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260. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Je prends mélancolie et tristesse ; je songe tout de suite à rire et gaieté, et j’écris : La mélancolie n’est pas plus de la tristesse que le rire n’est de la gaieté. […] A moins que vous ne préfériez des larmes qui disent au revoir et des sourires qui disent adieu, ou des larmes qui rient et des sourires qui pleurent.

261. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

La tragédie ne fait pas rire, parce que les sottises des grands sont presque toujours des malheurs publics : Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi. La comédie fait rire, parce que les sottises des petits ne sont que des sottises : on n’en craint point les suites. […] La comédie fait rire ; et c’est ce qui la rend comique ou comédie.

262. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Un portrait peut avoir l’air triste, sombre, mélancolique, serein, parce que ces états sont permanents ; mais un portrait qui rit est sans noblesse, sans caractère, souvent même sans vérité et par conséquent une sottise. Le ris est passager. On rit par occasion ; mais on n’est pas rieur par état.

263. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Les deux compartiments devaient communiquer sans doute, il en prenait gaîment son parti et il en riait. […] Je m’imagine même que de ne pas faire souffrir est d’une assez mince considération pour l’auteur de ces Lettres, pour cette gaîté de pinson qui rit et qui pince, pour l’esprit léger qui a lancé tant de choses légères, pesantes seulement aux amours-propres au nez desquels il les a soufflées, en cette sarbacane d’enfant terrible qui, dans ses mains d’artiste, est la flûte même de l’ironie ! […] Son œil malicieux peut-être sait se mouiller d’une larme qui ne jaillit pas uniquement du rire de la gaîté.

264. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

Ce n’étaient que des notes de médecin ou d’apothicaire, qui pouvaient faire rire, mais qui, après avoir fait rire, faisaient penser.

265. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Ne riez pas et ne croyez pas que M.  […] Telles sont la philosophie et l’histoire de cet optimiste faux chrétien qui croit, dit-il, à la Providence divine, comme il croit à la destinée, comme il croit à ce dix-neuvième siècle, qui a réveillé l’infini, comme à la science, comme à tout, et qui a le mysticisme de toutes ces sornettes contemporaines, lesquelles formeront un jour une logomachie à faire pouffer de rire nos descendants !

266. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Un sermon touche l’âme et jamais ne fait rire ; De qui croit le contraire on doit se défier Et qui veut qu’on en rie en a ri le premier. […] Molière se maintient aussi strictement dans le comique que Racine dans le tragique, et pour les mêmes raisons… Après Molière, on rit encore ; mais le rire s’encanaille avec Regnard, Montfleury, Lesage… et, d’un autre côté, « ceux qui veulent peindre les honnêtes gens ne savent pas faire rire. » Bientôt même, « on ne peint plus de caractères plaisants. » Pourquoi ? […] Nous dirons, si vous le voulez, que c’est comme une efflorescence de la santé, un besoin de rire et un don de faire rire, souvent pour pas grand’chose. […] L’âme d’un titi supérieur sonne dans son rire, dont il est impossible de ne pas aimer le joli timbre légèrement nasillard. […] Tout ce que je sais, c’est qu’il fait rire ; c’est qu’il a le masque de M. 

267. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Quand un auteur a réussi, il est disposé à rire. […] Présentez au théâtre une telle bizarrerie : vous ne ferez ni rire ni pleurer, ou, si l’on rit, ce sera du poète. […] Il est incroyable qu’on ne soit pas tenté de rire de ces absurdités. […] Quant au parterre, il est un peu équivoque ; tantôt il rit des mystères et des oracles, et tantôt il en paraît frappé : peut-être viendra-t-il un temps où le rire prévaudra sur le respect3. […] Le Chrysale de Molière fait rire lorsqu’il a peur de sa femme : M. 

268. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Elle courut, elle eut un rire de volupté. […] Kasia riait de peur, nerveusement, comme une folle. — Ris donc, petite ! […] Tout à coup, il éclata de rire, d’un rire nerveux, saccadé, affolé. […] les v’là, nous allons rire.

269. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérard, André = Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

Sa jeunesse est franche, douce, amoureuse, et se rit dans un décor de camaïeu Watteau, jonché quelquefois de fleurs moroses du jardin d’ennui.

270. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article »

Il fit long-temps une Gazette en vers burlesques, où il annonçoit les nouvelles de la Cour & de la Ville, d’une maniere propre à faire rire ses Contemporains.

271. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Damedor, Raphaël »

Jarry, qu’il est impossible de lire, je crois, sans un franc rire approbateur.

272. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Mondaine et pédante, superficielle et lourde, en même temps — car les bas-bleus ont ces défauts contradictoires, — Mme Sophie Gay, l’auteur de la Physiologie du Ridicule, au lieu de traiter sincèrement son sujet, en fait une mauvaise plaisanterie, et le rire de cette moqueuse n’est ni assez amer ni assez gai pour que nous puissions lui pardonner les mensonges et les superficialités de son ironie…. […] Observatrice myope, elle n’a vu, à ce qu’il paraît, que des ridicules gais, que les ridicules qui font rire et qui, pour cette raison, font rechercher par le monde ceux qui les possèdent pour qu’on puisse agréablement se moquer d’eux.

273. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Ce qui s’obtient et ce qui s’imite, c’est la manière de rire et de parler au corps avec le corps, de briser son vers, de l’enlever et de lui donner sa tournure. […] Est-elle dans le sentiment qui circule à travers les différentes parties du poème et veut à toute force les animer ; dans cette fausse humour de parti pris, cette petite ironie juanesque qui jure si fort avec le sérieux terrible de cette société qui ne riait pas, elle !

274. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Mürger, s’il faut absolument rire, a épaissie et abaissée ! […] Cette valse à deux temps qui me fit bien du mal ; Le fifre au rire aigu raillait le violoncelle, Qui pleurait sous l’archet ses notes de cristal.

275. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Lord Byron ne se prit à rire de ce rire dans lequel tremblent les larmes qu’on renfonce et qui vous retombent des yeux dans le cœur, que dans Beppo, l’un de ses derniers ouvrages, et dans le Don Juan, son chef-d’œuvre inachevé, plus grand que toutes les choses qui aient jamais été finies !

276. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Fleur intarissable de fraîcheur et de parfum, dont La Fontaine fut l’abeille, Boccace est une imagination d’une telle légèreté, dans le sens de l’air et de la lumière, que La Fontaine, son imitateur, le buveur en cette coupe diaphane, que notre incomparable La Fontaine, malgré ses dons souverains de grâce et de langage, semble grossier dans sa gaieté charmante, quand on entend son rire gaulois et qu’on le compare au sourire éthéré de la fantaisie de Boccace ! […] Il rit, il plaisante, il interrompt ses récits, aux moments les plus pathétiques, par de la causerie, par un dialogue qui veut étinceler, qui veut retentir, qui veut couper.

277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Monnier, Marc (1827-1885) »

On trouve ces qualités dans son œuvre, soit qu’il se livre à son goût particulier pour le rire, soit qu’il s’abandonne à des inspirations plus douces et quelquefois même à une certaine mélancolie.

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