Elle mérite d’être connue par l’originalité de ses rimes féminines, propres à donner une idée de la pesanteur de l’Auteur, & à prouver que l’Académie a été de tout temps un objet de plaisanterie. Abeille, arrivant à Paris, D’abord pour vivre vous chantâtes Quelques Messes à juste prix ; Puis au Théatre vous lassâtes Les sifflets par vous renchéris ; Quelque temps après, fatigâtes De Mars l’un des grands* favoris, Chez qui pourtant vous engraissâtes : Enfin, digne Aspirant, entrâtes Chez les quarante Beaux-Esprits, Et sur eux-mêmes l’emportâtes A forger d’ennuyeux Ecrits.
Il en a donné, quelque temps avant sa mort, une nouvelle édition, augmentée de près des trois quarts, & intitulée, on ne sait trop pourquoi, l’Homme du Monde & l’Homme de Lettres. […] Cette maniere d’écrire par phrases, en prétendant donner une pensée, ne plaît qu’autant que ceux qui l’adoptent savent fixer quelque temps l’attention du Lecteur sur un même objet, c’est-à-dire, qu’il faut que, de pensée en pensée, ils développent un sujet, afin que les traits de lumiere suppléent au défaut de liaison dans le style.
Dans son temps on l’appeloit le Prodige de la France. […] Ce Prince joignit au titre de Bibliothécaire, une Charge de Maître des Requêtes, & le nomma, peu de temps après, Ambassadeur auprès de Leon X.
Rien ne fait plus de bruit qu’une secte, rien n’est moins au centre d’un pays et d’un temps. […] Les temps sont changés ; ils vont en détail et font entrer l’ennemi dans la place par petites bandes. […] Puis, au bout de quelque temps, il lui arrive de Paris une couple d’acolytes.
Un vieux vaudevilliste royaliste, qui n’a pas le sol, va à Londres tout exprès pour lire au prince je ne sais quelle pièce de poésie à son éloge et en tirer une gratification comme dans le bon temps. […] Comme exception au grand fait que je signalais tout à l’heure, on cite M. l’abbé de Cazalès, fils de l’illustre Constituant ; après des études approfondies qu’il est allé suivre à Rome, il a été ordonné prêtre depuis quelque temps. […] Patin, esprit de tout temps très-délicat, qu’il est arrivé à force d’études, de suite et de soin, à une grande distinction critique.
Il est fort question depuis quelque temps des comédies qu’on ne joue pas, et même de celles qu’on joue à peine. […] Janin, dans les très spirituels feuilletons qui récidivent depuis quelque temps sous sa plume de plus en plus heureuse, c’est lui qui a intenté et soutenu l’accusation. […] D’ailleurs, les restes de l’hôtel Rambouillet étaient encore menaçants du temps de Molière, et voilà pourquoi il en voulait, avant tout, déblayer la scène, afin d’y établir son franc-parler.
Il n’avait que douze ans lorsque le héros de sa race se révélait en Italie comme le premier général des temps modernes ; il n’en avait que seize lorsque la France saluait du nom de Consul le conquérant de l’Égypte et de l’Italie ; il en avait vingt quand l’empereur prenait son rang en Europe, le front ceint de la double couronne : il fut enveloppé dans sa fortune. […] Après les premières opérations dans lesquelles un illustre historien de ce temps a reconnu que le jeune prince « n’avait commis aucune faute », un conflit fâcheux s’éleva, sur lequel ce n’est ni le moment ni le lieu d’insister. […] Il était à Trieste lorsqu’il apprit le retour de l’Ile d’Elbe : il se déroba aussitôt à la surveillance dont il était l’objet, s’échappa sur une frégate napolitaine et arriva à Paris à temps pour entrer en campagne.
Il est une passion dont l’ardeur est terrible ; une passion plus redoutable dans ce temps que dans tous les autres, c’est la vengeance. […] Cette passion pourrait perpétuer le malheur depuis la première offense, jusqu’à la fin de la race humaine ; et dans les temps où les fureurs des partis ont emportés tous les hommes dans tous les sens au-delà des bornes de la vertu, de la raison, et d’eux-mêmes, les révolutions ne cessent que quand chacun n’est plus agité par le besoin de prévenir ou d’éviter les effets de la vengeance. […] Si la vengeance n’est pas proscrite par l’esprit public dans une nation où chaque individu existe de toute sa force personnelle, où le despotisme ne comprimant point la masse, chaque homme a une valeur et une puissance particulière, les individus finiront par haïr tous les individus, et le lien de parti se rompant à mesure qu’un nouveau mouvement crée de nouvelles divisions, il n’y aura point d’homme qui n’ait, après un certain temps, des motifs pour détester successivement tout ce qu’il a connu dans sa vie.
Le néologisme, la plupart du temps, ne prouve que l’ignorance de celui qui s’en sert17. […] Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative. […] Il était si aisé de dire : ô brièveté, etun temps de frimas.
J’ajoutais, il est vrai, qu’il est peut-être temps de ne lui tenir compte que de son œuvre et de le remettre à son rang qui est le premier. […] Peu à peu, par la seule vertu du temps qui s’écoule, un triage se fait dans les œuvres : les grandes figures du passé se groupent et s’ordonnent, chacune à son plan. […] Rappellerai-je que ce roi de l’élégie amoureuse et religieuse est aussi le poète de la Marseillaise de la paix, des Révolutions, des Fragments du livre antique ; que nul n’a plus aimé les hommes, ni annoncé avec une éloquence plus impétueuse l’Evangile des temps nouveaux ; qu’il a fait Jocelyn, cette épopée du sacrifice et le seul grand poème moderne que nous ayons ; que nul n’a exprimé comme lui la conception idéaliste de l’univers et de la destinée, et qu’enfin c’est dans Harold, dans Jocelyn et dans la Chute d’un Ange que se trouvent les plus beaux morceaux de poésie philosophique qui aient été écrits dans notre langue ?
Il a commencé par aller visiter, à la file, ses cousins les empereurs et les rois (jusqu’au Grand Turc, qui n’y a rien compris), comme s’il sentait qu’au temps où nous sommes, les souverains que la démocratie n’a pas encore emportés ont des choses graves à se dire, des questions solennelles à débattre, une sorte d’examen de conscience royal à faire ensemble. […] Sûrement, il y a autre chose… » Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric, des Napoléon, celle qui d’ailleurs a duré beaucoup plus longtemps que les conditions historiques qui la justifiaient, la politique du temps où les groupes humains étaient imparfaitement constitués, où les patries étaient multiples et incertaines, où les peuples pouvaient encore être considérés comme des fiefs et des héritages, où les guerres étaient guerres de princes et non de peuples. […] Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux… Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.
Autrefois, un écrivain était le plus souvent un honnête homme qui faisait des livres, et qui, le reste du temps, vivait comme les autres hommes ; et cela d’autant mieux qu’il avait besoin, pour réussir, de se mêler à la société polie de son temps, et de se distinguer d’elle le moins possible. […] Ils se rassemblent pour déchirer les absents pendant la première heure et pour se déchirer entre eux le reste du temps en phrases brèves, bizarres, violentes et obscures.
Quand l’adolescent a fini un nombre suffisant de phrases commencées par son maître, quand il les a ornées d’adjectifs modérés, quand il a, en temps convenable, emmailloté des idées qu’il n’avait point conçues, le grade de bachelier ès lettres vient témoigner qu’il a appris par là à se rendre maître de ses propres pensées. En notre temps notoirement pratique, où, si peu de chose se créent, du moins aucune ne se perd, le jeune homme qui sait tourner avec une égale aisance, et au gré du jury, une « lettre de Varius à Virgile pour lui faire compliment des Géorgiques », ou un « billet de Maucroix à La Fontaine pour le féliciter de ses Fables », le jeune bachelier songe à ne pas laisser inexploité l’heureux produit d’un naturel de choix et d’une éducation de luxe. […] Autres temps… Bossuet était évêque, La Bruyère précepteur, Vauvenargues officier, Voltaire brasseur d’affaires et rentier.
C’était un homme du temps d’Hippias, d’esprit et d’éducation despotique. […] Elle arriva le lendemain du combat, juste à temps pour inspecter curieusement les cadavres des Perses encore gisants sur le sable. […] De tous temps les fantasmagories nocturnes ont craint et repoussé les témoins.
Pierre Ronsard, né dans le Vendomois en 1525, passa pour le plus grand poëte de son temps. […] Ils employoient tout leur temps à l’étude des langues Grecque & Latino. […] Toutes les trompettes, réunies pour annoncer le mérite de Ronsard, ne se turent que vers le temps de Louis XIII.
Ce fut le temps de la plus grande gloire de Pope ; mais ce fut également celui où l’envie lui suscita le plus d’ennemis. […] Pope, en très-peu de temps, se vit environné d’un tourbillon d’insectes acharnés à lui nuire. […] L’illustre Pope, par humanité pour vous, a bien voulu rendre compte à la postérité de votre esprit, de vos ouvrages, de vos goûts, de vos mœurs, du temps de votre naissance & de votre mort.
Un bel ouvrage de littérature reste dans tous les temps ; les siècles même lui ajoutent un nouveau lustre. […] Touchant de son âme aux cieux, et de son corps à la terre, on aimait à le voir former, dans la chaîne des êtres, l’anneau qui lie le monde visible au monde invisible, le temps à l’éternité. […] L’Église ne pouvait donc prendre, dans une question qui a partagé la terre, que le parti même qu’elle a pris : retenir ou lâcher les rênes, selon l’esprit des choses et des temps ; opposer la morale à l’abus que l’homme fait des lumières, et tâcher de lui conserver, pour son bonheur, un cœur simple et une humble pensée.
Quoique la nature ne change point, et quoiqu’il semble par consequent que la musique ne dût point changer de goût, elle en change néanmoins en Italie depuis un temps. […] La méprise vient de que Roland Lassé a pris à la tête de plusieurs oeuvres dont les paroles sont latines, le surplus d’Orlandus Lassus , en latinisant son surnom suivant l’usage de ce temps-là. […] Enfin ce musicien est postérieur à Gaudimelle et à plusieurs autres musiciens célebres du temps de Henri II et de François I.