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599. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Tour à tour dieu et roi, guerrier et messager, l’histrion, changeant de rôle et de visage, fit face à tous les incidents d’un mythe, s’adapta à toutes les péripéties d’une action.

600. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Le fils de l’homme qui a tué tuera à son tour, le petit-fils recommencera le père et l’aïeul. […] Le feu consume, avec toi douze enfants des magnanimes Troyens. » Mort à son tour, Achille surgit de sa tombe, et somme l’armée qu’il a fait vaincre de lui livrer sa part du butin.

601. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Souffrez qu’à son tour il repose, Lui dont les vers & dont la prose Nous ont si souvent endormis. […] L’abbé crut qu’il seroit, à son tour, cité par le père du théâtre françois.

602. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Ces deux ouvrages sont estimables par la délicatesse des sentimens, par le tour heureux de l’expression, par un mêlange agréable de vérité & de fiction, par l’art d’attacher l’esprit & d’intéresser le cœur. […] Son style simple & élégant est relevé par des pensées vraies & naturelles, & par de tours heureux.

603. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Ils ne sont pas aussi fortement affectés que le reste des assistants ; ils sont faits à ces tours-là. […] En revenant de Saint-Martin des Champs, n’oubliez pas de faire un tour à Saint-Gervais, et d’y voir les deux tableaux du Martyre de saint Gervais et de saint Protais ; et quand vous les aurez vus, élevez vos bras vers le ciel, et écriez-vous : Sublime Le Sueur !

604. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Ciceron changeoit ensuite les mots ou le tour de la phrase, sans que le sens du discours en fut énervé, et il falloit que Roscius à son tour rendit le sens par d’autres gestes, sans que ce changement affoiblît l’expression de son jeu muet.

605. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Vous allez croire que je fais de l’imagination, à mon tour, comme M.  […] Quatre ou cinq grandes branches vigoureuses s’élancent d’un tronc puissant, et, à mesure qu’elles montent, mille rameaux en jaillissent qui montent à leur tour, ou qui se tordent et se roulent convulsivement sur eux-mêmes, comme désespérés de ne pouvoir — à l’exemple de leurs frères — atteindre les hauteurs.

606. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Je ne pouvais m’empêcher de remarquer ces temples chrétiens élevés sur les débris de temples païens, et atteints, à leur tour, par l’infatigable faux du temps. […] Ces noires tours couronnées de créneaux doivent tomber.

607. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Mme André Léo, à son tour, descend de Franklin, et elle n’en a pas la bonhomie. […] André Léo qui n’est pas une Mme de Staël, et qui est peut-être assez démocrate pour la mépriser, Mme André Léo, qui doit haïr le catholique Bonald, comme étant trop homme, à voulu se colleter à son tour, avec cette question du Divorce, qui, pour la femme, enferme toute sa destinée ; mais, chose dont il faut lui tenir compte, elle a méprisé les opinions athées de son parti.

608. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

De son côté, Champagny nous montre à son tour dans ses Césars, réédités avec beaucoup d’intelligence, Rome à ce moment formidable où, ayant conquis l’univers, il s’agissait pour elle de le gouverner. […] Semblable à tous ceux qui ont fait le tour de beaucoup d’idées, Lerminier ne se passionne plus.

609. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Après nous avoir exposé le jeu de cette roue fatale dans laquelle tournait Rome, — les extorsions des proconsuls dans les provinces servant à payer les suffrages, puis les charges publiques rapportant à leur tour de meilleures provinces à piller et de plus grands proconsulats, — comment Champagny n’a-t-il pas vu surgir tout à coup la nécessité d’un pouvoir qui, n’ayant pas à se faire élire, n’eût point à faire payer aux provinces son élection ? […] Franz de Champagny a fait pour les Césars ce que Lerminier a fait à son tour pour les législateurs de la Grèce antique.

610. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Il aurait vu, enfin, que l’Europe, à son tour, cette Europe qui, à elle toute seule, est le monde, n’est, au fond, qu’une seule famille : la famille d’Abraham, dominant la terre par les juifs, les chrétiens et les musulmans, et il aurait compris que les luttes de l’Europe, quelles qu’elles aient été et quelles qu’elles soient encore, sont des luttes dans le même esprit, et que le glaive qu’elle tient, comme le glaive qui tournait dans la main du chérubin de l’Éden, n’est que le même glaive. […] Avec les connaissances étendues dont il a fait preuve dans son ouvrage, Cénac-Moncaut nous paraissait digne de traiter ce sujet à son tour et d’essayer ainsi de nous donner un livre d’ensemble, la seule espèce de livres d’histoire que, par parenthèse, il importe de publier aujourd’hui.

611. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Le portrait qu’il en trace n’est pas du xviiie  siècle… On n’y a jamais peint dans cette manière juste, méprisante, inflexible : « Un singulier homme, ce jeune mari, — dit-il, — ce jeune souverain, que, hors la chasse et les chiens, rien n’intéressait, n’amusait, ne fixait, et que le cardinal — (le cardinal de Fleury) — promenait vainement d’un goût à un autre, de la culture des laitues à la collection d’antiques du maréchal d’Estrées, du travail du tour aux minuties de l’étiquette et du tour à la tapisserie, sans pouvoir attacher son âme à quelque chose, sans pouvoir donner à sa pensée et à son temps un emploi… Imaginez un roi de France, l’héritier de la régence, tout glacé et tout enveloppé des ombres et des soupçons d’un Escurial, un jeune homme, à la fleur de la vie et à l’aube de son règne, ennuyé, las, dégoûté, et, au milieu de toutes les vieillesses de son cœur, traversé des peurs de l’enfer qu’avouait, par échappées, sa parole alarmée et tremblante.

612. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Sa prétention est de les écrire avec un tour d’imagination des plus rares et qui fait fleurir la poésie jusque dans le giron austère de la Vérité, et cette prétention a sa racine peut-être dans une ambition légitime ; car, esprit intermédiaire bien plus que primaire, il peut engrener, l’un dans l’autre, deux ordres de faits différents, — les faits de l’imagination et ceux de la mémoire exacte, — et il a ce style poético-scientifique ou scientifico-poétique, comme on voudra, dans lequel l’abstrait et le concret se balancent, mais pour s’énerver tous les deux ! […] Seulement, en supposant que l’ensemble, pour être bien vu, n’y soit pas regardé de trop haut et par cela même y devienne vague, en supposant qu’on puisse être tout à la fois exact et poétique, la grandeur et la beauté de l’exactitude ne sont pas un si étonnant tour de force quand il s’agit de la Nature, qui a cela de particulièrement tout-puissant que ceux qui disent faux en en parlant sont encore poétiques, et qu’elle communique de sa grandeur jusqu’à ceux-là qui mentent sur elle !

613. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

— qu’il serait très intéressant d’avoir sous sa main l’œuvre complète d’un tel correspondant, de faire le tour de cet esprit qui aimait à se révéler sous cette forme de lettres, véritablement magique ; car elle évoque et fait apparaître l’homme dans la palpitation de sa vie la plus intime, la plus instantanée et peut-être la plus involontaire. […] Il était sagace et pénétrant et disait bien ce qu’il avait vu, dans une langue originale, imagée, épigrammatique, d’un tour bien à lui.

614. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Sa prétention est de les écrire avec un tour d’imagination des plus rares et qui fait fleurir la poésie jusque dans le giron austère de la Vérité ; et cette prétention a sa racine peut-être dans une ambition légitime, car, esprit intermédiaire bien plus que primaire, il peut engrener, l’un dans l’autre, deux ordres de faits différents, — les faits de l’imagination et ceux de la mémoire exacte, et il a ce style poético-scientifique ou scientifico-poétique, comme on voudra, dans lequel l’abstrait et le concret se balancent, mais pour s’énerver tous les deux ! […] Seulement, en supposant que l’ensemble, pour être bien vu, n’y soit pas regardé de trop haut, et par cela même y devienne vague, en supposant qu’on puisse être tout à la fois exact et poétique, la grandeur et la beauté de l’exactitude ne sont pas un si étonnant tour de force, quand il s’agit de la Nature, qui a cela de particulièrement tout-puissant, que ceux qui disent faux, en en parlant, sont encore poétiques, et qu’elle communique de sa grandeur jusqu’à ceux-là qui mentent sur elle !

615. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Mais l’idée du système qui allait succéder aux défunts, et qui doit être arrachée à son tour de cette terre stérile où rien ne vient des semences qu’y jette la métaphysique, n’était prise ni à Kant, ni à Hégel, ni à personne. […] Foucher de Careil (un philosophe de France) ; c’est de cet état contemplatif, absorbé, rigide, anéanti, et par conséquent d’indifférence absolue, que Schopenhauer essaye de tirer une incompréhensible sympathie, par un tour de gobelet ou de force que j’appelle, moi, hardiment, une contradiction !

616. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Le livre de l’Amour, — ce chef-d’œuvre de pointillé dans l’observation et de grâce inattendue dans le bien dire, que Sterne aurait admiré, et où les nuances, qui ondoient, chatoient, se fondent et s’évanouissent comme des lueurs d’opale dans le merveilleux observateur du Sentimental Journey, sont nettement fixées sous le regard par un procédé supérieur d’analyse sans rien perdre de leur ténuité et de leurs qualités presque immatérielles, — ce livre d’un agrafeur de nuances (ces mots-là sont faits pour lui seul), ce livre qui a tout dit et fait le tour du cœur, de ce muscle qui renferme l’infini, comme on fait le tour de la terre, de cette misérable petite chose que Voltaire appelait « un globule terraqué », nous ne croyons pas que Paulin Limayrac l’admire et l’aime mieux que nous.

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