Je me trompe en accusant ici la prévention ; non : c’est simplement le besoin d’écrire qui fait adopter sans examen et sans conviction un texte de déclamations reçues et en fait exagérer l’expression, pour ne pas reproduire les mêmes idées précisément sous les mêmes paroles.
La rapidité du geste dont j’écarte ces trois hommes ne trompera pas mes lecteurs.
Il l’aveugle, il la précipite, il la confond par elle-même : elle s’enveloppe, elle s’embarrasse dans ses propres subtilités, et ses précautions lui sont un piège… C’est lui (Dieu) qui prépare ces effets dans les causes les plus éloignées, et qui frappe ces grands coups dont le contrecoup porte si loin… Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse, quand il lui plaît, le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres, tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens, que de longues prospérités. » Que l’éloquence de l’antiquité est peu de chose auprès de cette éloquence chrétienne !
Fatmé n’est-elle plus fidèle, et t’aurait-elle trompé avec Champfleury-Pacha ?
Chose naturelle et logique d’ailleurs, loi d’équilibre qui ne trompe jamais !
Les héroïnes de Michelet, toutes ces femmes modernes qui ne sont pas de vraies chrétiennes, toutes ces femmes plus ou moins libres, avec les droits politiques qu’elles rêvent ou jalousent, avec leurs vaniteuses invasions dans les lettres et dans les arts, avec cet amour de la gloire, le deuil éclatant du bonheur, disait madame de Staël, et qui est le deuil aussi de la vertu ; toutes ces femmes, il ne faut pas s’y tromper !
Son espérance n’a pas été trompée. […] Il ne l’a pas pensé, et rien ne nous donne le droit de dire qu’il s’est trompé. […] Si M. de Lamartine s’est trompé, il est curieux de voir comment il se trompe ; car l’erreur d’une intelligence comme la sienne est toujours féconde en enseignements. […] elle ne se trompe pas. […] C’est là, si je ne me trompe, un éloge délicat et habilement inventé.
Il est vrai qu’il se trompe sur cet objet jusqu’à avoir l’air de ne pas savoir ce que c’est, ni de quoi il parle. […] On ne peut pas se tromper plus absolument du blanc au noir, et Stendhal avait un véritable daltonisme psychologique. […] Celui-là, sur cette question de l’énergie, ne s’était pas trompé. […] Tolstoï ne s’y trompe pas. […] Mais ce dont on s’aperçut surtout, c’est que personne ne se trompait plus que M.
Au reste, on se tromperait étrangement si l’on pouvait penser que Geoffroy ait prétendu exclure Voltaire de la place qui lui est assignée sur le Parnasse. […] Mais le même Voltaire se trompe, ou veut nous tromper, lorsqu’il dit que Polyeucte n’est pas héros ; car il est plus héros que le galant Sévère. […] Tromper son père est un plus grand péché que de tromper sa maîtresse : c’est le reproche le plus grave qu’un puisse faire à Dorante, et la colère et les menaces du vieillard indigné sont peut-être une expiation suffisante de cette faute. […] Il est possible que l’indiscret qui trahit Corneille n’ait pas bien expliqué son plan et se soit trompé en quelque chose. […] D’Alembert s’est cependant trompé sur le sort des dernières tragédies de Voltaire.
Or, il ne se trompe point, sans doute ; mais enfin, qui le jurerait ? […] Je me trompais. […] Lanson nous trompe ! […] même quand Diderot se trompe, il n’est pas original. […] Il s’espace, si je ne me trompe, sur plus de cinquante années.
Il faut que je le confesse en toute humilité : je m’étais trompé. […] Dieu veuille que je me sois trompé, et que le mal soit moins, grand qu’il ne m’a paru l’être ! […] Nous ne trompons personne, nous ! Vous, vous trompez tout le monde ; vous trompez vos familles, vous trompez vos maris, vous tromperiez le bon Dieu, si vous pouviez ! […] Me trompé-je, et ne suis-je point le jouet de cette illusion qui fait qu’on médit volontiers du présent au profit du temps passé ?
Nous nous trompions. […] Quelques-uns, comme les saint-simoniens, si je ne me trompe, ont hésité et oscillé. […] Il a été abominablement trompé à Paris par une mondaine « à cruelle énigme ». […] Et surtout ne nous trompons pas. […] Paul et Victor Glachant se sont trompés, ce me semble, une ou deux fois.
Je vous dirai : « Vous vous êtes trompée », et j’ose espérer que vous me croirez… Le 16, au matin. […] En tout je suis (je ne sais si vous ne croirez pas que je vous trompe pour mes menus plaisirs) très-malheureux. […] Nous ne croyons pas nous tromper ni même deviner trop au hasard, en affirmant que, sur un fonds d’indulgence et sous un air d’enjouement, des accents douloureux en sortiraient. […] Benjamin Constant, comme bien des gens, se trompait sur la date précise de sa naissance. […] Il se trompe de genre pour atmosphère, comme le font, au reste, beaucoup de Français eux-même.
» Le grand-père pouvait avoir raison en principe, et pourtant le père ne s’est pas trompé. […] Sire, je m’étais trompé ; j’avais cru que ce brave militaire, qui a les plus beaux états de service, avait la croix : je viens d’apprendre qu’il ne l’a pas, et je l’efface. » — « Eh bien ! […] Il ne s’était trompé ni d’une gance ni d’un bouton.
Un vieux jardinier qui le rencontre, un de ses amis, le cache avec Cosette dans sa hutte ; puis Valjean invente une histoire pour faire recevoir et élever Cosette par ces nonnes ; puis il se fait sortir du couvent dans une bière pour tromper la police, enfin enterrer sur la foi d’un ivrogne chargé de le réveiller. […] Ils se trompent. […] « En cela il se trompait peut-être.
Elle ne s’était point trompée. […] Ses premiers amis, tels que le duc de Rohan et ses fidèles, le répudièrent et se plaignirent d’avoir été trompés dans leurs espérances. Genoude, pourtant, n’avait trompé personne ; mais, cherchant fortune sur la route du monde, il avait d’abord été lié avec des groupes d’ecclésiastiques ; puis, ayant rencontré des groupes de royalistes qui lui offraient la naissance, la fortune et l’amour dans l’union d’une jeune personne inespérée, il s’était laissé séduire et avait abandonné ses premiers patrons, mais il avait gardé l’estime de ceux qui étaient plus sensibles à l’amitié qu’à l’esprit de parti.
Le peuple de Florence, au lieu de répondre au cri de liberté, poursuivit dans les rues Giacomo Pazzi et les siens, auteurs d’un crime odieux et qui s’étaient trompés d’heure et de victimes. […] Laurent, trompé sur son mérite, l’avait appelé de Ferrare, sa patrie, à Florence. […] Le peuple, trompé, les suivait à l’autel et à l’échafaud.
Il prit des sujets légendaires, historiques : sous le merveilleux ou le grandiose des fables et des noms, il aperçoit, montre le fait commun, ni héroïque, ni royal, humain : une femme délaissée qui fait assassiner son amant par un rival, voilà Andromaque ; une femme trompée se vengeant sur sa rivale et son amant, voilà Bajazet : un homme qui, pour un intérêt ou un devoir, laisse une femme aimée, voilà Bérénice ; un vieillard rival de ses fils, voilà Mithridate ; une belle-mère amoureuse de son beau-fils, et le haïssant, le persécutant pour ne pouvoir s’en faire aimer, voilà Phèdre. […] Même variété parmi les femmes, ou plus grande encore : Bérénice, tendre, élégiaque, mélancolique, avec des réveils d’énergie pour ressaisir l’arme féminine de la coquetterie ; Phèdre, malade d’amour à mourir, et voulant mourir sans parler, parlant quand, trompée par son malheur, elle se croit libre, consentante alors à sa passion débordée, atterrée par le retour de Thésée, et laissant par honte, pour cacher la faute déjà faite, se consommer un plus grand crime, ramenée par le remords pour démentir la calomnie, replongée plus profondément dans le mal par une crise effroyable de jalousie, et, aussitôt que l’irréparable est consommé, repentante, enfin se rachetant par la confession publique et la mort volontaire ; Roxane, plus simple, sensuelle, et féroce, qui sans cesse donne à choisir à son amant entre elle et la mort, sans esprit, sans âme, animal superbe et impudique. […] Jouet de ses affections, son humeur la mène, son orgueil, son espoir la trompent : elle s’irrite et s’apaise follement, inégale en son action, maladroite et crédule.