/ 2476
812. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

D’ailleurs, toute la force de l’auteur des Études vient de conviction: c’est parce qu’il y a un Dieu qu’il est éloquent. […] L’autre, applaudissant aux découvertes du génie, montre que tous les maux viennent de notre orgueil, et que la véritable science ne peut être dangereuse, puisqu’elle est l’histoire des bienfaits de la nature. […] « Mon cher ami, me dit-il, je crois que je mourrai bientôt et que ma femme chérie ne tardera pas à me suivre ; je crois que vous êtes destiné à avoir dans votre existence des fortunes diverses et des besoins auxquels vous ne vous attendez pas ; je laisserai des biens divisés en trois paris: ce qui me vient de mon père d’abord et qui est tout à moi, ce qui vient de mademoiselle de Pelleport ensuite, dont les subsides généreux de votre famille ont soutenu et adouci l’existence ; enfin, ce que j’ai gagné par les ouvrages de mon maître pendant tant d’années d’exploitation, ceci appartient tout entier à ma veuve et à ses enfants, à qui je le laisse. […] Il venait de lire sa profession de foi de déisme providentiel. […] » Bernardin de Saint-Pierre n’en veut pas entendre davantage ; il cesse de défendre son rapport, et se tournant vers ce nouvel adversaire, il lui dit froidement: « Votre maître Mirabeau eût rougi des paroles que vous venez de prononcer. » À ces mots il se retire sans attendre de réponse, et l’assemblée continue de délibérer, non s’il y a un Dieu, mais si elle permettra de prononcer son nom.

813. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

» En effet, à la suite d’un feu de cheminée dans mon cabinet de travail, le feu vient de prendre dans un petit cabinet au-dessus, et Pélagie et sa fille et sa mère, courent affolées par la maison, jetant dans le chéneau des paquets de choses enflammées. […] Le prince, avec huit hommes dont il avait le commandement, venait de passer la nuit dans un endroit, où le matin les Zoulous, se glissant à travers les roseaux, le surprirent au moment où il avait commandé à ses hommes de prendre le galop, et où, sautant sur son cheval, une zagaïe lui entrait derrière l’épaule, et le traversait de part en part. […] Là-dessus Mme Daudet dit — et elle est dans le vrai — que cela vient de ce que, lorsqu’un républicain rouge ou un juif a fabriqué un de ces petits traités, le gouvernement veut, aussitôt, lui faire cadeau de la vente d’une dizaine de mille d’exemplaires. […] Après dîner, Coppée, Porto-Riche et moi, nous causions dans le hall, de la pièce de Bornier, quand Primoli vient à nous et nous dit : « Dumas est mort… la princesse vient de recevoir une dépêche !  […] Ce soir Gyp, qui vient de passer deux mois au lit, Gyp, à l’élégance ondulante du corps, dans un fourreau de satin blanc, cause avec moi de sa maladie, sur une note comique, disant qu’elle entendait le médecin dire, derrière un paravent, à sa garde : « Voilà une petite dame qui est en train de se laisser couler ! 

814. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Aux temps primitifs, quand l’homme s’éveille dans un monde qui vient de naître, la poésie s’éveille avec lui. […] Nous venons de voir comme au contraire le christianisme sépare profondément le souffle de la matière. […] Il est vrai de dire qu’à l’époque où nous venons de nous arrêter la prédominance du grotesque sur le sublime, dans les lettres, est vivement marquée. […] Nous venons de prouver que leur théâtre n’a aucune coïncidence avec le nôtre. […] C’est après l’avoir dûment close et terminée, qu’à la sollicitation de quelques amis probablement bien aveuglés, il s’est déterminé à compter avec lui-même dans une préface, à tracer, pour ainsi parler, la carte du voyage poétique qu’il venait de faire, à se rendre raison des acquisitions bonnes ou mauvaises qu’il en rapportait, et des nouveaux aspects sous lesquels le domaine de l’art s’était offert à son esprit.

815. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il le dit expressément dans deux paragraphes qui précèdent celui que je viens de citer. […] Et les poètes chez qui les rêves épars de la foule prennent leur expression consciente ou se réalisent en symboles grandioses comme des mythes primitifs, doivent-ils fermer leur âme aux voix qui viennent de la grande et tumultueuse agitation des hommes, mouvante comme la mer ? […] Je viens de relire le Testament poétique, ce livre si suggestif et si noble, où M.  […] Ce double fait vient de ce qu’à côté de la littérature proprement dite une science psychologique se constituait, cherchant à expliquer rationnellement les problèmes de la création poétique. […] Je ne voudrais pas refaire en détail l’historique trop connu des mouvements littéraires du grand siècle qui vient de finir.

816. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

De là nous embrassons un immense panorama : derrière nous l’étroite vallée que nous venons de gravir ; devant nous un vaste cirque verdoyant, entouré de tous côtés de montagnes boisées : Roncevaux ! […] Ils sont le produit ou de l’imagination des visiteurs venus de France ou de l’effort fait par les gens de Roncevaux pour répondre aux questions de ces visiteurs et satisfaire leur pieuse curiosité. […] Ainsi, en vue du port, j’abandonnais le projet qui m’avait fait venir de si loin. […] En France, il vient de l’Allemagne, et c’est là aussi que ce nom singulier apparaît d’abord. […] Lydgate dit expressément qu’il traduit d’après un paunflet (c’est-à-dire un petit livre) français qu’il vient de lire.

817. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Santi venait de mourir, laissant son atelier à son fils ; son premier ouvrier, nommé Lucagnolo, gouvernait la maison. […] « Pendant que j’y travaillais, Lucagnolo, dont je viens de parler, se moquait de moi, et me disait que je gagnerais beaucoup plus à faire de beaux vases d’argent ; je lui soutenais le contraire. […] Ils poussèrent des cris qui me réveillèrent, et m’avertirent de ce qui venait de se passer. […] C’est un homme violent, emporté : lorsqu’il tua Pompeio, il lui porta deux coups de poignard, au milieu des dix soldats qui le gardaient, et se sauva, au grand mécontentement de tous les gens de bien. » Le gentilhomme appartenant au cardinal Santa-Fiore était présent quand Pier Luigi parla ainsi au pape, et lui confirma tout ce que son fils venait de lui dire. […] « Le seul malaise que j’éprouvasse venait de mes ongles, qui étaient devenus si longs que je ne pouvais ni me vêtir ni me toucher sans me blesser.

818. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Cette fortune, venue de son père, n’était ni trop modique ni trop considérable. […] Mais, avant d’examiner celle d’Aristote, et en fermant le livre dans lequel je viens de l’étudier, une réflexion me frappe et me confond : c’est l’antiquité prodigieuse, ou plutôt c’est la presque éternité de cette science. […] « Reconnaissons donc que tous les individus dont nous venons de parler ont leur part de vertu morale, mais que la sagesse de l’homme n’est pas celle de la femme, que son courage, son équité, ne sont pas les mêmes, comme le pensait Socrate, et que la force de l’un est toute de commandement, celle de l’autre, toute de soumission. […] L’erreur de Socrate vient de la fausseté du principe d’où il part. […] À son avis, les révolutions viennent de ce que rien ici-bas ne peut subsister éternellement, et que tout doit changer dans un certain laps de temps ; et il ajoute que “ces perturbations dont la racine augmentée d’un tiers plus cinq donne deux harmonies, ne commencent que lorsque le nombre a été géométriquement élevé au cube, attendu que la nature crée alors des êtres vicieux et radicalement incorrigibles”.

819. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Ils sont toujours à dire : Ceci vient de là, et ceci vient d’ici ! […] — Eh bien, dit Goethe, que quelques écoles se réunissent et fassent venir de Flandre ou de Brabant un bon archer ; ou bien qu’ils envoient en Brabant quelques-uns de leurs meilleurs élèves, jeunes et bien faits, qui deviendront là-bas de bons archers et apprendront aussi comment on taille un arc et fabrique une flèche. […] Cela vient de ce que les poètes français ont des connaissances ; mais nos fous allemands croient qu’ils perdront leur talent s’ils se fatiguent pour acquérir du savoir ; tout talent pourtant doit se soutenir en s’instruisant toujours, et c’est seulement ainsi qu’il parviendra à l’usage complet de ses forces. […] Après un long voyage, je venais de rentrer à Weimar, mais j’étais toujours retenu à la cour jusqu’à une heure avancée de la nuit, et je n’avais pu encore aller voir ma bien-aimée ; notre liaison ayant déjà attiré l’attention, j’évitais d’aller chez elle de jour, pour ne pas faire parler davantage. […] « L’article du Globe, du 2 janvier 1827, que Goethe venait de lire, est de M. 

820. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

détrôné de son génie par personne, mais, nous venons de le dire, sa fécondité n’inspirerait plus le même étonnement. […] Je ne dirai donc jamais assez le plaisir que ce livre m’a fait, la jouissance très piquante qu’il vient de me donner. […] Il faut bien le rappeler, quoique tout le monde et lui-même le sachent, le vrai talent de Paul Féval, sa profondeur, son essence, son originalité, la saveur embaumante de son talent, lui viennent de cette terre de Bretagne dont il est le fils. […] Il lui restera bien toujours assez de mouvement, d’esprit, d’agilité, de souplesse, de gaîté étincelante, de qualités jadis françaises, et il vient de le prouver dans ce dernier roman du Chevalier de Kéramour. […] XXI Cependant, malgré cette position d’historien qu’il vient de prendre et qu’il pourrait garder, je crois bien que l’auteur des Merveilles du Mont Saint-Michel reviendra au roman, la vocation de toute sa vie, ardemment et continuellement obéie, par conséquent devenue maintenant presque une destinée… Seulement, en revenant au roman, il lui donnera un caractère nouveau qui l’élèvera bien au-dessus de tous ceux qu’il ait jamais écrits.

821. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Les états psychiques dont nous venons de définir l’intensité sont des états profonds, qui ne paraissent point solidaires de leur cause extérieure, et qui ne semble pas non plus envelopper la perception d’une contraction musculaire. […] Il n’y a donc pas de différence essentielle, au point de vue de l’intensité, entre les sentiments profonds, dont nous parlions au début de cette étude, et les émotions aiguës ou violentes que nous venons de passer en revue. […] Mais on pourrait se demander si le plaisir et la douleur, au lieu d’exprimer seulement ce qui vient de se passer ou ce qui se passe dans l’organisme, comme on le croit d’ordinaire, n’indiqueraient pas aussi ce qui va s’y produire, ce qui tend à s’y passer. […] Car il faudra alors expliquer pourquoi une sensation est dite plus intense qu’une autre sensation, et comment on peut appeler plus grandes ou plus petites des choses qui — on vient de le reconnaître — n’admettent point entre elles des relations de contenant à contenu. […] Car si la confusion de la qualité avec la quantité se limitait à chacun des faits de conscience pris isolément, elle créerait des obscurités, comme nous venons de le voir, plutôt que des problèmes.

822. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Dumas, un ordre de l’État-Major vient de faire rendre draps et palmiers. […] Il vient de traverser la Beauce, que le manque de chevaux a fait ensemencer d’orge. […] Il vient de voir des tronçons d’hommes, dont la vie n’est plus qu’un battement de paupières. […] Je lui montre le journal, en lui disant que mon exclamation vient de ce que j’ai une maison à Auteuil, placée juste en face de la batterie. « Moi aussi, dit-il, j’en ai une !  […] Mon bourgeois, qui venait de compter, dit alors à son voisin : — Ça ne va pas être long, vous allez bientôt entendre le premier roulement.

823. (1893) Alfred de Musset

Tout nous vient de l’orgueil, même la patience. […] Il vient de renoncer à la vie de plaisir, et c’est à son grand George qu’il doit d’en avoir eu la force. […] La rupture vint de lui. […] Avec quelle soudaineté la crise a éclaté, avec quelle violence impitoyable la passion s’est abattue sur lui, nous venons de le voir. […] Le mal venait de loin.

824. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

, ne peut rester insensible à cette œuvre qui vient de combler une lacune et de rompre la prescription poétique. […] Ce succès, il vient de l’obtenir. […] Je viens de nommer le rival, l’ennemi intime du biographe de madame de Longueville. […] Je viens de nommer l’objet des prédilections constantes de M.  […] Albert de Broglie ne pouvait omettre et, plus ces mauvais exemples venaient de haut, plus il était utile de les dénoncer.

825. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Elle prit le parti de regarder le ciel, comme si elle pensait que Marius pouvait aussi venir de là. […] Les bouquets venaient de se laver ; tous les velours, tous les satins, tous les vernis, tous les ors, qui sortent de la terre sous forme de fleurs, étaient irréprochables. […] Nous venons de le dire. […] « Ces passes d’armes pour le progrès échouent souvent, et nous venons de dire pourquoi.

826. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

IX Je viens de le faire, et je vais me rendre compte à moi-même de mes impressions. […] Mettez un homme dans un lieu chaud et enfermé : il souffrira, par les raisons que je viens de dire, une défaillance de cœur très-grande. […] « Nous voyons encore dans les relations que la Grande Tartarie, qui est au midi de la Sibérie, est aussi très-froide ; que le pays ne se cultive point ; qu’on n’y trouve que des pâturages pour les troupeaux ; qu’il n’y croît point d’arbres, mais quelques broussailles, comme en Islande ; qu’il y a, auprès de la Chine et du Mogol, quelques pays où il croît une espèce de millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir ; qu’il n’y a guère d’endroits, dans la Tartarie chinoise, aux 43e, 44e et 45e degrés, où il ne gèle sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dut être plus chaude que le midi de la France ; qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer Orientale, et quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que, dans le reste de la Grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan et Charrisme ; que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre et sablonneux, et de plus de la hauteur du terrain. […] Mais, comme le climat y devient insensiblement froid en allant du midi au nord, à peu près à proportion de la latitude de chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu près semblable à celui qui en est voisin ; qu’il n’y a pas une notable différence, et que, comme je viens de le dire, la zone tempérée y est très-étendue.

827. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ses chroniques en sont l’image si fidèle, et son art suffit si complètement à sa matière, qu’il a fait de la chronique comme un genre parfait en soi, qui a devancé la venue de la littérature. […] La plupart des chroniqueurs des xive et xve  siècles nous viennent de la Flandre. […] Le premier jugement porté sur leurs écrits si admirés de leur vivant leur a été mortel et cette incertitude de leurs idées et de leur langue, cette invention grossière et excessive dans les mots, qui paraît bien plus venir de la mémoire échauffée par l’érudition que d’un instinct sur et profond des analogies des deux langues, leur ont été comptées comme des fautes que ne rachètent pas leurs bonnes intentions. […] Voici la traduction de ce passage : « Après s’être avancé dans le pays, il lui fallut revenir mais les Bulgares s’étaient réunis de çà et de là ; ils virent que le marquis n’avait que peu de monde alors ils vinrent de toutes parts, et assaillirent son arrière-garde.

828. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

V Je voyais donc ma mère, soit le dimanche après les cérémonies du matin, dans le loisir de sa chambre éclairée du plein soleil, soit les autres jours de la semaine, le soir quand elle avait déposé l’aiguille, je la voyais prendre sur une tablette, à côté de son lit, un volume de dévotion qui lui venait de sa mère. […] J’avais été élevé à la campagne, dans l’âpre contrée que je viens de décrire ; je n’avais vu, autour de la maison rustique et nue de mon père, ni les orangers à pommes d’or semant leurs fleurs odorantes sous mes pas, ni les clairs ruisseaux sortant à gros bouillon de l’ombre des forêts de hêtres, pour aller épandre leur écume laiteuse sur les pentes fleuries des vallons, ni les gras troupeaux de génisses lombardes, enfonçant jusqu’aux jarrets leurs flancs d’or ou d’albâtre dans l’épaisseur des herbes, ni les abeilles de l’Hymète bourdonnant parmi les citises jaunes et les lauriers roses. […] Rousseau, qui avait porté le rêve dans la politique, et dont le Contrat social, oracle la veille, venait de recevoir de la pratique et de la raison autant de démentis qu’il contient de chimères ; tantôt un Fénelon, dont le seul vice dans ses utopies sociales était de ne pas croire au vice ; tantôt un Platon, construisant des républiques comme des nuées suspendues sur le vide ; tantôt un Aristote, ce Montesquieu de l’antiquité, cherchant des exemples plus que des règles et faisant l’anatomie des gouvernements et des lois. […] Montez avec moi, mon enfant, continua-t-il en me prenant par la main, et venez voir par vous-même combien il faut peu d’espace et peu de richesse à un homme sage pour être heureux. » XXVI En parlant ainsi il me fit monter l’escalier qui conduisait à la galerie d’où les deux sœurs venaient de s’enfuir à ma vue ; l’une d’elles, au bruit de nos pas, entrouvrit presque furtivement la porte qui s’était refermée sur elles ; elle la referma aussitôt avec la précipitation d’une femme d’Orient à l’aspect d’un homme qui entre par inadvertance dans le jardin du harem.

829. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Quand un homme s’arrête sur le chemin de ses affaires et demande à lire, la librairie lui offre, faute de mieux, le dernier volume qui vient de paraître ; l’homme le prend, remporte et le lit. […] Quoi, nous sommes ce peuple qui, à la fin du dernier siècle, — hier, au moment où nos pères venaient de naître, — illumine le monde entier par les éclats merveilleux de la plus sublime révolution qui se soit jamais accomplie ; nous sommes ce peuple qui, traversant l’Europe au bruit du canon, va porter à toutes les nations les germes d’une liberté encore endormie peut-être, mais que j’entends sourdre sous la terre ; nous sommes ce peuple qui se débat glorieusement à travers les neiges meurtrières et qui force, par sa défaite même, toutes les races à venir s’asseoir chez lui au grand banquet de la civilisation ; nous sommes ce peuple qui souffre d’une gestation d’avenir ; nous sommes ce peuple qui a eu tant de gloires magnifiques, tant de poignantes humiliations, et il faut donner des récompenses nationales à ceux qui chantent en français de cuisine les Grecs et les Romains ! […] À côté du mouvement scientifique dont nous venons de parler, et parallèlement à lui, se développe le mouvement industriel dont la puissante éclosion est due surtout aux travaux magnifiques des écoles philosophiques modernes. […] Et, puisque nous venons de faire allusion à M. de Lamartine, qu’il nous soit permis de dire ici que s’il est si cruellement repoussé, outragé, flagellé par ces apostats de toute politique, de toute religion, de toute croyance, de toute vaillance dont j’ai parlé plus haut, c’est qu’il leur a donné en 1848 un exemple terrible de probité, de courage et de talent qu’ils ne lui ont jamais pardonné et qu’ils ne lui pardonneront jamais.

/ 2476