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401. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

. — La République ou le Livre de Sang (1836-1837). — Les Assassins (1837). — Océanides et Fantaisies (1839). — Crâneries et Dette de cœur (1842). — Colères, poésies (1844). — Sonnets sur le Salon (1851). — L’Enfer, poème catholique (1853). — Les Russes (1854). — Colifichets et Jeux de rimes (1860).

402. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

On étoit alors si peu accoutumé à voir tourner en ridicule les objets les plus graves, à trouver dans les Livres des Satires si mordantes & si libres, des entretiens si licencieux & si orduriers, que la hardiesse qui enfanta cette singuliere & extravagante Production, en grossit le mérite aux yeux même de ceux qui l’eussent condamnée avec sévérité, en conservant leur sang froid.

403. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 210-213

Tous les honnêtes gens qui se sont récriés contre l'abus qu'il fait de son crédit, en réfutant si brusquement son Censeur, ne savoient pas assez peut-être qu'un homme dont le sang est plus bouillant que le génie, est sujet à confondre les moyens de défense.

404. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Parocel » pp. 255-256

Ce n’est point ce Christ de l’évangile, accablé, agonisant, trempé d’une sueur de sang, repoussant le calice amer.

405. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Elle s’échauffait aux cris des soldats et des chefs, au cliquetis des épées, à la vue du sang, à l’héroïsme stoïque des blessés, à l’insultante joie des vainqueurs. […] Est-ce parce que le héros de cette tragédie tue son excellente femme, par un point d’honneur qui consiste à vouloir épouser une princesse du sang royal, dont il n’est pas amoureux, afin de devenir le gendre du roi ? […] Don Gutierre mande secrètement un chirurgien, et lui ordonne de saigner dona Mencia « jusqu’à ce que tout son sang soit sorti, et qu’elle meure ». […] Un jour, le duc de La Feuillade rencontrant Molière dans les galeries de Versailles, courut à lui comme pour l’embrasser, et lui prenant la tête entre ses mains, il lui frotta le visage contre les boutons de son habit, tellement qu’il le mit tout en sang. […] Douter que le sang fût immobile dans les veines, douter qu’une goutte d’or potable fût le remède de tous les maux, c’était une pensée presque impie, un crime de lèse-majesté devant les satrapes de l’empire d’Aristote.

406. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Vit-on jamais une absolution plus forte que celle-là, et l’Église, qui craint le sang et la violence, a-t-elle jamais des sacrements qui fassent mourir ?  […] Tout cela s’était fait sans une goutte de sang versée, et par cette même armée naguère révoltée contre le roi. […] Ils firent ce serment après avoir immolé un taureau, un sanglier, un bélier et un loup sur un bouclier, les Grecs trempant leur épée dans le sang, et les barbares leur lance. […] Il ne s’agit que de leur mettre le sang en mouvement, opération que produisent les phrases emphatiques et les lieux communs sublimes. […] Le roi confère gravement, longuement, comme d’une affaire d’État, du rang des bâtards ; et, pour établir ce rang, on invente, par le plus pénétrant effort d’un sublime génie, trois moyens sûrs : Premièrement, M. du Maine aura le bonnet qu’ont les princes du sang et que n’ont pas les pairs ; mais il prêtera le serment que font les pairs et que ne font pas les princes du sang ; et, de plus, il entrera simplement comme les pairs, non comme les princes du sang, qui ont l’honneur de traverser le parquet.

407. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Il représente les Grecs, et Pyrrhus à leur tête, n’épargnant rien, et n’assouvissant qu’avec peine leur soif du sang excitée par la seule attente d’un triomphe complet. […] « Il dit, tout orgueilleux du sang qui l’a fait naître. […] « Naboth teint de son sang la vigne de ses pères. […] La sagesse naturelle lui expliquera-t-elle l’effusion d’un sang divin, et versé pour le salut des races expirées, des races vivantes, et des races à naître ? […] « Fut-ce l’éclat, le sang d’une immortelle mère ?

408. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Mars a nagé, sous nos yeux, dans le sang des peuples. […] « À peine il a parlé, la Discorde inhumaine « Trace en lettres de sang ce décret odieux. […] Il nourrit son enchanteresse barbare du sang des victimes humaines ; il l’abreuve de poisons plus mortels que ceux de la Colchide ; il la ceint de couleuvres. […] respecte au moins l’asile du trépas ; « D’un insensible bois ce sang ne coule pas. […] « Ma patrie est la tienne, et ce sang est le mien.

409. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Puisque c’est l’heure où tous doivent se mettre à l’œuvre,                                Fiers, ardents, Écraser au-dehors le tigre, et la couleuvre                                Au-dedans ; Puisque l’idéal pur, n’ayant pu nous convaincre,                                S’engloutit ; Puisque nul n’est trop grand pour mourir, ni pour vaincre                                Trop petit ; Puisqu’on voit dans les cieux poindre l’aurore noire                                Du plus fort ; Puisque tout devant nous maintenant est la gloire                                Ou la mort ; Puisqu’en ce jour le sang ruisselle, les toits brûlent,                                Jour sacré !

410. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Chardin » pp. 220-221

C’est son sang ; l’aspect même de la chose n’affecterait pas autrement.

411. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Millet Francisque » p. 168

Et cette demoiselle de Sens, qui fait égorger par son garde-chasse un pauvre paysan qui chaumait dans les champs un jour avant la permission elle verra à toute éternité couler sous ses yeux le sang de ce malheureux. — À toute éternité, c’est bien longtemps.

412. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre II. Trois espèces de langues et de caractères » pp. 296-298

Ainsi comme nous l’avons dit plus haut, la phrase héroïque, le sang me bout dans le cœur, fut résumée dans la langue vulgaire par ce mot abstrait et général, je suis en colère.

413. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et les larges seins roses de cette paysanne, courbée aux durs travaux, peut-être sont-ils gonflés du sang des doux martyrs et des tristes apôtres ! […] Je me sens avec ces poètes des liens de parenté : ces liens de parenté intellectuelle, qui, pour être moins doux que ceux du sang, n’en sont pas moins forts, solides et durables. […] Cependant un pur sang flamand alimente le riche organisme de M.  […] Son sang ne circule pas sous la parure riche et fastueuse de sa phrase, il ne bat pas joyeusement dans les artères inanimées de son rythme sans vie. […] Ils penseront avec toute leur chair, avec tout leur sang, avec tous leurs nerfs, et les seules fleurs de rhétorique que ces poètes nous offriront seront les roses renées des précieuses blessures de leur cœur.

414. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si débile, qu’il fut, ainsi qu’une chimère, Abandonné de tous, excepté de sa mère, Et que son cou ployé comme un frêle roseau  Fit faire en même temps sa bière et son berceau. […] Après avoir chanté, j’écoute et je contemple, À l’Empereur tombé dressant dans l’ombre un temple, Aimant la Liberté pour ses fruits, pour ses fleurs, Le Trône pour son droit, le Roi pour ses malheurs ; Fidèle enfin au sang qu’ont versé dans ma veine Mon père vieux soldat, ma mère Vendéenne ! […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli.

415. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Il y avait là un premier droit divin qui n’est pas sans doute tout à fait celui qu’on professait sous Louis XIV, qui n’a pas été transmis à la monarchie de saint Louis sans interruption, que la féodalité a coupé à plus d’un endroit, et qui a dû se retremper, dans l’intervalle, à l’onction romaine ; mais enfin c’était un droit divin très-profond, très-vénéré, qui impliquait l’hérédité, sinon par ordre de primogéniture, du moins par égal partage entre tous les fils ; qui constituait la qualité de prince du sang comme quelque chose de très à part et d’inamissible ; qui excluait toute aristocratie dominante et proportionnait le rang des chefs au degré dans lequel ils approchaient le roi. […] Autrefois (selon la théorie que j’expose) il n’y avait pas d’élection de la part des leudes, il n’y avait qu’acclamation, reconnaissance, adhésion, une pure cérémonie : ici le choix formel se déclare et crée le droit qui ne découle plus du sang. […] Cependant, si les vices qui ont déshonoré la Grèce s’y retrouvent dans toute leur laideur, ils ne s’y montrent plus dans leur audace ; ils ne sont plus attribués qu’à des êtres difformes ou ridicules, placés par l’esprit, le cœur et le sang, au dernier degré de l’échelle sociale.

416. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

La vue du malheureux qui allait disparaître lui rend des forces ; un instant après il le dépose sur le quai, dont il rougit les dalles de son propre sang. […] Messieurs ; vous n’avez pas voulu séparer deux personnes si intimement unies par le sang et par le cœur. […] Oui, Messieurs, chez nous la vertu surabonde ; elle est dans nos instincts, dans notre sang.

417. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

« Mme de Staël s’est trompée deux fois, disait Bettina, la première dans son attente, la seconde dans son jugement. » Cependant cette jeune fille si vive, ce lutin mobile qui a en lui je ne sais quoi de l’esprit éthéré de Mab ou de Titania, a aussi, comme Mignon de Wilhelm Meister, du sang italien dans les veines. […] Dans le sang répandu des héros tyroliens, il n’a vu encore qu’un parfum de poésie : « Tu as raison, écrivait-il à Bettina, de dire que le sang des héros répandu sur la terre renaît dans chaque fleur. » Encore un coup, l’héroïsme n’est pas le côté supérieur de Goethe.

418. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Là-dessus, Bonneval, qui en voulait au marquis de Prié, comme à un homme de peu et créature du prince Eugène, s’enflamme (22 août 1724) et prend fait et cause pour la vertu de cette petite reine Élisabeth de Valois, à laquelle, disait-il, il avait l’honneur d’appartenir et d’être apparenté : « Le comte de Bonneval a l’honneur d’être allié au sang royal de France par les maisons de Foix et d’Albret. » — « Comme j’ai l’honneur, disait-il encore, d’appartenir à la maison de Bourbon par des filles de souverains qui sont entrées dans la mienne, je ne pouvais, sans être déshonoré, souffrir un pareil attentat contre une princesse de France. » Pour satisfaire à ce singulier devoir, il écrit un billet contenant un démenti outrageant pour les de Prié, et des copies s’en répandent dans tout Bruxelles. […] Selon lui, la question de subordination ici n’est que secondaire : le point capital, c’est l’honneur de la reine d’Espagne issue du sang de France ; et c’est à cette princesse que toute réparation est due. […] Il s’était finalement retranché dans une philosophie épicurienne à laquelle son tempérament le portait assez, et qui était celle de Rabelais et du Temple : « Dans toutes les persécutions qu’on m’a faites, je n’ai perdu ni mon bon appétit, ni ma bonne humeur : heureux sont ceux qui ont leur philosophie dans le sang ! 

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