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1885. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Non seulement le langage nous fait croire à l’invariabilité de nos sensations, mais il nous trompera parfois sur le caractère de la sensation éprouvée.

1886. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

On prend à partie un interlocuteur, réel ou possible, qui se trompe et qu’on met sur ses gardes. […] Maintenant, quand j’ajoute les deux mots « n’est pas », que puis-je entendre par là sinon que, si l’on va plus loin, si l’on érige l’objet possible en objet réel, on se trompe, et que le possible dont je parle est exclu de la réalité actuelle comme incompatible avec elle ?

1887. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Seulement, pour ne pas se tromper, elle a soin d’enregistrer sur le carnet de ses fantaisies ceux qui en doivent être les favorisés. — Mais pour ne point confondre ses poursuivants ou les compromettre, elle les appelle par le nom du jour qui leur est réservé. […] pardon, répliqua l’ami en se remémorant ; c’est vrai… j’avais oublié… Elle vous a trompé, pour lord… En effet, c’est maintenant lui qui est… — Le Pâris de cette haleine, répondit M. de Saint-H… Les soupers de bal. […] — Qu’on m’enlève cette piquette, dit M***. — Ma chère enfant, ajouta-t-il— en s’adressant à la danseuse volontairement ou non le prince nous a trompés ; — il faut jeter ce vin à la rue.

1888. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Zeuxis s’avoua vaincu, puisqu’il n’avoit trompé que des oiseaux, & que Parrhasius l’avoit séduit lui-même. […] Souvent on altère un fait sans vouloir tromper, &, plus souvent encore, afin d’induire en erreur.

1889. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Le poète n’a pas le droit de s’écrier qu’« il a son cœur humain », à lui, ou du moins nous avons le droit, nous, de lui dire qu’il se trompe ! […] On ne voit pas moins bien, si je ne me trompe, quelles en sont les liaisons avec ce que nous appelons aujourd’hui du nom de « sociologie ». […] De l’influence de Michelet ; — et qu’elle a été considérable ; — si, tout en favorisant le naturalisme, — elle a cependant maintenu contre lui une tradition d’idéalisme. — Personne en effet n’a cru plus que lui au progrès ; — mais surtout au progrès moral ; — sur les conditions duquel il a pu d’ailleurs se tromper ; — mais auquel enfin il a travaillé de toute son âme ; — et qu’il a surtout cru trop facile à réaliser ; — mais dont il n’a jamais admis que l’écrivain se désintéressât. — C’est aussi lui qui plus que personne a travaillé à fonder a la religion de la Révolution » ; — et, quoi qu’on en puisse dire, il y a réussi. — Enfin, avec tous ses défauts, — qui sont peut-être inséparables de ses qualités, — son Histoire de France est la seule que nous ayons ; — parce que, seul de tous les historiens qui ont tenté l’entreprise, — il a eu l’imagination assez forte, pour « personnaliser » la patrie ; — et ainsi donner à son histoire quelque chose de ce vivant intérêt qui est celui de la biographie. — Toutes les autres ne sont que des compilations.

1890. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Cette analyse a laissé sans doute bien des circonstances essentielles en dehors, mais elle a touché à fond, si je ne me trompe, les parties les plus vives de cette belle organisation, et elle donne surtout l’idée d’un grand ensemble.

1891. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

L’artifice n’y est point aussi choquant qu’ailleurs ; un poëme, je me trompe, un traité comme le sien sur la critique, sur l’homme et le gouvernement de la Providence, sur le ressort premier du caractère des hommes, a le droit d’être écrit avec réflexion ; c’est une étude, et presque un morceau de science ; on peut, on doit même en peser tous les mots, en vérifier toutes les liaisons ; l’art et l’attention n’y sont pas superflus, mais nécessaires ; il s’agit de préceptes exacts et de raisonnements serrés.

1892. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Munich trompe toutes les espérances de la famille.

1893. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

La blanche écume de ses vagues trompera tes yeux ; tu les prendras pour les voiles de ma flotte.

1894. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Le Christianisme ne s’y trompa pas ; dès son avènement, il le reconnut comme un précurseur.

1895. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Il n’y a plus qu’à savoir si on ne s’est point trompé de principe, en prenant par exemple le feu pour principe de la brûlure : c’est une simple affaire de vérification et d’expérimentation ; mais présomptivement, nous sommes certains que le principe (bien ou mal connu) aura toujours la même conséquence.

1896. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Le charme de la poésie fait pardonner toutes les erreurs, & l’esprit pénétré de la beauté du style ne songe pas seulement si on le trompe.

1897. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Dans la construction des cellules de l’Abeille, il faut tenir compte de cet élément de succès, ainsi que des lois despotiques de la nécessité, qui la forcent, si elle se trompe dans les proportions de sa cellule, à recommencer son travail ou à le voir détruit en partie par d’autres Abeilles qui travaillent près d’elle.

1898. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Monsieur Créech, le dernier et le meilleur commentateur de Lucrece, s’est trompé dans la vie qu’il nous a donnée de son auteur en le faisant mourir le même jour que Virgile étoit né.

1899. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Tantôt ils confiaient leur sort à quelque frêle barque qui, par une nuit d’orage, lorsque la surveillance des sentinelles postées sur les côtes, pouvait être plus facilement trompée, les portait en Angleterre.

1900. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Le type du savant est pour nous le physicien ; son attitude de légitime confiance envers une matière qui ne s’amuse évidemment pas à le tromper est devenue pour nous caractéristique de toute science.

1901. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Mais les alchimistes, s’en tenant à l’observation immédiate, se sont trompés sur le simple et le composé. […] Zeller, est le discernement des caractères propres à chaque époque ; et l’on se trompe d’ordinaire quand on juge du passé par le présent, ou réciproquement.

1902. (1929) Amiel ou la part du rêve

La différence des pompholyx et des hommes, c’est que les premiers ne se trompent pas, et que les seconds se trompent presque toujours.

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