/ 3085
1777. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

J’ai eu beau lire, je n’ai point trouvé en eux les tyrans ruraux que dépeignent les déclamateurs de la Révolution. […] Il suffit de lire les cahiers des États généraux57 pour voir que, de Paris, l’esprit philanthropique s’est répandu jusque dans les châteaux et les abbayes de province. […] Dans l’Almanach royal et dans la France ecclésiastique de 1788, nous lisons leur revenu avoué ; mais le revenu véritable est de moitié en sus pour les évêchés, du double et du triple pour les abbayes, et il faut encore doubler ce revenu véritable pour en avoir la valeur en monnaie d’aujourd’hui72. […] Faute de le connaître, ils l’oublient ; ils lisent la lettre de leur régisseur, puis aussitôt le tourbillon du beau monde les ressaisit, et, après un soupir donné à la détresse des pauvres, ils songent que cette année ils ne toucheront pas leurs rentes. — Ce n’est pas là une bonne disposition pour faire l’aumône. […] Quiconque a lu les mémoires sait que depuis deux cents ans, pour boucler leurs vides, il a fallu des mariages d’argent et les bienfaits du roi  C’est pourquoi, à l’exemple du roi lui-même, ils ont fait argent de tout, notamment des places dont ils disposent, et, lâchant l’autorité pour les profits, ils ont aliéné le dernier lambeau de gouvernement qui leur restait.

1778. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Des auditions plus variées, plus fréquentes, de fragments Wagnériens, quelques correspondances « transrhénanes » (des échos de Représentations Solennelles dans la ville de Bayreuth, de Cycles Wagnériens à Munich, à Vienne, à Berlin) découvrirent, ensuite, un génie musical, acceptable… Des insultes de Wagner à la France, on sut ce qu’il fallait penser : et, quant à cette fameuse haine contre la France, nul n’en trouva la marque, ni dans les livres, ni dans les lettres, ni dans les paroles de Richard Wagner ; Richard Wagner avait combattu, dans ses écrits, l’influence de l’esprit français ; mais c’était là tout une autre affaire ; et quiconque avait lu ses lettres et ses livres, quiconque l’avait entendu causer, rapportait aux Parisiens ébahis, que Wagner aimait la France, et Paris, et ses vieux souvenirs de 1842, et ceux, aussi, de 1860, ses amis Français, les compagnies qu’il avait traversées, les rues, les maisons même, où s’était traînée sa misère ; et l’on connut, dans le cœur du rude Ennemi, de délicieuses tendresses, pour le pays qui l’avait bafoué. […] Et, théoricien, Richard Wagner jugea, librement, sans peurs, sans soucis des opinions reçues, les artistes qui l’avaient précédé. — Qu’on lise donc les nombreux écrits de Wagner — les pages où il nie être révolutionnaire, ne voulant être que rénovateur, — les pages sur Bach, qu’a, justement, réunies M.  […] Volontiers, composant ces pages, il s’est imaginé qu’il lisait un grand Discours de Fête, devant un Auditoire idéal. […] Et que répondrez-vous, vous, les adversaires, qui pour la plupart ne connaissez ni l’homme, ni l’artiste, ni sa musique, ni ses poèmes, ni ses écrits théoriques, car si vous aviez lu et compris, écouté et vu, vous admireriez. — Vous répondez : C’était un monstre, de génie peut-être, mais un monstre. […] Lettre sur la musique, page 57 : remarquer les mots par intervalles et encore, et lire ce qui précède et ce qui suit.

1779. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Sous les platanes, dans un jardin diapré de lis et de roses, les mercenaires célébrant leur festin ; la lente apparition de Salammbô descendue les apaiser, à la fois peureuse et divine, l’expédition nocturne de Mathô et Spendius dans le temple de Tanit, l’horreur de ces voûtes et le charme du passage du chef par la chambre alanguie où Salammbô dort entre la délicatesse des choses ; le retour d’Hamilcar, son recueillement dans la maison du Suffète-de-la-Mer ; Salammbô partant racheter de son corps le voile de la déesse, son accoutrement d’idole et ses râles mesurés, quand le chef des barbares rompt la chaînette de ses pieds ; puis le siège énorme de Carthage, la foule des peuplades accourues, l’écrasement des cadavres, l’horreur des blessures, et sur ce carnage rouge, l’implacable resplendissement de Moloch ; l’agonie de toute une ville, puis par un revers l’agonie de toute une armée, les dernières batailles, et, entre celles-ci, l’entrevue si curieusement mièvre et grave, où Salammbô voilée et parlant à peine reçoit le prince son fiancé en un jardin peu fleuri que passent des biches traînant à leurs sabots pointus, des plumes de paons éparses ; enfin le supplice de Mathô et les joies nuptiales, mêlant des chocs de verres et des odeurs de mets au déchirement d’un homme par un peuple, jusqu’à ce qu’aux yeux de Salammbô défaillante en l’agitation secrète de ses sens, Schahabarim arraché au supplicié son cœur et le tende tout rouge au rouge soleil, final tonnant dans lequel se mêlent le beau, l’horrible, le mystérieux et l’effréné en un suprême éclat. […] Nous avons tenté deux essais : dans le premier, nous avons lu à l’hypnotique somnambule un fragment de la Tristesse d’Olympio et de l’Homme qui rit. […] Féré a lu chacune de ces listes au sujet somnambule en répétant les mots plusieurs fois. […] Lire sur ce dernier motif de pessimisme un très remarquable article de M.  […] Lire l’étude de M. 

1780. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Il fit à Dieu et à ses maîtres la promesse de ne plus écrire pour le théâtre ; il répudia ses amours ; il se maria à une femme vertueuse et sainte qui ne connut jamais de lui que l’époux et le père, et qui ne lut pas même ses chefs-d’œuvre de poète. […] Le roi alors se faisait lire ces morceaux d’histoire de son règne à Versailles, dans la chambre de Mme de Montespan, sa favorite en titre, bien que son cœur appartînt déjà à Mme de Maintenon. […] Lorsque le roi arrivait chez Mme de Montespan, ils lui lisaient quelque chose de son histoire ; ensuite le jeu commençait, et lorsqu’il échappait à Mme de Montespan, pendant le jeu, des paroles un peu aigres, ils remarquèrent, quoique fort peu clairvoyants, que le roi, sans lui répondre, regardait en souriant Mme de Maintenon, qui était assise vis-à-vis de lui sur un tabouret, et qui, enfin, disparut tout à coup de ces assemblées. […] Ils allaient commencer leur lecture, lorsque Mme de Montespan, qui n’était point attendue, entra, et après quelques compliments au roi, en fit de si longs à Mme de Maintenon, que, pour les interrompre, le roi lui dit de s’asseoir, “n’étant pas juste, ajouta-t-il, qu’on lise sans vous un ouvrage que vous avez vous-même commandé”. […] Le troisième acte s’ouvre par une scène dans laquelle le ministre Aman, sous le nom de qui tout le monde lisait Louvois, déjà disgracié dans le cœur de Louis XIV, gémit et s’indigne d’être obligé d’accompagner le triomphe d’un vil Hébreu.

1781. (1739) Vie de Molière

Son père, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez le roi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : il resta jusqu’à quatorze ans dans leur boutique, n’ayant rien appris outre son métier, qu’un peu à lire et à écrire. […] À l’égard de son caractère, il était doux, complaisant, généreux ; il aimait fort à haranguer ; et quand il lisait ses pièces aux comédiens, il voulait qu’ils y amenassent leurs enfants, pour tirer des conjectures de leur mouvement naturel. […] Trois des plus grands auteurs du siècle de Louis XIV, Molière, La Fontaine, et Corneille, ne doivent être lus qu’avec précaution par rapport au langage. […] Mais c’était un ouvrage plus fait pour les gens d’esprit que pour la multitude, et plus propre encore à être lu, qu’à être joué. […] Molière voyant tant d’ennemis qui allaient attaquer sa personne encore plus que sa pièce, voulut laisser ces premières fureurs se calmer : il fut un an sans donner Le Tartuffe ; il le lisait seulement dans quelques maisons choisies, où la superstition ne dominait pas.

1782. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

S’il étudie l’histoire, c’est pour y trouver des preuves de la vérité du dicton ; et c’est même ce qu’il appelle « la lire en philosophe ». […] Nous les aurions donc lus d’une manière bien distraite, car le fait est qu’ils en sont pleins. […] Buffon, qui avait, pour ainsi parler, appris à lire dans les écrits mathématiques du marquis de l’Hôpital, débutait « dans les lettres » par une traduction de la Statique des végétaux, de Haies, et de la Méthode des fluxions, de Newton, 1740. […] Or, on ne peut rien lire de plus malveillant, mais d’ailleurs de plus plat que les Nouvelles ecclésiastiques, — c’est le journal janséniste, — qui ne savait guère que traiter de « sottises » ou « d’inepties » toutes les productions de l’école encyclopédique. […] Henry, Paris, 1882] ; — si l’une des « Correspondances » les plus intéressantes qu’on puisse lire est celle du marquis de Mirabeau avec Rousseau [Cf. 

1783. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

On sourit de lire à propos d’un éloge des mœurs américaines : « Livrées à leur ménage, les femmes en goûtent, en procurent toutes les douceurs. […] Ainsi, avant le 10 août, avant la proscription et le massacre de ses amis, et même après que Foulon eut été déchiré devant ses yeux et malgré ses efforts, avec les circonstances qu’on peut lire dans les Mémoires de Ferrières, le charme subsistait encore pour La Fayette ; il fallait que La Rochefoucauld fût massacré à Gisors pour que l’attrait de la multitude s’évanouît, et pour qu’elle cessât (au moins dans un temps) de lui sourire. […] A lire ce qu’il a écrit de 97 à 1814, on le dirait. […] La Fayette, qui raconte ce détail et qui rappelle les chevaleresques paroles sur ce sang fidèle d’où la monarchie renaîtrait un jour, ne peut s’empêcher d’ajouter : « Constant (Benjamin Constant qui était de la conférence) se mit à rire du dédommagement qu’on m’offrait. » Et, en effet, la position de La Fayette en ce moment, au pied du trône des Bourbons, paraît bien fausse, surtout lorsqu’on a lu le jugement qu’il portait d’eux pendant 1814. […] Il lisait même très-peu, et sa bibliothèque usuelle se composait à peu près en tout d’un Voltaire complet, qu’il recommençait avec lenteur sitôt qu’il l’avait fini, comme M. de Tracy faisait aussi volontiers ; et il disait que tous les résultats étaient là.

1784. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Il a lu les livres de Protagoras, mais il n’en est point satisfait. […] Lorsqu’on a lu Saint-Simon, toute histoire paraît décolorée et froide. […] Lisez encore celui-ci ; je ne sais rien d’égal. […] Chacun a lu trois ou quatre siècles de trois ou quatre littératures. […] Comment faire un livre qui soit lu ?

1785. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXV » pp. 97-99

Lisez cette lettre, et voyez ce qu’elle signifie sous les draperies. — Je ne vois que des charlatans.

1786. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie »

Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie On a lu plus haut, en tête de l’Étude sur Joachim Du Bellay (page 268), ce qu’a écrit M. 

1787. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Huysmans Je viens de lire les hymnes infernaux de votre Nuit.

1788. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Je viens de vous lire et j’en suis tout ragaillardi, car — rare exception chez nos contemporains — vous êtes un poète gai.

1789. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Croix, Camille de (1859-1915) »

Le roi de la contrée est Phlemmar, centième du nom, sa femme, la délicieuse reine Crédulie, leur premier ministre, Domito… Et si vous voulez savoir comment Métapanta, fils de Gupor, président d’une république voisine, — celle de Négocie, — et mari d’Ingénie, fille du grand savant Rhadinouard, s’y prit, pour embêter les tranquilles Lazuliens, et à un tel point, que les Négociens veulent conquérir leur pays, vous n’avez qu’à lire le volume.

1790. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Dans cette seconde partie, la plus curieuse, d’une œuvre toujours distinguée, nous avons lu de jolies transpositions de dits populaires, écrites sans doute pendant « la saison des renoncules d’or ».

1791. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

D’ailleurs, on me comprendra quand on aura lu le sonnet suivant, qui est une merveille : Quand nous serons vieux, étendus parmi D’antiques coussins à fleurs démodées, Nous échangerons nos vieilles idées En parlant tout bas d’un ton endormi.

1792. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Cela n’empêche pas qu’on ne lise cet Ouvrage avec autant d’utilité que de plaisir.

1793. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 548-551

Le but du Prédicateur est de persuader, c’est-à-dire, de faire passer dans l’ame de ceux qui l’écoutent ou qui le lisent, les sentimens qu’il a intérêt de leur communiquer.

1794. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

On lit encore avec plaisir quelques-unes de ses Lettres, sans cependant pouvoir les lire de suite.

1795. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Préface »

Gaston Paris me permettra de citer ici quelques lignes de son écriture, car elles sont une critique et elles disent ma pensée même, depuis que je les ai lues : « Sur quelques points (comme ce qui regarde l’orthographe) je ne serais pas tout à fait d’accord avec vous, et en thèse générale je ne sais si dans l’évolution linguistique on peut faire autre chose qu’observer les faits ; mais après tout dans cette évolution même toute volonté est une force et la vôtre est dirigée dans le bon sens. » Ma pensée c’est cela même, c’est que je ne suis qu’une force, aussi petite que l’on voudra, qui voudrait se dresser contre la coalition des mauvaises forces destructives d’une beauté séculaire.

1796. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Nous arrêterons ici ces observations préliminaires qui exigeraient un volume de développements, et auxquelles on ne fera peut-être pas attention ; mais il faut toujours parler comme si l’on devait être entendu, écrire comme si l’on devait être lu, et penser comme si l’on devait être médité.

1797. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

Ce qui est peut-être exprimé parfois dans ce recueil, ce qui a été la principale préoccupation de l’auteur en jetant çà et là les vers qu’on va lire, c’est cet étrange état crépusculaire de l’âme et de la société dans le siècle où nous vivons ; c’est cette brume au-dehors, cette incertitude au-dedans ; c’est ce je ne sais quoi d’à demi éclairé qui nous environne.

1798. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Épisode Nous avons lu comme tout le monde les deux volumes de poésies intitulés Contemplations, que M. 

1799. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

LE moyen de ne rien sçavoir en Chronologie, ce seroit de lire tout ce qu’on a écrit sur ce sujet si important & si embrouillé.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

C’est ce mérite de la particularité et d’une sincérité parfaite que j’ai trouvé dans les deux volumes que je viens de lire, et qui me les a rendus intéressants après tant d’autres qui se sont publiés et qui se publieront encore sur cette grande époque de l’Empire. […] Necker ; en reconnaissance du petit service que je lui rendis, il m’offrit le Voyage de Volney en Syrie et en Égypte, en me disant : « Lisez ; cette lecture pourra vous être utile. » J’acceptai avec plaisir ; mes camarades se moquèrent de ce vieux radoteur. […] Le récit qu’il fait de la campagne de Russie où il eut une si belle conduite sous les ordres de Ney à l’arrière-garde de la retraite, commence par un aveu d’une effusion extrême, et qui exprime bien le genre d’intérêt religieux que ces militaires esclaves du devoir et de l’honneur attachent à la consécration des souvenirs : L’un des grands regrets que je puisse éprouver aujourd’hui, écrivait Pelleport dans les dernières années de sa vie, c’est de penser qu’il me faudra peut-être mourir sans avoir pu lire dans Thiers l’histoire de notre immortelle campagne de Russie.

1801. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il faisait ses études au collège Bourbon ou je le devançais d’un an ou deux, il était assez mauvais écolier, avec beaucoup de facilité, grand liseur ; mais, s’il lisait tout, il méprisait tout. […] Ce qu’il a le mieux su, c’est l’anglais qu’il avait appris de bonne heure et qu’il lisait couramment. […] Il lisait peu et il peignait sans relâche.

1802. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Mais, avant de revenir sur ce point qui mérite quelque discussion, je veux parler d’un travail important et neuf qui vient d’ouvrir à tous l’accès d’un Recueil souvent cité et très peu lu, l’Anthologie. […] C’est ce que je te recommande, moi, Priape, le gardien des ports, pour que tu ailles partout où le commerce t’appelle. » Léonidas n’eut pas seulement affaire aux pauvres gens et à ceux du commun ; nul n’a exprimé mieux que lui la délicatesse de cœur et d’esprit du parfait galant homme ; lisez plutôt cette Épitaphe d’Aristocratès, de l’homme aimable par excellence : « Ô Tombeau, de quel mortel tu couvres ici les ossements dans ta nuit ! […] « On a renversé le panier : aux délicats maintenant de reconnaître dans la mêlée les cerises du dessus. » C’est encore ce que m’écrit, après avoir lu le présent article et en se ravisant, le spirituel correspondant dont on vient de voir les craintes, et que je prends sur moi de nommer, M. 

1803. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

J’ai souvent pensé que ce serait à un jeune homme plutôt qu’à un critique vieilli d’expliquer le Cid, de le lire à haute voix et de dire ce qu’il en ressent : je me suis donné, une fois, cette sorte de satisfaction et j’ai fait cette épreuve ; je me suis fait lire le Cid par un jeune ami : c’était lui qui me le commentait comme à vue d’œil par la fraîcheur, la vivacité des sentiments qui s’éveillaient, qui se levaient à tout instant en lui. […] Vinet, lisait le Cid en famille ; arrivé à cet endroit où Rodrigue exhale sa plainte, il sortit du salon et monta dans sa chambre : comme il ne descendait pas, on alla voir et on le trouva récitant tout haut ces Stances mélodieuses et fondant en larmes.

1804. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

« L’Empereur, parlant de Catinat, disait l’avoir trouvé fort au-dessous de sa réputation, à l’inspection des lieux où il avait opéré en Italie et à la lecture de sa Correspondance avec Louvois. » Napoléon ne le trouvait nullement comparable à Vendôme ; il eût dit de Catinat, servant sous ses ordres, ce qu’il disait de Saint-Cyr : « Saint-Cyr, général très-prudent. » Toute la manière de voir et d’agir de Catinat a été exposée au long par lui-même dans ses lettres confidentielles à son frère Croisilles ; il le fait dans une langue naïve et forte, un peu enveloppée, médiocrement polie, grosse de raisons, et qui sent son fonds d’esprit solide ; il faut en passer par là, si on veut le comprendre, et bien posséder son Catinat, nature originale et compliquée, un peu difficile à déchiffrer, et qui ne se laisse pas lire couramment : « Si je t’entretenais au coin du feu de notre campagne, disait-il à ce frère qui était un autre lui-même (31 octobre 1691), j’aurais bien du plaisir à te faire toucher au doigt et à l’œil ma conduite et les prévoyances que j’ai eues sur ce qui pouvait arriver, et comme il a fallu charrier droit pour faire aller la campagne aussi loin qu’elle a été, sans exposer tout le gros des affaires. […] Catinat s’en fâcha : « Tes lettres cérémonieuses me chagrinent ; comme je les lis toujours de la vue, j’y mets le tu et le toi, à la place du vous ; de bonne foi je ne te ferai plus réponse si tu continues… Tu te moques de moi de penser à m’écrire autrement qu’à l’ordinaire. » Catinat connut bientôt des circonstances particulièrement flatteuses pour lui dans cette nomination du roi, et il les apprit de l’intendant des vivres Bouchu, qui était l’homme de son armée. […] Catinat ne s’est pas trompé ; il n’y a pas de retour de la part d’un jaloux : « Le parfait silence de M. de Rubentel, écrit-il quelques jours après, ne t’a point surpris ainsi que moi ; je suis bien sûr que ce sera très fort malgré lui s’il se trouve dans quelque endroit où tu seras. » Cherchez vite si vous êtes curieux, lisez dans Saint-Simon le portrait de ce Rubentel, ancien lieutenant colonel du régiment des gardes, ancien lieutenant général, brave homme de guerre, mais difficile à vivre, d’une humeur à faire damner les gens, d’autant plus roide et plus cassant qu’on lui fait plus d’avances, et furieux si on le néglige ; enfin un fagot d’épines.

1805. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Je me souviens que mes deux gouverneurs se proposèrent un jour, l’un et l’autre, de faire faire une machine de fer pour me resserrer le crâne, assurant qu’il était entr’ouvert, et que c’était la cause physique de mon peu de conception. » On ne put jamais, dit-il, lui apprendre à lire. […] Cela me fait souvenir d’une fable que j’ai lue autrefois : Fable. […] Lisez-les et mettez-en le contenu dans une instruction qui sera destinée à être envoyée à mes généraux en Espagne. » 11.

1806. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Des amateurs de livres (pour commencer par eux) se sont mis à rechercher avidement les exemplaires de ces poètes, et, qui plus est, ils les ont lus, ils les ont appréciés pour le dedans. […] Joachim Du Bellay avait vingt-cinq ans alors : né au bourg de Lire, à douze lieues d’Angers, il appartenait à l’illustre famille des Du Bellay, dont les deux frères, le capitaine Langey et le cardinal Du Bellay, s’étaient signalés dans les armes et dans les négociations pendant la première moitié du siècle. […] Il paraît que, pour l’étude, il s’était surtout formé par lui-même, et qu’il avait profité de deux années de mauvaise santé, où il avait été retenu dans sa chambre, pour lire les anciens poètes grecs et latins.

1807. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Les Pensées de Pascal, qu’il lut beaucoup à cette heure de crise et sous l’interprétation de cette grande douleur, lui furent (comme j’espère que, pour qui les lira de même, elles n’ont pas cessé de l’être) salutaires et fortifiantes. […] On lut avec émotion, on connut pour la première fois dans son entière sincérité cet épisode unique, cette première Vendée restée la plus grande et la seule vraiment naïve ; on salua, on suivit avec enthousiasme et avec larmes ces jeunes et soudaines figures d’une Iliade toute voisine et retrouvée à deux pas dans les buissons et derrière les haies de notre France ; ces défis, ces stratagèmes primitifs, ces victoires antiques par des moyens simples ; puis ces malheurs, ce lamentable passage de la Loire, ce désastre du Mans, cette destruction errante d’une armée et de tout un peuple.

1808. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Ordonnons à celui de nos gens qui sait lire De bien exécuter ce que l’on vient d’écrire ; De soutenir partout prose, vers et couplets, Nonobstant les clameurs, nonobstant les sifflets : Tel est notre plaisir et telle est notre envie. […] Un des Essais nous le résume surtout et nous le rend dans sa physionomie habituelle et dans l’esprit qui ne cessait de l’animer ; c’est le morceau sur la Bienveillance  : « Il est une vertu, dit-il, la plus douce et la plus éclairée de toutes, un sentiment généreux plus actif que le devoir, plus universel que la bienfaisance, plus obligeant que la bonté… » Qu’on lise le reste de l’Essai, on l’y trouvera tout entier. […] J’eus occasion de lire votre Galerie morale et politique  : bientôt un peu de calme entra dans mon sein ; je suivais avec intérêt le voyageur que vous guidez dans l’orageux passage de la vie ; j’aurais voulu l’être, ce voyageur, je le devins.

1809. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures. […] Pourtant c’est gai, surtout si c’est dit plutôt qu’écrit, si c’est lu une première fois plutôt que relu.

1810. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Mademoiselle imagine donc, en une prairie, près d’une forêt, en vue de la mer, une société des deux sexes, toute composée de gens aimables et parfaits, délicats et simples, qui gardent les moutons les jours de soleil et pour leur plaisir, qui se visitent le reste du temps d’un ermitage à l’autre, en chaise, en calèche, en carrosse ; qui jouent du luth et du clavecin, lisent les vers et les ouvrages nouveaux ; qui unissent les avantages de la vie civilisée et les facilités de la vie champêtre, sans oublier les vertus de la vie chrétienne ; qui, tous célibataires ou veufs, polis sans galanterie ou du moins sans amour, vivent honnêtement entre eux, et n’ont nul besoin de recourir au remède vulgaire du mariage. […] » À Saint-Germain, où était la Cour, comme elle était pour la centième fois sur le point de nommer à Lauzun cette personne qu’elle avait choisie pour la rendre heureuse, et sur laquelle elle le consultait sans cesse, elle n’avait pourtant pas la force de lui articuler le nom : « Si j’avais une écritoire et du papier, je vous l’écrirais », lui disait-elle ; et montrant une glace qui était à côté : « J’ai envie de souffler dessus, et j’y écrirai le nom en grosses lettres, afin que vous le puissiez bien lire. » Ce qui est remarquable et ce qui fait le cachet du temps, c’est que l’idée du roi, le culte et l’idolâtrie officielle qu’on lui vouait, étaient en tiers dans tout cela. […] Les personnes de bon sens qui les lisent, et qui jouissent, comme d’une singularité perdue, de tant d’incroyables aveux et d’une façon de voir si princière en toutes choses, peuvent y mettre sans effort les réflexions et la moralité qu’elle n’y met pas53.

1811. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Fontenelle nous dit que, dès ce temps-là, elle se dérobait souvent aux plaisirs de son âge, pour aller lire en son particulier, et qu’elle s’accoutuma de son propre mouvement à faire de petits extraits de ce qui la frappait le plus. […] Elle parle de l’Être suprême ; elle est capable de s’y élever, ou même de s’y reposer : mais, quoi qu’il en soit, ce n’est déjà plus la religion du xviie  siècle, et Fénelon, après avoir lu Mme de Lambert, eut besoin sur ce point d’être plus indulgent que ne l’aurait certes été Bossuet. […] Elle fait travailler ceux qui la lisent.

1812. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il ne se dissimulait pas que ce talent brillant qu’il portait avec lui, qu’il déployait avec complaisance dans les cercles, et dont jouissait le monde, lui attirait aussi bien des envies et des inimitiés : « L’homme qui porte son talent avec lui, pensait-il, afflige sans cesse les amours propres : on aimerait encore mieux le lire, quand même son style serait inférieur à sa conversation. » Mais Rivarol, en causant, obéissait à un instinct méridional irrésistible. […] Marié, mais séparé de sa femme, qui n’était pas exempte de quelque extravagance, il avait emmené avec lui une petite personne appelée Manette, qui joue un certain rôle dans sa vie intime : c’est cette personne à qui il conseillait, comme elle ne savait pas lire, de ne jamais l’apprendre ; la pièce de vers très connue qu’il lui adressa se terminait ainsi : Ayez toujours pour moi du goût comme un bon fruit,        Et de l’esprit comme une rose. […] Ceux qui connaissent la philosophie de M. de Laromiguière, et qui prendront la peine de lire Rivarol, trouveront que c’est là que ce professeur distingué et élégant a dû emprunter son expédient de la transaction entre la sensation et l’idée, entre Condillac et M. 

1813. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Qu’on lise, pour ne citer presque qu’au hasard, la note sur Le Drapeau blanc (22 janvier 1830), celle sur le Journal des débats (22 février), où les mots de lâcheté et de fausseté résonnent ; la réplique (22 mars) à La Quotidienne qui a crié tout haut : Vous mentez , et où il est dit : « Ces choses-là s’entendent d’autant mieux qu’on les dit plus bas et de plus près. » Et plus tard qu’on lise encore la réponse au Constitutionnel (14 septembre 1830) ; la réplique au Messager (4 janvier 1831), celle au journal Le Temps (16 et 18 mars 1831). […] L’expression a du vrai ; à le lire, c’est comme le Junius anglais, quelque chose d’ardent et d’adroit dans la colère, plutôt violent que vif, plus vigoureux que coloré ; le nerf domine ; le fer, une fois entré dans la plaie, s’y tourne et retourne, et ne s’en retire plus ; mais ce qui donne un intérêt tout différent et bien français au belliqueux champion, c’est que ce n’est pas, comme en Angleterre, un inconnu mystérieux qui attaque sous le masque ; ici, Ajax combat la visière levée et en face du ciel ; il se dessine et se découvre à chaque instant ; il brave les coups, et cette élégance virile que sa plume ne rencontre pas toujours, il l’a toutes les fois que sa propre personne est en scène, et elle l’est souvent.

1814. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Il en reste assez pour le biographe observateur et pour tout critique qui sait lire. […] Je conjecture que ce moment de crise bizarre n’est pas éloigné de celui où il écrivait cette jolie lettre, qu’on vient de lire, à M.  […] J’ai pensé qu’il ne serait pas sans intérêt de faire lire en entier deux lettres de M. 

1815. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

On n’enseigne pas à regarder, mais à écouter ; il semble que les enfants ne devraient avoir des yeux que pour lire, des yeux postiches qu’ils remettraient dans leur poche, la leçon sue, comme le professeur, ses lunettes. […] Didon a écrit dans un livre récemment loué : « Celui qui vous parle s’est plongé jusqu’à la moelle dans son siècle et dans son pays. » On a recueilli dans un journal grave ceci : « Anéantir les fruits du passé, c’est enlever à l’avenir son piédestal. » Où donc ai-je lu : « C’est avec le fer rouge qu’il faut nettoyer ces écuries d’Augias !  […] Les ai-je lues ?

1816. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare  », etc. […] Il suffit de lire le premier vers venu d’Eschyle ou du Juvénal pour trouver cette escarboucle du cerveau humain. […] — J’ai la courbature d’avoir lu Shakespeare, disait M. 

1817. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

. — Je m’ennuie de faire et vous apparemment de lire des descriptions de tableaux. […] Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre.

1818. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Quand donc on se place en dehors des Mystiques et de la Légende, Dante est le seul poète littéraire de l’enfer, et nous sommes si loin, pour notre compte aussi, de la notion du Moyen Age, que nous admettons son poème comme chrétien, à ce franc-maçon des sociétés secrètes de son temps, à ce carbonaro anticipé, qui avait lu saint Thomas et qui ne pouvait s’en défendre, — et que nous lui faisons l’honneur de trembler deux fois devant lui, — devant ses inventions et devant son génie ! […] Pour nous qui n’y avons pas renoncé, et dont c’est la foi et c’est l’espérance, nous avons lu le poëme fulgurant de L’Enfer par M.  […] Je viens de le lire, ce livre nouveau de M. 

1819. (1890) Dramaturges et romanciers

« J’ai lu l’article des successions. […] Si vous doutez que le théâtre traverse en ce moment un état de transition, lisez attentivement les comédies de M.  […] Dumas fils, dans d’autres qu’il a lu Molière et les anciens auteurs comiques, dans la plupart que sa mémoire est hantée par les souvenirs dramatiques du boulevard. […] Après avoir lu un conte de M.  […] Pour qui sait bien lire, elles reportent invinciblement l’esprit vers les dernières années de la monarchie de Juillet.

1820. (1888) Portraits de maîtres

Ainsi les poètes étrangers, au moins italiens et anglais, furent lus et relus dans ses veilles studieuses. […] Nous voulons parler de Jocelyn qui, si les générations nouvelles savaient lire, leur paraîtrait, comme à nos aînés, une des merveilles de la poésie française. […] À certains retours vers le passé comme à d’éclatants dénis de justice, on croirait lire le nom d’un César quelconque dans l’Histoire Auguste. […] Quoi qu’il en soit, il put de bonne heure lire le grand livre des champs, recevoir le précieux enseignement de la nature avec l’éducation maternelle. […] Quiconque a su lire ce beau livre a dû reconnaître Edgar Quinet dans le personnage de Merlin l’enchanteur.

1821. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Peu importe d’ailleurs qu’il les ait lus, ou, puisqu’il semble y tenir, qu’il ne les ait pas lus. […] Jules Lemaître, un moyen pour lire les livres avec plus de plaisir. […] Nous ne lisons pas deux fois un livre avec les mêmes yeux. […] Il a tout lu ; j’entends : ce qui s’appelle lire. […] Après quoi il récitait un sermon, et je crois même qu’il le lisait.

1822. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Et puis Bjœrnson lut les Anglais, Darwin, Spencer, Stuart Mill. […] Il lisait et prenait des notes. […] Cependant, il lisait et songeait. […] C’est que, par exemple, on n’a pas lu, dans le Vigneron, la courte et frissonnante histoire du petit bohémien. […] Et ceux qui le liront après nous y seront attentifs justement à ce qui nous échappe.

1823. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — [Note.] » pp. 444-445

Lenormand sur ce qu’il pensait de la mort de son ami, il lui répondait : … J’ai lu le petit livre de Delécluze.

1824. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXII » pp. 91-93

— Je lis dans le Semeur un excellent article de M.

1825. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]

1826. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Samain, Albert (1858-1900) »

Albert Samain, qui a peut-être lu mes Intimités, doit beaucoup, héréditairement, à Baudelaire, à Verlaine et à ce symphonique et mystérieux Mallarmé que Mendès a spirituellement appelé un « auteur difficile », et qui n’en est pas moins pour beaucoup de « jeunes » un chef d’école.

1827. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

Il est plus à propos, pour l’honneur de notre Poésie, que nous ayons des Pieces qu’on puisse lire, que d’être amusés pendant quelque temps par des représentations qui ne laissent après elles que le dépit d’avoir accordé son suffrage à des fantômes tragiques.

1828. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Monsieur Baudouin, lisez ce paragraphe et profitez-en.

1829. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Elle ne savait pas lire ; elle pria l’étranger de mettre le papier timbré sur la huche, en lui disant que nous le ferions lire le lendemain par le frère camaldule qui passait deux fois par semaine pour porter les vivres au couvent. — Il n’y a pas besoin, dit l’homme de loi ; appelez votre fils, votre frère et votre nièce, qui ne sont pas loin ; je vais vous lire la citation moi-même. […] LXXXVIII Deux heures après, tout était fini ; les commissaires revinrent avec Hyeronimo, plus pâle, dit-on, qu’un mort ; ils nous lurent un acte de partage et de délimitation par lequel on nous retranchait de toute possession et jouissance les trois quarts du bien paternel.

1830. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Mme Pierson, durant toute cette première situation attachante, est une personne à part, à la fois campagnarde et dame, qui a été rosière et qui sait le piano, un peu sœur de charité et dévote, un peu sensible et tendre autant que Mlle de Liron ou que Caliste : « Elle était allée l’hiver à Paris ; de temps en temps elle effleurait le monde ; ce qu’elle en voyait servait de thème, et le reste était deviné. » Ou encore : « Je ne sais quoi vous disait que la douce sérénité de son front n’était pas venue de ce monde, mais qu’elle l’avait reçue de Dieu et qu’elle la lui rapporterait fidèlement, malgré les hommes, sans en rien perdre ; et il y avait des moments où l’on se rappelait la ménagère qui, lorsque le vent souffle, met la main devant son flambeau76. » Pour bien apprécier et connaître cette charmante Mme Pierson, il faudrait, après avoir lu la veille les deux premières parties de la Confession, s’arrêter là exactement, et le lendemain matin, au réveil, commencer à la troisième partie, et s’y arrêter juste sans entamer la quatrième : on aurait ainsi une image bien nuancée et distincte dans sa fraîche légèreté. […] J’ai noté, dans ce chapitre II, page 8, une phrase sur Napoléon, sur son arc, sur la fibre humaine qui en est la corde, et sur les flèches que lance ce Nemrod, et qui vont tomber je ne sais où ; une pareille phrase, si on la lisait dans la traduction du Titan de Jean-Paul, ferait dire : « Cela doit être beau dans l’original, » et ce demi-éloge de la pensée serait, à mes yeux, la plus sensible critique du style et de l’expression.

1831. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Son Adonis n’est guère moins terne ; il ne faut pas le lire quand on a contemplé la sensualité ardente, la couleur tourmentée et magnifique qui éclatent dans celui de Shakspeare. […] Il protestait que ce livre n’avait jamais fait sur lui, en l’écrivant, de mauvaises impressions, et il ne comprenait pas qu’il pût être si fort nuisible aux personnes qui le lisaient. » Je le crois ; il l’avait fait trop naturellement pour y voir du mal.

1832. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il n’est point, lui fait-on dire, Il n’est point aujourd’hui de courtaud de boutique Qui n’ait lu mon Longin et mon Art poétique. […] Cependant, quand on l’a lu, ne sent-on pas bien la raison générale et commune de tous ces jugements particuliers ?

1833. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Lisez les indications si précises, si détaillées des drames de Diderot et de Beaumarchais : il y a là des effets tout extérieurs qu’on n’a pas dépassés. […] Lisez la lettre du prince de Ligne que je résumais tout à l’heure ; et vous verrez comment l’habitude des relations mondaines, de la pensée abstraite, du langage élégant et analytique a dégradé l’admirable thème lyrique que la disposition momentanée de son âme lui avait ouvert.

1834. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Cet argument était-il lu ou récité avant la représentation ? […] Elle est fondée surtout sur un tour que joue le capitan, qui a lu une lettre que Pantalon envoyait à Venise, et dans laquelle il a vu le vrai nom de celui-ci et de sa fille.

1835. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Tout cela, Maxwell et Boltzmann l’ont expliqué, mais celui qui l’a vu le plus nettement, dans un livre trop peu lu parce qu’il est un peu difficile à lire, c’est Gibbs, dans ses principes de Mécanique Statistique.

1836. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

En un mot, on sent que bien des choses ne se sont faites que parce que le peuple de Paris a vu le dimanche, au boulevard, tel drame, et a entendu lire à haute voix dans les ateliers telle histoire. […] On y va voir et entendre ce qu’on n’a plus le temps de lire.

1837. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Dans la Lettre première, au lieu de : la maison est pleine de voix qui ordonnent, il faut lire : la maison est pleine de voix qui jordonnent. Dans la Légende du beau Pécopin (paragraphe XII, dernières lignes) au lieu de : une porte de métal, il faut lire : une porte de métail.

1838. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Lisez Pindare, même dans la langue harmonieuse qui lui inspira ses beaux vers ; vous n’aurez rien fait encore, si vous n’êtes pas entré dans le génie de cette inspiration. […] Voyons-nous à présent beaucoup de femmes lire avec charme et Nicole et Bourdaloue, et préférer Corneille à Racine ?

1839. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Mais Beaumont-Vassy, dont la forme élégante a la pâleur diplomatique, n’a pas littérairement beaucoup plus de style que cette foule d’écrivains qui, au xixe  siècle, savent jeter une phrase dans le moule banal où tout le monde peut aller faire fondre son morceau de plomb… Évidemment, pour que des livres pareils soient lus avec avidité, il faut qu’il y ait absence complète d’œuvres historiques sur la Russie, et, de fait, il n’y en a pas. […] Quand on fit le procès à ce chef-d’œuvre, qu’on lira encore quand on saura la Russie par cœur, personne ne se dit que Custine était de cette famille de jugeurs dont madame de Staël se vantait d’être, — madame de Staël, qu’il rappelle d’ailleurs pour le style et pour sa manière habituelle et soudaine de faire partir l’étincelle de l’aperçu. « Je serais conduite à l’échafaud, — disait un jour madame de Staël, — qu’en chemin, je crois, je voudrais juger le bourreau. » Custine avait plus difficile à faire : il avait à juger ceux qui voulaient le séduire, et il a été plus fort que ses séducteurs.

1840. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Mais il vient d’être réédité en 1878, à peu près au moment où le sculpteur Falguière finissait sa statue, et l’éditeur, qui fait son métier, envoie le livre à la Critique, pour qu’elle le mette en lumière au moment même où cette statue se dresse sur la place publique de Mâcon, et attire les regards de tous ceux qui lisent les journaux et ne voient, de près ou de loin, que par cette lorgnette. […] Les reproches que l’Histoire fera à Lamartine seront, pour la postérité, — oublieuse des fautes politiques parce que la politique est chose de passage, — noyés dans le sentiment de ses œuvres, qui donneront toujours à ceux qui les liront un bonheur qu’aucune forme de gouvernement ne peut donner, et elles ne feront pas plus de bruit, à quelques siècles de distance, que les gouttelettes d’eau des avirons soulevés quand la barque touche au rivage !

1841. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Ce pauvre temps a bien d’autres babioles à lire et à vanter que des livres profonds en Histoire, et en une histoire qui n’est pas la sienne ! […] Lisez-le !

1842. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Et quand nous disons qu’on ne les lit plus, nous ne parlons pas des curieux qui lisent tout ou des poètes qui cherchent des manières à renouveler parce qu’ils n’ont pas d’inspiration personnelle, nous parlons de cette masse lisante qui dispense la gloire et qui la fait. […] La nature et ses grands spectacles, — car pour les poètes qui manquent de cœur il y a encore la nature, — la nature et ses grands spectacles : la mer, le ciel, les paysages, n’arrivent à la perception de Banville que de seconde main, par l’intermédiaire de quelque peintre dont il a vu les toiles ou de quelque poète dont il a lu et admiré les vers.

1843. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

(cela fait trembler) la moyenne des femmes dans les sociétés sans croyances, cette espèce d’être faible sans grandes passions, sans l’étoffe des grandes vertus ou des grands vices, inclinant de hasard au bien comme au mal, selon la circonstance, et qui, positives et chimériques tout, à la fois, se perdent par la lecture des livres qu’elles lisent, par les influences et les suggestions du milieu intellectuel qu’elles se sont créé, et qui leur fait prendre en horreur l’autre milieu dans lequel elles sont obligées de vivre. […] Il combine sa fable de manière à ouvrir ce château à son héroïne et à la mêler un soir aux fêtes et au luxe d’une société entr’aperçue seulement dans les livres à couverture jaune qu’elle a lus.

1844. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Nous lisons dans Denys d’Halicarnasse, que le fils d’Appius alla trouver les consuls, et les tribuns pour demander la permission de louer son père devant le peuple. […] César disait qu’en relisant plusieurs fois le Caton du premier, il avait acquis plus d’abondance ; mais qu’après avoir lu le Caton de Brutus, il s’était trouvé lui-même éloquent.

1845. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

On peut défier qui que ce soit de lire Don Quichotte sans s’y reprendre à plusieurs fois. […] Il existe un drame de Calderon que nous n’avons jamais pu lire sans frissonner. […] Je l’ai lu à l’âge où l’on pressent tout sans avoir encore rien éprouvé. […] tous ces récits loyalement lus révèlent un homme fier et hautain sans doute, mais né singulièrement bon, humain et confiant. […] Ce qui était plus important, c’est que la Bible et les œuvres de Schiller avaient été évidemment beaucoup lues.

1846. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ceux qui ont lu Une nichée de gentilshommes, de Tourguéneff, se rappellent la fin de cette noble œuvre. […] Nous apprenons par la strophe touchante de Villon comment le peuple du moyen âge, qui ne savait pas lire, considérait les tableaux d’église. […] Elle avait trois lis à la main, et les étoiles dans sa chevelure étaient au nombre de sept ». […] Dans la main de la « damozel » Rossetti met trois lis, autour de sa tête il entrelace sept étoiles. […] Quand il lisait, les mots avaient un sens caché qu’il comprenait137 ».

1847. (1927) Approximations. Deuxième série

Selon Du Bos, grâce à un art de lire personnel mêlant flair et détachement, Strachey invente un nouvel art d’écrire, entre histoire et biographie. […] — Nous aussi, nous mourrons, dit Gillette, comme si elle avait lu la pensée de son amant. […] Je n’écris ces lignes que pour le plaisir de tracer ce que vos yeux liront. […] Ceux qui avaient déjà lu M.  […] Je n’en ai guère pour l’avoir lue jusqu’au bout ; j’en ai moins encore pour l’avoir gardée.

1848. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

Bocage l’acteur lisait.

1849. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

Je ne sais si, en écrivant leur histoire, il y lira, pour moralité, le sort qui attend tout homme éloquent, généreux, naïf, qui se croit plus fin que les violents et qui s’expose à l’occasion à être croqué par eux.

1850. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Cette conduite me paraît encore plus dure depuis que j’ai lu le magnifique article de l’Europe littéraire 77, que vous m’aviez si justement vanté, et qu’on dirait avoir été écrit par un géant.

1851. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Senac de Meilhan est plus apprécié de loin et plus connu de nom que lu et que répandu par ses écrits mêmes, qu’on ne réimprime pas.

1852. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Hérold délaissât à l’avenir les roses et les lis pompeux dont s’est jusqu’ici illustré son passage pour les humbles corolles des vallées connues de tout le monde.

1853. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 358-361

Quand on a lu un Discours de Bourdaloue, & qu’on va les entendre ensuite, il semble que l’éloquence de la Chaire ait changé d’objet.

1854. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Il n’est pas pardonnable d’ignorer ce qu’a fait dans ce siécle pour la réformation de la justice l’immortel Fréderic : le Code qui porte son nom ;, est un livre à lire & à méditer.

1855. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Ces thèses ont un sens physique bien défini : elles disent ce qu’Einstein a lu, par une intuition géniale, dans les équations de Lorentz.

1856. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Les uns n’ont pu lui pardonner de s’être ennuyés à le lire ; les autres lui ont fait un grief du plaisir que leur a donné la lecture de quelques poèmes antérieurs ou contemporains. […] Sans doute les censures ajoutent au succès d’un livre et c’est une sage maxime qu’il faut se bien garder de censurer : les écrits qu’on ne veut pas faire lire. […] Daunou, retentirent longtemps d’anathèmes contre ce roman ; on s’en obstina davantage le lire, quelque ennuyeux qu’il pût être. » Je ne reconnais pas là le sens d’ordinaire si sûr de M. […] Nul n’y pouvait lire cent vers de suite sans y rencontrer, soit une vue hardie, soit un doute, soit une explication sur le point vif de ses opinions, soit simplement quelque détail conforme à son tour d’esprit. […] La pièce suivante dérobe pour ainsi dire, sous l’enjouement de la forme, cette douce mélancolie qui s’épanche librement dans les vers qu’on vient de lire.

1857. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Conclusions Les études qui précèdent tendent à donner de l’âme et de l’œuvre de six écrivains célèbres, une analyse aussi pénétrante que nous avons pu ; nos essais sont d’autre part la démonstration de divers procédés d’art, de quelques problèmes mentaux ; ils marquent les caractères particuliers de livres qui sont entrés en France dans la lecture courante, qui ont influé sur le développement de quelques uns de nos littérateurs, qui ont, chez nous, des imitateurs estimés ; à ces trois titres, ces pages qu’on vient de lire fournissent eu esthétique, eu psychologie générale et sociale des conclusions qu’il pourra être intéressant de dégager. […] Pour peu qu’on ait lu, on sait que le mot poésie ne saurait être appliqué à toutes les œuvres où l’expression affecte une forme rythmique fixe, à toutes les œuvres versifiées. […] Aux yeux des citoyens de la plupart des états, l’artiste est un ouvrier en articles de luxe qui fabrique des objets propres à leur faire passer une bonne soirée au théâtre, ou à les délasser, pendant quelques heures dédaigneusement perdues à lire. […] Or, M. de Maupassant est extrêmement lu ; ses livres se vendent généralement à environ 10 000 exemplaires et plus ; son nom est courant et célèbre. […] Lire la correspondance de Grillparzer.

1858. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Nous prions nos lecteurs de les lire comme nous les leur donnons, c’est-à-dire comme une opinion personnelle, non à croire sur parole, mais à examiner. L’étrangeté de ces opinions, au premier abord, nous commande cette précaution oratoire ; mais, quand on aura bien lu et relu avec nous ce merveilleux poème de Job, peut-être sera-t-on plus indulgent pour l’étrangeté et pour la hardiesse de nos conjectures sur l’origine de ce livre d’un caractère notablement antédiluvien. […] D’où pouvait venir dans l’esprit d’un pasteur arabe du désert de Hus une philosophie à la fois aussi hardie, aussi humaine, aussi divine, aussi révélée, aussi mystérieuse, aussi raisonnée, et aussi sublimement discutée, chantée et criée, que celle que nous allons lire dans ce poème écrit sur le sable avec un roseau trempé dans une larme d’homme ? […] puisque rien ne vient de rien, je me suis toujours demandé d’où avait donc coulé dans le sable du désert cette source souterraine et intarissable de vérité métaphysique, de philosophie, de théologie, d’éloquence et de poésie, dont ce poème de Job déborde, pour qui sait lire, sentir, comprendre et prier sur cette terre. […] IV J’ai lu aujourd’hui le livre entier de Job.

1859. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Lisez Tacite ; c’est le nerf irrité d’un peuple volontaire, libre, humilié, mais indompté ; c’est le muscle qui perce la chair. […] La dixième, contre les femmes, est une déclamation d’écolier qui ne mérite pas d’être lue. […] Si on lisait ces vers admirables dans une scène de la tragédie de Britannicus, un des chefs-d’œuvre de Racine, qui pourrait distinguer entre le style poétique de Boileau et le style de Racine ? […] Quand on a lu Ronsard, Malherbe, les imitations bibliques de Jean-Baptiste Rousseau, quelques strophes de Pompignan, quelques stances inimitées et inimitables de Gilbert, quelques odes vraiment pindariques de Lebrun, enfin les odes d’Hugo et de ses contemporains de notre âge, on ne peut plus dire que le Français n’a pas l’âme lyrique. […] On n’aime pas beaucoup plus Boileau après avoir lu ces quatre énormes volumes, mais on apprend à l’estimer plus haut : c’est le poète honnête homme.

1860. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

La blancheur d’un lis n’est pas la blancheur d’une nappe de neige ; elles restent, même isolées de la neige et du lis, blancheur de lis et blancheur de neige. […] Nous savons, par exemple, quand nous lisons un roman d’analyse, que certaines associations d’idées qu’on nous dépeint sont vraies, qu’elles ont pu être vécues ; d’autres nous choquent ou ne nous donnent pas l’impression du réel, parce que nous y sentons l’effet d’un rapprochement mécanique entre des étages différents de l’esprit, comme si l’auteur n’avait pas su se tenir sur le plan qu’il avait choisi de la vie mentale. […] Qu’on lise les descriptions données par certains fous de leur maladie naissante : on verra qu’ils éprouvent souvent un sentiment d’étrangeté ou, comme ils disent, de « non-réalité », comme si les choses perçues perdaient pour eux de leur relief et de leur solidité 88.

1861. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

On lisait beaucoup alors dans les ateliers. […] Il est toujours au fond du cœur de la religion des Olympiens, et ne peut lire sans un profond attendrissement les Dieux en exil d’Henri Heine. […] » Vabre eût volontiers arrêté les gens dans la rue pour leur demander : « Avez-vous lu Shakespeare ?  […] Il préférait les enfouir dans quelque petite feuille obscure, peu rétribuée, aux abonnés problématiques, comme s’il eût été heureux de n’être pas lu — singulier bonheur ! […] Les artistes lisaient les poètes et les poètes visitaient les artistes.

1862. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Bien avant de lire les poètes contemporains, il importait de les dénigrer pour qu’ils ne pussent goûter, jeunes, la gloire. […] Je me réfugiais alors dans l’outrance et lisais au hasard la jeune littérature, vers quoi allaient tous mes rêves tumultueux. […] Pour lui, comme pour tous les vrais poètes symbolistes, il existe deux sortes de vers : le vers lu et le vers parlé. […] On ne peut se débarrasser des nécessités du vers lu. […] Nous lisons l’écriture du temps sur nos cathédrales.

1863. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Rien de plus touchant, quand on a lu sa vie, que son Essai sur la bonté ; on voit que sans s’en douter il parle de lui-même. « Les plus grands esprits, dit-il, que j’ai rencontrés étaient des hommes éminents par leur humanité. […] À lire ses rapports, ses lettres, ses discussions, on sent que la politique et le gouvernement lui ont donné la moitié de son esprit. […] Ses rosiers, ses chèvrefeuilles, ses jasmins fleuriront ensemble, et ses plates-bandes se couvriront en même temps d’amarantes, de violettes et de lis. […] Ceux qui cherchent des idées feront bien de ne point lire son Essai sur l’imagination, si vanté, si bien écrit, mais d’une philosophie si écourtée, si ordinaire, toute rabaissée par l’intervention des causes finales. […] Lisez cette petite satire contre le mauvais goût du théâtre et du public936

1864. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il semble lire en chuchotant les épitaphes des morts. […] Cependant il n’y a pas d’écrivain qui sache mieux toucher et attendrir ; il fait pleurer, cela est à la lettre ; avant de l’avoir lu, on ne se savait pas tant de pitié dans le cœur. […] Il faut que tous vos romans puissent être lus par les jeunes filles. […] Les hommes sont raffinés aujourd’hui, ils ont lu beaucoup de poésies élégiaques ; leur sensibilité est plus vive ; on ne peut plus les tromper avec la grossière impudence de Tartufe. […] Lisez ce passage de Hard Times, et voyez si, corps et âme, M. 

1865. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Le roi la lut en silence, puis, la passant à M. Laffitte : « Lisez, lui dit-il, voilà une démission convenablement et noblement donnée !  […] Laffitte lut à haute voix la lettre à ses collègues ; ils en écoutèrent la lecture avec des marques d’assentiment unanime. « Qu’on appelle mon fils », dit le roi. Le duc d’Orléans entra. « Tiens, dit le roi à son fils, voilà une lettre et une démission honorablement offertes ; lis cela. » Puis, se tournant vers M.  […] Quant à moi, depuis que j’ai vu l’histoire vraie derrière les rideaux, et que je lis l’histoire travestie dans les récits contemporains, je n’en crois plus un seul mot ; c’est plutôt le réceptacle de toutes les contre-vérités.

1866. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Des circonstances qu’il serait trop long de détailler ici lui avaient fait reprendre ses auteurs classiques et lire un assez bon nombre de vers et de romans, pendant son séjour à la campagne. […] Lorsque le chef-d’œuvre fut achevé, il le communiqua à Ducis en qui il mettait toute confiance, pour savoir de lui s’il jugeait les vers dignes d’être lus à David vers la fin du repas. […] Vous n’avez donc jamais lu l’Évangile, tous tant que vous êtes ? […] Robespierre nous lut un discours dans lequel j’entendis prononcer mon nom. […] C’était le moment où les poésies d’Ossian, lues et vantées par Bonaparte, étaient devenues à la mode en France.

1867. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Avez-vous lu Baruch ? […] La crainte de se compromettre fait que le Français de trente ans passe ses soirées à lire auprès de sa femme. […] Du temps qu’on lisait Eugène Süe, et qu’on se servait couramment des locutions les plus fameuses des Mystères de Paris, une dame me disait : « Je lis George Sand seulement jusqu’aux coups de poing de la fin. […] Il ne lut strictement que des archives. […] Aussi de tous les sociologues français il a été certainement le plus lu.

1868. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

J’achevais de le lire mercredi matin, tandis que se faisait aux faubourgs populeux cette descente anniversaire qui, d’un seul flot, refoule notre humanité perfectible aux beaux jours de l’antique Sardanapale, et je me disais, en entendant ces échos lointains : « N’est-ce donc pas une débauche aussi que tant de grâce, de sensibilité, d’esprit fin et d’observation morale, s’employant et s’affichant uniquement pour mettre du noir sur du blanc, comme on dit, et pour vider l’écritoire ?

1869. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Que reste-t-il dans l’esprit après qu’on a lu ses Ouvrages ?

1870. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

De pareilles Productions ne sauroient être lues avec trop de soin.

1871. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

L’Ouvrage par lequel il débuta dans cette Compagnie, fut un Discours sur l’origine des François, lu dans une Séance publique, & suivi de l’emprisonnement de l’Auteur à la Bastille.

1872. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

On n’a qu’à lire ses Lettres, pour se former l’idée la plus avantageuse de sa Religion & de sa piété.

1873. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Vous connaissez les bons auteurs français ; vous entendez les poètes latins ; que ne les lisez-vous donc ?

1874. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVIII »

Si mes ouvrages n’apprennent pas à écrire, ils apprennent certainement à lire, et, s’ils ne donnent pas du talent, ils montrent, du moins, en quoi il consiste.

1875. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Nulle splendeur, nulle couleur dans son récit : son style est tout à fait nu, jamais de figures ; on peut lire dix mille vers de ces vieux poëmes sans en rencontrer une. […] Entrez dans une de ces abbayes, où viennent chanter les ménestrels, « où les clercs, après dîner et souper, lisent les poëmes, les chroniques des royaumes, les merveilles du monde101 », vous ne trouverez que vers latins ou français, prose française ou latine. […] Les gens qui ont assez de loisir et de sécurité pour lire ou écrire, sont Français ; c’est pour eux que l’on invente et que l’on compose ; la littérature s’accommode toujours au goût de ceux qui peuvent la goûter et la payer. […] Il y a sous Édouard III des barons qui chevauchent avec de grandes escortes d’hommes d’armes et d’archers, « occupant les manoirs, enlevant les dames et les demoiselles, mutilant, tuant, rançonnant les gens jusque dans leurs maisons, comme si c’était en pays ennemi, et quelquefois venant devant les juges aux sessions, en telle façon, et en si grande force que les juges sont effrayés et n’osent faire justice151. » Lisez les lettres de la famille Paston, sous Henri VI et Édouard IV, et vous verrez comment la guerre privée est à chaque porte, comme il faut se munir d’hommes et d’armes, être debout pour défendre son bien, compter sur soi, sur sa vigueur et son courage. […] Figurez-vous ces braves esprits, ces simples et fortes âmes, qui commencent à lire le soir, dans leur boutique, sous leur mauvaise chandelle ; car ce sont des hommes de boutique, un tailleur, un pelletier, un boulanger qui, côte à côte avec quelques lettrés, se mettent à lire, bien plus à croire, et à se faire brûler174.

1876. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Julie, à lire telles lettres brûlantes, n’est pas la dernière à en estimer les solides douceurs. […] Obermann paru en 1804, ne fut lu qu’à partir de 1833. […] Il faut lire les Natchez, ce premier roman où Chateaubriand a jeté en toute violence le cri de ses désirs. […] Qu’on se garde de lire ici un jugement sur ces deux admirables femmes. […] Lisez : Bourreau.

1877. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

On conçoit un roman qui ne serait pas lu et dormirait dans son carton. […] Celui qui écrit et imprime souhaite d’être lu, sinon il écrirait peut-être encore pour fixer ses idées, son rêve, mais n’imprimerait pas. […] Sénèque le tragique lira ses pièces à un auditoire choisi : seront-elles jamais représentées ? […] Issue, je le répète, des essais mort-nés de Diderot — mais qui a lu le Père Prodigue ?  […] Il faut avoir lu ses préfaces pour mesurer l’ambition de sa visée.

1878. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

On n’a qu’à lire le Théagès et le Protagoras de Platon pour voir l’enthousiasme soutenu avec lequel les plus jeunes gens, à travers les ronces et les épines de la dialectique, couraient aux idées. […] Au plus beau temps de la Grèce, un jeune homme « apprenait à lire, écrire, compter31, à jouer de la lyre, à lutter et à faire tous les autres exercices du corps »32. […] Il suffit de lire Hérodote57 pour voir combien, dans la première moitié du ve  siècle, la foi était encore vive. […] Lire à ce propos la Philosophie de l’architecture en Grèce, par M.  […] Lire, à ce sujet, les écrits de Paul-Louis Courier, qui a formé son style sur le style grec.

1879. (1940) Quatre études pp. -154

Ne savons-nous pas aujourd’hui qu’il a emprunté les éléments de ses tableaux soit aux larges et rapides visions qu’il a eues personnellement de l’univers, soit aux livres qu’il lisait en abondance ? […] Tout cela a été traduit, imité, lu, admiré — mais non sans hésitations et protestations, non sans de longues périodes d’attente. […] Il a bu tout le poison de la littérature ; il s’est enfermé longuement dans les bibliothèques ; s’il sortait, c’était avec des volumes dans ses poches, pour lire encore au milieu des vignes et des bois. […] « Bien des gens lisent les poètes, sans savoir ce que c’est qu’un poète, ou du moins, sans pouvoir exprimer ce qu’ils en savent. […] Allons plus avant, vers des passages qui sont peut-être moins médités, et même moins lus : nous y trouverons la charte philosophique du héros sentimental.

1880. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Mon cher ami,   Je vous lis sur le docteur notre ami : je vous dois de la reconnaissance pour la part magnifique que vous me faites ; mais laissez-moi vous dire que vous avez trouvé (chose toute simple) le ton juste en parlant de lui : eh !

1881. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

La postérité, dont il ne s’est point assez occupé, conservera sa mémoire ; la faveur qui, de nos jours, accueillit ses ouvrages ne les abandonnera pas : le moyen d’être sévère pour celui qu’on ne peut lire sans l’aimer !

1882. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

Moins appartiendrait-il à la génération nouvelle qu’à celle des Parnassiens, croirait-on d’abord, à le lire.

1883. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Cet Historien n’a pas lu sans doute tous les Ouvrages de ce Docteur ; il en a composé incontestablement tant d’autres où le style du P.

1884. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 100-104

Il n'a rien lu ; des Faiseurs de Journaux, Des Gazetiers, voilà les arsenaux Où ce Pygmée, aux Géans qu'il relance, Puise les traits que par-derriere il lance.

1885. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

C’était, de ma part, une résolution arrêtée, lorsque l’an dernier, dans un séjour que je faisais à la campagne, chez Alphonse Daudet, je lui lisais un cahier de ce journal, que sur sa demande j’avais pris avec moi.

1886. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

C’était, de ma part, une résolution arrêtée, lorsque l’an dernier, dans un séjour que je faisais à la campagne, chez Alphonse Daudet, je lui lisais un cahier de ce journal, que sur sa demande j’avais pris avec moi.

1887. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle il a été écrit, et l’état particulier de l’âme, de l’imagination et du cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour, quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.

1888. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième cours d’études. Une classe de perspective et de dessin. » pp. 495-496

Il me vient une idée que peut-être Sa Majesté Impériale ne dédaignera pas : la plupart de ceux qui entrent dans les écoles publiques écrivent si mal, ceux dont le caractère d’écriture était passable, l’ont si bien perdu quand ils en sortent, et il y a si peu d’hommes, même parmi les plus éclairés, qui sachent bien lire, talent toujours si agréable, souvent si nécessaire, que j’estime qu’un maître de lecture et d’écriture ne s’associeraient pas inutilement au professeur de dessin.

1889. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Il y a deux sortes d’écoles publiques : les petites écoles ouvertes à tous les enfants du peuple au moment où ils peuvent parler et marcher ; là ils doivent trouver des maîtres, des livres et du pain, des maîtres qui leur montrent à lire, à écrire et les premiers principes de la religion et de l’arithmétique ; des livres dont ils ne seraient peut-être pas en état de se pourvoir ; du pain111 qui autorise le législateur à forcer les parents les plus pauvres d’y envoyer leurs enfants.

1890. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

., et cette classification, presque dramatique, donne beaucoup d’intérêt, de vie et de clarté à un livre qu’on lirait encore avec la passion que les récits qu’il contient inspirent, fussent-ils empilés, sans art, comme des matériaux dans un chantier.

1891. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Les « collégiens hystériques dont il fait la pâture », selon Brunetière, sont ceux-là mêmes qu’il représentait, selon son aveu, dans son enfance, et qui le lisent précisément alors comme il lisait Musset. […] Il est certain que les vers d’amour adressés à la Présidente sont aujourd’hui les plus populaires de notre langue, ceux que savent par cœur, non seulement les gens qui ont lu Racine, Lamartine et Hugo, mais d’autres certainement plus nombreux qui ne les ont jamais lus. […] À ce degré de désintéressement, il n’écrit même pas pour se lire. […] « J’ai déjà lu des journaux intimes et dirigé plusieurs néophytes et plusieurs jeunes personnes. […] La littérature intime de ce genre, celle qu’on faisait lire à Amiel et qu’il nous fait lire aujourd’hui, ne manque certainement pas dans les archives des familles genevoises.

1892. (1897) Aspects pp. -215

Ils ont lu, et ils en veulent aux apologistes de leur désappointement. […] Je me rappelle que les larmes me vinrent aux yeux lorsque je les lus pour la première fois. […] À le lire, on goûte un plaisir cérébral violent, une véritable griserie de pensée. […] Je lis, je médite, j’embrasse mon amante. […] mon bon Monsieur, répondit la Mère, je ne sais pas lire.

1893. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

N’ont-ils pas lu l’histoire écrite par Mme de La Fayette ? […] « Je serai lu vers 1880 », avait prononcé Beyle. […] Que Taine ait beaucoup lu Hegel, on ne songe guère à le contester. […] Entre un article de journal que nous lisons dans son actualité et celui qui est déjà vieux d’un jour, il y a la même différence qu’entre une pièce de théâtre que nous entendons au milieu de mille spectateurs et la même pièce lue au coin de notre feu. […] Lire Verlaine d’ensemble, voilà ce qu’on ne faisait guère, et c’est à quoi l’on nous convie.

1894. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Peut-être ne vous frappe-t-elle plus guère parce que vous l’avez lue étant tout petits. […] Le poète la lut et répondit à la jeune fille. […] Le portrait du poète ridicule, qui n’arrive pas à lire sa tragédie, semble exaspérer la Harpe. […] Je lui demandai : « Savez-vous « lire ? […] C’est beau, un homme qui lue !

1895. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Lovely remua la tête et soupira. — Je lirai ton Werther, m’écriai-je ! […] Ne croirait-on pas lire une page arrachée aux annales des naufrages célèbres ? […] Un instant après on y lisait les tourments de l’enfer. […] Je dois cela à Lord Byron ; j’ai lu deux fois de suite le Manfred anglais. […] Et vous ne sauriez pas lire, Marie !

1896. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Mais il nous lut de Mallarmé les premiers poèmes, et, avec quelques précautions, cet « Après-midi d’un Faune ». […] Je lisais tantôt un récit des exploits du sieur Carrier, représentant du peuple, et proconsul à Nantes. […] J’ai lu de ses vers et n’en ai pas compris un traître mot. […] Ils ne l’ont donc pas lu, et qu’est-ce alors ce riche débordement de sève nouvelle dans les veines de ses déshérités ?  […] Le Prélude, il m’en lut alors une soixantaine de vers peut-être.

1897. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Viennet, ne fit écrire et insérer, sous le nom de son secrétaire, les quelques lignes qu’on va lire, que sur la demande de M. 

1898. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour.

1899. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Si elle écrit au courant de la plume une page qui est un chef-d’œuvre, c’est qu’elle avait au cours de toute sa vie lu, pensé, causé ; c’est que dans son intelligence toujours active les sentiments, les idées circulaient incessamment comme le sang dans son corps et entretenaient la vie ; que toute son âme était toujours debout, prête au service, et que chaque mot, chaque phrase était le produit et l’expression de toute son existence intellectuelle et morale.

1900. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

Ulm a tué, au troisième acte, son père, le roi du Scandinave, dont il était héritier ; il y avait chez lui une effroyable ambition de régner ; est-ce ambition qu’il faut lire ?

1901. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Rien de plus judicieux que le Chapitre qui concerne Hérodote ; celui qui est intitulé, de la nécessité de l’Histoire, de son usage, de la maniere dont il faut y mêler les sciences, en la faisant lire à un Prince, est rempli de préceptes sages, de réflexions saines, de critiques justes & bien présentées.

1902. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Le sentiment est son ressort favori, & l’on ne sauroit disconvenir qu’il est impossible d’en employer de meilleur, pour insinuer à ceux qui nous écoutent ou qui nous lisent, l’amour de la vérité & celui des devoirs.

1903. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

On aime encore à lire la profession de foi de l’illustre chancelier d’Angleterre, et la prière qu’il avait coutume de dire avant de se mettre au travail.

1904. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 37, que les mots de notre langue naturelle font plus d’impression sur nous que les mots d’une langue étrangere » pp. 347-350

En supposant que le poëte françois et le poëte latin aïent traité la même matiere, et qu’ils aïent également réussi ; les françois dont je parle trouvent plus de plaisir à lire les vers latins.

1905. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

On appelle aussi Abécédaires les personnes qui montrent à lire. […] Que nous avons actuellement plus de quatre alphabets différens, & que nos jeunes gens à qui on a bien montré à lire, lisent également les ouvrages écrits selon l’un ou selon l’autre de ces alphabets : les alphabets dont je veux parler sont : 1°. […] Enfin, c’est un simple alphabet de plus que je voudrois qui fût fait & autorisé par qui il convient ; qu’on apprît à le lire, & qu’il y eût certains livres écrits suivant cet alphabet ; ce qui n’empêcheroit pas plus de lire les autres livres, que le caractere italique n’empêche de lire le romain. […] Les Protes ne lisent-ils donc point les grammaires qu’ils impriment ? […] terme de Grammaire ou plûtôt de Prosodie ; c’est l’élevation de la voix quand on commence à lire un vers.

1906. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

La même génération put le même jour lire le Discours de la méthode et battre des mains au Cid. […] De tout ce qu’on peut appeler le théâtre d’alors, il n’est resté qu’une pièce qui mérite d’être lue : c’est la farce de Pathelin. […] On était las de la tragédie de collège ; tout au plus la trouvait-on bonne à lire. […] Ce grand homme s’était fait une idée du poème dramatique d’après deux sortes de modèles bien différents : les anciens, dont il dissertait plus qu’il ne les lisait, et les Espagnols, qui lui avaient inspiré le Cid.

1907. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Ceux qui lisent mes articles de critique musicale dans la Liberté, savent à quoi s’en tenir depuis dix-sept ans. […] Chaque fois qu’un événement wagnérien a lieu, on s’aperçoit avec terreur, par l’examen des comptes-rendus, que les plus autorisés de nos critiques n’ont absolument rien compris à ce dont il était question, qu’ils ont lu les poèmes comme pourraient le faire des aveugles, et écouté la musique à la façon des sourds. […] C’est par erreur que nous avons annoncé dans notre dernier numéro que notre correspondant de Bruxelles avait publié son article sur la Valkyrie dans la Réforme, il faut lire : dans la Flandre libérale. […] A lire leur correspondance qui montre assez l’amour (fût-il platonique) de Louis  II pour Wagner et l’expression enflammée de leur amitié toujours plus tendrement exprimée, on comprend comment les caricatures ont pu s’emparer d’un thème bien tentant pour les détracteurs et les caricaturistes.

1908. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Et passant en revue les autres orateurs, il ajoute : « Par exemple, il ne faut pas les lire, ces discours, oui, ce sont des conférences, d’aimables conférences, dont l’effet ne dépasse pas le troisième jour… Et cependant, messieurs, dit-il, en se levant, l’ambition d’un orateur ne doit-elle pas être de parler pour plus longtemps que ça… de parler à l’avenir ?  […] Lisant, ces jours-ci, les Contes drolatiques de Balzac, je suis effrayé de l’admiration naïve avec laquelle je les lis. […] Mardi 17 octobre Saint-Victor, qui a beaucoup vécu dans la société de Lamartine, affirmait que le poète ne lisait jamais que Gibbon, un voyage en Chine de lord Macartney, et la correspondance de Voltaire, et encore ne lisait-il ces livres, toujours les mêmes, que pour s’endormir.

1909. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Il faut lire bien sûr Manfred (1816). […] Il faut lire idéologue. […] Il faut lire « romantique ». […] Il faut lire Hindenburg (1847-1934), général allemand rappelé de sa retraite en 1914, qui exerce une grande influence sur la conduite de la guerre et sur la politique allemande et est à l’origine de la première demande d’armistice en 1918.

1910. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Si vous doutez du premier, vous n’avez qu’à lire ses Adages, ses Paraphrases sur le Nouveau Testament et ses Épîtres. […] Quand je parle de Juvénal, c’est toujours d’un Juvénal en belle humeur et qui a lu son Rabelais. […] Il sait aussi par cœur la Pathologie de notre Fernel, qu’il a autrefois lue par mon conseil.

1911. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Tallien lisait à la tribune de la Convention, le 28 août 1794, un écrit contre la Terreur : cet écrit ou discours, auquel le célèbre thermidorien n’avait fait qu’adapter un petit préambule, et qui fut très remarqué, était de Roederer. […] Seulement que ceux qui lisent encore la satire de Marie-Joseph Chénier dans les Œuvres du poète, avant de s’en autoriser et de la citer contre Roederer, sachent bien que celui-ci y a répondu sans colère et avec supériorité (Journal d’économie publique, t.  […] Tout le portrait, d’ailleurs, est à lire ; c’est un portrait en noir, mais bien accusé.

1912. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

» Au retour d’Italie, l’ouvrage sur le Latium fut lu par morceaux et, en quelque sorte, essayé dans le salon de Coppet chez Mme de Staël. […] Il s’était fait des théories subtiles, mais à son usage et qu’il pratiquait finement, sur l’art de converser, d’écouter, de savoir toujours où en était l’interlocuteur, de lire son sentiment sur sa physionomie : la conversation pour lui était un concert ; l’ennui lui paraissait tenir à un manque d’unité : Une personne très spirituelle verra d’un coup d’œil le ton et l’esprit du salon où elle entre. […] Ce soir j’ai deux ou trois dames pour lire ensemble.

1913. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Giraud nous permet de lire de suite les morceaux les plus agréables sortis de sa plume sans avoir à les chercher dans le pêle-mêle de ses œuvres. […] Cousin, qu’au moment où Mme de Sablé réfutait cette idée, que l’amitié est une sorte de trafic, La Rochefoucauld n’avait pas encore publié ses Maximes ni celle-ci en particulier, et probablement qu’il n’en était pas encore coupable ; mais, de plus, que, depuis 1647, il y avait en circulation dans la société un petit écrit volant de Saint-Évremond touchant cette maxime qu’on ne doit jamais manquer à ses amis, et dans lequel on lisait en toutes lettres : « Cependant il est certain que l’amitié est un commerce ; le trafic en doit être honnête ; mais enfin c’est un trafic. […] Dans les quelques lignes dont on fait si grand état en les surfaisant, Mme de Sablé a bien pu réfuter Saint-Évremond, elle a bien pu aussi réfuter La Rochefoucauld, qui lui aura dit dès ce temps-là : « Je pense exactement comme M. de Saint-Évremond ; je prends son opinion à mon compte, et j’en fais une maxime. » On ne saurait avoir devant soi un Saint-Évremond, l’eût-on déjà lu vingt fois, sans être tenté de le parcourir encore et sans repasser d’un coup d’œil rapide ce qu’il y a de principal en lui, ce qui le fait original avec distinction entre Montaigne et Bayle.

1914. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

C’est chez elle et sous ses yeux que l’enfant, jusque-là ignorant, lut le Télémaque et des volumes de Racine et de Voltaire qu’elle avait dans sa bibliothèque. […] Mais, ayant lu avec soin Molière, il renonça, par respect pour ce grand maître, à un genre d’une si accablante difficulté. […] J’ai lu en grande partie un poëme idyllique de lui, en quatre chants, intitulé le Pèlerinage, et conçu dans cette pensée.

1915. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Si nous assistions en foule aux premières représentations d’une tragédie digne de Racine ; si nous lisions Rousseau, si nous écoutions Cicéron se faisant entendre pour la première fois au milieu de nous, l’intérêt de la surprise et de la curiosité fixerait l’attention sur des vérités délaissées ; et le talent commandant en maître à tous les esprits, rendrait à la morale un peu de ce qu’il a reçu d’elle ; il rétablirait le culte auquel il doit son inspiration. […] Ces écrits font couler des larmes dans toutes les situations de la vie ; ils élèvent l’âme à des méditations générales qui détournent la pensée des peines individuelles ; ils créent pour nous une société, une communication avec les écrivains qui ne sont plus, avec ceux qui existent encore, avec les hommes qui admirent comme nous ce que nous lisons. Dans les déserts de l’exil, au fond des prisons, à la veille de périr, telle page d’un auteur sensible a relevé peut-être une âme abattue : moi qui la lis, moi qu’elle touche, je crois y retrouver encore la trace de quelques larmes ; et par des émotions semblables, j’ai quelques rapports avec ceux dont je plains si profondément la destinée.

1916. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

En voici tout d’abord une raison : c’est que la langue, qui n’a pas beaucoup changé depuis que le xviie  siècle s’est flatté de la fixer, a pourtant changé un peu : en sorte que, quand nous lisons Boileau, ou Racine, ou Corneille, leurs expressions ne suscitent plus en nous tout à fait les mêmes représentations qui surgissaient dans l’esprit des contemporains, et la traduction mentale que nous en faisons en courant, n’est qu’une suite d’à peu près, d’inexactitudes et de faux sens. […] Ils lisent dans la facture de l’œuvre la pensée de l’artiste, et par leur analyse minutieuse des procédés d’exécution, ils atteignent les sources mêmes de l’originalité créatrice. […] On ne s’apercevrait guère, à lire l’Art poétique, qu’il a fait un Repas ridicule ou des Embarras de Paris.

1917. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Quand on les a lus à la file, comme on doit le faire quand on est critique de son état, on éprouve d’abord le besoin de respirer. […] On n’a déjà plus le temps de lire Balzac ni George Sand. […] Francis Magnard concluait que « tous les prêtres sont des niais ou des intrigants » ; je n’ai pu le lire, car on ne le trouve plus, et M. 

1918. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Ce poème n’a jamais été imprimé, que je sache ; je n’en ai pas lu une ligne, mais d’après ce que j’ai entendu dire, ce serait une imitation de la Guerre des Dieux de Parny. […] Les ennemis de Pouchkine lisaient, entre les lignes de ses poèmes, une foule de choses impies, immorales, révolutionnaires. […] Il s’était plaint de la censure, et l’empereur se chargea de lire et d’autoriser ses ouvrages.

1919. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Les fragments qu’il en avait lus à ses amis, transcrits et répandus à la cour de Marguerite de Navarre, avaient excité une grande attente. […] La Vierge Marie lisait les heures de Notre-Dame ; Abraham et Isaac récitaient, avant de se mettre au lit, leur Pater noster et leur Ave, Maria. […] Au temps même de François Ier, on lisait, dans le Nouveau Testament, evertit domum pour everrit domum, il renverse la maison pour la balaye ; hereticum de vita au lieu de l’hereticum devita de saint Paul, ce qui substituait à mort l’hérétique à évite l’hérétique ; vraie glose de la Sorbonne d’alors.

1920. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Nous avons lu trop de volumes à 7 fr. 50 pour aimer comme tout le monde. » « Nous paralysons le cœur à force de lucidité et puis, après tout, pourquoi exiger des femmes ce que nous ne leur offrons pas en échange : la sincérité12 ?  […] Il a lu Darwin, Haeckel… Il a étudié les mystères de notre origine, suivi notre évolution depuis la monère primitive. […] Lisez les notes qu’il a publiées sous le pseudonyme de Tristan Noël, vous y trouverez une conscience tourmentée, des sentiments confus et troubles, tout le désarroi romantique, et ce subjectivisme aigu qui est tout l’opposé de l’enseignement des Maîtres.

1921. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Pour peu qu'on lise ces Articles avec réflexion, il est évident qu'ils tendent à favoriser le matérialisme, & qu'ils combattent l'existence de Dieu. […] Un Sauvage, qui n’auroit lu que les Ouvrages de nos Philosophes, qui apprendroit par eux la licence qu’ils permettent, les vices qu’ils préconisent, les devoirs qu’ils proscrivent, les sentimens qu’ils dégradent, l’indépendance qu’ils affichent, & qui prendroit ces Ouvrages pour nos Livres religieux, pourroit avec raison avoir une fort mauvaise idée de la Morale Chrétienne. […] Qu’on lise les relations de tous nos Voyageurs : on apprendra par elles, que tous les Peuples policés, ceux où la Religion Chrétienne a pénétré, sont les plus humains & les plus sûrs dans le commerce de la Société.

1922. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Ce petit poème que j’avais depuis plus de vingt ans dans ma bibliothèque sans le lire, est tout simplement une imitation, un pastiche de La Pucelle de Voltaire. […]  » C’est tout ce que les amateurs qui possèdent ce livre se contentent ordinairement d’en lire, et ils font bien. […] Organt est donc un détestable poème, passe-temps d’un jeune désœuvré qui vient de lire La Pucelle.

1923. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

J’ai du temps pour lire et méditer. […] On ne peut lire sans une admiration qui va jusqu’à la douleur, telle lettre où l’enfant laisse voir comment il vient d’être bouleversé par une première communion de village, et puis s’interrompt, étant remonté aux tranchées, pour réclamer des siens le calme et l’énergie ; — telle autre lettre de charmante gratitude, où cet enfant qui donne sa vie s’inquiète du bien-être qu’il doit aux petites sommes que lui envoient les siens et dont il craint que le modeste foyer ne souffre ; — cette lettre enfin pour la fête de son père, à qui il écrit, oublieux de son propre sacrifice : « Croyez bien que je comprends la peine que doit éprouver un père en voyant partir pour le grand inconnu de la guerre un fils de vingt ans, qu’il a élevé à force de travail, de souci, d’économie… » Et toute la suite. […] Nous l’avions déjà lu, mais ces deux-ci le disent d’après leur expérience propre.

1924. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Mais ces recommandations morales, ces saintes lois et d’autres encore, gravées sur les tables de pierre de Moïse, se retrouvent aussi et peuvent se lire sur la table intérieure et vivante du cœur humain, sur cette table rase en apparence, mais, comme un marbre jaspé, dit Leibniz, sillonnée de veines profondes, où réside l’instinct des vérités nécessaires que développe la croissance de l’âme. […] J’étais ému d’admiration, la première fois que je lisais dans Platon ce témoignage sur l’omniprésence de Dieu et sur sa providence inévitable : « Quand vous seriez caché dans les plus profondes cavernes de la terre, quand vous prendriez des ailes et que vous vous envoleriez au haut des cieux, quand vous fuiriez aux confins du monde, quand vous descendriez au fond des enfers ou dans quelque lieu plus formidable encore, la providence divine y serait près de vous. » Cela me frappait d’une secousse plus vive que l’imagination d’Homère décrivant la marche de ses dieux, « en trois pas, au bout du monde » ; j’y sentais une grandeur morale qui dépasse toute force matérielle. […] Tu conduis par ta justice ce peuple que lu as délivré ; tu le mènes par ta force vers ton saint asile.

1925. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Ces pièces des étrangers, surprises et lues, donnèrent dès lors à Henri IV une idée juste de la conduite du président Jeannin, et il le lui dira plus tard. […] Tandis que Villeroi agissait avec le plus de zèle et allait de Mayenne à Henri IV pour la prolongation de la trêve en vue de la paix, un jour, à Fontainebleau, Henri IV le surprit fort en lui donnant à lire la formule d’un serment que le duc de Mayenne et ses adhérents venaient de prêter derechef à Paris sur les saints Évangiles, le 23 juillet 1593, devant le légat, l’ambassadeur et les ministres d’Espagne, et par lequel on renouvelait toutes les promesses de Ligue inviolable et de guerre à mort au roi de Navarre.

1926. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

D’Alembert nous l’a peint au naturel et avec finesse dans un agréable éloge lu à l’Académie française en février 1775, et qui a fourni le premier fonds de toutes les biographies. […] Je lisais les meilleurs ouvrages.

1927. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Cousin, que l’humanité se développe à la manière de l’individu ; que les périodes de l’une répondent aux âges de l’autre ; que dans son enfance elle débute par la spontanéité et la religion, pour arriver dans son âge mûr à la réflexion et à la science, il est bien vrai, en ce sens, de dire que la destinée de l’espèce peut se lire en raccourci dans celle de l’individu ; mais, après quelques rapprochements ingénieux, quelques perspectives neuves du passé, il faut bientôt quitter ce point de vue trop hasardeux, trop vague, et duquel on ne tire rien de certain ni de vivant sur l’avenir. […] Sainte-Beuve a rappelé, en les citant, les dernières lignes de cet article : « Comme un pasteur solitaire, etc. » dans une nouvelle étude, qu’il écrivit sur Jouffroy en 1831 (Portraits littéraires, tome I, page 312.) — Lire aussi sur Jouffroy, dans les Causeries du Lundi, tome VIII, l’article de 1853, intitulé : De la dernière séance de l’Académie des Sciences morales et politiques et du Discours de M. 

1928. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Je ne suis pas jurisconsulte ; je suis un peu étonné, tout le premier, d’avoir à discuter un texte de loi ; je suis prêt à déférer à toutes les lumières des personnages plus compétents ; mais quand j’ai lu le texte du sénatus-consulte, seul, livré à mon seul bon sens et sans le commentaire de personne, j’ai bondi à voir en tête et en vedette d’un acte libéral ces mots désobligeants pour tout le monde, y compris les ministres eux-mêmes (car il n’est pas agréable de s’entendre dire en face qu’on dépend) : « Les ministres ne dépendent que de l’empereur. » Eh ! […] Tout le monde a lu ce discours éloquent, rempli de grandes vues et animé d’un beau souffle.

1929. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Lisez Homère, il décrit tout, il vous dit que l’île est entourée d’eau  ; que la farine fait la force de l’homme  ; que le soleil est à midi au-dessus de vos têtes . […] Leurs vers devaient être lus dans les solennités publiques.

1930. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Mais on le sent artiste dans l’attention qu’il donne à la sonorité des vers, dans cette curieuse prière qu’il adresse à son lecteur de ne point lire sa poésie « à la façon d’une missive ou de quelques lettres royaux », dans des remarques telles que celle-ci sur la valeur sensible des sons : « A, O, U, et les consonnes M, B, et les SS finissant les mots, et, sur toutes, les RR qui sont les vraies lettres héroïques, sont une grande sonnerie et batterie aux vers ». […] Le Tasse, en 1575, lui lisait les premiers chants de sa Jérusalem.

1931. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Lisez la Correspondance, et voyez tous ces tableaux, toutes ces anecdotes dont elle est semée. Lisez le Neveu de Rameau, le chef-d’œuvre le plus égal que Diderot ait composé.

1932. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Mais il peut arriver aussi que le choix du « chef-d’œuvre » unique auquel reste attaché le nom d’un poète ait été arbitraire et maladroit et que la pièce trop connue fasse tort à d’autres qu’elle dispense de lire et qui valent quelquefois mieux. […] Lisez la pièce intitulée Émotions nocturnes : la première partie en est fort belle.

1933. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Je lus en entier ce livre singulier ; je le relus encore, et, malgré les négligences, les néologismes, les répétitions et l’obscurité que je pus quelquefois y remarquer, je fus tenté de dire à l’auteur : « Courage, jeune homme ! […] Lisez, par exemple, le Retour des pasteurs.

1934. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Songe que tu tiens entre tes mains les intérêts de toute ame noble & généreuse ; plaide avec courage, & en présence du méchant même, il frémira à ta voix, les remords secrets déchireront son cœur, & tu liras ton triomphe sur son front abattu. […] Que je lise avec le même ravissement ce que les Muses immortelles ont chanté, que j’oublie les passions orageuses qui tourmentent l’homme inquiet pour m’élever aux pensées riantes ou majestueuses qui font disparoître tout ce qui n’est pas elles.

1935. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Elles sont fines, sensées, raisonnables, pleines d’une délicate critique ; elles se lisent avec agrément aux heures de loisir, mais elles n’ont rien de ferme et d’original, rien qui sente l’humanité militante, rien qui approche des œuvres hardies de ces âges extraordinaires où tous les éléments de l’humanité en ébullition apparaissent tour à tour à la surface. […] Quelle différence entre chanter un bout de latin qu’on appelle l’Épître et lire en société la correspondance des confrères, entre un morceau de pain bénit qui n’a plus de sens et l’agape des origines ?

1936. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Pour avoir une idée juste de madame de Maintenon, j’ai commencé par mettre en oubli tout ce que j’avais lu ou entendu sur son compte, les histoires de La Beaumelle, de Laus de Boissy, de madame de Genlis, de madame Suard, d’Auger, de Voltaire même, et jusqu’à la biographie écrite par le biographe le plus exact que je connaisse, M.  […] Elle lui faisait lire Plutarque.

1937. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Quant à la marquise de Courcelles, il faut lire ses aventures dans le récit de M.  […] C’est Du Boulay qui eut l’idée de réunir, pour les faire lire en confidence à ses amis, les lettres et les papiers de Mme de Courcelles : J’avais à me justifier, dit ce galant homme, d’avoir aimé trop fidèlement et trop fortement la plus charmante créature de l’univers, à la vérité, mais la plus perfide et la plus légère, et que je reconnaissais pour telle.

1938. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Personne n’a poussé la prévention, à cet égard, plus loin que le feu roi de Prusse, qui certainement n’avoit lu ni Platon, ni le père Lamy : tout poëte lui étoit un objet odieux*. […] On a loué madame Racine de n’avoir jamais lu les tragédies de son époux.

1939. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

… Il y a des styles qui sortent de la pensée comme l’enfant du ventre de lu mère, avec des douleurs et du sang. […] qui ne l’avait jamais vu, mais qui l’avait lu, et le style est l’homme, a dit le naturaliste Buffon.

1940. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Sur ce nom seul de Madame Récamier, toute l’Europe courra lire ces deux volumes, si la Critique n’avertit pas… et toute l’Europe sera attrapée. […] Il n’y a d’intérêts qui tiennent ici que deux seuls intérêts pour que la chose reste morale : c’est l’intérêt de réputation de celui qui a écrit les lettres, et l’intérêt de jouissance intellectuelle de celui qui les lira.

1941. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Par là, sans doute, il mérita d’être imité de l’antiquité latine, plus que nous ne le savons ; car, si le hasard de quelques petits fragments dispersés, si quelques grains de cette poudre d’or conservés dans les scoliastes, nous offrent tantôt un vers entier, tantôt une image allégorique, tantôt un mot heureux qu’a dérobé l’abeille de Tibur, combien d’autres larcins nous aurait décelés l’œuvre grecque entière, que lisait Horace ! […] Nous lisons chez un de ces doctes apologistes68 : « Dans Sapho, une ardente et profonde sensibilité, une pureté virginale, la douceur de la femme et la délicatesse du sentiment et de l’émotion s’alliaient avec la probité native et la simplicité du caractère ionien ; et, quoique douée d’une exquise perfection des choses belles et brillantes, elle préférait la naïve et consciencieuse rectitude de l’âme à toute autre source de jouissance humaine. » À la bonne heure !

1942. (1875) Premiers lundis. Tome III « Viollet-Le-Duc »

Quoique les deux éditions de Tahureau portent sucrant, il me paraît bien plus naturel de lire suçant.

1943. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

Son livre lui vaudra l’estime affectueuse de tous ceux qui l’auront lu, et ne fera que redoubler chez ceux qui le connaissent les sentiments dus à des pensées justes et si bien mûries, couronnant une vie utile et un caractère aimable.

1944. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

La fleur fraîche a péri, mais la feuille éternelle Verdoie, et tu souris, poète, et lu entends Chanter, échos amis de ta voix fraternelle, « Les joueurs de Syrinx épars dans le printemps ».

1945. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montesquiou, Robert de (1855-1921) »

Le Chef des odeurs suaves contient près de deux cents petits poèmes, et j’avoue qu’avant d’en avoir lu le premier vers, je pensai involontairement à ce grenadier qui, voyant se précipiter sur son bataillon d’innombrables ennemis, mâchonne dans sa moustache le légendaire : « Ils sont trop ! 

1946. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

Dès la dédicace : Tous les baisers, etc…, j’ai vu ce qu’était votre livre et mon cœur a reconnu la poésie et, tendrement, à vous lire, il fleurissait.

1947. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

Lisez ses belles élégies héroïques : le Dieu mort, Ruines, les Vaines Images, qui sont Psyché, Hymnis et Chrysarion, le Jardin de Cassiopée, la Chambre d’amour, et goutez-en la beauté amère et sereine, l’âcre et doux parfum, la cadence sonore.

1948. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Parallèlement on a reconnu que la réclame murale faite pour être vue, non lue, comporte les plus brèves et les plus voyantes mentions.

1949. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Supposez, par exemple, qu’on veuille seulement lire tout ce qui a trait à l’école romantique et notez que ce n’est guère dépasser les limites d’un demi-siècle.

1950. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 521-526

Il est aisé de présumer que ceux mêmes à qui elles ont été adressées, n’ont pas eu le courage de les lire en entier.

1951. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Les plus méprisables par ces endroits peuvent être lus une fois : sans leurs excès, on ne les eût jamais nommés ; semblables à ces malheureux que leur état condamnoit aux ténebres, & dont le Public n’apprend le nom que par le crime & le supplice ».

1952. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Le Cardinal de Richelieu voulut lire, avant l’impression, les deux derniers Regnes de l’Histoire générale de France.

1953. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 192-197

Mais peut-on lire rien de plus poétique & de plus agréable que la description du Siecle heureux qu’il prédit lui-même, sous le nom d’un Berger ?

1954. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 122-127

C'étoit payer bien cher des Vers qui ne seroient pas même lus aujourd'hui par aucune Académie.

1955. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

La maniere dont il a composé les Eloges de quelques Membres de l'Académie qui l'avoit choisi pour son Secrétaire, & à l'établissement de laquelle il avoit eu beaucoup de part, obtiendra ceux de quiconque les lira comme Philosophe & comme Littérateur.

1956. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 387-391

Pour connoître toute l’injustice de l’Auteur du pauvre Diable & de celui* de la Dunciade, il ne faut que lire ses Ouvrages.

1957. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Voyez comme le Poussin est sublime et touchant, lorsqu’à côté d’une scène champêtre, riante, il attache mes yeux sur un tombeau où je lis : et ego in arcadia.

1958. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

Mais, pour nous qui venons de le lire avec attention tout entier, nous dirons encore davantage.

1959. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Ils lisent, causent, méditent, rêvent et surtout ils souffrent. « La bête la plus rapide pour nous mener à la perfection, dit l’un d’eux, c’est la douleur. » Jamais aucune armée n’a autant vécu par l’âme.

/ 3085