M’apercevant ainsi qu’il n’y avait pour moi aucun bénéfice, j’ai dit aux autres que je n’avais plus de bûches à vendre ; ils en ont tous fait la grosse tête (la moue), surtout Baptiste Guicciardini, qui a mis cela au nombre de ses mésaventures d’État. […] Il la conquérait peu à peu par ses exploits, par ses trahisons, par ses intrigues, en se mettant tour à tour à la tête des troupes des divers États d’Italie. […] Le monde moderne n’a eu qu’une tête de cette force, Bacon ; nous vous le ferons connaître un jour. […] Un empire ne survit pas à une religion ; une nation qui n’a plus de capitale n’a plus de tête, plus de cœur, plus de nom, plus de langue, plus de vie. » Il trace à grands coups de plume les invasions des peuplades du Danube : Hérules, Thuringiens, Lombards, Ostrogoths, Visigoths, Allobroges ; il montre du doigt les haltes de ces peuplades campées d’abord, colonisant ensuite, se distribuant, au gré de chefs plus ou moins héroïques, sur les différentes provinces dépecées de l’antique Italie.
Il faut pour cela avoir le cœur libre, la tête pas trop ardente ; il faut n’avoir pas la tradition et l’héritage de la partie la plus vivante de l’Humanité. […] Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de pays en pays, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, de lumière éclatante, et se rejetant dans la nature comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon ; toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle, en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge. […] La poésie que je sens encore dans sa réalité, c’est la poésie intime, la grande élégie de Joseph Delorme : un enfant de génie, qui a cru à cette égalité dont on a assourdi ses oreilles dès le berceau ; un homme qui se sent le cœur grand, les passions énergiques et la tête puissante ; qui rêve, dans une société équitable, la gloire et les plaisirs qui lui sont dus, et qui se trouve, lui poète, dans un hôpital, occupé à disséquer des cadavres ; qui se plonge dans l’athéisme obscur de Bichat et de Cabanis, se dessèche avec Locke et Condillac, jette un regard sur leurs successeurs parlant de liberté, de devoir et de vertu, et ne trouve en eux que des sophistes ; homme du peuple, plein de sympathie pour ce peuple qu’il voit traité comme un vil troupeau, plein de dégoût pour toutes ces distinctions de rangs fondées sur une absurdité et sur une iniquité ; cherchant avec enthousiasme la vertu pour l’honorer, et ne sachant à quel signe la découvrir ; à la fois emblème de la souffrance de l’artiste et de celle du peuple ; et qui finit par prendre en mépris le monde et l’Humanité, ne voit dans l’univers qu’un destin aveugle, et, relevant sa tête hors du tombeau où il est déjà couché, et où, brisé par la souffrance, il hésite devant le suicide, exhale ses derniers moments en sanglots étouffés, en plaintes arides, en ironie amère, entremêlés de chants sublimes et d’efforts qui touchent à la folie.
L’antique poésie populaire est dans son cœur : elle frémit dans sa tête ; elle enflamme son désir. […] Les apprentis se gaussent de plus belle du présomptueux qui ne doutait de rien, et Sachs, profondément troublé, hoche la tête, tandis que, lentement, la toile s’abaisse et qu’un basson presque ironique fait entendre une réminiscence voilée de la marche des maîtres. […] Wagner a réuni toutes ces fonctions sur la tête de Sixtus Beckmesser dont le type fortement accusé symbolise ainsi le pédantisme intransigeant, en opposition avec son rival, le chevalier Walther de Stolzing, le poète inspiré, ne connaissant d’autre loi que l’élan spontané de sa libre fantaisie. […] Ils ont considéré, non sans étonnement, la soubrette jusqu’alors occupée des rubans de son corsage fripés par son bel ami le garde-française, et, pleins d’un beau rêve, dévorés du désir des cimes, ils ont violemment saisi Dorine, Fanchon ou Marinette, et l’ont forcée à lever la tête, sans lui prendre le menton.
Déroulède, poète et artiste n’entreprendrait pas une campagne contre une œuvre d’art ; je l’estime assez pour croire qu’il ne se mettra pas à la tête d’une armée contre un cadavre ; ce n’est pas là une besogne pour un soldat comme lui. […] « Mais de là à me mettre à la tête de deux cents élèves de l’Ecole des beaux-arts, il y a loin. […] Boulanger sera peut-être parmi les siffleurs, mais qu’il ne se reconnaît pas en état d’envahir l’Opéra-Comique à la tête d’une cohue de « protestataires ». […] Carvalho, mais je ne voulais nullement me mettre à la tête d’une cabale qui aurait pu amener des scènes regrettables.
En ce vague de la tête, la lecture des livres de Fromentin, approche de vous un Orient, qui a quelque chose d’hallucinatoire. […] J’ai eu un certain maître d’écriture qui avait une grosse tête toute ronde, avec de petits cheveux blancs frisés, et toujours accompagné d’un caniche. […] Il y a à peu près vingt ans, que mon frère et moi l’avons faite, cette préface, en tête des Portraits intimes du dix-huitième siècle. […] Enfin nous voilà au cinquième acte, où vraiment François Ier est vraiment trop Gaucher Mahiet, où la petite Bartet, à la porte de la masure de Saltabadil a l’air du petit Chaperon rouge, où Got qui a un peu perdu la tête, sonne la cloche d’alarme, ainsi qu’on sonne un dîner, et au bout de son interminable monologue, s’écrie : « J’ai tué mon enfant !
Virgile et Théocrite sont les deux poètes égaux de la terre habitée agricole ou pastorale ; les pasteurs et les laboureurs ont là toute leur poésie dans des vers aussi délicieux que les images, les ombres, les eaux du paysage terrestre ; les laboureurs et les pasteurs devraient suspendre éternellement ces deux poèmes au joug de leurs bœufs, au double manche de la charrue, au cou du bélier qui marche à la tête de leurs troupeaux. […] N’avez-vous pas remarqué que toutes les idées fausses, tous les rêves incohérents, toutes les utopies absurdes en politique, en constitutions sociales de ces trente dernières années, sont sorties de la tête d’un de ces hommes sédentaires, concentrés dans la contemplation exclusive d’une profession ou d’une occupation unique, manquant d’air dans la poitrine, de mouvement dans les pieds, d’espace dans les yeux, d’universalité dans le point de vue ! […] XXV Le saint-simonisme est né de l’isolement de l’idée économique, abstraction faite de toute autre idée politique et morale, dans une forte tête d’économiste. […] Je n’ai pas reposé ma tête sur la terre Où Palmyre n’a plus que l’écho de son nom, Ni fait sonner au loin, sous mon pied solitaire, L’empire vide de Memnon.
Je ne veux pourtant pas rester trop incomplet et sans conclusion sur un homme qui fut considérable dans la société de son époque, et qui unit bien des contraires ; qui se fit agréer de Rousseau, et eut de lui une dédicace ; qui se fit craindre et respecter de Voltaire ; qui fut bien à Versailles avec la maîtresse favorite, eut de l’importance administrative et parlementaire dans sa Bretagne, et figura à la tête de l’Académie. […] Lorsque d’Alembert fut reçu à l’Académie française en 1754, son élection fut très combattue et traversée de beaucoup d’obstacles, « et même il passe pour constant, rapporte La Harpe, qu’il y avait un nombre de boules noires plus que suffisant pour l’exclure, si Duclos, qui ne perdait pas la tête et qui était en tout hardi et décidé, n’eût pris sur lui de les brouiller dans le scrutin, en disant très haut qu’il y avait autant de boules blanches qu’il en fallait ».
Ces empereurs grecs qu’ont en face les guerriers francs n’osent sortir de leurs murailles, se mettre à la tête des vaillants hommes qui leur restent ; ils s’enfuient de nuit par des portes dérobées, et vont chercher dans des palais moins en péril ce qu’ils espèrent sauver de la ruine universelle, un reste de voluptés et de délices. […] Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.
Il a là-dessus des principes qu’on doit trouver admirables et qui s’appliquent bien à tout ordre de travaux et de services où l’honneur est le prix : c’est de ne jamais se reposer sur ce qu’on a fait, de ne pas se contenter, sous prétexte qu’on a sa réputation établie, et que, quoi qu’on fasse désormais ou qu’on ne fasse pas, on sera toujours estimé vaillant : N’en croyez rien, s’écrie-t-il, car d’heure à autre les gens jeunes deviennent grands, et ont le feu à la tête, et combattent comme enragés ; et comme ils verront que vous ne faites rien qui vaille, ils diront que l’on vous a donné ce titre de vaillant injustement… Si vous désirez monter au bout de l’échelle d’honneur, ne vous arrêtez pas au milieu, ains, degré par degré, tâchez à gagner le bout, sans penser que votre renom durera tel que vous l’avez acquis : vous vous trompez, quelque nouveau venu le vous emportera, si vous ne le gardez bien et ne tâchez à faire de mieux en mieux. […] Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.
Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain. […] Bossuet, à qui l’on dissimula le plus longtemps possible la nature de son mal, et qui tâchait de se le dissimuler à lui-même, ne fut pas à l’épreuve de ce premier effroi, quand il n’eut plus moyen de douter : la fièvre avec un léger trouble de tête l’agita durant les jours et les nuits qui suivirent.
qui sous un ciel de fête, Quand l’orgue chantait moins que mon cœur triomphant, Du pied de vos autels emmenai cette enfant, Le bouquet d’oranger au sein et sur la tête ? […] Avant qu’il fût deux mois, De mes tremblantes mains j’en ensevelis trois ; Je les vois, mais non plus dans la fleur de la vie ; Non plus avec ces traits dont j’avais trop d’orgueil, Au baiser paternel offrant leurs jeunes têtes ; Mais telles que la mort, hélas !
Quand je mets en regard de ces publications élégantes mon petit volume des Contes de Perrault, édition première de 1697, avec les petites vignettes en tête de chaque conte, bien modestes et assez gentilles toutefois, et fort naïves, je suis tenté de dire : Que de luxe, que de progrès ! […] Longtemps premier commis de Colbert, il prit part à tous les grands travaux de ce ministre et dut lui donner bien des idées : car c’était proprement une tête à idées.
Une Introduction savante, mise en tête, est un morceau de biographie et d’histoire d’un haut et sérieux intérêt. […] Il m’en a coûté 80 liv. pour l’offrande, présent à l’œuvre, quêteuse et menus frais. » Bien des années après, intendant de Caen, ayant par extraordinaire joué au lansquenet, au jeu de Monsieur, frère de Louis XIV, qui, à la tête d’une armée, avait son quartier général à Pontorson, il note qu’il a perdu 4,000 livres.
Le fier soldat de Lépante a gardé de certaines allures et de certains airs de tête jusque dans ses inventions les plus gaies. […] Le régiment où il servait alors, et dans lequel il avait passé après la bataille de Lépante, était celui de Flandre, qui avait à sa tête Lope de Figueroa, mis deux fois en scène par Calderon.
Je le trouve dans une personne qui, sans être Française de nation, Test par la langue, dans une Genevoise qui a publié, depuis bien des années, quantité d’écrits remarquables, saisissants, éloquents avec une pointe d’étrangeté : il me faut bien la nommer, quoiqu’elle n’ait point inscrit son nom en tête de tous ses nombreux et piquants ouvrages ; elle voudra bien m’excuser de cette liberté, car je ne suis pas comme M. de Rémusat qui, dans la Revue des Deux Mondes, a pu parler d’elle hier à merveille et à fond, en toute discrétion cependant, pour des lecteurs déjà au fait et initiés aux sous-entendus. […] Avec cela de plus, vous auriez bien des chagrins de moins ; ce n’est pas qu’on soit insensible, mais on se résigne ; si l’on s’ennuie, on prie ; si on regrette le monde, si notre tête prend le chemin des fêtes, des bals, on l’arrête en pensant que ce n’est pas celui-là qui mène au Ciel.
Parmi les hommes qui ont de bonne heure marché dans cette voie, qui ont tenu et agité le flambeau, qui le tiennent encore et qui le promènent sur les têtes, M. […] Son idée, à lui, dont il a tracé dans un appendice un plan ou avant-projet détaillé, serait une vaste association libre, se soutenant à l’aide de dons et de souscriptions volontaires ; ayant à sa tête un Conseil supérieur ; organisée et fonctionnant au moyen de comités spéciaux, et se composant d’une multitude de membres tous animés du prosélytisme du progrès.
Des soldats lui mirent sur le dos une casaque rouge, sur la tête une couronne formée de branches épineuses, et un roseau à la main. […] Les soldats défilaient devant lui, le souffletaient tour à tour, et disaient en s’agenouillant : « Salut, roi des Juifs 1143. » D’autres, dit-on, crachaient sur lui et frappaient sa tête avec le roseau.
Je veux courir le monde, Y chercher pour mon cœur un cœur qui me réponde, Je ne veux plus devant ta beauté m’humilier. » Vénus a bien compris : elle a baissé la tête ; Aux douleurs des adieux, pensive, elle s’apprête : Une dernière fois elle lève les yeux. […] mourir ainsi, mourir — devançons le sort — En sentant l’Infini bourdonner dans nos têtes !