Non seulement le langage nous fait croire à l’invariabilité de nos sensations, mais il nous trompera parfois sur le caractère de la sensation éprouvée.
On prend à partie un interlocuteur, réel ou possible, qui se trompe et qu’on met sur ses gardes. […] Maintenant, quand j’ajoute les deux mots « n’est pas », que puis-je entendre par là sinon que, si l’on va plus loin, si l’on érige l’objet possible en objet réel, on se trompe, et que le possible dont je parle est exclu de la réalité actuelle comme incompatible avec elle ?
Seulement, pour ne pas se tromper, elle a soin d’enregistrer sur le carnet de ses fantaisies ceux qui en doivent être les favorisés. — Mais pour ne point confondre ses poursuivants ou les compromettre, elle les appelle par le nom du jour qui leur est réservé. […] pardon, répliqua l’ami en se remémorant ; c’est vrai… j’avais oublié… Elle vous a trompé, pour lord… En effet, c’est maintenant lui qui est… — Le Pâris de cette haleine, répondit M. de Saint-H… Les soupers de bal. […] — Qu’on m’enlève cette piquette, dit M***. — Ma chère enfant, ajouta-t-il— en s’adressant à la danseuse volontairement ou non le prince nous a trompés ; — il faut jeter ce vin à la rue.
Zeuxis s’avoua vaincu, puisqu’il n’avoit trompé que des oiseaux, & que Parrhasius l’avoit séduit lui-même. […] Souvent on altère un fait sans vouloir tromper, &, plus souvent encore, afin d’induire en erreur.
Le poète n’a pas le droit de s’écrier qu’« il a son cœur humain », à lui, ou du moins nous avons le droit, nous, de lui dire qu’il se trompe ! […] On ne voit pas moins bien, si je ne me trompe, quelles en sont les liaisons avec ce que nous appelons aujourd’hui du nom de « sociologie ». […] De l’influence de Michelet ; — et qu’elle a été considérable ; — si, tout en favorisant le naturalisme, — elle a cependant maintenu contre lui une tradition d’idéalisme. — Personne en effet n’a cru plus que lui au progrès ; — mais surtout au progrès moral ; — sur les conditions duquel il a pu d’ailleurs se tromper ; — mais auquel enfin il a travaillé de toute son âme ; — et qu’il a surtout cru trop facile à réaliser ; — mais dont il n’a jamais admis que l’écrivain se désintéressât. — C’est aussi lui qui plus que personne a travaillé à fonder a la religion de la Révolution » ; — et, quoi qu’on en puisse dire, il y a réussi. — Enfin, avec tous ses défauts, — qui sont peut-être inséparables de ses qualités, — son Histoire de France est la seule que nous ayons ; — parce que, seul de tous les historiens qui ont tenté l’entreprise, — il a eu l’imagination assez forte, pour « personnaliser » la patrie ; — et ainsi donner à son histoire quelque chose de ce vivant intérêt qui est celui de la biographie. — Toutes les autres ne sont que des compilations.
Cette analyse a laissé sans doute bien des circonstances essentielles en dehors, mais elle a touché à fond, si je ne me trompe, les parties les plus vives de cette belle organisation, et elle donne surtout l’idée d’un grand ensemble.
L’artifice n’y est point aussi choquant qu’ailleurs ; un poëme, je me trompe, un traité comme le sien sur la critique, sur l’homme et le gouvernement de la Providence, sur le ressort premier du caractère des hommes, a le droit d’être écrit avec réflexion ; c’est une étude, et presque un morceau de science ; on peut, on doit même en peser tous les mots, en vérifier toutes les liaisons ; l’art et l’attention n’y sont pas superflus, mais nécessaires ; il s’agit de préceptes exacts et de raisonnements serrés.
Munich trompe toutes les espérances de la famille.
La blanche écume de ses vagues trompera tes yeux ; tu les prendras pour les voiles de ma flotte.
Le Christianisme ne s’y trompa pas ; dès son avènement, il le reconnut comme un précurseur.
Il n’y a plus qu’à savoir si on ne s’est point trompé de principe, en prenant par exemple le feu pour principe de la brûlure : c’est une simple affaire de vérification et d’expérimentation ; mais présomptivement, nous sommes certains que le principe (bien ou mal connu) aura toujours la même conséquence.
Le charme de la poésie fait pardonner toutes les erreurs, & l’esprit pénétré de la beauté du style ne songe pas seulement si on le trompe.
Dans la construction des cellules de l’Abeille, il faut tenir compte de cet élément de succès, ainsi que des lois despotiques de la nécessité, qui la forcent, si elle se trompe dans les proportions de sa cellule, à recommencer son travail ou à le voir détruit en partie par d’autres Abeilles qui travaillent près d’elle.
Monsieur Créech, le dernier et le meilleur commentateur de Lucrece, s’est trompé dans la vie qu’il nous a donnée de son auteur en le faisant mourir le même jour que Virgile étoit né.
Tantôt ils confiaient leur sort à quelque frêle barque qui, par une nuit d’orage, lorsque la surveillance des sentinelles postées sur les côtes, pouvait être plus facilement trompée, les portait en Angleterre.
Le type du savant est pour nous le physicien ; son attitude de légitime confiance envers une matière qui ne s’amuse évidemment pas à le tromper est devenue pour nous caractéristique de toute science.
Mais les alchimistes, s’en tenant à l’observation immédiate, se sont trompés sur le simple et le composé. […] Zeller, est le discernement des caractères propres à chaque époque ; et l’on se trompe d’ordinaire quand on juge du passé par le présent, ou réciproquement.
La différence des pompholyx et des hommes, c’est que les premiers ne se trompent pas, et que les seconds se trompent presque toujours.