/ 2164
50. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Je vis tranquille ; me convient-il de sacrifier mon repos et ma liberté ? […] Cette condition ne pouvait convenir à la petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, le compagnon de Henri IV, qui osait dire de ce prince, sans le fâcher, qu’il était un ladre verd, parce qu’il n’était pas prodigue pour ses amis. […] Le roi trouvait dans madame Scarron une femme qui lui plaisait et une femme qui lui convenait. […] Non, rien de vulgaire ne convient à un esprit de cette distinction, à l’honnêteté de ce caractère, à la grandeur et à la noblesse du but qu’il s’est proposé.

51. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

De cette idée dut naître le noble effort propre à la volonté de l’homme, de tenir en bride les mouvements imprimés à l’âme par le corps, de manière à les étouffer, comme il convient à l’homme sage, ou à les tourner à un meilleur usage, comme il convient à l’homme social, au membre de la société37. […] Observons encore dans l’ordre des choses humaines, comme elles naissent au temps, au lieu où elles doivent naître, comme elles sont différées quand il convient qu’elles le soient38 ; c’est l’ouvrage de la sagesse infinie.

52. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Ils conviennent à l’esprit de franchise, qui caractérise les républiques populaires, ennemies des mystères dont l’aristocratie aime à s’envelopper ; elles conviennent encore plus à l’esprit généreux des monarchies : les monarques dans ces jugements se font gloire d’être supérieurs aux lois et de ne dépendre que de leur conscience et de Dieu. — Des jugements humains, tels que les modernes les pratiquent pendant la paix, sont sortis les trois systèmes du droit de la guerre que nous devons à Grotius, à Selden, et à Pufendorf. […] Plus tard les Empereurs durent écarter tous les voiles dont les préteurs avaient enveloppé l’équité naturelle, et la laisser paraître tout à découvert, toute généreuse, comme il convenait à la civilisation où les peuples étaient parvenus.

53. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre premier. Rapports de l’invention et de la disposition »

Rapports de l’invention et de la disposition Il y a quelque chose de factice et de convenu dans la distinction nécessaire qu’on fait des diverses opérations par lesquelles l’intelligence mène un ouvrage de la conception première à l’entier achèvement. […] L’invention s’accompagne forcément d’un certain arrangement des parties et arrête certaines expressions : il est impossible de trouver les idées qui conviennent à un sujet, sans prendre déjà, une sorte de parti sur la place qu’on leur assignera et les termes qui les traduiront.

54. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Tôt les bons agents se sont aperçus qu’à la publicité typographiée convenait la description minutieuse, détaillée, convaincante. […] Cela posé, je crois, indubitablement, il faut bien convenir que les artisans, même en vogue, de nos récentes affiches se sont tout fait mépris sur le sens de leur besogne.

55. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Le style qui y regne, annonce, nous en convenons, une plume exercée, le ton d’un Critique pénétrant, qui croit démêler le principe des actions & apprécier justement les hommes ; mais des Critiques plus pénétrans retrouvent trop souvent le Romancier dans l’Historien, le Bel-Esprit académique dans l’Ecrivain, l’homme à prétention dans le Moraliste. […] Duclos estimât peu les Philosophes, il faut néanmoins convenir qu’il en avoit toute la morgue.

56. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 47, quels vers sont les plus propres à être mis en musique » pp. 479-483

On convient donc generalement aujourd’hui que les vers lyriques de Quinault, sont très-propres à être mis en musique, par l’endroit même qui les faisoit critiquer dans les commencemens des opera, je veux dire par le caractere de la poësie de leur stile. Que ces vers y soient très-propres par la mécanique de la composition, ou par l’arrangement des mots regardez en tant que de simples sons, c’est de quoi il a fallu convenir dans tous les temps.

57. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Ses plus zêlez partisans conviennent eux-mêmes qu’elle a trahi sa cause, en la voulant rendre trop triomphante, et ainsi il n’y a pas de question à son égard. […] Cela me paroît si évident, que je ne doute pas que Me D même n’en convienne. […] La force consiste à ne rien employer d’inutile, à choisir entre ce qui convient, ce qui convient le mieux, et à observer même dans son choix, une gradation qui fortifie toûjours l’impression dominante. […] Il y a là un air trop sententieux, et de plus, une petite énumeration qui ne convient point du tout dans un moment si pathétique. […] Convenir qu’il a bien des défauts leur auroit semblé un blasphême ; et à l’heure qu’il est, c’est leur unique ressource, pour sauver l’estime dûë à ses vrayes beautez.

58. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Ils offrent cependant, par intervalles, plusieurs traits d’une éloquence vive, noble, & digne du ton qui convient à la Chaire. […] Il faut convenir que celui-ci méritoit de l’emporter sur son concurrent, dont les Vers sont plus boursoufflés que poétiques, & nullement assortis au ton de l’Ode.

59. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

Qu’on excepte deux ou trois de ses Eglogues, où les pensées ingénieuses sont trop prodiguées & trop éloignées de ce qui convient au genre pastoral, M. […] S’il est vrai que la Mothe soit l’Auteur des Couplets qui ont occasionné la disgrace de Rousseau, comme il est vrai que Rousseau ne les a pas faits, il est incontestable que cette imputation lui convient ; mais en attendant que ce mystere soit débrouillé, il n’est pas moins vrai que M. de la Mothe étoit un homme qui avoit eu le talent de se faire beaucoup de partisans dans la Société.

60. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

D’Aucour commence par convenir de tout le bien qui s’y trouve : mais, après avoir analysé l’ouvrage, après en avoir décomposé toutes les parties, séparé le vrai du faux, le solide du superficiel, le beau du brillant, on voit clairement que le mauvais domine, que les défauts l’emportent sur les beautés, & que l’éloge se réduit à rien. […] Il faut convenir que personne, par son caractère, ne méritoit moins d’avoir des ennemis, que le P.

61. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

C’est moins chez eux, ainsi que parmi nous, quelques pensées éclatantes, au milieu de beaucoup de choses communes, qu’une belle troupe de pensées qui se conviennent, et qui ont toutes comme un air de parenté : c’est le groupe des enfants de Niobé, nus, simples, pudiques, rougissants, se tenant par la main avec un doux sourire, et portant, pour seul ornement, dans leurs cheveux, une couronne de fleurs. D’après la Jérusalem, on sera du moins obligé de convenir qu’on peut faire quelque chose d’excellent sur un sujet chrétien.

62. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris La perfection du dessein et celle du coloris, sont des choses réelles, et sur lesquelles on peut disputer et convenir à l’aide d’un compas ou de la comparaison. Ainsi les personnes intelligentes, conviendront bien entr’elles du rang que Le Brun tient entre les compositeurs et les dessinateurs, comme du rang du Titien entre les coloristes.

63. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

La poésie du Nord convient beaucoup plus que celle du Midi à l’esprit d’un peuple libre. […] Il y a quelques dogmes et quelques fables absurdes dans l’Edda ; mais les idées religieuses du Nord conviennent presque toutes à la raison exaltée. […] Un enthousiasme réfléchi, une exaltation pure, peuvent également convenir à tous les peuples ; c’est la véritable inspiration poétique dont le sentiment est dans tous les cœurs, mais dont l’expression est le don du génie.

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

à vous les écus, la robe et tout ce qui vous convient, dimittam vobis. […] La Madonna est dans le ciel, et moi je suis une pauvre pécheresse, et ainsi il ne convient pas de m’appeler madonna. […] Par l’amour que je porte à ma pauvre âme, je vous dis en vérité que j’ai cherché dans toute la ville, et n’ai trouvé personne qui pût vous convenir.

65. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Il convint donc à Molière de supposer que des femmes, qui joignaient à quelque instruction la pureté et la décence des mœurs, étaient nécessairement une transformation de ces précieuses qui professaient l’amour platonique,                               où l’on tient la pensée Du commerce les sens nette et débarrassée, Cette union des cœurs où les corps n’entrent pas. […] Un poète qui peint des caractères fait comme le peintre de paysage : il emprunte des détails partout où il en trouve qui rient à son imagination et conviennent à ses vues ; il les rapproche, il les sépare de manière à en tirer des effets. […] J’ai peint à la vérité d’après nature ; j’ai pris un trait d’un côté et un trait d’un autre, et de ces divers traits, qui pouvaient convenir à une même personne, j’en ai fait des peintures vraisemblables, cherchant moins à réjouir les lecteurs par la satire de quelqu’un, qu’à leur proposer des défauts à éviter et des modèles à suivre ».

66. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Ce n’est pas à nous, d’ailleurs, qu’il conviendrait de lui reprocher son admiration pour les maîtres, ce culte de la tradition qu’il sait entremêler au culte direct de la nature. […] Fromentin ne s’y absorbe pas ; il pense aux maîtres, à l’art, à ce qui a été fait, à ce qui peut se faire encore ; même en voyant du nouveau et en faisant du neuf, il ne croit pas qu’il convienne de rompre en visière avec le passé ; il n’est nullement d’avis qu’il convienne de changer absolument de méthode selon les lieux et les temps ; qu’il faille désormais tout détailler, tout montrer. […] Il faut regarder ce peuple à la distance où il lui convient de se montrer : les hommes de près, les femmes de loin ; la chambre à coucher, la mosquée, jamais. […] Fromentin, et à en parler comme il convient, à loisir et tout à notre aise.

67. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Entre toutes celles qui pouvaient convenir à une âme élevée, à un homme public jeté avant l’heure dans la retraite, il n’en était point de plus digne assurément que de considérer l’idée religieuse dans ses rapports essentiels avec le maintien de la société. […] Il en concluait qu’il fallait recourir « aux idées immuables », à celles qui « conviennent également aux moments de triomphe et aux jours de défaite, aux temps de la fortune et à ceux de l’adversité ». […] J’ai prononcé le mot de sermonnaire ; c’est celui qui convient le mieux au genre de talent que déploie M.  […] Necker, de la manière la plus claire et la plus positive sur les avantages et les désavantages de mon caractère ; et, lors d’une conférence qui se tint dans le cabinet de Sa Majesté vers l’époque de la convocation des États généraux, et où les principaux ministres assistèrent, je me souviens d’avoir été conduit, par le mouvement de la discussion, à dire devant le roi qu’aussi longtemps qu’un esprit sage, un caractère honnête, une âme élevée pourraient influer sur l’opinion, je serais peut-être un ministre aussi propre à servir l’État que personne ; mais que, si jamais le cours des événements exigeait un Mazarin ou un Richelieu, ce furent mes propres expressions, dès ce moment-là je ne conviendrais plus aux affaires publiques. […] Parlant des deux partis qui l’avaient tour à tour et à la fois blessé, du parti aristocratique surtout qui ne lui avait point épargné les sarcasmes amers, il disait, dans la supposition qu’il eût pu en regagner les plus indulgents : « Je ne veux aujourd’hui ni d’eux ni de personne ; c’est de mes souvenirs et de mes pensées que je cherche à vivre et mourir ; et, quand je fixe mon attention sur la pureté des sentiments qui m’ont guidé, je ne trouve nulle part une association qui me convienne. » C’est en ces termes que l’honnête homme blessé s’exaltait lui-même dans le premier soulèvement de sa douleur.

68. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Pour peu qu’on eût le sens de voir et le courage de sa raison, qui fait conclure d’après ce que l’on a vu, quelque blessure que ce doive être pour ses convictions ou ses espérances, on conviendrait qu’on n’a pas le droit d’apporter, comme preuve de la vérité reconnue d’une doctrine, des circonstances sans gravité, accidentelles, éphémères, et qui n’ont avec cette doctrine aucun rapport de cause à effet. […] Et l’eussent-ils déclaré eux-mêmes avec une netteté souveraine, serait-ce encore une raison, parce qu’ils seraient devenus catholiques du xiie  siècle en étudiant le catholicisme dans ses hommes et dans ses institutions, pour déduire d’une préoccupation individuelle, engendrée par l’étude, quelque chose qui pût ressembler à une tendance générale ou à une direction supérieure de l’opinion vers le but qu’il convient le mieux de lui donner ? […] Il y a là, comme partout, des écrivains à fantaisie et à système, plus capables d’admirer le passé que de dire ce qui conviendrait au présent ; mais l’Allemagne n’est pas plus catholique que jamais et que le reste de l’Europe. […] Mais, il faut en convenir, la haine, en ceci, a été plus aveugle que l’amour. […] Il est évident qu’ils sont plus petits que ne les tient même l’opinion de leurs ennemis ; car leurs ennemis conviennent volontiers de la force qui était en eux, et se contentent d’en blâmer l’usage.

69. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Il est donc convenu que, pour aujourd’hui, on m’accorde d’entrer dans quelques détails touchant la marche et la méthode que j’ai cru la meilleure à suivre dans l’examen des livres et des talents. […] comment s’y prendre, si l’on veut ne rien omettre d’important et d’essentiel à son sujet, si l’on veut sortir des jugements de l’ancienne rhétorique, être le moins dupe possible des phrases, des mots ; des beaux sentiments convenus, et atteindre au vrai comme dans une étude naturelle ? […] Je dis donc que, pour bien connaître un talent, il convient de déterminer le premier centre poétique ou critique au sein duquel il s’est formé, le groupe naturel littéraire auquel il appartient, et de l’y rapporter exactement. […] Ils ont des talents royaux, j’en conviens ; mais là-dessous, au lieu de ces âmes pleines et entières comme les voudrait Montaigne, est-ce ma faute si j’entends raisonner des âmes vaines ?

70. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

On a fait ensuite toutes les démarches qu’il convient pour parvenir à ces bons comptes qui font les bons amis. […] Le soir il n’y eut point de souper chez le père de l’époux, avec lequel on était convenu qu’il donnerait plutôt un dîner le lendemain, afin qu’il n’y eût point deux grands repas en un jour. […] Mais comme le His tribus noctibus Deo jungimur (Ces trois premières nuits n’appartiennent qu’à Dieu)… dépend de la seule inspiration de l’Esprit du Seigneur et d’une grâce aussi rare que précieuse, même pour un temps, et que l’exhortation à une pratique si respectable convenait au pasteur conjoignant, et n’était nullement du ressort ni de l’entremise du médiateur de l’alliance, ç’a été lettres closes pour lui. Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.

71. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Mon fils est dans un état qui ne me plaît point à moi, et pour d’autres raisons, mais qui peut lui convenir, et dans lequel, au fond, l’on n’a que les misères pour lesquelles les hommes sont faits. […] Ainsi c’est toujours par une sorte d’incapacité que les autres restent enchaînés, ils ne savent pas secouer les entraves. » Cela se peut : leur talent n’est pas celui-là, et remarquez que celui qui sait, selon vous, lutter contre le sort, pourrait être plus justement regardé comme bien servi par le sort, puisque la difficulté des premiers pas à faire était justement ce qui convenait à ses moyens.  […] À plus forte raison des livres dont le sujet et la manière conviennent très-peu au xixe siècle français ne peuvent-ils faire sensation dans le public… « S’il me survient assez tôt des circonstances qui me mettent en état de vivre, je me féliciterai fort d’être resté étranger au commérage du monde ; de n’avoir point eu de rapport en général avec ceux pour qui vivre, c’est être en place ; de n’avoir vu que de loin les meneurs :de n’avoir pas ajouté à mes misères leurs vaines passions et de n’avoir pas mis la main à leur petit feu d’artifice… (Ici une lacune.)  […] Celle que je n’abandonnai point, celle qui peut-être convenait le plus à mon caractère, et qui bientôt s’accorda seule avec des parties irrévocables de ma destinée, ce fut l’idée d’une retraite profonde, mais commode. 

72. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Si on eût rendu la caverne sauvage ; si on l’eût couverte d’arbustes, vous conviendrez qu’on n’aurait pas eu besoin de ces deux mauvaises têtes de chérubin qui empêchent que la Magdelaine ne soit seule. […] Il faut convenir que rendre l’idée de la première guirlande, du premier sacrifice, du premier soupir amoureux, du premier désir d’un cœur jusqu’alors innocent, n’était pas une chose facile.

73. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

Convenons plutôt que l’auteur de l’Iliade dut précéder de longtemps celui de l’Odyssée ; que le premier, originaire du nord-est de la Grèce, chanta la guerre de Troie qui avait eu lieu dans son pays ; et que l’autre, né du côté de l’Orient et du Midi, célèbre Ulysse qui régnait dans ces contrées. — 4. […] Aucun de ces trois titres ne convenait à Homère, tel qu’on se l’était figuré jusqu’ici.

74. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

S’il s’agissait de résoudre cette question d’une manière absolue, nous aimerions presque autant dire : Convient-il à la nature de donner du génie aux femmes ? […] Quelle fonction de la vie publique, ou dans les camps, ou sur les champs de bataille, ou dans les cités, ou dans les assemblées délibérantes, ou dans les tribunaux, ou dans les temples, pourrait convenir à un être voué par son sexe à de si douces et si maternelles fonctions ? […] Mais il convient de remarquer que leur célébrité involontaire n’a été que le resplendissement involontaire aussi de leur nature féminine, et nullement une prétention ambitieuse à la gloire de l’écrivain ; elles n’ont été écrivains que parce qu’elles étaient épouses et mères, elles n’écrivaient pas pour le public ou pour la postérité, elles écrivaient l’une pour son mari, l’autre pour sa fille. […] Ce n’étaient pas des poëtes, ce n’étaient pas des prosateurs, c’étaient des femmes ; leurs œuvres ne sont que leurs tendresses, seules œuvres qui conviennent au sexe fait pour aimer. […] Par indulgence pour le crédit du ministre dont on briguait les faveurs, on était tacitement convenu de respecter cette équivoque.

75. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

On le voit successivement d’ailleurs s’exercer dans tous les genres convenus ; il n’a pas la force ni l’idée de les renouveler et d’en créer d’autres. […] Jusqu’ici on conviendra que Chamfort ne semble pas avoir eu tant à se plaindre de l’ancienne société, et qu’il a été payé de ses productions outre mesure. […] Les deux premiers partis ne me convenaient pas : j’ai pris intrépidement le dernier. […] C’est un homme à qui on dit : Tu vivras pauvre, et trop heureux de voir ton nom cité quelquefois ; on t’accordera, non quelque considération réelle, mais quelques égards flatteurs pour ta vanité, sur laquelle je compte, et non pour l’amour-propre qui convient à un homme de sens. […] Ce que je connais de mieux en ce genre, c’est celle de Satan dans le Paradis perdu. » Mais il était difficile, on en conviendra, à l’ancienne société de deviner cet orgueil de Satan dans le sensible et anodin auteur de La Jeune Indienne, ou dans le peintre tragique si adouci de Zéangir.

76. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

C’est l’oreille lorsqu’il est question de juger si les accens d’un récit sont touchans ou s’ils conviennent aux paroles, et si le chant en est mélodieux. […] Mais c’est ce qu’on reconnoît mieux en jugeant par l’impression que fait l’ouvrage qu’en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des critiques, qui conviennent rarement touchant l’importance de chaque regle. […] Mais, comme je l’ai déja dit, je ne crains pas que mon lecteur se trompe sur l’extention qu’il conviendra de donner à la signification du mot de public, suivant les occasions où je l’emploïerai.

77. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Dans ce continuum, primitivement amorphe, on peut imaginer un réseau de lignes et de surfaces, on peut convenir ensuite de regarder les mailles de ce réseau comme égales entre elles, et c’est seulement après cette convention que ce continuum, devenu mesurable, devient l’espace euclidien ou l’espace non-euclidien. […] De sorte que, demander quelle géométrie convient-il d’adopter, c’est demander ; à quelle ligne convient-il de donner le nom de droite ? […] Quand on parle de la relativité de l’espace, on ne l’entend pas d’ordinaire dans un sens aussi large ; c’est ainsi cependant qu’il conviendrait de l’entendre. […] Il est impossible de se représenter l’espace absolu ; quand je veux me représenter simultanément des objets et moi-même en mouvement dans l’espace absolu, en réalité je me représente moi-même immobile et regardant se mouvoir autour de moi divers objets et un homme qui est extérieur à moi, mais que je conviens d’appeler moi.

78. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Il faut convenir que cette vente viagère, qui se faisait sous forme extérieure de bail à vie, prêtait à bien des chicanes, du moment qu’on en voulait faire ; c’était un bail bien enchevêtré. […] Celui-ci ne se presse pas ; on est convenu de faire un inventaire et une reconnaissance de la terre. […] Il en écrit au président, il le somme d’agir comme si le président était convenu avec lui de le faire exempter du payement de ce demi-droit (qui n’avait rien de commun avec l’exemption d’impôt foncier et les autres franchises maintenues à la terre de Tourney). […] Il ne convient pas de parler ainsi : soyez assez sage à l’avenir pour ne rien dire de pareil à un magistrat. […] Je puis produire ces belles choses à l’Académie, et je ne crois pas qu’un tel homme vous convienne.

79. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Il semble convenu qu’il est synonyme de sceptique et d’incrédule. […] Ils se croient assez éclairés pour les gérer eux-mêmes, c’est-à-dire pour juger de ce qui convient et de ce qui ne convient pas à leurs intérêts. […] Elle convient aux apologistes aussi bien qu’aux critiques et aux adversaires, car nul n’oserait avouer qu’il croit à la religion sans avoir de bonnes raisons, et qu’il choisit telle raison plutôt que telle autre sans savoir pourquoi. […] Que l’on ne nous dise pas que le libre examen ne convient qu’à certaines confessions religieuses, et non point à toutes, à celles qui, admettant l’autorité d’un livre sacré, permettent cependant de le discuter, et non à celles qui reconnaissent une autorité chargée d’interpréter ce qui est dans ce livre ; car ceux qui croient à cette autorité y croient ou bien à priori, parce qu’il leur semble que cela est nécessaire, logique, inévitable dans l’hypothèse d’une révélation, ou à posteriori, parce qu’ils ont cru trouver dans les livres saints un texte qui fonde cette autorité.

80. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

Or c’était un soliveau… Il faut convenir que la conduite de Jupiter, dans cet Apologue, n’est point du tout raisonnable. […] J’en conviens ; mais de quoi sert-elle, Avec des ennemis sans foi ?

81. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

J’en conviens. […] c’est qu’il ne faut rien commander à un artiste, et quand on veut avoir un beau tableau de sa façon, il faut lui dire, Faites-moi un tableau, et choisissez le sujet qui vous conviendra ; encore serait-il plus sûr et plus court d’en prendre un tout fait.

82. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Il ne faut pas que les figures s’estropient l’une l’autre en se cachant reciproquement la moitié de la tête ni d’autres parties du corps, lesquelles il convient au sujet que le peintre fasse voir. […] Comme nous l’avons déja dit en parlant de la vrai-semblance, tous les personnages doivent faire les démonstrations qui leur conviennent, et l’expression de chacun d’eux doit être conforme au caractere qu’on lui fait soutenir.

83. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

À quel rang et dans quels rangs convient-il de le placer ? […] On a remarqué que, jusque dans les figures des Moissonneurs, il y a de la cambrure, de la pose du Romulus ou du Léonidas, quelque chose de théâtral : lui-même il en convient ; il aurait désiré que ce fût simplement mâle et viril. […] il semble qu’on n’a plus rien à y mettre, et qu’il est fermé aux sentiments qui donnent tant de jouissances à la jeunesse. » Il résistait à l’égoïsme et à ce goût de jouissances positives qui prend certaines natures, même distinguées, dans la seconde partie de la vie : « Une vie matérielle qui peut convenir à beaucoup n’a jamais pu m’accommoder ; et, à présent que pour nous elle pourrait remplacer celle des illusions, il est impossible qu’elle me satisfasse assez pour me donner du plaisir d’être habitant de la terre. » C’est ainsi qu’il parlait à ses amis Schnetz ou Navez ; mais avec M.  […] La société italienne lui convenait peu ; au milieu d’un agrément extérieur, il n’y trouvait pas la satisfaction intime, ni ce sentiment de sévérité et de vertu que son éducation protestante lui rendait plus nécessaire que cela n’arrive habituellement chez les artistes.

84. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il fut convenu que, sans me prévenir, Genoude l’y amènerait le lendemain. […] Un peu plus loin, les prairies s’élargissent et éloignent la rivière du château ; là s’élève un petit château que le duc me donna pour en faire mon habitation personnelle, quand il me conviendrait de m’y fixer pendant la belle saison. […] Je me souviens même qu’en route, entendant mes compagnons de voyage vanter les douceurs de la dévotion, je convins avec eux qu’elle avait ses charmes, quand elle était ardente et sincère, mais que l’amour pour une beauté accomplie me paraissait une dévotion des sens à laquelle je ne pouvais rien comparer sans me mentir à moi-même. […] Quelque temps après, Charles X nomma M. de Montmorency gouverneur du duc de Bordeaux, emploi qui lui convenait parfaitement, qui honorait son royalisme et qui unissait dans sa personne la fidélité aux Bourbons et la haute intelligence de la Charte.

85. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Que l’économie politique, les articles scientifiques, la chronique mondaine, les pages d’histoire où de mémoires ne conviennent pas à leurs enfants, ces abonnés l’admettent ou plutôt le concèdent. […] Mais que le directeur du journal, du magazine ou de la revue s’avise de publier une nouvelle où l’on parle de la vie sans mensonge, avec la sévérité, l’ironie ou la pitié qui convient, il peut être assuré de recevoir des lettres indignées. […] Est-ce à dire qu’elle convienne à des jeunes filles ? […] J’en ai assez dit pour prouver que la lecture du roman ne peut convenir à tout le monde, puisqu’elle demande une expérience personnelle de la vie et un sens exercé de la beauté.

86. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Cependant on y trouve un morceau d’un ton très différent, et où l’orateur, sans citations, sans idées étrangères, ne marche appuyé que sur lui-même, et il faut convenir que sa démarche n’en est pas moins ferme. […] Qu’il confie à chacun la place qui convient à son caractère ; les emplois militaires à l’âme forte et au courage mêlé de prudence ; les magistratures, à la justice tempérée par l’humanité ; les premières places de l’empire, à ceux dont le mérite, composé des deux autres, unit la vigueur du caractère aux vertus. […] Faibles et lâches envers leurs bienfaiteurs, ces mêmes hommes sont fiers et ardents avec leurs ennemis ; leur reconnaissance est glacée, leur haine est implacable. » Par le peu que j’ai cité, il est facile de connaître le ton et le mérite de Julien, dans ses éloges ; on doit les estimer par certaines vérités de détail, et des idées philosophiques qui sont de tous les pays et de tous les temps : mais il faut en convenir, le fond intéresse peu.

87. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Il faut en convenir, cette marche est loin de celle de Bossuet : on a souvent comparé ces deux hommes ; je ne sais s’ils furent rivaux dans leur siècle ; mais aujourd’hui ils ne le sont pas. […] Il faut en convenir, on a regret que la dignité de l’oraison funèbre et sa marche soutenue, ou du moins le ton sur lequel le préjugé et l’habitude l’ont montée, ne permettent point d’employer ces traits d’une simplicité touchante, et qui mettraient souvent le héros à la place de l’orateur. […] Ce commerce continuel de mensonges… cette hypocrisie universelle par laquelle on travaille ou à cacher de véritables défauts, ou à montrer de fausses vertus, ces airs mystérieux qu’on se donne pour couvrir son ambition, ou pour relever son crédit, tout cet esprit de dissimulation et d’imposture ne convint pas à sa vertu.

88. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Il convenait à Potemkin d’épargner à l’impératrice philosophe l’affront sensible d’avoir honte de ses sujets devant les ambassadeurs d’Europe. […] M. de Malesherbes, comme la plupart des grands hommes, avait son faible : c’était celui de se plaire à raconter les nombreuses anecdotes dont sa riche mémoire était meublée, et il faut convenir que personne ne racontait mieux que lui.

89. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Il n’est qu’une nation dans l’univers à laquelle puissent convenir dès à présent quelques-unes de ces réflexions : ce sont les Américains. […] Il est impossible de séparer ces observations, lorsqu’elles ont la France pour objet, des effets déjà produits par la révolution même : ces effets, l’on doit en convenir, sont au détriment des mœurs, des lettres et de la philosophie.

90. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

. — Une gloire marchandée, versée à petits coups, convient peut-être aux écrivains à teintes grises dont vous voulez tracer un portrait composé de petites intentions rapprochées ; mais, s’il s’agit d’un poète véritable, lisez son livre et sachez vous incliner. […] monsieur Laurent-Pichat, que les gens d’esprit et surtout d’un esprit sain (mens sana) sont rares, même parmi ceux à qui il est convenu d’accorder du talent !

91. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Lorsqu’on eut épuisé les injures & les personnalités, on convint, entre les deux partis, d’une suspension d’armes. […] Il convient que le démon de l’envie & de la rime l’a jetté dans d’étranges égaremens ; il reconnoît l’insolence qu’il a eue d’attaquer son maître dans l’art des vers.

92. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

Cependant Fléchier sentit bientôt qu’il convenait de mettre fin à ces tendres jeux, bien qu’ils fussent purement platoniques ; car, ainsi qu’il en convient lui-même dans un dialogue en vers entre Climène et Tircis, À force de le dire en vers.

93. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Est-ce bien encore à notre auteur qu’il convient de relever si impitoyablement ce qu’elle appelle la conduite philosophique de madame d’Épinay et de madame Du Deffant ? […] Quoi qu’il en soit, pendant qu’elle était en Allemagne, madame de Genlis se crut obligée de publier son Précis de conduite : c’était accepter dès lors un rôle politique, qu’il lui faudrait soutenir, et qui lui convenait moins qu’à aucune autre femme.

94. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ces deux Poëmes n’ont rien de grand que leur sujet ; ils sont sans art, sans invention & sans autre agrément que celui qui peut convenir au genre d’écrire médiocre ; mais Hésiode écrivoit en grec, & les plus petites choses acquiérent un prix infini dans cette langue admirable. […] Quelques critiques ont mis au-dessus des églogues de Virgile les Idilles de Théocrite ; mais tout le monde convient que dans les Georgiques il a effacé Hésiode. […] Il ne sera peut-être pas aisé de s’appercevoir dans les traductions, que les georgiques sont les plus parfaits des ouvrages de Virgile, comme tous les connoisseurs en conviennent. […] Son travail porte par-tout l’empreinte du génie sublime, de l’esprit juste, & du goût délicat ; & si quelques parties de ce poëme ne frappent pas autant que les autres, c’est qu’il est impossible, & qu’il ne convient pas même dans un long ouvrage que tout soit également beau. […] Il n’y a personne, dit-il, qui ne convienne que Marolles dans sa traduction est ridicule & barbare, & Martignac aussi plat qu’ignorant.

95. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Henry Barbusse, gendre de Mendès, est, comme il convient, critique à Femina. […] Faguet, critique, condamne le style de Rousseau et le style de Balzac, il convient peut-être de juger ce triple juge et d’indiquer quel français il écrit lui-même. […] S’il en parle à Paris, il revêt l’air détaché et demi-railleur qui convient. […] Par exemple, dès que M. le docteur se met à résumer les livres de Cyrano, il convient de fermer sa thèse ; seul un mathématicien pourrait trouver l’abrégé plus court que les œuvres analysées. […] S’il est beau de concevoir de nobles ambitions, il convient de les réaliser sans hâte.

96. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Mais cette définition convient aussi au moindre article de journal, avec cette différence qu’il s’agit, dans ce dernier cas, de fort petits fragments d’une réalité journalière et superficielle. […] Et comme il sait ce qui lui convient, à ce public, et ce qu’il peut supporter ! […] S’il parle de Mgr l’archevêque de Paris, il sait qu’il convient que le digne prélat soit « un fin prélat », et il lui prête des mots, et il nous entretient avec émotion des bons rapports du cardinal avec l’acteur Berthelier.

97. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Ces maximes, bonnes pour un pays où la vie se nourrit d’air et de jour, ce communisme délicat d’une troupe d’enfants de Dieu, vivant en confiance sur le sein de leur père, pouvaient convenir à une secte naïve, persuadée à chaque instant que son utopie allait se réaliser. […] La mendicité pieuse, qui cause à nos sociétés industrielles et administratives de si fortes impatiences, fut, à son jour et sous le ciel qui lui convenait, pleine de charme. Elle offrit à une foule d’âmes contemplatives et douces le seul état qui leur convienne.

98. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Quand, au milieu des admirations, l’adroit spécialiste s’arrêta avec aux lèvres un sourire aimable et triomphant, Alexandre dit tout haut à quelqu’un de sa suite : « Il convient de récompenser cet homme selon ses mérites : vous lui donnerez un boisseau de lentille. » Qui refusera à l’auteur des Trophées le boisseau de lentilles ? […] La rime riche convient au vers ferme, solide, rigide, tout d’une pièce, de Leconte de Lisle. […] Il convient d’admirer son habileté et de s’intéresser à sa carrière littéraire comme au plus adroitement composé des romans picaresques.

99. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

C’est donc aux littérateurs, non moins qu’aux philosophes, qu’il convient d’appliquer le précepte par excellence de la morale : aimez-vous les uns les autres41. […] Pour atteindre ce double but, ce n’est pas la critique systématique et irritée des défauts qui convient, c’est la critique impartiale et calme des beautés et des défauts. […] Il y a ici deux termes en présence, l’auteur et le lecteur, qui peuvent se convenir l’un à l’autre sans être plus vrais tous les deux : à certains moments l’histoire, la vie sociale tout entière a été factice et fausse.

100. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

. —  Quels sujets conviennent à l’artiste dilettante. —  The Princess. […] Son public. —  Le monde en Angleterre. —  La campagne. —  Le confort. —  L’élégance. —  L’éducation. —  Les habitudes. —  En quoi Tennyson convient à un pareil monde. —  Le monde en France. —  La vie parisienne. —  Les plaisirs. —  La représentation. —  La conversation. —  La hardiesse d’esprit. —  En quoi Alfred de Musset convient à un pareil monde. —  Comparaison des deux mondes et des deux poëtes. […] Ceci conduit le poëte vers les légendes de la chevalerie ; voilà le monde fantastique, magnifique aux yeux, noble et pur par excellence, où l’amour, la guerre, les aventures, la générosité, la courtoisie, tous les spectacles et toutes les vertus qui conviennent aux instincts de nos races européennes, se sont assemblés pour leur offrir l’épopée qu’elles aiment et le modèle qui leur convient. […] On convient que la querelle sera décidée par un combat de cinquante contre cinquante. […] Y a-t-il un poëte qui, mieux que Tennyson, convienne à un pareil monde ?

101. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je déclarai donc que si, de leur côté, ils ne pouvaient pas ou ne voulaient pas souscrire celui dont on était convenu, la séance allait être levée. […] On convint donc de tenir le jour suivant, à midi juste, au même lieu, cette nouvelle séance, comme on avait tenu la précédente, qui fut si amère et si déplorable. […] Comme il avait été convenu entre les treize qu’ils assisteraient à cette cérémonie, ils s’y rendirent tous. […] On convint de l’exposer telle qu’elle était, en s’abstenant seulement de ce qui ne serait pas nécessaire. […] En attendant, nous vivons dans notre exil, nous privant de toute société, ainsi qu’il convient à notre situation comme à celle du Saint-Siège et du Souverain Pontife, notre chef.

102. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Ces projets de réforme radicale dans l’orthographe, mis en avant par Meigret et par Ramus, ont échoué ; Ronsard lui-même recula devant l’emploi de cette écriture en tout conforme à la prononciation : il se contenta en quelques cas d’adoucir les aspérités, d’émonder quelques superfétations, d’enlever ou, comme il disait, de racler l’y grec : il avait d’ailleurs ce principe excellent que « lorsque tels mots grecs auront assez longtemps demeuré en France, il convient de les recevoir en notre mesnie et de les marquer de l’i français, pour montrer qu’ils sont nôtres et non plus inconnus et étrangers. » — Et pour le dire en passant, cette règle est celle qui se pratique encore et qui devrait prévaloir pour tout mot ou toute expression d’origine étrangère. […] Mais je conviens que sur cette pente il y a à prendre garde et qu’il est un point où il est juste de s’arrêter. […] Ici pourtant il convient qu’elles aboutissent et que l’on conclue : la moindre partie des réformes proposées sera déjà un progrès, si on l’accepte. […] Mais commettre cette ânerie pour le mot même qui répond juste à bien écrire, convenez que c’est jouer de malheur.

103. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Rien heureusement ne convient moins que ce talent aux vertus, comme à l’esprit que doivent avoir des républicains. […] Cette grâce, tout à la fois imposante et légère, ne doit pas convenir aux mœurs républicaines ; elle caractérise trop distinctement les habitudes d’une grande fortune et d’un état élevé. […] Le goût nécessaire à la littérature républicaine, dans les livres sérieux comme dans les ouvrages d’imagination, n’est point un talent à part ; c’est le perfectionnement de tous les talents : et loin qu’il s’oppose en rien ni aux sentiments profonds, ni aux expressions énergiques, la simplicité qu’il commande, le naturel qu’il inspire, sont les seuls ornements qui puissent convenir à la force. […] Examinons maintenant sous combien de formes diverses doivent se présenter les funestes effets de la grossièreté dans les manières, et quel doit être le caractère de la politesse qui convient à l’esprit républicain.

104. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Si l’on pouvait découvrir un jour dans le calcul des probabilités, une méthode qui pût convenir aux objets purement moraux, ce serait faire un pas immense dans la carrière de la raison. […] L’on dirait : — pour administrer telle population, il faut exiger tel sacrifice de la liberté individuelle : — donc telles lois, tel gouvernement conviennent à tel empire. — Pour telle richesse, telle étendue de pays, il faut tel degré de force dans le pouvoir exécutif : — donc telle autorité est nécessaire dans telle contrée, et tyrannique dans telle autre. — Tel équilibre est nécessaire entre les pouvoirs, pour qu’ils puissent se défendre mutuellement : — donc telle constitution ne peut se maintenir, et telle autre est nécessairement despotique. — On pourrait prolonger ces exemples ; mais comme la véritable difficulté de cette idée n’est pas de la concevoir abstraitement, mais de l’appliquer avec précision, il suffit de l’indiquer. […] Depuis Locke, l’on ne parle plus des idées innées, l’on est convenu que toutes les idées nous viennent des sens. […] Cette place que nous assignons à la morale, au-dessus du calcul, convient également à la morale publique et à la morale individuelle.

105. (1908) Après le naturalisme

Nous nous refusons énergiquement à en convenir et nous avons nos raisons pour cela. […] Il en résulte que ce cadre mal fait ne peut convenir, même en l’élargissant, aux espèces pour lesquelles il n’a pas été établi. […] Pour l’homme, il ne peut en convenir de même. […] La raison du dégoût envers le convenu, n’expliquait rien. […] Et le devoir tracé par la vie conduit précisément, admirable corroboration, à suivre la destinée qui nous convient le mieux.

106. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

À des lecteurs enfants, des livres d’enfants conviennent seuls. […] Néanmoins, il faut convenir que ces figures assez peu nobles rehaussent l’intérêt du livre par la prestesse et l’ardeur avec lesquelles M. de Balzac sait les faire mouvoir. […] La position est difficile, on en conviendra, et si l’on aimait comme cela dans la vie, il semble qu’on n’aimerait ni beaucoup ni souvent. […] Alfred de Musset, les moins heureuses peut-être, on reste persuadé que l’auteur n’a pas trouvé, dans les compositions en prose, la route qui lui convenait davantage. […] Prenons donc l’autre côté de la question et convenons que M. 

107. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Il faut trouver ce qui convient à la circonstance particulière, au sujet limité. […] Mais un exemple en ces matières est toujours délicat à imaginer : on a beau faire, on sent que tout est convenu, factice, arrangé pour le besoin de la démonstration.

108. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

M. l’Abbé de Barruel semble s’être proposé pour modele les fameuses Lettres de Pascal, & il faut convenir qu’il se montre souvent le digne émule de ce Grand Homme. […] Une plume d’or, en effet, si elle avoit pu influer sur le style, auroit mieux convenu à du Bartas, avant la composition de son Poëme.

109. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

On convient que le systême qu’il expose n’est pas exempt de contradiction ; mais on est forcé de convenir aussi, que ses illusions même sont celles du génie.

110. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Exemple de deux personnes qui montent d’une cave, dont l’une porte une lumière et que l’autre suit : si celle-ci a la quantité de lumière ou d’ombre qui lui convient, vous sentirez qu’en la plaçant sur la même marche que celle-là, elles seront toutes deux également éclairées. […] J’y cherche le censeur des lettres, le Caton et le Brutus de notre âge, je m’attendais à voir Epictete en habit négligé, en perruque ébouriffée, effrayant par son air sévère les littérateurs, les Grands et les gens du monde, et je n’y vois que l’auteur du Devin du village bien habillé, bien peigné, bien poudré et ridiculement assis sur une chaise de paille ; et il faut convenir que le vers de Marmontel dit très bien ce qu’est M. 

111. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il l’y montre avec toutes ses grâces dans l’esprit et dans la personne, avec sa douceur charmante dans l’humeur et son soin continuel de plaire, en un mot, le plus aimable des hommes, et tel qu’on voit le Conti de Saint-Simon ; puis il ajoute d’une manière neuve et très judicieusement, au moins selon toute vraisemblance : Mais je suis persuadé qu’il est à la place du monde qui lui convient le mieux, et, s’il en occupe quelque jour une plus considérable, il perdra de sa réputation et diminuera l’opinion qu’on a de lui ; car il est bien éloigné d’avoir les qualités nécessaires pour commander une armée ou pour gouverner un État : il ne connaît ni les hommes ni les affaires, et n’en juge jamais par lui-même ; il n’a point d’opinion qui lui soit propre… ; il ne saisit point la vérité52 ; on lui ôte ses sentiments et ses pensées, et souvent il n’a que celles qu’on lui a données, qu’il s’approprie si bien et qu’il explique avec tant de grâce et de netteté qu’il n’y a que les gens qui ont de bons yeux et qui l’approfondissent avec soin qui n’y soient pas trompés : on peut même dire qu’il les embellit. […] Récapitulant tous les talents et toutes les facultés qu’il reconnaît ne posséder que d’une manière secondaire et inférieure à ce qu’il avait vu chez d’autres, il ajoute que pour l’esprit de connaissance et de discernement, il croit que peu de personnes l’ont plus que lui : Et cela, conclut-il, m’a fait penser bien des fois fort extravagamment que, de toutes les charges qui sont dans un royaume, celle de roi serait celle dont je serais le plus capable ; car l’esprit de connaissance et de discernement est juste celui qui convient aux rois : ils n’ont qu’à savoir bien choisir ; et, donnant à un chacun l’emploi qui lui convient, ils se servent de toutes ces sortes d’esprits que Dieu a distribués aux hommes, sans qu’il soit nécessaire qu’ils les aient. […] Lassay réduit trop ici l’idée de roi à sa portée et à son image ; il fait son roi le plus inactif et le moins inventif qu’il peut, sans, initiative aucune, afin que la place de tout point lui convienne. […] Je veux enfin secouer leur joug, il m’est insupportable ; quand on vient à un certain âge, le commerce familier avec eux ne convient plus : on n’a pas assez de facilité dans l’humeur, et même assez de santé pour être toujours complaisant ; le respect dû à leur naissance, quelque soin qu’ils prennent à l’adoucir, attire une sorte de contrainte dont on ne peut plus s’accommoder ; les commodités de la vie et les bonnes chaises deviennent nécessaires : on est moins propre à leurs plaisirs, et moins sensible aux divertissements qui les entourent ordinairement.

112. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

nos journaux et nos revues me paraissent avoir le souci d’exercer la critique exactement comme il convient : les premiers par des chroniques, par des notices bibliographiques destinées à renseigner le lecteur au jour le jour sur le mouvement littéraire ; les seconds — avec la doctrine d’art qui leur est propre — par des études d’ensemble sur les idées directrices de l’écrivain, ses origines, son influence, les caractéristiques de sa personnalité, etc. […] Là-dessus, louez une salle, invitez-y quelques centaines de snobs, de décadents et d’ennuyés, payez trois ou quatre camelots pour remplir le rôle de la claque en vous jetant au moment convenu une douzaine d’œufs pourris par la tête, et venez singer sur un tréteau les vagissements du nouveau-né ou la musique du pétomane ! […] Deffoux n’entreprend pas une comparaison en règle : il estime, cependant, que journaux et revues paraissent, aujourd’hui, « exercer la critique exactement comme il convient ». […] Il est plus difficile de s’entendre sur ce qu’il convient d’y, mettre. […] Lamartine. » Ce qui tendrait à prouver que la liste des Marges n’était pas aussi « exhaustive » qu’il apparaissait, et qu’à la série des critiques dogmatiques, impressionnistes, académiques, indépendants, universitaires et artistes, il convenait d’ajouter le créateur.

113. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Aussi convient-il à toute époque d’étudier avec soin la vie familiale, de savoir si elle est forte ou faible, sévère ou relâchée, de noter les différences et les ressemblances qu’elle présente d’une classe, d’une région et presque d’une ville à une autre. […] Il ne faut jamais oublier ces paroles de la duchesse de Bourgogne à Mme de Maintenon87 : « Ma tante, se mit-elle à dire, il faut convenir qu’en Angleterre les reines gouvernent mieux que les rois ; et savez-vous bien pourquoi, ma tante ?  […] Damis, lui, comprend que la passion amoureuse convient mieux à la jeunesse qu’à la vieillesse, et non seulement il se retire de bonne grâce, mais il demande lui-même pour son fils la main de la jeune fille. […] Il a créé la mère amie et sœur aînée de sa fille92. « Je n’ai point d’ordres à vous donner, ma fille, dit Mme Argante ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne ; et si vous me traitez autrement, je n’ai plus rien à vous dire. » Il est donc convenu que les deux amies n’ont plus de secret l’une pour l’autre ; la plus âgée met seulement son expérience au service de la plus jeune, et comme celle-ci hésite à lui confier ses peines : « Ah ! […] Je rappellerai pourtant qu’il conviendrait de compléter cette étude par celle de la place qu’y occupent les serviteurs.

114. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il faut néanmoins convenir, par esprit d'impartialité, qu'il n'a pas été plus heureux dans la défense que dans l'attaque. […] Qu'on se rappelle quelles étoient les vertus Païennes ; qu'on pese celles des plus grands Philosophes, & l'on conviendra que, malgré la continuelle application de quelques-uns à connoître le bien & à le pratiquer, ces vertus n'étoient que des vices déguisés, ou, tout au plus, des passions modifiées par un intérêt personnel assujetti à la décence, ou ennoblies par l'amour de la gloire & de la célébrité. […] Puisque les Philosophes les plus habiles sont convenus de l’imperfection de notre raison, ne vaut-il pas mieux en faire l’aveu aux pieds du Sanctuaire de la lumiere éternelle, que de goûter une liberté coupable en s’égarant avec les esprits vains & orgueilleux, qui n’enseignent que des erreurs ? […] En matiere de Religion & de Culte, la Divinité seule peut apprendre aux Hommes ce qu’elle en exige & ce qui leur convient. […] La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*.

115. (1774) Correspondance générale

— J’en conviens. — Que vous vous êtes rendue suspecte ? […] Convenez qu’à ma place vous sentiriez comme moi. Convenez que vous en seriez bien autrement blessé que moi. […] J’ai demandé le caractère qui me convenait. […] Elle chercha parmi les officiers celui qui me convenait le mieux.

116. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Et puis il est convenu que nous devons être logiques, unifiés. […] Sans doute convient-il de ne pas s’en exagérer l’importance pratique. […] Et je l’imagine qui parle ainsi : « Votre société ne me convient pas. […] Puisque nous sommes des hommes, puisque nous ne pouvons pas ne pas vouloir en être, nous « devons » agir comme il convient à des hommes, et tous les devoirs généraux des hommes nous sont par là même imposés. […] Chacun en convient.

117. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

L’auteur pourrait nous dire : « Allez-y voir. » Mais cela prouverait seulement que nous sommes incapables de faire ce qu’il a fait, ce dont nous convenons sans peine. […] On sent que c’est quelque chose de voulu, de convenu, et que l’écrivain a jugé bienséant, à certains endroits, de parler de Dieu.

118. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il nous suffit ici qu’elle le soit des plus grands ou des plus illustres ; que ce qui n’en conviendrait pas exactement à l’un convienne du moins à l’autre ; et que le plus rebelle aux influences de son temps ne laisse pas de les subir plus qu’il ne croit lui-même. […] Convenons d’abord qu’ils sont nombreux, et qu’il est quelque peu puéril, comme on le fait encore parfois, d’en contester l’évidence. […] Les ornements littéraires proprement dits y abondent : ornements convenus, figures de rhétorique, métaphores, antithèses, allusions d’histoire ou de mythologie. […] J’en conviens quant aux ouvrages d’esprit. […] La forme du récit personnel, qui convient admirablement en de certains sujets, — Manon Lescaut, Werther, René, Adolphe, — convient moins bien en de certains autres.

119. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Et quelle suite si dangereuse peut avoir la sincérité sur le chapitre d’Homere, pour n’oser convenir de ses défauts qu’à l’oreille ? […] J’avoue que la narration d’Homere a quelque ressemblance avec celle des livres saints ; mais je ne sçaurois convenir qu’on ait raison de lui en faire un mérite. […] On voit par-là, que le vrai mérite du poëte n’est pas de tout peindre ; mais de ne peindre que ce qui convient, ce qui peut intéresser et ce qui peut plaire. […] Il faut qu’elles soient bien placées, c’est-à-dire, qu’elles conviennent aux actions et aux événemens dont on parle ; car si l’esprit ne les trouve appuyées de l’expérience, il les juge frivoles, et elles ne sçauroient faire d’impression. […] Je conviens encore qu’à la longue, la prose fatigueroit moins que les vers, parceque l’harmonie de l’une est plus naturelle et plus variée, et que celle des autres est plus contrainte et plus uniforme.

120. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Ce mouvement géométrique et violent convient au raisonneur qui casse la tête de son ami pour écraser la mouche. […] Aussi ont-ils le regard narquois, l’air joyeux et la démarche goguenarde qui convient au métier. […] Les délicatesses de coeur, les gracieuses effusions de sentiment, la piété fraternelle, ne conviennent guère à la physionomie malicieuse et à la jolie démarche du léger oiseau. […] Les procédés oratoires ne lui conviennent pas davantage. […] Ces deux vers de style si correct et si bien tournés ne conviennent qu’à une dame du temps, à une héroïne du beau monde.

121. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Cette maxime fondamentale est évidemment incontestable, si on l’applique comme il convient à l’état viril de notre intelligence. […] Cependant, vu qu’il convient de fixer une époque pour empêcher la divagation des idées, j’indiquerai celle du grand mouvement imprimé à l’esprit humain, il y a deux siècles, par l’action combinée des préceptes de Bacon, des conceptions de Descartes, et des découvertes de Galilée, comme le moment où l’esprit de la philosophie positive a commencé à se prononcer dans le monde en opposition évidente avec l’esprit théologique et métaphysique. […] Ils se sont enfin tellement prononcés, qu’il est devenu impossible aujourd’hui, à tous les observateurs ayant conscience de leur siècle, de méconnaître la destination finale de l’intelligence humaine pour les études positives, ainsi que son éloignement désormais irrévocable pour ces vaines doctrines et pour ces méthodes provisoires qui ne pouvaient convenir qu’à son premier essor. […] Depuis deux mille ans que les métaphysiciens cultivent ainsi la psychologie, ils n’ont pu encore convenir d’une seule proposition intelligible et solidement arrêtée. […] En effet, lorsqu’il s’agit, non seulement de savoir ce que c’est que la méthode positive, mais d’en avoir une connaissance assez nette et assez profonde pour en pouvoir faire un usage effectif, c’est en action qu’il faut la considérer ; ce sont les diverses grandes applications déjà vérifiées que l’esprit humain en a faites qu’il convient d’étudier.

122. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Après sa mort, une lettre du supérieur de la maison professe, le père Martineauk ; un éloge mis en tête de ses Sermons par le religieux qui en fut l’éditeur, le père Bretonneau ; une lettre de M. de Lamoignon, son ami de tous les temps ; un autre hommage plus développé mais du même genre, par une personne de condition, Mme de Pringy, c’est tout ce qu’on a sur Bourdaloue ; et, je le dirai, quand on l’a lu lui-même et considéré quelque temps dans l’esprit qui convient, on ne cherche point sur son compte d’autres particularités, on n’en désire pas : on entre avec lui dans le sens de cette conduite égale, uniforme, qui est le caractère de la prudence chrétienne et le plus beau support de cette saine éloquence ; et l’on répète avec une des personnes qui l’ont le mieux connu : « Ce qui m’a le plus touché dans sa conduite, c’est l’uniformité de ses œuvres. » On ne sait rien ou à peu près rien non plus de la vie de La Bruyère ; mais, à l’égard de ce dernier, le sentiment qu’on apporte est, ce me semble, tout différent. […] Aujourd’hui, le genre de talent de Bourdaloue nous semble bien loin de prêter à de telles vivacités de couleurs, et, pour mieux essayer d’y pénétrer, je dirai d’abord l’effet assez général que cette éloquence produit à la lecture, et par quel effort, par quelle application du cœur et de l’esprit il est besoin de passer pour revenir et s’élever à la juste idée qu’il convient d’avoir de sa grandeur, de sa sobre beauté et de sa moralité profonde. […] Souvenez-vous, et pensez quelle résolution il convient de prendre à un homme qui doit mourir. — Les exercices de la religion vous fatiguent et vous lassent, et vous vous acquittez négligemment de vos devoirs : Memento. […] De nos jours, l’abbé Deguerry a été convaincu d’avoir ainsi exagéré la présence d’esprit de Chateaubriand approchant de sa fin ; il s’est vu obligé d’en convenir dans une lettre à moi-même adressée, lettre d’ailleurs violente, pleine d’emportement et de jactance, plus digne d’un prêtre que d’un chrétien.

123. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

» — « J’en conviens. » — « Il sent ?  […] Il mérite que Mme d’Épinay, étonnée, lui dise : « Vous, monsieur, qui êtes poète, vous conviendrez avec moi que l’existence d’un Être éternel, tout-puissant, souverainement intelligent, est le germe d’un plus bel enthousiasme. » Au reste, Saint-Lambert a lui-même exposé dans sa vieillesse, et sans plus y mêler la mousse du champagne, la série et le système complet de ses réflexions sur tous sujets dans ce fameux Catéchisme universel qui parut une œuvre philosophique si morale sous le Directoire. […] Son poème des Mois, qui parut, magnifiquement imprimé, en 1779, sous l’invocation de Turgot et avec la protection de l’école économiste, a quelques bons vers et qui décèlent un instinct de fraîcheur et de nouveauté : L’onde étincelle et fuit d’une course plus vive, La pelouse déjà rit au pied des coteaux… Il manque par malheur d’invention, et n’a pas assez d’art, pas assez de fermeté dans le talent pour se soutenir ; il n’a que de bons commencements, et ses vers retombent vite dans le convenu. […] Et l’amoureux, par exemple, Cowper ne croit pas que la solitude lui soit bonne et lui convienne.

124. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Cela le mène en certains cas à dépasser les jugements convenus, à en briser de consacrés ou à en introduire de neufs, au risque de surprendre et de heurter ; peu lui importe ! […] Taine ne fait pas cet effort qu’il convient à l’historien littéraire d’exercer au besoin sur lui-même et contre lui-même, et il nous présente, avec une défaveur et une déplaisance marquées, ce poète réputé si longtemps le plus parfait de sa nation et que Byron saluait comme tel encore. […] » Convient-il d’abuser tout aussitôt contre son esprit charmant de ses infirmités corporelles et de dire : « Il ne peut se lever ; c’est une femme qui l’habille ; on lui enfile trois paires de bas les unes par-dessus les autres, tant ses jambes sont grêles ; puis on lui lace la taille dans un corset de toile roide, afin qu’il puisse se tenir droit, et par-dessus on lui fait endosser un gilet de flanelle… » Ce n’est pas moi qui blâmerai un critique de nous indiquer, même avec détail, la physiologie de son auteur et son degré de bonne ou mauvaise santé, influant certainement sur son moral et sur son talent ; le fait est que Pope n’écrivait point avec ses muscles et ne se servait que de son pur esprit. […] Et là-dessus, ajoute-t-il, nous convînmes de jeter sur le papier toutes les réflexions spontanées qui nous passeraient ainsi par la tête, tout le temps que nous serions ensemble.

125. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Il y a plus de philosophie, en vérité, dans le bout du petit doigt de Fontenelle que dans tous ces gros livres savants, curieux, intéressants, j’en conviens, mais si mélangés, si pétris de doctrines diverses ou contraires, si soumis à la foi et si ambitieux, si flatteurs pour le sens humain et pour les autorités de tout bord, si avides d’accaparer toutes les sortes de public et de recruter toutes les classes de lecteurs. […] Du premier jour, Fontenelle a donné la mesure de critique qu’il convient d’apporter dans un tel sujet. […] Racine a pu faire de jolies épigrammes contre le Fontenelle poëte et auteur de tragédies ; mais convenons que Fontenelle prend bien sa revanche par la philosophie et la pensée. […] Une audience si bénigne du Pape n’est pas, on en conviendra, la meilleure préparation philosophique pour un jugement de Galilée.

126. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Oui, j’en conviens, on ne peut méconnaître que, malgré ses taches et ses nuages, le soleil luit… On ne saurait méconnaître que, malgré quantité de tragédies détestables et ennuyeuses, Corneille ne soit sublime quelquefois… On ne saurait méconnaître que, malgré des fadeurs, des concessions au goût du jour, Racine ne soit souverainement pathétique et touchant…, que Molière… Je m’arrête. […] J’ai moi-même ici, tout récemment84, discuté trop à fond ce chapitre pour y revenir ; je me suis efforcé de montrer en quel sens et dans quelle juste mesure il convient de réduire Saint-Simon. […] » Nous en serions le plus souvent à répéter des éloges officiels et convenus, à compulser des jugements timides et neutres, ou même à accepter, avec les années, de ces réhabilitations complètes qui tendent toujours à se faire tôt ou tard par la découverte de certains papiers. […] Mais, même après avoir signalé le côté injuste et tout ce qui manque au portrait de Villars comme général, on est forcé de convenir que l’homme, le glorieux, l’audacieux, est rendu au vif dans les pages de Saint-Simon et qu’on a sous les yeux le personnage en chair et en os.

127. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Vous conviendrez que j’aurais assez mauvaise grâce auprès d’une forge ; je n’y serais pas Vulcain, et le rôle de Vénus pourrait lui déplaire beaucoup plus que mes goûts qu’il ne désapprouve pas. » C’est spirituel et finement tourné ; nous voudrions beaucoup de lettres authentiques comme celle-là. […] Jamais mère n’eut tant de droit de parler avec autorité que l’impératrice ; je l’ai représenté plusieurs fois dans les moments où les lettres chagrinaient : on convenait du principe, mais on s’est toujours figuré qu’on était peu aimée et qu’on serait traitée comme un enfant jusqu’à trente ans. […] Il est bien vrai que Mme la dauphine m’a toujours parlé de ce qui l’intéressait le plus, comme à un serviteur fidèle et uniquement dévoué à sa personne ; mais je dois convenir qu’elle a bien peu d’attention pour ce que j’ai l’honneur de lui représenter : quelquefois elle ne m’écoute pas, souvent ne me répond pas et rarement a égard à ce que j’ai l’honneur de lui dire. […] Né dans une classe obscure de la bourgeoisie, imbu de tous les principes de la philosophie moderne, et cependant tenant plus qu’aucun ecclésiastique à la hiérarchie du Clergé, vain, bavard, fin et brusque à la fois, fort laid et affectant l’homme singulier, traitant les gens les plus élevés comme ses égaux, quelquefois même comme ses inférieurs, l’abbé de Vermond recevait des ministres et des évêques dans son bain, mais disait en même temps que le cardinal Dubois avait été un sot ; qu’il fallait qu’un homme de sa sorte, parvenu au crédit, fît des cardinaux et refusât de l’être. » Si l’abbé de Vermond disait de ces choses à tous venants et sans discerner son monde, il avait grand tort ; mais il faut convenir que ce qu’on a présentement sous les yeux ne répond pas tout à fait à ce signalement, tracé par une griffe ennemie.

128. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Quant à moi, je pense qu’il convient, dans la biographie d’un homme, dans son portrait fidèle, de conserver aux choses l’importance relative qu’elles eurent dans sa vie et dans ses pensées. […] Il ne convient pas à tout le monde de se laisser engloutir sous les ruines de cet édifice. […] Vous étiez prévenu, je vous avais envoyé Tourton29 qui vous avait porté la moitié de bague qui était le signe convenu. » Ce qu’était et ce que dut être l’hôtel Saint-Florentin à ce moment, M.  […] Lui convient-il de parler leur langage ?

129. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Il convient de remarquer enfin que l’individu ne peut pas toujours aisément participer à des groupes franchement antagonistes. […] C’est tantôt l’un, tantôt l’autre de ces termes qui convient. […] Maintenant, quelle interprétation convient-il d’en donner ? […] Selon nous, ces deux opinions sont exagérées. — C’est aller trop loin que de soutenir, avec Hobbes et Machiavel, que tout est calcul, imposture, supercherie, à l’origine des croyances sociales. — Il conviendrait peut-être ici de faire une distinction entre les sociétés primitives et les sociétés très évoluées comme les nôtres. — Dans l’humanité primitive, l’imagination règne en maîtresse et son pouvoir d’illusion est à son maximum.

130. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Je sais, en parlant ainsi des lettres de Fénelon, les exceptions qu’il convient de faire : il y en a de très belles de tout point et de très solides, telles que celle à une dame de qualité Sur l’éducation de sa fille, telles que les Lettres sur la religion qu’on suppose adressées au duc d’Orléans (le futur Régent), et qui se placent d’ordinaire à la suite du traité De l’existence de Dieu. […] Avec cela, il était dissipé, adonné aux plaisirs, à celui de la table, qui pour lui n’était pas le seul ; et l’on est obligé de convenir que le commerce qu’il eut avec Fénelon ne le convertit jamais bien à fond, puisque c’est lui qui passe pour être le père de d’Alembert, qu’il aurait eu de Mme de Tencin en 1717. […] moi, je vous renvoie à Horace, je ne veux, pour vous battre, d’autre auxiliaire que lui, et je me fais fort de vous insinuer presque tous les conseils chrétiens qui vous conviennent, ou du moins tous les conseils utiles à la vie, en les déguisant sous des vers d’Horace. […] Pour apprécier comme il convient le Télémaque il n’est que de faire une chose ; oubliez, si vous le pouvez, que vous l’avez trop lu dans votre enfance.

131. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

On aime à revoir les lieux qu’on a habités dans son enfance… Je crois rajeunir en quelque manière ; je crois voir renaître ces jours précieux, ces jours irréparables de la jeunesse… On est assez embarrassé d’avoir à citer avec d’Aguesseau, car rien en particulier n’est original, ni bien vif, ni bien neuf, et il convient d’attendre et de prolonger la lecture jusqu’à ce que l’affection dont j’ai parlé opère ; mais alors l’agrément se fait sentir, un agrément honnête et sûr, et salubre. […] Pour se rendre compte de cet effet, et même en le réduisant à sa valeur, il convient de se rappeler que le Parlement, à cette date comme toujours, était un peu en retard sur le reste du siècle : aussi, en y apparaissant avec sa bonne mine, sa gravité tempérée d’affabilité et décorée de politesse, sa diction facile, nombreuse et légèrement fleurie, son élégance un peu concertée, l’élève adouci et orné de Despréaux fit une sorte de révolution relative ; il eut le mérite d’introduire et de naturaliser au parquet ce qui régnait déjà partout ailleurs ; et lui, le moins novateur des jeunes gens, il entra si à propos dans la carrière, que son premier pas fit époque. […] C’est ici qu’il convient de restituer à Saint-Simon toute la part qui lui est due dans l’étude de ce caractère. […] M. d’Aguesseau aurait préféré, nous dit son fils, rester dans la pure et véritable magistrature, et passer ses jours dans une charge de conseiller au Parlement de Paris, et il ajoute, en des termes qui rappellent l’hôtel Rambouillet plus subtilement qu’il ne convenait à un ami et à un disciple de Boileau : « Les maîtres des requêtes ressemblent aux désirs du cœur humain, ils aspirent à n’être plus ; c’est un état qu’on n’embrasse que pour le quitter… » Or, cette phrase étrange sur les maîtres des requêtes, comparés aux désirs du cœur qui aspirent à n’être plus, serait inexplicable chez un aussi bon esprit sans une phrase de saint Augustin qui dit cela, en effet, des désirs du cœur humain (sunt ut non sint).

132. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

VIII Les définitions ordinaires qui conviennent pour le temps psychologique, ne pourraient plus nous suffire. […] Il est évident que cette définition ne saurait convenir pour deux faits physiques qui se produisent à de grandes distances l’un de l’autre, et que, en ce qui les concerne, on ne comprend même plus ce que peut être cette réversibilité ; d’ailleurs, c’est d’abord la succession même qu’il faudrait définir. […] XIII Il convient de conclure.

133. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

— En toute humilité, il faut convenir qu’il y a beaucoup de vérité dans cette boutade. […] Nous conviendrons donc que le poète, s’il est vraiment poète, a le droit de se faire sa règle à soi-même. […] Sans doute convient-il de nous prononcer aussi sur le symbole.

134. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

C’est ce qui est arrivé plus d’une fois à La Fontaine même ; et je suis forcé d’en convenir, malgré mon admiration pour lui. […] C’est ici que la résignation à la nécessité est établie avec les adoucissemens qui lui conviennent. […] L’auteur qui n’avait guère fréquenté que des courtisans, rapporte le motif de toutes nos actions à l’amour-propre ; et il faut convenir qu’il dévoile, avec une sagacité infinie, les subterfuges de ce misérable amour-propre.

135. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

II Et, de fait, c’était un utilitaire, que le comte de Gasparin, Mais il était, j’en conviens, d’une utilité plus haute que celle de Bentham ou de Say. […] Singulier rapport entre le prédicateur évangélique, qui se fait très doux, dans son livre, — mais un peu comme Rominagrobis, et qui pousse la bonté jusqu’à bien vouloir convenir de la grandeur et de la conscience de nos Papes, — et cet empereur affolé qui désirait que le genre humain n’eût qu’une tête, pour la lui couper. […] L’Innocent III du comte de Gasparin n’est qu’un discours sur le pontificat d’Innocent III, condamné d’avance par un a priori illusoire, et dérisoire aussi… Ce pontificat glorieux, le plus glorieux — quoique exécrable — de tous les pontificats de l’Église romaine, de l’aveu du comte de Gasparin, ne pouvait pas, il faut en convenir, être raconté en quelques minutes de Conférence, avec toutes les négligences d’une parole qui se hâte, avec tous les à peu près de la circonstance, tous les faits laissés, vu leur nombre, forcément, dans l’ombre d’un discours.

136. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Ce qu’à la vérité il conviendrait de répondre aux aspirants littérateurs qui sollicitent les conseils, pour obtenir les protections, ce n’est pas que la littérature est le plus difficile des métiers ou le plus ingrat des arts, c’est qu’elle n’est ni l’un ni l’autre. […] Or une étiquette qui convient en droit strict à l’Iliade et à un monologue est, à tout le moins, superflue.

137. (1911) La valeur de la science « Introduction »

Ou bien pouvons-nous malgré tout approcher de la vérité par quelque côté, c’est ce qu’il convient d’examiner. […] Que l’esprit du mathématicien ressemble peu à celui du physicien ou à celui du naturaliste, tout le monde en conviendra ; mais les mathématiciens eux-mêmes ne se ressemblent pas entre eux ; les uns ne connaissent que l’implacable logique, les autres font appel à l’intuition et voient en elle la source unique de la découverte.

138. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Mais ne doit-on pas convenir qu’il a trop abusé de cette réputation, en voulant établir dans les Lettres certains paradoxes qui tendent à dénaturer les genres, & que l’esprit géométrique, si nous entendons par ce mot la justesse des idées, auroit dû être le premier à réprouver ? […] Il faut convenir qu’on doit peu louer sa modestie d’avoir redouté la traduction de l’Ouvrage entier.

139. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Ce n’est pas aussi sur leurs déclamations qu’il convient de juger de son mérite. […] Il est certain encore que ses Adversaires n’ont jamais pu lui contester le mérite des talens : il faudroit être bien injuste ou bien aveugle, pour ne pas convenir, après la lecture de ses Ouvrages, que peu d’Auteurs parmi nous ont l’esprit aussi vigoureux, le goût aussi sûr, & le style aussi piquant.

140. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

Une philosophie modérée, une morale froide et sérieuse conviennent à la Muse de l’histoire ; mais cet esprit de sévérité, transporté à l’Épopée, est peut-être un contresens. […] On convient que les caractères dans la Henriade ne sont que des portraits, et l’on a peut-être trop vanté cet art de peindre dont Rome en décadence a donné les premiers modèles.

141. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Or il est impossible que les mêmes notions puissent convenir identiquement à des choses de nature différente. […] Nous croyons, au contraire, que le moment est venu pour la sociologie de renoncer aux succès mondains, pour ainsi parler, et de prendre le caractère ésotérique qui convient à toute science.

142. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Comment les cadres préalables doivent être construits pour avoir chance de convenir aux choses. — Trois conditions. — Leurs éléments doivent être calqués sur les éléments des choses. — Leurs éléments doivent être le plus généraux qu’il se pourra. — Leurs éléments doivent être combinés le plus simplement possible. […] Mais d’autre part ce groupe ne convient qu’à cet homme et ne dure comme lui qu’un court intervalle de temps. — À présent, de l’individu, passez à la race ; c’est l’inverse qui arrive ; sans doute ici, les caractères communs sont beaucoup plus répandus dans l’espace et durent bien davantage dans le temps, puisqu’ils se rencontrent dans un nombre indéfini d’individus contemporains et se répètent à travers un nombre indéfini de générations successives. […] Car la représentation, quoique mal esquissé, est une esquisse, l’esquisse sensible d’un individu distinct ; en effet, si je la fais persister et que j’insiste sur elle, elle répète telle sensation visuelle particulière ; je vois mentalement tel contour qui ne convient qu’à tel araucaria, et, partant, ne peut convenir à toute la classe ; or mon idée abstraite convient à toute la classe ; elle est donc autre chose que cette représentation d’un individu. — De plus, mon idée abstraite est parfaitement nette et déterminée ; maintenant que je l’ai, je ne manque jamais de reconnaître un araucaria entre les diverses plantes qu’on me présente ; elle est donc autre chose que la représentation confuse et flottante que j’ai de tel araucaria particulier. […] Ces caractères sont appelés chiffres ; on convient qu’un chiffre placé à la gauche d’un autre désigne des unités de l’ordre immédiatement supérieur, c’est-à-dire dix fois plus grandes ; on compose une liste de neuf chiffres distincts pour représenter les neuf premiers à nombres ; on ajoute à cette liste un zéro pour représenter l’absence d’unité ou de nombre, et désormais, au lieu de cinquante-cinq caractères, on n’en emploie plus que sept pour représenter une collection de 2 327 648 unités. […] C’est ainsi que le mathématicien prépare d’avance des moules que le physicien viendra plus tard remplir. — Trois conditions sont requises pour que ces moules aient chance de convenir aux choses.

143. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

« Quand il convint au premier consul de faire éclater son humeur contre moi, il gronda publiquement son frère aîné, Joseph Bonaparte, sur ce qu’il venait dans ma maison. […] Le ministre en convint. […] un amusement libéral qui ne conviendrait qu’aux paisibles loisirs des hommes privés. […] Il m’a paru que l’air de ce pays-ci ne vous convenait point, et nous n’en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peuples que vous admirez. […] » « Voilà, ajoute-t-elle, de la vraie simplicité, celle de l’âme, celle qui convient au peuple comme aux rois, aux pauvres comme aux riches ; enfin, à toutes les créatures de Dieu.

144. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Il a tout le goût que l’on pouvait avoir de son temps, et qui convenait à son sujet. […] — J’en conviens. […] C’est par ma bouche que la force déclare ce qu’il convient d’accorder, et la justice ce qu’il convient de refuser. […] En passant en revue tous les gouvernements, Sénèque n’en trouvait pas un seul auquel le sage pût convenir, et qui pût convenir au sage. […] On représenta au jeune homme qu’il avait pris avec son antagoniste un ton décidé qui ne convenait pas à son âge, un ton violent qui ne convenait à personne.

145. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Son caractère, son âge, son tour d’esprit convenaient admirablement à l’espèce de dictature qu’il exerça pendant vingt ans. […] Pour ce dernier, c’était visiblement l’impression des excès où l’imitation de ce poëte avait fait tomber Ronsard outre qu’il sentait que cette forme de poésie, déterminée par deux choses exclusivement propres aux Grecs, la musique et le culte, ne pouvaient convenir ni aux idées modernes ni à l’esprit français. […] D’une autre : « Ceci est dit sans jugement. » D’une autre : « Sot et lourd. » D’un latinisme « La langue latine se sert de cette épithète mais la françoise, non. » D’un tour prétentieux : « Ceci pipe le monde, et ce n’est rien qui vaille. » D’un pétrarchisme : « Ceci est sans jugement, n’en déplaise à l’italien où il est pris. » D’un autre : « Bourre excellente, prise de l’italien, où elle ne vaut non plus qu’en françois. » D’une mauvaise rime : « Rime gasconne et provençale, mais non pas française » ; et cent autres de ce genre : Étrange oisonnerie, niaiserie, pédanterie, mal, très-mal, impertinent ; critiques peu civiles, j’en conviens, mais dont l’exactitude est d’autant plus admirable qu’il était plus difficile de voir juste à une époque où tant d’imitations pouvaient troubler le sens le plus sûr, et où la faveur publique protégeait la mauvaise poésie. […] Rompant tour à tour avec toutes les servitudes de cette poésie qu’infectait l’imitation ou la folie du savoir, avec tous ces mensonges convenus, auxquels des poëtes bien doués étaient forcés d’accommoder leur naturel, il fit de la langue des vers la langue même des sentiments les plus personnels au poëte. […] Le genre que Malherbe adopta convenait le mieux à cette réparation de la poésie.

146. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Je ne voudrais pas plaisanter plus qu’il ne convient. […] Il n’est point exact, ainsi qu’il le prétend, qu’il ait le premier essayé de se mettre en face de l’humanité réelle et vivante ; mais ce qui est exact, et il convient de lui accorder cette originalité, c’est qu’il a sa psychologie et son observation particulières, qu’il voit la vie contemporaine et s’efforce de la représenter à sa manière, avec un parti pris, brutal si l’on veut, mais décidé. […] Je conviens que les classes populaires ont leur droit de cité tout comme les autres dans la république de l’art. Je conviens encore qu’on ne leur a pas toujours fait leur juste place. […] Edmond de Goncourt s’est même du coup frappé quelque peu la poitrine : il est convenu que si son frère et lui avaient donné le mauvais exemple qu’on avait trop suivi et commencé par écrire Germinie Lacerteux, c’est qu’ils avaient succombé à la tentation de traiter d’abord les « sujets faciles ».

147. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

C’est une simple lettre en vers qu’il écrit à des amis ; et ce cadre, où il peut se jouer à son gré, lui convient à merveille. […] Après avoir montré tout ce qu’a d’important l’étude de l’âme, Aristote indique, avec sa concision habituelle et avec la sûreté de son coup d’œil, les questions principales qu’il convient d’agiter. […] à quelle cause convient-il de les rapporter ? […] Mais Platon est allé plus loin que Descartes, en insistant encore plus que lui sur les moyens qu’il convient d’employer pour bien discerner l’âme du corps. […] Mais voici par quel endroit il convient de la regarder.

148. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Ici Joinville a des instincts d’historien : il sent qu’on ne peut rien comprendre à une expédition en Égypte si l’on n’a une idée du Nil, et il nous en fait au début une description qui est célèbre à la fois par quelques traits fidèles et par un mélange d’ignorance et de crédulité : « Il nous convient premièrement parler du fleuve qui vient d’Égypte et de Paradis terrestre… » C’est ainsi que plus tard il parlera des Bédouins, et cette fois en des termes plus exacts ; et aussi des mamelouks, qui jouaient déjà un grand rôle à cette époque. […] Le scorbut se déclare : Et il venait tant de chair morte aux gencives à nos gens, qu’il convenait que les barbiers l’enlevassent pour leur permettre de mâcher et d’avaler. […] Le comte de Jaffa seul laisse entrevoir un avis différent ; mais il y est trop intéressé, et lui-même en convient, à cause des terres et châteaux qu’il possède en Syrie. […] Il tient à former Joinville, à le fortifier dans la foi en même temps qu’à lui donner tous les bons conseils de civilité, de régime et de mœurs, qui pouvaient convenir à un jeune homme comme il faut d’alors.

149. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Ses mémoires, fort bons à lire, sont loin d’être un récit complet auquel on puisse se fier sans contrôle ; il y dissimule ce qui lui convient. […] Une paix alors se marchande et se conclut, que Richelieu au début de ses grands desseins ne rend pas trop difficile, que les ambassadeurs d’Angleterre et de Hollande, deux puissances pour lors alliées de la France, conseillent impérieusement aux réformés, et dont Rohan a l’air de triompher plus qu’il ne convient. […] Après les perplexités et les partages d’esprit où M. de Rohan convient lui-même avoir été au début de cette troisième guerre, et qu’il trahissait quelquefois dans sa conduite, on concevra le jugement sévère et irrité que porte de lui Richelieu : Ce misérable Soubise, s’écrie-t-il avec indignation (car il ne sépare pas les deux frères), dont le malheur, l’esprit et le courage sont également décriés, n’ayant autre art pour couvrir ses hontes passées que de s’en préparer de nouvelles, sollicite en Angleterre. Le sieur de Rohan, plus propre à être procureur dans un palais que chef d’un parti, les avantages duquel il faut procurer par courage en guerre, et en paix par franchise et ingénuité, … continue ses pratiques, et par mille factions fait connaître à un chacun qu’il fait aussi bien durant la paix tout ce qui peut apporter la guerre, comme durant la guerre tout ce qui semble ne convenir qu’à la paix.

150. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Qui voudrait recueillir dans les correspondances du temps les mots et les jugements de Mme Du Deffand, du président Hénault et autres de ce monde-là sur Voltaire, les jugements du président de Brosses, de Frédéric, de Mme de Créqui (j’en ai donné des échantillons), quiconque ferait cela aurait l’idée d’un Voltaire vrai, non convenu, non idéalisé et ennobli par l’esprit de parti, et auquel on laisserait toutefois la gloire entière de ses talents. […] Je dirai donc, sans croire nous trop accorder, que dans cette troisième génération plus d’un esprit en est revenu, sans fléchir sur les points essentiels, à voir en Voltaire ce qu’il convient d’y voir avant tout lorsqu’on le considère en lui-même et dans les conséquences immédiates qui sont sorties de ses œuvres. […] Mais, tout bien considéré, ces mots, j’ai été à l’extrémité, se rapportent peut-être mieux à une maladie qu’il eut en effet en 1724, après avoir pris les eaux de Forges, et conviennent moins à l’état où l’aurait mis l’indigne guet-apens du chevalier de Rohan. […] Je n’ai plus que deux choses à faire dans ma vie : l’une de la hasarder avec honneur dès que je le pourrai, et l’autre de la finir dans l’obscurité d’une retraite qui convient à ma façon de penser, à mes malheurs et à la connaissance que j’ai des hommes.

151. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Sans prendre à la lettre les imprécations de d’Aubigné sur le roi qui eut le malheur d’attacher son nom à cette nuit funeste, on conviendra qu’il y avait au moins de l’illusion de précepteur et de père nourricier dans Amyot. — Quant au petit roi, il jugeait son bon maître tout en le comblant : on rapporte qu’il le raillait parfois sur son avarice et sa parcimonie, et enfin, lui qui se connaissait en vers et qui en faisait même d’assez bons, il se permettait de trouver durs ceux qu’Amyot mêlait à ses traductions : Amyot, très peu poète en cela, ne l’en trouvait pas moins aimable. […] M. de Blignières, qui tâche de couvrir le plus filialement qu’il peut les côtés faibles de son auteur, est forcé lui-même d’en convenir. […] On allégua des passages positifs, et Montaigne convint de bonne foi qu’il fallait en rabattre de cette exactitude de détail qu’il avait supposée. […] De nos jours, on a imputé d’une part à Plutarque plus de rhétorique peut-être et d’artifice qu’il n’en a par nature, et de l’autre on a prêté à Amyot plus de naïveté et de bonhomie qu’il ne convient, et on a ainsi exagéré le désaccord.

152. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Des années se passent, et ce même Gourville, devenu l’homme du roi à l’étranger, initié dans les intérêts et les caractères des personnages les plus influents des Pays-Bas et de la Hollande, est l’un des premiers à deviner le jeune prince Guillaume d’Orange, futur roi d’Angleterre, à lui donner des conseils, à le voir venir dans sa lutte couverte contre M. de Witt et à l’y applaudir ; et plus tard, quand l’habile prince a pris le dessus et est devenu seul arbitre dans son pays, Gourville, qui le visite au passage et qui en est très caressé, sait lui tenir tête en dissimulation, ne se livrer qu’autant qu’il faut, l’écarter doucement avec badinage et respect, comme il convient à celui qui représente désormais des intérêts contraires. […] Étant convenu que j’écrirais à Paris pour savoir s’il n’allait pas toujours à sa maison de campagne, comme il avait accoutumé de faire, on me manda qu’il y allait encore souvent. […] Il y arriva extrêmement fatigué et désolé, je feignis de le consoler ; et, ayant traité de sa liberté, je convins à quarante mille livres, à condition qu’il ferait venir cette somme à Verdun, et qu’après qu’on l’aurait apportée à Damvillers, il aurait sa liberté. […] De même, dans les négociations où il s’entremettait, « il était hardi sur les propositions, nous dit Mme de Motteville, et selon ce qu’il lui convenait de dire, et ce que la nécessité le forçait de faire, il se servait également du oui comme du non ».

153. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il éluda cette défense en passant le journal sous le nom de son frère, le jeune Benjamin, auquel il remit à cet effet, et pour la forme, son brevet d’apprentissage avec libération ; il fut convenu toutefois, par un nouvel engagement destiné à rester secret, que Benjamin continuerait de le servir comme apprenti jusqu’au terme primitivement convenu. […] Jeune, il n’éprouve aucun sentiment irrésistible ni entraînant ; il voit miss Read ; elle lui convient, il conçoit pour elle du respect et de l’affection, mais le tout subordonné à ce qui est possible et raisonnable. […] Pour juger Franklin littérateur, économiste et auteur de différentes inventions utiles, il convient de se bien représenter ce jeune homme à sa date et à sa place, au milieu de ses compatriotes si rudes, si inégalement instruits et si peu faits à tous les arts de la vie.

154. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Or, à l’épreuve, nous n’avons jamais été contents de la nôtre : treize fois en quatre-vingts ans, nous l’avons démolie pour la refaire, et nous avons eu beau la refaire, nous n’avons pas encore trouvé celle qui nous convient. […] C’est pourquoi, si nous parvenons à trouver la nôtre, ce ne sera qu’en nous étudiant nous-mêmes, et plus nous saurons précisément ce que nous sommes, plus nous démêlerons sûrement ce qui nous convient.

155. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Le nom de figures convient mieux à certaines constructions, et certains groupes de mots, où le choix et le goût de l’écrivain ont plus de part, et qu’il emploie, pouvant ne pas les employer. […] « Mais parce que, selon le saige Salomon, la science n’entre point en âme malivole, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te convient servir, aymer et craindre Dieu. » (Rabelais.)

156. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Athènes n’a aperçu que le vol de l’aigle, sa fuite impétueuse, et ce mouvement qui convenait au propre mouvement du génie des Grecs. […] Cette sorte de sublime, le plus impétueux de tous, convient singulièrement à un Être immense et formidable, qui touche à la fois aux plus grandes et aux plus petites choses.

157. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Tirez de là ce qui vous conviendra. […] Il a bien l’air un peu matois et chicanier, comme il convient à un paysan de sa profession.

158. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Abauzit, est de convenir que ses erreurs peuvent être regardées comme involontaires, & une suite presque inévitable de la démangeaison indiscrete de tout approfondir & de tout commenter, en matiere de Religion. […] … Vous en conviendrez, Monsieur, qu'après avoir affronté les Elémens, les Climats, les Sauvages, c'est trop redouter les clameurs d'une petite Horde que la raison & le temps détruiront, s'ils ne peuvent la contenir & la civiliser. […] Personne ne conteste qu'il n'ait eu de grands talens : il en falloit assurément pour opérer la révolution qu'il a faite dans nos idées & dans nos mœurs, & je ne l'ai point dissimulé dans les Trois Siecles ; mais les Esprits justes & vraiment connoisseurs, conviendront sans peine qu'il est loin de justifier les éloges & les honneurs qu'on lui a prodigués sans mesure. […] Lorsqu'il a voulu employer celle du raisonnement, il a malheureusement donné dans des bévues qui n'ont pas échappé à nos Théologiens érudits ; ils les lui ont même reprochées amérement, & je suis obligé de convenir avec eux, d'après l'étude particuliere que j'ai faite des Langues anciennes, que M. de Voltaire n'a pas la moindre connoissance de l'Hébreu, qu'il ne fait point le Grec, & qu'il n'a pas puisé dans les sources ses Observations critiques sur Abraham, Moïse, David, Salomon, les Prophetes, les Loix, & les Mœurs Hébraïques ; je doute même qu'il ait jamais lu les Peres de l'Eglise, qu'il cite souvent. […] Moi-même je conviendrai que j’ai été la dupe, comme tant d'autres, de leur charlatanisme.

159. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On convient que les premiers poëtes Anglois ont banni l’amour du théâtre ; mais leurs successeurs l’y ont introduit. […] Il faut convenir que la pièce est charmante, pleine de sentiment & de chaleur. […] L’abbé Desfontaines lui-même céda au torrent, & convint qu’elles avoient reçu leur passeport . […] La Mothe fut à la première représentation : il y rit beaucoup, comme il en convient lui-même dans sa préface d’Inès. […] Le silence eut mieux convenu que tant d’éclat & que cette abjuration solemnelle.

160. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Jouffroy a conclu qu’il n’y avait que la raison individuelle qui pût répondre à chacun de nous et résoudre nos doutes, soit en nous donnant une solution, soit en nous démontrant qu’il n’y en a pas, ce qui est aussi une manière de nous apaiser, selon lui ; il faut convenir que cette manière-là serait singulière ! […] Cela était-il donc si indigne d’examen, et convenait-il à votre impartialité de passer outre avec ce mépris ? […] Voilà le sage des psychologistes, aussi incomplet vraiment, aussi mutilé que celui des stoïciens ; et c’est par rapport à ce sage idéal pourtant que la société de l’avenir devrait achever de s’organiser ; car si l’humanité, c’est-à-dire tout ce qui a valeur en elle, est éternellement tourmenté du problème de la destinée, si la révélation n’y peut rien, et s’il n’y a que la raison individuelle de qui chacun puisse attendre un oui ou un non qui l’apaise ; il convient évidemment que la société de l’avenir soit constituée de manière que le plus grand nombre d’hommes puisse vaquer à la solution de ce problème et de toutes les questions qu’il comprend.

161. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Convenons pourtant d’une chose, que le goût des fables est passé : notre siècle leur préfère l’esprit de philosophie, d’exactitude & de raison : elles étoient d’une grande ressource aux anciens poëtes. […] Le jeune homme étant obligé de convenir que non, Allez l’étudier , lui dit-il, avant que de vous donner pour sçavant . […] On convient que les vers du philosophe couronné manquent quelquefois de soin & de fini ; qu’ils n’atteignent pas toujours à notre coloris François : mais, en récompense, il les a remplis d’idées, de grandes vues, de morceaux très-poëtiques.

162. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

D’ailleurs, il faut bien en convenir, on n’est pas libre de le passer sous silence. […] Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité — ce sentiment qu’il raille sans cesse — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser Lord Byron parce que Lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle. […] Il n’y a pas plus de trois lettres de la Correspondance où il convienne nettement de son incrédulité et où il nie Dieu avec une insolence tranquille.

163. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

D’ailleurs, il faut bien en convenir, on n’est pas libre de le passer sous silence. […] Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate, comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité, — ce sentiment qu’il raille sans cesse, — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser lord Byron, parce que lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle. […] Il n’y a pas plus de trois lettres de la Correspondance où il convienne nettement de son incrédulité, et où il nie Dieu avec une insolence tranquille.

164. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Parce qu’on savait que l’idée ne conviendrait plus au mouvement accéléré. […] Nous appellerons donc « système de référence » le trièdre trirectangle par rapport auquel on conviendra de situer, en indiquant leurs distances respectives aux trois faces, tous les points de l’univers. […] Il faudra entendre par là que l’on convient de localiser dans ce système le système de référence qu’on aura choisi.

165. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

On l’a déjà dit, il ne peut y avoir de grande éloquence sans de grands intérêts ; et il faut convenir que pour célébrer la barrette donnée à un prélat d’Ostie ou de Faenza, ou pour louer un pape à son installation, il ne faut pas autant d’éloquence qu’il en fallait à César pour gouverner le sénat et le peuple de Rome. […] Voici quelques traits de cet éloge ; on y trouvera cette teinte de poésie qui convient au genre, et encore plus à un peuple à peine civilisé, où le génie même doit avoir plus de sensations que d’idées : « Supposez, dit l’orateur, un Moscovite sorti de sa patrie avant les entreprises de Pierre-le-Grand ; supposez qu’il ait habité au-delà des mers, dans des climats où le nom et les projets du czar n’aient pas pénétré. […] Il faut convenir qu’il y a dans la plupart de ces morceaux, le ton d’une vraie et noble éloquence.

166. (1929) Dialogues critiques

Pierre Je suis obligé d’en convenir aussi. […] Mon ami en convient, mais il ajoute qu’il n’a jamais été effleuré par un sentiment trouble, et qu’il eût plutôt pensé à l’impératrice de la Chine ou à la favorite du Grand Turc. […] Pierre Je conviens qu’on a tort. […] Pierre La grande offensive antivaléryste de l’an dernier était odieuse et ridicule, j’en conviens. […] Pierre J’en conviens.

167. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Est-ce qu’un trait comique pris dans nos mœurs, est-ce qu’un trait pathétique pris dans notre histoire ne m’attachera pas tout autrement… j’en conviens, dites-vous. […] La forme de ce tableau est ingrate, il faut en convenir. […] Oui, il faut en convenir ce tableau du Dauphin est d’un beau faire ; mais l’accessoir est devenu le principal, et le principal, l’accessoir, c’est une bagatelle. […] Il ne convient qu’à de petites choses qu’on regarde de près et par parties. […] Vous conviendrez qu’ils ont tous merveilleusement embrouillé cette question.

168. (1914) Une année de critique

Il convient de le louer avant tout de ne se point attacher à paraître original. […] Il convient d’abandonner au théâtre ces préciosités à rebours. […] Néanmoins, il faut convenir que le récit ne convient pas indifféremment à tous les sujets. […] Et il convient de parler enfin du principal mérite de M.  […] Il convient, en effet, de ne point exagérer le caractère « fatal » de la passion.

169. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

César se plaça sur la ligne des plus grands orateurs : Auguste eut le discours prompt et facile qui convient à un souverain. […] J’en conviens. […] Il faut convenir qu’à côté d’un Tibère, un plaisant personnage à supposer, c’est un casuiste de Sorbonne. […] Mais quand on conviendrait de la vérité de l’entretien de Caracalla avec Papinien, il resterait toujours à examiner si la résolution de celui-ci convenait également à Burrhus, ministre de la ville et du palais, et à Sénèque, ministre des provinces. […] Dans Rome personne n’ignorait que Néron avait assassiné sa mère, et il eût été de la dernière indécence d’en convenir.

170. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il fut cependant convenu entre Malouet et Raynal que celui-ci, qui vivait depuis quelques années à Marseille, enverrait à l’Assemblée une lettre de remontrances, concertée entre eux deux, dans laquelle il la blâmerait de ses excès, de ses fautes, en faisant lui-même amende honorable de quelques-uns de ses écarts. […] Cet épisode des Mémoires, sans rien apprendre de bien nouveau, est curieux et s’ajoute, pour le confirmer, à ce que l’on connaît de Barnave : « Je savais, dit Malouet, où il en était vis-à-vis du roi ; je savais qu’il y avait de sa part conviction de ses erreurs, désir sincère de les réparer ; mais il ne convenait pas de paraître instruit de ses projets, s’il évitait de s’en expliquer avec moi. […] Il a la tonne foi d’en convenir et de nous conter lui-même l’espèce de roman qu’il se faisait dans les premiers mois pour un dénouement à souhait. […] M. do La Tour du Pin peut lui dire que, si nous rentrons en France, véritablement il ne peut pas y rester ; mais je lui garantis un sauf-conduit pour aller vivre en tel pays étranger qui lui conviendra le mieux. » « Voilà quels étaient, même en 1800 (car c’est l’époque de cette conversation), l’esprit, les projets, les combinaisons de ces messieurs. » Et ces messieurs, s’ils vivaient, seraient toujours les mêmes.

171. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Douze ans après, on a subi la revanche, et bien légitime, convenons-en. […] Les portraits de Timon ont du relief et du trait, nous en convenons ; ils sautent aux yeux à travers la vitre. […] Plus d’analyse conviendrait peu, à propos des deux volumes que nous annonçons ; et puis il nous serait impossible, en continuant de les feuilleter, de ne pas nous rencontrer nous-mème face à face sous la plume de M. […] Ce n’est pas au nom de la gloire et de la renommée qu’il convient de s’adresser aux critiques, à ceux qui, vraiment dignes de ce nom, voient les choses littéraires avec sang-froid, étendue, et par tous les sens.

172. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Parmi les écrits qui s’inspirent de cette tendance il convient de placer en première ligne ceux de M.  […] L’énoncé du fait pourrait convenir à une infinité d’autres faits. […] Voilà donc un même énoncé qui convient à un très grand nombre de faits absolument différents. […] S’il m’a donné seulement cette indication brute, ou s’il a fait des corrections contraires aux règles habituelles, il a changé sans me prévenir le langage convenu.

173. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Marmont, par son esprit, par ses lumières, par cette rapidité d’impressions dont il était susceptible, s’y laissa gagner plus qu’il n’eût convenu à un homme qui n’eût voulu rester que dans sa ligne de soldat. […] N’ayant en tout ceci d’autre désir que d’être vrai et d’autre rôle que d’exposer fidèlement un caractère auquel le mot de traître ne convient pas, un de ceux auxquels il s’applique le moins, je demande à bien définir la question politique d’alors, telle que nos souvenirs calmés nous la laissent voir à cette distance, et je veux d’abord l’élever à sa juste hauteur. […] Arrivés à Petit-Bourg, où était le quartier général, dans la soirée du 4 avril, pendant que les maréchaux parlementaient, Marmont vit le prince de Schwarzenberg, qui lui dit que ses propositions étaient acceptées ; mais Marmont, lui expliquant le nouvel état de choses résultant de l’abdication, demanda à être dégagé ; ce qui fut entendu et convenu à l’instant. […] Une des pièces les plus positives qu’il eût pu produire et qui est une lettre du général Bordesoulle à lui adressée, par laquelle les généraux s’excusent d’avoir exécuté ce mouvement du 4 au 5 avril qu’on était convenu de suspendre, cette lettre avait été négligée, omise par le maréchal, et ne fut retrouvée au fond d’un tiroir qu’après 1830, par ses amis, occupés alors à le justifier.

174. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Un curieux genre pudibond tend à prévaloir ; nous rougissons de la façon grossière dont les grenadiers se font tuer ; la rhétorique a pour les héros des feuilles de vigne qu’on appelle périphrases ; il est convenu que le bivouac parle comme le couvent, les propos de corps de garde sont une calomnie ; un vétéran baisse les yeux au souvenir de Waterloo, on donne la croix d’honneur à ces yeux baissés ; de certains mots qui sont dans l’histoire n’ont pas droit à l’histoire, et il est bien entendu, par exemple, que le gendarme qui tira un coup de pistolet sur Robespierre à l’Hôtel-de-Ville se nommait La-garde-meurt-et-ne-se-rend-pas. […] Donner à chaque chose la quantité d’espace qui lui convient, ni plus, ni moins, c’est là la simplicité. […] Un billet d’hôpital lui convient mieux que la chevauchée sur l’hippogriffe.. […] Ici la prose, là le vers ; toutes les formes, n’étant que des vases quelconques pour l’idée, lui conviennent.

175. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Ce procédé, qui peut-être n’a été celui d’aucun peuple, pourrait tout au plus convenir à une nation de philosophes ; et dans notre grossièreté naïve, nous étions bien loin de mériter ce nom ; mais différents hasards suppléèrent à ce qui nous manquait du côté de la réflexion et du système. […] Ainsi nous entassâmes d’abord dans la nôtre, sans règle et sans choix, toutes les richesses qui s’offrirent à nous ; à peu près comme l’indigence avide se précipite sur des trésors qu’elle rencontre, et dans le premier moment ne peut distinguer ce qui convient à son caractère ou à ses besoins. […] Peut-être même ces grands mouvements de l’éloquence, qu’on admirait à Rome, nous conviendraient peu. […] Il faut convenir qu’il y a loin de Petit-Jean et de l’Intimé, à Hortensius et à Cicéron.

176. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

-R. est impatient, mais il faut convenir aussi que de Y. est impatientant. » Voilà la vérité sans aucun fard. […] La vie de garnison n’allait pas plus à de Vigny qu’à moi ; les habitudes des autres officiers qui passaient une grande partie de leurs journées dans les cafés ou ailleurs ne lui convenaient pas.

177. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Et s’ils luttent, les uns, dans un four à coke ; s’ils élèvent, les autres, des abeilles ; s’ils cultivent des roses et des blés, ce n’est point par un stratagème, ni une simagrée des hasards… Ces pêcheurs, ces maçons, ces bouviers ont été, sans nul doute, élus à travers toute l’Éternité pour solenniser les guêpes et les marbres… Et ils apparaissent moins des hommes que de vivantes Enclumes, les uns ; et ceux-ci des Houlettes ; des Corbeilles et des Faux… » Au lieu d’inventer des aventures où paradent et dialoguent d’impossibles personnages, il convient de célébrer également la pacifique sublimité des fêtes familiales et civiques. […] Et il suffit pour cela que les auteurs apportent des idées nouvelles, qui correspondent aux sentiments de l’époque et qui conviennent, en même temps, à la nature de nos nationaux.

178. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Et d’abord, avant de trop s’émouvoir il convient de se demander si tout cela est bien vrai. […] Eh bien, alors, s’ils ont fait de leur mieux pour nous mettre dans l’embarras, il convient aussi qu’ils nous aident à en sortir.

179. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Il comprit qu’un succès politique à propos de Charles X tombé, permis à tout autre, lui était défendu à lui ; qu’il ne lui convenait pas d’être un des soupiraux par où s’échapperait la colère publique ; qu’en présence de cette enivrante révolution de juillet, sa voix pouvait se mêler à celles qui applaudissaient le peuple, non à celles qui maudissaient le roi. […] Pour l’artiste qui étudie le public, et il faut l’étudier sans cesse, c’est un grand encouragement de sentir se développer chaque jour au fond des masses une intelligence de plus en plus sérieuse et profonde de ce qui convient à ce siècle, en littérature non moins qu’en politique.

180. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Chacun ici a précisément le degré d’intérêt qui convient à l’âge et au caractère. […] Il n’épargne ni soins, ni dépense pour avoir les modèles qui lui conviennent.

181. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection On m’objectera peut-être que nous connoissons aujourd’hui deux peuples à qui le caractere que les anciens écrivains donnent à leurs dévanciers, ne convient plus présentement. […] Tout le monde ne convient-il pas d’attribuer à l’excès du froid comme à l’excès du chaud la stupidité des négres et celle des lappons ?

182. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Si donc son entreprise demande à être reprise, il a eu l’honneur de montrer la route où il convient de s’engager. […] Telle est la seule attitude qui convienne à des disciples conséquents de cette philosophie.

183. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Malgré le fanatisme des réputations, il faut convenir de bonne foi que l’effet qu’on éprouve en les lisant est bien au-dessous de l’ancienne célébrité de l’orateur. […] Un autre grand mérite de cet orateur, c’étaient des finesses et des grâces de style ; or, ces finesses et ces grâces tiennent ou à des idées ou à des liaisons d’idées qui nous échappent ; elles supposent l’art de choisir précisément le mot qui correspond à une sensation ou délicate, ou fine ; d’exprimer une nuance de sentiment bien distincte de la nuance qui la précède ou qui la suit ; d’indiquer par un mot un rapport, ou convenu, ou réel entre plusieurs objets ; de réveiller à la fois plusieurs idées qui se touchent.

184. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

On conviendra qu’elle est encore plus absente16. […] On ne saurait mieux marquer que par de tels traits la différence qui nous sépare de nos pères ; ceux-ci et Désaugiers le dernier, dans leur manière d’entendre le vin, c’est-à-dire de le boire et de le chanter, tenaient un peu plus directement, on en conviendra, des façons du bon Homère et de celles du bon Rabelais. […] Ce genre de vie convenait même beaucoup mieux à Désaugiers que le sort qui lui était primitivement destiné à Saint-Domingue comme régisseur de quelque plantation ; mais tous ses vœux se portaient vers la France, et il ne fut heureux que lorsqu’il revit le sol natal et sa famille, au printemps de 1797. […] On a, depuis, brodé sur cette époque de la jeunesse de Désaugiers, car il a eu et il a sa légende, comme il convient à un type jovial et populaire ; on a inventé mainte anecdote sur lui non moins que sur Rabelais, non moins que sur La Fontaine, et il est devenu matière à vaudevilles à son tour. […] Dans un dîner du 2 fructidor an iv (1796), dix-sept gens d’esprit dont on a les noms, et parmi lesquels on distingue les deux Ségur, Deschamps, père des poëtes Deschamps d’aujourd’hui, Piis, Radet, Barré, Després, etc., posèrent entre eux les bases d’un projet de réunion mensuelle qu’ils rédigèrent le mois suivant en couplets ; c’était l’ère des constitutions nouvelles et des décrets de toutes sortes ; on ne manqua pas ici d’en parodier la formule : En joyeuse société, Quelques amis du Vaudeville, Considérant que la gaieté Sommeille un peu dans cette ville, Sous les auspices de Panard, Vadé, Piron, Collé, Favart, Ont regretté du bon vieux âge Le badinage Qui s’enfuit ; Et, pour en rétablir l’usage, Sont convenus de ce qui suit : et, après la rédaction rimée-de divers articles du règlement, la commission signait en bonne forme : Au nom de l’Assemblée entière, Paraphé, ne varietur.

185. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Faute de chansons, on est convenu de se rabattre sur les Mystères. […] Mais c’est là tout ; et peut-être conviendra-t-on que ce n’est pas assez pour se porter éditeur des Pensées. […] Mais je crois que l’opinion commune se trompe et qu’il convient d’en appeler du jugement consacré. […] Au fond, cette croisade antimonarchique ne convenait nullement à ses goûts. […] Peut-être cependant conviendrait-il aujourd’hui de tempérer la sévérité du jugement définitif de Sainte-Beuve.

186. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Les génies recommençants, c’est le nom qui leur convient, surgissent à toutes les crises décisives de l’humanité ; ils résument les phases et complètent les révolutions. […] Pour cacher vos desseins dans cette circonstance, prenez le maintien qui convient à la circonstance ; que vos yeux, vos gestes, votre langue donnent la bienvenue ; paraissez tel que la fleur innocente, mais que le serpent soit caché dessous. […] Ne mets au jour que des fils, car la trempe de ton âme inflexible ne peut convenir qu’à des hommes. — En effet, ne pourra-t-on pas croire, lorsque nous aurons teint de sang, dans leur sommeil, ces deux gardiens de sa chambre, et frappé avec leurs poignards, que ce sont eux qui ont fait le coup ? […] Viens, haut ou bas ; montre-toi, et fais ton devoir comme il convient. […] Elle aurait dû mourir plus tard : il serait arrivé un moment auquel aurait convenu une semblable parole.

187. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il faut convenir, cependant, qu’il n’approfondit pas toujours son sujet, & que le Rhéteur paroît trop à découvert dans ses discours. […] Il y a des graces & de la force dans plusieurs de ses discours, mais il faut convenir, avec un excellent critique, que ces graces ont quelquefois un air d’affectation, & que sa force n’est souvent qu’un ton déclamateur. […] Il faut cependant convenir que les premiers qu’il a composés, ne sont pas de la force des autres ; ils annoncent à la vérité un grand talent ; mais ils ne le montrent pas encore tel qu’il a été depuis. […] Son éloquence, quoique très-solide quant au fond des pensées, est peut-être trop fleurie, trop ornée, trop délicate, & par-là moins grave, moins sérieuse, & moins naturelle que celle qui convient au Barreau. […] Laissant à part cette question, il faut convenir que les recueils des Académies de Province offrent quelquefois des morceaux dignes de la Capitale.

188. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale. […] Mais était-ce bien la place de ministre des finances qui lui convenait le mieux, comme semble l’indiquer une note trouvée dans les papiers de Mirabeau ? […] M. de Talleyrand, sommé peu après par le pape de revenir à résipiscence sous peine d’excommunication (et il faut convenir qu’il ne l’avait pas volé) se le tint pour dit, et quitta décidément l’Église pour embrasser la vie séculière.

189. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les Allemands ont quelquefois le défaut de vouloir mêler aux ouvrages philosophiques une sorte d’agrément qui ne convient en aucune manière aux écrits sérieux58. Ils croient ainsi se mettre à la portée de leurs lecteurs ; mais il ne faut jamais supposer à ceux qui nous lisent, des facultés inférieures aux nôtres : il convient mieux d’exprimer ses pensées telles qu’on les a conçues. […] Dès que les premières bases vous conviennent, vous adoptez, pour maintenir la secte, toutes les conséquences que le maître tire de ses principes.

190. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Elslander65 définissent cette éducation en fonction des intérêts sociaux et des destinées sociales telles qu’ils les conçoivent ; ils la subordonnent à quelques grandes lois directrices de l’évolution sociale qu’il convient de favoriser et dont le tenue semble être un eudémonisme collectif où l’individu s’absorberait passivement dans l’uniformité et la médiocrité générales. […] Il conviendrait ici de distinguer entre les individus. […] Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte.

191. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Franck est à coup sûr un passionné de Wagner, mais il l’honore comme il convient, en ne l’imitant pas. […] Nullement ; et, du reste, l’auteur sait varier ses formes, choisira chaque moment celle qui convient le mieux. […] La cause Wagnérienne triomphe en France comme partout : ce qui eût été imprudent au moment de la lutte devient nécessaire au moment de la victoire ; il importe aujourd’hui qu’une Revue « Wagnérienne » entre directement dans l’actualité de chaque jour pour y prendre la ferme attitude qui convient à son titre.

192. (1802) Études sur Molière pp. -355

Le dénouement. — Il pourrait être meilleur, et nous en sommes déjà convenus. […] — Convenez que si dom Louis n’a pas opéré cette conversion, ce n’est pas faute d’avoir crié. — Que veux-tu ? […] peut-il convenir à la femme respectable qui vit dans le sein d’une famille honnête, et qui parle à un mari plus que dévot ? […] Quant aux divertissements, nous sommes convenus de n’en parler que lorsqu’ils mériteraient ce titre, par leur liaison intime avec l’ouvrage. […] Convenez, va-t-on me dire, qu’une pareille moralité est devenue inutile dans un siècle philosophique.

193. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Le tombeau de Jésus-Christ retombera entre les mains des infidèles, mais les membres de Jésus-Christ seront libres. » Et c’est ainsi que renseignement secondaire initie les jeunes filles au sentiment vrai de nos origines modernes, et les émancipe, les aguerrit par degrés en leur donnant sous cette forme agréable la clef des vicissitudes et des révolutions de l’histoire générale : c’est quelque chose déjà que de les guérir d’un convenu dans le jugement des œuvres de l’esprit et de l’imagination. […] Si La Harpe, inaugurant ses cours de littérature au Lycée, vers 1786, devant un auditoire de gens du monde conviés pour la première fois à pareille fête, a donné un signal heureux dont il convient toujours de lui tenir compte ; — si M.

194. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Né sans fortune & malheureusement incapable de s’en procurer, étant d’un caractère inquiet, caustique & porté à l’indépendance, il fut réduit à ne vivre que de sa plume ; mais il trouva toujours en elle des ressources qui n’eussent peut-être pas convenu à tout autre. […] Celui-ci se plaignit : l’abbé convint de la justice des reproches & se mit en devoir de réparer sa faute.

195. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

La tête s’est renversée ; les mains se sont redressées à l’articulation du poignet ; les coudes se sont portés en arrière : tous les membres ont cherché le centre de gravité commun qui convenait le mieux à ce système hétéroclite. […] J’en conviens.

196. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Il conviendrait même qu’il eût à sa disposition un droguier qui contînt des échantillons de chaque drogue sous ces états différents. […] Le premier parcourra les trois règnes, se renfermant dans l’étendue qui convient à l’art de guérir.

197. (1762) Réflexions sur l’ode

Toute poésie, on en convient, perd à être traduite ; mais la plus belle peut-être est celle qui y perd le moins. Je ne sais si les poètes conviendront de cette proposition ; nais qu’elle soit vraie ou fausse, la plupart auraient trop d’intérêt à la nier pour n’être pas récusables.

198. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Si les Grecs nous ont laissé quelque chose d’auguste et de grand dans le genre des hymnes, il faut convenir que c’est celle du philosophe stoïcien, nommé Cléanthe. […] Ô Dieu qui verses tous les dons, Dieu à qui les orages et la foudre obéissent, écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle qui te sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par une hymne non interrompue, comme il convient à l’être faible et mortel ; car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice, la raison sublime qui préside à la nature. » Il est difficile sans doute de parler de Dieu avec plus de grandeur.

199. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Il y en eut pourtant, dans ce siècle, trois de célèbres ; ce furent Eumène, Nazaire et Mamertin, tous trois panégyristes de princes, et tous trois comblés de bienfaits par les empereurs : car, si la vérité a souvent nui à ceux qui ont eu le courage de la dire, il faut convenir que la flatterie et le mensonge ont presque toujours été utiles à ceux qui ont voulu échanger leur honneur contre la fortune. […] Il faut convenir que le premier de ces éloges, prononcés à Trèves, est, d’un bout à l’autre, un chef-d’œuvre d’impertinence et de flatterie.

200. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

De els traits rachètent bien, convenons-en, quelques déductions logiques un peu trop rigoureuses et quelques essais d’équilibre impraticables. […] Avant son entrée à la Convention, il convient de relever encore deux circonstances. […] Il jugeait très-bas La Fontaine un peu surfait, et ne coulait pas sans difficultés sur ce qu’on est convenu d’appeler ses aimables négligences. […] « Il vient de m’annoncer que mes services ne lui convenaient plus, et quelque vains que soient les deux motifs de cette décision, je la tiens pour irrévocable. […] Il convient pourtant de faire remarquer que De Lisle de Sales avait été jeune dans l’Oratoire et qu’il avait pu naturellement y garder des relations.

201. (1842) Discours sur l’esprit positif

La philosophie théologique ne pouvait réellement convenir qu’à ces temps nécessaires de sociabilité préliminaire, où l’activité humaine doit être essentiellement militaire, afin de préparer graduellement une association normale et complète, qui était d’abord impossible, suivant la théorie historique que j’ai établie ailleurs. […] Mais il importe de noter ici que toutes ces diverses significations conviennent également à la nouvelle philosophie générale, dont elles indiquent alternativement différentes propriétés caractéristiques : ainsi, cette apparente ambiguïté n’offrira désormais aucun inconvénient réel. […] Personne, sans doute, n’a jamais démontré logiquement la non existence d’Apollon, de Minerve, etc., ni celle des fées orientales ou des diverses créations poétiques ; ce qui n’a nullement empêché l’esprit humain d’abandonner irrévocablement les dogmes antiques, quand ils ont enfin cessé de convenir à l’ensemble de sa situation. […] Mais une telle appréciation resterait encore incomplète, et même insuffisante, si la fin de ce Discours n’était pas directement consacrée à établir l’ordre fondamental qui convient à cette série d’études, de manière à fixer la vraie position que doit occuper, dans leur ensemble, celle dont ce Traité s’occupera ensuite exclusivement. […] Pour faciliter l’usage habituel de notre formule hiérarchique, il convient beaucoup, quand on n’a pas besoin d’une grande précision encyclopédique, d’y grouper les termes deux à deux, de façon à la réduire à trois couples, l’un initial, mathématico-astronomique, l’autre final, biologico-sociologique, séparés et réunis par le couple intermédiaire, physico-chimique.

202. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Cependant la démarche de Chimène est brillante et théâtrale ; elle donne un grand éclat à sa piété filiale : les vertus modestes ne conviennent point au théâtre, où tout est fracas, appareil et vaine pompe. […] Est-ce donc en faveur des faiblesses les plus coupables et des folies les plus humiliantes qu’il convient d’intéresser la nation ? […] Si le dieu qu’il sert ne lui convient pas, demain il en prend un autre ; il en fait, non l’arbitre de sa destinée, mais le ministre de ses passions ; au lieu de l’adorer, il l’insulte. […] Il faut convenir que César et Pompée sont des personnages un peu plus étoffés qu’Orosmane et Zamore, qui ne laissent dans l’esprit d’autre idée que celle d’un furieux et d’un fou. […] Un sujet tragique bien touchant, bien intéressant, n’a-t-il pas aussi l’agrément qui lui convient ?

203. (1890) Nouvelles questions de critique

Gaston Paris en convient, heurte toutes les règles, la question est donc de savoir ce que valent ces règles et quel en est le vrai fondement. […] L’Académie française, au surplus, n’en voudra-t-elle pas convenir elle-même ? […] Mais pour nous, qui n’y croyons plus, nous dirons seulement qu’autant que le Dictionnaire historique de la langue française conviendrait à l’Académie des inscriptions, autant un autre travail, celui de l’Histoire littéraire de la France, conviendrait au contraire à l’Académie française. […] et que, ne faisant pourtant de leurs œuvres et d’eux que le cas qu’il convient d’en faire, nous nous représentions Buffon tel qu’ils nous l’ont peint ? […] Qu’après cela, d’ailleurs, les conditions de l’art de peindre ne soient pas celles de l’art d’écrire, j’en conviens sans difficulté.

204. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Je ne crains point que ceux des gens de lettres qui ont pris la peine de descendre quelquefois en eux-mêmes et de s’interroger en philosophes, ne conviennent de la vérité de ce que j’avance. […] Aussi tant de plumes françaises ont célébré l’Angleterre, que leurs éloges semblent avoir calmé la haine nationale, de notre part du moins ; car il faut convenir que sur ce point nous sommes un peu en avance avec eux, et qu’ils ne nous rendent pas fort exactement les louanges que nous leur donnons. […] On est donc convenu que la naissance et la fortune seraient le principe le plus marqué d’inégalité parmi les hommes, par la même raison que tout se décide dans les compagnies à la pluralité des voix, quoique souvent l’avis du plus grand nombre ne soit pas le meilleur. […] Si les connaissances adoucissent l’âme, elles l’élèvent aussi ; l’une de ces qualités est même la suite de l’autre, et il faut convenir (malgré les reproches fondés qu’on fait aux gens de lettres) que non seulement ils sont supérieurs aux autres hommes par les lumières, mais qu’ils sont aussi en général moins vicieux dans leurs sentiments et dans leurs procédés. […] Il n’est donné qu’à un petit nombre d’hommes rares de se préserver de cette contagion ; mais il est très singulier que les gens de lettres, faits pour étudier, pour connaître, et pour fixer la langue, soient presque tacitement convenus entre eux de prendre sur ce point la loi des grands, à qui ils devraient la donner.

205. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Pardonnez à l’excès de mon zèle, qui peut-être m’emporte bien loin ; mais j’ai cru devoir au roi et à vous, peut-être à moi-même, une explication aussi naturelle, qui vous servira à vous fortifier à prendre des résolutions honorables ; car, pour le reste, c’est à vous de faire ce que vous croirez qui convient le mieux. […] L’ordre que vous avez donné au marquis de Villars y convient parfaitement, pourvu qu’il vous puisse joindre en cas que vous jugiez avoir besoin de lui : il peut y arriver le 10 ou le 12 au plus tard. […] Lui qui sait comment on mène les hommes, il indique donc très naïvement et assez gaiement à Chamillart de quelle manière il conviendrait de le mener lui-même, et à quelle fumée d’ambition il est le plus homme à se laisser prendre. […] si vous me permettez de sortir un peu du sérieux qui convient quand on a l’honneur d’écrire à son ministre, j’aurai l’honneur de vous dire que vous vous y prenez très mal.

206. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

On l’appelle attique et, en un sens, on a raison ; mais convenez aussi que jamais esprit proclamé attique n’a été loué d’une manière plus asiatique et plus somptueuse. […] Ici, il faut en convenir, il nous échappe complètement dans le détail, tout autant que si nous avions à apprécier un géomètre et un analyste d’un ordre élevé. […] Puis, quand on a dit tout ce qui convient sur ces rares fleurs et ces exquises inutilités, il est bon de s’arrêter à temps et de ne rien exagérer. […] » De Candolle n’eut pas de peine à en convenir, mais il trouva la méthode originale.

207. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Elle semble plus moraliste qu’il ne convient à une bergère ; il y a des pensées sous ses rubans et ses fleurs. […] Elle s’est plu à rimer en les variant, à traduire çà et là en espèce de madrigal moral quelqu’une des maximes de La Rochefoucauld, dont l’esprit lui convenait fort : comme lui aussi elle avait vu périr son idéal dans la Fronde. […] En un mot, un peu de dix-huitième siècle déjà en Mme Des Houlières, puisqu’on est convenu d’appeler dix-huitième siècle cela189. […] La destinée posthume de Mme Des Houlières ne manqua pas de vicissitudes ; elle semblait d’avance s’y attendre en se disant : Tandis que le soleil se lève encor pour nous, Je conviens que rien n’est plus doux Que de pouvoir sûrement croire Qu’après qu’un froid nuage aura couvert nos yeux, Rien de lâche, rien d’odieux Ne souillera notre mémoire ; Que, regrettés par nos amis, Dans leur cœur nous vivrons encore, Pour un tel avenir tous les soins sont permis ; C’est par cet endroit seul que l’amour-propre honore : Il faut laisser le reste entre les mains du sort.

208. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Comme dans la comédie de Marivaux, L’Heureux Stratagème, Marianne est tentée par moments d’user de représailles, d’aimer ou de faire semblant de se faire aimer par d’autres : « D’autres que lui m’aimeront, il le verra, et ils lui apprendront à estimer mon cœur… Un volage est un homme qui croit vous laisser comme solitaire ; se voit-il ensuite remplacé par d’autres, ce n’est plus là son compte, il ne l’entendait pas ainsi. » C’est assez montrer comment Marivaux, même quand il échappe au convenu du roman, au type de fidélité chevaleresque et pastorale, et quand il peint l’homme d’après le nu (éloge que lui donne Collé), nous le rend encore par un procédé artificiel et laisse trop voir son réseau de dissection au-dehors. […] Tout va à merveille tant que les deux sincères ne le sont qu’à l’égard d’autrui et non vis-à-vis l’un de l’autre : mais Ergaste se hasarde trop en croyant qu’il peut, sur les questions de la marquise, lui avouer qu’il a aimé Araminte presque autant qu’elle, et convenir qu’Araminte, à la vérité, lui semble plus belle, bien que la marquise plaise davantage ; il ne réussit lui-même qu’à déplaire. […] Et il faut convenir qu’il est mieux rendu et plus joli en enfant qu’il ne serait en homme.

209. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

C’est par leurs grands côtés qu’il convient de prendre les grands hommes, et les petitesses qu’il est permis de noter en eux ne doivent venir que dans la perspective de l’ensemble. […] Arago qu’il convient de le juger. […] La seconde statue, qu’il conviendrait peut-être de placer sur un écueil, nous le représenterait après la double carrière fournie, figure visiblement attristée, imposante toujours ; de haute stature ; la tête inclinée et fléchie, et comme à demi foudroyée ; semblant avertir par un geste les savants de ne point donner trop à l’aveugle sur le récif populaire : mais même alors, et de quelque côté qu’on regarde, gravez et faites lire encore sur le piédestal la date mémorable des services rendus.

210. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Thiers, carte en main, non pas en courant, mais en lisant tout (c’est ainsi qu’il convient de le lire), on est profondément intéressé ; car on se rend compte de toute chose, et des difficultés, et de l’importance, et des dangers, et de la force d’âme et de l’héroïsme qu’il a fallu même pour aboutir, sans désastres, à un résultat si neutre et si négatif. […] Lui convient-il de parler leur langage ? […] Thiers étant d’avis qu’il convient d’adoucir et d’amortir un peu les couleurs, il s’ensuivrait que sa glace, à lui, devrait être non pas simplement incolore, mais adoucissante à l’égard des objets et légèrement décolorante.

211. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Enfin, il faut bien en convenir, il y a des étrangers qui écrivent en français du même droit que nous et sans être Français, tout simplement parce que c’est leur langue propre et maternelle. […] Bons catholiques ou non, nous n’avons pas le goût protestant en littérature : quoi qu’il en soit, il convient, au moins à quelques-uns, de bien connaître ce monde à part, cette province littéraire non soumise qui a son fond et sa forme d’indépendance et d’originalité. […] J’en connais un, un seul, j’en conviens ; mais c’est beaucoup encore, et pour comble de bonheur, c’est dans mon pays qu’il existe… Savant et modeste Abauzit !

212. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Nous pensons, sans lui faire injure, qu’une tâche si immense ne lui convint jamais. […] C’eût été une tentative moins facile et plus belle d’aborder l’âme du grand homme, de la retracer, non point par des expressions générales qui conviendraient aussi bien au métromane durant la représentation de sa tragédie, mais par une analyse rapide et forte qui ne convînt qu’au seul Colomb entre tous ; de nous le reproduire tel qu’il dut être, doutant par moments de lui-même, de ses inductions, de ses calculs, et se laissant aller à de mortelles défaillances, puis recommençant avec anxiété et les calculs et les inductions, s’enhardissant à mesure qu’il les recommence, et, certain encore une fois de sa conclusion, se relevant avec un geste sublime, comme plus tard Galilée quand il s’écriait : Et pourtant elle tourne !

213. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Ajoutez à ces réflexions générales, que les longues et patientes recherches qu’exigeaient le dépouillement et l’examen des anciens manuscrits, convenaient particulièrement à la vie monastique ; et ce sont les moines, en effet, qui se sont le plus activement occupés des études littéraires. […] On dirait qu’il ne songeait point à ses lecteurs, et que partant de points convenus avec sa propre pensée, il croyait inutile de se déclarer à lui-même ses opinions. […] D’abord les images qui conviennent au climat du Midi, diffèrent entièrement de celles qu’inspire le climat du Nord, et, en second lieu, l’imagination religieuse des Juifs n’a pas le moindre rapport avec celle qui anime encore les descendants des poètes scandinaves et des bardes écossais.

214. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Tel homme de cœur et de talent, d’Argenson, fut surnommé « la bête », parce que son originalité dépassait le cadre convenu. « Cela n’a pas de nom, cela ne ressemble à rien », tel est le blâme le plus fort. […] En acquérant les talents qui conviennent aux temps de calme, ils ont perdu ceux qui conviennent aux temps de trouble, et ils atteignent l’extrême faiblesse en même temps que l’extrême urbanité.

215. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

En recommençant après ces affreuses crises, il est plus limité, j’en conviens ; la verte lande où l’on peut errer en promenant ses pensées et en cherchant l’inspiration imprévue est plus étroite ; elle ne s’étend que peu à peu et à mesure que la tranquillité renaît dans les cités et dans les âmes. […] Mais il l’a écrit avec joie, avec passion, avec zèle aussi et recherche, il en convient. […] La singularité me convient, la subtilité ne me déplaît pas ; l’excès est un écueil, un bel écueil… C’est le droit de l’écrivain, qui ne cherche qu’à plaire un instant, de chercher avant tout la forme, le son, le bruit, la couleur, l’ornement, la prodigalité, l’excès.

216. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Comme conséquence du procédé que l’on vient d’exposer, ce fait encore s’était produit sur lequel il convient d’attirer spécialement l’attention ; le cas pathologique, aperçu le premier avait été défini tout d’abord par l’énoncé du pouvoir normal qui s’y manifeste. […] II Enfermé dans les limites que l’on vient d’indiquer, et pris seulement comme un moyen de fixer dans l’espèce humaine les inventions réalisées par les meilleurs hommes, le rôle qu’il convient d’attribuer au pouvoir bovaryque, demeure, on le voit, d’une importance capitale. […] Il ignore ou feint d’ignorer que ce pouvoir de choisir avec plus ou moins de bonheur la direction favorable aux actes, est lui-même déterminé par le degré de convergence des forces léguées par l’hérédité, qu’un individu, un peuple, un groupe social quelconque doivent à leur passé, en même temps qu’aux circonstances du milieu, la possibilité d’adopter pour leur avenir l’orientation qui convient et que les mêmes causes assument seules le crime d’un mauvais choix.

217. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Nous avions exigé que ces notions fussent définies, scientifiques, Utilisables ; dans tous nos exemples précédents, nous les avons poussés à ce point ; il convient d’y insister. […] Il convient d’attendre de la critique scientifique des notions neuves et précises sur l’imagination, l’idéation, l’action réciproque du langage et de la pensée, de l’émotion et de la pensée, des sensations et des idées, sur l’invention, sur les sentiments esthétiques et sur d’autres problèmes de même ordre ou supérieurs. […] Il convient de rappeler à ce propos que les analyses esthopsychologiques que nous recommandons, seront appelées à trancher la question pendante des rapports de la folie avec le génie.

218. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Après avoir discouru des personnages allegoriques il convient de retourner aux compositions allegoriques. […] Mais ce qui convient au lieu où le tableau se trouve placé ; saint Dominique couvre le monde de son manteau et du rosaire. […] On merite le nom de poëte en rendant l’action qu’on traite capable d’émouvoir, ce qui se fait en imaginant quels sentimens conviennent à des personnages supposez dans une certaine situation, et en tirant de son genie les traits les plus propres à bien exprimer ces sentimens.

219. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Il a été remarqué que l’auteur, en se proposant et en professant hautement un but moral des plus honorables, jette quelquefois bien durement le défi à la société ; qu’il la maltraite en masse et de parti pris plus qu’il ne conviendrait dans une vue plus impartiale et plus étendue ; qu’il n’est pas très juste de croire, par exemple, qu’un jeune homme tel qu’il nous a montré le sien, Georges, le personnage principal de la pièce, riche, aimé, considéré à bon droit, puis ruiné un matin à vingt-cinq ans par un si beau motif, doive perdre en un instant du même coup tous ses amis, moins un seul ; il a été dit que l’honneur et la jeunesse rencontrent plus de faveur et excitent plus d’intérêt, même dans le monde d’aujourd’hui. […] C’est assez en dire pour montrer dans quel sens et par quelles raisons la Commission, considérant le drame, comme il convient, dans son ensemble et par l’effet général qu’il produit, heureuse d’être en cela d’accord avec le public, propose de décerner à M. 

220. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

La vérité est qu’ils se convenaient l’un et l’autre de tout point, qu’il y avait harmonie préétablie entre leurs esprits, et qu’à la première rencontre leurs atomes crochus s’attirèrent3. […] Il y convenait de tous les défauts qu’on trouvait à sa pièce.

221. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

La duchesse du Maine avait parmi ses femmes cette spirituelle Delaunay qui a écrit : « Les grands, à force de s’étendre, deviennent si minces, qu’on voit le jour au travers ; c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et encore : « Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » C’est en effet dans cet esprit qu’il faut étudier les grands, surtout depuis qu’on a appris à connaître les petits : ce n’est pas tant comme grands que comme hommes qu’il convient de les connaître. […] De pareils spectacles, il faut en convenir, étaient bien propres à exciter de nobles cœurs et à leur donner la nausée des basses intrigues.

222. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

D’abord du 10 août au 9 thermidor, l’influence directe des royalistes fut nulle ; tout le monde en convient : le nom de royaliste alors n’était plus qu’un mot vide de sens, que les partis se jetaient à la tête comme une injure et une menace. […] Les secours furent insuffisants et intempestifs ; des ordres contradictoires arrivèrent à la fois des deux petites cours rivales, et déconcertèrent les opérations commencées ; en deux conjonctures tristement mémorables, à Quiberon et à l’Ile-Dieu, de misérables scrupules de vanité empêchèrent d’adopter le genre de guerre qui convenait le mieux à la nature de la contrée et aux habitudes des paysans.

223. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Voltaire seul comprit ce qui était et ce qui convenait, voulut tout ce qu’il fit et fit tout ce qu’il voulut. […] Ou plutôt ce monument existe, mais par fragments ; et comme un esprit, unique et substantiel est empreint en tous ces fragments épars, le lecteur attentif, qui lit Diderot comme il convient, avec sympathie, amour et admiration, recompose aisément ce qui est jeté dans un désordre apparent, reconstruit ce qui est inachevé, et finit par embrasser d’un coup d’œil l’œuvre du grand homme, par saisir tous les traits de cette figure forte, bienveillante et hardie, colorée par le sourire, abstraite par le front, aux vastes tempes, au cœur chaud, la plus allemande de toutes nos têtes, et dans laquelle il entre du Goethe, du Kant et du Schiller tout ensemble.

224. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

L’homme parlant a pu dire à l’homme comprenant : Convenons entre nous que tel signe signifiera aux yeux ou à l’esprit telle chose ou telle idée, et qu’en lisant ce signe sur le sable, sur la pierre, sur le papyrus, sur l’écorce, sur le vélin, sur le papier, nous croirons entendre tel son, voir telle image, concevoir telle idée. Rien de plus simple ; l’homme n’était plus placé pour inventer l’écriture dans le cercle d’impossibilité où il était placé pour inventer la parole : ce cercle d’impossibilité, où il fallait la parole préexistante pour convenir de la signification de la parole, où le muet devait parler au sourd, et où le sourd devait entendre le muet !

225. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Mais comme leur génie ne se connoît pas bien lui-même, comme ils n’ont pas encore un stile formé, qui soit propre au caractere de leur génie, et convenable pour exprimer les idées de leur imagination, ils s’égarent en choisissant des sujets qui ne conviennent pas à leurs talens, et en imitant dans leurs premieres productions, le stile, le tour et la maniere de penser des autres. […] Au lieu que les artisans sans génie, qui sont aussi propres à être les éleves du Poussin que du Titien, demeurent durant toute leur vie dans la route où le hazard les peut avoir engagez, les artisans doüez de génie, s’apperçoivent, quand le hazard les égare, que la route qu’ils ont prise n’est point celle qui leur convient.

226. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Il les remplacera, si cela lui convient, car après tout, il est maître chez lui, et, s’il se fâche contre moi, je n’insisterai pas, le priant même d’excuser mon indiscrétion et ma mauvaise humeur. » Que M. de Gourmont se rassure : si je me fâche, ce sera seulement contre ses théories. […] Il les remplacera, si cela lui convient, car après tout, il est maître chez lui, et, s’il se fâche contre moi, je n’insisterai pas, le priant même d’excuser mon indiscrétion et ma mauvaise humeur. » Que M. de Gourmont se rassure : si je me fâche, ce sera seulement contre ses théories.

227. (1883) Le roman naturaliste

Et quand il meurt en lointain pays, je conviens, si l’on veut, que c’est de main de maître que M.  […] Zola qu’il convienne de saluer en lui un « écrivain de race », encore moins « un maître de la langue ». […] Si bas qu’il lui convienne demain de prendre ses héros, les prendra-t-il jamais plus bas que Manon Lescaut et que le chevalier des Grieux ? […] Nous avons essayé de tout résumer en quatre mots : les procédés de Flaubert convenaient admirablement au sujet qu’il avait choisi ce jour-là. […] Ici non plus Flaubert n’a pas trouvé la forme qui convenait à son sujet.

228. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Le désordre, l’action violente et brusque, les crudités, l’horreur, la profondeur, la vérité, l’imitation exacte du réel et l’élan effréné des passions folles, tous les traits de Shakspeare se conviennent. L’ordre, la mesure, l’éloquence, la finesse aristocratique, la politesse mondaine, la peinture exquise de la délicatesse et de la vertu, tous les traits de Racine se conviennent. […] Il errait sur les confins des deux théâtres, et ne convenait ni à des artistes demi-barbares ni à des gens de cour finement polis. […] Ils quittent l’âge de l’imagination et de l’invention solitaire, qui convient à leur race, pour l’âge de la raison et de la conversation mondaine, qui ne convient pas à leur race ; ils perdent leurs mérites propres et n’acquièrent pas les mérites de leurs voisins. […] Il a les goûts et les faiblesses qui conviennent à sa forme d’intelligence.

229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girodie, André (1874-1946?) »

Girodie parle la langue du Jules Laforgue des Complaintes, dans ses fantaisies d’amoureux, lettré, prudent, compliqué… De jolies pièces dans la série Tendresses, une bonne pièce à Paul Verlaine, un amusant Départ pour Cythère, ironique et familier comme il convient.

230. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pesquidoux, Joseph de (1869-1946) »

Paul Pionis Je dois convenir, après avoir lu ce livre, que le proverbe si connu : « Bon sang ne peut mentir », ne saurait être mieux appliqué qu’à l’auteur de ces poésies fraîches comme les fleurs d’avril, mais à l’allure martiale et chevaleresque comme celle des anciens preux.

231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 262

Si l’on ajoute qu’elle a fait encore une excellente Traduction des Histoires de la Maison de Tudor & de la Maison de Plantagenet, on conviendra sans peine qu’elle a honoré son sexe par de bonnes études, & rendu service au Public, en lui procurant deux bons Ouvrages Anglois.

232. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 472

Ceux qui l’ont connu particuliérement, assurent que les Lettres ont fait une grande perte par sa mort prématurée ; ceux qui ont lu sa Traduction, intitulée Choix de petites Pieces du Théatre Anglois, doivent au moins convenir qu’il savoit écrire avec naturel, élégance & facilité.

233. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

On le lit d’un œil distrait, à la légère, sans le respect, le recueillement qui conviendrait dans l’occurrence. […] Et il convient de lire ce dernier roman comme un chant splendide et lumineux de renaissance et de renouveau. […] Vous-même avez donné du poète une des définitions qui conviennent le mieux à l’idéal que nous nous proposons. […] Car de même qu’un tableau, qu’un paysage situé dans telle lumière, il convient, devant un livre, de varier ses points de vue, si l’on veut jouir d’une entière révélation. […] Tout est symbole, si vous voulez en convenir, selon celui qui regarde.

/ 2164