Deuxième contredanse L’humoriste, plein d’indifférence à l’égard des sottises individuelles127, se dresse sur la roche tarpéienne d’où sa pensée précipite l’humanité tout entière128 Devant son regard bienveillant et triste il n’y a pas de sots, mais l’homme est sot ; il n’y a pas de folies particulières, mais la folie est universelle. […] C’est pourquoi Socrate dit, dans le Banquet de Platon, qu’il appartient au même homme de traiter la comédie et la tragédie , et que le vrai poète comique est en même temps poète tragique 133. […] Pantagruel, dit le comique, transporta au pays conquesté 9 876 543 210 hommes, sans les femmes et petits-enfants 144. […] — Le sublime chante que l’homme est le roi de la création ; mais le comique le montre tremblant de peur entre les bras d’un grand singe qui le flatte doucement avec sa patte148. — Le sublime est le troubadour qui récite, tôle nue et à distance, des vers épiques à la table des rois ; le comique est le petit chien impertinent qui saule sur la table du festin, salit les plats d’argent et d’or, met les rois en colère, le menu peuple en liesse, et mord en se sauvant le pied du troubadour. — L’architecte héroïque se cache derrière son œuvre, qui semble s’élever toute seule aux sons de sa musique, comme Thèbes aux doux accords de la lyre d’Amphion. […] Elle ne connaît pas l’homme en général, mais l’homme du monde161, et ne connaissant pas l’homme naturel, elle a beau dessiner des types abstraits, elle ne fait que des portraits d’individus162, et non l’image éternelle de l’homme, comme Shakespeare.
Section 45, de la musique proprement dite Il nous reste à parler de la musique comme du troisiéme des moïens que les hommes ont inventez pour donner une nouvelle force à la poësie et pour la mettre en état de faire sur nous une plus grande impression. […] Les mots articulez ne tirent leur signification et leur valeur que de l’institution des hommes qui n’ont pû leur donner cours que dans un certain païs. […] nihil est enim tam… etc., dit un des judicieux observateurs des affections des hommes. […] La musique ne s’est pas contentée d’imiter dans ses chants le langage inarticulé de l’homme, et tous les sons naturels dont il se sert par instinct. […] Voilà pourquoi l’on s’est servi dans tous les païs, et dans tous les temps du chant inarticulé des instrumens pour remuer le coeur des hommes, et pour mettre certains sentimens en eux, principalement dans les occasions où l’on ne sçauroit leur inspirer ces sentimens en se servant du pouvoir de la parole.
Comme Byron, c’est un fils de la Bible, — de cette Bible qui est le fond de tous les grands génies anglais sans exception, tandis qu’elle n’a été chez nous que le fond du génie de deux hommes. […] Tout artiste qu’il soit, tout expert des choses de la vie qui font main-basse sur nos affectations et élèvent un homme à la simplicité, tout grandement ou profondément passionné qu’il puisse être, l’auteur de Guy Livingstone porte au milieu de son talent et de son dandysme, que je ne veux point séparer, la tache d’un pédantisme qui, dans le pays du cant sous toutes les formes, est un véritable cant intellectuel. […] S’ils n’ont pas cette moralité qui est le dernier degré de l’art et de la difficulté pour un romancier ou un poète, car l’homme qui se cherche dans tout ne s’intéresse guères à ce qui est irréprochable, au moins leur idéalité est-elle à moitié chemin de cette moralité, presque impossible à introduire dans un roman ou dans un poème sans le plus rare et le plus incroyable génie ; car Richardson lui-même, qui a créé Lovelace, a raté Grandisson ! […] L’aventure, l’extraordinaire, c’est lui-même… Les faits extérieurs, pour un homme comme Lawrence, qui n’écrit que pour ses pairs, les faits extérieurs de toute destinée sont assez peu de chose, et il ne doit y avoir que des idées et des sentiments. […] L’homme qu’il a offensé (le frère de sa bien-aimée) le soufflette avec son gant, et, quoiqu’il soit à l’heure de mourir, le Samson anglais n’a pas la tête tondue par Dalila, ni les yeux crevés par les Philistins.
L’ennui des loisirs que lui a faits le gouvernement de l’Action, substitué aux vaines parades de la parole, lui a-t-il fait comprendre qu’il faut revenir au livre, si l’on veut vivre plus de deux jours dans la mémoire des hommes, puisqu’enfin l’y voilà revenu ? […] Par cela même qu’un sujet a moins d’étendue, tout homme intelligent qui y touche le creuse davantage. […] Si un mot étincelant ou pénétrant y caractérise avec éclat ou profondeur une institution ou un homme, c’est que ce mot est de Bossuet, de Bossuet, qui fait rentrer du coup dans l’ombre toute la page où il est cité ! […] Villemain est, dans l’ordre des orateurs, un parleur très arrangé, qui épile des phrases, sceptique à tout, si ce n’est à la rhétorique et à l’orthographe, tandis que M. de Montalembert est un homme convaincu toujours, souvent passionné, lourd habituellement, mais brusque et vrai en somme, quoique de temps en temps déclamateur. […] Ce n’est pas un homme, c’est un miracle.
Quand un homme se laisse rouler par le plus ignoble flot de la pensée contemporaine, et que, soutenu par elle, il nage là-dedans, ce n’est pas merveille d’héroïsme ; il est porté ! […] Jésus-Christ un homme comme lui, M. […] dans Jésus même, qu’il glisse parmi tous ces sublimes névropathes avec la lâcheté intellectuelle d’un homme qui a peur. […] Il aurait allumé lui-même ces effroyables flambeaux vivants qui étaient des hommes, et il se promène à leur flamme dans l’Histoire avec un certain contentement de les voir flamber. […] Ce petit homme-ci, qui se croit peut-être un scorpion, n’est qu’un ver de plus dans le cadavre.
Amédée Pommier fera obstacle involontairement de sa réputation acquise à tout homme du même nom que lui et qui débutera dans les lettres. […] Elle est comme l’homme brave qu’on a surpris et à qui on a voulu faire peur. […] si Balzac enfin a échoué, mais échoué avec prestige, — comme l’homme qu’il était pouvait échouer, — que ne doit-il pas arriver aux romanciers moins opulemment doués que lui ? […] Viendra-t-il, cet homme-là ?… cet homme assez fort pour se mesurer avec ce phénomène étrange du somnambulisme, en restant un artiste humain, réel, et d’un effet aussi nouveau que le phénomène dont il saura le faire jaillir ?
Comme Byron, c’est un fils de la Bible, — de cette Bible qui est le fond de tous les grands génies anglais sans exception, tandis qu’elle n’a été chez nous que le fond du génie de deux hommes. […] Tout artiste qu’il soit, tout expert des choses de la vie qui font main-basse sur nos affectations et élèvent un homme à la simplicité, tout grandement ou profondément passionné qu’il puisse être, l’auteur de Guy Livingstone porte au milieu de son talent et de son dandysme, que je ne veux point séparer, la tache d’un pédantisme qui, dans le pays du cant, sous toutes les formes, est un véritable cant intellectuel. […] S’ils n’ont pas cette moralité qui est le dernier degré de l’art et de la difficulté pour un romancier ou un poëte, car l’homme qui se cherche dans tout ne s’intéresse guère à ce qui est irréprochable, au moins leur idéalité est-elle à moitié chemin de cette moralité, presque impossible à introduire, dans un roman ou dans un poëme sans le plus rare et le plus incroyable génie, car Richardson lui-même, qui a créé Lovelace, a raté Grandisson ! […] L’aventure, l’extraordinaire, c’est lui-même… Les faits extérieurs, pour un homme comme M. […] L’homme qu’il a offensé (le frère de sa bien-aimée) le soufflette avec son gant, et, quoiqu’il soit à l’heure de mourir, le Samson anglais n’a pas la tête tondue par Dalila, ni les yeux crevés par les Philistins.
Il me fit surtout l’effet, quand je le connus, de l’homme sensible (the man of feeling), égaré dans les voies romanesques, pratiquant l’élégie et en ayant tous les accents : Du besoin du passé notre âme est poursuivie, Et sur les pas du temps l’homme aime à revenir. […] Là se disent des chants inconnus à la terre, Des chants trop forts pour l’homme, et que l’homme doit taire, Des chants que le Ciel envîrait ! […] Le travail de l’homme, s’unissant aux soins de la Providence, a quelque chose de saint, d’attendrissant, qui ne saurait se rendre. […] Dieu et l’homme travaillant ensemble, cela est sublime. — Le mal paraît endormi ou vaincu. […] Aliments de l’homme, vous êtes d’abord la parure et la beauté de sa demeure !
Jouir de son cœur, aimer et faire du bonheur des autres le sien propre, voilà sa vie. » Quoique M. de Krüdner fût un homme de mérite, sa jeune femme lui prêtait assurément dans ce portrait flatté ; toute leur relation peut se résumer en deux mots : elle était romanesque, et il était positif. […] Je vais continuer de lui paraître bien léger en telle matière ; mais je suis persuadé que Mme de Krüdner, déjà convertie, eût été choquée elle-même, au milieu de tous ses repentirs, qu’on vînt dire que l’homme qu’elle avait un jour aimé pût être humilié à ce souvenir. […] Mme de Krüdner se trouvait très-liée avec le docteur Gay, médecin homme d’esprit190, et très-propre au manège qu’elle désirait. […] Eynard est de ceux qui croient qu’il y a un remède efficace et souverain par qui l’homme vraiment se régénère et parvient à se transformer du tout au tout. […] Quand j’interrogeai M. de Gérando sur Mme de Krüdner, cet homme de bien me répondit comme à une personne qui ne désirait à l’avance aucune réponse plus ou moins favorable, et qui se bornait à écouter avec curiosité.
Des hommes studieux qui avaient achevé l’ancien cycle d’études se remettaient à l’école. […] Il n’avait pas converti ses mœurs : il resta jusqu’au bout homme de cour, homme de plaisir, un épicurien de la Renaissance. […] Cependant Marot n’est point un homme d’étude et de cabinet. […] Il n’est pas étonnant qu’un homme qui souffre et qui craint, crie, vibre sous la pression du fait présent. […] Comédie : Deux filles, deux mariées, la vieille, le vieillard et les quatre hommes.
Persuadé qu’il tenait tout l’homme, il n’a rien cherché dans la vie humaine au-delà des accidents de la névrose et des phénomènes de la nutrition. […] Sur leurs terribles carnets ils ont couché tout ce que leurs yeux et leurs oreilles ont rencontré, choses et hommes, meubles et idées ; plus sensitifs qu’intelligents, ils ont à l’ordinaire curieusement fixé l’aspect des choses, cruellement aplati les idées des hommes. […] Mais ce romancier médiocre est un homme intelligent, d’esprit ouvert à toutes les idées, curieux d’art, de science, de philosophie, universel et cosmopolite comme un Genevois cultivé peut l’être. […] Bourget fait l’éducation de son « disciple », notant toutes les circonstances et influences qui déterminent le caractère, de la première enfance à l’âge d’homme. […] Daudet, Trente Ans de Paris (1880), Souvenirs d’un homme de lettres (1888), Coll.
Elle brûle, écrase, extermine ses adversaires ; mais, une fois son triomphe et sa tranquillité assurés, elle se reprend à imposer aux hommes et aux choses sa domination et le mouvement de révolte recommence. […] Il n’est pas difficile de retrouver l’onction et parfois le patelinage ecclésiastique chez des hommes qui, élevés au séminaire et destinés à entrer dans les ordres, ont abandonné cette carrière. […] Il n’est pas difficile non plus de retrouver un fond de gravité et de sévérité protestantes chez des hommes, qui, vivant à Paris, dans un milieu sceptique, ont jonché leur route des débris de leur orthodoxie. […] A l’égard des hommes, il est comme un souverain absolu envers qui ses sujets ont des devoirs sans avoir de droits. […] On prête à Voltaire ces paroles : « Je m’ennuie d’entendre dire que douze hommes ont suffi à établir le christianisme ; je veux prouver qu’un seul homme peut suffire à le détruire. » Il est possible que ces mots, comme tant d’autres mots historiques, n’aient jamais été prononcés.
On voudrait qu’il se fût un peu plus ressouvenu dans son génie de ce mot de sa mère : « Il n’y a rien de plus grand que quand l’homme se fait sentir dans l’homme. » — On a dit que Goethe aimait peu sa mère, qu’il l’aimait froidement, que, pendant de longues années, séparé d’elle seulement par une quarantaine de lieues, il ne la visita point ; on l’a taxé à ce sujet d’égoïsme et de sécheresse. […] Goethe est, avec Cuvier, le dernier grand homme qu’ait vu mourir le siècle. […] Il n’était pas un homme, pas une branche d’étude dont il ne s’enquit avec une curiosité, une précision qui voulait tout en savoir, tout en saisir, jusqu’au moindre repli. […] Du point de vue où il s’est placé, il ne voit dans ces scènes, où des masses d’hommes se sont sacrifiées pour de grandes causes, que des « transformations capricieuses » de la vie. […] Nous sommes ici, remarquez-le bien, avec les plus grands des hommes, avec les très grands ; et l’honneur de Bettina, c’est d’avoir su être de Beethoven à Goethe un digne interprète.
Marmont, par son esprit, par ses lumières, par cette rapidité d’impressions dont il était susceptible, s’y laissa gagner plus qu’il n’eût convenu à un homme qui n’eût voulu rester que dans sa ligne de soldat. […] Pour prendre des noms très purs et presque consacrés qui représentent l’un et l’autre de ces deux aspects de la France, je nommerai comme expression de la raison publique alors, des hommes tels que M. […] Militaire et homme du drapeau, il donna accès, dès le premier jour, au sentiment civil : c’est là son seul crime. […] » Il assigna aux 10 000 hommes du maréchal des mouvements et des positions, et, sur la remarque que lui fit Marmont que, loin de disposer de 10 000 hommes qu’il n’avait plus depuis longtemps, il n’en avait guère alors que la moitié, l’Empereur (soit calcul, soit oubli) continua de raisonner dans la supposition des 10 000. […] « Il est facile à un homme d’honneur de remplir son devoir quand il est tout tracé ; mais qu’il est cruel de vivre dans des temps où l’on peut et où l’on doit se demander où est le devoir !
Les hommes se donnent à entendre les uns aux autres par des sons artificiels et par des sons naturels. […] Voilà pourquoi un mot n’a de signification que parmi un certain nombre d’hommes. […] Lorsque les hommes ont formé ces sons artificiels, toutes les fois qu’ils ont fait une nouvelle langue, ils ont dû, suivant l’instinct de la nature, faire ce que font encore aujourdhui les hommes qui ne sçauroient trouver le mot dont ils ont besoin pour exprimer quelque chose. […] Les hommes ont commencé de faire des vers avant qu’il y eut des regles pour en bien faire. […] Les hommes en qui la nature n’a point été redressée, les sauvages et le bas peuple se servent fréquemment durant toute leur vie de ces sons inarticulez.
Aussi Franklin, l’homme de sens par excellence, en faisait cas. […] Mais le chantre est un homme dur, sévère, impitoyable. […] L’intégrité de vénération qui s’attache encore aux hommes méritants de ces contrées, et qui lie les générations les unes aux autres, s’y peint avec de bien profondes et pures couleurs. […] La plupart des hommes célèbres en France, s’ils n’y prennent garde, meurent au moral, dans un véritable état de dilapidation, j’allais dire pis. […] Ce sauvage Cyclope dont parle Jean-Paul, et qui habite toujours au fond du cœur de l’homme, est sorti brusquement de son antre, et il a tout ravagé… fontibus aprum.
C’est l’œuvre d’un homme qui choisit, élague, combine. […] Il est de Papias, évêque d’Hiérapolis, homme grave, homme de tradition, qui fut attentif toute sa vie à recueillir ce qu’on pouvait savoir de la personne de Jésus 21. […] Le pauvre homme qui n’a qu’un livre veut qu’il contienne tout ce qui lui va au cœur. […] La mort perfectionne l’homme le plus parfait ; elle le rend sans défaut pour ceux qui l’ont aimé. […] Il est l’honneur commun de ce qui porte un cœur d’homme.
Le chevalier était donc dans le monde sur le pied d’un homme à la mode, lorsqu’il rencontra Mlle Aïssé, et, de ce jour-là, il ne fut plus qu’un homme passionné, délicat et sensible. […] qui n’aimerait pas cet homme, ce bon homme, ce grand homme, original dans ses ouvrages, dans son caractère, dans ses manières, et toujours ou digne d’admiration ou aimable ! […] Il faut laisser aux hommes et aux magiciens les gestes violents et hors de mesure ; une jeune princesse doit être plus modeste. […] Les hommes et les jeunes femmes venaient à cheval, chacun suivi de deux ou trois domestiques. […] C’est un homme qui toujours l’a porté fort haut et a fait le seigneur à la cour.
Philinte est un homme qui n’aime pas la littérature. […] Ce ne sont pas les seules idées mais les intérêts qui mènent les hommes. […] Pour coupable que mon amour paraisse aux hommes, oh, dites-moi qu’aux vôtres, il est saint. » Le pauvre homme n’est plus de la paroisse de Jean, mais de Jean-Jacques. […] Jamais, disait-elle, un bel homme ne me fera tourner la tête ». […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi. » Vous avez reconnu le célèbre début des Confessions.
On peut se demander (et il le faut même pour avoir une idée précise de l’homme) quels étaient les sentiments philosophiques de Vicq d’Azyr sur la mort, sur la vie, sur Dieu, sur la Providence, toutes questions que les hommes de son temps étaient si prompts et si décisifs à trancher. […] Ou, si cette raison ne paraît pas suffisante, pourquoi se refuserait-on à croire que la Providence couvre de son égide une classe d’hommes qui sont les instruments de sa bienfaisance au milieu des fléaux de l’humanité ? […] Il n’est pas permis de soupçonner les intentions des hommes qui se font mutuellement du bien. » Il y a aussi dans sa manière quelques traits de force et d’énergie. […] L’Éloge de Franklin qu’il prononça en ces années (14 mars 1791) eut de la célébrité ; on en a retenu le début : « Un homme est mort, et deux mondes sont en deuil… » Cet éloge, qui n’a jamais été imprimé, fut le chant du cygne de l’orateur. […] [NdA] Voir aussi sur Buffon supérieur comme physicien et homme de science, la dixième des Lettres sur l’origine des sciences, par Bailly (1777), et les Observations faites dans les Pyrénées, par Ramond (1789), p. 312.
— « Est-ce que cet homme autrefois a été chêne ? […] L’homme de goût n’est pas son fait. « L’homme de goût par excellence est celui qui n’a jamais rien admiré. » C’est ce qu’il ose dire, il en veut au goût de ce que son nom est emprunté au moins noble de tous les sens ; il estime qu’il est ignoble pour l’homme de manger, et, en mangeant, de savoir goûter. […] Dans cette sphère, les hommes et les choses sont destinés à s’entre-tuer. […] Je crois me rappeler pourtant qu’un homme de verve et d’ardeur, M.
Il est vrai que l’homme qui a le plus fait de nos jours pour l’œuvre de Mme de Sévigné, M. […] Il est juste d’attribuer ce qui lui est dû dans cette initiative à un homme modeste, M. […] Cessez donc, petite brutale, de vouloir souffleter un homme qui se jette à vos pieds, qui vous avoue sa faute, et qui vous prie de la lui pardonner… » « — Levez-vous, Comte, lui répondit-elle : je ne veux point vous vous tuer à terre ; ou reprenez votre épée pour recommencer notre combat. […] Voilà un procédé assez honnête : vous ne me pouvez plus appeler justement une petite brutale. » C’est elle qui est le galant homme. […] Décidément, elle est plus forte que lui, elle a le génie naturel ; il n’est qu’un homme d’infiniment d’esprit, — et de plus elle a raison.
Un homme de son temps, au contraire, un habile que la nature avait doué d’une rare faculté philologique comme elle avait doué Malebranche d’un génie métaphysique éminent, avait entrepris cet examen puisé aux sources et avait fondé la véritable critique des Écritures en l’appuyant sur la connaissance de l’hébreu, des langues orientales prochaines qui en sont comme autant de branches, et sur la familiarité avec les anciens commentateurs juifs les plus compétents. […] Un homme un peu moins profondément croyant que Bossuet n’eût pas été si long ; il n’entre si à fond dans les mystères du Christianisme divin que parce qu’il ne se contente pas, comme tant d’autres, du christianisme social. […] Le génie social et civilisateur des Grecs l’a surtout gagné et lui inspire de belles paroles : « Le mot de Civilité, dit-il, ne signifiait pas seulement parmi les Grecs la douceur et la déférence mutuelle qui rend les hommes sociables ; l’homme civil n’était autre chose qu’un bon citoyen qui se regarde toujours comme membre de l’État, qui se laisse conduire par les lois et conspire avec elles au bien public sans rien entreprendre sur personne. » Le mot de Civilisation n’est pas dans Bossuet, mais il fait rendre à ce mot de Civilité tout ce qu’il peut contenir de meilleur et de plus étendu. […] « Qui peut mettre dans l’esprit des peuples la gloire, la patience dans les travaux, la grandeur de la nation et l’amour de la patrie, peut se vanter d’avoir trouvé la constitution d’État la plus propre à produire de grands hommes. C’est sans doute les grands hommes qui font la force d’un empire.
Parmi les hommes qui ont de bonne heure marché dans cette voie, qui ont tenu et agité le flambeau, qui le tiennent encore et qui le promènent sur les têtes, M. […] Les anciens poètes grecs avaient un seul mot pour dire lumière et homme (φώς), comme si l’homme était réellement le phare de la création. […] Si l’homme n’est qu’un roseau pensant, le roseau chez lui est en permanence allumé par la cime et lumineux. […] Et j’ajouterai, Messieurs, que je salue ce mérite, cette nouvelle dignité chez la femme aussi bien que chez l’homme ! […] On cherche dans le passé les noms des quelques hommes qui ont assez aimé la science et la société en elles-mêmes pour s’y vouer avec cette ardeur.
L’historien politique juge les hommes et les événements, l’historien des lettres ou des arts juge les œuvres, l’historien de la philosophie juge les systèmes. […] Son principal objet est d’exposer et de faire connaître les différents systèmes philosophiques, de les interpréter avec toute l’exactitude désirable, d’en rechercher les origines, les conséquences, d’en découvrir les lois ; en un mot, il se propose, non pas de découvrir la vérité en soi, mais de chercher ce que les hommes, et les plus grands hommes, ont pensé de la vérité. […] Maintenant, en laissant même de côté le haut intérêt qui s’attache à l’homme, d’abord parce que nous sommes des hommes, et ensuite à cause de l’excellence et de la dignité de la nature humaine, en laissant de côté les questions morales et religieuses qui font de l’homme l’objet le plus élevé de la spéculation humaine, je le demande, quelle raison y aurait-il pour que les phénomènes par lesquels se manifeste l’humanité fussent moins dignes d’étude que ceux de la nature ? […] En effet, tout événement n’est pas historique, tout homme n’est pas historique. […] Un roi n’est pas seulement un individu, c’est un homme général qui résume toute une société.
Ghéon, qui est néanmoins l’homme le plus aimable du monde. […] Accueillons-le d’un grand élan, cet homme ! […] L’historien certes, l’homme politique également. […] Jusqu’à ce que je fusse devenu moi-même un homme, l’occasion m’a été refusée de connaître un homme méchant, menteur ou envieux. » Mais Giraudoux est-il jamais devenu cet homme, a-t-il jamais connu le monde tel qu’il est, puisqu’il l’a refait à son image ? […] La main d’un homme !
Tout homme qui compte ou qui veut compter a son journal à lui. » — M. de Rémusat vient de publier le volume premier d’un ouvrage sur Abélard et sa philosophie. […] On peut croire d’ailleurs que dans les jugements qu’il exprime sur les choses et sur les hommes, M. de Barante ne fait que se régler sur les opinions qu’il a trouvées exprimées dans les papiers et les notes de M. de Saint-Priest. Ces opinions sévères étaient au fond celles des quelques hommes sensés et modérés de ce parti ; mais ils se contentaient de les dire à l’oreille ; c’est pour la première fois qu’elles se produisent aussi nettement. — On demandait un jour à un homme considérable qui avait beaucoup connu Louis XVIII, si, vers la fin, lorsqu’il accepta et subit les ultra-royalistes et le parti du comte d’Artois, il avait bien toute sa tête ; cet homme considérable, et que nous pourrions nommer (Royer-Collard), répondit : « Il avait un peu baissé ; vers la fin il n’y avait plus en lui que ce qu’il était tout d’abord, le bel esprit, le petit esprit du XVIIIe siècle ; tout ce que l’expérience lui avait donné d’acquis dans l’intervalle s’en était allé. » — Ainsi cela arrive souvent en vieillissant ; on perd ce qui n’était qu’acquisition et emprunt ; on retombe au point de départ. — Eh bien, Louis XVIII, dans cette Correspondance avec M. de Saint-Priest, en est encore à ce point de départ, avant l’expérience acquise.
Grand capitaine quand il le faut, endurci aux fatigues, rapide, agile, inépuisable en combinaisons, il ne se laisse ni entraîner par le vertige des conquêtes ni arrêter par des scrupules d’homme civil et des remords d’humanité sur les champs de bataille : humain et clément le lendemain, charmant à ses amis, conciliant à ses ennemis, attentif à tous, fécond jusqu’à la fin en projets immenses, mais utiles à l’empire, qu’il était à la veille d’exécuter sans nul doute et d’accomplir jusque sous les glaces de l’âge. […] Ils n’ont jamais été hommes un seul instant sans se croire Césars. […] Le choix des hommes leur est à peu près égal, et ils prendraient volontiers même les moins bons au préjudice des meilleurs, tant ils sont persuadés qu’ils sont l’homme seul, l’homme nécessaire et qui suffit à tout dans la situation donnée.
Le goût, s’il est permis de le comparer à ce qu’il y a de plus grand parmi les hommes, le goût est fixe aussi dans ses principes généraux. […] Il y a faiblesse dans la nation qui ne s’attache qu’au ridicule, si facile à saisir et à éviter, au lieu de chercher avant tout, dans les pensées de l’homme, ce qui agrandit l’âme et l’esprit. […] Parmi les hommes de lettres du Nord, il existe une bizarrerie qui dépend plus, pour ainsi dire, de l’esprit de parti que du jugement. […] Ce que l’homme cherche dans les chefs-d’œuvre de l’imagination, ce sont des impressions agréables. […] L’on ne peut se tromper sur ce qui est mauvais, tandis qu’il est impossible de tracer des limites aux diverses combinaisons d’un homme de génie ; il peut suivre des routes entièrement nouvelles, sans manquer cependant son but.
Toute la différence se réduit à un peu plus de dignité dans les personnages : là, ce sont des Rois, des Princes ou des Héros ; ici, des hommes d’un rang inférieur. […] L’homme éclairé, l’homme de goût, le sage Littérateur ne se laisse point entraîner aux applaudissemens de la multitude. […] C’est pour cette raison que César, aussi bon juge en fait de talens, qu’il étoit bon connoisseur en hommes, reprochoit à Térence de manquer de ce qui s’appeloit vis comica, c’est-à-dire, de cette vivacité de plaisanterie, de cette vigueur de ridicule, de ce ton pittoresque qui fait l’essence de la Comédie. […] En effet, que seroit-ce qu’une intrigue entre des hommes du commun ?
Ce devait être un madrigal en peinture ; mais le maudit peintre, toujours peintre et jamais homme sensible, homme délicat, homme d’esprit, n’y a rien mis, ni expression, ni grâces, ni timidité, ni crainte ni pudeur ni ingénuité. […] On oublie l’allégorie ; et ce n’est plus un homme percé d’une métaphore, mais un homme percé d’un trait réel qu’on aperçoit.
Commencez par faire estimer aux hommes ceux que vous voulez leur faire plaindre. […] Or rien n’est moins étonnant que le châtiment d’un homme qui par ses crimes irrite le ciel et la terre. […] Personne n’ignore qu’on entend en poësie par scelerat un homme qui viole volontairement les préceptes de la loi naturelle, à moins qu’il ne soit excusé par une loi particuliere à son païs. […] On plaint la misere des hommes de ce tems-là qui ne pouvoient plus discerner la loi naturelle à travers les nuages dont les fausses religions l’enveloppoient. […] Ce n’est point par reflexion et en resistant à la tentation qu’un homme à qui il reste encore quelque vertu ne les commet pas, c’est parce qu’il n’est pas en lui de mouvement qui le porte jamais à de pareils excès : il est en lui une horreur d’instinct, et si j’ose dire machinale, contre les actions dénaturées.
Comme on s’obstina bien longtemps dans la comparaison fatale entre la Restauration des Bourbons et la Restauration des Stuarts, et, plus tard, comme on voulut voir de mystérieuses identités entre la Révolution de 1830 et la Révolution de 1688, de même aujourd’hui la fin d’une République, l’ascendant dynastique d’un homme qui semble avoir absorbé si profondément dans sa gloire le nom de César que, quand on le prononce, c’est à Napoléon qu’on pense, aux qualités impériales retrouvées dans le neveu du César moderne de manière à rappeler involontairement le neveu du César ancien, toutes ces diverses circonstances ont introduit dans les esprits la préoccupation de la grande époque romaine et fait regarder beaucoup la nôtre à travers… Le titre du livre de l’abbé Cadoret semble tout d’abord rappeler cette préoccupation contemporaine. […] Il faut bien le dire, malgré la propagande électrique du mal, tout le temps qu’une société ne sera pas complètement déchristianisée et recevra le baptême, des hommes comme Hegel et Proudhon resteront plus ou moins monstrueux. […] En 93, ils parlaient par la bouche de Camille Desmoulins du sans-culottisme de Jésus-Christ, et depuis ce temps-là ils ont continué de nous donner le Sauveur des hommes pour l’ennemi de ce pouvoir temporel qu’il est venu, au contraire, affermir en le purifiant. Un homme que l’histoire nommera d’un nom que nous épargnerons à sa vieillesse, Lamennais, fut le premier de notre temps qui reprit, dans les Paroles d’un croyant, bien plus avec l’éclat de sa renommée qu’avec l’éclat d’un talent qui pâlissait et qui allait mourir, cette idée révolutionnaire et menteuse de l’hostilité de la religion et du pouvoir. Lui, l’homme incomparable longtemps, qui avait nourri son génie de la forte substance de la vérité, il eût dû savoir plus que personne combien l’idée qu’il soulevait était démentie par tous les faits et toutes les assertions de l’histoire.
Tel était le cas pour Furetière, — Furetière, un homme de lettres énorme, qui a fatigué les mille voix de la renommée de son temps, et sur la mémoire duquel s’est assis un profond silence. […] L’homme du dictionnaire qui fit trembler l’Académie, le pamphlétaire d’une si belle rage, qui mordait et rugissait si bien, aurait péri, comme tant de savants, — les maçons de la langue, que la langue qu’ils construisent dévore, — n’était un roman à peine achevé, échappé à sa veine, et qu’il méprisait peut-être quand il le comparait à ses vastes travaux de philologue et de linguiste ! C’est ce roman— le Roman bourgeois — que deux hommes d’esprit et de littérature, Édouard Fournier et Charles Asselineau, ont arraché à la poussière et replacé sous les regards trop indifférents du public. […] Son appréciation du livre de Furetière nous semble devoir fixer en beaucoup de points l’opinion sur cet homme de science et d’activité littéraire, et qui fut (heureusement pour lui, car la Postérité ne lit jamais de nous plus d’une page… quand elle la lit toutefois !) […] Asselineau a dépensé beaucoup d’esprit et de nuances pour justifier l’opinion qu’il exprime, mais il ne nous a point convaincu, et la meilleure réponse contre cette opinion qu’on s’étonne de trouver à côté d’une admiration si intelligente, c’est, pour les hommes doués d’un peu d’intuition littéraire, le livre même que le spirituel biographe a ressuscité.
On affectait de ne voir dans l’estimable fondateur, lorsqu’on sut son nom, qu’un homme de gloriole, un courtisan du public, à l’affût de tous les petits succès. […] Homme de devoir, cela lui paraît tout simple : cela m’a paru touchant. […] « Sans doute, disait M. le président trop long, l’œuvre de la pensée est la plus personnelle de toutes ; mais, tandis que le mari était occupé à ses compositions, la femme se dévouait aux soins du ménage, à l’éducation des enfants : chacun d’eux a donc mis à la masse commune sa part. » Et qu’il soit permis à l’homme de lettres célibataire d’ajouter quelques mots sur la condition de l’homme de lettres marié. Longtemps on a cru qu’il y avait sinon incompatibilité, du moins médiocre convenance entre la condition de l’homme de lettres ou de l’homme d’étude et l’engagement étroit du mariage. […] L’état le plus naturel à l’homme qui étudie, comme à celui qui compose avec suite, même dans l’ordre de l’imagination, et qui par conséquent a besoin de longues heures de travail, est encore la vie domestique, régulière, intime.
Mais le seul point qu’il importe bien de marquer, c’est que dans ses croyances les plus tendres elle resta indépendante, et qu’elle n’introduisit jamais un tiers, un homme, comme truchement entre Dieu et elle. […] Langlais, représentant de la Sarthe, qui fut ensuite conseiller d’État, homme de mérite, qui est mort chargé d’une mission près de l’empereur Maximilien au Mexique. […] Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche. […] De plus il a fait donner trois fois le privilège de l’Odéon à des hommes que Valmore croyait ses amis et pour lesquels il avait sollicité le ministre. […] Je l’emprunte à la lettre d’un aimable et savant homme, M.
À contempler notre civilisation il apparaît d’ailleurs que si la femme est corrompue et vénale, une large part de responsabilité en revient à l’homme. […] C’est une étrange chose que la nature ait mélangé, comme dit Montaigne, nos ordures et nos plaisirs, et qu’un homme délicat ne puisse s’y exposer sans nausées. Ce ne sont pas seulement des chrétiens qui y apportent un sentiment de répugnance, mais des hommes d’une autre confession et sur toute l’étendue de la terre. […] Pourtant, René Ghil sait que l’homme n’a pas reçu sa loi des mains du créateur. […] Couronnement divin de la sagesse humaine La Chasteté sourit à l’homme et le conduit L’Homme avec elle est roi ; sans elle tout le mène.
Je ne conçois pas qu’un homme puisse vouloir être nul, quand il peut être quelque chose. […] En vérité, il y a de quoi se désespérer d’avoir affaire à un tel homme. […] Louis XV, si méprisable par le caractère, n’était pas un homme sans esprit ni sans bon sens. […] Les Français sont les premiers hommes du monde pour tout ; il est tout simple qu’ils le soient pour l’inconséquence. […] qu’est-il resté de cette femme qui nous a épuisés d’hommes et d’argent, laissés sans honneur et sans énergie, et qui a bouleversé le système politique de l’Europe ?
Et cet érudit n’est pas seulement un homme de bouquins, il a la curiosité des coins d’humanité excentriques, mystérieux, criminels. […] L’actrice du Théâtre-Français, est la maîtresse commandée, imposée à tout homme arrivé en politique. […] L’industrie est presque arrivée à tuer tout ce qu’il y avait de bon, pour la nourriture de l’homme. […] Ce châtaignier était dans un buisson de ronces d’une hauteur d’une dizaine de pieds, « Il y a un homme là… tenez ! […] Jamais tant d’œils tendres de femmes, ne m’ont demandé un dîner, jamais tant de voix mourantes d’hommes, ne m’ont demandé un sou.
C’est une figure d’homme vu par le dos, les mains appuyées à la manivelle coudée d’un tambour de puits. Il y a dans ces machines un moment où le coude de la manivelle rend la position du bras de levier très-haute ; il faut alors ou que l’homme abandonne la manivelle ou que ses bras puissent atteindre à cette hauteur, les poings fermés, sans quoi la machine revient sur elle-même et le poids redescend. Or on donnerait un demi-pied de plus au tourneur de manivelle d’Amand qu’il ne serait pas encore assez grand ; en sorte que, dans son dessin, ce n’est plus un homme qui tourne, c’est un homme qui arrête la manivelle à son point le plus bas, et qui se repose dessus.
Quand M. de Sénancour écrivait Oberman, il ne se considérait pas comme un homme de lettres ; ce n’était pas un ouvrage littéraire qu’il tâchait de produire dans le goût de ses contemporains. […] J’en appelle à vous tous, qui l’avez déterré solitairement, depuis ces trente années, dans la poussière où il gisait, qui l’avez conquis comme votre bien, qui l’avez souvent visité comme une source, à vous seuls connue, où vous vous abreuviez de vos propres douleurs, hommes sensibles et enthousiastes, ou méconnus et ulcérés ! […] Car la destinée d’Oberman, comme livre, fut parfaitement conforme à la destinée d’Oberman comme homme. […] Latouche, qui a donné sa mesure comme homme d’esprit, mais qui ne l’a pas donnée pour d’autres facultés bien supérieures qu’il a et qui lui pèsent, a lu Oberman avec anxiété, en fils de la même famille, et il en a visité l’auteur dans ce modeste jardin de la Cérisaye, sous ce beau lilas dont le sage est surtout fier. […] Sautelet aussi vivait alors dans ces idées : inquiet, mélancolique et fervent, il hésitait entre l’action et la contemplation ; je lis dans une lettre de lui que j’ai sous les yeux : « On ne peut guère faire une vie double, agir et contempler ; je sens, comme je te le disais cet été, que l’homme est placé sur la terre pour l’action, et je ne puis cependant laisser l’autre.
Cette sorte de conjuration instinctive et intéressée de tous les hommes de bon sens et d’esprit contre l’homme d’un génie supérieur n’apparaît peut-être dans aucun cas particulier avec plus d’évidence que dans les relations de Diderot avec ses contemporains. […] Ou plutôt ce monument existe, mais par fragments ; et comme un esprit, unique et substantiel est empreint en tous ces fragments épars, le lecteur attentif, qui lit Diderot comme il convient, avec sympathie, amour et admiration, recompose aisément ce qui est jeté dans un désordre apparent, reconstruit ce qui est inachevé, et finit par embrasser d’un coup d’œil l’œuvre du grand homme, par saisir tous les traits de cette figure forte, bienveillante et hardie, colorée par le sourire, abstraite par le front, aux vastes tempes, au cœur chaud, la plus allemande de toutes nos têtes, et dans laquelle il entre du Goethe, du Kant et du Schiller tout ensemble. […] Avant d’avoir lu ces lettres, et malgré notre goût bien vif pour tous ses autres ouvrages, il manquait quelque chose à l’idée que nous nous formions du grand homme ; de même qu’on ne comprendrait pas Mirabeau tout entier si l’on ne connaissait aussi ses lettres écrites à la Sophie qu’il aimait. […] Et pour ne prendre ici que l’amour, quel homme l’a senti et ne sera touché jusqu’aux larmes des pensées suivantes, que nous détachons presque au hasard ? […] Leroy, homme d’esprit et philosophe, capitaine des chasses, amateur du sexe et ami de Diderot : « Si vous saviez combien je l’aime, écrit ce dernier, vous sauriez aussi combien il m’a été doux de le voir.
Les hommes ne sont pas très intelligents, mais ils sont fort méchants, cupides et vaniteux. […] Il méprise les hommes, leurs mœurs, leurs lois, mais ne leur souligne son mépris d’aucune grossièreté. […] Nicole a composé un aimable traité pour conserver la paix avec les hommes. […] Il n’en faudrait pas plus dans certaines circonstances pour devenir à votre insu le fondateur d’une religion qui serait embrassée par des millions d’hommes, qui massacreraient en votre nom des milliers d’autres hommes. — Il faudrait donc mourir pour être innocent et tranquille ? […] Il faut aimer son esprit ; c’est le diable, cet homme qui ne croit à rien, qui sait tout, et dont l’art ensorcelé, sauf aux jours qu’il écrit le Lys rouge.
Ce n’est pas ce que l’homme mange qui le souille, mais ce qui sort de son cœur. » Les pharisiens, propagateurs de ces momeries, étaient le point de mire de tous ses coups. […] Une de ses plus belles paraboles est celle de l’homme blessé sur la route de Jéricho. […] Jésus conclut de là que la vraie fraternité s’établit entre les hommes par la charité, non par la foi religieuse. Le « prochain », qui dans le judaïsme était surtout le coreligionnaire, est pour lui l’homme qui a pitié de son semblable sans distinction de secte. […] L’homme n’a pu s’y tenir ; car on n’atteint l’idéal qu’un moment.
Frédéric Masson montra l’homme profond, et nous eûmes Bernis dans toute sa valeur intégrale. […] Il a tiré son marquis de Grignan de sa poussière de marquis, et il nous a montré le rien historique de cet homme, qui ne fut rien par lui-même, quoique par sa naissance, son éducation, tout son être, et par la plénitude de son dévouement au roi du monde d’alors, il fût parfaitement apte à être tout, et qui vécut si peu, a dit éloquemment Frédéric Masson dans les admirables pages qui commencent son livre, qu’on ne peut pas dire qu’il mourut, mais qu’il décéda : une manière silencieuse de s’en aller et de disparaître ! […] Ils sont tous comme lui, — à moins que d’être des grands hommes, plus hauts que tous les marquis ; ils sont tous, individuellement, dans leur vie, ce qu’il fut dans sa vie. […] Cette histoire n’est pas une histoire sur quelque grand homme célèbre, ou même ignoré, mais qui a vécu, et elle n’a pas non plus le ton historique qui généralement est élevé et sévère. […] … C’est là une question que lui seul et l’avenir résoudront, mais ces facultés sont si visibles en cette séduisante production qu’il a appelée le Marquis de Grignan, et qui est bien autre chose que la biographie de ce pauvre homme, qu’il était impossible à la Critique de ne pas les voir et de ne pas les signaler… 56.
Et puis il s’est retiré de bien bonne heure ; il s’est fait dévot et homme de famille avant quarante ans. Les déclarations qui aiment un homme libre n’ont pas eu le temps de lui venir. […] Elles le lui rendirent, « Le plus aimable de tous les hommes et le plus aimé ! […] Est-il possible que personne n’en veuille laisser jouir un homme qui ne troubla jamais celui de personne ! […] monsieur, dit-elle, soyez heureux. » Il le fut, ou crut l’être ; et voilà tous les hommes !
Elle avait cette surabondance de vie que les hommes de sa génération dépensaient sur les champs de bataille. […] Il lui arrivera de défaillir en se trouvant subitement en présence de son grand homme. […] On trouverait quelqu’une de ces Égéries à côté de presque tous les hommes d’État du moment. […] Les hommes semblent déguisés en femmes. […] La toilette des hommes a subi des changements analogues.
Neuf fois sur dix, l’homme qui va quitter ce monde expire en se frappant la poitrine et en implorant le divin pardon. […] On sent que l’homme qui chante va bientôt pleurer. […] Ce sont des dialogues à voix basses entre le poète et ce qu’il appelle encore la muse, c’est-à-dire entre le cœur de l’homme et son génie. […] Plût à Dieu que je n’eusse jamais touché comme Musset à ce fer chaud de la politique qui brûle la main des orateurs et des hommes d’État ! […] Je suis concitoyen de tout homme qui pense ; La vérité c’est mon pays.
Voici deux ordres differens de mots dérivés d’une même racine génératrice, d’un même mot primitif destiné en général à exprimer ce sentiment de l’ame qui lie les hommes par la bien veillance. […] Les Romains qui furent laboureurs dès qu’ils furent en société politique, regarderent la terre & ses parties comme autant de meres qui nourrissoient les hommes. […] Le modificatif se rapporte au subjectif, ou par apposition, ou par attribution ; par apposition, lorsqu’ils sont réunis pour exprimer une seule idée précise, comme quand on dit, ces hommes savans : par attribution, lorsque le modificatif est l’attribut d’une proposition dont le subjectif est le sujet, comme quand on dit, ces hommes sont savans. […] « Les anciens étoient hommes, & par conséquent sujets à faire des fautes comme nous. […] On rencontre dans le langage populaire des hébraïsmes d’une autre espece : un homme de Dieu, du vin de Dieu, une moisson de Dieu, pour dire un très-honnête homme, du vin très-bon, une moisson très-abondante ; ou, en rendant par-tout le même sens par le même tour, un homme parfait, du vin parfait, une moisson parfaite : les Hébreux indiquant la perfection par le nom de Dieu, qui est le modele & la source de toute perfection.
En cela il ressemblait à tous les hommes, seulement il leur ressemblait avec plus de promptitude, d’impatience et des mouvements plus marqués. […] Le père de Santeul a une veine pure, aisée ; il n’appartient guère à un homme comme moi d’en juger, je veux dire à un homme destiné à la retraite et à des lectures toutes sérieuses ; cependant on ne laisse pas d’en remarquer les traits. […] Puis, craignant d’avoir trop montré le vieil homme, il se hâte de récrire une seconde lettre à M. […] lui disait-on dans ces lettres, n’est-ce pas honteux et scandaleux à un homme comme vous, que M. […] Après tout, le pauvre homme aurait fini plus heureusement sa course, s’il fût demeuré dans Saint-Victor en suivant les conseils et les exemples du Père Gourdan.
Ce fils probe et déjà poli, qui hérite et qui répand de l’éclat sur sa maison, était suivi d’un fils grave et digne encore, ou souvent aussi trop poli et déjà corrompu, de quelque brillant marquis, homme à la mode et qui se dissipait. […] M. de Morvilliers étant venu à mourir, M. d’Ormesson, peu agréé de Henri III, qui l’avait trouvé rétif à ses profusions (« Il est paresseux, à la vérité, disait ce roi, mais il est homme de bien ») ; pensa à la retraite, et s’étant défait de ses charges, il s’était dit qu’il achèverait paisiblement ses jours, tantôt à Paris, tantôt dans ses maisons des champs, qu’il embellirait. […] M. d’Ormesson était un homme pratique et d’activité ; il n’était pas lettré comme son fils le sera, comme le seront les Lamoignon ; il vit que son loisir manquerait de pâture et d’occupation. […] Le temps fera raison à ce grand homme de toutes ces injures, et ceux qui le blâment aujourd’hui connaîtront peut-être à l’avenir combien sa conduite eût été nécessaire pour achever la félicité de cet État, dont il a jeté tous les fondements. […] Enfin jamais homme de sa profession n’a eu une plus belle occasion de paraître, et ne s’en est mieux servi. » (Lettre de Mme de Sévigné à M. de Pomponne, du mercredi 17 décembre 1664.)
Rubichon pour y cantonner un roi de son choix : l’exemple de Milton qu’il allègue est à faire trembler ; on crève, dit-on, les yeux au rossignol pour qu’il chante mieux : il serait homme à vouloir son monarque aveugle pour le rendre plus réfléchi et plus perspicace. […] Le cœur d’un homme vaut tout l’or d’un pays, ce beau vers d’un poète du Moyen-Age lui a paru avoir dû se réaliser et avoir trouvé son écho en bien des provinces de notre France. […] Assurément il n’y a qu’un petit nombre d’hommes qui puissent grandir ainsi par la lutte de la vérité contre l’erreur ; mais tous s’élèvent dans l’ordre moral, à la vue des exemples de tolérance donnés par les classes dirigeantes, en s’habituant à résister à la tentation de persécuter leurs semblables. […] Le Play qui parle) dresse les hommes à la tolérance dans toute société où la paix publique est fermement maintenue par l’autorité : la même liberté fait souvent naître des attaques et des haines qui peuvent compromettre cette paix publique. » Mais si l’on n’essaye pas l’on n’apprend pas. […] Je rappellerai encore une pensée de M. de Bonald : « Il y a des hommes qui par leurs sentiments appartiennent au temps passé, et par leurs pensées à l’avenir : ceux-là trouvent difficilement leur place dans le présent. » Lui, il a voulu faire mentir le mot et montrer qu’il appartient au présent36.
Homme, que peux-tu faire ? […] Qui pourrait, en effet, changer les idées et les sentiments des hommes ? […] La seule chose qui pourrait t’attacher à la vie serait l’espoir de faire partager aux autres tes sentiments ; mais tu vois quelle douleur c’est de ne trouver qu’opposition dans le commerce des hommes. […] Il ne criait pas comme ce révolutionnaire cynique : « Je suis soûl des hommes », il le pensait. […] Ce vertueux, ce bon et même un peu débonnaire empereur était trop sage, encore une fois, trop modéré et trop raisonnable, en vérité, pour la masse des hommes.
Le meurtrier et le voleur sont punis par la loi ; le lâche, l’adultère, l’hérétique, l’homme excentrique, sont punis par la communauté agissant comme individus privés, qui s’accordent à censurer et à excommunier l’offenseur. […] Seulement les hommes s’accordent dans leurs approbations et désapprobations morales, comme ils s’accordent dans leur jugement sur la vérité. […] Tous les hommes s’accordent-ils à approuver et désapprouver les mêmes choses ? […] Tous ces hommes n’ont fait que dire le secret de tout le monde. […] Comment, par la composition d’éléments simples, a-t-il pu se produire pour l’homme des émotions morales nouvelles ?
L’homme qui a pu répéter avec une conviction dolente un tel rabâchage de disciple, d’enfant et de faible, était vraiment fait pour nous peindre, en se regardant, une de ces méprisables âmes à la suite. […] Ce qui était un besoin chez le grand homme surabondant, le petit verdâtre vide s’en fait un procédé. […] J’éprouverais, sans doute, une joie rageuse à cingler encore cet homme habile sur quelques-unes de ses plus purulentes insuffisances. […] « Car Dieu est infiniment équitable et chaque homme, en ce monde comme en l’autre, a toujours ce qu’il mérite. » Je ne ferai pas remarquer ce que de telles paroles, écrites pendant que l’innocent souffrait encore, avaient d’odieux. […] Ce brave homme fourre du christianisme dans la littérature des autres, comme Jules Verne enveloppe de la science dans du roman.
L’homme qu’il nous indiqua réunissait toutes ces conditions. […] Nous étions pour lui un composé d’hommes du monde et d’êtres louches. […] Il nous déclara que pour lui, il n’y avait aucun délit dans notre article, mais qu’il avait été forcé de poursuivre sur les ordres réitérés du ministère de la police, sur deux invitations de Latour-Dumoulin ; qu’il nous disait cela d’homme du monde à homme du monde, et qu’il nous demandait notre parole de ne pas en faire usage dans notre défense. Et cet homme qui avait de la fortune, qui avait beaucoup de mille livres de rente, allait demander le maximum de la peine pour un délit dont nous n’étions pas coupables. […] — Non, Monseigneur. » Le duc se tournant vers un officier : « Cet homme-là a de l’esprit, il faudrait en faire quelque chose, le nommer caporal. — Monseigneur, je ne suis pas ambitieux !
Quel homme que celui qui, même dans le remords que lui cause le meurtre d’un de ses fils, craint d’attenter à la vie de l’autre ! […] Ceux qui veulent justifier les poètes d’avoir peint de tels hommes, disent qu’ils sont dans la nature. […] Ce qui est comique pour tel peuple, pour telle société, pour tel homme, peut ne pas l’être pour tel autre. […] Comment, au milieu de tant de chanteurs, l’homme serait-il resté dans le silence ? […] L’une représente les hommes tels qu’ils sont, l’autre leur donne un degré de verve et de génie de plus : ils sont tout près de la folie.
Suard a eu tout le tact d’un homme de l’ancien monde, influent avec politesse et non sans dignité. […] En ce temps-là, en 1817, à défaut d’autre hérésie, et les Romantiques n’étant pas encore nés ou en âge d’hommes, on s’en prenait aux disciples et imitateurs de l’abbé Delille. […] Villemain n’a pas cessé d’être l’organe et l’homme de l’Académie, son premier ministre, de la représenter en titre et en réalité. […] Un signe l’indique assez : aucun homme politique du second Empire, quelque talent de parole ou de plume qu’il ait montré, n’a été nommé membre de l’Académie. […] cet homme d’ordre, de goût classique, ce défenseur des règles, ce champion rigide de la raison dans les Lettres, M.
L’homme de génie, en France, c’est celui qui dit ce que tout le monde sait. […] On y voit l’homme tout entier, son imagination, ses sens, sa raison ; car, où l’une de ces choses manque, il n’y a point de vie mais la raison gouverne. […] C’est tantôt le tour de l’imagination, tantôt celui de la sensibilité, de faire prédominer l’individu sur l’homme, le particulier sur l’universel. […] Nous l’aimons, parce qu’elle nous paraît la meilleure patrie pour l’homme en général ; nous voudrions y donner le droit de cité à tout le genre humain. […] La raison, qui est le lien commun de tous les hommes, est estimée au-dessus de l’imagination, qui les disperse et les isole à l’infini.
L’homme, puis son authentique séjour terrestre, échangent une réciprocité de preuves. […] Et, parmi les hommes aux langages, aux costumes variés, qui sont là, et se croisent, dans la gare, dans les rues, un souffle plane, d’où s’exhale, entre ces étrangers et ces inconnus, une fraternelle et joyeuse Communion. […] Des hommes et des femmes sont debout, ayant des torches. […] Deux hommes crient et s’insultent, Hagen et Gunther, pour la dépouille du mort ; ils se battent. […] Puis, en une religieuse exaltation, elle se tourne vers les hommes et les femmes.
Il a l’imagination vive, noble, élevée, & plus d’impartialité qu’on n’en devoit attendre d’un homme de son état. […] in-12. : ouvrage plein de particularités intéressantes, & qui vient d’un homme très-instruit. […] Il ne se borna pas même à ce seul ouvrage, dont l’exécution sembloit suffire à la vie de plusieurs hommes. […] Ce savant homme avoit formé son style sur les meilleurs modèles des premiers tems de l’Académie françoise. […] C’est ce qu’exécute actuellement un homme de lettres.
C’est un art féodal que l’emploi du cheval ; il n’y a pas de luxe plus naturel à un homme de qualité ; pensez aux écuries de Chantilly, qui sont des palais. […] Hommes et femmes, on les a choisis un à un ; ce sont tous des gens du monde accomplis, ornés de toutes les grâces que peuvent donner la race, l’éducation, la fortune, le loisir et l’usage ; dans leur genre, ils sont parfaits. […] Liste des personnes présentées de 1779 à 1789, 453 hommes et 414 femmes, t. […] Amelot, du 23 septembre 1780. — Duc de Luynes, XV, 260, 367 ; XVI, 268. 163 dames, dont 42 de service, viennent faire la révérence au roi. 160 hommes et plus de 100 dames viennent rendre leurs devoirs au dauphin et à la dauphine. […] » À ce nom, je vois un superbe homme qui s’avance en inclinant la tête, et dit : « Madame ?
Entre les hommes de notre temps, celui dont le nom attire à lui et nous peint, nous réfléchit le mieux toutes ces louanges, est sans contredit M. […] Saint-Marc Girardin, s’il consentait à être davantage et tout à fait ce qu’il est surtout, un homme de lettres. […] Il y loue, il y distingue Marmontel et La Harpe, en homme qui au début les égale en ne leur ressemblant pas, et qui doit les faire oublier. […] Cette année a fourni une ample moisson de poëtes, » ce serait avec un sourire d’aimable raillerie, et non en homme qui se pique de faire et de réciter à son tour des hendécasyllabes. […] Parmi les hommes qui, presque contemporains de M.
Ainsi prennent les plus sévères hommes plaisir d’ouïr parler de ces propos, encore qu’ils ne le veuillent confesser. » Et la poésie, qui donc l’inspire ? […] Pétrarque, en son langage, a fait sa seule affection approcher à la gloire de celui qui a représenté toutes les passions, coutumes, façons et natures de tous les hommes, qui est Homère. » Quel éloge de Pétrarque ! […] Alors les pauvrettes entrent en estranges fantaisies, ne peuvent si aisément se défaire des hommes comme les hommes des femmes, n’ayans la commodité de s’eslongner et commencer autre parti, chassans Amour avec autre Amour. Elles blasment tous les hommes pour un. […] Le début ressemble par l’idée au fragment de Sophocle qu’on vient de lire ; le poëte chante la Déesse qui fait naître le désir au sein des hommes et des Dieux, et chez tout ce qui respire.
Le christianisme est une religion pour ainsi dire double : s’il s’occupe de la nature de l’être intellectuel, il s’occupe aussi de notre propre nature : il fait marcher de front les mystères de la Divinité et les mystères du cœur humain : en dévoilant le véritable Dieu, il dévoile le véritable homme. […] Un Dieu montait sur son char, un prêtre offrait un sacrifice ; mais ni le Dieu ni le prêtre n’enseignaient ce que c’est que l’homme, d’où il vient, où il va, quels sont ses penchants, ses vices, ses fins dans cette vie, ses fins dans l’autre. […] Depuis Moïse jusqu’à Jésus-Christ, depuis les Apôtres jusqu’aux derniers Pères de l’Église, tout offre le tableau de l’homme intérieur, tout tend à dissiper la nuit qui le couvre : et c’est un des caractères distinctifs du christianisme d’avoir toujours mêlé l’homme à Dieu, tandis que les fausses religions ont séparé le Créateur de la créature.
« Les Français ont donné leur démission en 1814 », disait-il souvent avec le regret et le découragement d’un homme qui avait vu un plus beau soleil et des jours plus glorieux. […] Beyle est volontiers le contrepied de cet homme-là : il est contrariant à plaisir. […] Il a des professions de machiavélisme qui sentent l’abbé Galiani, un des hommes (avec le Montesquieu des Lettres persanes) de qui il relève dans le passé. […] Depuis que le règne de La Harpe a cessé et que toutes les entraves ont disparu, comme on n’a rien vu sortir, on ne croit plus à ces deux ou trois hommes de génie étouffés. […] « Que le ciel nous envoie bientôt un homme à talent pour faire une telle tragédie !
Les hommes, autant par dédain que par supériorité, nous ont interdit tout savoir : Mme Dacier est une autorité qui prouve que les femmes en sont capables. […] Mais laissons de côté ces droits qui sont une expression fâcheuse et qui rappellent trop qu’au nom des Droits de la femme il s’est fait des insurrections aussi, des manifestations comme au nom des Droits de l’homme. […] Son père, savant dans le goût du xvie siècle, était de plus un homme d’esprit et qui pensait par lui-même ; nous en pouvons encore juger. […] Le père de Mme Dacier n’était donc nullement un pédant, mais tout à fait un homme d’esprit, plein de vues et de liberté dans l’érudition. […] Tanneguy Le Fèvre savait mieux son monde lorsqu’il dédiait son édition d’Anacréon à un homme à la mode, au spirituel Bautru.
Rousseau passe chez la plupart dès gens en ce pays pour un homme singulier. […] On a beau être sage et se dire que l’homme est fou, on ne se l’imagine jamais aussi fou et d’une manière aussi singulière et aussi imprévue qu’il peut l’être. […] Quand on méprise les hommes, peut-on désirer de les occuper ? […] Douter qu’il existe un homme capable d’obliger sans intérêt ! […] Ravenel, l’un des hommes qui ont le plus étudié Rousseau, et qui, sans se dissimuler aucun de ses torts ni de ses travers, lui sont demeurés fidèles.
Ney, qui sent la valeur de l’homme, redemande son aide de camp. […] Le chef d’état-major de Ney, le général Dutaillis, l’homme de Berthier, avait eu un bras emporté dans la dernière campagne ; Ney tenait à s’en défaire, et Berthier à le maintenir. […] Il paraît que c’est un homme, ce Wellesley ! […] J’en avais doublement le droit comme étranger… Si j’ai persisté, c’est qu’il est de ces circonstances où un homme de cœur ne peut reculer. […] Avec cette différence toutefois, que la guerre n’est pas de la géométrie pure, ni de la pure analyse ; qu’elle se fait sur des hommes et avec des hommes ; que, n’y eût-il que la fraternité des armes, si l’on vient un jour à la briser, on en souffre, et que, fût-on strictement dans son droit, le cœur saigne.
Chassez cette idée-là, je vous en prie, et ne confondez pas trop l’homme avec la souffrance. […] Je crains un peu ces hommes vertueux de naissance. […] Je suis auprès d’eux dans la situation des bossus qui haïssent les hommes bien faits : les bossus sont généralement puérils et méchants, mais les hommes bien faits ne sont-ils pas insolents, fats et cruels envers les bossus ? […] C’est un bien grand homme. […] « Est-ce que, vous aussi, vous boudez les hommes et repoussez l’amitié ?
Vous ayez placé à sa juste hauteur l’homme illustre que vous venez remplacer parmi nous. […] Rien chez lui de l’homme de lettres. […] Ne serait-ce pas parce que les hommes sont devenus moins crédules ? […] Quel homme, Monsieur, et que vous avez eu raison de le comparer à un saint ! […] Ce brave homme ne savait pas un mot des systèmes de son hôte ; il n’avait vu en lui qu’un homme bien tranquille, un parfait locataire.
Entre eux s’opère un va-et-vient perpétuel d’hommes, de livres, de journaux. […] Pour qu’une conception du beau passe d’un groupe d’hommes à un autre groupe d’hommes, il faut qu’il y ait déjà entre eux certaines analogies ; une idée, comme une plante, ne s’acclimate hors de sa terre natale que si elle rencontre un sol pour ainsi dire prédisposé à la recevoir. […] Toute époque teint de ses propres couleurs les hommes d’autrefois ; toute nation accommode et interprète à sa manière les écrivains qui ne sont pas de chez elle. […] Si un homme ou un ouvrage attire et soumet, comme par une sorte de magnétisme, certains cerveaux, il en repousse et révolte certains autres. […] Un homme d’initiative peut ainsi entraîner après lui ceux qui sont moins originaux ou moins hardis et leur communiquer une partie de sa vigueur et de son audace.
Ce traité fut un des fruits de la vieillesse de ce grand homme. […] Mais il nous manquoit un homme qui traitât cette science en philosophe, & en philosophe chrétien. […] Il exhorte dans plusieurs endroits à n’employer l’éloquence que pour porter les hommes à la vertu. […] Marc-Antoine de Foix, Jésuite de l’illustre maison de ce nom, homme d’un esprit supérieur, & fort distingué dans sa Compagnie. […] En condamnant le brillant dans le discours, il dit qu’un homme qui s’en défait écrase tous ses petits contre la solidité de la pierre.
L’homme au piti. […] L’anguille et l’homme au canari. […] Binanmbé, l’homme à la sagaie. […] L’hyène et l’homme, son compère. […] Ce n’est pas le serpent, c’est l’homme.
— Un économiste qui va au-delà de sa science, et qui subordonne la production à l’homme au lieu de subordonner l’homme à la production. — Soit, mais il n’y a pas là non plus de quoi faire un philosophe. […] On n’est complétement homme que par là. […] Une proposition générale concernant tous les hommes qui aboutit à une proposition particulière concernant un certain homme. […] Si Jean, Pierre et compagnie sont morts, c’est parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme. Si tous les hommes sont morts ou mourront, c’est encore parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme.
Ces hommes, en effet, ont immédiatement grandi le nom de la France. La Grèce antique avait ses sages, la France moderne avait ses hommes de lettres. […] Un homme de cette trempe devait apprécier le mérite de M. de Saint-Pierre. […] Il y avait beaucoup d’analogie entre le caractère de ces deux hommes. […] dit Virginie, avec cet homme si grand et si méchant ?
Il gronda Ney sans colère, et attendit que son armée défilât par cette chaussée trop étroite pour tant d’hommes, de chevaux et de canons. […] Dès que la nature s’en mêle, l’homme redevient bien petit, que ce soit le grand Pompée ou César. […] Un ordre expédié à Grouchy l’informa de la bataille qui allait se livrer : tenir les Prussiens séparés des Anglais, et rester lui-même en communication avec l’armée française, dont il formait avec ses 36,000 hommes l’extrême-aile droite, voilà le rôle, la part d’action qui lui revenait ; c’était clair. […] Il y eut dès lors nécessité de modifier le plan primitif, de retourner une partie de sa droite pour parer aux 30,000 hommes de Bülow, et de livrer la bataille à Wellington avec un chiffre de combattants déjà inégal, mais notablement diminué. […] Un personnage essentiel dans le plan de Napoléon manqua toujours, c’était, Grouchy, lequel apparaissant avec ses 36,000 hommes, en tout ou en partie, eût permis de conjurer ce fantôme des Prussiens devenu bientôt une formidable réalité, et de livrer la bataille dans l’ordre régulier et savant suivant lequel elle, avait d’abord été calculée.
Certes, nous aussi nous respectons et nous ne sommes pas sans apprécier hautement ces hommes que Victorin Fabre et M. […] on ne saurait avoir même l’idée de mettre l’ouvrage très-distingué d’un homme d’esprit, qui pense, en parallèle avec un écrit de Victorin ! […] Victorin Fabre avait un peu de cela, et l’accessit ou la mention honorable de 1812 lui pesait sur le cœur, et lui revenait à la bouche plus souvent qu’il n’était convenable à un homme aussi sérieux et aussi mûr. […] Ces hommes distingués ne peuvent vraiment concevoir que le prix pour l’Éloge de Montaigne ait été décerné à M. […] Or (Université à part), il est remarquable que le suffrage qui se retira de Victorin Fabre, et qui donna le signal d’arrêt, ait été précisément celui de Fontanes, du plus homme de goût de ce temps-là.
Armand Silvestre avait ces visions, est-ce qu’il n’était pas, spontanément ou par artifice, dans un état d’esprit aussi approchant que possible de celui des anciens hommes quand, essayant d’exprimer dans leur langue incomplète les phénomènes de la nature, ils créaient sans effort des mythes immortels ? […] Nous ne sommes pas les mêmes à toutes les heures, et « je sens deux hommes en moi ». […] Au soleil de la campagne les hommes se soulageaient avec lenteur… J’étais joyeux. […] Armand Silvestre a copieusement vengé le pauvre dieu Crépitus, et je ne m’en étonne plus : il est assez naturel qu’ayant, dans sa poésie savante, les imaginations des anciens hommes, il ait aussi leurs gaietés et se gaudisse des mêmes objets. […] Armand Silvestre garderait cette originalité d’avoir fait vibrer les deux cordes extrêmes de la Lyre, la corde d’argent et la corde de boyau… (l’épithète est dans Rabelais) ; et son oeuvre double n’en serait pas moins un commentaire inattendu de la pensée de Pascal sur l’homme ange et bête.
La passion tend à se déployer à l’infini, tandis que la société fait de la médiocrité en tout le critérium de l’homme sociable. […] Il y a au fond de l’amour une volonté de lutte et de domination. — Ce qui se passe dans la série animale éclaire l’essence du phénomène amoureux chez l’homme. […] Il y a des rivalités, des haines littéraires ou artistiques qui divisent les amis du beau autant et plus que les autres hommes. […] Ce passage du premier moment au second est l’histoire de presque tous les hommes qui ont apporté au monde des désirs généreux, de nobles desseins et de vastes espoirs. […] Barrès, Un homme libre.
L’homme était revenu, après des siècles d’abaissement, à l’esprit antique, au respect de lui-même, à l’idée de ses droits. […] Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue : c’est la volonté. […] Voyez les grands hommes de la Renaissance ; ils n’étaient ni Français, ni Italiens, ni Allemands. […] La terre fournit le substratum, le champ de la lutte et du travail ; l’homme fournit l’âme. L’homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu’on appelle un peuple.
La joie ou la tristesse instinctives que tout homme éprouve encore, aujourd’hui, en voyant la campagne mourir et renaître, le Grec antique les ressentait avec des transports passionnés. […] Il y avait de l’hilarité et de la douleur, des éclats de rire et des flots de larmes dans le vin qu’il versait aux hommes. […] Bacchus restera le dieu du théâtre, sa statue présidera toujours aux fêtes de la scène, son autel en sera le centre, son prêtre y siégera à la stalle d’honneur, les acteurs seront toujours appelés ses « ouvriers » ou ses « hommes » ; mais il n’en sera plus le sujet unique, le thème invariable. […] Un jour, aux Lénéennes, un homme, un inconnu, « quelqu’un », dit le Scholiaste, — είς τις — élu mystérieux de Melpomène, pris aux cheveux par elle, comme Achille le fut par Pallas, Habacuc par l’Ange, s’élance sur la table du sacrifice, converse avec le Chœur, lui parle, lui répond. […] La grande invention de Thespis, c’est l’acteur substitué au coryphée et au narrateur, le personnage fictif incarné dans l’homme vivant et présent, qui simule son être et s’approprie ses actions.
C’est déjà un salutaire exemple que de voir des hommes, si comblés par la renommée, se recueillir pour donner à des œuvres qui ont eu dès longtemps leur succès, et qui n’en sont plus à attendre la faveur publique, ce degré de perfection et de fini qui n’est sensible qu’à des lecteurs attentifs, et qui ne s’apprécie que si l’on y regarde de très près. […] Le cœur de l’homme a plus gagné dans ce travail que son imagination n’a perdu ; Grégoire de Nazianze en est la preuve. […] Prenez tous les hommes considérables auxquels s’est appliqué jusqu’ici ce titre de critique, Malherbe, Boileau (car tous deux étaient des critiques sous forme des poètes) ; le docteur Johnson en Angleterre ; La Harpe chez nous, même M. de Fontanes : tous ces hommes, qui ont eu de l’autorité en leur temps, jugeaient des choses de goût avec vivacité, avec trop d’exclusion peut-être, mais enfin avec un sentiment net, décisif et irrésistible. […] En un temps où les hommes éminents ne pèchent point, en général, par trop de méfiance d’eux-mêmes, c’est là un trait presque touchant. […] Villemain appartient à notre temps par un certain souci et une certaine curiosité d’expression qui y met le cachet ; c’est un style, après tout, individuel, et qui ressemble à l’homme.
» * * * — Le lit où l’homme naît, se reproduit et meurt : quelque chose à faire là-dessus, un jour. […] Il demeurait dans tout cet homme quelque chose d’un grand principe tombé en enfance. […] — Le chemin de fer et sa vitesse relative, voilà un beau progrès, si vous avez décuplé chez l’homme le désir de la vitesse ! […] Julie… elle a changé de religion, elle aime les hommes à présent ! * * * — Les grands hommes sont des médailles, que Dieu frappe au coin de leur siècle.
Nous voilà bien loin de ces dialogues, supérieurs à ceux de Socrate dans Platon, de toute la supériorité du monde chrétien sur la sagesse antique, et de la langue philosophique la plus spirituelle dans tous les sens et la plus splendidement transparente qu’on ait jamais parlée aux hommes ! […] On trouve tout, hommes et choses du temps présent et du passé, dans ce livre qui semble un vomitorium de lectures indigérées et qui reviennent. […] C’est enfin le catholicisme féminisé qui affirme « que l’humanité perdue par la femme se surlèvera par la femme », le dernier mot d’un catholicisme bas-bleu, qui sera peut-être une formelle hérésie demain ; car le bas-bleuisme, en définitive, n’est que la vanité de la femme en révolte contre l’homme et l’ordre religieux et hiérarchique du monde ! […] D’ailleurs, règle absolue pour moi : quand je suis devant un bas-bleu, j’ai honte d’être l’homme qu’il veut être, et je me sens devenir la femme qu’il n’est plus. […] Les hommes qui liront comme moi Mme de Blocqueville partageront-ils cette sensation étrange ?
Il n’était point dédaigneux de la gloire, mais il était bon enfant avec elle, qui devait le prendre au lit, comme l’homme de la fortune, dans La Fontaine, si elle le prenait un jour. […] Bientôt, le poète de L’Artiste eut ses quarante personnes auxquelles Stendhal, l’homme de goût, noblement dégoûté, bornait la gloire. Il eut autour de lui, mais très serrée autour de lui, une chaîne sympathique et vibrante, et dans cette chaîne, il y eut un homme qui en valait bien, à lui seul, deux ou trois ! […] Saint-Maur est le plus vrai des poètes comme il était le plus vrai des hommes, et c’est sa vérité qui fait sa puissance. […] Or encore, l’admiration d’un homme tue toujours un peu l’originalité de celui qui l’admire.
Les critiques le jugeront, et c’est une occasion que je leur offre de dire un dernier mot, s’ils en ont un à dire, sur cet homme grandement classé et déjà classique. […] Assurément, France est trop un homme d’après Balzac pour ne pas savoir ce que la plume de Le Sage vaut, pour ne pas trouver absolument dénuées de passion, de couleur et d’observation profonde, les aventures de Gil Blas ou du Diable boiteux, ces lanternes magiques sans magie ! […] Et Anatole France s’est rangé (discrètement, j’en conviens,) à l’opinion du plus grand nombre, qui n’est jamais les hommes d’esprit, sur les mérites de Le Sage, lesquels n’ont — que je sache — jamais été l’objet de la moindre contestation… Alors même que la Littérature, jalouse de la Politique, a voulu, Mort-Dieu ! […] Un homme, un inconnu, devra publier quelque chef-d’œuvre d’ordonnance, d’unité, de concentration, d’analyse, qu’il faudra, pour qu’il parvienne au libraire et au public, qu’il passe par cette filière et ce laminoir du feuilleton. […] Quant au Crispin rival de son maître, un laquais encore, inventé par cet homme qui aime les laquais et qui est cher aux laquais !
Le seul défaut qu’on puisse lui reprocher est d’être souvent plus homme d’esprit, plus crayonneur qu’artiste, enfin de ne pas toujours dessiner d’une manière assez consciencieuse. […] Il dessine un peu trop comme les hommes de lettres qui s’amusent à barbouiller des croquis. […] Toute la hideur, toutes les saletés morales, tous les vices que l’esprit humain peut concevoir sont écrits sur ces deux faces, qui, suivant une habitude fréquente et un procédé inexplicable de l’artiste, tiennent le milieu entre l’homme et la bête. […] D’ailleurs, je remarque que le contraire se présente fréquemment dans l’histoire, et que les artistes les plus inventifs, les plus étonnants, les plus excentriques dans leurs conceptions, sont souvent des hommes dont la vie est calme et minutieusement rangée. […] En art, c’est une chose qui n’est pas assez remarquée, la part laissée à la volonté de l’homme est bien moins grande qu’on ne le croit.
Préface En 1849, ayant vingt et un ans, j’étais électeur et fort embarrassé ; car j’avais à nommer quinze ou vingt députés, et de plus, selon l’usage français, je devais non seulement choisir des hommes, mais opter entre des théories. […] Chacun disait de son modèle : « Voilà la vraie demeure de l’homme, la seule qu’un homme de sens puisse habiter ». […] Par un bonheur singulier, nous apercevons les hommes eux-mêmes, leurs dehors et leur dedans. […] Il n’y a qu’eux pour nous faire voir en détail et de près la condition des hommes, l’intérieur d’un presbytère, d’un couvent, d’un conseil de ville, le salaire d’un ouvrier, le produit d’un champ, les impositions d’un paysan, le métier d’un collecteur, les dépenses d’un seigneur ou d’un prélat, le budget, le train et le cérémonial d’une cour. […] Avec de telles ressources, on devient presque le contemporain des hommes dont on fait l’histoire, et plus d’une fois, aux Archives, en suivant sur le papier jauni leurs vieilles écritures, j’étais tenté de leur parler tout haut.
Le souci de relever le style par l’éclat ou l’agrément des figures trahit le rhéteur, l’homme qui n’écrit que pour faire dire qu’il écrit bien. Mais l’homme qui écrit par besoin, pour défendre ce qu’il croit ou ce qu’il aime, pour réaliser un idéal d’art, ou même pour satisfaire son ambition, son égoïsme ou ses vices, ne songe qu’à parler juste, et qu’à trouver les mots qui rendent sa pensée et l’approchent de son but : celui-là est aussi éloigné de concerter ses figures que l’homme du peuple, qui, en jurant, ne pense guère à faire une imprécation. […] De là vient aussi que plus l’homme est passionné, plus il redouble les figures, moins l’expression propre et nue de l’idée lui suffit. […] L’homme irrité parle de tout briser, de tout réduire en poudre : on serait bien embarrassé de trouver dans ce langage l’indication de la conduite qu’il peut ou veut tenir. […] En second lieu, des termes simples, exacts, nus, peuvent former un style expressif et plein, par la précision même et la netteté du sens qui résulte de leur juste emploi, quand ils sont maniés par un homme qui pense et qui sait les employer à faire penser.
Des hommes éminents vous tâtent le pouls de temps en temps, se penchent sur votre âme pour l’ausculter. […] Et puis j’ai relu les allocutions des hommes illustres qui m’ont précédé sur cette chaise d’honneur, et que pourrais-je bien vous dire après eux ? […] C’est pour des différences d’opinion bien plus que pour la conquête du pouvoir que les hommes de la Révolution se sont envoyés à l’échafaud : et cependant ils étaient d’accord sur les choses essentielles, l’amour de la patrie et l’amour de l’humanité. […] L’important, pour arriver à s’entendre, c’est de penser sincèrement tout cela, de n’être pas des hypocrites, d’être d’abord de braves gens, des hommes de bonne volonté. […] Faites effort pour comprendre et pour supporter que d’autres hommes tiennent de leur hérédité, de leur tempérament, de leur éducation, ou de leurs réflexions et de leur vie même, une conception métaphysique du monde différente de la vôtre.
Tout l’homme, avec le souffle inconnu qui le mène, Ève ondoyante, Adam flottant, un et divers, Palpitaient sur ce mur, et l’être, et l’univers, Et le destin, fil noir que la tombe dévide. […] Ce rêve était l’histoire ouverte à deux battants ; Tous les peuples ayant pour gradins tous les temps ; Tous les temples ayant tous les songes pour marches ; Ici les paladins et là les patriarches ; Dodone chuchotant tout bas avec Membré ; Et Thèbe, et Raphidim, et son rocher sacré Où, sur les juifs luttant pour la terre promise, Aaron et Hur levaient les deux mains de Moïse ; Le char de feu d’Amos parmi les ouragans ; Tous ces hommes, moitié princes, moitié brigands, Transformés par la fable avec grâce ou colère, Noyés dans les rayons du récit populaire, Archanges, demi-dieux, chasseurs d’hommes, héros Des Eddas, des Védas et des Romanceros ; Ceux dont la volonté se dresse fer de lance ; Ceux devant qui la terre et l’ombre font silence ; Saül, David ; et Delphe, et la cave d’Endor Dont on mouche la lampe avec des ciseaux d’or ; Nemrod parmi les morts ; Booz parmi les gerbes ; Des Tibères divins, constellés, grands, superbes, Étalant à Caprée, au forum, dans les camps, Des colliers que Tacite arrangeait en carcans ; La chaîne d’or du trône aboutissant au bagne. […] Ce rêve, et j’en tremblais, c’était une action Ténébreuse entre l’homme et la création ; Des clameurs jaillissaient de dessous les pilastres ; Des bras sortant du mur montraient le poing aux astres ; La chair était Gomorrhe et l’âme était Sion ; Songe énorme ! c’était la confrontation De ce que nous étions avec ce que nous sommes ; Les bêtes s’y mêlaient, de droit divin, aux hommes, Comme dans un enfer ou dans un paradis ; Les crimes y rampaient, de leur ombre grandis ; Et même les laideurs n’étaient pas malséantes À la tragique horreur de ces fresques géantes. […] C’est la tradition tombée à la secousse Des révolutions que Dieu déchaîne et pousse ; Ce qui demeure après que la terre a tremblé ; Décombre où l’avenir, vague aurore, est mêlé ; C’est la construction des hommes, la masure Des siècles, qu’emplit l’ombre et que l’idée azure, L’affreux charnier-palais en ruine, habité Par la mort et bâti par la fatalité, Où se posent pourtant parfois, quand elles l’osent, De la façon dont l’aile et le rayon se posent, La liberté, lumière, et l’espérance, oiseau ; C’est l’incommensurable et tragique monceau, Où glissent, dans la brèche horrible, les vipères Et les dragons, avant de rentrer aux repaires, Et la nuée avant de remonter au ciel ; Ce livre, c’est le reste effrayant de Babel ; C’est la lugubre Tour des Choses, l’édifice Du bien, du mal, des pleurs, du deuil, du sacrifice, Fier jadis, dominant les lointains horizons, Aujourd’hui n’ayant plus que de hideux tronçons, Épars, couchés, perdus dans l’obscure vallée ; C’est l’épopée humaine, âpre, immense, — écroulée.
Il est, en effet, aussi ridicule de borner les écrivains à un seul stile, qu’il le seroit de réduire tous les peintres à n’avoir qu’une manière, tous les hommes à n’avoir qu’une façon de s’habiller. […] L’homme de son siècle qui écrivoit le mieux en Latin est accusé de ne se pas connoître en stile. […] Jules Scaliger, en se glorifiant de montrer comment il sçavoit tirer raison de ses ennemis, crut que la mort d’un homme, tel qu’Erasme, lui donneroit une nouvelle considération. […] C’eût été fait de la secte anti-Cicéronienne, s’il ne se fût pas formé un homme qui l’a relevée, & qui lui a donné même un éclat inconnu jusqu’alors, un homme qui joignoit à la piété la plus tendre le mérité du véritable bel-esprit ; qui n’avoit plus, je l’avoue, la pureté ni l’élégance de nos meilleurs orateurs Latins, mais qui s’étoit fait un stile plus vif, plus ingénieux, & que lui eussent envié Sénéque & Pline qu’il n’estimoit pas. […] Porée fut interrompu, au milieu d’une de ses harangues, par un homme qui se leva brusquement, & qui s’écria, dans un transport d’indignation : la latinité est perdue en France.
Elle ne se montre à ses amants ici-bas que voilée ; elle s’enveloppe dans les replis de l’univers comme dans un manteau ; car, si un seul de ses regards tombait directement sur le cœur de l’homme, il ne pourrait le soutenir : il se fendrait de délices. […] Ici, c’est un Antoine qui élève un autel au désert, et qui, pendant quarante ans, s’immole, inconnu des hommes ; là, c’est un saint Jérôme, qui quitte Rome, traverse les mers, et va, comme Élie, chercher une retraite au bord du Jourdain. […] « Celui qui aime généreusement, ajoute l’auteur de l’Imitation, demeure ferme dans les tentations, et ne se laisse point surprendre aux persuasions artificieuses de son ennemi. » Et c’est cette passion chrétienne, c’est cette querelle immense entre les amours de la terre et les amours du ciel, que Corneille a peint dans cette scène de Polyeucte53 (car ce grand homme, moins délicat que les esprits du jour, n’a pas trouvé le christianisme au-dessous de son génie). […] Il ne peut, en outre, y avoir d’amour durable que pour la vertu : la passion dominante de l’homme sera toujours la vérité ; quand il aime l’erreur, c’est que cette erreur, au moment qu’il y croit, est pour lui comme une chose vraie. […] La religion chrétienne, en nous rouvrant, par les mérites du Fils de l’homme, les routes éclatantes que la mort avait couvertes de ses ombres, nous a rappelés à nos primitives amours.
Elle a je ne sais quoi d’original qui séduit les enfants, qui frappe la multitude, et qui corrompt quelquefois toute une nation ; mais elle est plus insupportable à l’homme de goût que la laideur ; car la laideur est naturelle, et n’annonce par elle-même aucune prétention, aucun ridicule, aucun travers d’esprit. […] S’il se rencontre alors quelque homme original, d’un esprit subtil, discutant, analysant, décomposant, corrompant la poésie par la philosophie, et la philosophie par quelques bluettes de poésie, il naît une manière qui entraîne la nation. […] Le premier domicile de l’homme. […] Au lieu de me montrer le premier domicile de l’homme, vous me montrez celui du plaisir. […] Tout personnage qui s’écarte des justes convenances de son état ou de son caractère, un magistrat élégant, une femme qui se désole et qui cadence ses bras, un homme qui marche et qui fait la belle jambe, est faux et maniéré.
Ce regard singulier, avec quelque chose de retourné en dedans, pas très net, un peu brouillé, vraiment d’un homme qui voit des abstractions, et qui doit se réveiller pour saisir la réalité, contribuait à lui donner, quand il causait idées, un air de surveiller sa pensée et non son interlocuteur, et ce défaut devenait une espèce de beauté morale. […] Hinzelin nous donne quelques indications suggestives ; il pense que Vouziers se rappelle le bon écolier plus volontiers que le grand homme. […] Quant aux lettrés de Vouziers, ils prennent un ton réservé, disant : Taine n’est pas venu à nous ; il ne nous a pas connus ; il ne rentrait à Vouziers que de loin en loin, descendait à l’hôtel et ne voyait que ses hommes d’affaires. » La supériorité de la vie contemplative sur la politique, c’est qu’il n’est pas besoin de délégation pour la représenter ; que le Rethelois, que l’Argonne, que nos régions de l’Est autorisent ou non Taine, elles s’expriment par son génie. […] Mais contrarier la nature, l’exalter, c’est un magnifique dressage. » Les grands hommes que je viens de citer sont des forces conservatrices ; ils risquent d’enrayer le mouvement vers l’inconnu, qui est la vie même. […] S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, cet homme savant et vénérable en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais, à peine ai-je écrit ce mot « servilité » que je l’efface et je reviens au terme exact : discipline.
Quelqu’un a dit, qu’autrefois les bêtes combattoient dans le cirque, pour amuser les hommes qui avoient le plus d’esprit, & qu’aujourd’hui les gens d’esprit combattent pour divertir les sots. […] Il les justifie encore sur leur familiarité avec les auteurs Latins, dont ils prennent insensiblement le ton, les manières & le stile injurieux ; sur l’indépendance attachée à la profession d’homme de lettres ; sur le goût du public pour la satyre ; plaisantes raisons pour dispenser un sçavant de la première science dont tout homme doit se piquer, celle de sçavoir vivre. […] L’objet du marquis d’Argens, partout ailleurs assez superficiel, est d’afficher, dans cet ouvrage, l’érudition la plus profonde, & de prodiguer fastueusement les citations Grecques & Latines, le tout pour prouver, ce qui n’a pas besoin de preuves, que les grands hommes sont hommes comme les autres.
Je suis toujours fâché que parmi les superstitions dont on a entêté les hommes, on n’ait jamais pensé à leur persuader qu’ils entendraient sous la tombe le mal ou le bien que nous en dirions. […] L’homme de lettres fait tout le contraire. […] Je m’amuserais autour d’un portrait, tandis que je n’ai ni trop d’yeux, ni trop de temps pour le Joseph de Deshays ou le Paralytique de Greuze… Ah, oui ; c’est cet homme qui est à côté de l’escalier, et à qui l’on va donner l’extrême-onction…. […] Est-ce le mérite du ciseau de l’artiste ou l’admiration de l’homme ? […] Ce qu’il y a de certain, c’est que rien n’est plus rare qu’un beau pinceau, plus commun qu’un barbouilleur qui fait ressembler, et que quand l’homme n’est plus, nous supposons la ressemblance.
Passons-lui donc d’avoir présenté la force comme la mesure de la grandeur des dieux ; laissons Jupiter démontrer, par la force avec laquelle il enlèverait la grande chaîne de la fable, qu’il est le roi des dieux et des hommes ; laissons Diomède, secondé par Minerve, blesser Vénus et Mars ; la chose n’a rien d’invraisemblable dans un pareil système ; laissons Minerve, dans le combat des dieux, dépouiller Vénus et frapper Mars d’un coup de pierre, ce qui peut faire juger si elle était la déesse de la philosophie dans la croyance vulgaire ; passons encore au poète de nous avoir rappelé fidèlement l’usage d’empoisonner les flèches 83, comme le fait le héros de l’Odyssée, qui va exprès à Éphyre pour y trouver des herbes vénéneuses ; l’usage enfin de ne point ensevelir les ennemis tués dans les combats, mais de les laisser pour être la pâture des chiens et des vautours. Cependant, la fin de la poésie étant d’adoucir la férocité du vulgaire, de l’esprit duquel les poètes disposent en maîtres, il n’était point d’un homme sage d’inspirer au vulgaire de l’admiration pour des sentiments et des coutumes si barbares, et de le confirmer dans les uns et dans les autres par le plaisir qu’il prendrait à les voir si bien peints. Il n’était point d’un homme sage d’amuser le peuple grossier, de la grossièreté des héros et des dieux. […] Ses caractères les plus sublimes choquent en tout les idées d’un âge civilisé, mais ils sont pleins de convenance, si on les rapporte à la nature héroïque des hommes passionnés et irritables qu’il a voulu peindre. […] Ces mœurs sauvages et grossières, fières et farouches, ces caractères déraisonnables et déraisonnablement obstinés, quoique souvent d’une mobilité et d’une légèreté puériles, ne pouvaient appartenir, comme nous l’avons démontré (livre II, Corollaires de la nature héroïque), qu’à des hommes faibles d’esprit comme des enfants, doués d’une imagination vive comme celle des femmes, emportés dans leurs passions comme les jeunes gens les plus violents.
Les hommes ne peuvent ouvrir ce fruit divin et y chercher l’amande. […] Je regagnai vite le temps perdu, et j’avais hâte de réparer envers un homme de ce talent sinon l’injustice, du moins l’excessive sévérité de ma première critique. […] Je m’étonne souvent que lorsqu’il paraît de ces sortes de livres, il ne se fasse pas entendre un grand cri de toute la France, comme d’un seul homme qui dirait : Ah ! […] Je vous remercie dix fois de me la vouloir bien donner, et d’agir en ami avec un des hommes qui savent le mieux vous aimer et vous apprécier. […] D’être des hommes ?
Vous savez que ce caractère-là est le plus commun parmi les hommes légers ; leur conscience ne leur pèse pas plus que leur cervelle, et ce qui leur fait plaisir ne leur paraît jamais bien criminel. […] Le lendemain du jugement à mort, comme je vous ai dit, le bourreau vint avec les hommes noirs au cachot. […] me dit-il en se désespérant et en ouvrant ses deux bras étendus en croix derrière lui, tel qu’un homme qui tombe à la renverse. […] m’a-t-il dit alors, tranquillisez votre pauvre âme malade, mon cher fils, ce que vous me demandez est bien difficile, impossible à obtenir des hommes peut-être, mais Dieu est plus miséricordieux que les hommes, et celui qui a emporté la brebis égarée sur ses épaules ramène au bercail l’âme blessée par tous les chemins. […] Mais si Dieu permet, pour votre salut éternel, ce que les hommes réprouveraient sans souci de votre âme ; si le Christ dit oui par l’organe de ses ministres, qui sont mes oracles, soyez certain que je ne dirai pas non, et que j’affronterai le blâme des hommes pour porter deux âmes pures à Dieu !
Un jugement, c’est une impression contrôlée et éclairée, chez le même homme, par des impressions antécédentes. […] Dans Hedda Gabler, Hedda a épousé un brave homme banal, qu’elle méprise. […] Bref, Ibsen est un grand rebelle, un homme qui est mécontent du monde et inquiet avec génie. […] Comme Jacques, Wangel donne à sa femme la permission de suivre un autre homme. […] Dumas exige que l’homme arrive au mariage aussi intact qu’il souhaite ordinairement sa fiancée.
L’homme s’est vendu. […] L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. […] Est-ce courage à un homme mourant d’aller, dans la faiblesse et dans l’agonie, affronter un Dieu tout-puissant et éternel ? […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. […] Je sens mon cœur, et je connais les hommes.
Chênedollé, Charles-Julien Lioult de (1769-1833) [Bibliographie] Le Génie de l’homme (1807). — Études poétiques (1820). […] Chênedollé, dans le Génie de l’homme, a développé moins de philosophie, mais plus de talent poétique. […] Le troisième chant, qui a pour objet la nature de l’homme, est terminé par un épisode un peu surchargé de détails, mais où les beautés compensent les défauts. […] Chênedollé est, en général, très correct ; il est toujours harmonieux et s’élève fort souvent aux plus hautes formes poétiques ; c’en est assez pour faire concevoir que c’est un poème didactique recommandable (Le Génie de l’homme) ; il faut avouer aussi qu’il participe au malheur de presque tous les poèmes didactiques modernes : il est extrêmement pénible à lire de suite.
. — La Chanson des hommes (1898) […] Sa connaissance de l’homme est légère. […] Enfin, en 1898, il réunit divers poèmes épars dans des revues et les publia sous ce titre : La Chanson des hommes. […] « J’ai mis dans ce livre, dit-il, ma foi à la vie, à la bonté des hommes… Puisse-t-il aller à tous ceux qui cherchent comme moi les routes de l’existence future.
Ces hommes courageux, qui ont porté les lumières de la Foi chez tous les Peuples connus, n’ont pas été des hommes qu’on puisse taxer d’ignorance & de fanatisme : la plupart d’entr’eux joignoient à un zele héroïque, des talens distingués, un savoir profond, les espérances de gloire & de fortune les mieux fondées. […] La Postérité mettra donc une grande différence entre des hommes qui, dans tout autre Siecle, eussent excité l’admiration universelle, & des hommes qui ont besoin de toute la folie & de toute la perversité du nôtre pour trouver quelques approbateurs.
Ne dirait-on pas que tout est grand et simple dans Moïse, comme cette création du monde, et cette innocence des hommes primitifs, qu’il nous peint ; et que tout est terrible et hors de la nature dans le dernier prophète, comme ces sociétés corrompues, et cette fin du monde, qu’il nous représente ? […] Ce n’est pas la seule chose extraordinaire que les hommes s’accordent à trouver dans l’Écriture : ceux qui ne veulent pas croire à l’authenticité de la Bible, croient pourtant, en dépit d’eux-mêmes, à quelque chose dans cette même Bible. […] On nous persuadera difficilement que tous les événements possibles, heureux ou malheureux, aient été prévus avec toutes leurs conséquences, dans un livre écrit de la main des hommes. Or, il est certain qu’on trouve dans l’Écriture : L’origine du monde et l’annonce de sa fin ; La base des sciences humaines ; Les préceptes politiques depuis le gouvernement du père de famille jusqu’au despotisme ; depuis l’âge pastoral jusqu’au siècle de corruption ; Les préceptes moraux applicables à la prospérité et à l’infortune, aux rangs les plus élevés, comme aux rangs les plus humbles de la vie ; Enfin, toutes les sortes de styles ; styles qui, formant un corps unique de cent morceaux divers, n’ont toutefois aucune ressemblance avec les styles des hommes.
cet homme a tout, excepté la vérité. […] quel sujet a jamais rassemblé dans un même endroit, en pleine campagne, sous les arches d’un pont, loin de toute habitation, des femmes, des hommes, des enfants, des bœufs, des vaches, des moutons, des chiens, des bottes de paille, de l’eau, du feu, une lanterne, des réchauds, des cruches, des chaudrons ? […] et cet homme qui porte [du] feu qu’il va renverser sur sa tête, est-ce son époux ? […] Les artistes qui voient jusqu’où cet homme a surmonté les difficultés de la peinture et pour qui c’est tout que ce mérite qui n’est guère bien connu que d’eux, fléchissent le genou devant lui.
Yégor avait la réputation d’homme véridique et d’homme silencieux. […] Une ruche est faite de main d’homme, et gardée par des hommes. […] Et quel homme ingénieux ! […] Serguéi Petrowitch est un homme respectable. […] Le voilà qui arrive à grandes enjambées, ton homme charmant !
Joubert), vous êtes la première qui ayez rempli toutes les conditions que je cherchais dans un homme. […] « Souvenez-vous que tous les hommes demandent des places. […] Essai sur l’Homme, dans la première édition. […] Aucun homme ne pouvait s’y opposer. […] Notes de l’Essai sur l’Homme.
Que de mensonges et de froideur, et de légèreté, et d’ingratitude, et d’oubli dans les relations et les sentiments des hommes ! […] Nous renvoyons les lecteurs à la Vie des hommes illustres, pour voir tout ce que le poëte doit à l’historien. […] Ce récit fit naître à Nicuola l’idée de s’habiller en homme, et d’entrer chez Lattanzio en qualité de page. […] Je n’aime pas moins l’homme, mais j’aime davantage la nature. […] Pour en avoir eu toujours, il lui a manqué de savoir ce que vaut un homme.
La plupart des hommes, après la jeunesse passée, reviennent à un sens exact des choses. […] Que le portrait de l’homme bienveillant et sensible a d’attrait austère ! […] … Un homme pourra être l’opprobre de la littérature et se constituer le soutien de la religion ; et les amis de la religion applaudiront ! […] Elle comptait médiocrement sur l’homme, elle ne vit de moyen de l’améliorer que par l’enfance, et se mit à l’œuvre sans plus tarder. […] Chacun souffre ; un cri lamentable Dit partout l’homme malheureux, L’homme de bien pour son semblable, Et les égoïstes pour eux.
Cet homme, cet enfant qui se jette à genoux Pour être, ô bienheureux défunts ! […] (En même temps que des artistes, soyons des hommes… Nous ne sommes ni mystiques, ni sceptiques…). […] L’homme à qui l’a dévolu le destin n’est pas un visionnaire halluciné qui butte aux réverbères comme aux arbres de la route. […] Le cœur de l’homme fort est plus beau que les cieux ! […] D’autant qu’elles acceptent encore moins que les poètes hommes, les reproches des critiques.
M. de Sacy est un des hommes les plus estimés de la presse tant littéraire que politique, et il y a vingt-cinq ans qu’il y est sur ce pied-là. […] Il nous donne ingénument ses raisons, raisons d’homme de goût et qui sait les délicatesses du sentiment. […] N’est-il pas touchant de voir un homme qui a usé sa vie dans le spectacle et l’examen des débats, et, s’il l’avait voulu, des intrigues politiques, avoir conservé une telle fraîcheur, une telle innocence d’impressions, une telle fleur d’âme ; se complaire à de pareilles questions et avoir l’idée de se les poser, en même temps que le zèle et l’espoir d’y ramener les autres : « Croyez-moi, s’écrie-t-il à propos de Bossuet et dans sa religion pour ce grand homme, ne vous figurez jamais en avoir fini avec ces œuvres parfaites. […] Il estime que depuis le christianisme, l’homme reconnu infirme et malade, éclairé sur ses misères, a plus besoin de consolations, de secours divin ; qu’insulter à l’humanité depuis le christianisme, la railler ou la mépriser, si l’on ne va aussitôt jusqu’au remède, est chose plus grave qu’auparavant, et qui tire plus à conséquence. […] Depuis ce jour-là, je dis de M. de Sacy, qu’il est le sens commun le plus délicat de l’Académie, puisqu’il a été malade d’une sotte chose. — On le voit assez, chez M. de Sacy, la personne et les écrits sont dans un parfait accord ; l’homme est d’une pièce.
Ce malheureux homme, au milieu de ses extravagances, avait un vague instinct et un pressentiment de la destinée funeste qu’il se tramait de ses propres mains : il répétait souvent, parlant à la grande-duchesse elle-même, quand elle essayait encore de le ramener à l’idée du rôle qu’il aurait à remplir, « qu’il sentait qu’il n’était pas né pour la Russie, que ni lui ne convenait aux Russes, ni les Russes à lui, et qu’il était persuadé qu’il périrait en Russie. » Les Anciens avaient personnifié l’imprudence et l’aveuglement des hommes sous la figure d’une déesse aussi terrible que Némésis, aussi inévitable que la Destinée elle-même : Atè, c’était son nom. […] Vers ce même temps (1755), arriva à Pétersbourg, en qualité d’ambassadeur d’Angleterre, sir Charles Hanbury Williams, amenant à sa suite le jeune Poniatowsky : cet Anglais, homme d’esprit et de hardiesse, d’une conversation amusante, encouragea la grande-duchesse dans son esprit d’émancipation, et elle noua même avec lui, à ce début de la guerre de Sept Ans, une intrigue politique dans le sens de l’Angleterre et aussi de la Prusse contre la France. […] Voyant cela, je sortis, en fermant la porte après moi, et tout de suite je m’en allai trouver sa belle-sœur, à laquelle je dis qu’il fallait aller prendre une bonne poignée d’orties et en fouetter cet homme, qui se conduisait si insolemment depuis longtemps avec nous, afin de lui apprendre à nous respecter. […] Tout cela se traitait comme un pur badinage et sans colère, mais notre homme s’en ressentit assez pour s’en ressouvenir et ne s’y exposa plus. » Cependant les choses sérieuses avaient leur tour ou plutôt ne cessaient de se poursuivre sous le couvert de ces jeux, et les grands desseins que la mort de l’Impératrice pouvait, d’un moment à l’autre, amener au jour et faire éclore, couvaient et mûrissaient en silence. […] Je savais que j’étais homme (elle parle comme Sulpicius à Cicéron dans cette lettre célèbre de consolation pour la mort de sa fille Tullia, quoniam homo nata fuerat), et par là un être borné, et par là incapable de la perfection ; mais mes intentions avaient toujours été pures et honnêtes.
Un seul point inquiétait encore l’observateur : c’était de savoir si la condition des femmes chez ces peuples est aussi inférieure qu’on le dit, et si elles y sont entièrement soumises et subordonnées à l’homme. […] Une après-midi qu’il était avec son truchement à interroger le chef de famille, deux femmes entrèrent brusquement sous la tente, et l’une d’elles assaillit de paroles très vives le pauvre homme qui était son mari et qui se tenait coi, l’oreille basse. […] Serait-ce donc une loi fatale que plus l’homme s’élève dans l’échelle de la civilisation, moins il est satisfait et content de son sort ? […] Il avait passé de l’étude des métaux à celle des hommes ; il passait maintenant de celle-ci au traitement des sociétés : il se préparait à aborder résolument les questions de réforme. […] De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.
Quand vous voyez un homme attaqué avec acharnement, avec furie, par toutes sortes de gens (et même d’honorables mais intéressés) et par toutes sortes de moyens, soyez bien sûr que cet homme a une valeur et qu’il y a là-dessous quelque bonne et forte qualité en jeu et qu’on ne dit pas. […] Ce n’est point à cette révolution même que je l’impute, mais au manque absolu de direction morale qui a suivi, et auquel les hommes d’État les mieux intentionnés n’ont pas eu l’idée, ou le temps et le pouvoir, de porter remède. […] Lorsque, il n’y a pas moins de treize à quatorze ans, au lendemain de la révolution de Juillet, cette Revue comme nça, et qu’elle conçut la pensée de naître, elle dut naturellement s’adresser aux hommes jeunes et déjà en renom, aux écrivains et aux poëtes que lui désignait leur plus ou moins de célébrité. […] Voilà le vrai ; et de plus, il est résulté de ces années d’expérience et de pratique commune que cette doctrine critique, qu’on cherchait à introduire dès l’abord, s’est formée de la manière dont ces sortes de choses se forment le mieux, c’est-à-dire lentement, insensiblement, comme il sied à des hommes d’âge déjà mûr, qui ont passé par les diverses épreuves de leur temps, et qui sont guéris des excès. […] de moins en moins sentie, et qui a fait le charme des plus délicats parmi les hommes.
Je ne suis pas un homme politique proprement dit ; j’envisage volontiers les choses par le côté des lettres et de l’observation morale. […] » Mais si un autre jour, et cela a dû arriver bien des fois, on disait à quelqu’un de ces hommes d’État qui ne comptaient point dans leur spécialité l’opinion, qui n’en paraissaient pas même soupçonner l’existence et les courants cachés persistants : « Mais prenez garde ! vous n’avez rien gagné auprès des hommes considérables du passé : et ces hommes, tout évincés et déchus qu’ils sont, ont encore leur clientèle ; ils recrutent de jeunes partisans : vous avez contre vous et d’une façon si déclarée qu’on n’y peut fermer les yeux, vous avez contre vous l’Académie française : « Ah ! […] une leçon pour devoir prêter plus d’attention à ce genre de mérite, de talent si cher de tout temps à la France, et pour se soucier davantage de la valeur des hommes ? […] Un homme sage, un bon esprit qui avait traversé honorablement la Révolution, M.
Mais si ce voyageur n’étoit point un menteur, c’étoit du moins un homme fort crédule. […] Dix hommes voyent le même pays & ne voyent pas les mêmes choses. […] L’auteur qui a été Curé dans cette partie de l’Afrique, a tout vu de ses yeux, & il paroît par son livre qu’il voyoit en homme intelligent. […] La destinée de l’homme est d’être trompé sur ce qu’il ne voit pas de ses propres yeux. […] Un homme du monde, un homme qui veut approfondir les hommes de tous les pays, doit vivre avec eux ; & pour cela, il ne suffit pas de visiter des cabinets de curiosité ou de lorguet des antiquailles.
Il est quelquefois cassant ; il est quelquefois un peu trop admiratif et ami de tout le monde ; il est quelquefois, à votre goût, trop tourné du côté du passé ou au contraire trop attiré vers les nouveautés, et homme qui découvre tous les matins un nouveau chef-d’œuvre, ce qui lui fait oublier celui qu’il a découvert hier ; il est quelquefois l’homme qui n’a que de la mémoire et qui cite presque sans choix, et vous le trouvez monotone ; il est quelquefois l’homme qui, en parlant des autres, songe surtout à lui et qui, dans l’esprit des auteurs, ne trouve presque qu’une occasion de faire admirer celui qu’il a ; mais quels que soient ses défauts vous l’aimez toujours un peu : le lecteur aime celui qui lit et qui lui parle de lectures, et en vient même, par besoin de confidences intellectuelles à faire et à recevoir, à ne pouvoir plus se passer de lui Eh bien ! […] J’ai souvent dit : un critique est un homme qui sert à vous faire lire un auteur à un certain point de vue et dans certaines dispositions d’esprit qu’il vous donne. […] Si vous êtes plutôt et surtout ou même uniquement un homme de sentiment, de sensibilité, d’émotion, quelles émotions M. […] J’ai vécu pendant quelques années dans une société d’hommes très intelligents, très lettrés, de beaucoup de goût, très décisionnaires aussi, qui parlaient sans cesse des ouvrages nouveaux. […] Elle est funeste en soi ; elle fait des sots ; elle fait en choses littéraires des hommes tout pareils à ceux qui, en politique récitent, les articles de fond de leur journal ; elle fait des hommes-reflets ; elle fait des hommes qui sont des lunes ; il ne faut pas aspirer à être un soleil mais il ne faut pas non plus être comme la lune.
S’ils sont en outre bien écrits, ils réunissent tout ce qui charme l’homme. […] C’est l’homme tout entier. […] Ce méchant homme se chargea lui-même d’intimer l’ordre et de l’exécuter. […] Quinze hommes, sans exagération, épuiseraient sur un tel plat la plus ardente faim. […] Les fonctions de cet officier exigent donc qu’il ait cessé d’être homme.
Il s’arrêta au problème imprécis par excellence : qu’est-ce que l’homme ? L’amour l’y mena : c’est dans l’amour qu’il sent l’homme éphémère, par le sujet et par l’objet. […] L’homme est plus grand que Dieu, car l’homme, au moins, peut se donner et mourir pour ce qu’il aime. […] Il se définissait « un homme pour qui le monde extérieur existe ». […] Gautier, l’Homme, la Vie et l’Œuvre, 1893, in-18.
Aussi est-ce à un point de vue non officiel et absolument amical qu’il vous prie de faire connaître votre pièce à l’homme de lettres Édouard Thierry, à qui elle inspire une vive curiosité. […] Nous, les seuls hommes de lettres qu’on ait fait asseoir, en 1852, entre des gendarmes, sur les bancs de la police correctionnelle, pour délit de presse ! […] Nous y trouvâmes toutes les libertés et presque toutes les intelligences, des artistes et des hommes de lettres comme nous, des philosophes, des savants, des poètes : M. […] La pièce, intitulée Les Hommes de lettres, était l’embryon du roman qui a pour titre aujourd’hui Charles Demailly. […] Qu’on ne me prête pas du dépit, de la mauvaise humeur, le sentiment bas et rancunier d’un homme qui ne veut pas que les autres réussissent là où il a échoué.
Comment ces hommes de génie ne réformoient-ils pas leur siécle ? […] C’étoit un homme de grand sens plûtôt qu’un homme d’esprit, ou plûtôt qu’un homme d’imagination, à prendre ces termes dans le sens qu’on y attache d’ordinaire. […] Point de périodes compassées : il néglige le nombre, il méprise l’élégance ; & un des hommes du monde qui possédoit le mieux l’art, paroît devoir tout à la nature. […] Le Pere Massillon y parut presque en même tems que lui & y cueillit des lauriers, qui n’étoient faits que pour un homme d’un grand génie. […] Il vivoit d’une maniere conforme à la morale qu’il prêchoit ; c’étoit un homme simple ; & qui, sous un extérieur peu imposant, cachoit un très-grand mérite.
David, Homère, Virgile, Le Tasse, Milton et Corneille, ces hommes, dont chacun représente une poésie et une nation, n’ont de commun entre eux que le génie. […] Quelques hommes distingués s’en étonnent, et il n’y a précisément dans tout cela d’étonnant que leur surprise. […] — Ici se présente une objection spécieuse et déjà développée avec une conviction respectable par des hommes de talent et d’autorité. […] Ce qu’il y a de sublime et d’immortel dans l’homme se réveille comme en sursaut, au bruit de toutes ces voix merveilleuses qui avertissent de Dieu. […] Aux premières attaques des novateurs, la religion et la morale se fussent réfugiées dans le sanctuaire des lettres, sous la garde de tant de grands hommes.
Le pauvre homme, que celui qui n’imagine dans cette circonstance qu’un troupeau de femmes de chambre ! […] Tout ce qui prêche aux hommes la dépravation est fait pour être détruit, et d’autant plus sûrement détruit, que l’ouvrage sera plus parfait. […] Et si ces pensées qui ne sont pas tout à fait ridicules s’élèvent, je ne dis pas dans un bigot, mais dans un homme de bien, et dans un homme de bien je ne dis pas religieux, mais esprit fort, mais athée, âgé, sur le point de descendre au tombeau, que deviennent le beau tableau, la belle statue, ce groupe du satyre qui jouit d’une chèvre, ce petit Priape qu’on a tiré des ruines d’Herculanum ; ces deux morceaux les plus précieux que l’antiquité nous ait transmis, au jugement du baron de Gleichen et de l’abbé Galiani, qui s’y connaissent ? […] Je sais que celui qui supprime un mauvais livre ou qui détruit une statue voluptueuse, ressemble à un idiot qui craindrait de pisser dans un fleuve, de peur qu’un homme ne s’y noyât. […] C’est que tout ce qui s’est fait de bien chez un peuple se rapporte à un seul homme ; c’est que cet homme jaloux de toute gloire ne souffre pas qu’un autre soit honoré, c’est qu’il n’y a que lui.
Les compatriotes des grands artisans, peuvent-ils donner aux beaux arts cette attention qui les encourage avec tant de succès, s’ils ne vivent pas dans un temps où il soit permis aux hommes d’être plus attentifs à leurs plaisirs qu’à leurs besoins. […] Un habile homme peut se consoler d’un mépris qui tombe sur son art. […] Les hommes ne se flattent point intérieurement autant qu’on le croit communément. […] Les hommes qui ne sont ni souverains, ni ministres, ni trop proches parens des uns et des autres, ont des occasions si fréquentes de connoître ce qu’ils valent véritablement, qu’il faut bien qu’ils s’en doutent à la fin, à moins qu’ils ne soient pleinement stupides. […] Ce genre de mérite faisoit d’un homme du commun un personnage, et il l’égaloit à ce qu’il y avoit de plus grand et de plus important dans un état.
Aujourd’hui, un homme d’esprit, et audacieux… pour un professeur, s’est permis de donner une édition de Pierre Saliat et de manquer ainsi au pédantisme routinier qui mène le monde. […] Venu plus tard, comme Thucydide, par exemple, qui vit flotter au-dessus de son jeune front la barbe de l’homme d’Halicarnasse et qui l’entendit lire son histoire aux Jeux olympiques, il n’aurait plus été, à génie égal, le même Hérodote. […] Sceptique, raisonneur, politique, homme d’État, Thucydide, lui, ne pourrait jamais s’appeler le bon Thucydide. […] En un mot, c’est ce scélérat adoré de La Fontaine, c’est cet hypocrite de naïveté, qu’on aime comme le plus vrai des hommes quand il n’est peut-être que le plus profond et le plus retors des artistes ! […] Laissons à Villemain la peine de répéter les vieilles sottises de La Harpe, cet homme de goût !
Pour ma part, je serai toujours reconnaissant, comme d’une attention qu’on aura eue pour moi, de voir un homme se préoccuper d’être piquant et chercher des formes nouvelles, quand il ne les attraperait qu’à moitié. […] Quand un homme est original en Angleterre, il l’est toujours deux fois, parce qu’il a l’originalité de sa race par-dessus ou par-dessous la sienne, tandis qu’en France, quand on l’est, on ne l’est qu’une fois, et même c’est beaucoup ! […] C’est là qu’il a fait ses humanités et appris son humanité, l’homme étant dans l’Histoire tout entier, espèce, genre et individualités. […] … L’anecdote serre l’homme de près, le déshabille, l’habille et ne babille point, mais le pointille souvent d’un mot ! […] Il en cite plusieurs sur Louis XI, qu’il appelle spirituellement l’échevin Louis le Onzième, et qui peignent l’homme, cet homme de bonhomie que Béranger prenait — oh !
Il était riche, ou du moins il avait assez pour ne pas craindre ce cruel baiser de la misère qui est une morsure dont les faibles meurent, mais qui fait regimber jusqu’au ciel un homme vraiment fort ! […] Homme d’imagination plus savante que dévorante, il aimait les choses d’art, les belles étoffes, les armes, les camées, les urnes antiques, tout le bric-à-brac des civilisations lointaines et disparues, qui donnaient à son imagination l’élan fécond qu’elle n’avait pas naturellement. […] comme voyageur, qui regarde et comme peintre de ce qu’il a vu, ce n’est pas un homme de l’acuité de regard et de la puissance pittoresque du marquis de Custine, un voyageur à peu près du même temps. […] Ce sont des sornettes de sonnet… La critique qui vient tard, mais qui vient, et qui doit dire sur un homme des choses justes et définitives, ne se paie point de ces mièvreries. […] Elle ne demande pas contre ce pauvre jeune homme, qui est mort homme, le coup de colère d’une réaction.
L’homme même est une vibration, son esprit un mouvement. […] En effet nous portons la faute du premier homme. […] Elle a toujours pour cause le crime d’un homme qui usurpe la place de Dieu. […] Qu’est-il de plus impie qu’un homme qui ne voit pas ce qui est ? […] Je suis homme et l’on ne peut pas du moins m’en empêcher.
C’est qu’on n’exprimait, en ce temps-là, la nature même qu’en fonction de l’homme, et l’homme qu’en fonction de la société. […] Lamennais avait écrit : « L’abandon de soi, dans une société quelconque, est la première condition de l’existence de cette société La société humaine est fondée sur le don mutuel ou le sacrifice de l’homme à l’homme, ou de chaque homme à tous les hommes, et le sacrifice est l’essence de toute vraie société. […] Et s’il faut bien qu’il vive, en tant qu’homme, de la vie des autres hommes, il n’est artiste et naturaliste que dans la mesure où il s’en excepte. […] Mais Dumas n’en avait pas moins raison de rappeler que ce n’est point l’homme qui est fait pour l’art, mais au contraire l’art pour l’homme ; et c’est ce que personne aujourd’hui ne conteste. […] La Maison du berger] ; — sur l’isolement de l’intelligence parmi les hommes [Cf.
La religion, d’après l’étymologie elle-même, n’est-elle pas essentiellement un lien social (religare) ; lien entre les hommes et Dieu ; lien surtout des hommes entre eux56 ? […] Le moderne individualiste religieux, quand il fait appel à son expérience religieuse personnelle, n’est pas sans admettre au fond que cette expérience personnelle doit être aussi valable pour les autres hommes et il croit aux résultats heureux de sa religion non seulement pour lui, mais pour les autres. […] Ils ont reproché au christianisme d’être un égoïsme transcendant, d’isoler l’homme par la préoccupation du salut personnel et par là de le détacher de la solidarité sociale.
GASSENDI, [Pierre] Chanoine de Digne en Provence, Professeur de Mathématiques au Collége Royal, né à Chantiersier, Bourg du Diocese de Digne, en 1592, mort à Paris en 1656 ; un des hommes les plus éclairés de son temps, & celui qui, après Descartes, occupe le premier rang parmi les Philosophes François. […] Il répondit à un homme qui s’obstinoit à défendre la Métempsycose : Je savois bien que l’ame des Hommes, selon ce systême, devoit passer dans le corps des animaux ; mais vous m’apprenez que l’ame des animaux repasse dans le corps des Hommes : Réponse vraiment convenable à nos lumineux Matérialistes, qui renchérissent encore sur les Pythagoriciens.
Les contrastes qui frappent chez Laplace, Lagrange, Monge et Cuvier, ce sont, par exemple, leurs prétentions ou leurs qualités d’hommes d’État, d’hommes politiques influents, ce sont les titres et les dignités dont ils recouvrent et quelquefois affublent leur vrai génie. […] La pudeur de l’homme mûr a quelque chose de plus inviolable, et c’est le travail surtout qui marque le milieu de la journée. […] Ampère savait mieux les choses de la nature et de l’univers que celles des hommes et de la société. […] Les hommes ont besoin qu’on leur impose. […] Ampère aimait ou parfois craignait les hommes, il s’abandonnait à eux, il s’inquiétait d’eux ; il ne les jugeait pas.
Trois hommes l’exprimèrent, Hugo, en littérature, — Berlioz, en musique, — et, en peinture, Eugène Delacroix. […] Le Prix de Rome. — Étudions l’homme nouveau ! […] Le même souci qui avait amené la raison de Beethoven à concevoir l’Homme Bon, le conduisit encore à fonder la Mélodie de cet Homme Bon. […] Dans une chambre où l’air s’alanguit, autour d’un piano, six hommes se tiennent, pieusement. […] La musique doit révéler l’homme bon, l’homme d’amour.
Il n’y a point de choses, point d’hommes, point de monde ; ou, plutôt, il y a tout cela, mais parce que l’Être se doit, nécessairement, projeter en des apparences. […] Il n’en pouvait être, ainsi pour Wagner, car il était artiste, c’est-à-dire le plus homme des hommes. […] Avec son sens supérieur, sa conscience clairvoyante et tout son savoir il ne voulait être rien autre chose que pleinement et complètement un homme, un homme capable de sentir et d’éveiller des impressions chaleureuses. Oh oui, il ne voulait être qu’un homme, pas un Dieu. […] En effet l’artiste n’est rien autre chose que l’homme en qui les conflits, dont le champ est l’humanité toute entière, se manifestent avec le plus de force.
La musique va être le langage du « sentiment humain » ; et Richard Wagner tâche maintenant à représenter, à expliquer ; par le langage de la musique, l’homme sensationnel qu’il était. […] Or, un homme, Klingsor de son nom, pâlissait d’une ambition méchante ; il voulait s’emparer de la sainte relique du Gral, toute puissance devant lui en descendre. […] Voilà les philosophes, hommes, prétentieux d’expliquer l’homme ; comme si tout le possible travail des métaphysiques n’avait pas été tenté pendant l’antiquité païenne. Voilà les rêveurs et les actifs des politiques, hommes, oseurs de conduire les hommes ; comme si l’anarchie ne résultait pas de la chute des autorités. […] Qu’elle est belle et qu’elle est vaine, l’œuvre de cet homme de merveilles !
Mesnard et en voyant un magistrat éminent et un homme politique aussi distingué profiter de quelques moments de loisir pour traduire Dante comme autrefois l’on traduisait Horace, ma première pensée a été de me dire qu’il avait dû se passer en France toute une révolution littéraire, et qu’un grand travail s’était fait dans les portions les plus sérieuses de la culture intellectuelle et du goût. […] Ce divin Dante fut, dit-on, un homme assez malheureux. […] Il est plaisant que, même sur ces bagatelles, un homme qui pense n’ose dire son sentiment qu’à l’oreille de son ami. Ce monde-ci est une pauvre mascarade… Ce pauvre homme (il s’agit d’un abbé Marini, un admirateur de Dante à Paris, et que pour cela Voltaire vient d’appeler un « polisson »), ce pauvre homme a beau dire, le Dante pourra entrer dans les bibliothèques des curieux, mais il ne sera jamais lu. […] Mais celui qui a le plus fait dans cette voie ardue, et qui a le plus travaillé à l’aplanir, est un homme déjà ravi par la mort, et qui jeune, dès l’entrée, avait fait quelques pas de plus dans la direction de Fauriel.
« Je tâchais donc de gagner sur mon amour-propre de n’être pas jalouse d’un homme qui ne m’aimait pas ; mais pour n’en être pas jalouse, il n’y avait d’autre moyen que de ne pas l’aimer. […] Il est bon de savoir que l’Impératrice Élisabeth était très-bien en homme ; elle était ce qu’on peut appeler la plus belle jambe de son empire ; elle dansait en perfection, et il était naturel dès lors quelle se plût à donner des bals masqués où tous les hommes étaient en habits de femme, toutes les femmes en habits d’homme. […] Un jour, à un de ces bals, je la regardais danser un menuet : quand elle eut fini, elle vint à moi ; je pris la liberté de lui dire qu’il était fort heureux pour les femmes qu’elle ne fût pas homme, et que son portrait seul ainsi peint pourrait tourner la tête à plus d’une. Elle prit très-bien ce que je lui dis et me répondit sur le même ton, le plus gracieusement du monde, que si elle était homme ; ce serait à moi qu’elle donnerait la pomme. […] Cependant, quand les dames avaient ordre d’y venir en habits d’homme, j’y venais avec des habits superbes, brodés sur toutesles coutures ; ou d’un goût fort recherché, et cela passait alors sans critique : au contraire cela plaisait à l’Impératrice, je ne-sais pas trop pourquoi (on vient de voir au contraire qu’elle soupçonne bien pourquoi).
L’archéologue même, avec lui, empiétait un peu sur l’artiste et l’homme de goût. […] « S’il lisait de l’histoire, il aurait voulu être historien ; si des relations militaires, général d’armée ; si de la géologie, géologue ; si de la politique, homme mêlé aux grandes affaires. […] Il ne le disait pas ; si près qu’on fût de lui, on n’aurait jamais entendu une plainte ; il avait sa pudeur d’auteur, mais il avait aussi sa conscience d’homme de talent. […] Frohberger était de ces artistes malheureux… » Adoucissons cependant les tons : Halévy était une nature trop riche, trop multiple, trop ouverte et communicative, il était trop bien organisé par tous les sens, il était trop accessible aux douceurs de la sociabilité et aux joies de la famille, il était trop le contraire en tout d’un homme blasé, et avait, comme on dit, trop de cordes à son arc, pour être longtemps ou profondément malheureux. […] L’homme éminent qui représente et personnifie le mieux cette Académie, M.
Viollet-Le-Duc, né en 1814, avait pour père un homme d’esprit et fort instruit, qui a laissé sa trace dans l’étude critique de notre poésie au xvie siècle, et pour oncle il avait M. […] Que de courses archéologiques je me rappelle et à Paris et hors de Paris, à l’abbaye de Saint-Denis, à l’église de Sarcelles, à Écouen, ou tout simplement au réfectoire de Saint-Martin des Champs, en la compagnie de ces savants hommes ; que d’occasions de bien savoir et d’apprendre, dont j’ai trop peu profité ! […] De quelle façon les premiers hommes qui, après le besoin de se loger et de s’abriter, eurent l’idée de se faire un tombeau ou d’élever un monument, un temple en l’honneur de l’Être qu’ils adoraient, de quelle façon instinctive et inexpérimentée s’y prirent-ils dans les différents groupes de la famille humaine ? […] Viollet-Le-Duc se soit piqué d’honneur et ait tenu à faire ses preuves d’homme de goût ? […] monsieur Beulé, homme de mérite et de talent comme vous l’êtes, et à qui il ne doit pas coûter d’en reconnaître chez les autres, convenez que ce n’est pas trop mal pour un de ces « architectes diocésains », que vous accusiez l’autre jour de n’avoir d’yeux que pour le Moyen-Âge.
Rousseau, qu’à la moins fantastique de toutes les époques, il a été le moins fantastique de tous les hommes. […] » Ne plus voir les autres hommes, ses frères en douleurs, voilà ce qui afflige surtout le mourant. […] Et pourtant il aurait dû, ce semble, comprendre la force de ce cantique si rempli d’une pieuse tristesse, l’homme malheureux, et peut-être coupable, que Dieu avait frappé à son midi, et qui avait besoin de retrouver le reste de ses jours pour se repentir et pleurer. […] L’ode politique n’a aucun caractère dans Rousseau : il en partage la faute avec les événements et les hommes qu’il célèbre. […] De nos jours, si féconds en grands événements et en grands hommes, il en est advenu tout autrement.
Ils se sont montrez sur tant de théatres, que tout homme un peu lettré les reconnoît d’abord à leurs attributs. […] Nous sommes en habitude de nous prêter à la supposition que ces divinitez aïent existé veritablement dans ces tems-là, parce que les hommes croïoient alors leur existence. […] Dans l’un, le peintre a répresenté l’homme tyrannisé par les passions, et dans l’autre, il exprime d’une maniere simbolique l’empire de la vertu sur les passions. […] Au lieu de nous parler la langue des passions qui est commune à tous les hommes, ils ont parlé un langage qu’ils avoient inventé eux-mêmes, et dont les expressions proportionnées à la vivacité de leur imagination, ne sont point à la portée du reste des hommes. […] Les hommes inspirez pouvoient bien emploïer des paraboles, pour nous exposer plus sensiblement les veritez que Dieu nous reveloit par leur bouche.
Elle a passé une partie de sa vie en habit d’homme. […] nous regardaient, nous, critiques et juges à la manière des hommes, qui n’avons à voir que le fait du livre, et à le condamner, s’il est mauvais. […] Mirabeau disait : « tout homme courageux est homme public le jour des fléaux, et les mauvais livres sont des fléaux », Madame ! […] l’appeler le plus grand homme de son époque. Qui, de l’homme ou de l’époque, voulait-il insulter ?
Et c’est par là que Rollinat, tout en leur ressemblant, diffère d’Edgar Poe, l’ivrogne sublime, et de Baudelaire, l’homme au hatchich des Paradis artificiels. Pour être poétiquement diabolique, Rollinat, cet homme de nervosité naturelle, n’a besoin ni de piments, ni de moxas, ni de cantharides. […] Comme si on pouvait faire la preuve mathématique de la sincérité d’un homme ! […] D’homme qu’il n’ait pas possédé comme le démon possède, d’homme qui reste se possédant lui-même avec ce terrible sorcier et qui se rende compte froidement de ses sorcelleries, à l’heure présente, je n’en connais pas. […] Mais l’homme qui secoue de telles peurs est assurément un poète d’une énergie plus grande que celle des autres poètes contemporains, dont, certes !
Quittez les grands hommes, écoutez les conversations, lisez les lettres de tout le monde ; vous ne concevrez pas qu’on ait pu écouter sans bâiller des choses si vides. […] Cousin est une aristocratie, et la haute naissance, il est vrai, enseigne la fierté, parfois la grandeur d’âme, toujours l’élégance et les belles manières ; avec la richesse elle donne la sécurité, le loisir, le goût pour les occupations de l’esprit ; elle fait des hommes du monde, des hommes de guerre, des hommes de cour, et quelquefois des hommes de cœur. […] Comment cet homme heureux a-t-il pu, sans mourir, supporter cet excès de félicité céleste ? […] Belle affaire pour un homme de ma qualité ? […] Après les hommes, « consultons les femmes. » D’abord, Mme de Motteville, puis la Grande Mademoiselle, puis Mlle de Vandy.
Les réserves que l’orateur a cru devoir apporter à ses éloges ne sauraient surprendre ; les hommes de l’ordre de M. […] Ce n’est pas à eux, d’ailleurs, à ces hommes d’État qui ont senti à leur jour tout le poids du gouvernement, qu’il est besoin de rappeler la gravité et la mesure. Une réflexion toutefois qu’on ne pouvait s’empêcher de faire en assistant aujourd’hui à cette fête de l’esprit, c’est que si pareil intérêt est excité par une réunion académique, si des hommes qui autrefois se sont combattus dans l’arène parlementaire, et qui n’ont certes pas été exempts d’injustices les uns envers les autres, étaient assis là sur le même banc, tout prêts à écouter et à applaudir une parole élevée, à jouir d’un noble talent ; si bien des préventions, des colères ont complètement disparu, et si les esprits, délivrés des craintes et comme désintéressés de leurs propres passions, s’étaient donné là rendez-vous dans un concours d’admiration et de bienveillance, on le devait à quelqu’un et à quelque chose. […] Combien de fois, lorsqu’il m’arrivait d’écrire sur des hommes de la fin du xviiie siècle qu’il avait connus, ne m’adressa-t-il point, par la main de sa respectable compagne, des souvenirs à lui personnels, des particularités qui lui revenaient à l’esprit, des encouragements à poursuivre ! […] Dans le peu de remarques que je viens de faire j’ai cru témoigner encore de mon respect envers des hommes dont je suis honoré de me dire le confrère.
Quelle poignée de vainqueurs devant une population indifférente ou hostile de plus de trente millions d’hommes ! — Le grand événement littéraire a été la mort de Casimir Delavigne ; il a été unanimement regretté, et il était bien de voir si populaires et si solennelles les funérailles d’un homme qui n’avait été que poëte et n’avait voulu être que cela. […] Campenon, mort il y a un mois environ, n’était qu’un poëte gracieux de l’école de Delille, et un homme de goût, né à la Guadeloupe et paresseux comme un créole. […] Vatout, député, directeur des Bibliothèques du roi, et auteur d’une Histoire des Châteaux royaux, est aussi fort en instance ; il est homme d’esprit et joyeux convive (good fellow) plutôt que littérateur ; ce ne serait pas une raison pour qu’il ne réussît pas. […] Janin dans son feuilleton (du lundi 18) en a parlé avec une légèreté scandaleuse, en prodiguant l’insulte à l’un des hommes les plus distingués de la littérature d’alors.
Cette révolution peut, à la longue, éclairer une plus grande masse d’hommes ; mais, pendant plusieurs années, la vulgarité du langage, des manières, des opinions, doit faire rétrograder, à beaucoup d’égards, le goût et la raison. Personne ne conteste que la littérature n’ait beaucoup perdu depuis que la terreur a moissonné, en France, les hommes, les caractères, les sentiments et les idées. […] Ce que la morale commande dans les actions n’est jamais douteux ; mais souvent on hésite, souvent on se repent de ses opinions même, lorsque des hommes odieux s’en saisissent pour les faire servir de prétexte à leurs forfaits ; et la vacillante lumière de la raison ne rassure point encore assez dans les tourmentes de la vie. Néanmoins, ou l’esprit ne serait qu’une inutile faculté, ou les hommes doivent toujours tendre vers de nouveaux progrès qui puissent devancer l’époque dans laquelle ils vivent. […] Si vous portez des talents supérieurs au milieu des passions humaines, vous vous persuaderez bientôt que ces talents mêmes ne sont qu’une malédiction du ciel ; mais vous les retrouverez comme des bienfaits, si vous pouvez croire encore au perfectionnement de la pensée, si vous entrevoyez de nouveaux rapports entre les idées et les sentiments, si vous pénétrez plus avant dans la connaissance des hommes, si vous pouvez ajouter un seul degré de force à la morale, si vous vous flattez enfin de réunir par l’éloquence les opinions éparses de tous les amis des vérités généreuses.
Paulus, interviewé par un reporter du Gaulois, « demande pardon à Dieu et aux hommes d’avoir fait le boulangisme ». […] Alors, lui : — Oui, j’ai vu les hommes à nu ; j’ai touché le fond de l’ingratitude humaine. […] Il sut grouper les mécontentements, les appétits et les rancunes, et, à la tête d’un parti où figuraient ensemble des hommes de la Commune, des radicaux pressés d’arriver au pouvoir, des royalistes et des impérialistes, unis seulement pour la lutte et n’ayant en commun que des haines et des négations, il marcha à l’assaut du parlementarisme et put, un moment, aspirer à la dictature. […] Car, à moins qu’il ne soit devenu un grand sage pour avoir vu les hommes de près ou qu’il n’ait été secouru par une heureuse frivolité de caractère, cet homme si rudement tombé, et de si haut, doit, à l’heure qu’il est, souffrir infiniment.
Le recueil de ses chansons représente tout un petit monde où l’homme fait entendre plus de soupirs que de cris de gaîté et où la nature, dont notre poète sent admirablement l’immortelle fraîcheur, semble avoir mission de consoler, d’apaiser, de dorloter le pauvre et l’abandonné. […] L’éternelle révolte de l’homme contre les lois inéluctables est aussi vieille que le monde ; elle exhalera éternellement sa plainte inutile. […] Pierre Dupont amène l’homme à se réjouir de sa royauté d’un instant ; il lui persuaderait, à force d’optimisme et de bonne humeur, que l’univers se rapporte à lui. […] À force de vouloir l’homme heureux, il parviendrait à le rendre tel, par un miracle de charité. […] Il encourage un par un tous les métiers, il anoblit toutes les tâches qu’accomplit l’homme, aux villes comme aux champs.
Soit qu’il peigne les Hommes, soit qu’il parle de Littérature, de Morale ou de Politique, il fait briller par-tout une finesse de raison, qui ne laisse rien à désirer au Lecteur. […] Quel Homme de goût ne mettra pas ses Réflexions sur les divers Génies du Peuple Romain, au dessus de tout ce que ce Littérateur Géometre a écrit dans les cinq volumes de Mélanges qu’il a publiés ? […] Un homme, continue-t-il, qui sait mêler les plaisirs & les affaires, n'en est jamais possédé ; il les quitte, il les reprend, quand bon lui semble. […] Mecenas , dit-il, étoit homme de bien, de ces gens de bien néanmoins doux, tendres, plus sensibles aux agrémens de la vie, que touchés de ces fortes vertus qu'on estimoit dans la République. Il étoit spirituel, mais voluptueux, voyant toutes choses avec beaucoup de lumiere, & en jugeant sainement, mais plus capable de les conseiller que de les faire ; ainsi, se trouvant foible, paresseux, & purement Homme de Cabinet, il espéroit de sa délicatesse, avec un Empereur délicat, ce qu'il ne pouvoit attendre du Peuple Romain, où il eût fallu se pousser par ses propres moyens, & agir fortement par lui-même ».
Rappelons d’abord cet axiome : Les hommes sont portés naturellement à consacrer le souvenir des lois et institutions qui font la base des sociétés auxquelles ils appartiennent. […] Les caractères poétiques, qui sont l’essence des fables, naquirent d’une impuissance naturelle des premiers hommes, incapables d’abstraire du sujet ses formes et ses propriétés ; en conséquence, nous trouvons dans ces caractères une manière de penser commandée par la nature aux nations entières, à l’époque de leur plus profonde barbarie. — C’est le propre des barbares d’agrandir et d’étendre toujours les idées particulières. […] C’est pour cela peut-être que dans les poètes grecs et latins les images des dieux et des héros apparaissent toujours plus grandes que celles des hommes, et qu’aux siècles barbares du moyen âge, nous voyons dans les tableaux les figures du Père, de Jésus-Christ et de la Vierge, d’une grandeur colossale. — 7. […] Pétrarque, avec toute sa science, a pourtant chanté dans un poème latin la seconde guerre punique ; et dans ses poésies italiennes, les Triomphes, où il prend le ton héroïque, ne sont autre chose qu’un recueil d’histoires. — Une preuve frappante que les premières fables furent des histoires, c’est que la satire attaquait non-seulement des personnes réelles, mais les personnes les plus connues ; que la tragédie prenait pour sujets des personnages de l’histoire poétique ; que l’ancienne comédie jouait sur la scène des hommes célèbres encore vivants. […] Ces premiers hommes, qu’on peut considérer comme représentant l’enfance de l’humanité, durent posséder à un degré merveilleux la faculté de la mémoire, et sans doute il en fut ainsi par une volonté expresse de la Providence ; car, au temps d’Homère, et quelque temps encore après lui, l’écriture vulgaire n’avait pas encore été trouvée (Josèphe, Contre Apion).
Casimir Delavigne semblait comprendre de loin que ce monde si aimable, si flatteur et tout à fait engageant, s’il aguerrit l’homme, intimide parfois le talent. […] Pur homme de lettres, sérieusement occupé de la conception de ses ouvrages, les méditant longuement à l’avance, les composant et les retenant même (circonstance singulière !) […] Un frère, un aîné, homme d’esprit et de talent, s’oubliait avec bonheur en ce frère préféré, qui devenait le chef des siens. […] Casimir Delavigne resta et voulut rester homme de lettres : c’est une singularité piquante en ce temps-ci, un trait de caractère bien digne d’être étudié. […] Hommage solennel et attendrissant, quand il est pur des intérêts de parti ou des prestiges de la puissance, quand il s’adresse au simple particulier, et qui atteste sincèrement alors que l’homme de talent qu’on pleure eut en effet avec la foule, avec la majorité des autres hommes, des qualités communes affectueuses, de bons et généreux sentiments, des sympathies patriotiques et humaines !
Marivaux est trop près de Fontenelle, pour qu’on s’étonne de le voir prendre ce rôle : il le fait sans violence et sans âpreté, avec une grâce malicieuse, semant les hypothèses et les paradoxes de l’air d’un homme qui n’en soupçonne pas la portée. […] Elles sont plus franches et plus faibles que les hommes. […] Tous les hommes ont été, ou ont pu être, plus ou moins, Dorante et Lucidor ; toutes les femmes ont été, ou ont pu être, plus ou moins, Angélique, Silvia, Araminte. […] Quand toutes les pensées de l’homme se rabattent vers la terre, le plaisir prend une valeur infinie. […] Mais alors l’observation psychologique disparaît : la sensibilité commande certaines façons de voir et d’expliquer l’homme.
La différenciation sociale ne différencie pas forcément les hommes intellectuellement et moralement. […] Il lui suffit d’avoir un certain nombre d’hommes ; peu lui importe lesquels. […] La seule multiplication des groupements auxquels un même homme peut appartenir rend ces groupements à la fois moins exclusifs et moins oppressifs. […] Par exemple, un homme fait partie, comme fonctionnaire, d’une administration de l’État ; de l’Université, je suppose. […] L’homme qui pense sous la loi du groupe pourrait demander à tout moment : qui trompe-t-on ici ?
Je ne parle pas des bourreaux et de leurs aides, ni des hommes politiques, ces lâches professionnels : un pareil tas d’immondices est au-dessous de la parole. Mais, dans le bataillon même des sauveteurs, un seul homme s’est révélé : Picquart. […] En assises, au lieu de la fierté du champion de la justice, il montra la vanité de l’homme de lettres et la flagornerie de l’accusé. […] Personne encore n’est « monté plus haut dans le respect et dans l’amour des hommes ». […] Il classe naïvement les hommes en bons et en méchants.
M. de Sergines est un homme d’honneur ; la marquise est la plus dévouée des maîtresses. […] La marquise donne trop vite dans ce piège grossier ; elle devrait au moins pressentir quelle espèce d’homme est ce Vernouilhet. […] Quel spectacle que celui des hommes de lettres s’injuriant du livre au théâtre, du roman à la comédie, et se jetant, devant le public, leurs encriers à la tête ! […] On le voit même, un moment, se conduire comme un galant homme. […] Mais la conscience de l’homme est atteinte par son agression autant que le rôle de l’écrivain.
Voilà des millions d’hommes qui n’ont jamais entendu parler de vous, qui n’en entendront jamais parler, et qui s’en passent. […] Tous les hommes intelligents et tous les hommes de cœur s’y attachaient. […] C’est alors qu’il ouït parler du sultan Mahmoud, qui, dans sa cour de Ghaznin, s’entourait d’une pléiade de poètes, mettait au concours les histoires des anciens rois, et désirait un homme capable de les orner et de les embellir sans les altérer. […] Pourquoi l’homme de sens s’affligerait-il ? […] Mais, pour ne pas violer l’hospitalité, il envoie un homme grave demander la fille à son père.
L’esprit des hommes, qu’il bouleverserait en atomes, n’est pas capable de l’absorber dans de telles proportions sans le revomir, et une telle contraction donnée à l’esprit de ce temps, affadi et débilité, peut le sauver, en l’arrachant par l’horreur à sa lâche faiblesse. […] … Quand un homme et une poésie en sont descendus jusque-là, — quand ils ont dévalé si bas dans la conscience de l’incurable malheur qui est au fond de toutes les voluptés de l’existence, poésie et homme ne peuvent plus que remonter. […] Malgré la chétivité de ces rêves produits par l’opium ou le haschisch, et qui ne révèlent à l’homme que l’homme, c’est-à-dire ce qu’il sait trop déjà, l’auteur des Paradis a des passages qui emporteront les imaginations rêveuses, lesquelles chevauchent l’expression comme un hippogriffe ! […] Aimable homme ! […] Quincey fut plus heureux que Poe, mais il fut un homme de moindre organisation, de moindre passion, de moindre intensité.
Richepin, malgré son âme, au-dessus de la plupart des âmes de son siècle, est cependant un homme moderne, pétri par la main de l’éducation moderne. […] L’homme qui chante ainsi est un poète. […] On ne peut pas retourner ce qui est de la personne contre le poète, quand il y a poète dans un homme. […] L’homme allait parler… La femme, qui se retrouve toujours quand elle veut le plus cesser d’être, se retrouvait dans les vers inouïs de madame Ackermann. […] Elle a l’angoisse de l’homme qui s’est brisé la tête contre le Sphinx sans mot des choses.
Pour moi, j’en ai pris une autre idée : Je regarde le Tribunat comme une assemblée d’hommes d’État chargés de contrôler, réviser, épurer, perfectionner l’ouvrage du Conseil d’État, et de concourir avec lui au bonheur public. […] Il y a en lui l’homme de gouvernement, il y a l’homme de publicité ; les habitudes de celui-ci reviennent fréquemment à travers l’autre61. […] À cette date, si voisine de la confusion, les hommes n’étaient pas encore assez triés et démêlés, assez remis chacun dans leur vrai jour. […] Je suis un homme de parti ; je suis un soldat du parti philosophique. […] Il est et il restera un homme du xviiie siècle.
C’est Franceschi qui a battu ces 3,000 hommes avec sa cavalerie. […] L’escorte nouvelle que leur avait donnée la Junte, composée de vingt hommes d’infanterie, les conduisit à Grenade. […] L’homme n’est pas toujours sanguinaire : le peuple, à la fin, ne s’occupa plus d’eux ; quelques adoucissements se mêlèrent peu à peu aux rigueurs de la captivité. […] L’homme se ressouvint des jeux de l’enfant. […] Dupont, avant de sortir de la prison, me tira à part et me dit ceci : « Quel homme, monsieur, que votre général !
Les hommes ne se rendent jamais bien compte de leur destinée, tandis qu’ils sont en train de se la faire. […] On était très bien placé en 1820, quand on avait un bon esprit, et libre de passions, pour juger des hommes et des choses de notre grande Révolution, dont tant de témoins et d’acteurs principaux étaient encore vivants. […] « Ses idées devaient se développer selon la tournure des événements : c’était à la fois l’homme le plus décidé et le plus indécis. […] Cette campagne, en confirmant Jomini dans son renom déjà établi d’officier d’état-major du meilleur conseil, lui laissa encore le regret de n’avoir pu une seule fois dans sa carrière se dessiner hautement comme homme d’action. […] J’ai voulu tout cela sans doute, et aussi payer un tribut personnel à la mémoire d’un homme bienveillant, dont les entretiens m’avaient beaucoup appris.
Un savant homme, qui s’est appliqué depuis à l’histoire des sciences dans l’antiquité, M. […] On s’est conduit, à l’égard de ces poètes naufragés et coulés, comme dans un sauvetage : ç’a été à qui repêcherait son homme. […] Une chose a été dite et bien dite par un Ancien ; on l’a dans la mémoire, on la répète si l’on est un pur écho, on y fait allusion si l’on est un homme d’esprit ; tout homme qui a la tête meublée de ces beaux mots des Anciens, qui s’en souvient en pensant et en parlant, et qui tient à en faire ressouvenir les autres, est un classique. […] Gautier a beau admettre ensuite qu’il y eut pour ces hommes de la Renaissance quelques circonstances atténuantes, il est trop évident qu’il ne leur en tient aucun compte dans les termes formels de la réprobation qu’il vient de lancer. […] Sainte-Beuve dicta un jour cette note : « Ce que c’est que de manquer de littérature, même lorsqu’on est un homme d’un grand talent !
Des hommes ignorants des lettres, envahissant la librairie et y rêvant des gains chimériques, ont fait taire les calculs sensés et ont favorisé les rêves cupides. […] Comme l’homme de lettres isolé a peu de force, de loisir, et souvent peu d’entente de ces chicanes, un agent spécial, un comité permanent, veilleront pour lui et plaideront son intérêt. […] Tout le monde peut se dire homme de lettres : c’est le titre de qui n’en a point. […] « Certes, si la France exerce une prépondérance si incontestable et si transcendante en Europe, elle le doit à dix ou douze hommes éminents, hommes d’art, d’intelligence, de poésie et de cœur…, parmi lesquels je suis. » Voilà le début nouveau de toute complainte : c’est à son de trompe qu’on entonne désormais sa pétition ; j’aimais mieux le flageolet de Marot. […] Le courage d’esprit est ce qui a toujours manqué le plus essentiellement à cet homme de tant de talent et de faiblesse, M.
C’était un fonctionnaire comme il en fallait à cette renaissance, et comme le chef les recherchait volontiers : homme de justice et d’ordre, nouveau à la fois et ancien, n’ayant pas trempé dans le régime intermédiaire. […] Il touchait à sa vingtième année ; un voyage qu’il fit à cette époque en Auvergne, et durant lequel il perdit sa mère, apporta une impression décisive dans sa vie morale, et détermina l’homme en lui. […] L’un voulait commander l’avenir, l’autre se borne à connaître les hommes. » Pronostic si plein de sagacité et de sens ! […] Préfet de la Vendée en 1809, puis à Nantes à dater de 1813, il eut à contenir bien des mécontentements, à amortir bien des rigueurs, à concilier les devoirs du fonctionnaire et ceux de l’homme. […] Est-ce exagération d’un système absolu dont un homme d’esprit a peine lui-même à se défendre ?
Il attaquait dans l’Homme aux quarante écus (1768) les chimères d’un économiste ; mais il en prenait occasion d’indiquer l’abus des dîmes, de réclamer la suppression des couvents. […] Il tient les hommes de son temps par le charme de son esprit, par la surprise aussi ; il tient leur intelligence, leur curiosité toujours en éveil, toujours dans l’attente, de ce qui peut venir du côté de Ferney. […] Il fit pleuvoir sur la tête de l’honnête Pompignan une grêle de facéties, il l’inonda de ridicule : le crime du pauvre homme était de ne pas aimer la philosophie que Voltaire aimait. […] Mais ce même homme a aimé ses amis, même ceux qui le trahissaient, qui le volaient, comme ce parasite de Thieriot. […] Il se fit le défenseur de toutes les causes justes, de tous les innocents que les institutions ou les hommes opprimaient.
« Le roi, lui écrit-elle, a passé deux heures dans mon cabinet ; c’est l’homme le plus aimable de son royaume. […] Il est homme d’habitude… Le roi lit quelquefois l’Écriture sainte, et il trouve que c’est le plus beau de tous les livres. […] Ils avaient à se venger du coup que Pascal leur avait porté dans l’esprit de tous les hommes sincèrement pieux. […] Passons, pour la dernière fois, la revue des femmes de la société polie, des hommes de cour et hommes du monde, des hommes de lettres et des hommes d’église qui en faisaient partie. […] Elle opposa ses scrupules, elle favorisa tous les hommes qui pouvaient les justifier dans l’esprit du roi et lui en inspirer à lui-même.
C’est un gros homme, de mine joviale, à l’accent gascon. […] C’est à peu près quarante sous par homme que ce canon transcendant pourra tuer dans une seule bataille. […] L’homme, dans la réalité, discute, en même temps qu’il agit. […] Ce que cet homme lui propose la tente et la révolte à la fois. […] Elle le regarde à son tour, et l’on voit passer l’aveu de la femme à l’homme, pareil à un éclair qui foudroierait en silence.
On s’accorde à dire qu’il était d’une physionomie agréable, d’une taille avantageuse, et qu’il avait été fort bel homme dans sa jeunesse. […] Devenu homme de lettres, Lesage rencontra un protecteur et un conseiller utile dans l’abbé de Lionne, l’un des fils de l’habile ministre. […] Collé, qui raconte l’histoire, la savait de bonne source, et il y applaudit en homme qui est un peu de cette race. […] On croit se reconnaître dans cette nature d’élite et d’exception, si élevée, mais si isolée, et que rien ne rapproche du commun des hommes. […] L’un fait le Nestor, l’autre le Céladon ; ce sont deux formes du même amour-propre inhérent à tous les hommes.
Vous voyez que je suis modeste, que j’élude hardiment les difficultés, et que je ne suis pas homme à me mettre de grosses affaires sur les bras. […] Singulière injure, de la part d’une belle femme, que d’appeler un homme Endymion. […] Au fond, tout au fond, sous la marée transparente, la demeure de l’homme s’aperçoit encore là où la voix de l’homme a expiré. […] Un homme d’esprit remarquait que, dans cette pièce, « Cléopâtre commence comme Messaline et finit comme Artémise ». […] Et les hommes, il y en a qui sont nés troubadours, d’autres chevaliers, d’autres bouffons, quelques-uns grands seigneurs.
L’ancienne Académie française qui compta toujours un si grand nombre d’abbés, d’évêques, de cardinaux, la fleur du clergé séculier, n’aurait jamais songé à choisir un religieux proprement dit, un homme voué à la retraite, enchaîné par des vœux étroits, eut-il été un foudre d’éloquence. […] Il est bien entendu qu’en ces jours de solennité oratoire, il ne faut pas demander un jugement tout à fait exact et définitif sur l’homme qu’on célèbre. […] C’est avant ou après, et quand on est à l’abri du prestige de cette puissance trompeuse qui s’appelle l’éloquence, qu’on peut prendre véritablement la mesure de l’homme. […] Il est bien clair que si, sachant le résultat et l’issue, les hommes avaient à parcourir exactement le même chemin, à repasser par les mêmes épreuves, quelques-uns, les plus sages au moins, éviteraient les écueils où ils ont touché, les excès de passion ou de système par où ils ont péri. Mais il n’est jamais donné aux hommes de recommencer ainsi exactement leur vie ; le jeu serait trop aisé, la partie serait trop belle.
Cette direction d’idées, je pense que la majorité des hommes de vingt ans l’a suivie. […] Esclaves de la superstition, les hommes n’ont pas compris la sublime leçon qui se dégage de nos victoires scientifiques sur le Mystère. […] Promulguons la joie de vivre, admirons les différents labeurs de l’homme par quoi se transforme le monde. […] Selon lui, au lieu d’entraîner les naïves imaginations vers de fantastiques empyrées, des forêts féeriques et de légendaires paysages, ce qui contribue, en quelque sorte, à détacher de leur existence habituelle les hommes pour qui nous chantons, il s’agirait de les persuader, au contraire, de la beauté, de la grandeur même et de la pompe dont sont empreints leurs actes ordinaires et leurs occupations courantes. […] Elle commande les hommes afin qu’ils se penchent sur les eaux, et pour qu’ils modèlent des amphores de roche.
J’aurais voulu qu’il eût dit du poète italien, avec l’autorité d’un artiste qui vient de mouler la piètre anatomie d’un homme : « Il n’était pas plus grand que cela ! […] Au contraire, il a persévéré imperturbablement à trouver Leopardi un grand homme, comme tout traducteur trouve d’ordinaire son traduit ! […] Vernier, qui m’étonne, je l’avoue : Pour un homme d’esprit, vraiment, vous m’étonnez ! […] Quand chez ces derniers un homme a vraiment du génie il pousse, à sa façon, le cri du génie, et c’est le Dante quand le génie est mâle, et c’est Lamartine quand le génie est femelle. […] Trouvez-moi seulement en cet homme une pensée, un sentiment ou une image d’une intensité assez passionnée pour que nous puissions dire tous deux : ceci véritablement est d’un poète.
Son attitude, ajoute-t-il, est celle d’un homme qui chante dans l’ivresse. […] Mais il se conserve encore de lui le début d’un hymne à Diane, moins gracieux que les vers d’Euripide, mais d’un ton chaste et noble : « Je suis à tes genoux, puissante chasseresse, blonde fille de Jupiter, Artémis, reine des hôtes sauvages des forêts, soit que maintenant, près des flots tourbillonnants du Léthé, tu regardes avec joie la ville habitée par des hommes aux cœurs courageux ; car tu n’es pas la bergère d’un peuple féroce, soit que… » Le goût peut se plaire à recueillir ces moulures tombées des fresques antiques du véritable Anacréon, et à les comparer aux ornements et aux grâces du recueil moderne. […] Cette épitaphe de vaillants hommes, ni la rouille ni le temps destructeur n’en éteindra l’éclat : cette tombe a réuni la renommée des enfants de la Grèce ; Léonidas l’atteste, le roi de Sparte, qui a transmis au monde un grand exemple de vertu, une gloire impérissable. » Ailleurs, sur ce même sujet, et faisant parler les Spartiates eux-mêmes, il disait100 : « Nous, les trois cents, pour Sparte, notre patrie, engagés contre les nombreux enfants d’Inachus, à l’entrée de la Grèce, sans tourner la tête, là où nous avions une fois empreint la trace de nos pas, nous avons laissé notre vie. […] Salamine garde nos ossements ; et notre patrie, Corinthe, pour prix de notre fidèle service, a élevé ce monument. » Ailleurs, sur la lyre du même poëte, c’est la Grèce entière qui est célébrée, soit dans la dédicace d’un temple à Jupiter Libérateur, soit dans l’éloge de la part que même les tyrans grecs de Sicile avaient prise à la lutte commune contre les barbares : « Depuis, dit le poëte, que la mer a séparé l’Europe de l’Asie, et que l’impétueux Mars excite les guerres des mortels, jamais il ne fut fait ici-bas par les hommes plus grand effort qu’aujourd’hui, et sur le continent et sur mer. Ceux, en effet, qui avaient tué sur terre des milliers de Mèdes ont pris sur mer cent navires phéniciens chargés d’hommes.
Il est rare, quand un homme possède un talent supérieur évident, qu’on n’en profite pas pour lui en dénier un autre ; cela est de la nature humaine et de tous les temps. […] … Je me regarderais comme le plus misérable des hommes, si j’étais capable de servir un quart d’heure de plus. […] Il n’emportait ni plans à communiquer, ni secrets militaires quelconques ; il n’emportait avec lui que son bon sens, son bon conseil, sa justesse de coup d’œil, sa connaissance précise des hommes et des choses. […] On a beau être un homme de génie, on ne concilie point les autres hommes par la hauteur et par l’injure. […] Mais quelle que soit la distance que mettent les situations entre les hommes, tout cela cesse à la mort et devant la postérité.
Parmi les hommes qui se consacrent aux travaux de la pensée et dont les sciences morales et philosophiques sont le domaine, rien de plus difficile à rencontrer aujourd’hui qu’une volonté au sein d’une intelligence, une conviction, une foi. […] Grands hommes à tant d’égards, ils ne sont plus des hommes dans le sens intime de l’antique sagesse ; ils ne nous offrent plus des intelligences servies par des organes, mais des intelligences qui mentent à des organes qui les trahissent. […] M. de La Mennais n’est pas et n’a jamais été homme du jour ; on peut même dire qu’il n’est pas homme de ce siècle, en mesurant le siècle au compas rétréci de nos habiles, qui en ont fait quelque chose qui contient, tantôt six mois, tantôt cinq ans, au plus quinze. […] Les systèmes mitoyens n’ont d’autre effet que de tourner contre lui tout ce qui dans l’État est doué de quelque action… Trouverait-on, quelle que soit d’ailleurs la nature de ses opinions, un homme, un seul homme qui veuille ce qui est, et ne veuille que ce qui est ? […] Si quelques enchaînements du livre m’ont ainsi échappé, j’y ai gagné d’emporter avec moi le plus vif de l’homme.
Dans les traditions religieuses, ethniques, historiques qui sont la matière de la poésie celtique, ce ne sont que voyages au pays des morts, étranges combats et plus étranges fraternités des hommes et des animaux, visions fantastiques de l’invisible ou de l’avenir, hommes doués d’une science ou d’une puissance surnaturelles, qui commandent aux éléments et savent tous les mystères, animaux plus savants et plus paissants que les hommes, chaudrons, lances, arbres, fontaines magiques, et longs écheveaux d’aventures et d’entreprises impossibles à quiconque n’est pas prédestiné pour les accomplir, servi par les êtres ou maître des objets prédestinés à en assurer l’accomplissement. […] Ce Champenois avisé et content de vivre était l’homme le moins fait pour comprendre ce qu’il contait. […] Pareillement, notre homme de Champagne ne croit pas un instant aux bêtes qui parlent, ni aux services et société commune des bêtes et des hommes. […] Ainsi fait Yvain, qui s’en va vivre au fond d’une forêt, nu, comme « un homme sauvage », n’ayant gardé qu’un instinct tout animal qui lui fait chercher sa nourriture. […] Et maintenant elle était placée au-dessus, non à côté de l’homme, elle était adorée, servie, obéie : pour elle, pour la mériter ou pour lui plaire, les chevaliers entreprenaient leurs plus téméraires aventures.
Quelques années auparavant, un homme de beaucoup d’esprit, Beckford, avait commis la même erreur. […] Peignez les vices, les faiblesses, les passions des hommes, on vous accusera de vouloir pervertir vos contemporains. […] Enfin j’entends le langage non plus d’un enfant, mais d’un homme. […] Lenski voit tout en beau, il aime tout, et se désespère que son ami ait une si triste expérience des hommes et des choses. […] « Mais un homme a fait un signe, un homme obéit ; on l’envoie à l’antchar, il part sans hésiter, et le lendemain il rapporte le poison3.
Le dévouement d’un homme à sa race. — (V. […] — L’homme touffu. — Les 3 femmes du sartyi, etc). […] conte de l’Homme touffu et Sneewitche. […] L’homme aux nombreux amis (B. […] Cf. l’exposé comique de leurs griefs contre l’homme.
Avoir constamment un extrême souci de la justice, il faut exiger beaucoup : avoir de l’autorité, en acquérir encore, sans perdre le contact des hommes ; il faut pouvoir remonter et consoler. […] Il m’arrive, écrit Léo Latil, de m’attacher à un rêve, mais le plus souvent je vis, au milieu de mes hommes, leur vie, de tout mon cœur. […] La vie éternelle, si je comprends bien ce jeune lévite mystérieux, n’est pas un repos ; ébauchée ici-bas, elle ne change pas de qualité après la mort ; après la mort, les hommes continuent le noble labeur de la terre. […] Néanmoins, je me rends bien compte que notre rôle de chef de section est extrêmement périlleux : conduire des hommes au combat, c’est se désigner aux coups. […] Jean Rival se connaît comme un chef à qui il appartient de former l’outil de la victoire, en créant chez ses hommes un état d’esprit.
Le pauvre homme ! […] Il est si sensible et si bon, cet homme ! […] Il subissait l’influence des romantiques, et il était au fond le moins romantique des hommes. […] On ne l’a point admiré, on l’a aimé ; c’était plus qu’un poète, c’était un homme. […] Le jugement sur l’homme est exquis de délicatesse.