III Aussi devait-il finir par écrire des romans où il serait lui-même en scène et qui seraient son histoire autant que celle des autres : des coins de réalité illustrés et commentés par son expérience ingénieuse. […] Les histoires de grandes personnes, incomprises, incomplètement vues, comme des séries de scènes singulières qui ne se relient point entre elles, prennent des airs et des proportions de rêves.
En outre, ce ne doit pas être un mince plaisir, et c’est tout au moins une raison de vivre, que de savoir que l’on continue une race célèbre, de retrouver son nom mêlé partout à l’histoire, de reconnaître des aïeux dans les conducteurs de peuples et parmi les premiers acteurs qui ont joué publiquement leur rôle sur la scène du monde. […] Dans ce récit fort bien fait, très clair, malgré la multiplicité des détails, emporté d’un beau mouvement et comme traversé d’un souffle de joie héroïque, le duc d’Anguien est toujours en scène, toujours au premier plan ; c’est lui qui fait tout, et tout tourne autour de lui.
Il y a là une mise en scène, des machines, du merveilleux même, et, pour ajouter au scandale, du merveilleux chrétien : Un de ces esprits que le souverain Être Plaça près de son trône et fit pour le connaître37 . […] Il en a bien pris à Voltaire de quitter ces airs de prédicateur et cette mise en scène dans ses Satires et ses Épîtres.
Madame de Maintenon, témoin de la scène qui se passa entre eux, en parle ainsi à madame de Saint-Géran dans une lettre du 4 mai : « Le roi eut hier une conversation fort vive avec madame de Montespan. […] Je crains qu’il n’y revienne par pitié. » Après cette scène, madame de Montespan se retira à Clagny.
Il en faisait une petite pièce, une parade en action, s’agitant, se démenant, dialoguant chaque scène avec la gentillesse la plus naïve, faisant accepter les libertés et les indécences, même de Mme Necker, même de Mme Geoffrin. […] Les anciens avaient les mimes (petites scènes) de Sophron, et on les a perdus ; nous avons perdu les mimes de l’abbé Galiani.
N’ayant étudié ensemble ni en théologie ni en politique, nous avons donné en Suisse des scènes à mourir de rire, cependant, sans nous brouiller jamais. Ces scènes à mourir de rire qui s’étaient passées entre Mme de Staël et lui, M. de Maistre les appelait, aussi ses Soirées helvétiques, et il est dommage qu’il n’en soit rien resté.
vous serez premier médecin du roi. » C’est Pariset qui donne ainsi l’anecdote dans son Éloge de Portal ; d’autres ont mis cette scène sur le coche d’Auxerre. […] En vain l’abbé Maury chercha-t-il à se faire interrompre, s’interrompit-il lui-même, se plaignit-il qu’on ne voulait pas l’entendre ; en vain, abandonnant et reprenant le sujet principal de son discours, se perdit-il dans les digressions les plus étrangères, interpella-t-il personnellement Mirabeau et lui jeta-t-il vingt fois le gant de la parole ; au moindre mouvement d’impatience qui s’élevait dans l’Assemblée : « Attendez, monsieur l’abbé, disait Alexandre Lameth avec un sang-froid désespérant, je vous ai promis la parole, je vous la maintiendrai. » Et, se tournant vers les interrupteurs : « Messieurs, écoutez M. l’abbé Maury : il a la parole ; je ne souffrirai pas qu’on l’interrompe. » Ayant ainsi expliqué au long tout ce jeu de scène et de coulisse, Ferrières termine en disant : « Après deux grandes heures de divagations, tantôt éloquentes, tantôt ennuyeuses, l’abbé Maury descendit de la tribune, furieux de ce qu’on ne l’en avait pas chassé, et si hors de lui, qu’il ne songea pas même à prendre de conclusions. » Or, quand on lit dans les Œuvres de l’abbé Maury, ou même dans l’Histoire parlementaire de MM.
Lui-même ou les personnages qu’il met en scène parlent volontiers de nature ; ils ont volontiers les yeux humides (« moi qui pleure facilement », dit-il), ils se jettent avec effusion dans les bras les uns des autres, ils arrosent leurs embrassements de larmes. Marmontel aime assez ce genre de locutions dramatiques, même quand il ne fait que raconter des scènes de la réalité.
Ses amis pourtant commençaient à s’alarmer du rôle imprévu qui pouvait lui échoir dans ce brusque changement de scène. […] On sait comment il y fut reçu, les scènes qui l’y accueillirent dans la soirée du 30, cet accès de colère qu’il eut à essuyer de la part de M. le Dauphin, et dont ce prince lui a demandé ensuite pardon comme chrétien et comme homme.
» Que de fois ces mots nous ont rappelé la scène touchante où Paul et Virginie, assis près de la source de la rivière des Lataniers, s’entretiennent pour la dernière fois, et où le vieillard, à la vue de la Croix du Sud, les avertit qu’il est temps de se séparer ! […] C’était Bernardin qui avait écrit : « La nature offre des rapports si ingénieux, des intentions si bienveillantes, des scènes muettes si expressives et si peu aperçues, que qui pourrait en présenter un faible tableau à l’homme le plus inattentif le ferait s’écrier : Il y a quelqu’un ici !
On entrevoit ainsi dans son voyage quelque trace de ce qu’il fit personnellement ; mais, au rebours de ses devanciers et de ses successeurs qui aiment à se mettre en scène, Volney a pris, pour exposer ce qu’il a vu, une méthode d’auteur plutôt que de voyageur. […] Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef.
Maintenant que j’ai fait ma mise en scène, je pourrais — comme tant d’autres — jetant le harpon dans cette foule, en retirer au hasard cinquante types plus ou moins grotesques. […] j’ai failli prendre la queue, à la suite de ces honorables littérateurs qui ne peuvent faire une mise en scène ou une description de deux lignes sans se rappeler et rappeler immédiatement un tableau de Rembrandt ou de Miéris, — Qu’ils n’ont, la plupart du temps, jamais vu.
Cet art est analogue à la danse, mais infiniment supérieur par l’ampleur de la scène et son extraordinaire dynamisme dans les trois dimensions de l’espace. […] L’avant-garde littéraire au Grand-Duché de Luxembourg entre 1917 et 1919 », Regards/mises en scène dans le surréalisme et les avant-gardes, textes réunis par Claude Bommertz et Jacqueline Chénieux-Gendron avec la collaboration de Myriam Blœdé, Leuven, Peeters, coll. « Pleine Marge », 2002, p. 23-44, où l’on trouvera le texte du manifeste de Pol Michels et d’Augustus Van Werveke paru en 1917 dans La Voix des jeunes : « Nous !
Un jour le désir le prend de connaître la vérité sur Lourdes, et il part, non sans quelque vague et lâche espoir d’y retrouver sa foi perdue, « la foi du petit enfant qui aime et ne discute pas. » Les spectacles auxquels il assiste, la mise en scène organisée par les « Pères de la grotte » en industriels soucieux d’une fructueuse exploitation de leur entreprise, lui font, dès le premier jour, perdre cette naïve espérance. […] Il me semble toutefois que cette extrême abondance, cette multiplicité de tableaux, de scènes, d’actes et de personnages, ne va pas sans nuire au personnage central des Trois Villes.
Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains.
La scène change ; un autre souvenir se retrace ; il est moins sublime, mais peut-être il risque moins de s’effacer.
Toutes les grâces forcées, toutes les prétentions vaines, sont d’inépuisables sources de plaisanteries et de scènes comiques.
Balzac ne put terminer ses Scènes de la vie militaire ; chaque jour, il en donnait des fragments dans ses épreuves.