Apollon, le dieu de l’intelligence sous toutes ses formes, et les muses, inspirations incarnées, complètent la fête par les chants et par la musique. […] N’est-ce pas en vingt-quatre chants l’univers sous tous ses aspects, reproduit tantôt en larmes, tantôt en sang, mais toujours dans une musique de paroles ravissantes à l’imagination des hommes ?
« J’emploierai donc, disais-je à ces amis, ma première jeunesse à la poésie, cette rosée de l’aurore au lever d’un sentiment dans l’âme matinale ; je ferai des vers, parce que les vers, langue indécise entre ciel et terre, moitié songe moitié réalité, moitié musique moitié pensée, sont l’idiome de l’espérance qui colore le matin de la vie, de l’amour qui enivre, du bonheur qui enchante, de la douleur qui pleure, de l’enthousiasme qui prie. […] J’étais comme un de ces instruments à fibres suspendus à la muraille d’une salle de musique, qui vibrent à l’unisson, sans qu’un archet touche leurs cordes, au seul bruit de l’orchestre où ces instruments n’ont pas leur partition écrite dans le concert.
Ces noirs coursiers balançaient lentement leurs têtes surmontées de panaches noirs, ce pendant que l’orchestre jouait une musique solennelle. Et cette musique, ces panaches de corbillard… Paul Costard sentit quelque chose pleurer dans son cœur.
Le dramatique des scènes, la beauté du spectacle, des tableaux que l’action rend nécessaires, une musique qui ne sent point l’artifice, et qui, étant un religieux usage du lieu où se passe la scène, ajoute à la vraisemblance ; voilà ce que Racine a fait pour le spectateur38. Quant au lecteur la perfection de ces vers lus dans le recueillement, d’un œil que ne distrait pas le spectacle, le dédommage de tous les plaisirs qui ne lui arrivent pas par les sens ; et, s’il n’entend pas la musique des chœurs, il reçoit par l’oreille de l’âme l’harmonie de leurs strophes divines.
Zola joue un peu ; autrefois, d’ailleurs, il a fait de la musique : quand il était au collège d’Aix, il se forma un petit orchestre dont il voulut faire partie. […] … et de la musique un peu chouette !
Le spectateur naïf qui s’ennuie à l’Opéra, parce qu’il ne comprend rien à la musique, devient tout attention s’il se produit un brusque changement de décor, c’est-à-dire que l’impression visuelle a produit instantanément une adaptation des yeux et de tout le corps. […] Stricker, dans son livre sur la parole et la musique, en a décrit, d’après sa propre expérience, un type parfait : ce sont les moteurs par excellence. […] Quelques imbéciles ont même un talent particulier (pour les arts mécaniques, le dessin, la musique, le calcul) qui tranche d’autant plus qu’il est entouré par le vide.
C’est un petit air de musique qui fait bien dans les entr’actes de la logique, mais qui ne doit jamais empiéter sur elle, sous peine de la faire trébucher dans le vaudeville, genre national. […] Ils ont la science, un peu à l’aventure, car ils sont jeunes, ils ont la musique, — du moins la plupart des quatre qui forment le groupe. […] Une toute autre musique chante dans la Bonne Chanson, cadeau de noce à vrai dire, littéralement parlant, car ce fut à l’occasion d’un mariage qui allait se faire, et se fit, que parut ce mince volume.
Il se trouve dans un coin un orgue mélodium ; une lithographie coloriée de la « Vierge à la chaise » remplace la glace ; sur une table est posée la calotte du curé, entre des petits morceaux de papier bleu, des étoiles d’argent, des paquets de ficelle rose, et sur la table de nuit, sont ouverts les Chants de Marie avec la musique de l’abbé Lambilotte. […] Au milieu d’eux, un jeune soldat de ligne touche de l’orgue mélodium, ayant près de lui un camarade au pantalon garance, accoudé au buffet et penché sur la musique ; De ce groupe, qui vous fait revenir dans les yeux la lithographie de Lemud : Maître Wolfram, et transfigure ce groupe vulgaire de pioupious, s’élève une musique douce et pénétrante, et qui, dans l’ébranlement des nerfs par le canon et le voisinage de la mort, apporte je ne sais quelle grande émotion triste. […] La salle est comble, mais la musique n’a pas, dans le moment, le pouvoir de me faire oublier, le pouvoir d’apporter à ma pensée la rêverie.
Ici la sérénade commence ; on aurait tort de dédaigner la vieille musique de Lulli qui réchauffait autrefois les vers de Quinault ; cette musique est agréable et toute faite naïvement pour les paroles ; elle suffit et au-delà à réveiller le vieux tuteur et à le mettre sur ses gardes. […] Au contraire, quand le comte Almaviva donne à Rosine sa leçon de musique, il est dans une si fausse position qu’à peine peut-il adresser un mot à cette belle fille qu’il aime. […] Dans ces airs étudiés avec tant de soin, la dame en adoptait quelques-uns, en rejetait quelques autres : c’étaient de petites façons qu’on aurait pu noter, et apprendre comme on apprend un air de musique.
Du Verdier fait son éloge en ces termes : « Clémence de Bourges, la perle des demoiselles lyonnaises, employa sa jeunesse à l’exercice de la poésie et de la musique, et eut l’esprit accompagné de tant de beautés, que le feu sieur Du Peyrat, gentilhomme doué de toutes les bonnes parties qu’on saurait souhaiter, lui donna son cœur et se voua entièrement à son service. […] Si tu avois aimé, comme on nous fait entendre, Les beaux yeux d’un berger, de long sommeil touchés, Durant tes chauds désirs tu aurois peu apprendre Que les larcins d’amour veulent être cachez… On mit ces vers en musique et tout le monde les chanta. […] À partir de l’année 1567, il se prit à composer quantité de vers mesurés que Thibault de Courville mettait en musique. C’est pour la défense de ses théories que Baïf a fondé son Académie de musique et de poésie, première ébauche en quelque sorte de l’Académie française et du Conservatoire. […] Il le faisait respecter de toute sa Cour, et il allait le voir dans sa maison « où il le trouvait toujours en la compagnie des Muses et parmi les doux concerts des enfants de la musique qu’il aimait et qu’il entendait à merveille ».
Voici deux des musiques rauques et une des pauvres flûteries dont se réjouit l’enfant barbare. […] Les moins mauvaises pièces sont des banalités harmonieuses dont la pauvreté voudrait être revêtue de musique, de longs rabâchages où le même sentiment est répété sous des formes presque identiques suivant le procédé connu de nos illustres chansonniers. […] Sœur aimante, elle fait de la musique pour plaire à son frère, le Flégier des stances ; elle décore d’un sonnet tout compositeur illustre et mort ; elle vante même un vivant, Camille Saint-Saëns, « le Beethoven français ». […] Elle parle, égale, austère et infatigable, jusqu’à ce que le lecteur édifié médite longuement sur cette religieuse phrase finale : « Dans le monde supérieur où il est parvenu, il lui a été sans doute tenu compte de ce désir du bien qui, durant plus d’un demi-siècle, a tourmenté sa vie et ennobli ses faiblesses. » Je regrette d’ignorer également la musique et l’hymne suisse et de ne pouvoir me jouer quelques mesures après ce beau discours de distribution des prix. […] Et huit vers, — qui ne sont même point destinés à être mis en musique, — disent à l’ami : « Je t’aime le soir » ; huit vers lui affirment : « Je t’aime la nuit » ; huit vers lui répètent : « Je t’aime le matin. » Nous voilà instruits de beaux et profonds secrets sur l’amour féminin.
Jean Valreg est monté, le soir, sur la petite terrasse du château de Mondragon, et là il recueille tous les bruits des collines et des vallées qui montent jusqu’à lui, il étudie cette musique produite par la rencontre des sons épars qui constitue en ce pays la musique naturelle, locale. […] Nous avons voulu seulement marquer, sans insister, la place d’une première George Sand, très prompte à se prendre et aussi à se déprendre, mettant tout son enjeu dans une passion, l’y perdant en belle joueuse, guérissant de chaque passion, mais non du jeu lui-même, apportant en ces diverses tentatives une sorte de naïveté incorrigible et de bonté facile, mêlant à ces cultes changeants des cultes épisodiques pour tel art ou telle science, la poésie avec l’un, la musique avec l’autre, la philosophie avec un troisième. […] C’est « une sorte de mystère, qui résultait naturellement du vacarme prolongé assez avant dans les nuits, au milieu de la campagne, lorsque la neige ou le brouillard enveloppaient la maison, et que les serviteurs mêmes, n’aidant ni aux changements de décor ni aux soupers, quittaient de bonne heure le logis ; le tonnerre, les coups de pistolet, les roulements de tambour, les cris du drame et la musique du ballet, tout cela avait quelque chose de fantastique, et les rares passants qui en saisirent de loin quelque chose n’hésitèrent pas à nous croire fous ou ensorcelés. » C’est bien là le point de départ de cet ingénieux et charmant récit qui servit de thème à l’analyse de quelques idées d’art et où il n’est pas difficile de reconnaître dans le Château des Désertes une sorte de Nohant idéalisé, de même que dans Célio et dans Stella les enfants de celle qui avait retracé avec complaisance quelques-uns de ses propres traits dans la touchante image de Lucrezia Floriani. […] Je le donne pour ce qu’il est et pour ce qu’il vaut, comme une preuve assez naïve qu’elle avait une indulgence universelle dont il lui semblait juste de profiter pour elle-même, ajoutant plaisamment : « Vous voulez savoir plus qu’il n’y en a… L’individu nommé George Sand cueille des fleurs, classe ses herbes, coud des robes et des manteaux pour son petit monde, et des costumes de marionnettes, lit de la musique, mais surtout passe des heures avec ses petits-enfants… Ça n’a pas été toujours si bien que ça.
Au bout, on apercevait une petite scène, avec une petite rampe éclairée ; — dans le fond de la scène se dressait un orgue qui laissait supposer qu’on y faisait de la musique ; plus près, au premier plan, une petite table, avec son petit verre d’eau classique, attendait un conférencier. […] De même, quand Almaviva, éconduit comme soldat du logis de Bartolo, cherche à y rentrer, il dit que Basile, maître de musique de Rosine, est malade, et l’a chargé, lui Almaviva (Lindor), de venir le remplacer ; il donne une leçon de musique à Rosine. […] Contente de cette amitié fructueuse, elle laisse l’esprit courir après la vaine gloire, qu’elle s’amuse quelquefois à lui ravir, qu’elle lui distribue ou qu’elle lui refuse à son gré ; car elle se pique aussi de choses galantes, de belles-lettres, de musique, de beaux-arts, et pour s’être mise bien avec la Fortune, elle ne s’est point brouillée avec la Renommée ; on la voit, dans les journaux, qui fait la doctoresse et remontre à l’esprit comment il faut s’y prendre pour être spirituel. […] ——— Les hommes sont généralement plus sensibles à la poésie et les femmes à la musique ; par où l’on voit combien celles-ci sont plus rapprochées de la bête.
Figurez-vous un certain nombre d’instruments de musique qui tous, à tour de rôle, donneraient la même note sur des timbres différents. […] Quand en musique nous dédaignons la simple virtuosité, pourquoi la mettrions-nous au-dessus de tout dans les arts plastiques ? […] Condamnerons-nous la musique parce que jamais elle n’a donné à l’auditeur la nuance précise d’émotion que le compositeur entendait exprimer ? […] Les symboles de la peinture, comme ceux de la musique, sont faits pour nous suggérer les images, les idées, les sentiments qui échappent, par leur indécision même, aux précisions du langage. […] La musique affinera en lui le sens du rythme et de l’harmonie.
Ils lui jouaient une musique étrange de senteurs qui l’endormait lentement, très lentement. […] la musique ! […] Dans le premier silence de cette minute effroyable, pendant qu’il entendait à l’autre bout du palais la musique étouffée du bal chez la duchesse, ce qui retenait cet homme à la vie, puissance, honneurs, fortune, toute cette splendeur doit lui apparaître déjà lointaine et dans un irrévocable passé. […] Elle m’assit sur ses genoux et me couvrit de baisers, en me prodiguant les noms les plus tendres, auxquels se mêlaient des mots d’une langue étrangère, qui semblaient une musique, tant sa voix était harmonieuse et douce. […] Dans une lettre du 14 juillet 1867, je lis cette page relative à la présence du sultan à Paris : Les dames de l’Académie impériale de musique s’étaient flattées que le sultan leur jetterait beaucoup de mouchoirs, mais il n’en a jeté aucun.
Je la comparais, dans l’art de la musique, au solo. […] De plus en plus, la prose s’est ingéniée à rivaliser la poésie, la peinture, la sculpture, la musique. […] « Le malheur », disait-il à propos de deux de ses meilleurs amis, « c’est qu’ils ne comprenaient absolument rien à la théorie du cœur humain, ou à la peinture de ce cœur par la littérature et la musique. […] Il n’ajoute pas que ce manteau blanc et ce casque aux longs crins noirs, il les portait dans cette Italie qui lui fut la révélation des trois ivresses auxquelles il s’abandonna le plus ardemment : la musique, la peinture et l’amour. […] Poète délicat, prosateur aigu, passionné de musique, passionné également de métaphysique, son rêve d’existence eût été de recréer la nature, en la repensant par le dedans.
» Grand-père, grand’mère, père, oncle, cousines, cousins, marmots, serviteurs, fermiers, précepteur, abbé, professeur de musique, ouvrières à la journée, tout le monde, sans aucune exception, est amoureux d’elle. […] À cousins, oncles, tantes, visiteurs, cela va de soi ; c’est dans son rôle ; mais à précepteur, abbé, fermier Lavenue, professeur de musique Sylvestre ; à quoi bon ? […] Ils prennent pour objets ce qu’on entend à l’ordinaire par œuvres d’art, livres, drames, statues, tableaux, musique, puis ils cherchent une définition où tous ces objets puissent entrer et qui en rende compte. […] Tolstoï me semble précisément prendre le contrepied de la méthode universelle des définitions, et si Aristote avait suivi la méthode tolstoïenne, il aurait dit sans doute, pour définir la Tragédie : « La Tragédie est l’imitation plaisante, par le récit et non par l’action, d’une histoire bouffonne, de nature à inspirer le mépris des Dieux, sans mélange de chant ni de musique. […] Il était sensible aux fausses notes de peinture comme à celles de la musique.
Le ton du diapason, dans l’éloge et dans la critique, comme dans la musique, a fort monté depuis lors, mais il paraissait déjà fort monté, et aussi haut que possible, à cette date ; chaque époque renchérit ainsi sur la précédente et a peine à concevoir qu’on puisse aller au-delà : C’est un singulier spectacle pour un observateur, écrivait Bonstetten, que celui de l’opinion publique.
Et puisque j’en suis moi-même à aller ainsi à la picorée dans les auteurs, voici une assez belle pensée de lui sur les Grecs ; elle lui est échappée en parlant du Dialogue sur la Musique des Anciens, de l’abbé de Chateauneuf : « Nous ne sommes pas si vifs ni si chauds que les Grecs ; je m’imagine qu’ils avaient l’âme d’une âme au lieu d’un corps. » Ce n’est pas mal pour un Gaulois.
Gardant toutes ses pensées et son travail intellectuel, il ne donnait que son temps et sa main, comme Jean-Jacques quand il copiait de la musique.
Rien ne pousse dans ces confins reculés et sublimes par lesquels la parole touche à la musique et à la peinture.
Pauvre Jean-Jacques, me disais-je, qui t’enverrait, toi et ton système, copier de la musique chez ces gens-là aurait bien durement répondu à ton discours. » Avertissement prophétique, prévoyance admirable que l’excès du mal n’aveugle point sur le mal du remède.
Le magnétisé manifeste alors une violente terreur qui se peint sur tous ses traits, et il donne tous les signes d’une conviction positive. » Quand une personne est hypnotisée, dit le docteur Tuke7, souvent « on lui fait croire par suggestion qu’elle voit un individu absent… De même on peut arriver à lui faire imaginer qu’elle entend jouer sur un instrument de musique un air déterminé, alors qu’il ne se produit aucun son ».
Ce n’est pas un pur hasard, si la protection qui soutient, l’inspiration qui anime les deux plus intéressants narrateurs des légendes celtiques ramènent toujours notre regard vers la princesse à qui Bernard de Ventadour donna la musique amoureuse de ses vers.
Les idées abondent dans ce petit ouvrage, souvent justes, parfois chimériques, toujours intéressantes : éducation agréable, leçons de choses, emploi de l’art et du sens esthétique, exclusion de la musique, agent d’exaltation nerveuse, au profit du dessin, subordination du savoir au jugement et à l’utilité pratique, etc.
Là-dessus, louez une salle, invitez-y quelques centaines de snobs, de décadents et d’ennuyés, payez trois ou quatre camelots pour remplir le rôle de la claque en vous jetant au moment convenu une douzaine d’œufs pourris par la tête, et venez singer sur un tréteau les vagissements du nouveau-né ou la musique du pétomane !
Nous avons, pour nous consoler, les fleurs, la musique et les livres.
Quelques-uns de ces amours-propres parlaient au nom de la religion et de la morale ; quelques autres (et ce n’étaient pas les moins aigres) se mettaient en avant au nom du goût : J’ai entendu dire sérieusement, remarquait-il, qu’il est contre le bon ordre de laisser imprimer que la musique italienne est la seule bonne… Je connais des magistrats qui regardent comme un abus de laisser imprimer, sur la jurisprudence, des livres élémentaires, et qui prétendent que ces livres diminuent le nombre des véritables savants.
Il nous parle des choses qui, n’ayant que deux qualités, comme la fièvre ou la musique : l’intensité et le temps, — marqués par un bâton montant et descendant sur un plan fixe, — devraient écrire leur forme.
* * * — Le peintre Dupray expliquait l’énorme protection de l’État en faveur de la musique, par ceci : c’est que tous les grands banquiers juifs sont mélomanes.
Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.
Lac de sang : le rouge ; — hanté des mauvais anges : surnaturalisme ; — un bois toujours vert : le vert, complémentaire du rouge ; — un ciel chagrin : les fonds tumultueux et orageux de ses tableaux ; — les fanfares et Weber : idées de musique romantique que réveillent les harmonies de sa couleur.
Il est, au contraire, d’autres sujets où la puissance de la musique et du chant devait singulièrement rehausser l’action théâtrale et soutenir les âmes dans cette région mystique favorable à la poésie.
Ce n’est pas à moi à juger ici la musique de cet opéra fameux. […] Par nature, il avait l’esprit fantasque, le goût du singulier, un penchant inné pour la musique, le génie de la pantomime, et, dans l’âme, je ne sais quoi de bizarre qui se retrouvait sur sa physionomie. […] Vicieux et naïf, il est toujours vrai ; l’inimitable accent de la vérité fait le charme de ce petit livre, Mes hôpitaux, écrit selon une syntaxe absurde et ridicule avec une musique merveilleuse qui déchire le cœur. […] C’est sur le Champ-de-Mars, témoin jadis d’autres espérances cruellement trompées, que l’Aristophane du Chat-Noir élève, aux sons d’une musique éclatante, le palais symbolique des travailleurs. […] C’était celui de douze administrateurs du département des Ardennes condamnés le jour même par le tribunal révolutionnaire ; c’était le sang d’un nommé Thézut, ex-noble ; c’était le sang d’un enfant de dix-huit ans, volontaire dans le 9e régiment d’artillerie légère ; c’était le sang, enfin, d’un certain Lecoq, domestique de Roland, coupable d’avoir apporté un cahier de musique à madame Roland dans sa prison.
Trois musiques représentées par trois musiciennes. […] Là, nous abandonnons la Soumida, et Hokousaï nous mène à l’entrée du Yoshiwara et nous promène devant les maisons aux grilles de bois, et dans les rues tout égayées de la musique des flûtes et des tambourins, la veille du Jour de l’An. […] Il y a une charmante planche d’enfants faisant de la musique, une autre délicieuse planche d’enfants jouant à une espèce de jeu de dames ; mais la planche qui est tout à fait un chef-d’œuvre est la réunion de quatre gamins japonais faisant du trapèze après les traverses d’une barrière et dont l’un, la tête en bas, a son petit derrière à l’air : un dessin qui est le vrai dessin de la grâce gymnastique. […] C’est un groupe de danseurs de la rue, présenté d’une façon pyramidale, et que surplombe en haut un danseur faisant de la musique avec son éventail contre le manche de son parasol ouvert, se continuant dans la gesticulation forcenée de quatre hommes vus de dos et de face, et se terminant en bas par deux femmes dont l’une, les deux bras jetés derrière elle, avec un retournement de la tête en arrière, offre la plus belle attitude mimodramatique. […] Hokousaï, au milieu, avec l’aspect d’un homme gris, à sa droite Hokouga faisant de la musique avec un balai ; et derrière Hokouga, à la gauche d’Hokousaï, Shinshaï, la tête tombée dans ses mains ; et, contre le pot de saké, Hiromaro.
Enfin, personne n’ignore que le paysan russe se fait remarquer aussi par une véritable passion pour la musique. […] Il connaît la musique ; en jouant aux cartes, il chantonne souvent à demi-voix avec beaucoup d’expression ; il sait par cœur quelques passages de la Lucie et de la Somnambule mais il les prend ordinairement un peu trop haut.
Regardez maintenant ce qu’entre ces mains flétrissantes deviennent les plus précieuses fleurs. « La musique, la peinture, la poésie, sont agréables comme imitations qui rappellent le passé, parce que, si le passé à été bon, il est agréable en imitation comme bon, et que, s’il a été mauvais, il est agréable en imitation comme passé. » C’est à ce grossier mécanisme qu’il réduit les beaux-arts ; on s’en est aperçu quand il a voulu traduire l’Iliade. […] Ils sont riches, ils ont tâché de se polir à la française, ils ont ajouté à la scène des décors mobiles, de la musique, des lumières, de la vraisemblance, de la commodité, toute sorte d’agréments extérieurs ; mais le cœur leur manque. […] Outre cela il regretta la décadence de la musique « qui autrefois enchantait les hommes, les bêtes, les oiseaux, les serpents, au point que leur nature même en était changée610. » Il voulut énumérer les plus grands écrivains modernes et oublia dans son catalogue, « parmi les Italiens611, Dante, Pétrarque, l’Arioste et le Tasse ; parmi les Français, Pascal, Bossuet, Molière, Corneille, Racine et Boileau ; parmi les Espagnols, Lope et Calderon ; parmi les Anglais, Chaucer, Spencer, Shakspeare et Milton » ; en revanche il y inséra Paolo Sarpi, Guevara, sir Philip Sidney, Selden, Voiture et Bussy-Rabutin, « auteur des Amours de Gaul. » Pour tout combler, il déclara authentiques et admirables les fables d’Ésope, cette pesante rédaction byzantine, et les lettres de Phalaris, cette méchante fabrication sophistique ; deux ouvrages, selon lui, « qui, étant les plus anciens dans leur genre, sont aussi les meilleurs dans leur genre. » Enfin, pour s’enferrer lui-même sans remède, il remarqua gravement que « sans doute quelques savants, du moins de ceux qui passent pour tels sous le nom de critiques, n’avaient point estimé ces lettres authentiques ; mais qu’il fallait être un bien médiocre peintre pour ne point y reconnaître une peinture originale. […] On a du plaisir à suivre le déroulement régulier de ces phrases abondantes, où les idées opposées ou redoublées atteignent pour la première fois leur assiette définitive et leur clarté complète, où la symétrie ne fait que préciser le raisonnement, où le développement ne fait qu’achever la pensée, où l’antithèse et la répétition n’apportent pas leurs badinages et leurs afféteries, où la musique des vers, ajoutant l’ampleur du son à la plénitude du sens, conduit le cortége des idées, sans effort et sans désordre, sur un rhythme approprié à leur bel ordre et à leur mouvement.
Pêle-mêle, avec les voitures d’ambulance, avec les cacolets, défilent, un peu à la débandade, sans musique, moroses, abattus, harassés, et tout couverts de boue, les hommes des compagnies de marche de la garde nationale. […] Vendredi 3 mars Je suis réveillé par la musique, leur musique à eux. […] Lundi 1er mai Des bataillons revenant d’Issy et traversant le boulevard, précédés d’une joyeuse musique, d’un tapage de gaieté, qui fait contraste avec la mine piteuse des hommes, et la prostration dans laquelle ils marchent.
Très souvent la correction paraîtrait mauvaise à un classique et a très bien ses raisons dans la manière particulière à Hugo d’entendre la musique du vers. […] » On sait la définition du peuple allemand par Nietzsche, qui en était : « Un peuple qui aime la musique et la boisson et pour qui l’obscurité est une vertu. » Mais je m’attarde aux « choses de beauté » et j’oublie que je ne suis qu’étudiant en sciences morales et que c’est du moraliste que je veux parler. […] Car, avant 1793, il y avait une Académie de Peinture et de Sculpture, une Académie de Musique et de Danse, une Académie d’Architecture ; mais il n’y avait pas d’Académie des Beaux-Arts réunis. […] On voit, comme de ses yeux, vivre ces grands enfants, aimables et sympathiques en somme : « Les membres de la Société Populaire Républicaine des Arts et ceux du Club Révolutionnaire s’assemblèrent dans le lieu ordinaire des séances ; le bureau fut placé devant le tableau des Droits de l’Homme, et la musique immédiatement, sur une estrade dressée à cet effet, au-dessous… À midi, le président prit place au bureau, et lors, la musique nationale ouvrit la séance en faisant retentir la salle d’un air majestueux. […] On traverse toutes ces salles (du Louvre) où, jadis, dans les bras d’un fauteuil ainsi que sur un trône, la froideur compassée reposait son orgueil ; le cortège arrivé dans le jardin des Arts, une partie des jeunes élèves portent, sur leurs épaules, l’arbre de la Liberté, et, toujours conduit par la musique qui exécutait des airs patriotes (sic), on éleva ce signe, la terreur des tyrans et la consolation du peuple.
1° Sur la première question, celle de l’Existence des genres, et pour décider si les genres existent ou non, nous montrerons qu’ils doivent exister, comme répondant : 1° à la diversité des moyens de chaque art, et que, par exemple, les lois de la statuaire en marbre ne peuvent pas être celles de la sculpture en bronze ; 2° comme répondant à la diversité de l’objet de chaque art, étant obscur peut-être si nous ne demandons pas à l’histoire ou au roman des plaisirs analogues, mais étant très clair, en revanche, que nous n’allons pas au théâtre dans la même intention qu’au sermon ; 3° comme répondant enfin à la diversité des familles d’esprits ; dont on pourrait dire que chacune a choisi et choisit tous les jours, comme expression de son besoin ou de son idéal d’art, qui la peinture, qui la musique, qui la poésie ; et, dans la poésie même, dont chacune a ses préférences, qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion. […] Indépendamment en effet d’une critique particulière du Cid, laquelle, pour n’empêcher pas le Cid d’être un chef-d’œuvre, n’en tombe pas moins généralement assez juste au fond et dans la forme, j’y relève plusieurs choses dignes d’être notées, — et même retenues : Comme dans la musique et dans la peinture nous n’estimerions pas que tous les concerts et tous les tableaux fussent bons, encore qu’ils plussent au vulgaire, si les préceptes des arts n’y étaient bien observés, et si les experts qui en sont les vrais juges ne continuaient par leur approbation celle de la multitude, de même nous ne dirons pas sur la foi du peuple, qu’un ouvrage de poésie soit bon parce qu’il l’aura contenté, si les doctes aussi n’en sont pas contents. […] Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous ; Et l’on peut comparer, sans craindre d’être injuste, Le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste… Puis, chemin faisant, et poursuivant sa veine, Perrault donnait sans hésiter, sur Homère ou sur Virgile, la préférence, ou la prééminence Aux Regniers, aux Maynards, aux Gombauds, aux Malherbes, Aux Godcaux, aux Racans… ; sacrifiait, sans plus de scrupules, L’illustre Raphaël, cet immense génie, au peintre des Batailles d’Alexandre ; mettait …… la Vénus, l’Hercule, l’Apollon, Le Bacchus, le Lantin et le Laocoon, Ces chefs-d’œuvre de l’art, choisis entre dix mille, fort au dessous des chefs-d’œuvre des Girardon, des Gaspards, des Baptiste ; établissait sans peine la supériorité de la musique de Lulli sur celle des Grecs — dont je vous rappelle que nous ne savons rien, — et concluait enfin, comme il avait commencé, par l’éloge du roi, De Louis qu’environne une gloire immortelle, De Louis des grands rois le plus parfait modèle… Il faut convenir que Boileau, quand il louait le prince, usait d’un autre style ; et qu’à défaut d’une indépendance d’esprit dont personne alors ne se piquait, un goût plus sûr, inspiré peut-être de celui des anciens, l’avait du moins préservé de cette platitude insigne dans l’adulation. […] La musique est avant tout une volupté de l’oreille.
En reprenant les lettres par elle écrites à son frère de Douai à la date où je les ai laissées, nous retrouvons les gênes obscures, les humbles misères consolées, et tout d’abord cette modique pension qu’elle touchait auparavant avec une sorte de pudeur, mais qu’elle appelle maintenant comme un bienfait : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse.
Le bon René d’Anjou, captif en sa jeunesse, avait usé ainsi de musique et de vers, en même temps qu’il peignait aux murailles de sa tour diverses sortes de compositions mélancoliques et d’emblèmes.
. — À l’état normal, pendant la veille, nos images demeurent plus ou moins vagues et incolores ; même dans la rêverie intense, les figures que nous imaginons, les airs que nous fredonnons mentalement, n’ont pas la netteté des figures que nous voyons les yeux ouverts et des airs qu’un instrument de musique envoie à nos oreilles ; l’image d’une sensation visuelle ou auditive n’est que l’écho affaibli de cette sensation. — Mais, dans la maladie, l’image s’exagère jusqu’à se transformer en sensation complète.
Or la Marseillaise, sublime en musique, est peu admirable en poésie ; c’est un beau chœur des frontières de la France résonnant au pas de charge sous les pieds de l’étranger ; mais les paroles sont des cris et non un poème.
J’entrai avec elle dans l’église pleine de musique et d’encens.
Transporter ainsi le vague de la musique dans la tragédie, voilà bien un des caractères du romantique.
De même qu’il se fait des transpositions d’art, et qu’on peut essayer de produire par des moyens musicaux des impressions pittoresques ou par les formes de la poésie les effets de la musique, on peut aussi passer d’un genre à l’autre, et mêler dans une certaine mesure l’élément lyrique dans le drame, ou l’élément comique dans la tragédie, à condition que l’on ne méconnaisse point les lois essentielles et l’objet propre de chaque genre, et qu’on ne fasse point retomber l’ouvrage dans une indétermination qui serait la négation même de l’art.
On serait étonné, si l’on y regardait de près, de ce qu’il y a chez Racine de mots familiers, de locutions de tous les jours ; la musique délicieuse de son vers nous empêche de remarquer les formes de la conversation courante qui souvent le remplissent.
Cependant voilà longtemps déjà qu’en Angleterre une école célèbre cherche dans les mots une musique, des couleurs et des parfums, et je ne vois pas qu’on parle de décadence anglaise.
Le soin de la propriété n’est d’obligation que là où la langue a des règles fixes, et où les mots étant comme des touches qui rendent des sons distincts, l’impropriété dans le langage blesse comme une note fausse dans la musique.
Pour ce dernier, c’était visiblement l’impression des excès où l’imitation de ce poëte avait fait tomber Ronsard outre qu’il sentait que cette forme de poésie, déterminée par deux choses exclusivement propres aux Grecs, la musique et le culte, ne pouvaient convenir ni aux idées modernes ni à l’esprit français.
Ici l’art disparaît, le son étouffe la parole, la poésie fait place à une musique déchirante qui tire de chaque mot la note du cri, l’éclat du sanglot.
Le physiologiste Carpenter raconte qu’un pianiste accompli exécuta un morceau de musique en dormant.
Je pense donc que c’est sagement et avec raison que nous avons refusé à nos écrivains dramatiques la liberté que les Allemands et les Anglais accordent aux leurs, celle de produire des effets variés par la musique, les rencontres fortuites, la multiplicité des acteurs, le changement des lieux, et même les spectres, les prodiges et les échafauds.
J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout.
La mariée de son roman court à l’adultère en amazone, comme dans tous les romans de ce temps, qui n’a qu’une note, comme la musique russe, mais avec un résultat bien différent… Seulement, l’auteur du Mariage dans le monde, qui n’a pas le tempérament de Dumas, ne permet point qu’il y arrive… à fond ; car, pour un moraliste plus râblé que cette badine de Feuillet, l’adultère, dans le livre, est fortement commencé.
Mais à supposer même qu’en effet l’homme ne soit rien qu’un animal, et que nos sentiments, nos désirs, nos pensées mêmes et nos convictions soient uniquement les résultats nécessaires du jeu de nos organes, de notre constitution, je répondrai que la physiologie doit être laissée aux physiologistes ; méfions-nous de la physiologie littéraire autant que de la musique d’amateurs.
Ce terme s’applique ordinairement à tous ceux qui manient les formes d’art de la littérature, de la peinture, de la sculpture, de la musique, et exclusivement à eux.
On n’a point manqué de crier à l’attentat : mais ce n’est pas plus attenter à la gloire de la Fontaine, qu’un bon Musicien qui mettroit en musique les Cantates de Rousseau n’attenteroit à la gloire de ce Poete.
Une autre fois, en vue du pont Royal, la musique passait, suivie de ces beaux gardes du corps.
Elle est passive et résonne passivement sous le coup des émotions qui la frappent ; elle rend exactement la note de l’émotion qu’elle a ressentie, mais elle n’est pas maîtresse de sa propre musique, et ne sait ni lui commander ni la régler. […] Ces sentiments et ces pensées n’étaient pas poétiques et musicaux parce que le poète les avait rendus tels ; ils étaient par essence musique et poésie, comme l’air est sonore et comme l’eau est liquide. […] Il n’entendra jamais la musique des sphères célestes, il n’est et ne sera jamais véritablement artiste ou poète. […] Je révèle comment une chose est belle et vraie par la musique correspondante que j’éveille dans celui qui la contemple ou l’écoute, par les visions correspondantes que je fais surgir dans son âme. […] Tout bon Allemand avait deux passions avant que l’apparition de M. de Bismarck en eût fait naître une troisième moins inoffensive que les deux autres, la philosophie et la musique ; M.
La double leçon, de latin et de musique, que donnent à Bianca ses deux amoureux jouant le rôle de professeurs, est amusante et assez finement conduite. […] Les gestes, les mouvements, les groupes mouvants d’acteurs nombreux ; la décoration simple mais vaste et vraie, qui dit au spectateur où l’on est, et exprime déjà les sentiments généreux du peuple où se passe l’action ; un vrai palais, étrange et colossal, si nous sommes chez le roi des Perses ; un temple, si les terreurs religieuses d’Oreste doivent être le fond du drame ; — autre chose encore : quand l’exaltation du sentiment amène naturellement le lyrisme dans l’expression, quand la parole intérieure chante, l’acteur chantant en effet, et appelant une musique simple et grave, mais expressive, pour soutenir sa voix : tout cela c’est le drame complet, varié, puissant, exprimant l’âme humaine tout entière… Cette église où je suis est admirable. […] On le lui avait reproché : « Quelques personnes ont trouvé la musique du dernier chœur un peu longue, quoique très belle. […] Cette scène, qui est une espèce d’épisode [d’arrêt dans l’action, pour donner au tableau un plus vif relief, dont l’action, plus tard, profitera elle-même], amène très naturellement la musique, par la coutume qu’avaient les prophètes d’entrer dans leurs saints transports au son des instruments… Ajouter à cela que cette prophétie sert beaucoup à augmenter le trouble dans la pièce par la consternation et par les différents mouvements où elle jette le chœur et les principaux acteurs.
Vielé-Griffin par son émouvante naïveté : Je suis allé dans la forêt : Dans la forêt il y a des arbres, Dans les arbres il y a des branches, Dans les branches il y a des feuilles, Et dans les feuilles et sur les branches Il y a des oiseaux, Et dans les oiseaux il y a une musique, Une espèce de petite flûte Qui, soir et matin, fait : « Pipi… pipi… pipi ! […] … Lorsque, le soir, à Kotonou, où j’habite, je vais prendre le frais sur le chemin qui longe les fossés de la ville, je ne respire plus cette bonne et fortifiante odeur de cadavres décapités qui, jadis, y pourrissaient, en masses profondes, pendant des mois et des mois… Maintenant, ce sont des musiques militaires qui jouent « Haydée »… et les parfums de quelques maigres rosiers qu’un cosmopolitisme féroce essaye d’acclimater là-bas… C’est dégoûtant ! […] … Et les poésies sauvages et les visions rouges dont je voulais m’emplir le cerveau s’envolaient… Vers le soir, alors que des musiques bizarrement ululantes commencèrent d’appeler la foule à des spectacles différents, le calme se rétablit autour de nous. […] Et mon ami, réconforté, se leva, nous quitta et s’éloigna en chantant : Je suis allé dans la forêt : Dans la forêt il y a des arbres, Dans les arbres il y a des branches, Dans les branches il y a des feuilles, Et dans les feuilles et sur les branches Il y a des oiseaux, Et dans les oiseaux il y a une musique, Une espèce de petite flûte Qui, soir et matin, fait : « Pipi… pipi… pipi ! […] Debussy paraphrase en une adorable musique, et que M.
Enfin, c’est curieux : ma tante, je l’écoutais parler, formuler ses phrases, échappant à la banalité et au commun de la conversation de tout le monde ; — sans cependant qu’elles fussent teintées de bleu, — je l’écoutais avec le plaisir d’un enfant amoureux de musique, et qui en entend. […] Un moment, ce jeune officier faisait un tableau des belles nuits du Sénégal, où il a passé quelques années, de ces belles nuits lumineuses, où, au milieu de leurs claires ténèbres, apparaissait soudainement, comme une vision, un bataillon noir de femmes d’ébène, aux sveltes formes ; les fillettes, les cheveux coupés ; les jeunes filles, les cheveux nattés ; les femmes, les cheveux sous un madras aux couleurs voyantes : toutes ces nubilités, de douze à vingt ans, formant un anneau de danse, un ondulant et voluptueux enchaînement féminin, au milieu duquel les griots font une musique de tous les diables, et autour duquel, les vieilles accroupies à terre, éventent à tour de bras les danseuses.
En quoi consiste donc l’espèce de plaisir que les plus grossiers éprouvent en face d’un mélodrame vulgaire, au bruit d’une musique tapageuse, à la vue d’un assemblage de vives couleurs sur la toile, sinon précisément dans la diversion passagère qu’ils y trouvent au dégoût de l’existence et au dur labeur de la vie ? […] Que l’on puisse toujours transposer, ou presque toujours, d’un art dans un autre un même sujet, mettre Don Juan, par exemple, en musique, et Goetz de Berlichingen en peinture, sous de certaines conditions qu’il resterait à déterminer, on ne voit pas qu’aucune raison péremptoire s’y oppose. […] Et vous ne courrez pas la chance, comme dans les Amours d’un interne, de nous raconter à la page 324 l’histoire des « hystériques demeurées pétrifiées, tombées en catalepsie, changées en statues au premier son des cymbales », et l’histoire des « cymbales d’une musique jetant brusquement en catalepsie toute une file d’hystériques », à la page 456. […] Son infériorité, c’est la recherche de ce qu’on appelle en musique l’air de bravoure, en peinture le morceau de facture, en littérature le passage à effet. […] On ne saurait trop le redire, et, comme toutes les choses qui vont sans qu’on les dise, cela va bien mieux encore en le disant : la littérature n’est pas de la musique, mais elle n’est pas non plus de la peinture.
Nous arrivons à l’âge moderne, qui se marque par le retour de l’homme à la Nature, par la domination absolue dans l’ordre de la connaissance, des sciences physiques, dans la région des arts, de la musique. […] Les faits qu’exprime la musique sont des faits entièrement étrangers à la conscience et à la liberté morale ; ce sont des rapports nécessaires, des harmonies fatales entre notre âme et les choses, entre les choses elles-mêmes. […] la musique (celle de Sébastien Bach, par exemple, de Haendel, de Haydn, de Mozart), n’a-t-elle pas été consacrée, ne peut-elle pas être encore consacrée aux cultes spiritualistes, comme on conçoit que la peinture puisse être abaissée à l’idolâtrie de la sensation ? […] Ce n’est pas parce que la musique est devenue l’art de notre temps, que je m’associerai aux réflexions si justes et si sévères de M. de Laprade. […] Non, ce n’est pas dans la prédominance de la musique qu’il faut voir le plus grave symptôme des excitations maladives et des énervements de la race intellectuelle au milieu de laquelle nous vivons.
Néanmoins, les plaisirs où l’entraînent son mari et sa nouvelle famille satisfont mal les aspirations que la religion et la musique avaient fait naître chez la « jeune fille bien élevée ». […] L’expérience me ramenait à mon point de départ un peu dédaigneusement abandonné dans la bourrasque que déchaînent les courants d’air de mon temps : sur le chemin de retour où je marchais, ne discernais-je pas ces grandes voix, organes mystérieux, échos d’instruments inconnus, dont le timbre n’a pas d’équivalent parmi ceux de ce monde, dont la musique célébrait la dignité de mon origine, la sainteté de ma destinée, et entre ces deux relais, l’humble beauté de ce que nous ne pouvons pas changer. […] Mais il arrive parfois que dans les poèmes de Julien Ochsé, la musique prime la logique, et que le poète sacrifie à la mélopée du vers le dessin de la strophe. […] Il parle notre langue, à cela près qu’il sait donner aux mots une musique inoubliable.
La musique, par exemple, s’efforcera de se faire descriptive, concrète, exacte dans l’expression — impossible pour elle — des formes et des attitudes, tandis que la peinture ou la statuaire, suivant des errements semblables, se laisseront dévier de leur destination primitive, et abandonneront le simple culte de la ligne pour se tourner vers les études de mœurs ou les symboles philosophiques. […] « Je n’ai plus qu’une dizaine de pages à écrire, mais j’ai toutes mes chutes de phrases. » À quoi l’auteur d’Albertus répondait par cette réflexion : « Il a déjà la musique des fins de phrases qu’il n’a pas encore faites ! […] On retrouverait même le procédé jusque dans la musique ou dans la peinture moderne, avec le heurt brutal des sonorités ou des colorations qui, au premier abord, déconcerte peut-être, mais qui frappe forcément l’esprit. […] Et, comme suprême desideratum, il ajoute quelques pages plus loin : J’aurais voulu que le poète, délivré de toutes les conventions empiriques, n’eût d’autre maître que son oreille délicate, subtilisée par les plus douces caresses de la musique.
Ils admirent la pourpre du sang versé, ils notent la musique des cris du martyr ! […] Voici, par exemple, une pièce intitulée : « Musique au bord de la mer » qui me semble résumer le mieux la délicatesse de l’inspiration du poète : Un soir, un soir d’été calme et propice au rêve, Nous nous étions ensemble assis près de la grève. […] Auprès des flots chantait harmonieusement, Puis s’assombrit le ciel et se tut la musique… Et nous pleurions d’avoir, en cet instant magique, Goûté, dans un accord grave et délicieux, L’infini de l’amour, de la mer et des cieux. […] » On dirait aujourd’hui : si je comprends ces vers, cette prose, cette musique, cette peinture ou cette sculpture, je ne les admire pas. […] On n’y comprenait rien, mais on applaudissait à la musique de la langue.
» S’il ne l’avait pas aimée, serait-il un si grand écrivain, si habite et si attentif, non seulement à ses idées, mais encore à ses phrases, à la couleur et à la musique de ses mots ? […] Or, Meyerbeer précisément partait pour la campagne, la tête pleine de musique, et la musique de Meyerbeer avait envie de se poser sur des paroles. […] Plusieurs symbolistes pourtant furent de véritables poètes et qui s’avisaient d’une nouvelle musique de la pensée. […] Il y a le soleil, l’air, la lumière, la musique, l’amitié et la toilette ! […] Il leur semble qu’ils sont emportés par des vagues vers les étoiles… » Ce couplet, ce transport appelle, on dirait, la musique de Berlioz, qui n’était pas un réaliste.
Ce qui est certain, c’est que l’éducation de Louise fut fort soignée, qu’elle vécut dans les loisirs et les honnêtes passe-temps ; elle apprit la musique, le luth, les arts d’agrément, les belles-lettres, sans négliger pour cela les travaux d’aiguille, et enfin elle associait à ces goûts divers, déjà si complets chez une femme, les exercices de cheval et des inclinations passablement belliqueuses.
» Pindare, cité par Plutarque au Traité de l’Adresse et de l’Instinct des Animaux, s’est comparé aux dauphins qui sont sensibles à la musique ; André voulait encadrer l’image ainsi : « On peut faire un petit quadro d’un jeune enfant assis sur le bord de la mer, sous un joli paysage.
Il avait beaucoup désiré connaître le monde, le voir de près dans son éclat, dans les séductions de son opulence, respirer les parfums des robes de femmes, ouïr les musiques des concerts, s’ébattre sous l’ombrage des parcs ; il vit, il eut tout cela, mais non en spectateur libre et oisif, non sur ce pied complet d’égalité qu’il aurait voulu, et il en souffrait amèrement.
Ces vers ne chantaient pas, ils frémissaient : leur seule musique était leur vibration en touchant l’âme.
Jalousie ridicule, puisque je ne fus jamais qu’un amateur désœuvré du beau, qui esquisse et qui chante au hasard, sans savoir le dessin ou la musique, et que Hugo fut un souverain artiste, qui força quelquefois la note ou le crayon, mais qui ne laissa guère une de ses pensées ou une de ses inspirations sans en avoir fait un immortel chef-d’œuvre : l’un ne demandant rien qu’au jour qui passe, comme un improvisateur sans lendemain ; l’autre, prétendant fortement à gagner et à payer par le travail le salaire que la postérité doit au génie laborieux, un renom qui ne périt pas.
C’est, en l’honneur de la fête votive, la bruyante musique d’Andillac qui retentit jusqu’ici et se mêle à celle des oiseaux.
« Deux petits oiseaux, deux compagnons de ma chambrette, les bienvenus, qui chanteront quand j’écrirai, me feront musique et accompagnement comme les pianos qui jouaient à côté de Mme de Staël quand elle écrivait.
Il n’y avait point d’art, non, c’était la nature faite art ; l’image et le son, cette musique de l’âme, y naissaient ensemble indivisibles comme la voix et la sensation.
Il manquait aussi de cette vigueur de talent qui enfante le vers comme la musique innée enfante la mélodie, la langue qui chante.
Dans la musique, tout est noté, le mouvement, les intonations et les repos ; et cependant, malgré de longues études, combien peu de musiciens savent chanter à livre ouvert !
Quand quelqu’un souhaite lire, il bande, avec une grande quantité de toutes sortes de petits nerfs, cette machine ; puis il tourne l’aiguille sur le chapitre qu’il veut écouter, et en même temps, il en sort, comme de la bouche d’un homme ou d’un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, entre les grands lunaires, à l’expression du langage. » On pourrait dire de même que de nos jours tel roman de Jules Verne, telle fantaisie d’un poète, de Victor Hugo, par exemple, dans Plein ciel, présagent l’invention des bateaux sous-marins ou des nacelles ailées qui opéreront la traversée effrayante d’un astre à un autre.
Mais si les aptitudes des parents sont différentes, si le père a du talent pour la musique, et que la mère n’en ait pas, et si deux enfants naissent de ce mariage, il se peut que l’un soit musicien comme son père, l’autre insensible comme sa mère, ou que tous deux soient musiciens, ou qu’aucun ne le soit.
Ils sont, ces parfums adorés, l’ébauche des sons et des musiques.
Supposez qu’une boîte à musique, capable de jouer plusieurs airs, tombe à terre pendant qu’elle en joue un et que le cylindre garni de pointes se mette à rouler avec une très grande rapidité, de manière à briser ou à altérer ses pointes : un air entier pourra disparaître sans que les autres soient atteints, Tous les mouvements réflexes qui répondent à l’association des mots grecs entre eux et avec les mots français correspondants peuvent se trouver paralysés, tandis que les systèmes de réflexes répondant au français, appris dès l’enfance et solidement imprimés dans le cerveau, peuvent résister à la commotion.
Je vois la tombe d’un fils, que le père a eu l’idée d’entourer de deux étages de sonnettes percées de petits trous, qui doivent, par les grands vents, bercer le mort de leur musique éolienne… C’est beau tout de même cette nécropole polonaise, sur laquelle toutes ces âmes, veuves de la patrie, ont jeté ce cri posthume : Exoriatur nostris ex ossibus ultor … Puis le marquis de Bouillé à côté d’Alcide Tousez, les jeux de la Mort et du Hasard.
D’aventures, il est bien entendu que je n’en ai nul besoin ; mais les impressions de petite fille et de toute petite fille, mais des détails sur l’éveil simultané de l’intelligence et de la coquetterie, mais des confidences sur l’être nouveau créé chez l’adolescente par la première communion, mais des aveux sur les perversions de la musique, mais des épanchements sur les sensations d’une jeune fille, les premières fois qu’elle va dans le monde, mais des analyses d’un sentiment dans de l’amour qui s’ignore, mais le dévoilement d’émotions délicates et de pudeurs raffinées, enfin, toute l’inconnue féminilité du tréfonds de la femme, que les maris et même les amants passent leur vie à ignorer… voilà ce que je demande.
Qui peut nier, par exemple, que la musique ne soit un art ; et qui cependant, s’il ne veut subtiliser, pourroit y trouver d’autre utilité que le plaisir ?
Car ne sont-ce pas aussi des « rapports » qu’expriment la musique, par exemple, ou la peinture ?
Cette franchise de ma part me rappelle ce que disait un grand maestro au jeune compositeur auquel je dois la musique de mon Prisonnier, et dont la mort est venue trop tôt interrompre les brillants succès.
De lui vient la lumière, La chaleur, qui descend au sein de notre mère, Les simples, leur emploi, la musique, les vers, Et l’or, si c’est un bien que l’or pour l’univers.
: les mont-d’or, jaune clair, puant une odeur douceâtre ; les troyes très épais, meurtris sur les bords, d’âpreté plus forte, ajoutant une fétidité de cave humide ; les camembert, d’un fumet de gibier trop faisandé ; les neufchâtel, les limbourg, les marolles, les pont-l’évêque, carrés, mettant chacun leur note aiguë (la musique annoncée !)
Un jour, sur son carnet de soldat, il note : Avec ma manie de chercher à comprendre les autres, même les ennemis, j’ai découvert une grande beauté au rêve colossal de conquête de ce peuple allemand qui, l’âme embrumée par son tabac et sa musique, s’est rué sur nous et a failli nous asservir par sa discipline et son héroïsme.
Grâce à cette méthode, Athènes florissait alors par la culture de tous les arts qui font la gloire du génie humain, par la poésie, l’éloquence et l’histoire, par la musique et les arts du dessin.
Vers le soir, j’allai assister aux vêpres, pour entendre un peu de musique, et je m’assis tristement dans un coin.
Comme la peinture et comme la musique, il peut, s’il le veut, se passer d’idées. […] Je n’insiste pas non plus sur l’harmonie des vers, les plus chantants qu’il y ait dans notre langue, peut-être ; et dont ce n’est pas assez de dire que la musique en est un plaisir ou une caresse pour l’oreille : il faut dire qu’elle en est la volupté même : Ariane, ma sœur, de quel amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! […] N’est-ce pas ainsi qu’au xvie siècle, on avait vu l’épopée du Tasse marquer la transition de la poésie à la musique ?
» Il n’y a rien de mieux écrit en français que ces deux strophes opposées l’une à l’autre comme deux tableaux exprimant deux aspects différents d’une même pensée : La musique du bal sort des salles sonores, Sous les pas des danseurs l’air ébranlé frémit, Dans des milliers de voix le chœur chante ou gémit ; La ville aspire et rend le bruit par tous les pores. […] On trouverait des traces de cet art subtil, par lequel une pièce, comme faite de rien, est comme un parfum dans l’air, insaisissable, et très net pourtant, dans Stella, dans Booz endormi, qu’il faut toujours citer à quelque point de vue du beau qu’on se place, dans Un peu de musique d’Eviradnus, dans A celle qui est voilée (Contemplations, II), surtout dans cet humble et pur chef-d’œuvre Choses du soir (Art d’être grand-père). […] Musique militaire attirant par bouffées.
Je voudrais qu’on pût empêcher mon sang de circuler avec tant de rapidité, et lui donner une marche plus cadencée ; j’ai essayé si la musique pouvait faire cet effet ; je joue des adagio, des largo, qui endormiraient trente cardinaux. […] La poésie, qui s’élève au-dessus de la musique par l’admission de l’élément logique, retourne quelquefois vers la musique, pour lui emprunter non seulement la mélodie des sons, l’accent, le rhythme, mais quelque chose même de la nature du langage musical, qui, s’il ne dit pas tout ce que la parole peut dire, exprime en revanche ce que la parole n’exprime jamais. Il y a du caractère de la musique dans tel vers, peut-être dans telle ligne de prose, où les liens logiques un peu relâchés laissent plus librement flotter la pensée, et lui permettent d’occuper dans l’âme un espace, et de couler dans des retraites où une forme plus précise ne lui eût pas permis de pénétrer. C’est de la musique dans des mots ; et les moins harmonieux la peuvent renfermer, car c’est l’esprit de la musique, et non sa forme, qui vient de rentrer ainsi dans la poésie. […] 140 Puis le spectacle se ferme par la musique des archanges, qui sous le nom de trompes, de violes, de clairons, d’orgues et de lyres, expriment tour à tour les sentiments divers qui peuvent, dans le cœur de l’homme, se rattacher à la pensée de l’infini.
Le père de notre tragédie, Corneille, si sublime dans la plupart de ses plans, s’asservit à travailler sur celui d’un autre ; Quinault s’associe à leurs travaux, et Lulli, l’Orphée du temps, prête les charmes de sa musique à tout l’ouvrage. […] Nous ne jugerons pas sa musique ; il n’en sera pas de même de deux dialogues italiens de sa composition, placés dans le premier intermède ; il y apostrophe les rochers, les montagnes, les vallées, les forêts, les étoiles ; il les presse de répondre à ses gémissements ; il reproche aux dieux de donner la mort à la beauté, elle qui donne la vie aux autres.
Le titre est la Folle journée, et en effet c’est une soirée de folie, un après-souper comme il y en avait alors dans le beau monde, une mascarade de Français en habits d’Espagnols, avec un défilé de costumes, des décors changeants, des couplets, un ballet, un village qui danse et qui chante, une bigarrure de personnages, gentilshommes, domestiques, duègnes, juges, greffiers, avocats, maîtres de musique, jardiniers, pâtoureaux, bref un spectacle pour les oreilles, pour les yeux, pour tous les sens, le contraire de la comédie régnante, où trois personnages de carton, assis sur des fauteuils classiques, échangent des raisonnements didactiques dans un salon abstrait.
Mon chant plaît à chacun. » Le milan alors lui réplique : « Vraiment nous voici bien ; lorsque je suis à jeun,, Tu viens me parler de musique.
XXI Tout finit par un chœur de louange à Dieu, auquel le poète convie tous les peuples, toutes les bouches, tous les instruments à corde ou à vent de la musique sacrée, tous les éléments et tous les astres !
Hyeronimo enfant l’avait appelé Zampogna, parce qu’il aimait la musique comme un pifferaro, et que toutes les fois que nous voulions le faire revenir avec les chevreaux du pâturage où il gardait les moutons, nous n’avions qu’à sonner un air de musette sur la porte.
Cette probité paraît dans son style si exact, si concis, si étroitement appliqué sur les idées, d’une clarté extraordinaire dans la plus vigoureuse subtilité, dédaigneux de la musique, dédaigneux de la couleur, et vivant (mais avec intensité) du seul mouvement de la pensée.
Relisez attentivement ce finale ; vous y verrez une parodie évidente des jérémiades officielles de l’Asie servile, la dérision d’une musique d’esclaves prenant la note du thème dicté par le maître, et le répétant, phrase par phrase, comme un écho machinal.
La musique et la danse vinrent embellir cette imitation.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours… Ce sont de ces vers de La Fontaine qui restent dans toutes les mémoires et qui sont des fleurs de poésie et de musique.
Sur le fond de l’immense pièce noyée d’ombre et ne recevant presque de clarté que par le vitrage arrondi, où la lune montait dans un ciel lavé, bleu de nuit, un vrai ciel d’opéra, la silhouette de la célèbre danseuse se détachait toute blanche, comme une petite ombre falotte, légère, impondérée, volant bien plus qu’elle ne bondissait ; puis debout, sur ses pointes fines, soutenue dans l’air seulement par ses bras étendus, le visage levé dans une attitude fuyante où rien n’était visible que le sourire, elle s’avançait vivement vers la lumière, ou s’éloignait en petites saccades si rapides qu’on s’attendait toujours à entendre un léger bris de vitre et à la voir ainsi monter à reculons la pente du grand rayon de lune jeté en biais dans l’atelier… Ce qui ajoutait un charme, une poésie singulière à ce ballet fantastique, c’était l’absence de musique, le seul bruit du rhythme, dont la demi-obscurité augmentait la puissance, de ce taqueté vif et léger, pas plus fort sur le parquet que la chute, pétale par pétale, d’un dahlia qui s’effeuille..
Ici, l’artiste ne manque jamais cet accent ineffable qui fit mourir le pauvre Jean-Paul de chagrin, car il l’entendait en lui, comme Beethoven, le sourd, entendait sa musique, mais il ne put jamais le faire sortir de sa pensée.
Je ne pense pas que vous songiez à mettre en musique le théâtre de Marivaux, de Musset ou de M. […] Je dirai plus : la musique donne à l’idée philosophique tout son attrait en la maintenant dans son caractère d’idée vague et par conséquent dans la région d’un demi-mystère. […] La musique est donc admirable pour exprimer l’idée philosophique dans la juste mesure où elle remplit l’imagination sans la saturer, dans la juste mesure où elle convie l’imagination à rêver, en lui laissant la liberté de le faire. […] Ils ont donné comme retranchée la strophe suivante de Un peu de musique, dans Éviradnus : Nous irons, et j’en suis ivre, Sous les verts taillis mouillés ; Ton souffle te fera suivre Des papillons réveillés. […] Très souvent la correction paraîtrait mauvaise à un classique et a ses raisons dans la manière particulière à Hugo d’entendre la musique du vers.
Il avait composé, paroles et musique, une belle chanson martiale que ses hommes chantaient en marchant : Le Midi bouge, Tout est rouge. […] J’ai, je crois, énuméré toutes les audaces du Pèlerin passionné et, à tout prendre, il n’en est pas une seule qui n’ait été appelée et souhaitée et d’avance bénie par Banville, notre père, qui a dit : « L’hiatus, la diphtongue faisant syllabe dans le vers, toutes les autres choses qui ont été interdites et surtout l’emploi facultatif des rimes masculines et féminines, fournissaient au poète de génie mille moyens d’effets délicats, toujours variés, inattendus, inépuisables. » Et Banville, laissant flotter les rênes, n’a-t-il pas dit encore : « J’aurais voulu que le poète, délivré de toutes les conventions empiriques, n’eût d’autre maître que son oreille délicate, subtilisée par les plus douces caresses de la musique. […] L’algèbre et la géométrie ont leur style, comme la musique et la poésie, et c’est au grand style qu’on reconnaît le génie dans les sciences comme dans les arts. […] Elle règne dans la beauté des femmes, dans l’harmonie des musiques, dans le rythme des poésies et dans l’ordre des pensées. […] En habit de carnaval héroïque, les dames et les cavaliers vont par couples et dansent avec grâce sous la coupole peinte, au son d’une molle musique.
Tous les deux, par exemple, ont expressément relevé la phrase de Saint-Preux à Julie : « Garde tes baisers, ils sont trop âcres » ; et tous les deux aussi cette bizarre comparaison de la musique de Lulli et de celle de Rameau « avec une oie grasse qui marche ou une vache qui galope ». […] On n’en finirait pas si l’on voulait énumérer tous ceux qui trouvent accès auprès de Malesherbes pour se plaindre du journaliste ; quand ce n’est pas d’Alembert ou Marmontel, c’est Grimm, qui ne veut pas qu’on l’accuse de « détester la musique française » ; c’est Forbonnais, à qui le journaliste a manqué de respect ; c’est une femme de lettres, Mme Retau du Fresne, à qui Fréron a conseillé, vu son style, quand elle composera quelque autre ouvrage, de « se faire retoucher par quelque homme de lettres ». […] Et remarquez bien que, s’il n’en était pas ainsi, — si la beauté d’une œuvre d’art ne dépendait pas essentiellement de la technique, — si la différence de la technique ne creusait pas un abîme entre les différentes formes de l’art, — si tout ce qui se peint pouvait s’écrire, si tout ce qui s’écrit pouvait se sculpter, si tout ce que l’on sculpte pouvait se mettre en musique, — il n’y aurait plus alors ni musique, ni sculpture, ni peinture, ni poésie, mais il ne subsisterait qu’une forme unique de l’art, indivise, confuse et, si l’on me permet cette apparente contradiction dans les termes, véritable ment amorphe.
Sous Spencer et Shakspeare, les mots vivants comme des cris ou comme une musique faisaient voir l’inspiration intérieure qui les lançait. […] Ainsi jadis la musique attendrissait, exaltait, maîtrisait les hommes ; les vers de Dryden retrouvent son pouvoir en le décrivant.
Quoique contenu et si fier, la musique le faisait pleurer. […] Je n’ai plus de repos, — je ne sais pas ce que je demande, ni ce que je cherche. — Je sens seulement ce que tu es et ce que je suis. — Et pourtant je voudrais une fois encore, avant de périr, — entendre la musique de ta voix.
Il n’y a depuis longtemps que la musique qui ait produit sur moi, dans l’Agnese, l’effet attaché en général aux œuvres de l’art.
« Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite ; et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu’elle vouloit faire entendre, que c’étoit la plus parfaite actrice du monde.
Tout y est factice, faux et malsain417, depuis le fard, la toilette et la beauté des femmes jusqu’à l’air des appartements et aux ragoûts des tables, le sentiment comme le plaisir, la littérature comme la musique, le gouvernement comme la religion.
XIV Platon règle ensuite tout aussi arbitrairement, dans sa République, la musique, la médecine, l’amour, la justice.
J’ai été comme ébloui ; j’ai cru sentir la voûte du ciel s’écrouler sur moi, le plancher manquer sous mes pieds, le soleil et la nuit se confondre et entrer pêle-mêle, comme sous un coup de marteau, dans ma tête ; je n’ai pas eu le temps de respirer, j’étais essoufflé, ou plutôt il m’a semblé que j’étais poussé par une main puissante à travers des espaces incommensurables, tantôt répugnants, tantôt délicieux, tantôt par force, tantôt par plaisir ; ici affreuse stérilité, là fécondité prodigieuse, hurlements affreux d’un côté, musique caressante de l’autre ; allant où je ne voulais pas aller, m’arrêtant où je ne voulais pas m’arrêter, mais allant toujours, comme si la poigne du Juif errant m’eût déraciné de terre pour me contraindre à le suivre jusqu’en enfer ; en un mot, Monsieur, ce livre m’a souvent révolté, toujours entraîné, et je suis arrivé au bout en maudissant la route ; mais, comme la roue précipitée sur une pente d’abîmes où il lui est impossible de s’arrêter, j’étais moulu quand j’ai été au fond.
Le cygne y est mis en opposition avec l’aigle, l’un comme l’emblème de l’existence contemplative, l’autre comme l’image de l’existence active : le rhythme du vers change quand le cygne parle et quand l’aigle lui répond, et les chants de tous les deux sont pourtant renfermés dans la même stance que la rime réunit : les véritables beautés de l’harmonie se trouvent aussi dans cette pièce, non l’harmonie mais la musique intérieure de l’âme.
Si la poésie est à la fois un langage, une peinture et une musique, si elle doit plaire à l’âme, à l’imagination et à l’oreille, il restait à faire connaître, après le style de Corneille, plus oratoire que poétique, plus énergique qu’harmonieux, plus ferme que varié, où il y a plus de feu que de douceur et plus de mouvement que d’images, un style qui réunît à toutes les beautés du style de Corneille, dans des vérités dramatiques du même ordre, toutes les beautés propres aux vérités dramatiques qui restaient à exprimer ; un style qui contentât la raison par l’exactitude des paroles, l’âme par leur accent, l’imagination par leur éclat, l’oreille par leur harmonie.
Qu’on ne vante plus la Touraine Pour son air doux et gracieux, Ny Chenonceaus, qui d’une reyne Fut le jardin délicieux, Ny le Tivoly magnifique Où, d’un artifice nouveau, Se faict une douce musique Des accords du vent et de l’eau.
Tout est danse, musique, allégresse, autour de cette enfance adorée.
Tout ce que nous avons dit de la tragédie, on peut le dire également de l’opéra, que Saint-Evremont appelle une sottise, en ajoutant, qu’une sottise chargée de musique, de danses, de machine, de décorations, est une sottise magnifique ; mais toujours sottise ; que c’est un vilain fond sous de beaux dehors.
Nous négligeons d’étudier les principes, comme s’ils étaient inutiles ; nous en étalons les formules, comme si nous les avions étudiées ; un vrai critique doit être un philosophe ; Qu’on joignît l’étude des arts à celle des lettres ; la peinture, la sculpture, la musique, la poésie ne parlent pas la même langue, mais elles traduisent la même pensée.
C’est « des aveux sur les perversions de la musique ».
Quoiqu’un instrument de musique dont les cordes sont touchées, ne reçoive en lui-même qu’une simple modification, lorsqu’il rend le son du ré ou celui du sol, nous parlons de ces sons comme si c’étoit autant d’êtres réels : & c’est ainsi que nous parlons de nos songes, de nos imaginations, de nos idées, de nos plaisirs, &c. […] Cette différente modification du ton, tantôt aigu, tantôt grave, & tantôt circonflexe, est encore sensible dans le cri des animaux, & dans les instrumens de musique. […] Musique Italienne. […] Arsis (Musique) On dit en Musique, qu’un chant, un contre-point, une fugue, sont per thesin quand les notes descendent de l’aigu au grave, & per arsin quand les notes montent du grave à l’aigu. […] N’est-il pas encore un nom substantif quand il signifie une note de musique ?
Rousseau éprouve ici ce qui arrive à presque tous les amateurs qui ne connaissent point un art, c’est de supposer la difficulté où elle n’est pas : l’ignorant en musique admire un morceau d’harmonie très compliqué ; il ne sait pas que le moindre petit air naturel et mélodieux exige beaucoup plus de génie. […] La Sémiramis de Crébillon est une tragédie pleine de mouvement et d’intrigue ; la Sémiramis de Voltaire est un opéra que la musique de quelques beaux vers ne peut défendre de l’ennui. […] Il est certain que dans cette république on faisait tout pour conserver les mœurs et le gouvernement ; on estimait peu les arts corrupteurs, et l’on chassa un musicien pour avoir ajouté quelques cordes à la lyre, ce qui perfectionnait beaucoup l’instrument, mais révolutionnait la musique nationale.
Ainsi des métiers ; quant aux arts, il n’en connaît qu’un, la musique. […] La musique bohème est une fantasia sonore : pas de règles, aucune discipline. […] La Muse visite souvent ses bivouacs, et chaque fois elle en ramène dans la poésie ou dans la musique des types immortels : Esmeralda, Mignon, Fenella, Preciosa.
À travers la table, entre lui et le misérable gamin, ses quatorze années de caserne et de guerre se précipitaient en torrent d’images confuses : des figures de camarades, en rangs, l’arme à l’épaule ; des officiers qu’il avait aimés ; des musiques sonnant sous des voûtes de cathédrales ; des drapeaux flottants ; des charges à la baïonnette ; des saouleries après la victoire ; des villes de garnison ; des coins de chambrée ; l’heure de la soupe ; toute la gloire et toute l’insouciance du métier. […] Ce mot, et cette phrase, c’est-à-dire cette idée et cette suite d’idées, il faudra qu’il leur fasse perdre leur caractère même et qu’il les change en simples enchantements des oreilles ou des yeux, qu’il les transforme soit en musique, soit en peinture.
Il sent la musique, surtout celle de Beethoven. […] La musique, la peinture, la traduction de quelques romans anglais, auxquels elle ajoutait parfois des scènes très vivement frappées, remplissaient alors des journées qu’il fallait disputer aux chagrins les plus poignants. » Vive, spirituelle, mélancolique et lettrée, Sophie Le Sénéchal était tout à fait à la mode et au goût du temps. […] Je suis heureuse dans mon petit coin, voyant beaucoup mon fils, qui embellit journellement et devient de plus en plus aimable… Ma santé est très bonne… On a bien tort de vous dire que je néglige la musique, j’en fais encore souvent. […] La jeune princesse, repliée sur elle-même, s’occupait de lectures, d’ouvrages de femme et de musique. […] Me voilà donc lancée dans les affaires, moi qui les ai toujours détestées… C’est le plus grand des sacrifices que je puisse faire au roi, moi qui n’aime qu’une vie tranquille, calme, paisible, qui adore la lecture, l’ouvrage, la musique, enfin toutes les occupations des femmes. » (Loc. cit.
Tout le temps que je restai dans l’église, j’entendis les sons d’une boîte à musique qui aidait à la contemplation. […] Stella révèle à Faustus la plus haute expression de la musique. […] Cette jeune fille royaliste, catholique ardente, étudiait avec zèle la musique et la peinture, dans cet atelier où régnait le calme des sanctuaires. […] Et madame de Sabran ajoute : « De la musique, des chansons, une foule de paysans bien gaie et bien contente suivait nos pas, se répandait ça et là pour le plaisir des yeux.
Jules Gastambide, musique en scène de M. […] Une jolie musique de M. […] Mais la musique accompagnant le texte ne m’a paru avoir d’autre mérite que sa discrétion, et quand elle cesse d’être discrète, à savoir au V, pendant la scène de folie d’Oreste, elle m’a bien agacé. Figurez-vous qu’à ce moment la musique devient un personnage : elle interrompt Oreste, dialogue avec lui, et, à chacun des vers qu’il prononce, répond par un sifflement de vipères ou un grondement de tonnerre, ou un gémissement stygien. […] « Gardez-vous du maître à chanter qui vous persuade que les gentilshommes savent la musique.
Je ne parle pas de On ne saurait penser à tout, qui est un démarquage du Distrait de Carmontelle, comme on le savait depuis longtemps, ce qui prouve que Molière n’est pas le seul à prendre son bien où il le trouve, péché bien véniel : « Vous leur fîtes, Seigneur, en les pillant, beaucoup d’honneur. » Mais lisez-moi ceci (entre cent exemples) : « Imaginez-vous, Madame, un fond… Je ne peux pas bien vous dire… ce n’est pas jaune, ce n’est pas blanc ; c’est soufre pâle, ou paille ; oui, c’est paille ; un ruban couleur de noisette et bleu qui entoure un faisceau de roses ; qui fait la bordure ; le milieu, des pavots et des lis, avec des grenades et des instruments de musique. […] — Et vous vous assoiriez sur des instruments de musique ? […] Le premier trait, et le plus en relief, c’est, comme bien vous pensez, qu’ils n’approuvent et n’admettent que ce qui sort de la main des juifs et que, selon eux, tout ce qui est œuvre de juif est admirable : livres, tableaux, sculptures, ponts et chaussées, musique, affaires, etc. […] Mme Hurtz fait des vers sur la musique de Jean ou Jean fait de la musique sur les vers de Mme Hurtz ; ils brochent l’un sur l’autre.
Ne vous étonnez donc plus s’il a chanté les pâleurs mourantes des seins, l’âcreté des baisers, la musique des caresses. […] Dans ses œuvres de prose, vous ne l’entendez discuter que sur la versification, les affinités de la musique et des lettres, et même sur la typographie.
Il y a un des passagers de la Zélée que cette musique n’amuse pas ; c’est Victor Jacquemont. […] C’était la première maladie un peu sérieuse qu’il eût faite dans l’Inde ; il crut que c’était la dernière, et voulant mourir en musique, comme il avait vécu, il donna ordre qu’on amenât près de son lit un excellent musicien qui, par hasard, se trouvait à Poona.
Aussi bien, Monsieur, qu’il vous souvienne que vous vous êtes marié pour avoir des enfants gentilshommes. » Voilà, sans aucun doute, comment le spectateur du XVIIe siècle comprend la déclaration de Jupiter à Amphitryon, et toute cette théorie mise dans la bouche d’un personnage présenté jusque-là, sans aucun conteste, comme éminemment sympathique, est d’une immoralité, décidément, à n’y rien souhaiter, et certes à l’Amphitryon s’appliquent comme de cire les vers irrités de Boileau : Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique. […] Sophie « aura la voix flexible et juste, chantera avec goût, à la rigueur saura s’accompagner, mais sans connaître une seule note », elle n’aura eu « d’autre maître à chanter que son père, d’autre maîtresse à danser que sa mère ; elle aime la musique pour elle-même ; mais c’est un goût plutôt qu’un talent ; elle ne sait point déchiffrer un air sur la note ». […] Elle doit être radicalement ignorante ; elle ne doit connaître que la cuisine, l’office, la couture, la broderie, la dentelle, la tapisserie, la danse, un peu de chant, un peu de musique ; elle doit suivre sans s’en rendre compte la religion, fille, de sa mère, femme, de son mari ; elle doit être causeuse, non pour l’utilité que pourra avoir ce qu’elle dira ; mais pour l’effet que ce qu’elle dira pourra produire ; malgré son ignorance, et par d’autres moyens que la culture, elle devra être extrêmement experte en psychologie, particulièrement en psychologie masculine ; elle devra être une coquette infiniment avisée, adroite et savante. […] Remarquez du reste qu’après cet élargissement en quelque sorte de son programme — car, encore une fois, c’est plutôt un élargissement qu’une contradiction — Rousseau se ramène à sa Sophie initiale, à sa Sophie primitive, rurale, ménagère et forestière, qui, tout compte fait, n’est qu’une Agnès sachant un peu de musique. […] Elle était assez bonne aux soins domestiques ; voilà l’essentiel, certes, mais il eût souhaité que, sans savoir la musique, elle chantât agréablement au dessert.
C’en est fait, notre jeune homme, maintenant qu’il est un sage, renonce à la poésie, au chant, à la musique ; il parle à tort et à travers ; il ne paie pas ses créanciers, c’est vrai, mais, par suite de la même philosophie, il ne veut pas rendre les respects qu’il doit à son père. […] — À ces causes, toute dépense publique fut supprimée ; Aristophane lui-même consentit à cette réforme des chœurs, des danses, des décorations, de la musique, et tout exprès il écrivit une tragédie déplumée intitulée : Eolosicon. […] Le bon temps en effet, où le neveu de Rameau tendait la joue à tous les soufflets, au nom de la musique éhontée ; où M. de Boissy ce poète charmant, s’enfermait avec sa femme pour mourir de misère ! […] En ce temps-là, le Conservatoire de déclamation et de musique, (hélas !
J’admire, plus que personne, cette vague musique, dont les sonorités semblent étouffées par les tentures d’une chambre close. […] Certe, ils n’ont pas compris tes musiques divines, Éternelle nature aux frémissantes voix, Ceux qui ne vont pas seuls par les creuses ravines Et rêvent d’une femme au bruit que font les bois ! […] Une musique vient à nous du fond des églises, malgré le fracas des omnibus et la vocifération des camelots qui crient la dernière trouvaille des journaux à scandales.
De ce temps (1867) sont datés ses Poèmes saturniens, cahier de musique, recueil de gammes et d’exercices difficiles, où frémit, toutefois, sous une apparence d’impassibilité, la fièvre charnelle qui dévorait ses sens. […] … Programme d’une fête de pompiers à Deadwood : Musique. — A neuf heures et demie, procession. — A dix heures, prière par un révérend et discours par un juge. — A onze heures, lecture de la Déclaration d’indépendance, par une dame […] — Musique. — Jeux divers. […] Henri de Régnier plut aux oreilles fines par la musique voilée et tendre de ses poèmes.
Le problème est donc de créer une langue assez souple pour se prêter à tous les besoins et à tous les caprices d’une sensibilité de malades, assez riche en tons et en nuances pour tout rendre, le visible d’abord et ensuite l’invisible, l’impalpable, l’insaisissable et l’impondérable, une langue qui rivaliserait avec tous les arts, et les transposerait de l’un dans l’autre, sculpterait de la pensée, spiritualiserait de la peinture et peindrait de la musique. […] En entassant les détails sur les détails, les images sur les métaphores, en ajoutant aux termes colorés les termes empruntés à la langue des parfums et les termes empruntés à la langue de la musique, il arrive à produire l’effet de quelque chose d’énorme. […] Rappelez-vous l’épisode des fêtes du bey à Saint-Romans, tout le village pavoisé, une figuration de cinquième acte organisée, les musiques n’attendant qu’un signal, les discours prêts, les autorités massées sur le passage du train… qui passe en effet, mais ne s’arrête pas. […] Autour de d’Argenton, raté de la poésie, gravitent le faux docteur Hirsch, raté de la médecine, Labassindre, raté de la musique, et Moronval, le mulâtre, raté de plusieurs carrières. […] Puis ce sont les premières lectures, faites au hasard d’une rencontre : l’Odyssée prêtée par un chef de musique, le Tasse révélé par un caporal corse qui savait par cœur des passages de la Jérusalem, et Paul de Kock, évangile de la femme du vaguemestre.
Cette maison, où Lulli mourut en 1773, porte le nº 45 de la rue Neuve-des-Petits-Champs ; elle est remarquable par les ornements qui représentent des instruments de musique. […] Il a le premier inventé la manière de mêler des Scènes de Musique et des Ballets dans les Comédies, et il avait trouvé par là un nouveau secret de plaire, qui avait été jusqu’alors inconnu et qui a donné lieu en France à ces fameux Opéra qui font aujourd’hui tant de bruit, et dont la magnificence des spectacles n’empêche pas qu’on ne le regrette tous les jours. […] « Après la mort de M. de Molière, le Roi eut dessein de ne faire qu’une troupe de celle qui venait de perdre son illustre chef et des acteurs qui occupaient l’hôtel de Bourgogne, mais les intérêts des familles des Comédiens n’ayant pu s’accommoder, ils supplièrent Monsieur d’avoir la bonté de laisser les troupes séparées comme elles étaient, ce qui leur fut accordé ; à la réserve de la salle du Palais Royal, qui fut destinée pour la représentation des opéra en musique.
Dès que le mot et l’image gardent dans les discours leur valeur concrète, il s’agit de littérature : la beauté n’est plus tout entière dans la raison, elle est aussi dans la musique. — Proscrit de la littérature, le cliché a son emploi légitime dans tout le reste ; c’est dire que son domaine est à peu près universel. […] Il ne faut pas plus rougir d’être insensible à la grande poésie que de rester sourd à la musique. […] Auprès, sur la table, bombait le ventre marqueté d’un instrument de musique et, de la panse d’un vase de Chine, s’élançaient les tiges menues d’un bouquet de tulipes panachées. » Vous voyez la scène : il en est pendu de pareilles aux murs de tous les musées d’Europe.
Quant à sa toilette, cette aérienne toilette de mousseline et de rubans qui semblait faite avec de la gaieté, de la folie et de la musique, pleine de grelots et parfumée de lilas, elle s’était évanouie comme ces beaux givres éclatants qu’on prend pour des diamants au soleil ; ils fondent et laissent la branche toute noire.
Silence céleste compatible avec mille musiques, roucoulements de nids, bourdonnements d’essaims, palpitations du vent.
Ensuite un corps de musique, huit membres du clergé de Berlin et, devant le char funèbre, trois gentilshommes de la chambre, le comte de Fürstenberg-Stammheim, le comte de Dœnnhoff, le baron de Zedlitz ; ils étaient assistés d’un quatrième qui portait, sur un coussin de velours rouge, les insignes de l’ordre de l’Aigle noir, de l’ordre du Mérite et des autres ordres nombreux dont Humboldt était décoré.
Sa sœur, Mme de Charly, la plus belle femme de Chambéry, n’apprenait plus la musique, mais elle la faisait apprendre à sa fille, toute jeune encore, mais dont la beauté naissante eût promis d’égaler celle de sa mère, si malheureusement elle n’eût été un peu rousse.
(Musique. — Les sorcières dansent et disparaissent.)
Et voilà pourquoi beaucoup de vieillards n’ont pu suivre le poète au-delà des Rayons et Ombres : jusque-là l’oreille habituée à la musique de Racine pouvait ne pas trouver l’harmonie de Hugo trop discordante.
Mme Gervaisais, jeune veuve riche, intelligente et d’esprit indépendant, vient à Rome avec son petit enfant, s’éprend de la Rome païenne, puis s’en détache, subit ensuite dans son imagination et dans son cœur la Rome chrétienne, est décidément convertie par une maladie de son petit garçon et sa guérison miraculeuse, est prise d’une dévotion exigeante et insatiable, se livre à un directeur féroce, s’enfonce dans un ascétisme sombre, renonce à tout, même à l’amour maternel, s’éveille pourtant de cette folie à la voix de son frère, un soldat, qui l’éclairé brusquement sur son mal et qui veut la sauver ; mais elle tombe morte avant de quitter Rome, sous la bénédiction du pape Près d’elle, un autre malade, le petit Pierre-Charles, un bel enfant idiot, d’une sensibilité violente et qui aime furieusement sa mère. « La musique et son cœur, c’était tout cet enfant, un cœur où semblait avoir reflué, l’élargissant, ce qui lui manquait de tous les autres côtés.
On dirait un de ces chœurs de musique dialoguée, où tantôt un seul, tantôt plusieurs s’alternent et se répondent.
La grande comédienne se montre accueillante, avec une voix rude, rocailleuse, une voix que nous ne reconnaissons pas, et qu’elle avait l’art de transformer en une musique au théâtre.
Racine lui-même, notre plus grand poète, n’est que le plus mélodieux des symphonistes, qu’on peut entendre au théâtre, ou qu’on peut lire comme on écoute, dans le silence de l’âme, la musique des langues.
Ils s’amusent en public, sous l’excitation de la musique, de la lumière, des artistes, de choses dont en famille ils seraient indignés.
En musique le fracas a remplacé la mélodie ; les sax-tuba hurlent leurs notes discordantes et couvrent de leurs éclats cuivrés le chant des violoncelles.
Taine explique par un exemple, la musique religieuse protestante, sa formule, fort mal interprétée d’ailleurs par une critique prévenue.
Si le fonds en est l’indignation, comme de celui d’Ajax, il doit finir avec le même sentiment, et il en est là-dessus de l’esprit, comme de l’oreille sur la musique. […] Si l’on pouvoit nous faire entendre les inventeurs de la musique, aussi imparfaits qu’ils devoient l’être, nous nous étonnerions qu’ils eussent pû plaire ; et cependant, j’ose le dire, l’impression de la nouveauté avec tous ses défauts, devoit être plus agréable et plus vive que celle de la perfection même, affoiblie par une longue habitude d’en jouir.
J’ignore si quelque analogiste a établi solidement une gamme complète des couleurs et des sentiments, mais je me rappelle un passage d’Hoffmann qui exprime parfaitement mon idée, et qui plaira à tous ceux qui aiment sincèrement la nature : « Ce n’est pas seulement en rêve, et dans le léger délire qui précède le sommeil, c’est encore éveillé, lorsque j’entends de la musique, que je trouve une analogie et une réunion intime entre les couleurs, les sons et les parfums. […] Ary Scheffer, les femmes esthétiques qui se vengent de leurs fleurs blanches en faisant de la musique religieuse23.
Sainte-Beuve, qui allait le suivre de si près, ne crut pouvoir mieux honorer la mémoire du grand poète qu’en relisant un soir, à table, après le dîner, d’une voix et d’un accent inspirés par le sujet même et dont la douceur et le charme pénétraient ceux qui l’entouraient, ces belles strophes, la plus belle musique de deuil qu’on ait écrite en poésie, et qui ont pour titre le Passé : Arrêtons-nous sur la colline À l’heure où partageant les jours, etc.
C’est ce milieu du tableau que j’aime et que j’admire dans l’Orphée ; c’est là que circule le sentiment des temps incertains, cette musique du passé dont M.
On l’a vue tout alarmée par l’émotion de la musique.
Il est facile de dire ce qui n’est pas de la poésie ; mais si l’on veut comprendre ce qu’elle est, il faut appeler à son secours les impressions qu’excitent une belle contrée, une musique harmonieuse, le regard d’un objet chéri, et par-dessus tout un sentiment religieux qui nous fait éprouver en nous-mêmes la présence de la divinité.
A ceux-là, nous devons des œuvres niaises et plates, ou criardes et enluminées comme des images d’Epinal, n’ayant souci ni de style ni de vraisemblance, relevant moins de l’art que de l’industrie : chansons dont la musique aigrelette est digne des paroles ineptes ou grossièrement bouffonnes ; romans interminables déroulés durant des mois au rez-de-chaussée d’un journal, débités par tranches à des abonnés patients et promenant du bagne à la cour, du boudoir à l’hôpital, tout un monde de personnages comme on n’en voit qu’en rêve ; mélodrames naïfs et voyants, pauvres de psychologie, mais riches de coups de théâtre et de coups de fusil, rouges de sang et de feux de Bengale, fertiles en miracles de la Providence et du machiniste, étourdissant les yeux et les oreilles par l’éclat des costumes, des décors et des tirades ; littérature faite Sur commande pour un public friand de grosses émotions et de spectacles qui parlent aux sens, parce qu’il ne sait pas encore apprécier des mets plus délicats, parce qu’il n’est initié que d’hier aux jouissances esthétiques, parce qu’il n’a pas fait son apprentissage littéraire.
Mais il la convoitait comme une chose anormale et difficile, parce qu’elie était noble, parce qu’elle était riche, parce qu’elle était dévote, — se figurant qu’elle avait des délicatesses de sentiment, rares comme ses dentelles, avec des amulettes sur la peau et des pudeurs dans la dépravation. » C’est ainsi, par des expansions et des contractions altérnées, modérant, contenant et précipitant le flux des syllabes, que Flaubert déclame la longue musique de son œuvre, en cadences mesurées.
Cependant, comme la musique emportait les paroles sur l’aile des mélodies, l’effet de ce chœur répandait un parfum de recueillement, d’espérance et de prière dans la salle.
De même en effet que, dans un opéra, ce qui est essentiel à la définition du genre c’est la musique d’abord, et ensuite les décors, les costumes, le ballet, mais le texte n’en est proprement que l’occasion ; ainsi, dans nos grands Mystères, l’élément principal, capital et caractéristique, c’est le spectacle ou la représentation, ou mieux encore c’est l’exhibition.
Ses travaux de philosophe et de critique se ressentent de cet intérêt pour la musique : Les Idées de Nietzsche sur la musique (Mercure de France, 1905), L’Esprit de la musique française (Payot, 1917), Philosophie du goût musical (Grasset, 1922). […] Il infligea au siècle l’humiliation de voir son plus grand philosophe copier de la musique. […] Chateaubriand en a créé le décor, les pompes et la musique.
Seulement, Chateaubriand a la magie des mots et des images, Chateaubriand a sa musique. Senancour, je le dis nettement, me semble un roi de l’intelligence : mais il a peu de musique, et celle qu’il a est sourde. […] L’auteur développe alors l’influence du christianisme dans la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, et parle bien, et l’un des premiers, des églises gothiques et (plus loin) encore mieux des ruines, préparant ainsi des thèmes à la poésie romantique.
Il y en a d’éloquentes dans l’Essai sur l’Indifférence ; il y en a dans les Affaires de Rome ; il y en a dans les Paroles d’un croyant ; il y en a de moins connues, de moins vantées, mais non pas de moins belles peut-être dans l’Esquisse d’une philosophie, sur l’art en général, et sur la musique en particulier, sur la cloche, par exemple, ou sur l’orgue. […] En conséquence, il estimait que tout ce qui peut leur échauffer l’imagination, — la poésie, la musique, l’art sous toutes ses formes, et même la religion, — ne doit leur être permis qu’à très petites doses. » Ce que vaut le « principe » ou le « système » de M. de Maurescamp, nos lecteurs le savent, qui n’ont pas oublié, sans doute, l’Histoire d’une Parisienne. […] Comme d’autres esprits voguent sur la musique, Celui de Baudelaire nage sur les parfums…. […] Son pouvoir propre ne tient-il pas autant de celui de la musique que de celui de la plastique ?
Dans les moments où la fiction philologique ne le contentait point, il se mettait à son piano, où ses grosses mains devenaient agiles soudainement ; et il demandait à la musique une diversion plus dangereuse, mais plus forte. […] William Stanley aimait la musique : et même il a composé une pavane ; et il y a, dans le théâtre de Shakespeare, de belles choses sur la musique, etc. […] Il y a des sujets de romans qui ne sont pas des sujets de théâtre, et des études médicales qu’on aurait tort de mettre en musique, et des « cliniques de l’amour » qui ne feront pas de jolis romans. […] Ce n’est pas une façon d’écrire, à mon avis, la plus recommandable : pourquoi ôter à la prose une aisance, une souplesse et une variété qui la rendent l’expression naturelle, exacte et sûre, de la pensée, si en échange vous ne la menez pas à la pleine musique de la poésie ?
De cette musique à la prière il y a si peu de distance, que tous les cultes mélangent l’harmonie des chants et des orgues à leurs cérémonies sacrées. […] Parfois cependant le besoin de l’au-delà ne rencontre même pas, pour se donner carrière, ces voies détournées, — quoiqu’elles soient nombreuses, et que le mysticisme physique ou le mysticisme esthétique revête bien des formes autres que celles de la morphine ou de la musique. […] Sa raison est assiégée minute à minute par la piété que dégagent les murs des églises et les cérémonies, les musiques et les peintures, les statues et le paysage. […] Il raconte qu’en ces temps-là, se lever avant le jour, allumer sa lampe de travail, s’asseoir à son pupitre, lire, méditer, écrire, lui paraissaient des actions augustes, presque religieuses, comme les gestes d’un prêtre à l’autel, « Il n’est pas de joies si profondes », s’écriait-il après son retour, « que je ne les aie traversées… » Il était ivre de la poésie allemande, de la métaphysique allemande, de la musique allemande, de la langue allemande, et il sortait de cette ivresse pour s’installer dans sa patrie et y utiliser les connaissances acquises dans cet apprentissage extatique. — Utiliser ?
Rien, sinon ce qui reste d’un éblouissement passager, ou ce qu’on retient d’un concert où un grand artiste sans invention n’exécute que sa propre musique. On se souvient de l’exécution ; on a oublié la musique. […] Pour Garsonnet je prie le lecteur de concilier, s’il le peut, avec les conditions qui font l’écrivain solide et fécond, l’aimable portrait que trace Bersot de « cet homme d’esprit, ce causeur charmant, toujours prêt, toujours de bonne humeur, railleur et même très plaisant, fréquentant les théâtres et tous les lieux où il se faisait de bonne musique, dont il jouissait avec délices ; possédant par cœur, opéras, sonates, symphonies, très répandu dans les relations de société ».
Envoyez, s’il vous plaît, de la musique à ma fille, et si vous m’écrivez encore, ce que je désire beaucoup, dites-moi qu’elle se porte bien. […] Vous pouvez les adapter à votre voix, et votre musique vocale est toujours tendre, variée, touchante, j’oserai même dire voluptueuse. […] La musique est le plus puissant de tous les beaux-arts. […] Croyez-moi, faites-nous d’excellente musique, faites-nous-en pendant longtemps, et ne vous exposez pas davantage à devenir ce que tant de gens que nous méprisons sont nés.
Il a son charme propre fait de l’ordonnance sévère de la cérémonie, de la magnificence triste du spectacle, de l’harmonie grave de la musique et du recueillement des assistants. […] D’acte en acte, le duo d’amour reprend avec une orchestration différente, comme dans un opéra : il n’y manque que la musique, si toutefois aucune musique peut égaler celle des vers de Hugo. […] Hymnes et méditations, la musique et les couleurs, satire, épopée, philosophie, le romantisme a jeté tous ces éléments dans le théâtre sans arriver à les fondre avec lui.
» S’il manque aux maximes éblouissantes du jeune docteur quelque chose de précis et de net si cette musique mélodieuse paraît quelquefois étrange et sonne faux, Élisabeth ne songe pas à s’en inquiéter. […] La poésie, à laquelle on subordonnait et le confort et le gain et toutes les jouissances matérielles, n’avait d’autre rivale que la musique, alors comme aujourd’hui passion universelle du peuple allemand. Mais la musique était elle-même un acheminement vers la poésie. […] » Le Théâtre-Italien de Paris s’empare de Werther en 1792 et le met en musique.
Avant la fièvre, je charmais les douleurs de mon bras en chantant vos charmants airs ; je me suis bien affligée dans ce moment de la médiocrité de ma voix ; j’aurais voulu pouvoir rendre toute la mélodie de cette délicieuse musique : mais elle est si parfaite que, malgré le défaut de mon expression, tout le monde en était charmé ; je la quittais pour vous lire.
Le vers enferme le vers, et le mot presse le mot ; c’est le sens, c’est le sentiment, c’est presque la musique du sonnet, mais ce n’est pas la langue : le français est trop viril pour ainsi pleurer.
Mes premiers regards cependant se tournèrent vers le théâtre… Ce théâtre, en effet, grâce au grand acteur et auteur Iffland, à Kotzebue, à Cimarosa, à Mozart, était devenu, pour la tragédie, la comédie et la musique, l’école du cœur, des yeux et des oreilles de toute l’Allemagne. » Goethe s’effaçait généreusement lui-même pour y faire jouer, chanter et briller les chefs-d’œuvre de tous ses rivaux.
C’est un temps à faire de la musique ou de la poésie.
Mon plaisir le plus vif, c’était la musique des bouffes au théâtre nouveau ; mais toujours cette mélodie, si délicate qu’elle fût, me laissait dans l’âme un long et triste murmure de mélancolie ; et alors s’éveillaient en moi, par milliers, les idées les plus sombres et les plus funestes.
Aussi était-il fort étonné quand je le suppliais de finir cette musique, qui eût fait hurler l’ami Mouche.
Chez moi vous aurez de la musique, mais vous aurez cela encore souvent.
La période littéraire qu’on a réunie sous le nom de romantisme commence en plein xviiie siècle ; Rousseau, Diderot, Coleridge, Goethe et Schiller appartiennent à un mouvement qui se continue au xixe siècle sans interruption, sans qu’on puisse se mettre d’accord sur le moment où il s’est terminé (si même il ne dure pas encore) ; de même en musique le mouvement commencé avec Gluck, peut-être même avec Bach se prolonge par Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert et Weber jusqu’à Wagner.
Logique, Rhétorique, Musique Arithmétique, Astronomie et Géométrie, en veulent faire autant.
Cette musique divine des idées aurait-elle pu résonner sur ses légers modes, entre les cris d’un camp barbare et les incantations d’un collège de mages ?
Si, au moment où je goûte des mets savoureux, j’entends tout à coup une belle musique, si, en outre, mes yeux sont charmés par le spectacle inattendu de danses gracieuses, il y a là un surcroît qui ajoute un plaisir à d’autres plaisirs, sans que j’aie besoin de passer par la porte de la souffrance.