Il y a apparence que si elles eussent été connues avant les deux volumes qu’on a faits pour enseigner la maniere de se servir de cette baguette, elles auroient épargné au Public un ridicule Ouvrage, & à certains Lecteurs le ridicule d’y ajouter foi.
Nos meilleurs Grammairiens ont parlé avec éloge de ses Ouvrages, qui concernent tous notre Langue, si on en excepte des Mémoires pour servir à l’Histoire de la Province d’Artois.
Après tout, ils n’en sont pas moins comparables à ces armes antiques, qui, pour être lourdes & grossieres, sont cependant célebres par les victoires qu’elles ont facilitées, & qui, refondues à la moderne, seroient encore utiles aux combattans qui sauroient s’en servir.
Le pouce de Loutherbourg y manque ; je veux dire cette manière de faire longue, pénible, forte et hardie qui consiste à placer des épaisseurs de couleurs sur d’autres qui semblent percer à travers, et qui leur servaient comme de réserves.
Rentré dans le palais, l’empereur y trouve une table somptueusement servie ; il mange, il boit, il s’enivre (Id. ibid. […] Xénophon, sous prétexte de faciliter le vomissement, se sert d’une plume enduite d’un poison plus violent, et Claude expire. […] Sénèque garde une place dangereuse et pénible, où il peut encore servir le prince et la patrie, et on ne lui pardonne pas ! […] Les grands exemples dont je me servirai ne seront pas de mon rang, mais du vôtre. […] et ces méditations assidues sur les périls imminents de la vie, à quoi donc servent-elles ?
D’Ancona constate qu’elles n’ont pu servir de modèle à Dante. […] Quand tu faisais oraison dans l’ombre de la nuit, je me réjouissais et je te disais : ‘Sers et tu seras servi. […] Elle savait le français et leur servirait de truchement. […] Elle a même pu s’aveugler jusqu’à croire qu’elle en servait les intérêts. […] La haute Université la servit par sa dévotion à la science allemande.
Cette forte éducation poétique va lui servir jusque dans ses heures de facilité. […] Par malheur, il ne s’arrête pas à temps, et, au lieu de clore le sonnet sur cet excellent tercet, il continue, il compare encore ses vers à la lance d’Achille, qui blesse et guérit tour à tour, au scorpion, qui sert de remède à son propre venin : en cela il est de son siècle ; le goût n’était pas venu. […] Il était aux premières loges pour décrire un conclave ; il ne s’en fait faute, et l’on a en quatorze vers la réalité mouvante du spectacle, la brigue à huis clos, les bruits du dehors, les fausses nouvelles, les paris engagés pour et contre : Il fait bon voir, Pascal, un conclave serré, Et l’une chambre à l’autre également voisine D’antichambre servir, de salle et de cuisine, En un petit recoin de dix pieds en carré ; Il fait bon voir autour le palais emmuré, Et briguer là dedans cette troupe divine, L’un par ambition, l’autre par bonne mine, Et par dépit de l’un être l’autre adoré ; Il fait bon voir dehors toute la ville en armes, Crier : Le Pape est fait ! […] Bien que de loin, de très loin, et pour la postérité dernière, il ne subsiste que les grandes œuvres et les grands noms auxquels le temps va ajoutant sans cesse ce qu’il retire de plus en plus aux autres, c’est plaisir et devoir pour le critique et l’historien littéraire de rendre justice de près à ces talents réels et distingués, interceptés trop tôt, dans quelque ordre que ce soit, les Vauvenargues, les André Chénier, les Joachim Du Bellay, à ces esprits de plus de générosité que de fortune, qui ont eu à leur jour leur part d’originalité, et qui ont servi dans une noble mesure le progrès de la pensée ou de l’art117.
III Mais comme il faut cependant se servir de la langue reçue, il y a une autre chose qu’on nomme très mal à propos liberté. […] L’instinct dit à ce groupe humain à peine formé : « Réunis-toi à d’autres groupes pareils pour te protéger contre les éléments comme corps, contre les agressions et les injustices des hommes iniques et forts, comme être moral et libre. » De là l’association fondée alors sur la réciprocité des services : tu me sers, je te sers ; tu me défends, je te défends ; tes ennemis sont mes ennemis ; tes amis sont mes amis. […] Rousseau, flottant à cette époque entre le christianisme réformé, le catholicisme adopté, puis répudié, le calvinisme de son enfance professé de nouveau, l’illuminisme germanique effleuré, et le scepticisme philosophique si voisin de l’athéisme, longtemps fréquenté à Paris dans l’intimité de Diderot, de d’Holbach, de Grimm, pouvait fort bien se réfugier, pour son repos, dans cet éclectisme chrétien de mademoiselle Huber qui donnait satisfaction aux diverses aspirations de sa nature, et qui lui servait de thème pour cet hymne magnifique de Platon des Alpes connu sous le nom de profession de foi du Vicaire savoyard.
Mais si les occasions où elle ne sert à rien sont la condition de son utilité en d’autres circonstances ? […] En général son auteur connaît cette contradiction, même il s’y complaît, il en apprécie la saveur et la portée, et il s’en sert pour quelque fin esthétique ou pratique. […] Tout objet dont je me sers représente les peines, les privations d’autrui ; l’argent dont je l’ai acquis représente les miennes propres ou celles de quelque autre encore, et tant que je le possède, je prive les autres d’une utilité que tous ne possèdent sans doute pas. […] Il tâchera de les comprendre, de les dépasser et de s’en servir.
L’invention mélodique dans Lohengrin est, en grande partie, celle de la mélodie absolue (III, 311 ; IV, 212), se rapprochant de la mélodie italienne et contraire au principe du motif musical dramatique ; ces formes peuvent se produire comme épisodes, — tels le chant d’amour de Siegmund, les adieux de Wotan, — elles ne sauraient servir de charpente à une construction symphonique, Wagner l’a démontré. […] C’est aussi l’acte le moins apprécié et qui sur les meilleurs théâtres n’est servi qu’en lambeaux. […] Au temps de Palestrina la basse constitue le chant ; c’est au registre le plus grave qu’est confié l’intérêt principal, le mouvement de direction ; dans les célèbres motets du Maître, écrits le plus souvent pour cinq voix, quatre parties servent d’accompagnement à la cinquième, qui est… la basse. […] Faite pour me servir, Contre moi ton cœur se mutine !
Mais, si l’on me demande de démontrer une proposition relative au triangle rectangle que je rougirais de ne pas savoir, j’ai un intérêt à rattacher à l’idée de ce triangle les idées qui servent à la démonstration demandée. […] Aujourd’hui, avec les facilités de toutes sortes que nous donne l’imprimerie, le génie choisit lui-même son milieu, se confirme par ses études de prédilection ; tout cela ne le forme pas, mais peut servir plutôt à le constater. […] L’histoire de la littérature ressemble à l’histoire des découvertes scientifiques ; elle est aussi intéressante, mais toutes deux ne servent, encore une fois, qu’à mieux dégager cette inconnue, le génie, et il est aussi impossible d’expliquer entièrement une œuvre originale qu’une grande découverte ; on ne se rendra jamais beaucoup mieux compte du génie d’un Shakespeare ou d’un Balzac que de celui d’un Descartes ou d’un Newton, et il y aura toujours, entre les antécédents psychologiques à nous connus d’Hamlet ou de Balthazar Claetz et ces types eux-mêmes, un hiatus plus grand encore qu’entre les antécédents du système des tourbillons ou de la théorie de l’attraction et ces théories elles-mêmes. […] Hennequin : « Une œuvre n’aura d’effet esthétique que sur les personnes qui se trouvent posséder une organisation mentale analogue et inférieure à celle qui a servi à créer l’œuvre, et qui peut en être déduite. » Personne, par exemple, n’admet une si cette description description ne lui paraît pas correspondre à la vérité, mais cette vérité est variable, elle est une idée ; elle ne résulte pas de l’expérience exacte, mais de la conception froide ou passionnée, vraie ou illusoire, que l’on se fait des choses et des gens34.
Après l’Amour, l’opinion, qui avait le palais en feu de la cuisine poivrée de physiologie et d’amour conjugal que lui avait servie Michelet, s’attendait sans doute, puisqu’on devait continuer dans cet ordre de sensations, à quelque chose de plus pimenté et de plus mordant que ce karrick dont elle s’était régalée, et elle a été trompée dans son attente. […] Si Michelet avait eu un califourchon moins funeste, s’il avait ajouté un scandale au premier, si, dans ce livre, écrit pour les femmes, il était descendu un peu plus avant en ces détails physiquement immondes, qu’il a une fois traversés, pour nous montrer où, selon sa science, gît l’amour, nous n’eussions pas ajouté au scandale en nous révoltant contre son éclat et nous nous serions tu, ne sachant pas d’ailleurs de quelle langue nous servir pour répéter honnêtement les choses que Michelet nous dit hardiment de sa jeune et innocente bouche scientifique, faite d’un bronze récemment coulé. […] Seulement, le Christianisme peut bien rire, s’il veut, dans sa vieille barbe de pape, du balai de Michelet et de sa manière de s’en servir. […] … Seulement, ceux qui l’ont publié, ce malheureux Cours, ne se sont donc pas servis des leurs pour se convaincre de ceci : c’est qu’un ennemi de Michelet n’aurait pas mieux fait qu’eux contre sa mémoire en ressuscitant ce Cours inconsistant, utopique et niais, quoique très éloquent, — car l’éloquence n’est qu’une servante de l’esprit, toujours prête à tout faire, — et en ne voyant pas que Michelet en reste sur place, comme prévision politique, absolument déshonoré !
Ces auteurs se servent très habilement de ce héros classique. […] Les silences qu’elle met entre les idées sont précisément remplis par les pensées secondaires qui servent de lien et qu’il faut deviner. […] Brunetière, ont cet inconvénient qu’il n’y a rien de si difficile que de résister à la tentation de s’en servir. » Je réponds que cela dépend, et que s’il est un usage dangereux des notes, il en est un autre fort légitime et utile. […] Mais n’aperçoit-on pas qu’elles pouvaient servir d’indication, et comment le rôle des cahiers et des carnets ne consiste pas simplement à rappeler des termes, des détails, des fragments d’histoire que la mémoire aurait pu perdre, mais surtout à renseigner l’écrivain sur la manière de traiter l’œuvre, sur ce qu’on nomme en peinture les valeurs ?
Remarquez-vous le peu qui est accordé au portrait physique, et combien les expressions mêmes qui servent à peindre sont peu précises, empruntées au vocabulaire des idées, des sentiments et des comparaisons littéraires ? […] L’auteur ne cesse « d’être en correspondance avec tout ce qui l’entoure, de servir de miroir aux choses extérieures, volontairement, et sans leur être assujetti2 ». […] Elle pourrait servir aux désespérés qui n’aperçoivent qu’eux-mêmes dans la vie. […] Les mots de la langue usuelle le servaient mal.
C’est alors que périt l’orateur athénien Démade, comme un instrument de liberté, moins noble et moins pur, qu’on brise et qu’on jette en morceaux, après s’en être servi, pour la calomnier elle-même. […] L’idée de la justice absolue dans le pouvoir était rappelée à cette cour détestable, où le vice préludait au crime, où des enfants pervers avaient hâte de régner, et où, pendant deux siècles, l’inceste et le parricide servaient d’accompagnement à l’hérédité royale. […] Mêlés par le commerce, le partage de la milice, le service public des princes, à toute la vie du peuple conquérant, ils adoptèrent des idées, des systèmes de philosophie qu’ils exposèrent à leur tour dans la langue nouvelle dont ils se servaient pour l’exercice même de leur culte : ainsi, beaucoup de leurs croyances durent se répandre autour d’eux et se communiquer au dehors. […] Ce merveilleux retour sur le passé, ces affinités de l’hellénisme, il son avant-dernier âge, avec la grande poésie de l’Orient, avaient frappé Bossuet, et lui font nommer Théocrite un poëte dont la douceur naïve sert à mieux comprendre l’antiquité plus sublime de la Bible.
Ne l’oublions pas, toutefois : si l’Italie elle-même avait alors porté ses pensées plus haut, Pétrarque était digne de lui servir d’interprète. […] Il aima son pays ; il le servit de ses efforts, pour la concorde au dedans et contre l’étranger. […] Pétrarque servit noblement à cette œuvre d’élégance ingénieuse, bien plus que de grandeur virile et de force véritable. […] telle encore toi à qui la sagesse de tes lois n’a pas servi, toi le monument de Minerve, savante Athènes, hier le modèle envié des siècles, aujourd’hui cendre et a vaste solitude !
Il est entre Dieu et le monde, et sert l’un au profit de l’autre. […] Nos Rois et nos Princes eurent les leurs, qui servent à les préciser dans nos mémoires. […] On sert les fraises. […] Il servit la cause de tous sans s’asservir à aucune ambition personnelle. […] Hugo, par exemple, et Leconte de Lisle, pour ne nommer qu’eux, s’en servirent.
Castellan se servit, sous Henri II, du crédit que lui donnoit sa place de Grand-Aumônier, pour assurer des fonds qui fournissent à la subsistance des Filles-Repenties, qui, avant ce temps, alloient mendier le jour, & ne revenoient que le soir dans leur retraite ; genre de vie qui pouvoit les exposer à de nouveaux repentirs.