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52. (1910) Rousseau contre Molière

Le vrai misanthrope est un monstre. […] Est-il bien vrai ? […] Il est très vrai que le travers de M.  […] Il y a du vrai ; il y a beaucoup de vrai. […] Sans doute, s’il dit vrai.

53. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Mais, dès ces premiers temps, il avait créé à son usage une forme de comédie, sobre, sérieuse, vraie, sur laquelle nous reviendrons. Puis il créa la tragédie vraie, à laquelle il se tint. […] Enfin, parce que les sujets historiques sont vrais. […] Il demande à l’histoire des actions éclatantes, extraordinaires, mais vraies : il repousse les faits fabuleux, irréels, qui ne peuvent servir que de symboles. […] La nature que peint Racine est plus vraie pour nous : ne pourrait-on pas dire que cette vérité date précisément de Racine ?

54. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Les trois amants successifs, le commandant Garnier, Mornac et le jeune Boisgontier, sont des personnages d’aujourd’hui, du dernier vrai, saisis dans leur relief et assemblés, contrastés entre eux dans des situations habiles où le pathétique d’un moment cède vite au comique et à l’ironie. […] Gerfaut, c’est comme un composé un peu idéalisé de M. de Balzac et de M. de Bernard lui-même ; véritable gentilhomme, qui, au faubourg Saint-Germain, se nomme le vicomte de Gerfaut, et qui, ailleurs, donne à corps perdu, en vrai lion, dans la moderne orgie littéraire. […] Quoique un vrai talent dramatique s’y marque jusqu’au bout, j’avoue que cette fin me plaît peu, et, sans me gâter le reste, ne l’achève pas, à mon sens, avec autant de vérité qu’on a droit d’attendre. […] La conclusion, beaucoup moins orageuse de la Femme de quarante ans, me paraît d’autant plus vraie, plus conforme, dans son ironie, à ce qui se passe chaque jour, même chez nos plus dévorants, dont aucun encore n’est si ensanglanté sous son gant jaune, qu’il voudrait le faire croire. M. de Bernard, dans cette fin, a trop cédé à la dramaturgie moderne ; il y avait, j’ose le lui affirmer, sans pouvoir l’indiquer, quelque autre conclusion possible et vraie, qu’il eût trouvée en le voulant bien et en restant fidèle à tous ses caractères, même à celui du baron.

55. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

S’il est vrai que nous ne soyons pas théologiens, du moins nous sommes chrétiens. […] Au lieu de l’amplification oratoire, nous avons la vraie éloquence. […] Il est très vrai qu’il n’entend pas leur lâcher la bride ; mais à quoi bon la restriction ? […] Vauvenargues voit pourtant la vraie par moments ; je n’affirmerais pas qu’il la sentît. […] Des deux côtés elle fut vraie.

56. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Dieu, pour me soutenir, m’avait réservé pour ce moment un vrai événement intellectuel et moral. […] En vérité, mon ami, n’est-il pas vrai que Dieu m’a joué un bien mauvais tour ? […] Ce sont là mes vrais domiciles et ceux où je passe les moments les plus agréables. […] La vraie réponse sera quand nous nous embrasserons. […] Que les âmes simples possèdent, beaucoup de vrai, oh !

57. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Cette disposition, après tout, même dans son exagération, est des plus respectables ; elle est la plus juste et la plus vraie, et ce n’est pas moi qui m’aviserai d’y porter atteinte. […] Le comte d’Armagnac lui écrivait, des confins de l’Espagne, pour lui demander lequel des trois papes d’alors (il y en avait trois pour le moment) était le vrai et le légitime. […] Voilà la vraie douceur de Jeanne après son moment d’exaltation et quand sa fureur de guerre était passée. […] Les plus beaux mots de Jeanne, les mots simples, vrais, héroïques, sont enregistrés par les juges et nous sont transmis par eux. […] Michelet est plus vraie qu’aucune des précédentes.

58. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Il est vrai que c’est par l’auteur qu’on le sait et de plus par ceux des principaux intéressés qu’il y a fait entrer tout vifs. […] Les circonstances de la rencontre du bal, telles qu’elles sont consacrées dans Werther, ne diffèrent du vrai que par de légères variantes. […] Voilà ce qu’il a peint admirablement dans son Werther, ce qui en fait l’âme, et qui en reste vrai pour nous encore, à travers toutes les vicissitudes de la mode et des genres. […] Comprenons l’amour vrai sous toutes les formes et dans tous les costumes avec ce qu’il a de désintéressé. […] il était dans le vrai en pardonnant : pourtant il ne se rendait pas tout à fait compte du procédé de Goethe, quand il l’attribuait à une légèreté de jeunesse.

59. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

S’il est vrai que Racine l’ait surpassé, aucun de ceux qui sont venus après l’un et l’autre, n’a jamais pu les atteindre. […] Le beau, le grand, le vrai, la nature, sont des dieux partout révérés ; c’est le culte qui diffère. […] La fable qu’ils imitent devient plus vraie entre leurs mains, l’action plus forte, les ressorts se multiplient ou acquièrent plus de puissance. […] Leur délire appartient à la vraie tragédie, mais l’apparition des furies, des spectres et des ombres, à nos propres yeux, n’est que l’Opéra. […] Au gré de ceux-ci, il n’y a de naturel que ce qui est vrai, noble et décent ; aux yeux de ceux-là, que ce qui est capricieux et vulgaire.

60. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Quelques initiés prétendent que les deux auteurs dont je viens de parler ne possèdent pas, absolument pures de tout alliage, les vraies traditions du vrai naturalisme. […] Mais est-il donc vrai qu’il tienne toute la place ? […] Quand on a la prétention de « faire vrai », il ne faudrait charger personne, pas même les scélérats. […] Si votre peuple était le vrai peuple, il n’y aurait plus qu’à quadrupler le nombre des hôpitaux et à décupler celui des sergents de ville. […] Non, ce n’est pas le vrai peuple que l’on peint ; ce n’est pas davantage pour lui que l’on écrit.

61. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

. — Les Vrais Riches (1898) […] Coppée, en dépit d’un secret penchant à l’imitation, une vraie source de poésie. […] La sensibilité vraie est aussi parfaitement absente de ce postiche que la gaîté franche. […] C’est un poète vrai. […] Et comme il est vrai, il est touchant.

62. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Mais le vrai verbe n’est pas une forme adaptée à la pensée, il est la pensée même se communiquant à autrui par un prolongement sympathique. […] Caïn devient pour lui le symbole de l’humanité ; le dieu qui l’a faite pour la douleur et pour le mal est le véritable auteur du mal comme de la douleur : c’est lui qui est le vrai meurtrier d’Abel. […] C’est charmant, pas bien réel ; les vraies couleurs, les vraies nuances ont des dégradations infinies que le pinceau de Coppée, quoique délicat et menu, ne semble pas bien fait pour rendre ; mais, par contre, ce pinceau est léger autant qu’habile, et fin comme l’esprit même du poète244. […] Le réalisme pessimiste d’aujourd’hui, chez beaucoup d’écrivains, n’est ni plus vrai en soi, ni plus sincère chez ses apôtres que le pseudo-idéalisme de certains romantiques. […] Où donc est la loi vraie ?

63. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Nous l’ignorons. — Un public a toujours, il est vrai, une conscience et une bonne volonté qui le précipitent vers le vrai ; mais il faut le mettre sur une pente et lui imprimer l’élan, et notre plume est encore plus ignorée que le talent de M.  […] Pérignon sont dures et lisses comme des objets inanimés. — Un vrai musée de Curtius. […] Isabey est un vrai coloriste — toujours brillant, — souvent délicat. […] Saint-Jean sont des tableaux de salle à manger, — mais non des peintures de cabinet et de galerie ; de vrais tableaux de salle à manger. […] Voilà qui est beau, voilà qui est de la peinture et de la vraie peinture ; c’est large, — c’est vrai, — et la couleur en est belle. — Ces tableaux ont une grande tournure commune aux anciens tableaux de chasse ou de nature morte que faisaient les grands peintres, — et ils sont tous habilement composés.

64. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Et sur les femmes on peut dire tout ce qu’on voudra : tout sera également vrai. […] Dans le premier cas, le lecteur dira : « Comme c’est vrai !  […] c’est vrai tout de même » — à moins qu’il ne se contente de dire, dans le premier cas : « Hum ! […] La vraie séparation est celle qui ne fait pas souffrir. […] Il est vrai que ce rôle, comme celui de Théodora, a été fait expressément pour elle, sur mesure et très collant.

65. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Il est vrai que je n’ai le droit d’insulter personne, mais j’ai le droit de n’être insulté par personne. […] Démontrons d’abord a priori la beauté de Mme de Longueville, et pour cela établissons les caractères de la vraie beauté. Le fond de la vraie beauté, comme de la vraie vertu, comme du vrai génie, est la force. […] … Mme de Longueville avait tous les caractères de la vraie beauté, et elle y joignait un charme particulier. […] Voilà le fond d’une vraie beauté.

66. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Or, qu’on y songe, l’histoire est la vraie philosophie du XIXe siècle. […] Cela est vrai, parfaitement vrai, pourvu qu’on sache l’entendre. […] Si on se plaçait au vrai jour, on en verrait la raison. […] Mais ce qui est tout à fait impossible, c’est que cent subtilités soient vraies à la fois. […] Et, si cette histoire n’était pas vraie, qui aurait osé l’imaginer ?

67. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Les Philosophes ont bien pu tenter de le décrier dans le Public, parce qu’il a dédaigné leurs suffrages & s’est élevé contre leur cabale ; ils ont pu, au mépris de la tolérance & de l’honnêteté qu’ils ne cessent de recommander, l’accabler de leurs Brochures ; M. de Voltaire, entre autres, a pu venir à bout, par ses Diatribes quelquefois plaisantes & souvent abjectes, d en imposer aux Beaux-Esprits de Province & aux petits Esprits de la Capitale ; il n’en sera pas moins vrai que M. de Pompignan est un de ces hommes qui font le plus d’honneur à notre Littérature, par leurs talens & par leurs mœurs. […] Les Poésies sacrées de M. de Pompignan seront vengées du froid ridicule d’un bon mot, par quiconque est capable de reconnoître les vraies beautés par-tout où elles se trouvent ; ou, pour mieux dire, elles le sont déjà par l’empressement qu’on met à les rechercher. […] Tout ce que le Poëte y débite est toujours d’accord avec les vrais principes. […] Amoureux du bizarre, avide du nouveau, Et, pour comble d’erreur, ennemi du vrai beau. […] L’Eloge historique du Duc de Bourgogne est un morceau d’éloquence qui nous retrace la noble simplicité des Anciens ; son Discours de réception à l’Académie, malgré tout le persifflage qu’il lui attira, peut être regardé comme la production de l’honnête homme, du sage Littérateur, du vrai Philosophe ; ses autres Discours Académiques offrent par-tout l’Ecrivain élégant, & assez formé sur les bons Modeles, pour en devenir un à son tour.

68. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

La polémique semble jusqu’ici la vraie vocation de M.  […] La perception sera donc non pas une hallucination vraie, mais purement et simplement une hallucination, dont on ne saura jamais si elle est vraie ou si elle est fausse. […] Car cela n’est vrai que d’un espace infini. […] Il est vrai que M.  […] Il est vrai que M. 

69. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Une réponse subtile peut être vraie. Deux réponses subtiles peuvent même à la rigueur être vraies à la fois. […] Dans un livre divin, en effet, tout est vrai, et, deux contradictoires ne pouvant être vraies à la fois, il ne doit s’y trouver aucune contradiction. […] Tous mes intérêts les plus chers ne devaient-ils pas m’engager à le trouver vrai ?

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