Plaute avait l’âme romaine. […] On peut blâmer cet énorme contresens littéraire de Plaute ; mais à quoi bon, quand, pour le comprendre, on n’a qu’à jeter les yeux sur les légions toujours en campagne, sur le temple de Janus toujours ou vert, sur ce roi d’Asie prosterné, adorant, la face contre terre, la majesté du sénat et du peuple romain, sur cette profession d’impuissance brutale pour les arts, affichée par Virgile dans les vers les plus ironiques qu’ait jamais inspirés l’orgueil : D’autres, sous leurs ciseaux, d’une main plus légère, Donnent une âme au marbre, amollissent la pierre : J’en conviens. […] Si Quintilien avait vécu du temps de Plaute, Sosie eût peut-être conservé le ton de son rôle ; mais en ce cas, la critique philosophique n’aurait tout simplement qu’à changer son explication ; au lieu d’expliquer le discours guerrier de Sosie par les grands faits généraux de l’histoire romaine, elle expliquerait le discours plaisant de Sosie par la biographie de Plaute, et par ses rapports avec Quintilien.
Les Anglais, hommes positifs et pratiques, excellents pour la politique, l’administration, la guerre et l’action, ne sont pas plus propres que les anciens Romains aux abstractions de la dialectique subtile et des systèmes grandioses ; et Cicéron jadis s’excusait aussi, lorsqu’il tentait d’exposer à son auditoire de sénateurs et d’hommes publics les profondes et audacieuses déductions des stoïciens. […] Les mathématiques deviennent, entre les mains des Anglais, un excellent moyen de raillerie, et l’on se rappelle comment le spirituel doyen, comparant par des chiffres la générosité romaine et la générosité anglaise, accablait Marlborough sous une addition. […] Là, l’historien de l’empire romain pensait aux jours où Cicéron plaidait la cause de la Sicile contre Verrès, où, devant un sénat qui retenait encore quelque apparence de liberté, Tacite tonnait contre l’oppresseur de l’Afrique.
À la vérité, l’influence n’en a pas été louable à tous égards ; et, si c’est bien Amyot dont le Plutarque nous a comme imbus de ce vague idéal d’héroïsme à la grecque ou à la romaine qui deviendra celui de notre tragédie classique ; et, deux cent cinquante ans durant, si ce sont bien ses Agésilas et ses Timoléon, ses Coriolan et ses Marius qui défraieront la scène française, ou plutôt qui l’encombreront, sans réussir toujours à la remplir ; — il est permis de le regretter. […] Possevini de quibiisdam scriptis… judicium, 1583]. — Premières études de Bodin. — Il débute par une traduction des Cynégétiques d’Oppien. — Sa Réponse à M. de Malestroit, et les origines de l’économie politique. — Sa Méthode pour la connaissance de l’histoire, et sa querelle avec Cujas. — Comment sa protestation contre l’autorité du droit romain, — est du même ordre que les protestations de ses contemporains contre la souveraineté d’Aristote. […] — Ses tragédies romaines : Porcie, Cornélie, Antigone ; — et qu’elles sont de l’histoire toute crue, mêlée d’intermèdes lyriques et descriptifs [Cf.
Regardez comme la même ligne relie, équilibre la Lettre à Fontanes sur la Campagne Romaine, l’article de Sainte-Beuve : Qu’est-ce qu’un classique ? […] Héritier de la culture latine, il allait prendre contact avec la forme romaine de la beauté. […] Flaubert — il l’a reconnu lui-même — savait parfaitement qu’il n’y avait pas d’aqueduc dans la Carthage punique, que l’aqueduc était une œuvre romaine. […] De la comédie latine, monsieur Paul Adam ; de vos chers Romains : lisez Plaute. […] Daudet, estime en Zola le rhéteur latin, l’homme qui bâtit, comme Cicéron Branquebalme, des aqueducs romains.
De son temps, messieurs, tout concourait à exagérer l’autorité paternelle, tout, les lois, les coutumes, les mœurs, et les traditions du droit romain et de la civilisation romaine, qui ont toujours été très fortes en France ; et, avec le droit romain, ce qui lui était contraire, c’est-à-dire les usages et le droit de la féodalité, qui aggravaient encore l’autorité paternelle ; puis, avec tout cela, certaines maximes et théories reçues qui florissaient dans ce temps. […] Des jurisconsultes des derniers temps de la République romaine ont les premiers introduit dans la jurisprudence, en faveur des femmes et des enfants, des garanties inconnues au législateur trop sévère et trop rude des premiers temps. […] Nous les lisons dans l’histoire, quand ce ne serait que chez le peuple romain. […] Mais quels édits ai-je publiés pour forcer les Romains à croire que je fusse dieu ?
Ne les contredisez pas… Les légions romaines aimaient toutes les religions… Le pillage déshonore les armées et ne profite qu’à un petit nombre… La ville qui est devant tous et où vous serez demain a été bâtie par Alexandre !
Il fut alors le premier à proposer et à mettre à exécution l’idée de distribuer simplement le grain aux troupes, pour être ensuite donné par les soldats mêmes à la mouture et converti en pain : On cria contre mon idée, comme on fait toujours en toute nouveauté ; les vieux commissaires des guerres disaient que c’était parce que je sortais du collège et que j’y avais lu que les Romains donnaient ainsi le blé à leurs légions.
On copie ses contemporains en dépit de soi-même, et les Romains ou les Grecs de Racine sont bien souvent des marquis beaux diseurs et d’agréables comtesses.
(Il en dit ici plus long encore pour et contre l’antique Église et l’Église romaine, et il ajoute en gémissant 81 :) Ô Dieu qui lis dans les cœurs, tu vois les plaies de mon âme, sois mon médecin !
Homme antique, qui au génie d’un Français nouveau unit toutes les qualités des vieux Gaulois, ou mieux peut-être des Romains de vieille roche.
Étienne raille Ballanche, mais sait-il bien, à son tour, ce qu’on se disait alors de lui, ce qu’on se répétait à l’oreille dans ce petit, monde romain de Mme Récamier ?
Elle n’est pas la même, ajoute-t-il, mais elle part du même principe. » Poussin, dans le touchant ou le grave de ses scènes champêtres ou autres, introduisait un principe supérieur dont les Le Nain ne se doutèrent jamais, je veux dire l’idéal antique, le groupe composé avec harmonie et contraste, un type habituel de beauté romaine, un souvenir des jours d’Évandre et de l’Arcardie : la réalité chez lui était commandée par une vue supérieure et une pensée.
Cette restitution ingénieuse, qu’on admirerait si elle s’appliquait à une maison romaine du temps d’Auguste ou de Trajan ou à un intérieur de châtelaine du Moyen-Âge, ne mérite pas moins d’éloge et d’estime, se rapportant au xviie siècle, qui est déjà pour nous une antiquité ; c’est un parfait tableau d’intérieur, digne en son genre de Mazois ou de Viollet-le-Duc ; on me saura gré de le donner ici : « Les époux Poquelin occupaient dans la maison de la rue Saint-Honoré une boutique avec salle à la suite servant de cuisine et probablement de salle à manger, et au-dessus de cette salle une soupente ; entre le rez-de-chaussée et le premier étage se trouvait une sorte d’entre-sol dans lequel étaient la chambre à coucher et un cabinet ; le premier étage était transformé en magasin.
Dans les deux cas, on avait su toucher la fibre du soldat romain ou français à l’endroit sensible et le piquer d’honneur.
Il savait bien, au reste, que c’était chose nouvelle, inusitée et longtemps inouïe dans sa nation, que cette tentative de régularité et cette exacte codification du goût : « En France, disait-il, la nation y est accoutumée, on obéit, on se soumet ; mais nous, braves Bretons24, nous méprisons les lois étrangères, et non conquis, non civilisés, défenseurs hardis et féroces des libertés du talent, nous défions toujours les Romains comme autrefois. » Cela était vrai du moins la veille encore et avant Dryden.
Ses amis en parlaient avec respect : c’était une Romaine, une Cornélie, et si elle avait eu des fils, ils auraient été élevés comme les Gracques.
La Librairie internationale a entrepris de nous donner une collection de tous les grands historiens contemporains étrangers ; on a déjà, en tout ou en partie, ou l’on possédera très-prochainement l’Histoire de la Civilisation en Angleterre par Buckle, l’Histoire du xixe siècle par Gervinus, l’Histoire de Philippe II par Prescott, la Révolution des Pays-Bas au xvie siècle de Motley, l’Histoire romaine de Mommsen une autre traduction que celle qui se publie concurremment en France) ; enfin on va pouvoir lire cette Histoire de la Grèce par M.
Après tout, en parlant ainsi, c’est pour leurs goûts et leurs préférences, c’est pour leur art favori, c’est pour leur maison qu’ils plaident : « Lire les auteurs anciens, quelques centaines de volumes, en tirer des notes sur des cartes, faire un livre sur la façon dont les Romains se chaussaient, ou annoter une inscription — cela s’appelle l’érudition ; on est un savant avec cela ; on est de l’Institut, on est sérieux, on a tout : mais prenez un siècle près du nôtre, un siècle immense ; brassez une mer de documents, trente mille brochures, deux mille journaux, tirez de tout cela non une monographie, mais le tableau d’une société, vous ne serez rien qu’un aimable fureteur, un joli curieux, un gentil indiscret.