, tant que vous aurez de bonnes intentions. » Il croit qu’un souverain voit naturellement les objets qui se présentent, d’une manière plus parfaite que le commun des hommes. […] Pourtant, réduite et entendue dans un certain sens, cette idée a sa justesse : « Je ne crains pas de vous dire, écrit-il pour son fils, que plus la place est élevée, plus elle a d’objets qu’on ne peut ni voir ni connaître qu’en l’occupant. » Saint-Simon, que j’oserai ici contredire et réfuter, a dit de Louis XIV : Né avec un esprit au-dessous du médiocre, mais un esprit capable de se former, de se limer, de se raffiner, d’emprunter d’autrui sans imitation et sans gêne, il profita infiniment d’avoir toute sa vie vécu avec les personnes du monde qui toutes en avaient le plus, et des plus différentes sortes, en hommes et en femmes de tout âge, de tout genre et de tous personnages.
Un violent amour qui le saisit durant ce séjour à Châlons, et qui avait pour objet une jeune dame de la ville, vint mêler ses orages à tous ceux qui fermentaient déjà dans son cœur. […] Telle est, dit Marmont en terminant cette partie de ses Mémoires, telle est l’analyse et le récit succinct de cette bataille de Paris, objet de si odieuses calomnies, fait d’armes si glorieux, je puis le dire, pour les chefs et pour les soldats.
Au début de ses feuilles de correspondance, il continue d’être dans les mêmes sentiments ; son ton et son intention ne sont rien moins que frivoles ; il ne voit, dans le secret qu’on lui promet, qu’une raison de plus d’exercer une franchise sans bornes : L’amour de la vérité, dit-il, exige cette justice sévère comme un devoir indispensable, et nos amis même n’auront pas à s’en plaindre, parce que la critique qui n’a pour objet que la justice et la vérité, et qui n’est point animée par le désir funeste de trouver mauvais ce qui est bon, peut bien être erronée et sujette à se rétracter quelquefois, mais ne peut jamais offenser personne. […] C’est donc nous importuner inutilement que de nous en donner des extraits ; et, en bonne police, il devrait être défendu aux journalistes de parler d’un ouvrage, bon ou mauvais, lorsqu’ils n’ont rien à en dire. » Examiner et rectifier, c’est son objet dans ses feuilles, « et ce devrait être celui de tous les journalistes ».
Il faut remarquer son silence apprêté lorsque la conversation roule sur des objets qu’il devrait savoir et qu’il ne sait pas, et l’adresse avec laquelle il s’esquive lorsque cette conversation s’approche trop près de lui… » Il pouvait y avoir un peu de cette adresse dans le silence habituel de M. […] La langue, cette fois, a servi l’écrivain observateur avec une précision rare ; il était en face de son objet, et il a fait son dessin trait pour trait
Il y a si peu d’hommes qui pensent ; « la plupart ne s’occupent que des objets présents, ne parlent que de ce qu’ils voient, sans penser à ce que c’est que les causes cachées et les premiers principes des choses ». […] Nous vivons trop peu pour devenir fort habiles ; de plus, nous n’avons pas assez de capacité pour approfondir les matières, et d’ailleurs il y a des objets qu’il semble que le Créateur ait reculés afin que nous ne puissions les connaître que faiblement.
Ces récits ont pour objet d’animer les conversations de la veillée en leur fournissant des sujets de discussions ou d’entretiens prolongés. […] Les contes qui ne me sont pas personnels feront l’objet de notes en bas de page ou seront comparés aux contes correspondants recueillis par moi dans des notes spéciales mises à la fin de chacun de ces derniers contes.
L’important est de se placer pour un moment au point de vue de l’ensemble humain et de se départir de ces jugements particularistes, indispensables lorsque l’objet d’analyse n’est qu’un fragment isolé de son milieu, mais qui deviennent dangereux lorsque l’horizon d’étude s’élargit. […] La cité antique — à son origine du moins — se suffisait à elle-même et ses relations commerciales avec l’étranger se bornaient à un minimum d’objets de nécessité secondaire ; la cité moderne, dont les besoins se sont immensément accrus, dépend du monde entier.
Ces deux textes mis à côté l’un de l’autre eussent été l’objet, assurément, d’un bien curieux examen : il n’a pas été donné au public — j’entends le public des amateurs et connaisseurs — de se livrer à cette comparaison73.
Isolé par Richelieu des objets les plus légitimes de son affection, privé de sa mère, qui errait dans l’exil, et de son épouse, avec laquelle il fut brouillé toute sa vie, il contait mystérieusement ses peines à quelque favori en titre, qu’il ne conservait pourtant que sous le bon plaisir du cardinal.
Chaque année, après les études qui auraient pu se suivre sur place, il y aurait un voyage destiné à quelques explorations d’art ou au commentaire vivant d’un auteur ancien ; la moindre promenade aurait son objet.
Serait-ce donc un vœu par trop mesquin, au milieu de si grands objets, de souhaiter qu’une seconde édition ne le fit plus naître ?
Quand la société est morale, avancée, et se tient volontiers dans le bon sens et le travail, quand les passions et les haines publiques n’ont plus d’objet, les théories absolues et les prestiges quelconques peu de séduction, les conséquences les plus nombreuses et les plus vraies de la liberté n’ont aucun péril ; car elles garantissent ce travail, exercent et développent ce bon sens, préviennent le retour des passions politiques, ou en dirigent le cours vers le bien général, et ferment la bouche aux théories des rêveurs.
Il lui suffit qu’il y ait eu à un moment donné de la matière : quels changements relient à l’état actuel le plus ancien état où puissent remonter l’observation et l’hypothèse, voilà l’objet des recherches de Buffon.
Oui, « le monde physique existe », et il y a des arrangements de mots qui peuvent ressusciter dans notre imagination les objets absents ; mais c’est bien long, Gautier.
Il n’avait pas à changer de ton, puisque sa vie, à le bien prendre, n’avait pas changé d’objet. «….
De plus en plus il paraît compatir aux objets de ses peintures, et de plus en plus il semble se plaire à nous décrire des passions et des sentiments de telle espèce, que, de les comprendre et de les aimer comme il le fait, cela seul prouverait qu’il a dépassé sans trop savoir d’ailleurs où il va, — ce naturalisme rudimentaire par où il avait débuté si tranquillement.
Ceux-là, ne comprenant pas, croient l’objet obscur et « font obscur ».
Quand on pense que le travail intellectuel de siècles et de pays entiers, de l’Espagne, par exemple, s’est consumé lui-même, faute d’un objet substantiel, que des millions de volumes sont allés s’enfouir dans la poussière sans aucun résultat, on regrette vivement cette immense déperdition des forces humaines, qui a lieu par l’absence de direction et faute d’une conscience claire du but à atteindre.
Le 1er juin 1663, jour où La Critique de l’École des femmes fut jouée à Paris, n’était pas loin du 14 octobre, jour de la grande fête projetée pour Versailles, et où devait être joué L’Impromptu de Versailles, pièce où les marquis sont l’objet du plus sanglant outrage et du plus direct qu’on puisse imaginer.
« Telles que soient ces Réflexions sommaires, mes chers enfans, je les crois suffisantes pour vous donner une notion claire des objets que j’ai fait passer tour-à-tour sous vos yeux ; c’est à vous à vous approprier ces idées, à les éten dre, & à suppléer de vous-mêmes les détails que j’ai passés sous silence.
Et nous restons sans lire, les yeux charmés, sur ces vilaines lettres de journal, où votre nom semble imprimé en quelque chose qui vous caresse le regard, comme jamais le plus bel objet d’art ne le caressera.
De ce double regard toujours fixé sur son double objet naît au fond du cerveau du poëte cette inspiration une et multiple, simple et complexe, qu’on nomme le génie.
Il convenoit d’embellir ce monument de belles inscriptions ; mais l’embarras fut extrême, parmi les sçavans, pour décider quelle langue, de la Françoise ou de la Latine, étoit la plus propre à remplir cet objet important.
Elle chercha quelqu’un qui pût la venger d’un tel outrage, & qui fit rendre à l’objet de son admiration la justice qu’elle croyoit lui être due.
On m’a adressé, à l’occasion de ces études, quelques observations judicieuses auxquelles je crois devoir répondre, pour bien faire comprendre l’esprit et l’objet de ce travail.
« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de distraction, de pures superfluités, où l’agréable, ce bouffon suranné, oublie innocemment son confrère l’utile, il me semble que si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie.
Un homme impartial qui lira attentivement les écrivains du siècle de Louis XIV s’apercevra bientôt que rien n’a échappé à leur vue ; mais que, contemplant les objets de plus haut que nous, ils ont dédaigné les routes où nous sommes entrés, et au bout desquelles leur œil perçant avait découvert un abîme.
» Je ne voulais point amuser ; je voulais moins encore être applaudi : j’avais un plus digne objet, celui d’examiner sans partialité la vie et les ouvrages de Sénèque, de venger un grand homme, s’il était calomnié, ou, s’il me paraissait coupable, de gémir de ses faiblesses, et de profiter de ses sages et fortes leçons.
Un même homme a le tact sur certains objets, et la science sur d’autres ; ce tact est préparé par des qualités que la nature seule donne.
Mais qu’est-ce que cette affectation de rassembler toute la lumière sur un seul objet, et de jeter le reste de la composition dans l’ombre ?
Généralement ces bonnes farces se terminent tragiquement pour la bête couarde féroce et stupide qui en est l’objet, mais la bassesse de son caractère nous l’a rendue, par avance, si antipathique et ridicule qu’on applaudit de tout cœur à la victoire du kékouma (le rusé compère).
Chez les peuples pasteurs et à demi sauvages, l’amour devait se mêler à toutes les idées, et même à celles de la guerre, parce que les femmes y étaient des objets de conquêtes.
Domitien, naturellement féroce, et d’autant plus implacable dans sa haine qu’elle était plus cachée, était cependant retenu par la prudence et la modération d’Agricola ; car il n’affectait point ce faste de vertu et ce vain fanatisme qui, en bravant tout, veut attirer sur soi l’œil de la renommée ; que ceux qui n’admirent que l’excès sachent que même sous de mauvais princes, il peut y avoir de grands hommes, et qu’une vertu calme et modeste, soutenue par la fermeté et les talents, peut parvenir à la gloire, comme ces hommes qui n’y marchent qu’à travers les précipices, et achèvent la célébrité par une mort éclatante, mais inutile à la patrie46. » Toutes les fois que Tacite parle des vertus d’Agricola, son âme fière et ardente paraît s’adoucir un peu ; mais il reprend la mâle sévérité de son pinceau pour peindre le tyran soupçonné d’avoir fait empoisonner ce grand homme, s’informant avec une curiosité inquiète des progrès de sa maladie, attendant sa mort de moment en moment, et osant feindre de la douleur, lorsqu’assuré qu’Agricola n’est plus, il est enfin tranquille sur l’objet de sa haine.
Le monde diplomatique et les honneurs dont elle fut l’objet la laissèrent nonchalante et assez rêveuse ; elle en pensait volontiers ce qu’elle dit un jour en bâillant de la Pucelle de Chapelain, qu’on lui voulait faire admirer : Oui, c’est bien beau, mais c’est bien ennuyeux. […] Un jour, à Moulins, au milieu d’une lecture de piété, « il se tira (c’est elle-même qui parle) comme un rideau de devant les yeux de mon esprit : tous les charmes de la vérité rassemblés sous un seul objet se présentèrent devant moi ; la foi, qui avoit demeuré comme morte et ensevelie sous mes passions, se renouvela ; je me trouvai comme une personne qui, après un long sommeil où elle a songé qu’elle étoit grande, heureuse, honorée et estimée de tout le monde, se réveille tout d’un coup, et se trouve chargée de chaînes, percée de plaies, abattue de langueur et renfermée dans une prison obscure. » Après dix mois de séjour à Moulins, elle fut rejointe par le duc de Longueville, qui l’emmena avec toutes sortes d’égards dans son gouvernement de Normandie. […] Elle aimoit beaucoup l’Église et les pauvres, qui sont les deux objets de notre charité sur la terre, et je me souviens d’avoir vu quantité de ses lettres dans les commencements de sa conversion, qui étoient remplies de sentiments fort pénitents et fort humbles.
Buffon eut ses grands tableaux plus calmes, plus froids au premier abord, mais participant aussi de la vie profonde et de la majesté de l’objet. […] Mais la nouveauté était aussi dans sa manière et dans son pinceau ; il mêlait aisément aux tableaux qu’il offrait des objets naturels, le charme des plus délicieux reflets ; il avait le pathétique, l’onction dans le pittoresque, la magie. […] Il nous a confessé ce misérable état dans le préambule de l’Arcadie ; c’est la crise de quarante ans, que bien des organisations sensibles subissent : « … Je fus frappé d’un mal étrange ; des feux semblables à ceux des éclairs sillonnaient ma vue ; tous les objets se présentaient à moi doubles et mouvants : comme Oedipe, je voyais deux soleils… Dans le plus beau jour d’été, je ne pouvais traverser la Seine en bateau sans éprouver des anxiétés intolérables… Si je passais seulement dans un jardin public, près d’un bassin plein d’eau, j’éprouvais des mouvements de spasme et d’horreur… Je ne pouvais traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées.
Du reste, de tels procédés ne nous étonnent pas de la part de gens dont le mot d’ordre est : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. » Et le professeur est alors entré dans ce qui fait l’objet de son enseignement. […] Ne vous étonnez pas, messieurs, que la pétition et le rapport dont elle a été l’objet aient produit une sensation profonde. […] Sée a repris l’étude d’une substance qui faisait l’objet de son examen, « la modeste fève de Calabar63. » Ce ne sont point là, messieurs, des détails trop techniques pour être produits devant vous.
Sa tête était toujours tendue à des objets sérieux, et ce pays ne fournit aucune distraction. […] Je ne vivais que pour un seul objet, et je l’ai perdu. […] Nous sommes fidèles chacun à l’objet primitif de notre attachement ou de notre haine, moi aux choses, vous aux gens.
Il est certain que les Provinciales sont très fortes, et les défenses des jésuites très faibles : la meilleure, celle du Père Daniel, parut en 1694, et prouve par sa date que, près de quarante ans après l’attaque, ceux qui en étaient l’objet n’estimaient pas l’avoir encore repoussée. […] C’est une œuvre de raison, non seulement parce que l’objet en est une démonstration et la méthode une suite de raisonnements, mais surtout parce que, selon la raison, elle ne nous parle jamais de son auteur, toujours de son sujet, et parce qu’elle a un caractère universel de vérité et de beauté. […] C’est qu’avec la précision de son génie scientifique, Pascal ne nous montre aucun objet, qu’il ne lui ait arraché le secret de son essence intime, et qu’il n’ait suivi, aussi loin que la pensée peut aller, l’action qui en rayonne à travers l’infinité de la nature.
L’existence révélée par la pensée plus sûrement que par la vie physique ; la raison juge du vrai et du faux ; l’évidence, signe infaillible du vrai ; l’âme vivant d’une vie à part, et concevant spontanément l’idée de l’infini ; Dieu, se révélant comme l’objet qui répond à cette idée : que peut revendiquer le philosophe, dans ces vérités capitales, qui n’appartienne également au poète, au moraliste, à l’historien ? […] La spéculation, pour Montaigne, est comme un doux exercice de son esprit ; il y fait entrer en leur lieu, à la suite d’autres objets de réflexion fort secondaires, ces grands problèmes auxquels Descartes s’est attaché uniquement, après avoir déraciné de son esprit toutes ces contradictions, tous ces préjugés, toutes ces opinions venues de toutes les sources, dont la diversité infinie fait les délices de Montaigne. […] C’est de ceux-là que Descartes se sépare, et, sans en faire l’objet de réflexions particulières, il quitte les pensées et la langue du seizième siècle, et entre le premier dans la grande manière inimitable.
En outre, la société des nicolaïtes ne ressuscita pas après la Révolution comme celle des sulpiciens ; le bâtiment de la rue Saint-Victor demeura sans objet ; lors du Concordat, on le donna au diocèse de Paris pour servir de petit séminaire. jusqu’en 1837, cet établissement n’eut aucun éclat. […] Le petit séminaire de Paris n’avait été jusque-là, aux termes du Concordat, que la pépinière des prêtres de Paris, pépinière bien insuffisante, strictement limitée à l’objet que la loi lui prescrivait. […] L’idée que le talent primait tout le reste étouffait les divisions et, au bout de huit jours, le plus pauvre garçon débarqué de province, gauche, embarrassé, s’il faisait un bon thème ou quelques vers latins bien tournés, était l’objet de l’envie du petit millionnaire qui payait sa pension sans s’en douter.
A propos du Journal Helvétique, permettez, Monsieur, que je réponde à un autre objet qui me regarde. […] Après la mort, elle est peut-être quelque chose de mieux, puisqu'elle devient un objet d'émulation pour la Postérité, qui, sans elle, retomberoit dans la barbarie. […] Que les citations qu'on trouve sous les N°. 4, 5 & 6 du Libelle, ont été puisées dans des Notes que j'avois faites pour les Trois Siecles, & qui m'ont servi ou qui étoient destinées à composer les Articles des Auteurs qui en sont l'objet : 3°. que les Lettres (sans date, comme toutes les autres), dont on rapporte des morceaux, pag. 30, 31, 32, 37 & 45, & que je me rappelle très-bien avoir écrites, sont un monument manifeste de la mauvaise foi de l'audacieux Compilateur, puisqu'elles renferment précisément la réfutation de ce qu'il avance sans preuve ; réfutation qu'il s'est bien donné de garde d'exposer aux yeux de ses Lecteurs : 4°. enfin, qu'à l'exception de quelques Billets & de trois ou quatre Lettres que j'ai écrites en ma vie à l'Abbé Martin, tous les papiers de mon écriture qu'on cite ou dont on parle dans le Libelle, ne sont que des brouillons informes ou des matériaux d'Ouvrage, que je dois avoir laissé égarer ou qui m'ont été méchamment dérobés.
Mais, si quiconque affecterait de la mépriser ne pourrait aboutir, dans le roman et dans la poésie, qu’à la niaiserie sentimentale ou l’abstraction symbolique, elle n’est toutefois qu’une matière, une matière confuse, à qui le propre de l’art, son objet et sa fin, est de donner une forme. […] Daudet n’ont pas d’autre ni de plus intéressant objet que de démêler, et en le démêlant, de nous représenter ce subtil enchevêtrement de causes et d’effets d’où s’engendrent la diversité des caractères, la contrariété des actes, et la complexité de la vie. […] Le grand danger de cette manière d’écrire, qui déforme les objets, c’est qu’elle déforme les sujets aussi. […] Il faut que l’on oublie, à moins qu’on ne l’ignore, l’objet vrai de la critique, et les vraies conditions de l’art. […] Mais c’est un rayon de lumière dont on suit le trajet tout le long des objets qu’il rencontre, en n’indiquant de ces objets eux-mêmes que les portions que la lumière « accroche », et fait comme émerger de la lumière diffuse ou de la masse d’ombre dans laquelle les autres ou se noient ou s’enfoncent.
Et il nous expose ainsi l’objet de son livre. […] Car le misérable n’est qu’un objet de curiosité ou un objet d’ennui. […] Quand tu cesseras d’être l’objet de nos sollicitudes, nous aurons cessé de vivre. […] L’objet et le plan en sont très clairement exposés dans le premier chapitre. […] Il dit dans l’Avant-propos de 1846, deux ans avant de mourir : « Ces Mémoires ont été l’objet de ma prédilection.
Ce soin curieux et précieux qu’apportaient les « impassibles » à rendre soit les objets extérieurs, soit des sentiments archaïques ou fictifs, M. […] Elle n’est pas une peinture, mais une analyse, et elle ne traduit pas directement les objets, mais les sentiments qu’ils éveillent en nous. […] Il s’agit de trouver des combinaisons de mots qui évoquent chez le lecteur l’objet lui-même tel que l’artiste l’a perçu avec ses sens à lui, avec son tempérament particulier. […] Sa marque, c’est d’avoir su, tout en gardant des grâces et des qualités féminines, exprimer avec intensité les objets extérieurs et en communiquer l’impression directe et première, d’être enfin la plume la plus « sensationniste » du sexe sentimental. […] A la sensation initiale et grossière s’ajoutent les impressions des objets environnants, du paysage, des lignes, des couleurs, des sons, des parfums, de l’heure du jour ou de la nuit.
La morale a donc pour lui une valeur intrinsèque : elle correspond à un objet positif. […] D’une part, elle serait naturellement impuissante à former les beaux sentiments, parce qu’on les a ou on ne les a pas : en sorte qu’elle ne réussirait pas à préparer la réalisation de son objet principal. […] Littérature artiste et littérature morale : l’observateur ne peut se désintéresser des objets de son observation. […] À chaque ligne, on y pouvait lire la saine indignation d’un esprit simple et droit contre le désabusé dont la sagesse épicurienne a transformé les objets d’angoisse morale en objets de volupté et qui se meut avec une si parfaite aisance parmi les incertitudes infinies. […] Le premier peut avoir des velléités mystiques, des caprices de métaphysicien ; le second demeure précis, ne perd jamais de vue l’objet qu’il poursuit, sait toujours ce qu’il veut.
Il y a telle épithète placée avant ou après le substantif qu’elle affaiblit, qui a changé sept fois de position, et qui s’est vue l’objet de cinq amendements5. […] Une tête sans poudre lui rappelle les images sanglantes de la révolution française, premiers objets qui frappèrent son imagination royale, il y a trente-un ans. […] La moindre allusion politique fait disparaître l’aptitude à tous ces plaisirs délicats qui sont l’objet des efforts du poète. […] Entre la jeunesse si libérale de nos écoles et la censure, objet de ses mépris, je ne vois aucune différence. […] Il ne faut imiter de Shakspeare que l’art, que la manière de peindre, et non pas les objets à peindre.
La vérité historique ne lui laissait pas le choix en l’espèce, et nous avons vu que dans la Renaissance il pratique la soumission à l’objet. […] L’historien qui ne se confine pas dans l’érudition ci le romancier qui ne se consacre pas à la rocambolade ont tous deux le même objet, qui est de peindre la vie. […] S’il se dédoublait en sujet comprenant et en objet de compréhension, serait-il encore infini, c’est-à-dire unique ?) Mais nous retombons dans la logomachie : car comprendre un objet n’équivaut pas à être cet objet, et si nous pouvons concevoir l’infini, comme l’admet M. […] L’objet réel contient utilement son imagination.
Si je m’occupais avec quelque attention des enfants, qui seuls n’avaient pas changé en gaieté, mes yeux, rencontrant ceux de madame de Couaën, constamment attachés à ces chers objets, y faisaient déborder l’amertume. […] Il est enveloppé d’une grande robe de chambre de nanquin, avec une grosse étoffe de soie bien chaude pour ceinture ; le tout surmonté de sa figure pâle, éclairée par des lunettes et coiffée d’un énorme chapeau de paille couvert de taffetas noir ; cet accoutrement fait de notre savant compatriote un objet de curiosité très vive pour les naturels du pays, lesquels, en toute rencontre, lui rendent avec usure l’attention indiscrète et quelque peu niaise que nous accordons à leurs pareils dans les rues de nos villes d’Europe. […] En effet, Jacquemont vit bien aux empressements de la foule, aux félicitations qui l’accueillirent, et surtout à l’attention grave et respectueuse dont il devint l’objet de la part de ses hôtes de la Grande-Bretagne, que la révolution de juillet l’avait grandi de plusieurs pieds, et que toute l’importance politique de ce prodigieux événement se résumait en quelque sorte dans sa personne : « Je défie M. de La Fayette lui-même, écrit-il à son père, d’avoir donné en un jour plus de poignées de main. » Jacquemont en conçut un légitime orgueil ; mais en même temps il eut le bon esprit de comprendre que l’enthousiasme, assurément très réel, de ses hôtes pour la nouvelle révolution, couvrait je ne sais quelle anxiété tout anglaise qui avait besoin d’être calmée. […] « Assis à écrire, je ne garde d’autre vêtement qu’un épais turban de mousseline blanche pour me tenir la tête fraîche, et des culottes, parce que, bien que le nom de cet objet soit peu décent (en anglais du moins il est d’une affreuse indécence), je tiens l’objet lui-même, les culottes, pour une des inventions les plus décentes dont la sagesse humaine se soit jamais avisée ; veste, gilet, chemise et chemise de flanelle, bas et souliers, au diable ! […] Nicol, avec une présence d’esprit admirable, toutes les instructions relatives à l’emballage et au transport de ses collections, de ses écrits, de ses catalogues, ainsi que de plusieurs objets, entre autres sa croix de la Légion-d’Honneur (il venait d’être nommé chevalier), qu’il envoyait à son frère.
Langeron (le colonel) ; j’étais même obligé de jouer au fin avec lui et avec mon père pour cultiver mes grands objets dans ce pays-là, comme si j’eusse eu de mauvais desseins : témoin l’affaire des recrues pour lesquelles je supposai une mission. Ces grands objets en vue desquels il se permettait de légers mensonges étaient la culture des sciences occultes et ses liaisons avec les initiés de Bordeaux ; mais nous éviterons absolument de parler de ce que nous ignorons.
C’est durant cette expédition qu’elle devint éprise d’un beau gendarme, celui même dont elle a fait l’objet de ses poésies amoureuses. […] De même, André de Rivaudeau a été l’objet d’un article de M.
Sa couleur était vraie, et telle qu’elle se voyait naturellement aux objets représentés ; il savait ce qu’il faisait, il faisait ce qu’il avait sous les yeux : que lui demandait-on de plus ? […] Flandrin excelle dans cette discipline des objets subordonnés aux figures.
En attendant, pour consoler ses regards, elle s’est fait apporter ce qu’elle appelle this dear picture, un médaillon contenant le portrait de Buzot en miniature que, par une sorte de superstition, dit-elle, elle n’avait point voulu mettre d’abord dans sa prison : « Mais pourquoi se refuser cette douce image, faible et précieux dédommagement de la privation de l’objet ? […] Après cette peinture un peu embellie de sa vie, elle ajoute, revenant à son cher objet, à cette autre existence qui l’occupe : « Mais, sais-tu que tu me parles bien légèrement du sacrifice de la tienne, et que tu sembles l’avoir résolu fort indépendamment de moi ?
Mais la meilleure réponse que Jomini pût faire à toutes les récriminations exagérées et injustes, à tous les jugements prévenus dont il se sentait l’objet, c’était de continuer résolument ses grands travaux et de poursuivre, sans se laisser détourner, ses belles études militaires. […] La campagne de Waterloo, qui avait été un peu écourtée et brusquée à la fin de ces quatre volumes, devint pour Jomini l’objet d’une publication à part en 1839 ; il reprit cette fois la forme vraiment historique et rejeta tout appareil étranger67.
La première partie de son livre, le premier mémoire, qui traite des Annales des Pontifes ou grandes Annales, a véritablement pour objet de rendre aux premiers siècles de Rome et à son histoire au temps des rois et des premiers consuls une authenticité que les travaux de Niebuhr et de cette école audacieuse avaient pu ébranler dans beaucoup d’esprits. […] Le Clerc, auraient été l’objet principal de ces journaux, environ soixante-huit ans avant les actes du sénat, lesquels (on le sait positivement) ne commencèrent à être publiés qu’en l’an de Rome 694, sous le premier consulat de César : ce fut un tour que cet ennemi de l’aristocratie joua au sénat, un peu comme lorsque notre révolution de Juillet introduisit la publicité dans notre Chambre des pairs.
Sans entrer dans les détails d’enfance que nous savons écrits et retracé avec émotion par la plume la mieux informée et la plus fidèle, il convient seulement pour notre objet de remarquer que l’éducation première de Prosper de Barante fut plutôt domestique que scolaire. […] Pourtant, de cette habitude générale de continuellement juger le passé au point de vue du présent, était né en quelques esprits élevés le désir bien naturel d’une méthode contraire, où l’on irait d’abord à l’objet pour l’étudier en lui-même et en tirer tout ce qu’il contient.
lui disait-elle encore d’autres fois, l’âge arrive, le cœur se flétrit, même dans le bonheur ; je n’aurai plus tant d’efforts à faire bientôt pour éteindre en moi ce dont votre juste affection se plaint, cette flamme imprudente où elle se brûle. » Et il la rassurait, la conjurait de rester ainsi, et qu’il l’aimait pour telle, et qu’il s’estimerait éternellement malheureux comme objet d’une passion moindre. Elle le croyait un moment ; mais le lendemain elle revenait à la charge, et disait : « Hier, dans mon amour de vingt ans, je croyais qu’il n’y a rien d’impossible, de la part d’un homme qui aime, pour l’objet aimé.
L’objet de sa passion était, à ce qu’on rapporte, une demoiselle de Rouen, qui devint madame Du Pont en épousant un maître des comptes de cette ville. […] Aussi n’aimé-je rien ; et nul objet vainqueur N’a possédé depuis ma veine ni mon cœur.
Même Polyeucte, le saint, l’extatique, l’illuminé, même Horace, le patriote furieux, même Camille, l’amoureuse fanatique, manifestent surtout la volonté : tous les trois ont cette forme supérieure de l’amour qui est la dévotion, et dans laquelle la raison attribue une perfection, donc une valeur infinie à l’objet aimé, en sorte que la volonté s’applique tout entière et ramasse toutes les énergies de l’âme au service de l’amour. […] De là enfin résulte que ces héros sont des raisonneurs : car ils n’agissent pas par aveugles impulsions, et les objets même de leur passion sont transformés par eux en fins de leur raison.
Car la poésie est évidemment beaucoup plus large ; elle a pour matière tout le monde réel, y compris ses laideurs et ses discordances ; elle fait résider la beauté moins dans les objets (spectacles de l’univers physique, êtres vivants, sentiments et passions) que dans une vision particulière de ces objets et dans leur expression.
En face de ceux qui disent qu’on doit produire des objets de luxe à l’usage des privilégiés, on trouve ceux qui soutiennent qu’il ne faut produire que des utilités communes à tous. […] Les différentes valeurs, instruction, science, richesse, culture artistique sont devenues des fins en soi, des entités sociales, objet d’un culte métaphysique et laïque.
C’est pourquoi j’estime qu’ils n’étaient pas en désaccord sur un fait ; nous n’avons pas le droit de donner le même nom à la rotation de la Terre, qui était l’objet de leur discussion, et aux faits bruts ou scientifiques que nous avons passés en revue jusqu’ici. […] Je rappelle en outre que notre espace euclidien qui est l’objet propre de la géométrie a été choisi, pour des raisons de commodité, parmi un certain nombre de types qui préexistent dans notre esprit et qu’on appelle groupes.
France d’avoir su mettre dans son œuvre autant de symétrie, et d’ordre que d’esthétique, après avoir observé que, si la propension au vrai qui tend à assimiler aux énergies actives les objets, les formes, les degrés et les idées, et à laquelle ceux-ci paraissent devoir d’être assujettis aux mille réfrangibilités modales de l’expression et de l’attitude, — les rend, à notre image, aptes à persuader, — comme nous aussi, au préalable, elle les condamne à ne recevoir d’éclat que de certains accidents, et même à ne parler que dans certains bonheurs d’harmonie. […] France de s’être révélé maître dans l’art de réserver sa place idéale à l’objet, partout où il pouvait se faire que celui-ci méritât de participer à une projection représentative, — n’en dût-il le plus souvent revenir à l’effet d’ensemble qu’un bénéfice de superfluité concomitant.
Cette pièce est une véritable protestation, au moins, contre les violences dont les sectaires étaient l’objet ; et je ne veux rien ajouter à cette réfutation des calomnies écrites contre madame de Maintenon sur ce sujet. […] Elle devait être féconde en jouissances nouvelles cette amitié vive qui, par une conversation animée, sans chicane et sans contrainte, multipliait sans cesse et variait à l’infini ses épanchements vers l’objet aimé, les lui offrait toujours avec intérêt et toujours à propos, provoquait les siens, lui communiquait une vie nouvelle, une existence inconnue, créait en lui un autre homme, avec des facultés jusque-là ignorées de lui-même, l’introduisait dans ce pays nouveau dont parle madame de Sévigné, où avec d’autres yeux il voyait d’autres choses et d’autres hommes, l’introduisait dans son propre cœur où il n’était jamais descendu, l’apprenait à s’étudier et à se connaître, lui donnait une conscience pénétrée du besoin de sa propre estime, une conscience qui lui rendit bon témoignage de lui et de son amie.
Mais Antiochus répond, avec l’enthousiasme de sa passion nouvelle : L’amour, l’amour doit vaincre, et la triste amitié Ne doit être à tous deux qu’un objet de pitié. […] Mais, lorsqu’un digne objet a pu nous enflammer, Qui le cède est un lâche et ne sait pas aimer.
Il a vingt correspondances, dix amis intimes ; et chacun d’eux, sans fatuité pourrait se croire son premier objet : jamais, jamais on n’a eu tant d’existence, tant de moyens et tant de félicité. […] Écoutons Condorcet rendant compte de ces mouvements précurseurs, dans la Chronique de Paris du 18 juin : Plusieurs sections de Paris se sont présentées à la barre ; leurs pétitions avaient toutes le même objet en vue, celui d’écarter les dangers qui menacent la chose publique… Ce sont les mêmes hommes qui en 89, et à peu près à cette époque, délibéraient avec autant de calme que de fermeté sur les moyens de réprimer l’insolence de la tyrannie… Mais, familiarisés aux principes politiques par trois années de révolution, ce n’est plus par le sentiment seul que produisent les événements qu’ils se laissent entraîner.
Pendant que j’y étais et que le prince était à mes pieds, mon cœur le regardait du haut en bas aussi bien que mes yeux ; j’avais alors dans l’esprit d’épouser l’empereur… Je ne regardais plus le prince de Galles que comme un objet de pitié. […] Au sortir de là, toute remplie de son objet, elle écrivit une longue lettre à Mme de Motteville, qui lui répondit à son tour.
Parlant des dîners d’Helvétius et de d’Holbach, Marmontel pousse bien loin l’indulgence du souvenir quand il avance « qu’il est des objets révérés et inviolables qui jamais n’y étaient soumis au débat des opinions. […] Nommé par le tiers état de la Commune de Paris électeur en 1789, avec Bailly, Target, Guillotin, etc., il fut d’abord l’objet d’une faveur marquée, et on peut dire qu’il tenait dans ses mains son élection aux États généraux ; mais, voyant au prix de quelles concessions il fallait l’acheter, il y renonça.
Cette mission avait pour objet de sonder les dispositions de la Bretagne à l’égard du nouveau gouvernement, et d’engager les officiers des troupes en garnison dans cette province à lui conserver leurs bons offices. […] Car il était, ne l’oublions jamais, l’homme de son humeur : cela perce déjà dans les dernières lignes de cet article tout pacifique et d’expectative ; il prévient les questionneurs et adversaires du National qu’il ne s’agit plus désormais, dans ces critiques fort déplacées dont il est l’objet, d’attaques collectives : « Ces attaques, dit-il en terminant, ne s’adresseraient désormais qu’à une seule personne, celle qui s’est fait connaître hier pour directeur unique du National, et l’on doit s’attendre qu’elles seraient relevées. » Voilà une pointe d’épée qui s’aperçoit : et combien de fois déjà ne s’était-elle pas montrée à la fin des articles de Carrel !
Rollin supporta tranquillement cette recherche de l’autorité, qui se trouva vaine et sans objet. […] Parmi le concert d’éloges dont a été l’objet cette douce mémoire que chacun a célébrée à l’envi et qui ne portait ombrage à personne, j’ai distingué un admirable morceau écrit en 1805 par un homme également modeste et qui était bien de la même race, M.
Il ne cessa également, jusqu’à la fin de sa vie, de s’occuper d’une méthode qui avait pour objet d’écrire toutes les langues orientales au moyen d’un même alphabet, de l’alphabet européen. […] Elle est rejetée aujourd’hui par tous les savants, et le prix académique qu’il a fondé dans ce but doit être chaque fois interprété plus largement et détourné de son objet primitif pour pouvoir être décerné.
* * * — Une expression caractéristique d’un brocanteur, sur les bras duquel était resté un objet, assez difficile à placer : « Oh ! […] Oui, pendant mon ministère, un fabricant a été poursuivi pour l’exposition d’un objet de ce genre.
Et, par une exagération singulière, ces émotions mélancoliques se manifestent fréquemment chez Heine, pour des objets vagues, nuls, ou tels qu’ils suscitent chez la plupart des hommes, de la joie. […] Dans ce point morbide de son organisation intellectuelle est la cause des disparates de son œuvre et de chacune de ses œuvres, la raison aussi pour laquelle ce sont les femmes et les jeunes gens qui sont le plus touchés par son génie, la cause de ses douleurs amoureuses si vite oubliées et si variables qu’on n’en connaît pas les objets, de ses gaietés subites, des hauts et des bas de son style, des sujets auxquels il s’est appliqué, de son originalité, qui se résume en l’alliage de tous les contraires.
« Si, comme nous l’avons vu, le poète est prédestiné, le poème aussi a ses lois, et il doit être consubstantiel à l’objet qu’il célèbre : car un hymne est un élément de la nature. […] « Les symbolistes sont des organisateurs ; ils s’intériorisent dans l’objet, s’incorporent aux paysages perçus intérieurement.
. — N’y aurait-il pas des attractions irrésistibles entre certains objets et certaines personnes ? […] « Si vous avez sur vous un objet qui vous embarrasse, hasardai-je avec une obséquieuse intonation, déposez-le au comptoir, vous-le reprendrez en sortant. » À ces mots si simples, il trembla, — il grelotta de tous ses membres ; sa figure pâle pâlit… et sa main sortit violemment de la poche, étreignant un mince flacon au long col, dont il avala précipitamment quelques gouttes.
Fernand Vandérem, dans Le Miroir des lettres, résume en 1919 la polémique dont le livre a été l’objet : « On l’accusa de faire le jeu de l’ennemi. […] Sa fille, Suzanne Lalique, crée également des bijoux et des objets d’art.
Ce lyrisme, auquel le poète s’est assoupli par la volonté, l’exercice et surtout le compagnonnage littéraire, est le plus grand ennemi de sa nature sincère, de cette poésie qui est la sienne, toute d’observation triste ou cruelle, qui se déchire le cœur dans un coin, et de ce petit coin sombre avec son noir chagrin, comme Alceste, allonge sur le monde extérieur un regard qui, comme celui de certains peintres malades de la bile ou du foie, teint, d’une nuance particulière et soucieuse, les objets sur lesquels il va lentement et longuement se fixer. […] … Et savez-vous aussi, vous, brillante de charmes, Que ce jeune homme, objet de vos tardifs aveux, N’était pas un amant aux longs et noirs cheveux, Au noble front rêveur, à la marche assurée ?
Ces épisodes dont la suite fait l’objet du Roman, il les agglutine, il les relie. […] Le style, disais-je, a pour objet propre le détail. […] Vous observez d’abord son total effacement devant l’objet, son effort pour dissimuler sa personne à lui. […] Ce terme, la Science, qui nous donne l’illusion d’une unité dans les objets de la pensée et dans cette pensée même, ne correspond à rien. […] Il n’y a pas une Science, il y a des Sciences, chacune avec sa méthode particulière, parce que chacune a son objet particulier.
Il est pourtant des esprits plus fortement doués pour lesquels la raison des choses est l’objet constant et fixe d’une véritable passion et d’un violent besoin ; ils la poursuivent en toute recherche, la demandent à chaque circonstance, et, obsédés du tourment de l’atteindre, plutôt que de s’en passer, la supposent.
La Bénédiction de Dieu dans la solitude unit à cette belle réalité de notre sol et de notre nature une sorte de religion salubre qui passe de tous les objets à l’âme, qui la pénètre et la rend saine.
Aujourd’hui, c’est un coin politique et historique ; demain, une poésie ou une rêverie mélancolique ; après-demain, quelque roman sanguinaire ou licencieux, puis tout d’un coup une chaste et grave et religieuse production ; il faut que la pauvre critique aille toujours à travers cela, il faut qu’elle s’en tire, qu’elle s’en teigne tour à tour, qu’elle voie assez de chaque objet pour en jaser pertinemment et d’un ton approprié.
Sans doute il faut frapper l’attention par le tableau présent et détaillé de l’objet pour lequel on veut émouvoir ; mais l’appel à la pitié n’est irrésistible que quand la mélancolie sait aussi bien généraliser que l’imagination a su peindre.
Il faut inventer des difficultés et des obstacles, imposer à son activité des conditions restrictives, se lier par des conventions, sauter le fossé quand le pont est à deux pas, se hisser à la force du bras sans autre objet que de redescendre dès qu’on sera en haut : tout cela est artificiel, mais cela développe toutes les énergies physiques.
Nous sommes en droit de dire que le même être est alternativement objet et sujet, conscient avec étendue et conscient sans étendue, et que sans la conscience douée d’étendue, celle qui n’a pas d’étendue n’existerait pas.
Tant de fêtes commémoratives qui formèrent nos spectacles d’enfant, les cérémonies régionales en l’honneur des « héros morts pour la patrie », une telle activité civique n’a pas été assurément sans accentuer le caractère de nos passions et sans en purifier l’objet.
C’est l’écho de ces pensées, souvent inexprimables, qu’éveillent confusément dans notre esprit les mille objets de la création qui souffrent ou qui languissent autour de nous, une fleur qui s’en va, une étoile qui tombe, un soleil qui se couche, une église sans toit, une rue pleine d’herbe ; ou l’arrivée imprévue d’un ami de collège presque oublié, quoique toujours aimé dans un repli obscur du cœur ; ou la contemplation de ces hommes à volonté forte qui brisent le destin ou se font briser par lui ; ou le passage d’un de ces êtres faibles qui ignorent l’avenir, tantôt un enfant, tantôt un roi.
Si l’on retrouve quelque part ce dernier, son enjoûment, son aimable désordre, ses bouffonneries, ses transperçans & cyniques, c’est sur le théatre de notre comédie Italienne ou sur celui de la Foire ; théâtres de tout temps en possession de relever les ridicules célèbres, de contrefaire la figure, la voix, les gestes, les manières de ceux qu’on juge devoir être l’objet de l’amusement du public.
Encore de la mauvaise morale : on peut trop louer sa maîtresse, et tout éloge qui n’a pas l’air d’échapper à un sentiment vrai, ou d’être une galanterie aimable d’un esprit facile, déplaît souvent même à celle qui en est l’objet.
Mais l’experience apprend bientôt à changer l’objet de l’imitation : aussi les poëtes romains ne furent pas long-tems à connoître que leurs comedies plairoient davantage s’ils en mettoient la scene dans Rome, et s’ils y joüoient le peuple même qui devoit en juger.
Quoique le geste ne soit pas réduit en art parmi nous, quoique nous n’aïons pas approfondi cette matiere, et par consequent divisé les objets autant que les anciens l’avoient fait, nous ne laissons pas de sentir que la tragédie et la comédie ont des gestes qui leur sont propres spécialement.
Ils ne sont l’objet que d’une intelligence verbale.
Ce sont surtout les philosophes, les moralistes, les penseurs, qu’on relit dans ce dessein, et ce n’est pas mal fait ; mais il n’est auteur qu’on ne puisse relire dans cette intention, et il en est qui sont tellement dignes d’être relus qu’on doit les relire pour cet objet.
Dès lors on n’a rien à redouter des prérogatives du Saint-Siège ; et ce que nous avons appelé les libertés de l’église gallicane, qui peut-être dans un temps nous a préservés de la contagion des hérésies, est devenu absolument sans objet.
que Vallès a les immenses qualités pittoresques de ce peintre de réfractaires, ou sa noblesse inouïe quand l’objet qu’il retrace est bas, ou son idéalité restée toujours pure dans l’observation la plus exacte.
Un autre grand mérite de cet orateur, c’étaient des finesses et des grâces de style ; or, ces finesses et ces grâces tiennent ou à des idées ou à des liaisons d’idées qui nous échappent ; elles supposent l’art de choisir précisément le mot qui correspond à une sensation ou délicate, ou fine ; d’exprimer une nuance de sentiment bien distincte de la nuance qui la précède ou qui la suit ; d’indiquer par un mot un rapport, ou convenu, ou réel entre plusieurs objets ; de réveiller à la fois plusieurs idées qui se touchent.
Barberine est jeune, Barberine est jolie, et il est très facile de prévoir que, en l’absence du mari, le château où Barberine file sa quenouille sera l’objet d’entreprises qui ne seront pas des entreprises militaires. […] Cela veut dire qu’il est sensible aux choses, aux objets, à l’extérieur et que, dans la façon dont il rend l’extérieur, il s’occupe plus qu’un autre de la précision. […] Et si avec la plume on doit peindre, c’est condamner la poésie à une infériorité certaine, parce que jamais, avec les vers les plus pittoresques et les plus évocateurs, on n’arrivera à produire un effet aussi saisissant, aussi intense qu’avec la vision même de l’objet, que nous devons soit au tableau, soit à la statue. […] D’une part, Leconte de Lisle est celui des écrivains du xixe siècle qui a fait en France les vers les plus complets, comme rendu, comme expression, comme harmonie sonore ; c’est celui qui, dans ses descriptions, s’est rapproché davantage de l’objet lui-même, de la réalité : et, d’autre part, Leconte de Lisle, tout en se soumettant à l’objet, tout en étant un descriptif exact et minutieux et tout en s’interdisant les vaines lamentations, est celui qui nous a fait le mieux comprendre l’espèce de désenchantement profond qui était dans son cœur. […] Vous le voyez, c’est la continuation de ce principe, qui était celui de Théophile Gautier et de Leconte de Lisle, à savoir, qu’un poète doit se subordonner à l’objet.
Aucun mot ne possède un sens unique ni ne correspond exactement à un objet déterminé, exception faite pour les noms propres. […] Art, Morale, Religion, Politique n’ont d’autre objet que de réaliser l’unité d’éléments et de forces contraires — stériles et destructeurs, tant que leur contradiction n’est pas subordonnée et vaincue. […] En soumettant l’art à la pure inspiration passionnelle, en lui donnant l’individuel et l’accidentel pour objets, le Romantisme lui ferme les plus hautes sources de poésie (celles auxquelles Mistral, parmi les contemporains, est à peu près seul à avoir puisé). […] C’est notre plaisir et le leur qu’ils se proposent pour premier objet. […] Hugues Rebell, où sont les hors-d’œuvre, où l’objet essentiel.
« Madame Récamier a souvent répété depuis qu’elle n’avait cessé, pendant toute cette soirée, de se croire la proie d’un horrible rêve, et que la souffrance morale qu’elle endura était telle que les objets matériels eux-mêmes prenaient, aux yeux de son imagination ébranlée, un aspect étrange et fantastique. […] Je pars demain pour les hautes montagnes de l’Oberland ; la sauvage nature du pays sera d’accord avec la tristesse de mes pensées, dont vous êtes toujours l’objet ! […] On est indulgente pour les fautes qu’on inspire ; que ne pardonne-t-on pas à la passion dont on est l’objet !
L’objet qu’on ne doit jamais perdre de vue, c’est d’interpréter la parole de Dieu pour l’utilité du prochain ; il ne s’agit pas d’ignorer la rhétorique, mais de la manier délicatement ; c’est tout un art que de « faire parler Dieu » avec efficacité. […] Ces réalités sont celles où se manifestent les desseins et les jugements de Dieu : leur image éveille en lui tous les sentiments dont son Dieu est l’objet, toutes les ardeurs de la foi, de l’espérance et de l’amour. […] En effet les objets de ses émotions, de ses transports lyriques, étant ceux que la religion fournissait, avaient un caractère universel et souverain, à l’ombre duquel, pour ainsi dire, l’individualité pouvait se déployer librement : nul ne pouvait s’étonner des ravissements du prêtre en face de son Dieu, et tout le monde pouvait les comprendre.
Tel est l’objet du deuxième acte. […] De divers côtés, nous avons constaté des mouvements de réforme, et les auteurs de tels efforts ne peuvent que se sentir raffermis et rassurés par la conscience qu’il y a un endroit où l’objet de leurs aspirations est réalisé. […] Cet article est la suite d’articles publiés dan » le Musikalisches Wochenblatt : il sera l’objet d’une étude spéciale.
Il est juste en effet que personne n’admet le réalisme de la description d’un objet imaginaire, si cette description ne lui paraît pas correspondre à la vérité ; mais cette vérité est variable, elle est une idée, et résulte de l’expérience, exacte, chimérique ou volontairement illusoire, que l’on se fait des choses et des gens. […] Cela est vrai ; mais une perception n’est nullement un acte simple, passif, constant pour tous devant un objet identique ; les facultés les plus hautes, la mémoire, l’association des idées y participent ; on doit l’assimiler rigoureusement à une opération aussi compliquée qu’un raisonnement17 de sorte que, dès qu’il s’agit de perceptions complexes et esthétiques, les différences individuelles deviennent énormes. […] Précisons que la formule « homme intérieur » se trouve chez Taine, pour désigner l’objet même de la science psychologique : « il y a un homme intérieur caché sous l’homme extérieur et le second ne fait que manifester le premier » (Histoire de la littérature anglaise, Hachette, 1863, p.
Ils préfèrent leur hypothèse à l’objet de la recherche. […] Et ils préfèrent la science à l’objet même de la science. […] On a représenté là des études qui n’ont ensemble nulle analogie d’objet ni de méthode. […] C’est que, par un effet de l’habitude, les objets tout proches, vous ne les voyez plus. […] On crut, avec un bel entrain, que les divers objets de la pensée allaient devenir objets de science.
Un soir qu’il avait par hasard entendu un opéra à Feydeau, et qu’il s’en retournait lentement vers son réduit à la clarté d’une belle lune de mars, la fraîcheur de l’air, la sérénité du ciel, la teinte frémissante des objets, et les derniers échos d’harmonie qui vibraient à son oreille, agirent ensemble sur son âme, et il se surprit murmurant des plaintes cadencées qui ressemblaient à des vers. […] De même que, dans ce monde matinal, on voit de loin un objet qui s’avance, de même, dans le monde moral, on voit de loin celui qui doit les modifier. […] Cependant, convenons-en, l’usage exclusif et prolongé d’une certaine espèce de poésie n’est pas sans quelque péril pour l’âme ; à force de refoulement intérieur et de nourriture subtile, la blessure à moitié fermée pourrait se rouvrir : il faut par instants à l’homme le mouvement et l’air du dehors ; il lui faut autour de lui des objets où se poser ; et quel convalescent surtout n’a besoin d’un bras d’ami qui le soutienne dans sa promenade et le conduise sur la terrasse au soleil ? […] « Si vous avez un ami riche, heureux, entouré des biens les plus désirables de la terre, ne devenez ni trop pauvre, ni trop délaissé du monde, ni malade sur un lit de douleurs ; car cet ami, tout bon qu’il sera, vous ira visiter une fois ou deux, et la troisième il remarquera que le chemin est long, que votre escalier est haut et dur, que votre grabat est infect, que votre humeur a changé ; et il pensera, en s’en revenant, qu’il y a au fond de cette misère un peu de votre faute, et que vous auriez bien pu l’éviter ; et vous ne serez plus désormais pour lui, au sein de son bonheur, qu’un objet de compassion, de secours, et peut-être un sujet de morale.
Il y a dans Fénelon je ne sais quelle plénitude qui fait que toutes ses pensées sur chaque objet sont toujours prêtes. […] L’imitation est si naturelle, et les raisons que donne Fénelon sont si propres à l’objet qu’il traite et au génie de notre pays, qu’on peut regarder ces Dialogues comme un de nos ouvrages de critique les plus originaux. […] Quant à cette sorte de scolastique littéraire, née de la mauvaise fertilité des derniers temps, qui distingue le fond de la forme, l’art de son objet, l’écrivain de l’homme, il n’y a pas dans Fénelon une seule ligne dont elle pût s’autoriser pour un seul de ces principes d’invention récente, qui ont gâté le goût de notre nation. […] L’objet du roman y fait excuser pareillement le mélange des deux morales.
Je sais bien qu’il faut les regarder sur le plan de l’art, mais il m’est difficile, pour mon plaisir particulier, de séparer entièrement l’œuvre d’art de l’objet qu’elle représente. […] C’est un objet de prix, c’est un diamant, soit, mais dont la contemplation doit être un peu fatigante, telle celle du fameux chèque. […] Il s’agit tout simplement de se procurer un tas d’objets hétéroclites et de les orner, avant de les mettre en vente, d’étiquettes de ce genre : « Plume avec laquelle Voltaire écrivit La Pucelle », ou bien : « Balle trouvée dans l’une des bottes de Napoléon après la bataille de Wagram », etc. […] Il n’avait pas toujours beaucoup de distinction dans sa prose et il y en a moins que jamais dans ces lettres à un camarade ; l’on y verra du moins la preuve qu’il est quelquefois bon de séparer l’homme de l’écrivain et d’en faire l’objet de deux jugements séparés, si l’on tient à juger.
Dans toute classification, depuis Aristote jusqu’à nous, il y a toujours eu deux éléments distincts, l’élément purement verbal ou lui logique, servant à désigner les choses par des noms exprimant autant que possible leur nature : puis l’élément réel ou loi sériaire, qui a pour objet de rapprocher des objets divers suivant leurs rapports mutuels. […] En effet, on comprend que dans l’ordre logique les divers objets classés sont séparés par leurs attributs différents, et identifiés sous les mêmes noms par leurs attributs semblables ; dans l’ordre sériaire, au contraire, il y a quelque chose de plus. […] Le nombre de ces rapports augmente avec la complexité des êtres à classer, et il en résulte que l’échelle la plus complexe de rapports appartient aux êtres vivants qui de tous les objets devraient être, par conséquent, les plus difficiles à classer.
Quand des récompenses publiques sont proposées par l’État, il est de bon exemple qu’elles trouvent leur objet ; il est pénible de venir déclarer après examen qu’il n’y a pas lieu à les décerner.
Denis dans ses études sur Camoëns ; c’est là que puiseront tous ceux qui s’occuperont du même objet, et tous ils apprécieront, non sans émotion, la noble pensée de M. de Souza.
Ainsi l’antiquité, superficiellement effleurée dans les collèges des jésuites, l’antiquité que les femmes ne peuvent connaître, et qui n’est guère objet de conversation dans un salon, est renvoyée aux pédants des Académies et aux cuistres de l’Université.
Est-il défendu d’imaginer qu’une Puissance inconnue, ayant d’abord permis aux hommes d’établir entre les choses et les mots des rapports constants, universels et publics, a voulu enfouir en même temps dans les ténèbres des idiomes humains certains rapports secrets, absurdes et réjouissants des mots avec les objets ou des vocables entre eux, et en a réservé la découverte à quelques privilégiés du rire et de la fantaisie ?
Quel hommage plus noble peut offrir un amant à l’objet de sa tendresse et de son respect ?
Ils avoient, à la vérité, des objets de culte, des sujets nationaux capables de captiver, d’attacher, d’emouvoir le Spectateur, sans recourir à ce sentiment trop foible pour des Républicains ; mais quand ces sujets leur auroient manqué, ils eussent dédaigné tout ce qui n’étoit pas propre à repaître & à soutenir l’élévation de leur ame.
Mais de nos jours combien d’hommes, tristes fanfarons de scepticisme, se font un jeu cruel d’ébranler toutes les convictions, « Ubi soliludinem faciunt sapientiam appellant. » Le mot terrible de Tacite suffit à les définir ces artisans de ruines qui ne s’arrêtant devant aucun objet de croyance se gardent bien de ménager le culte du génie : race éternelle des iconoclastes en qui je reconnais ces soldats d’Alarik qui, violents contemplateurs des Phidias et des Praxitèle, trouvaient leurs plus doux plaisirs à décapiter les marbres des dieux.
Après avoir reproché aux poëtes anciens d’avoir rempli leurs vers d’objets communs et d’images sans noblesse, on se croit encore fort moderé quand on veut bien rejetter la faute qu’ils n’ont pas commise, sur le siecle où ils ont vécu, et les plaindre d’être venus en des temps grossiers.
IV Ironie de la vérité dont ne se doutent même pas les hommes qui sont l’objet de cette tranquille ironie, ses ennemis les plus acharnés participent encore d’elle… et c’est là sa manière de se moquer d’eux !
C’eût été là sans doute l’objet d’un panégyrique plus éloquent, et surtout plus utile.
Enfin, dans cette quatrième époque, on vit naître et se développer l’éloquence chrétienne qui tenait à des idées, des principes et des objets entièrement nouveaux.
L’institution des sépultures, qui vint après celle des mariages, résulta de la nécessité de cacher des objets qui choquaient les sens.
Les humanités déistes et particulièrement chrétiennes, ces singulières humanités, qui ne nous paraissent ordinaires et communes que parce que nous y sommes habitués, ces singulières humanités, où l’homme occupe envers Dieu une si singulière situation de grandeur et de misère, si audacieuse au fond, et si surhumaine, — l’homme fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, — et Dieu fait homme, — avaient séparément le sens du parfait et de l’imparfait, du fini et de l’infini, du relatif et de l’absolu ; elles connaissaient donc les limitations de l’humanité ; ajouterai-je que généralement ces humanités étaient à la fois intelligentes et profondes, et que la constatation même des contrariétés intérieures, de la grandeur et de la misère, faisait peut-être le principal objet de leurs méditations ; dans ces humanités l’homme était reconnu créature et limité aux limites humaines ; l’historien demeurait un homme. […] C’est ainsi que l’esprit reproduit la nature ; les objets et la poésie du dehors deviennent les images et la poésie du dedans. Il ne faut pas trop se hasarder en conjectures, mais enfin c’est parce qu’il y a une France, ce me semble, qu’il y a eu un La Fontaine et des Français. » Mon Dieu oui ; seulement il y a une France pour tout le monde, la France luit pour tout le monde, et tous les Français, s’ils seront toujours français, ne sont pas La Fontaine ; je n’insiste pas sur toutes ces difficultés, sur toutes ces contrariétés ; je m’en tiens pour aujourd’hui à la forme même du connaissement ; la méthode ne se révèle pas dans toutes les œuvres modernes partout avec une aussi haute audace ; elle ne fait pas dans toutes les œuvres modernes partout l’objet d’une aussi manifeste déclaration que dans cet éminent La Fontaine ; elle est ailleurs plus ou moins dissimulée, plus ou moins implicite ; mais c’est essentiellement, éminemment, la méthode historique moderne, obtenue par le transport, par le transfert direct, en bloc, des méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire ; l’auteur, en bon compagnon, commence par faire son tour de France ; il ferait son tour du monde, s’il était meilleur compagnon ; et quand il a fini son tour du pays, il commence l’autre tour, afin de ne point tomber par mégarde au cœur de son sujet, il commence le tour le plus cher à tout historien bien né, le tour des livres et des bibliothèques ; avec ce tour commencera le paragraphe deux. […] « Quelle opposition entre notre littérature du douzième siècle et celle des nations voisines. » J’arrête ici pour aujourd’hui la citation ; la méthode est bien ce que nous avons dit ; elle est doublement ce que nous avons dit ; quand par malheur l’historien parvient enfin aux frontières de son sujet, à peine réchappé de l’indéfinité, de l’infinité du circuit antérieur, il se hâte, pour parer ce coup du sort, de se jeter dans une autre indéfinité, dans une autre infinité, celle du sujet même ; à peine réchappé d’avoir absorbé une première indéfinité, une première infinité, celle du circuit, celle du parcours, et de tous ces travaux d’approche, qui avaient pour principal objet de n’approcher point, il invente, il imagine, il trouve, il feint une indéfinité nouvelle, une infinité nouvelle, celle du sujet même ; il analyse, il découpe son sujet même en autant de tranches, en autant de parcelles que faire se pourra ; il y aura des coupes, des tranches longitudinales, des tranches latérales, des tranches verticales, des tranches horizontales, des tranches obliques ; il y en aurait davantage ; mais notre espace n’a malheureusement que trois dimensions ; et comme nos images de littérature sont calquées sur nos figures de géométrie, le nombre des combinaisons est assez restreint ; tout restreint qu’il soit, nous obtenons déjà d’assez beaux résultats ; nous étudierons séparément l’homme, l’artiste, le penseur, le rêveur, le géomètre, l’écrivain, le styliste, et j’en passe, dans la même personne, dans le même auteur ; cela fera autant de chapitres ; nous nous garderons surtout de nous occuper dans le même chapitre de l’art et de l’artiste ; cela ferait un chapitre de perdu ; et si d’aventure, de male aventure nous parvenons à parcourir toutes les indéfinités, toutes les infinités de détail de tous ces chapitres, de toutes ces sections, il nous reste une ressource suprême, un dernier moyen de nous rattraper ; ayant étudié séparément l’homme, l’écrivain, l’artiste, et ainsi de suite, nous étudierons les relations de l’homme et de l’écrivain, puis de l’artiste et de l’art, et du styliste, et ainsi de suite, d’abord deux par deux, puis trois par trois, et ainsi de suite ; étant données un certain nombre de sections, formant unités, les mêmes mathématiques nous apportent les formules, et nous savons combien de combinaisons de relation peuvent s’établir ; cela fera autant de chapitres nouveaux ; et quand nous aurons fini, si jamais nous finissons, le diable soit du bonhomme s’il peut seulement ramasser ses morceaux ; que de les rassembler, il ne faut point qu’il y songe ; l’auteur a fait un jeu de patience où nulle patience ne se retrouverait. […] Par lui nous voyons les gestes, nous entendons l’accent, nous sentons les mille détails imperceptibles et fuyants que nulle biographie, nulle anatomie, nulle sténographie ne saurait rendre, et nous touchons l’infiniment petit qui est au fond de toute sensation ; mais par lui, en même temps, nous saisissons les caractères, nous concevons les situations, nous devinons les facultés primitives ou maîtresses qui constituent ou transforment les races et les âges, et nous embrassons l’infiniment grand qui enveloppe tout objet.
La typographie plus ou moins soignée ne change rien à la valeur intrinsèque des mots, signes d’objets ou de pensées. […] Dépassant la lettre et le mot, il s’agira de réaliser dans l’objet dont ils sont le revêtement une luminosité plus profonde. […] Un théâtre trop raffiné, trop littéraire tend nécessairement à s’éloigner de son objet. […] La tragédie, de par sa nature, transpose ; elle a le masque, le cothurne, le style ; elle épanouit et grandit l’objet. […] Nous avons vu par l’exemple de Marivaux comment un théâtre trop raffiné s’anémie, se dissout, se vide de substance et rompt peu à peu avec son objet.
C’est pourquoi, sentant ma faiblesse et tout l’imparfait de mon art, j’ai réservé pour les occasions harmoniques ou mélodiques ou analogues, ou pour telles ratiocinations compliquées, des rhythmes inusités, impairs pour la plupart, où la fantaisie fût mieux à l’aise, n’osant employer le mètre sacro-saint qu’aux limpides spéculations, qu’aux énonciations claires, qu’à l’exposition rationnelle des objets, invectives ou paysages. […] l’âge mûr a, peut avoir ses revanches et l’art aussi, sur les enfantillages de la jeunesse, ses nobles revanches, traiter des objets plus et mieux en rapport, religion, patrie, et la science, et soi-même bien considéré sous toutes formes, ce que j’appellerai de l’élégie sérieuse, en haine de ce mot, psychologie. […] Au moment dont il est question, fin 1871, nos « assises » se tenaient au premier étage d’un marchand de vins établi au coin de la rue Bonaparte et de la place Saint-Sulpice, vis-à-vis d’un libraire d’occasion (rue Bonaparte) et (rue du Vieux-Colombier) d’un négociant en objets religieux. — « Au dîner du Bon Bock, dit donc M. […] Rimbaud attendit patiemment à la porte et Carjat reçut à la sortie un « bon » (je retiens « bon ») coup de canne à épée dans le ventre. » Je n’ai pas à invoquer le témoignage de d’Hervilly qui est un cher poète et un cher ami, parce qu’il n’a jamais été plus l’auteur d’une intervention absurdement inutile que l’objet d’une insulte ignoble publiée sans la plus simple pudeur, non plus que sans la moindre conscience du faux ou du vrai, dans la préface de l’édition Genonceaux, ni celui de M. […] Mais celui qu’il reçut là fut vraiment cordial et… effectif ; l’hospitalité la plus aimable, la plus large… et la plus circulaire, c’est-à-dire, au fond, la plus commode de toutes, le tour de chacun dans l’au-jour le jour de la saison coûteuse et glaciale, je ne crois pas qu’homme eut jamais été l’objet d’une aussi gentille confraternité, d’une aussi délicate solidarité témoignées..
Dans une médiocre lumière, avec un cheveu, on obtient les plus curieux déplacements, à petite distance, d’objets légers. […] Ne pas manquer d’agiter lentement les mains au-dessus de l’objet, de multiplier les passes. […] L’unanimité elle-même doit être contrôlée sévèrement, et il ajoute, ce qui concorde avec mes propres idées sur la question : « On en vient à se demander si ce n’est pas la règle que de méconnaître les objets sans intérêt qui nous entourent, et si ce n’est pas par hasard seulement, et à titre d’exception, que ces objets ; laissent une trace sur la plaque sensible de notre mémoire ? […] Il reste deux classes zoologiques, et ce sont les plus importantes, parmi lesquelles l’ami des bêtes choisit généralement l’objet de sa passion : les mammifères et les oiseaux. […] Est-ce saint Antoine, pour un objet perdu ?
Heureusement la mode de ces objets passa vite, et Mme Dudevant fut obligée de chercher ailleurs ce qu’elle avait cru trouver là, son gagne-pain. […] Il semble, à l’en croire, que l’amour est l’unique affaire de la vie, que la vie elle-même, c’est-à-dire l’action, sous ses formes les plus variées, n’ait pas d’autre objet ni d’autre emploi. […] Si l’opinion sociale ou les hasards de la vie ont creusé un abîme entre eux et l’objet aimé, les héros de Mme Sand déploient une force incalculable pour le franchir. […] Nous devons rappeler cependant quelques traits de la vie antérieure, celle qui a été l’objet ou le prétexte de tant de légendes. […] Quand l’instinct maternel fut à peu près dégagé de l’alliage et rendu à ses véritables objets, il s’empara de cette vie en maître, presque en tyran.
Non qu’il dédaigne l’idée et dédaigne l’objet. […] C’est ce que fait Racine quand il affirme que son poème n’a pas d’autre objet que de plaire. […] Les objets sont décrits avec une surprenante prestesse : les objets eux-mêmes, et l’impression de qui les regarde, le sentiment furtif. […] S’il a changé d’objet, du moins donnait-il « chaque fois tout son cœur ». […] … Car la science a l’analyse pour moyen et la synthèse pour objet.
Magnin, les symboliques réminiscences et les instinctifs pressentiments de l’auteur d’Orphée ont-ils un degré de vraisemblance que nous ne retrouvons pas dans l’Homme sans nom : « Dans ce dernier poëme, ajoute le même critique, la proximité de l’objet nous paraît déjouer l’œil profond du mystique interprète : la double vue ne s’applique bien qu’à l’invisible. » Et pourtant, chose remarquable ! […] Ballanche, de l’homme qui se fait lui-même, lui représentait par les trois sécessions la masse de l’humanité conquérant successivement la conscience ou le sentiment de soi, la pudicité ou le mariage légal, et enfin la dignité ou l’aptitude aux magistratures dans les divers ordres. 3° Quant à l’avenir qui suit cette émancipation et à la perspective future et finale des destinées humaines sur la terre, ce devait être un des objets, un des pressentiments de la Ville des Expiations : M. […] Fauriel parlait toujours de Mme Récamier comme étant la Béatrice de Ballanche, car son adoration pour elle rappelait l’amour de Dante pour la divine Béatrice : il devait y avoir eu une semblable étincelle d’amour céleste dans ces deux âmes. » Et plus loin, à une période bien plus avancée de la vie de Mme Récamier : « Le premier objet de son intérêt était M. de Chateaubriand ; mais elle avait d’autres amis, et M.
L’objet n’est pas devenu autre, mais tout se passait en elle. […] Ces grâces matinales rappellent le départ de Nausicaa pour le lavoir ; mais ici que l’objet est différent, et que déjà l’horizon se fait sombre ! […] Qu’on se garde de conclure pourtant qu’il ne se rencontre pas encore de beaux passages, et dignes de souvenir, notamment l’épisode des noces en Phéacie ; ce que je veux marquer, c’est que l’action, si heureuse et si pleine dans son milieu, est véritablement sur le retour, c’est que l’intérêt principal se traîne et n’a plus d’objet.
Cela était nécessaire à vous dire pour ne pas vous laisser confondre cette philosophie surnaturelle, ou cette science des choses invisibles et impalpables, avec toutes ces autres sciences naturelles qui se sont appelées aussi improprement du nom de philosophie, mais qui n’ont pour objet que les choses sensibles et matérielles, telles que la physique, la chimie, l’astronomie, les mathématiques. […] « Vous êtes dans l’erreur, vous qui croyez qu’un homme qui a quelque valeur doit peser les chances de vivre ou de mourir, au lieu de chercher dans ses actions si ce qu’il fait est juste ou injuste. » Puis il cite les vers d’Achille dans l’Iliade d’Homère : « Que je meure à l’instant même, pourvu que je venge le meurtre de Patrocle, et que je ne demeure pas ici un juste objet de mépris, assis sur mes vaisseaux, inutile fardeau de la terre ! […] « Et ne penses-tu pas que l’objet des soins d’un philosophe ne doit point être son corps périssable, mais qu’il doit au contraire s’en affranchir autant que possible, et s’occuper uniquement de son âme ?
Nous considérerons l’intelligence à trois points de vue : 1º Dans ses origines et dans sa genèse ; 2º Dans son objet (la vérité) ; 3º Dans sa fin ou son idéal. […] * * * Après avoir considéré l’intelligence dans son origine et dans sa genèse, puis dans son objet (la vérité), considérons-la maintenant dans son usage et sa fin. […] C’est l’attitude du penseur qui s’est retiré de la vie sociale et qui ne regarde plus la société que comme un objet de curiosité intellectuelle et de contemplation esthétique.
J’ai jadis étudié longuement les causes et les effets de ce regain de popularité dont les anciens furent l’objet : on me pardonnera de reproduire un court fragment de cette étude157 : Qui croirait que Rollin, le bon Rollin, l’inoffensif Rollin dût être cité parmi ceux qui ont préparé la Révolution française ? […] Que l’espagnol et l’italien soient au nombre des objets étudiés à Port-Royal ; qu’en 1732 l’abbé Pluche propose de remplacer l’espagnol par l’anglais ; que l’allemand et plus tard le russe soient admis dans les lycées de notre siècle, ce sont là des faits dont il me paraît superflu de faire saillir le sens et la portée. […] Il est difficile à des hommes qui se coudoient à chaque instant et délibèrent ensemble sur des objets moins passionnants que les intérêts vitaux d’un pays, de ne pas avoir entre eux des ménagements et presque [des coquetteries de courtoisie.
Avec des cadences de phrases pompeuses et bruyantes qui ressemblent aux triomphants paraphes de certaines signatures, usant tantôt d’une solennité prêcheuse, tantôt de la grande éloquence des bateleurs, tantôt encore de l’attendrissement contenu des petits traités religieux, recourant au comique de l’argot et au pathétique des mélodrames, l’auteur anglais s’attache constamment à développer le plus copieusement du monde les thèmes les plus minces, par considérations personnelles, par hypothèses, par associations d’idées, par amplifications, par n’importe quel moyen extrinsèque autre que la description et la considération même de l’objet dont il disserte. […] Herbert Spencer (Principes de psychologie) a consacré à ce phénomène mental, il est exposé que fondamentalement un sentiment diffère d’une perception, d’une connaissance, d’une idée, en ce qu’il dérive des choses une impression immédiate et continue, non la notion de leurs rapports avec le reste des êtres, non une notion classificatrice, un jugement, mais une pure sensation pendant laquelle l’objet seul apparaît dans la conscience, la flatte ou la heurte selon qu’il lui est bienfaisant ou malfaisant. […] L’émotion, comme nous l’avons dit plus haut, est un état d’âme qui a pour caractéristique non d’être une transition, la sensation rapide d’un rapport, comme les perceptions qui constituent les idées, — mais de rester continu, indivisible, borné au même objet pendant sa durée, c’est-à-dire un.
Il est d’abord comme entendu que l’on n’écrira pas en français pour écrire, mais pour agir ; et que cette action aura pour objet la propagation des idées générales. […] Les Enfances Guillaume], qui ont pour objet est de donner aux héros une origine et des débuts dont les merveilles s’accordent avec la grandeur de leurs exploits. — Comparaison des poèmes de ce genre avec les poèmes cycliques de la poésie grecque ; — et avec les « généalogies » sémitiques. — Que nos dernières Chansons de geste sont déjà, dans le vrai sens du mot, des épopées littéraires ; — non moins artificielles qu’en d’autres temps une Henriade ou une Pétréide ; — mais que l’inspiration vraiment sincère se retrouve, en même temps que la cause reparaît, dans les chansons qui forment le Cycle de la Croisade [Ex. la Chanson du Chevalier au Cygne]. […] Caractères généraux de l’épopée romanesque ; — et qu’ils ne sont ni ceux de l’épopée héroïque, — ni ceux de la poésie provençale : — 1º le merveilleux n’y est pas celui des pays du soleil, non plus que le paysage en général ; — 2º l’adoration mystique à la fois et sensuelle dont la femme y est l’objet ne ressemble pas du tout à ce qui respire dans les chansons des troubadours ; — 3º la passion y affecte un caractère de tendresse et de profondeur qu’elle ne présente nulle part ailleurs ; — 4º et le tout s’y enveloppe d’un voile de mélancolie ou de tristesse même qui n’a certainement rien de méridional. — D’autres caractères ne différencient pas moins notre épopée romanesque de la poésie arabe ; — puisqu’on a prétendu voir dans les Arabes les initiateurs de la « chevalerie ». — Elle diffère encore de l’inspiration des Niebelungen. — L’inspiration des romans de la Table-Ronde est foncièrement celtique.
Quatrièmement, les Pigeons ont été l’objet des soins les plus vigilants de la part d’un grand nombre d’amateurs ; ils sont domestiqués depuis des milliers d’années en différentes parties du monde : la mention la plus ancienne qu’on en trouve dans l’histoire, remonte à la cinquième dynastie égyptienne, environ trois mille ans avant notre père, d’après le professeur Lepsius ; mais je tiens de M. […] Quelques-uns de ces faits ne se rapportent pas d’une manière explicite au principe de sélection ; mais ils montrent que l’élevage des animaux a été l’objet de soins très particuliers dès les temps les plus reculés, et qu’il est encore maintenant un sujet d’attention pour les peuples les plus sauvages. […] Or, plus une déviation accidentelle présente un caractère anormal ou inusité, plus elle a de chance d’attirer l’attention de l’homme et d’être l’objet de sa sélection.
Son point de départ est toujours son ancienne passion pour Marianne ; il ne craint point de l’évoquer et d’y revenir : Vous avez rappelé dans mon cœur, dit-il à son nouvel objet, des sentiments dont je ne le croyais plus capable : je retrouve en moi ce même trouble et ces mêmes agitations que j’avais connus autrefois. […] De plus, il est paresseux ; il craint les affaires, et il aime le plaisir ; peut-être que de grands objets pourraient l’obliger à se vaincre là-dessus, mais on ne se donne ni la fermeté ni le discernement ; et, quand ces deux choses manquent, quelques perfections qu’on ait d’ailleurs, on n’est pas un homme du premier ordre.
— Vous qui irez à Athènes, qui y allez tous les jours, vous résisterez de votre mieux à ce renversement des points de vue, même en ce qui est des époques modernes, et si, dans celles-ci, la vérité à tout prix (ou ce qu’on prend pour elle), si la curiosité l’emporte décidément sur l’art, vous ferez du moins que le procédé antique et ce qui en est sorti reste en honneur, un objet de culte et d’étude, présent à la mémoire et à la réflexion des intelligences fidèles que touche encore l’idée de beauté. […] J’ai souvent remarqué que, quand deux bons esprits portent un jugement tout à fait différent sur le même auteur, il y a fort à parier que c’est qu’ils ne pensent pas en effet, pour le moment, au même objet, aux mêmes ouvrages de l’auteur en question, aux mêmes endroits de ses œuvres ; que c’est qu’ils ne l’ont pas tout entier présent, qu’ils ne le comprennent pas actuellement tout entier.
Et d’abord, sans prétendre en rien rouvrir une discussion générale, où tous les arguments de part et d’autre semblent avoir été épuisés, et qui pourtant resterait encore inépuisable, il est impossible de ne pas rappeler devant vous qu’il y a eu (et même dans la Commission dont j’ai l’honneur d’être l’organe) deux manières d’envisager la question des droits d’auteur : l’une qui la généralise et la simplifie, qui la constitue et l’élève à l’état de principe, de droit absolu, de propriété inviolable et sacrée, revendiquant hautement sa place au soleil ; et l’autre manière de voir, plus modeste, plus positive, plus pratique sans doute, qui ne s’est occupée que d’améliorer ce qui avait été fait déjà, de l’étendre aux limites qui semblent le plus raisonnables, en tenant compte des différences de matière et d’objet, en mettant la nouvelle loi en rapport avec les articles qui dans notre Code régissent le mariage, les successions, et en combinant le mieux possible les droits des auteurs et ceux du public. […] Elle ne l’est pas davantage si elle se remarie, car alors elle a prouvé qu’elle n’a plus pour la mémoire de l’époux ce culte exclusif qui est le fondement de la puissance qu’on lui attribue, de la faveur rémunératoire dont elle est l’objet.
L’imagination émue des conteurs ne s’arrêta pas en si beau chemin, et il ne coûta rien d’ajouter que cette tête si chère, emportée par lui, devint plus tard l’objet de ses méditations à la Trappe, le signe transformé, et présent à toute heure, de son culte pénitent. […] N’importe : c’est l’amour qui meurt avant l’objet aimé.
Mais comme nous croyons aussi que, dans l’inventaire posthume, si les contemporains les plus immédiats et les mieux informés ne s’en mêlent promptement pour y mettre ordre, il s’introduit bien du faux qui s’enregistre et finit par s’accréditer, il nous semble qu’il y a lieu à l’avance, et sous les regards mêmes de l’objet, dans l’observation secrète et l’atmosphère intelligente de sa vie, d’exprimer la pensée générale qui l’anime, de saisir la loi de sa course et de la tracer dès l’origine, ne fût-ce que par une ligne non colorée, avec ses inflexions fidèles toutefois et les accidents précis de son développement. […] Un académicien-poëte, à qui Béranger, encore inconnu, parlait un jour de ses idylles et du soin qu’il y prenait de nommer chaque objet par son nom sans le secours de la Fable, lui objectait : « Mais la mer, par exemple, la mer, comment direz-vous ?
Souvent, aux lieux les plus connus, un certain profil soudainement caractérisé me révèle des masses différentes, des groupes nouvellement conçus, que je n’avais jamais envisagés de cette sorte, et qui sont vrais, et qui s’ajoutent à la connaissance vivante que j’ai du tout. » Ce que cet ami me disait de ses montagnes, je l’appliquais involontairement à notre littérature, à mesure que, l’envisageant de loin, sous un aspect extérieur, et pourtant d’un lieu qui est à elle encore par la culture, elle me paraissait offrir une perspective nouvelle dans des objets tant de fois étudiés et connus. […] La plante est là, entière, authentique et reconnaissable à un certain point ; mais où est sa couleur, son port, sa grâce, le souffle qui la balançait, le parfum qu’elle abandonnait au vent, l’eau qui répétait sa beauté, tout cet ensemble d’objets pour qui la nature la faisait vivre, et qui vivaient pour elle ?
La poésie racinienne est construite de telle sorte qu’à toute hauteur il se rencontre des degrés et des points d’appui avec perspective pour les infirmes : l’œuvre de Shakspeare a l’accès plus rude, et l’œil ne l’embrasse pas de tout point ; nous savons de fort honnêtes gens qui ont sué pour y aborder, et qui, après s’être heurté la vue sur quelque butte ou sur quelque bruyère, sont revenus en jurant de bonne foi qu’il n’y avait rien là-haut ; mais, à peine redescendus en plaine, la maudite tour enchantée leur apparaissait de nouveau dans son lointain, mille fois plus importune aux pauvres gens que ne l’était à Boileau celle de Montlhéry : Ses murs, dont le sommet se dérobe à la vue, Sur la cime d’un roc s’allongent dans la nue, Et, présentant de loin leur objet ennuyeux, Du passant qui les fuit semblent suivre les yeux. […] Enfin je fus bien aise de cette rencontre, qui servit du moins à me délivrer de quelque commencement d’inquiétude ; car je m’étudie maintenant à vivre un peu plus raisonnablement, et à ne me pas laisser emporter à toutes sortes d’objets.
Si pourtant l’objet de notre étude ce jour-là, et en quelque sorte de notre dévotion, est un de ces morts fameux et si rares dont la parole remplit les temps, l’effet ne saurait être ce que nous disons ; l’autel alors nous apparaît trop lumineux ; il s’en échappe incessamment un puissant éclat qui chasse bien loin la langueur des regrets et ne rappelle que des idées de durée et de vie. […] Mais au fond c’était une nature soumise, non raisonneuse, altérée des sources supérieures, encline à la spiritualité, largement crédule à l’invisible ; une intelligence de la famille de Malebranche en métaphysique ; une de ces âmes qui, ainsi qu’il l’a dit de sa Cécile, se portent d’une ardeur étonnante de sentiments vers un objet qui leur est incertain pour elles-mêmes ; qui aspirent au bonheur d’aimer sans bornes et sans mesure, et s’en croient empêchées par les ténèbres des sens et le poids de la chair.
Du génie critique et de Bayle La critique s’appliquant à tout, il y en a de diverses sortes selon les objets qu’elle embrasse et qu’elle poursuit ; il y a la critique historique, littéraire, grammaticale et philologique, etc. […] Bayle applique cette méthode au Père Maimbourg ; et nous, au milieu de tous ces ouvrages si bigarrés de pensées, de ces ouvrages pareils à des rivières qui serpentent, nous appliquerons la méthode à Bayle lui-même, nous occupant de sa personne plus que des objets nombreux où il se disperse126.
Dans les traditions religieuses, ethniques, historiques qui sont la matière de la poésie celtique, ce ne sont que voyages au pays des morts, étranges combats et plus étranges fraternités des hommes et des animaux, visions fantastiques de l’invisible ou de l’avenir, hommes doués d’une science ou d’une puissance surnaturelles, qui commandent aux éléments et savent tous les mystères, animaux plus savants et plus paissants que les hommes, chaudrons, lances, arbres, fontaines magiques, et longs écheveaux d’aventures et d’entreprises impossibles à quiconque n’est pas prédestiné pour les accomplir, servi par les êtres ou maître des objets prédestinés à en assurer l’accomplissement. […] Les géants ou le dragon que Tristan combat, le bateau sans voile et sans rames dans lequel il se couche, blessé, pour aborder en Irlande où vit la reine, qui seule peut le guérir, cette fantastique broderie ne distrait pas le regard de la passion des deux amants : passion fatale que rien n’explique, qui n’est pas née d’une qualité de l’objet où elle s’adresse, qui ne va pas à la valeur de Tristan, à la beauté d’Yseult, mais à Tristan, mais à Yseult : passion si irraisonnée, si mystérieuse en ses causes, que seul un philtre magique en provoque et figure le foudroyant éclat.
Croyant a l’absolue réalité des choses qu’ils montraient, ils ne se doutaient pas que souvent c’était les dégrader, les fausser, les vider de leur sens, que de les figurer uniquement comme des réalités : mais parfois, quand ils s’approchaient familièrement des objets de leur foi, avec un sens instinctif de la vie, ils ne rendaient pas sans bonheur le pathétique des situations ou le mouvement des passions que les livres sacrés indiquaient. […] Sans doute aussi des bourgeois, des artisans se firent affilier à la corporation : mais, comme il est naturel, vu la nature et l’objet de l’association, l’élément jeune, remuant, débauché et bohème dominait et donnait le ton.
Il y a bien dans tout cela une certaine suite ; de même que, dans chaque chapitre, les jugements et les portraits se groupent, se distribuent selon les objets auxquels ils s’appliquent. […] Il a des ardeurs, des grâces féminines dans ses affections : ce sont des élans, des caresses impétueuses, et puis de douces coquetteries, des diminutifs amicaux, des surnoms familiers par lesquels sa tendresse s’approprie pour ainsi dire son objet.
L’objet de Vigny n’est pas une étude de caractère, une analyse de sentiments : c’est de manifester une idée philosophique. « J’ai voulu montrer l’homme spiritualiste étouffé par une société matérialiste, où le calculateur avare exploite sans pitié l’intelligence et le travail. » Chatterton est le symbole (le mot est de Vigny) du poète. […] Le type parfait de cette comédie, c’est Bataille de Daines : cela ressemble aux petits jeux de société, où l’on fait trouver un objet caché : il s’agit d’escamoter, ou de découvrir un proscrit politique.
Et l’espèce d’éblouissement qui m’est resté dans les yeux après cette lecture n’est-elle pas le meilleur hommage, étant le plus involontaire, que je puisse rendre au plus puissant assembleur de mots qui ait sans doute paru depuis que l’univers existe, depuis qu’il y a des yeux pour voir les objets matériels, des intelligences pour concevoir des idées, des imaginations pour découvrir les rapports cachés entre tout le visible et tout cet invisible, et des signes écrits dont les combinaisons peuvent exprimer ces rapports ? […] Ainsi — et ce point réservé que nul poète ne fut plus grand par l’imagination et par l’expression — sous quelque aspect que nous considérions Victor Hugo, nous lui voyons des égaux ou des supérieurs, Comment donc expliquer les témoignages uniques de vénération officielle dont il est l’objet ?
Dans le système de Calvin, la justification une fois obtenue était inamissible, Dieu ne pouvant pas faire du même homme l’objet de son choix et de sa réprobation. […] C’est ce style de la discussion sérieuse plus habituellement nerveux que coloré, qui a plus de mouvements que d’images, son objet n’étant point de plaire, mais de convaincre ; instrument formidable par lequel la société française allait conquérir un à un tous ses progrès, et faire passer dans les faits tout ce qu’elle concevait par la raison.
C’est une heureuse nécessité de cette étude, qu’on ne puisse lire Montesquieu sans avoir besoin de relire Bossuet, ni contenter son esprit sur un des plus grands objets de l’histoire, sans demander tour à tour des lumières à l’un et à l’autre. […] Si on lui parle des sociétés, il ne s’agit pas des sociétés politiques, ni de lui en faire porter des jugements inutiles au grand objet de la connaissance de soi-même ; il s’agit des sociétés purement civiles et des devoirs que chacun est tenu d’y remplir pour être heureux en contribuant au bonheur public.
Entourée d’adulations, elle est l’objet d’un amour romanesque, qui tantôt s’exalte en dévotion presque mystique et tantôt s’évapore en galanteries légères. […] Les chefs des Frondeurs s’appellent souvent de noms empruntés à des héros de roman ; La Rochefoucauld, blessé, en danger d’être aveugle, fait hommage de ses souffrances à Mme de Longueville par ces deux vers. qu’il emprunte, en les remaniant, à une tragédie : Faisant la guerre au roi, j’ai perdu les deux yeux ; Mais pour un tel objet je l’aurais faite aux Dieux.
Je ne dirai plus les amours et les songes séduisants des hommes : il faut quitter la lyre avec la jeunesse. » Cette jeunesse, qui s’enfuyait en effet, bien qu’elle dût avoir encore tant de retours, laissait M. de Chateaubriand au milieu de la vie avec un talent puissant, une ardeur dévorante, une ambition qui ne savait où chercher son objet. […] on lui défendra d’examiner le côté sérieux des objets !
Enfin, dès que l’on interroge les philosophies, et à mesure que l’on s’adresse aux plus récentes et aux plus hautes, on constate que leurs réponses impliquent des affirmations de plus en plus vagues pour venir jusqu’à n’en plus formuler aucune, ou jusqu’à nier la réalité de l’objet que le désir humain leur avait ordonné de découvrir. […] Il apparaît que tout cet effort, dirigé consciemment vers un but intéressé, a réalisé un objet différent, convoité par cet antre être que l’on nomme ici le Génie de la Connaissance.
., ces originaux complexes qui sont un résumé et un assemblage d’un tas de choses, ces hommes au langage concret, dont la vie, selon la phrase du dessinateur, « se passe à être un objet d’étude et de jouissance pour l’intelligence de ceux qui boivent avec eux, et cela sans qu’il reste rien de cela dans une œuvre écrite ou peinte ». […] Cette collection, je l’aurais livrée à l’admiration des bourgeois, et après avoir joui de leur stupide épatement, sur l’étiquette et le grand prix de l’objet, je me serais livré à un éreintement épileptique, composé avec du fiel, de la science et du goût.
Tellement que, de nos jours, Tacite a été l’objet d’un réquisitoire. Tacite, du reste, ne nous lassons point d’y insister, est, comme Juvénal, comme Suétone et Lampride, l’objet d’une haine spéciale et méritée.
» Ces quelques lignes nous suffiraient pour saisir la signification profonde de l’œuvre de Michelet et pour constater que l’objet de son ardente poursuite spirituelle n’est plus un ciel chimérique, mais une terre réelle que nous devons tous, du plus humble au plus fort, labourer et ensemencer, si nous ne voulons pas que la faim nous dévore. […] Je ne prétends pas avoir donné en ces quelques lignes une image fidèle et nette de ces trois hommes, qui ont joué des rôles divers, mais capitaux, dans l’évolution de la pensée moderne ; mais si j’ai réussi à montrer l’objet commun de leurs réalisations et de leurs efforts, c’est-à-dire la poursuite de plus en plus réelle, de plus en plus parfaite, de plus en plus riche d’une claire possession de la vie, de ses millions de formes, de sa liberté et de sa mobilité infinies, j’aurais suffisamment rempli mon but qui est de concentrer l’attention sur ce point central.
On sait, d’ailleurs, qu’indépendamment des liens quasi, naturels, comme ceux que tisse d’elle-même la communauté du sang ou du sol, les citoyens romains se forgeaient volontairement, pour les objets ou sous les prétextes les plus divers, des chaînes sociales de toutes sortes. […] Boutmy 186, l’accroissement de la richesse mobilière, masse illimitée et accessible à tous, nivelle les supériorités fondées sur la prépondérance de la richesse foncière, masse limitée et objet naturel de monopole. » La vitesse du va-et-vient social est ainsi décuplée, On s’habitue dès lors à voir un même homme remplir successivement des places très différentes, à imaginer par suite, à coté de celles qu’il a remplies déjà, celles qu’il pourra remplir encore.
Toutes les accusations dont le Directoire était l’objet prouvaient, non pas ses torts, mais sa caducité. » Les élections de l’an VI et de l’an VII furent républicaines, mais contraires au gouvernement ; et la majorité des Conseils se déclara encore une fois de Imposition.
qui descendront dans l’arène et les confiner dans le champ clos de la littérature, entrouvrir cependant de grands abîmes dans de petits problèmes, éveiller la curiosité du lecteur sur les questions de critique générale, et lui inspirer, avec le goût de leur examen, le désir de les résoudre par lui-même, pour lui-même : tel est l’objet de ce livre..
Fontenelle, censurant la légèreté des hommes qui trouvent le pourquoi des choses sans s’être assurés de leur existence, et qui raisonnent ainsi sur des objets imaginaires, donne cet exemple du soin qu’il faut apporter à l’observation des phénomènes avant d’en aborder l’explication.
Dans ces livrets d’une bouffonnerie énorme et pourtant fine898, dont la fantaisiste irréalité semble se rapprocher parfois de la comédie de Musset, dans cette « blague » enragée qui démolit tous les objets de respect traditionnel, en politique, en morale, en art, et qui ne reconnaît rien de sérieux que la chasse au plaisir, revit ce monde du second empire que les romans et les comédies, plus brutalement ou plus sévèrement, s’efforceront de représenter : monde effrénément matérialiste, si vide de conviction qu’il ne croyait même pas à lui-même, se moquant du pouvoir et de l’argent qu’il détenait, et se hâtant, avant de les perdre, d’en acheter le plus possible de plaisir.
Notez qu’il ne limite pas sa curiosité aux sciences historiques et philologiques qu’on pourrait dire qu’il admire, en bon humaniste, pour le charme spécial de leur objet.
Aujourd’hui, une hypothèse ne nous paraîtra plus absurde, parce qu’elle nous oblige à imaginer des objets beaucoup plus grands ou beaucoup plus petits que ceux que nos sens sont capables de nous montrer, et nous ne comprenons plus ces scrupules qui arrêtaient nos devanciers et les empêchaient de découvrir certaines vérités simplement parce qu’ils en avaient peur.
Considérez sa structure, vous reconnaîtrez que chacun de ses organes corporels, autrement dit ses sens, n’a pas d’autre objet que de mettre son intelligence ou son âme en communication avec le monde extérieur qui l’enveloppe, de lui donner une sensation, de produire en lui une idée, de lui faire comparer en lui-même ces sensations et ces idées, et enfin de les exprimer pour lui-même ou pour les autres, ou, ce qui est plus beau, pour Dieu par la parole ; la parole qui dit Je vis, la parole qui dit Je pense, la parole qui dit J’adore, mot sublime et final où se résume toute la création.
Point de vapeur entre le corps lumineux et les objets ; aucun de ces passages, point de ces demi-teintes si légères, qui se multiplient à l’infini dans les tableaux de nuit et dont les tons imperceptiblement variés sont si difficiles à rendre ; il faut qu’ils y soient et qu’ils n’y soient pas.
Il apperçoit au loin quelque objet qui l’intéresse.
Le monde n’est pour lui qu’un assemblage d’objets propres à être imitez avec des couleurs.
La tragedie met donc sous les yeux les objets mêmes dont elle prétend se servir pour exciter la terreur et la compassion, sentimens si propres à purger les passions.
Si nous descendions aux détails, nous aurions à examiner ici les sources de la mendicité, les causes qui l’ont produite et consacrée en quelque sorte chez les peuples modernes, les raisons qui doivent la faire disparaître à présent : nous aurions encore à jeter un coup d’œil sur le régime de hôpitaux, sur la nécessité ou nous sommes peut-être, dans l’état actuel de la civilisation, d’introduire de grands changements dans l’administration générale des secours aux indigents ; nous aurions enfin à pénétrer dans l’intérieur de nos manufactures pour voir comment il serait possible de conserver la santé de nos ouvriers, de relever en eux l’intelligence et le sentiment moral affaiblis par un travail trop mécanique, de les rendre à l’intensité des affections de famille, de leur donner la prévoyance de l’avenir : mais ce ne serait point véritablement de mon sujet, puisque je dois m’abstenir d’appliquer mes observations à aucun objet en particulier.