Quand, enfin, j’aurai rappelé que je conseille « de songer aux divers rapports que peuvent présenter les objets, aux idées à côté qu’ils évoquent, aux ressemblances, aux contrastes, aux antithèses, en recommandant d’étudier les métaphores des auteurs », je crois que j’aurai à peu près énuméré tous mes crimes. […] J’ai voulu tout simplement aviver, développer le talent, et plus j’y songe, plus je trouve que le paradoxe et l’erreur sont du côté de mes adversaires.
Et c’est à force d’y songer qu’elle en a douté. […] Il est doux de le pratiquer sans y songer. […] Et, quand on songe aux enfants, c’est épouvantable. […] Chose assez singulière quand on y songe. […] Songe à l’avenir.
Songez que toute la psychologie se limitait à une explication logique de nos déterminations. Songez au pauvre matériel causal dont elle disposait et imaginez ce qu’elle peut devenir au moment où Freud lui ouvre l’immense réservoir des causes immergées. […] Autrement dit : Songeons à tout ce que nous ne savons pas que nous voulons. […] Songez à cet abîme si mal exploré encore des attirances, et peut-être surtout des haines sexuelles. […] Il faut songer que d’aucune il ne semble moralement avoir jamais rien eu.
Je ne crois pas que personne songe à récuser le témoignage, à contester l’autorité d’un tel juge. […] Guizot n’a pas songé à marquer la limite où finit le domaine de la peinture. […] Ce tableau, sans doute, méritait d’être tracé avec un soin particulier, et je ne songe pas à reprocher à M. […] Mucarade, malgré sa passion pour Clorinde, ne peut songer à profaner la pureté morale de sa fille. […] comment songerait-il à distraire, comme un esprit frivole, la mère de son enfant ?
Qu’on songe à la date de sa naissance. […] Seulement ici, de ces existences littéraires d’alors qui ont manqué et qui auraient pu être, il en est une qui a surgi, qui, malgré tout, a brillé, qui, sans y songer, a hérité à la longue de ces infortunes des autres et des siennes propres, qui les résume en soi avec éclat et charme, qui en est aujourd’hui en un mot le type visible et subsistant. […] Forêt dont le mystère invite et fait songer, Où la Réminiscence, ainsi qu’un faon léger, T’attire sur sa trace au milieu d’avenues Nouvelles a tes yeux et non pas inconnues ! […] Il ne connut longtemps de la littérature allemande que ce qui nous en arrivait par madame de Staël après Bonneville ; mais l’esprit lui en arrivait surtout : la ballade de Lénore, le Roi des Aulnes, la Fiancée de Corinthe, le Songe de Jean-Paul, faisaient le plus vibrer ses fibres secrètes de fantaisie et de terreur. […] Deux ou trois tendres élégies, quelques chansonnettes nées d’une larme, surtout des contes délicieux datés d’époques déjà anciennes, firent comprendre avec regret que, si elle y avait plus tôt songé, il y aurait eu là en vers une nouvelle muse.
Car, altier artiste des littératures, le comte de Villiers de l’Isle-Adam est de ceux à qui nulle intimité de songe n’a échappé, mais dont cette sublime monomanie d’une âme littéraire a fait tous les rêves choses littéraires, et mots. […] Analoguement les décorations du Rheingold et de la Walküre sont les plus achevées qu’ait rêvées Richard Wagner ; les décorations du Parsifal seront l’adjacence de beaux tableaux, hors le drame, pour la magnificence d’un spectacle ; ici c’est la netteté de sites et ce plastiques faisant drame minutieusement ; songez quelle mise en scène grandiose et subtile, en ces deux pièces, dut rêver l’esprit du maître, et qu’il nous faudrait, pour concevoir son idée, contempler autrement qu’en les ignominies organisées par les imprésarios et les histrions de conservatoires. […] Car le moindre vice de la décoration scénique est de s’imposer aux yeux et à l’esprit incessamment ; tandis que ce n’est que par moments, et quand l’orchestre le commande, que l’on doit, au cours de l’action psychologique, songer à ces sites de grèves et de flots qui l’encadrent. […] Et remarquez qu’en ce drame vide de psychologies, le texte littéraire (et songez contrairement la beauté littéraire d’un Rheingold) est « littérairement » sans valeur : sommaire, tout d’indications, n’existant qu’en tant que glose — et d’ailleurs admirable tel. Songez aussi que les décorations, absolument inutiles à la signification musicale, n’existent que pour compléter le livret dramatique ; puisqu’il y avait forme dramatique, il fallait bien qu’il y eût décors ; et, si Wagner a voulu magnifiques les décorations, c’est qu’obligé à des décorations il voulut des panoramas dignes du déploîment très spécial au théâtre où son œuvre s’ouvrait.
Songez donc ! […] Enfin, songez à vous-même. […] songe la petite en gardant ses ouailles. […] Il ne songe plus qu’à bien chanter son air. […] Et cela, voyez-vous, est abominable quand on y songe.
Et, en effet, c’est à un page que cet Alfred de Musset de dix-huit ans ferait assez bien songer, au page que Beaumarchais a mis dans Le Mariage de Figaro, à Chérubin. […] Il s’avise pour cela d’un moyen auquel vous n’auriez peut-être pas songé. […] Mais Fantasio ne songe à rien de tout cela, et pour lui, il lui semble que le plus important, c’était d’épargner un chagrin, un gros chagrin à la petite princesse Elsbeth. […] Cette ingénue, Alfred de Musset en trace à l’occasion le portrait, et c’est Fantasio, justement, qui nous dit qu’elle le fait songer à un petit serin qu’il a, un serin qui a une serinette dans le corps. […] Caïn, ne dormant pas, songeait aux pieds des monts.
Elle ne songe qu’à jouir de son trésor : il est indispensable qu’elle le défende. […] La spontanéité de l’artiste, si l’on y songe, est plus dangereuse. […] Cela nous avertit de songer qu’aussi bien M. […] Le soir est un moment où la nature songe à son déclin. […] Je songeais à vous et à Briséis, à vous si gaie et à la triste Briséis… Ah !
Or la poésie française ne devait point en rester à Marot : elle avait la noble ambition de s’élever, de se créer un instrument plus savant, une harpe ou une lyre ; et, lorsqu’on songe à tout ce qu’il fallut de labeur et d’effort à Malherbe pour réussir à dresser quelques strophes incomparables, on devient indulgent pour ceux qui y préludèrent et qui, les premiers, essayèrent de quelques cordes nouvelles. […] — On lit à la suite un Songe allégorique et apocalyptique assez obscur, que j’y laisse. […] Je songe au lendemain, j’ai soin de la dépense Qui se fait chacun jour, et si fault que je pense À rendre sans argent cent créditeurs contents. […] Du Bellay aspirait d’abord à imiter et reproduire Horace en français, l’Horace lyrique : c’était une noble et impossible ambition, Mais voilà que, sans y songer presque, il rivalise avec un Perse ou un Juvénal en ces crayons parlants, expressifs, des espèces d’eaux-fortes à la plume ; il nous donne la monnaie de certaines pièces de l’Arioste ; il devance Mathurin Regnier, et c’est ainsi qu’il mérite d’être appelé véritablement le premier en date de nos satiriques classiques. […] qui en avoit lu la plus grand’part m’avoit commandé de sa propre bouche d’en faire un recueil et les faire bien et correctement imprimer113, je les baillai à un imprimeur sans autrement les revoir, ne pensant qu’il y eût chose qui dût offenser personne, et aussi que les affaires où de ce temps-là j’étois ordinairement empêché pour votre service ne me donnoient beaucoup de loisir de songer en telles rêveries, lesquelles toutefois je n’ai encore entendu avoir été ici prises en mauvaise part, ains y avoir été bien reçues des plus notables et signalés personnages de ce royaume, dont me suffira pour cette heure alléguer le témoignage de M. le chancelier Olivier, personnage tel que vous-même connoissez : car ayant reçu par les mains de M. de Morel un semblable livre que celui qu’on vous a envoyé, ne se contenta de le louer de bouche, mais encore me fit cette faveur de l’honorer par écrit en une Épître latine qu’il en écrivit audit de Morel.
L’excitation et l’irritation de la publicité les firent naître sous la plume de l’auteur, qui avait principalement songé d’abord à des réflexions et remarques morales, s’appuyant même à ce sujet du titre de Proverbes donné au livre de Salomon. […] La gloire soudaine qui lui vint ne l’éblouit pas ; il y avait songé de longue main, l’avait retournée en tous sens, et savait fort bien qu’il aurait pu ne point l’avoir et ne pas valoir moins pour cela. […] Né chrétien et Français, il se trouva plus d’une fois, comme il dit, contraint dans la satire ; car, s’il songeait surtout à Boileau en parlant ainsi, il devait par contre-coup songer un peu à lui-même, et à ces grands sujets qui lui étaient défendus. […] Notre moraliste dut songer, en souriant, à cet aïeul qu’il ne nomme pas, un peu plus souvent qu’au Geoffroy de La Bruyère des Croisades dont il plaisante.
Enfin Athalie est, sans maximes ni dissertations, une des plus fortes pièces politiques qu’on ait jamais écrites, et à coup sur la plus hardie peinture de l’enthousiasme religieux : Athalie est une femme, fiévreuse par conséquent et inégale, alternativement irritée et facile, selon les objets qui tournent son âme passionnée ; un songe, un visage d’enfant, tout dévie ou rompt son action. […] Songez quelle hardiesse c’était de mettre un enfant dans une tragédie : le xviie siècle n’a pas connu, n’a pas aimé les enfants. […] Mais songez surtout à son accès de fureur prophétique, à ce qu’il a fallu de puissance poétique, de hardiesse artistique, pour concevoir et pour offrir à ce monde de raisonneurs et d’intellectuels un prophète, un vrai prophète, inspiré, délirant, dessinant l’avenir en images actuellement extravagantes. […] On pourrait s’étonner que les romantiques l’aient traité si mal, eux qui étaient poètes et artistes ; mais il faut songer que tous les pseudo-classiques qui s’abritaient derrière Racine, leur en faisaient méconnaître le véritable caractère. […] A la fin du siècle, je ne vois à nommer que la pièce de Longepierre (1688), pour une Médée rendue avec une raideur énergique de dessin et une pauvreté de couleur qui font moins songer à l’antiquité qu’à David, et pour un Jason très curieux de réalité prosaïque, dans son rôle de bellâtre égoïste et plat.
Si, dans sa vie, il songea beaucoup à la poésie et à la gloire, il commença par beaucoup écrire pour les libraires. […] Il est permis de croire que, dans ce temps-là, il songeait aussi au positif et au débit ; on dit que ce fut avec le produit de la vente de ces Mémoires de Mme Manson qu’il put assurer sa modeste aisance et acquérir sa petite maison d’Aulnay, cet ermitage de la Vallée-aux-Loups. […] Ce que seraient devenues ces adorables Poésies d’André Chénier si elles étaient tombées en d’autres mains, en des mains académiques de ce temps-là, ce qu’elles auraient subi de retranchements, de corrections, de rectifications grammaticales, on n’ose y songer. […] Pendant les onze années suivantes, et jusqu’à la fin de la Restauration (1819-1830), M. de Latouche se montre comme appartenant décidément à l’école poétique qu’on qualifiait alors de romantique, en même temps qu’il tenait par ses opinions très prononcées au parti libéral, qui ne songeait pas alors à s’intituler démocratique. […] Seul, il songeait trop au public.
Au contraire, le pur artiste, celui qui ne veut pas, qui ne songe pas à être un homme d’action, aura des tendances à la nonchalance, à la douceur de vivre ; il se laissera vivre avec une singulière complaisance. […] Quand on songe que La Fontaine a travaillé trente-cinq ans si l’on peut appeler cela travailler cela donne à peu près, un peu plus, j’ai fait le calcul, un peu plus d’une page par semaine. […] Je dis la vie domestique, et non pas la vie conjugale, parce que je songe à quelque chose qui comprend la vie conjugale mais qui la dépasse et la déborde, qui est plus étendue qu’elle. […] La Fontaine l’a été, une fois aussi, et, vous y songez bien, c’est dans l’épilogue des Deux Pigeons, qu’il est absolument superflu de citer, qu’il est inutile de lire, puisqu’il est dans toutes les mémoires, mais qu’il est indispensable pourtant de produire ici, de lire en cette circonstance, parce que c’est un hommage à rendre à La Fontaine comme poète de l’amour. […] Il cherche nos besoins au fond de notre cœur ; Il nous épargne la pudeur De les lui découvrir nous-même ; Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime.
Songez donc ! […] Elle a fait doucement le songe de la vie ; mais elle savait que ce n’était qu’un songe. […] On ne relit pas ; on ne songe pas à relire. […] Je le dois, il le faut, puisqu’enfin j’écris, ce qui est terrible, quand on y songe. […] songez y !
Et, ― au fond de son ennui, il songe au plaisir simple d’être d’accord, de rire avec naïveté, de sourire d’un air discret, de s’émouvoir aux longues commotions. […] Il y a des moments où don Juan rêve de mariage ; il y a des moments où le dilettante songe à s’enfermer dans la prison d’une idée forte. […] Mauclair regarde et songe. […] Cela diffère donc du symbole, car le symbole monte de la vie à l’abstraction et l’emblème descend de l’abstraction à la vie… (En réfléchissant sur cette question, je songe que la littérature de M. […] Et je songe qu’ainsi (méditations mornes !)
Sainte-Beuve se désolait et songeait à se tracer un nouveau plan de vie et de travail. […] soupira Lisbette, le songe était donc véridique. […] Le père d’Hortense songeait à la marier lorsqu’il mourut. […] Je songe, par exemple, à Boccace et à notre La Fontaine. […] — Elle me paraît assez mal placée là, puisqu’elle interrompt la figure régulière de la place, — songe De Brosses.
Sa grande ligne est tant qu’il peut romaine, puis byzantine ; mais il y a un moment où, à force de la prolonger, il la perd : qu’on veuille songer que cette Histoire qui se rattache à Auguste et qui commence à Trajan, ne se termine qu’au xive siècle, à la parodie tribunitienne et à la réminiscence classique de Rienzi. […] Un homme qui s’exprime comme il vient de le faire n’est point versatile ; il est né ministériel, et, s’il se trouve un moment jeté dans l’opposition, ce n’est qu’à son corps défendant, Cette place de lord du Conseil de commerce à laquelle Gibbon aspirait, il l’obtint et la conserva trois ans (1779-1782) avec un traitement annuel de sept cent cinquante livres sterling ; mais le Conseil de commerce ayant été supprimé, Gibbon, qui se trouvait gêné dans ses revenus, songea à sortir de la vie publique pour laquelle il était si peu fait, à recouvrer son indépendance, et à se retirer en Suisse pour y achever son Histoire. […] Faut-il croire que, durant ces années, Gibbon ne se contentait pas d’être amoureux de Fanny Lausanne, et qu’il ait songé encore à adresser ses hommages à quelque objet plus réel ? […] Chaque place, chaque allée, chaque banc lui rappelaient les douces heures passées dans l’entretien de celui qui n’était plus : « Depuis que j’ai perdu ce pauvre Deyverdun, s’écriait-il, je suisseul, et, même dans le paradis, la solitude est pénible à une âme faite pour la société. » Vers ce temps, il songea assez sérieusement ou au mariage, ou du moins à adopter quelqu’une de ses jeunes parentes, une jeune Charlotte Porten (sa cousine germaine, je crois) : « Combien je m’estimerais heureux, écrivait-il à la mère de cette jeune personne, si j’avais une fille de son âge et de son caractère, qui serait avant peu de temps en état de gouverner ma maison, et d’être ma compagne et ma consolation au déclin de ma vie !