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2091. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Dans le même moment un autre critique très spirituel, parlant de Racine, avançait que le vrai, le spécial et principal talent de ce poëte était pour le comique, témoin les Plaideurs, et que Racine, en abordant la tragédie, avait fait fausse route. […] J’ai relu les Mémoires de la vie de Racine par son fils ; on me dira que Racine fils n’avait pas connu son père, qu’il n’en parlait que par ouï-dire, par tradition, d’après M. de Valincour ou tel autre : c’est trop vrai, et je regrette qu’il n’y ait pas de Mémoires plus directs sur cette vie illustre ; mais nous en savons encore moins là-dessus, ce me semble, que Racine fils ou que ceux d’alors dont aucun n’a tenu un tel langage, Oh !

2092. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il disputa, tracassa, plaida sur l’étiquette, les préséances, les titres, avec une passion puérile qui lassa jusqu’à Louis XIV. « M. de Saint-Simon, disait le roi, ne s’occupe que des rangs et de faire des procès à tout le monde. » C’était vrai : mais le grand roi avait tort de se plaindre. […] De là vient que ses portraits sont si vivants, si vrais, quoique souvent si injustes.

2093. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Imaginez Bajazet venant au lendemain de la publication qu’un journal aurait faite des circonstances de la mort du vrai Bajazet : la pièce de Racine n’était plus possible. […] Camille Desmoulins est une nature généreuse, sensible, aimante, une vraie nature de femme par la tendresse, que la passion politique a pu rendre violente et féroce jusqu’à applaudir aux pires excès, à réclamer les plus cruelles vengeances : une âme avide de bonheur, d’affection, de vie, affolée par la peur et les approches de la mort.

2094. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Nous nous en tiendrons aux vrais artistes, à MM.  […] Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé.

2095. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Il est vrai que je me rattrapais un peu dans le courant de l’article. […] Cette philosophie rudimentaire, non pas vraie (je l’espère du moins), mais irréfutable, qui a très bien pu être celle du premier anthropoïde un peu intelligent et à laquelle les hommes les plus raffinés des derniers âges finiront peut-être par revenir après un long circuit inutile ; cette philosophie que Maupassant a pris la peine de formuler dans un de ses derniers volumes (Sur l’eau), est la froide source, secrète et profonde, d’où venaient à la plupart de ses petits récits leur âcre saveur.

2096. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Ceux-là sont à plaindre ceux qui ne considèrent en ces poèmes que la valeur isolée d’un vers, d’un mot, qui ne comprennent pas — ou ne veulent pas comprendre — que le vrai poète, comme le dit M.  […] Il eût fait un beau buffle ou un noble poulain, ou un éléphant distingué, s’il est vrai que la réputation de sagesse décernée jadis à ce dernier animal soit complètement usurpée.

2097. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il est vrai, que savons-nous d’Épicure ? […] Le vrai roman de la jalousie serait : un amant vierge, une maîtresse vierge, ils se prennent, et la jalousie commence avec l’amour, parce que l’amour se voudrait un, et qu’ils sont deux, et que le spasme même divise, est jouissance, est égoïsme, parce que l’amant de la maîtresse la plus prise peut toujours serrer dans ses mains le front de son amie et dire comme un personnage de Shakespeare : « Que se passe-t-il dans cette petite tête ? 

2098. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Mais les vrais poètes se consolent aisément de l’aveuglement de leurs contemporains. […] Et il est vrai que ce fut une bacchanale monstre, une orgie effrénée où, pour l’illustration des mœurs baptisées « fin de siècle », on voit des princesses enlever des tziganes et des têtes couronnées folâtrer avec des danseuses impubères.

2099. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Le ton de la lettre est celui d’un rodomont & d’un vrai capitan de comédie. […] Ce grand homme est mort en 1684, dénué de fortune & même dans la misère, si le trait suivant est vrai.

2100. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Il est vrai que de toutes les langues connues, c’est celle où ce défaut est le plus considérable. […] Est-il vrai que les gens qui parlent bien prononcent les mots terminés par une consonne articulée, tels que rival, desir, mer, comme s’il y avoit rivale, desire, mere ; en sorte qu’on put ranger ces mots parmi les rives féminines ?

2101. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Il est vrai que Monsieur Dacier n’est pas le seul qui se soit mépris sur cette matiere là, ses dévanciers s’étoient trompez comme lui. […] Il est vrai qu’Aristote appelle musique dans le vingt-sixiéme chapitre de sa poëtique, ce qu’il avoit appellé melopée dans son sixiéme chapitre.

2102. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Il est vrai que les Allemands sont des Allemands, — un peuple de rêveurs, — tandis que nous sommes des hommes d’affaires. […] Aujourd’hui, un mouvement se produit, faible encore, il est vrai, mais qu’on serait heureux de voir s’animer, et ce mouvement semble se manifester en dehors de toute espèce de préoccupation qui ne serait pas l’intérêt et la curiosité littéraires.

2103. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Eh bien, c’est ce genre particulier dans l’histoire qui me fait l’effet d’être la vraie voie d’Auguste Vitu ! […] IV Mais, encore une fois, si cette biographie d’un homme qui a droit, sinon à la statue en pied de l’histoire au moins à la médaille de la biographie, si tout ce travail sur François Suleau est très élevé de renseignement, de vue et d’accent, et si l’écrivain qui l’a publié y a montré des aptitudes et des facilités vers l’histoire, grave ou tragique, telle qu’elle est le plus généralement conçue et réalisée par MΜ. les historiens ordinaires, je ne m’en opiniâtre pas moins à croire, ainsi que je l’ai dit au commencement de ce chapitre, que le vrai génie spécial de l’auteur Ombres et vieux murs, que son originalité la plus vive, serait, son genre d’esprit donné, la mise en scène ou en saillie de l’élément comique ou ravalant qui ne manque pas dans l’histoire, et qu’il saurait fort bien en dégager, ainsi que l’attestent les excellentes variétés historiques qu’il nous a mises sous les yeux, titres réveillants en tête : La Lanterne, Le Rhum et la Guillotine, Le Lendemain du massacre, etc., tous épisodes ou mosaïques d’anecdotes dont il faut juger par soi-même en les lisant et dont l’analyse, d’ailleurs, ne donnerait qu’une très imparfaite idée.

2104. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Le christianisme doit établir la liberté contre sa propre personne, et il n’est même le christianisme vrai qu’à ce prix. […] Il est vrai qu’il y a beaucoup d’allemand encore dans MM. 

2105. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Du reste, c’est peut-être vrai comme : Et la collation avecque la musique, de cet autre poète, que Corneille, qui n’y faisait pas tant de façons, appelle le Menteur, dans un titre brutal. […] Au lieu du Scarron qu’il s’est nommé lui-même, sous l’analogie de quelques-unes des mêmes douleurs, — un Scarron à imagination  de plus haute origine que celle de ce bouffon qui ne fut pas sublime, ce qu’il s’agissait d’être pour un poète comme Roger de Beauvoir, — le livre que voici ne nous offre que ce visage jumeau d’Alfred de Musset, qui n’est pas un masque, mais le visage vrai de Beauvoir ; car il n’imite pas Alfred de Musset, mais naturellement il lui ressemble, comme un frère brun ressemble à son frère blond, — plus idéal et plus lumineux !

2106. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

selon nous, voilà un progrès, — relatif, il est vrai, — mais un progrès, pourtant, dont il faut tenir compte, car c’est un élargissement dans l’idée et dans la manière de l’auteur, la manière, cette cire dont l’idée est le sceau ! […] En vertu de ses consanguinités d’imagination, le poète d’Émaux et Camées chante l’Amour, ce sujet de poésie éternelle, sur lequel il n’y a pas de cant à faire, et jusqu’ici non plus il ne l’avait jamais chanté d’un accent si vrai et, disons-le, si pur.

2107. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

C’est une loi du temps et de tous les temps que quand des poètes grands ou petits, vrais ou faux, immortels ou éphémères, ont été la chimère de leur époque, comme dit saint Bernard. — l’admiration ou la mystification de leurs contemporains, — ils laissent sur l’imagination publique des teintes dont elle reste colorée. […] Ici ne vous y trompez pas, est la vraie veine de M. de Gères.

2108. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Bouilhet en lui disant qu’il est un vieux classique du Romantisme, et pourtant rien ne serait plus vrai. […] Hugo, qui ressemble au masque savamment composé de la Comédie, c’est la gaieté d’un vrai visage, aux lèvres vivantes !

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