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1778. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Lui surtout ! […] C’est la vie qui y est encore plus belle que la mort, — la mort plus belle que tout, pourtant, dans les grands poètes, et surtout dans un poète comme Shakespeare ! […] Il y a je ne sais quel Pétrarque dans son Roméo, et l’hyperbolisme de ses tendresses et les recherches folles de son expression idolâtre demandent dans le traducteur qui doit les reproduire — surtout si ce traducteur est Français — une main assez souple pour suivre les sinuosités de cette grâce d’une inapaisable fantaisie. […] la famille, l’amour et le respect de la famille que l’on aime et que l’on respecte si peu à présent voilà l’inspiration du Coriolan et surtout du Roi Lear car dans le Coriolan il y a autre chose que de la famille, il y a de la société politique, mais dans le Roi Lear, la tragédie n’est faite uniquement que par les sentiments naturels. […] Il est évident que cette idée de la sainteté de la famille purifie l’esprit qui la proclame avec cette vaillante sincérité, surtout au moment où dans le parti qu’on s’est choisi, une telle idée est impopulaire.

1779. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Il est probable que si Henri IV avait montré plus de fermeté, s’il avait refusé l’abjuration, et surtout si le parti qui l’aida à conquérir le pouvoir avait été plus fort, l’avenir religieux de la France aurait alors changé brusquement. […] Je vous dis qu’aux yeux de Bossuet, pour abolir l’hérésie, tous les moyens étaient bons surtout les plus odieux, et que la modération dont il semble se parer à nos yeux, n’est que l’indispensable vêtement d’hypocrisie dont s’affublèrent les plus grands criminels politiques et religieux. […] Il est bien si l’on veut, le « dernier Père de l’Église », mais il mérite surtout de demeurer comme le Prince des Rhéteurs. […] C’est ce qui donna tant d’autorité à ses ministres, par les occasions continuelles qu’ils avaient de l’encenser, surtout de lui attribuer toutes choses, et de les avoir apprises de lui. […] Rétablis par la Prusse, ils sont le plus solide appui de la puissance prussienne dans les provinces annexées… La puissance militaire de la Prusse remonte à cette époque, elle vient du développement de ce premier noyau… Une bonne partie de la classe dirigeante de la Prusse descend d’une manière directe ou par les femmes de ces réfugiés et surtout des officiers protestants.

1780. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Quelques sectaires, surtout des bourgeois et des gens du peuple, s’appesantissent tristement sur la Bible. […] Voir les jeunes gens dans Shakspeare, surtout Mercutio. […] Surtout dans le Calendrier du Berger. […] Voyez surtout sa satire contre les courtisans. […] Voir surtout les Essais.

1781. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il recherche éperdument les sensations, surtout rares, surtout extrêmes. […] On la remarque surtout dans ses ouvrages pour le théâtre. […] N’avons-nous pas suffisamment montré les défauts profonds de ce théâtre à qui nous reprochons surtout de s’être fait décerner les plus rares louanges et les plus désirables, sans les avoir réellement méritées ? […] Marcel Boulenger excellait surtout dans le petit morceau. […] Toulet n’écrit jamais rien dont l’observation du cœur et des mœurs soit entièrement absent, ni surtout rien dont soit exclue la pure grâce poétique.

1782. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il y a tout lieu d’imaginer que la nôtre secondera le zèle qui nous anime, surtout si vous voulez bien y mettre le sceau de votre approbation. […] Les actrices surtout, disent les témoignages du temps, parurent charmantes. […] On le trouvait surtout admirable dans l’Ombre du père d’Hamlet, et, à dire vrai, il ne faut pas être médiocre pour interpréter un tel personnage. […] Victor Hugo, qui veut qu’on admire surtout dans Shakespeare ou dans Eschyle en particulier, et dans le génie en général, la monstruosité ? […] Mais c’est surtout au volume (avec figures) de M. 

1783. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Ses travaux cependant avaient altéré sa santé naturellement maladive ; il éprouvait le besoin de changer l’air épais de Rome contre l’air vital et léger d’Athènes ; il voulait surtout voir de ses yeux, avant de les décrire, les mers et les rivages d’Ilion : Campos ubi Troia fuit ! […] L’ode, c’est le poète ; l’épître, c’est l’homme : c’est là surtout qu’Horace est Horace. […] Ce voyage en vers familiers est surtout intéressant par la ressemblance, encore aujourd’hui parfaite, entre les mœurs des hommes du peuple des bourgades d’Italie et les mœurs de ce même peuple de nos jours. […] Attendez la saison d’hiver où un livre est une société toujours bienvenue au coin du feu ; attendez surtout la saison d’été, où un compagnon est agréable pour répercuter en vous les douces sensations du soleil, de l’ombre des bois, des eaux, de la montagne, de la mer ; achetez cette délicieuse miniature d’Horace illustrée par les Didot ; asseyez-vous à la lisière de vos bois au bord du ruisseau, sous les saules où les oiseaux gazouillent à l’envi de l’onde, et lisez, et prenez les heures comme elles viennent, et dites, comme Horace : Carpe diem, saisissez le jour, tout est pour le mieux, pourvu qu’on ait les pieds au soleil et la tête à l’ombre !

1784. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Athènes, la plus religieuse des villes grecques, au rapport de Pausanias, la ville où le génie ionien s’épanouit dans toute sa beauté, l’œil de la Grèce, selon la poétique expression de Milton, Athènes fut surtout la ville des statues. […] Mais c’est surtout dans les temples que les chefs-d’œuvre de la sculpture étaient prodigués. » XL Mais voici ma citation personnelle : Les événements, déplorés par moi, de la révolution dynastique de 1830, m’avaient éloigné pour quelques années de l’Europe. […] J’abhorre le mensonge et l’effort en tout, mais surtout en admiration. […] Ce moment-ci y ressemble en Europe, et surtout en France, cette Athènes vulgaire des temps modernes.

1785. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Elle tire sa valeur surtout de son style qui est d’une qualité rare, et du tact avec lequel Corneille a déterminé quelques-unes des conditions du genre : il fixe la comédie dans son juste ton, entre le bouffon et le tragique ; il marque le mouvement du dialogue, vif, naturel et agissant ; et, bien qu’il n’ait pas précisément dessiné de caractères, il place dans la forme morale du personnage principal la source des effets d’où jaillit le rire. […] Ce n’est pas toujours facile, ni surtout aisément compatible avec la vérité. […] La jeune fille de qui sortira une telle femme, ce sera la sensée, l’aimable Léonor, ce sera l’exquise Angélique du Malade : ce sera surtout Henriette. […] et surtout qu’elle est exactement à notre mesure, à nous autres Français.

1786. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

C’est surtout pour Lamartine qu’il existe un préjugé qui le fait considérer comme un poète chrétien, je dirais presque comme un poète sacré, et qui cache ainsi à la foule séduite le véritable caractère de son œuvre. […] Mais sa religion, loin de soutenir et d’illuminer ses lecteurs, ne fait que les abattre, les troubler, les prosterner, surtout quand leur esprit a de la vigueur et de la portée ; et le Christianisme dont il la décore n’est qu’un Christianisme de convention, comme on peut en faire encore quand tous les dogmes chrétiens sont dépassés par la science humaine, quand toutes les institutions chrétiennes sont écroulées. […] Mais les poètes purs sont plus changeants ou plus naïfs : comme ils avaient délaissé et les arguments théologiques et les grands ensembles d’idées, comme ils n’avaient pris de la religion déchue que des inspirations et des images, surtout comme ils sont hommes de sentiment et de vie lyrique, quand leur vie change, quand le doute les reprend, quand leur tristesse d’âme se prolonge malgré tous les remèdes dont ils avaient vanté l’efficacité, ils le disent ou le font entendre à tout le monde ; et ils ne pourraient faire autrement, ou ils seraient obligés de se taire ; car l’art c’est la vie du poète qui s’exprime telle qu’elle est au moment où il chante. […] L’autre prendra surtout ses symboles dans l’univers visible.

1787. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

« Le cardinal de Richelieu, ajoute-t-il, qui aimait les grandes choses, et surtout la langue française, en laquelle il écrivait lui-même fort bien, vit dans la société Conrart le germe d’une grande institution, et un moyen de gouverner la langue par un conseil régulièrement établi. […] Le dernier surtout, par l’élégance précoce et la pureté originale de son style, lui avait inspiré une sorte de culte ; il se décidait avec peine à tenir pour bonne une phrase qui n’eût pas été employée dans l’Histoire romaine de Coeffeteau. […] Telle était la force du devoir qui obligeait les individus envers la compagnie, qu’il ne vint à l’idée d’aucun d’eux, quand on imprima les Pensées de Pascal, de trouver indiscrets, ni surtout criminels envers une grande mémoire, les retranchements et les changements qu’on y fit. […] à chaque instant, nous en pourrions faire l’application, les préceptes se rapportant surtout aux disputes de paroles, si fréquentes entre les hommes, et à la part qu’y prend l’amour-propre.

1788. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

L’homme, le français surtout, est atteint de deux manies bien opposées le « débinage » ou l’« aplatventrisme » (deux mots qu’on cherchera inutilement dans le dictionnaire de l’Académie) ; il les pratique également toutes deux, fût-ce à ses dépens. […] » oublie-t-on que cette Ville c’est Paris, et que c’est Paris surtout qui a été cruellement assiégé, affamé, bombardé, ruiné par les Prussiens ! […] Prenons le bon et le beau partout où il est, même et surtout en Allemagne ; je ne crois pas présentement à d’autre revanche. […] Je ne vois pas de raisons pour ne pas aller l’entendre nous-mêmes, et surtout pour empêcher les autres d’aller l’entendre.

1789. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Elle est née surtout de l’expérience. […] Comment surtout arriver à l’unité ? […] L’étude des faits économiques, malgré des préjugés puissants, en France surtout, gagne chaque jour en importance. […] III) dans des essais très incomplets et surtout très vagues, dont la diffusion n’est pas le moindre défaut.

1790. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Dans la correspondance qu’il entretient avec lui, Voltaire le tâte souvent, et essaye de l’engager ; en 1760, après la comédie des Philosophes de Palissot, après le discours de réception de Lefranc de Pompignan, et dans ce moment le plus vif de la mêlée philosophique, Voltaire voudrait que Duclos s’entendît avec les amis et surtout qu’il agît en cour pour faire arriver Diderot à l’Académie ; c’eût été un coup de parti en effet, et une éclatante revanche : « Vous êtes à portée, je crois, d’en parler à Mme de Pompadour ; et, quand une fois elle aura fait agréer au roi l’admission de M.  […] Comme secrétaire perpétuel et historien de l’Académie, il n’a écrit qu’un court chapitre, assez piquant d’ailleurs, dans lequel il insiste beaucoup sur l’égalité académique, égalité qu’il contribua plus que personne à maintenir lors de l’élection du comte de Clermont (prince du sang) dans la compagnie : La liberté que le roi nous laisse, dit-il, et l’égalité académique sont nos vrais privilèges, plus favorables qu’on ne le croit à la gloire des lettres, surtout en France où les récompenses idéales ont tant d’influence sur les esprits.

1791. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Il est surtout un passage de son récit qui m’a paru charmant au milieu de sa recherche, et bien touchant d’invocation à travers sa grâce un peu affectée ; je vais le traduire aussi fidèlement que possible : on y verra un contraste parfait avec la manière et le ton de Villehardouin ; ce sont les deux civilisations et les deux littératures en présence. […] Quand on est ainsi insulté par des raffinés dans la personne de ses ancêtres (car ce sont bien nos ancêtres à nous tous, nobles ou vilains), il ne faut pas se laisser faire, surtout quand on a le droit pour soi, le droit, c’est-à-dire, dans le cas présent, la poésie.

1792. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

C’est surtout pendant les époques de révolution qu’ils sont mis à l’épreuve et que les occasions les déclarent aux autres et à eux-mêmes. […] Il faut certes que dans ses débuts de palais la supériorité de Jeannin, la sûreté de son jugement surtout, aient éclaté d’une façon bien notable, pour qu’après deux ans à peine il ait été choisi par les élus des états de Bourgogne pour être le conseil de la province.

1793. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Les exemples, il les prend dans ce qu’il sait le mieux, c’est-à-dire dans ce qu’il a vu, et surtout dans ce qu’il a fait et dirigé ; il expose au long chaque entreprise de sa façon, même les plus secondaires en apparence, et il en tire des leçons directes ; chaque fait de guerre est suivi de son commentaire en règle et d’une exhortation. […] Il ne commanda point en chef avec étendue et dans de grandes proportions : mais, je le répète, il paraît avoir excellé dans certaines parties rares, difficiles et hardies de la guerre, et il en donne leçon, il en tient école autant que cela se peut, et une école brillante, dans ses Commentaires. — J’ai hâte d’en venir à sa conduite aux jours où il est plus en vue, avant et pendant la bataille de Cérisoles, et surtout dans sa mémorable défense de Sienne, qui fut pour lui ce que fut à Masséna sa défense de Gênes.

1794. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Il y est parlé délicatement de la dignité des lettres, de leur rôle dans la société, et surtout de leur part dans la vie. […] D’autres enfin n’ont pas eu du tout d’anathème : il ont osé soutenir en moralistes hardis, mais surtout en poètes, qu’il faut dans ce monde nouveau, où la nature domptée par la science devient la première collaboratrice de l’homme, marcher résolûment à la fortune pour en faire un large et magnifique usage, conquérir l’or pour le répandre ensuite d’une main souveraine, pour fertiliser en tous sens et renouveler la face de la terre.

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Le livre liie , notamment, qui s’intitule « Brienne et Montmirail », ces 170 pages qui embrassent moins d’un mois, qui développent surtout ces huit brillantes journées (10-18 février) de victoires arrachées coup sur coup, de succès enchaînés, Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps, jusqu’à Montereau où le temps d’arrêt recommence, ces bonnes journées dans lesquelles Napoléon put croire au retour de son soleil et sourire aux dernières faveurs de la fortune, n’ont rien qui les égale, et M.  […] Napoléon, qui découvre des ressources là où les autres n’en soupçonnent pas, n’a rien perdu de sa confiante certitude pendant les jours suivants. « Point troublé, point déconcerté, point amolli surtout, supportant les fatigues, les angoisses, avec une force bien supérieure à sa santé, toujours au feu de sa personne, l’œil assuré, la voix brusque et vibrante », il porte fièrement son fardeau ; il attend, il espère une faute des ennemis qui ne peuvent manquer d’en faire.

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