M. l’Abbé Veli avoit très-sagement senti que l’Histoire d’un Peuple ne se borne pas à l’Histoire de ses Rois ; que le tableau de ce qu’il a été dans l’ordre moral & civil, est pour le moins aussi piquant, aux yeux d’un Lecteur avide & éclairé, que celui des révolutions de son Gouvernement.
En suivant cette méthode, qui prouve beaucoup de sagacité, beaucoup de connoissances, il est parvenu à donner non seulement une Collection intéressante des actions principales des Saints que l’Eglise révere dans ses Fastes, mais encore de présenter dans l’ensemble de l’Ouvrage un tableau assez suivi de l’Histoire de l’Eglise.
On découvre ensuite dans la hiérarchie des anges, doctrine aussi ancienne que le monde, mille tableaux pour le poète.
C’est précisément le contraste des vertus religieuses et des vertus guerrières, de l’humilité chrétienne et de la grandeur royale, qui fait ici le dramatique et la beauté du tableau.
Son livre renferme le tableau du commerce de toutes les parties du monde ; la définition de toutes les productions de la nature & de l’industrie, qui entrent dans le commerce ; la théorie des opérations de commerce & toutes les connoissances relatives à ce grand art.
Des trois tableaux de Challe, la Cleopatre expirante, le Socrate sur le point de boire la ciguë, et le Guerrier qui raconte ses aventures, on n’en remarque aucun, et l’on a tort.
Ce que mon sujet m’obligera de dire sur le succès des vers et des tableaux, sera une nouvelle preuve de ce que j’ai déja dit touchant le mérite le plus essentiel et le plus important de ces ouvrages.
Thiers et sur le Tableau de la même époque par M. […] « L’Académie française ayant proposé pour sujet de prix le Tableau littéraire duxvie siècle, M. […] Daunou, l’ancien conventionnel et l’illustre érudit (lequel était de Boulogne-sur-Mer), se mit à étudier le sujet, et, renonçant à concourir pour l’Académie, il se prit à vouloir approfondir le côté purement poétique du Tableau. Cela le conduisit à insérer dans le Globe, en 1827, une série d’articles qui furent recueillis en 1828 sous ce titre : Tableau historique et critique de la Poésie française et du Théâtre français au xvie siècle (Paris, in-8°). […] Sainte-Beuve parmi les poètes novateurs, comme son Tableau de la Poésie française l’avait classé parmi les critiques.
M. de Chateaubriand, assis sous le tableau de Corinne, par Gérard, se levait et se rasseyait avec un sourire de grand homme embarrassé de sa grandeur devant chaque visiteur de marque qui le saluait de loin ; ce sourire fut plus accueillant, mais un peu maniéré et un peu amer à mon aspect. […] La cheminée haute et large, autour de laquelle se groupaient les familiers ou les discoureurs, était l’Œil-de-bœuf de cette abbaye royale ; le mur à côté de la cheminée étalait le beau tableau glacé de Corinne improvisant au cap Misène devant son amant Oswald ; scène romanesque de madame de Staël, plus académique que réelle, car une femme aimante et aimée, seule avec la nature et son cœur, a autre chose à faire que des déclamations politiques sur la décadence des Romains. […] Mais madame Récamier rappelait ainsi à ses hôtes qu’elle avait été l’amie de madame de Staël, et qu’elle avait servi elle-même de modèle à la belle tête de Corinne dans ce tableau. XXII Au-dessous du tableau de Corinne figurait, comme un Oswald vieilli, M. de Chateaubriand ; cette place dissimulait, derrière les paravents et les fauteuils des femmes, la disgrâce de ses épaules inégales, de sa taille courte, de ses jambes grêles ; on n’entrevoyait que le buste viril et la tête olympienne. Cette tête attirait et pétrifiait les yeux ; des cheveux soyeux et inspirés sous leur neige, un front plein et rebombé de sa plénitude, des yeux noirs comme deux charbons mal éteints par l’âge, un nez fin et presque féminin par la délicatesse du profil ; une bouche tantôt pincée par une contraction solennelle, tantôt déridée par un sourire de cour plus que de cœur ; des joues ridées comme les joues du Dante par des années qui avaient roulé dans ces ornières autant de passions ambitieuses que de jours ; un faux air de modestie qui ressemblait à la pudeur ou plutôt au fard de la gloire, tel était l’homme principal au fond du salon, entre la cheminée et le tableau ; il recevait et il rendait les saluts de tous les arrivants avec une politesse embarrassée qui sollicitait visiblement l’indulgence.
Mais l’Arioste est le premier, et son tableau surpasse en sérénité et en fraîcheur toutes les pastorales du temps. […] C’est l’ombre du satyre portée sur le corps de Galatée dans un tableau du Titien. […] N’avez-vous pas dans la galerie du palais de charmants tableaux de bergeries et de nymphes, entremêlés à vos tableaux de religion ou de batailles ? […] XI Tout à coup Arioste redevient grave en faisant parcourir à Bradamante la galerie d’un château enchanté dans lequel des tableaux prophétiques font apparaître d’avance à ses yeux toute l’histoire de la maison d’Este, mêlée à l’histoire de l’Europe moderne ; il s’élance de là à la suite d’Astolphe monté sur l’hippogriffe, et qui jetait du haut des airs un coup d’œil géographique sur l’univers.
Les prédécesseurs de Beethoven nous montraient un tableau que la lumière du jour, passant au travers de la toile, semblait éclairer : et, cependant, le dessin, la couleur n’y étaient point comparables aux œuvres du peintre ; et c’était, en somme, un art inférieur, et méprisé, comme tel, des vrais connaisseurs, et un Pseudo-Art, seulement ; et cela était fait pour égayer les fêtes aux tables des princes, pour distraire des sociétés frivoles ; et l’adresse du virtuose était la lumière la meilleure à éclairer ce tableau. Mais voici que Beethoven reproduit le même sujet dans le silence de la nuit ; voici qu’il place son tableau entre le monde de l’Apparence, et l’univers intérieur de son âme, l’univers profond où gît l’Être réel des choses ; et dans cet univers il prend la lumière qui illumine son tableau, ce clair voyant : et voilà que ce tableau vit devant nous et que nous vivons en lui, extraordinairement, et que nous habitons un deuxième univers, dont les plus immenses chefs-d’œuvre d’un Raphaël ne donnent point l’idée !
L’art de ne révéler d’un paysage, d’une physionomie et d’une âme qu’un petit nombre d’aspects saillants, cette concision choisie et savante, ressortent encore des tableaux d’ensemble où se mêlent les péripéties et les descriptions. […] Que l’on se rappelle, pour confirmer ces notions, les scènes exactes et comme perçues de Salammbô, ou l’extrême concision des préludes descriptifs, dans la Tentation, les sobres et éclatantes phrases dans lesquelles un détail baroque ou raffiné révèle tout un temps ; le festin d’Hérode, où, dans la succession des actes, pas une page ne souligne l’énorme luxure latente des convives qu’enivre la fumée des mets et la chaude danse de l’incestueuse ballerine ; tous ces rayonnants tableaux sont peints en touches sûres et rares, ¡qui ne montrent d’un spectacle que les fortes lumières elles attitudes passionnantes. […] Cet effrayant tableau de la vie qui, après en avoir décrit les duretés réelles, évalue à l’inanité de consolations, tracé avec une impassibilité qui le corobore, par une méthode strictement réaliste où des faits ruinent les illusions, n’est point tout entier aussi rigoureusement hautain. […] Dans Madame Bovary, le séjour, au château de la Vaubyessard, avec ses minuties d’élégance, la forêt où l’héroïne consomme son premier adultère, le tableau de l’agonie et de l’Extrême-Onction, jettent des éclats entre le restant d’ombre. […] La suite des visions n’est pas clairement symbolique ; chacune d’elles est non de fantaisie, mais extraite de livres et condense en quelques lignes tout un ordre de renseignements positifs ; enfin elles sont choisies aussi pour leur beauté et leur mystère ; à tel point que l’on peut tour à tour considérer la Tentation soit comme un poème didactique, soit comme un tableau des époques antiques jusqu’au bas-empire, soit comme un admirable et précieux ballet où se mêlent la fantaisie et les magnificences.
Il n’existe en aucune langue un tableau plus grandiose que celui de la ruine du parti vaincu et du massacre de la famille royale. […] Les paysages sont un cadre digne du tableau. […] À ce tableau, digne du pinceau de Michel-Ange, succède un autre tableau que l’on dirait échappé, comme la création d’Ève, à la muse inspirée de Milton chantant les beautés primitives du paradis terrestre. […] La beauté pudique de l’amante abandonnée resplendit dans ce tableau au-dessus du soleil lui-même ; c’est l’Ève d’un autre jardin.
Tous ces articles doivent être considérés comme les croquis d’un grand tableau qui reste à faire. […] C’est pour moi comme un recueil de tableaux divers peints par un grand coloriste. […] Elle touchait de tous les côtés, un vrai tableau dans un cadre. […] Il faut que le Nabab soit député pour sauver sa situation ; le tableau de l’élection en Corse est un tableau de maître ; le Nabab est élu, mais il est invalidé et le drame commence. […] Le tableau était triste jusqu’à la désolation.
Ce récit de si belle allure, c’est un tableau de Van der Meulen. […] et un peu d’imagination pour se figurer les tableaux qu’ils suggèrent. […] Il y a même un tableau noir avec un torchon très bien imité. […] Le sixième tableau nous introduit dans la salle des Pas-Perdus. […] Les horreurs recommencent au second tableau.
Tout l’imaginaire que nous supposions en ces tableaux a reçu l’empreinte de la réalité. […] Quelle distance de là aux vues transcendantes des Linus, des Orphées, des Empédocles, et particulièrement d’Hésiode, qui nous a transmis sa Théogonie ; tableau de la famille des immortels, et de la chute des Titans ? […] Il concentre sa fable en un point ; et, en même temps qu’il attache les esprits par le tableau d’une expédition glorieuse à ses compatriotes, il leur peint ce que les querelles des chefs ont de pernicieux pour les armées. […] Vous vous écriez à cet homérique tableau du siège de la capitale de la France : Voilà le centre de l’action ! […] Les lois de l’attraction qui influe sur les marées me fournirent le tableau des mystérieux amours de l’Océan pour la tendre Ménie, déité qui représenta la lune dont les phases varient les agitations des mers.
Son Tableau de la Poésie française, que nous réimprimerons un jour avec toutes les notes et additions marginales, interfoliées, interlinéaires, dont sa main a laissé couvert un exemplaire qu’il destinait à une prochaine édition, n’a pas nui, sur le cours et marché de la Bourse littéraire, à la hausse actuelle des poëtes de l’illustre Pléiade, tant recherchée aujourd’hui des bibliophiles.
Nous voulions, adepte de sa technique, tenter l’analyse des tableaux de pathologie mentale relevés — innombrables — dans notre actuelle littérature, mettre en relief la valeur des névroses considérées comme matériaux artistiques2, esquisser, en un mot, une brève Esthétique des Idées-malades.