Le 13 mars 1861, c’est dans la salle que les sifflets ont éclaté, et que « l’élite de la société parisienne » s’est exercée à imiter des cris d’animaux.
Ainsi fourvoyée au milieu des guivres et des licornes habillées du blason, respirant un air chargé de vieillesse et d’antiquité, cernée par les yeux scrutateurs et les commérages austères d’une petite société à demi claustrale, j’aurais compris que cette fille du quartier Bréda sentît son sang de lorette bouillir dans ses veines, que le ranz de Mabille et de Musard l’eût plongée dans des rêveries mortelles, et que du giron moisi de cette famille antique et gothique elle eût désespérément regretté le petit tralala vulgaire et vicieux de sa vie passée.
La dure tyrannie lui parut créer à l’artiste des loisirs meilleurs que la condescendance des sociétés républicaines.
Ils ont apporté leurs inquiétudes, leurs perversions douloureuses dans la critique, dans l’étude de la société contemporaine.
Mais la foi religieuse, la hiérarchie, l’unité de la société chrétienne, la prépondérance de la Papauté, le principe même du pouvoir sur la terre, toutes ces choses immenses alors et attaquées pour la première fois, que peut être ceci pour un esprit de ce moment du siècle, qui écrit après la Révolution française et qui l’a à son coude toujours ?
Il n’en comprend et n’en reproduit que les bons chevaliers ou les tyrans, les pères, les enfants, les vieillards, des vieillards qui se ressemblent tous comme se ressemblent des armures, un même type (Onfroy, Eviradnus, Fabrice), mais le cerf, mais le prêtre, mais le moine, mais le saint, mais le grand évêque oublié par Walter Scott lui-même, mais enfin tout le personnel de cette société si savamment hiérarchisée, il le néglige, car il faudrait chanter ce que ses opinions actuelles lui défendent de chanter, sinon pour le maudire, et c’est ainsi que pour les motifs les moins littéraires il manque la hauteur dont il a dans l’aile la puissance, parce qu’il n’est jamais en accord parfait de sujet avec son génie !
Le premier pourrait, à la rigueur, se traduire d’une langue dans une autre, quitte à perdre la plus grande partie de son relief en passant dans une société nouvelle, autre par ses mœurs, par sa littérature, et surtout par ses associations d’idées.
La société moderne, qui veut toutes les libertés, ne peut laisser se perdre dans les âmes le sentiment de celle qui les porte toutes dans son sein, le sentiment de la liberté morale, principe du devoir et du droit.
La société se laisse décimer avec l’obéissance passive d’une armée. […] Le Christianisme, encore latent, minait la société qu’il devait plus tard reconstruire. […] Il dut conduire un siècle dont il n’était pas, soutenir une décadence imminente, remédier à des maux qu’il savait incurables, se dévouer à une société qu’il méprisait et qu’il condamnait.
Certes, le Théâtre du xviie siècle est né de la Renaissance, mais il vit de la vie de toute la société contemporaine, et aussi, par le-génie de ceux qui le créèrent, — car toujours le génie déborde le temps, — de l’universalité de la vie humaine. […] Chatterton, c’est la magnifique revendication des droits du poète dans la société. […] Ne nous attardons pas non plus à remarquer que, si la société moderne s’y accordait, la thèse dramatisée par Alfred de Vigny aboutirait peut-être au poète courtisan, au poète parasite ; et même, en mettant les choses au mieux, sans rappeler la tristesse du génie pensionné, il n’en résulterait guère, dans la pratique, que des prix de Rome pour la poésie comme il y en a pour la musique et la peinture. […] Poète, Auguste Vacquerie a tenté les grands problèmes de la société, du progrès, de la vie et de la mort ; en même temps, non sans quelque affectation de rudesse, de stricte volonté dans l’expression, il laissait voir une âme tendre, rêveuse, chimérique parfois ; chimère de qui les ailes un peu lourdes sont déjà la stabilité de la réalisation. […] Oui, je le dis, la société qui a laissé vivre dans la famine et mourir dans la tristesse le si doux Paul Verlaine, faillible hélas !
VII Quintus Turbidus, et tous ces Dantes et Shakespeares manqués, ne sont nullement propres au commerce aimable de la vie, à la société douce et habituelle et fine, qui demande des esprits proportionnés : Dante, j’imagine, et à coup sûr Shakespeare y étaient propres ; Pétrarque et Goldsmith et André Chénier, et Catulle en son temps, y étaient propres. […] … » Mais quand l’idée nouvelle qui s’empare de la société s’est établie, s’est répandue et presque universalisée, il arrive qu’un matin l’immense majorité s’impatiente de voir encore debout ce qui ne vit plus à ses yeux, et alors, sans trop s’inquiéter du motif, sans prendre même la peine de colorer le prétexte, elle fait quelque querelle d’Allemand à ce reste de vieille opinion insolente, et quelquefois innocente, qui l’offusque et qui la gêne.
, l’art, c’est la photographie. » A partir de ce moment, la société immonde se rua, comme un seul Narcisse, pour contempler sa triviale image sur le métal. […] Je venais de considérer avec tristesse tout un chaos, plâtreux et terreux, d’horreur et de vulgarité, et, quand je m’approchai de cette riche et lumineuse peinture, je sentis mes entrailles crier : Enfin, nous voici dans la belle société !
Baragnon est tout à fait remarquable : Dieu, qui régit monarchiquement l’Univers, qui disposa notre corps sous la domination d’un chef, qui à la tête de la première société humaine plaça le père comme un roi, et à la tête de l’Église un infaillible monarque, a voulu nous signifier par cette politique suprême que la perfection du gouvernement réside dans la monarchie et qu’une nation peut être dite raisonnable, juste et prospère, à proportion qu’elle se règle sur cet idéal. […] Toutes deux, excessives, avaient dégénéré par l’emportement de leur propre force ; l’une avait exalté l’indépendance jusqu’à la révolte ; l’autre avait égaré la pitié jusqu’à l’enthousiasme ; la première rendait l’homme impropre à la vie civile, la seconde activait l’homme de la vie naturelle ; l’une, instituant le désordre, dissolvait la société ; l’autre, intronisant la déraison, pervertissait l’intelligence. […] On regardera de près « ces vertus héroïques que l’on ne connaissait que sur la bonne foi des éloges publics, et on n’y trouvera que les droits les plus sacrés de la nature et de la société FOULÉS AUX PIEDS.
Lamartine remarqua sa chevelure flottante, ses yeux « rêveurs plutôt qu’éclatants », son « silence modeste et habituel au milieu du tumulte confus d’une société jaseuse de femmes et de poètes », et ne s’en occupa point davantage ; il devait mettre trente ans à remarquer autre chose. […] Mais il y a des gens qui vont sérieusement s’imaginer que c’était là le suprême bon ton du monde le plus délicat de la société qui a disparu : tandis qu’un tel monde n’a jamais existé autre part que dans les fumées de la fantaisie du poète revenant de la tabagie. […] Musset a beaucoup trop vécu de la vie de salon et dans la société des femmes.
ici l’on va plus sûrement ; si l’on a le don d’observation et la faculté dont j’ai parlé, on va loin, on pénètre ; et si à ce premier don d’observer se joint un talent pour le moins égal d’exprimer et de peindre, on fait des tableaux, des tableaux vivants et par conséquent vrais, qui donnent la sensation, l’illusion de la chose même, qui remettent en présence d’une nature humaine et d’une société en action qu’on croyait évanouie.
Cela est si vrai que chaque cellule agit comme un animal élémentaire, faisant partie d’une société ou colonie de cellules.
Pour avoir une idée de l’élévation, de la sainteté des sentiments qui animaient cette société conjugale des Indes primitives, il faudrait lire en entier cette admirable apostrophe de l’épouse à l’époux : « Il ne faut pas te lamenter ainsi, lui dit-elle, comme un homme de caste vulgaire.
La société, à ses yeux, n’a plus été qu’un livre en partie double, se balançant par profits et pertes à la fin d’une éternelle association de fabrique liquidée par l’éternité.