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1128. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Enfin chacun en convenant que ces galeries, deux des plus riches portiques qui soient en Europe, fourmillent de beautez admirables dans le dessein et dans le coloris, et que la composition de leurs tableaux est des plus élegantes, chacun dis-je voudroit bien que les peintres n’y eussent point introduit un si grand nombre de ces figures qui ne peuvent point nous parler, comme tant d’actions qui ne sçauroient nous interesser.

1129. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié !

1130. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Hypnotisés, pour ainsi dire, par le vide que notre abstraction vient de faire, nous acceptons la suggestion de je ne sais qu’elle merveilleuse signification inhérente à un simple déplacement de points matériels dans l’espace, c’est-à-dire à une perception diminuée, alors que nous n’aurions jamais songé à doter d’une telle vertu l’image concrète, plus riche cependant, que nous trouvions dans notre perception immédiate.

1131. (1887) La banqueroute du naturalisme

Zola, comme il est entendu par avance que ses romans devront manquer de tout intérêt romanesque, et comme son « dossier » militaire ou administratif sera sans doute aussi riche de documens que son « dossier » agricole, on voit que la tâche ne lui sera pas non plus très difficile.

1132. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

II Voilà de grands dons : un art de composition exquis, la largeur et l’aisance des phrases, un ton familier et noble, un style pur, une imagination riche et mesurée, toutes les facultés oratoires.

1133. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Jamais on ne vit rien de si riche, ni de si galant. » Nous nous en allons munis de cette description ; mais je ne sais pas si nous connaissons la boutique de M. 

1134. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Et d’un autre côté, si ce monde qui doit faire place à un monde nouveau laissait un trop riche héritage, il empêcherait que le nouveau ne s’établit.

1135. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Elle est assez riche. […] Vous, Monsieur, qui êtes riche et qui n’avez pas d’enfants, et c’est même un peu pour cela que vous êtes riche, vous laissez votre fortune à votre neveu sans aucune condition et vous faites à l’Académie un legs conditionnel et à libellé limitatif et impératif. […] Sur nos manies pseudo-scientifiques, de bonnes boutades encore dans le livre très superficiel, mais très varié et très riche, de M. de Gourmont. […] Femme d’indépendance, femme de plaisirs, femme contemptrice de tout devoir, telle est l’Américaine des classes riches. Et ce qui résulte de la comparaison des Américaines des classes riches et des Américaines des classes moyennes et des classes pauvres, c’est qu’il n’y a pas de différence.

1136. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Si vous n’aidez pas à naître, à se manifester toute la riche matière du présent, ce présent risquera de sécher en partie dans sa graine. […] Une littérature aussi riche que la littérature française, une nation faite d’éléments aussi divers et de cultures aussi variées, une époque où des partis et des générations adverses continuent de lutter sous la figure des vivants, impliquent cette pluralité, cette diversité d’esthétiques. […] Et pourtant, cet interrègne de Montaigne qui dura plus d’un demi-siècle, ce grand sommeil de notre père, qui va de 1669 à 1724, il n’a pas été inutile à la critique, il lui a permis d’acquérir ce qui lui manquait, et, peut-être, de faire un riche mariage. […] Alors, un Lamartine se drape inépuisablement dans la riche étoffe de son Mâconnais ; un Hugo, fils d’officier et qui n’a eu pour berceau que les fourgons de la Grande-Armée, devient non seulement le poète des grands mouvements parisiens, mais le romancier de Paris, avec Notre-Dame (il ne fera dans les Misérables que reprendre son bien aux Mystères de Paris). […] En faisant couler dans les veines du sentiment un sang plus riche, en lui donnant un air plus vif à respirer, il l’a rendu plus apte sinon à juger le sentiment, du moins à le reconnaître, à le relayer, à vibrer avec lui ou à son occasion.

1137. (1887) Essais sur l’école romantique

Victor Hugo : loin de là ; et, pour mon goût, je l’aime mieux se jetant dans les grandes pensées, payant de sa personne et donnant tout à la fortune ; je préfère être secoué par des beautés brusques et heurtées que bercé de riches harmonies. […] Le voici riche à présent d’un bel instrument poétique, et sa pensée est trop jeune encore pour toucher à l’épuisement. […] Les maisons de santé ont dû venir ensuite, dans le voisinage des abbayes, parce que celles-ci ont toujours eu soin de se placer en bel air ; et, après, les maisons de campagne des riches et des rentiers, race timide et renfermée, les derniers qui s’exposent à sortir de l’enceinte fortifiée des villes, surtout à des époques si guerroyantes. […] Je dirai bien volontiers les plus ingénieux, les plus féconds, les plus riches de ce temps-ci. […] Selon notre littérature industrielle, l’écrivain était l’inférieur du marchand et du riche, quand il n’avait sur eux que l’avantage de l’esprit et de la puissance morale ; un simple changement à la définition de l’écrivain a rétabli l’égalité.

1138. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Ce qui fonde la préférence que La Harpe accorde à Voltaire, dans les endroits même où il n’est qu’imitateur, c’est ce brillant des pensées et du style et ces lieux communs ambitieux, ces tirades que le jeune Voltaire appliqua comme une broderie de clinquant sur le riche fonds de Sophocle ; c’est surtout dans la scène de la double confidence entre Œdipe et Jocaste, que la magie du coloris de Voltaire fascine les yeux du grave Aristarque, au point de déconcerter tous ses principes littéraires. […] Voltaire était riche : en dédiant sa pièce à un négociant anglais, il n’eut égard qu’à la singularité, cela lui donna occasion de s’élever contre l’usage qui interdisait le commerce à la noblesse française : il commençait dès lors à fronder à tort et à travers ce qu’il appelait les préjugés de son pays, et jetait les fondements de cette anglomanie qui nous a été si funeste. […] Le sens de ce vers est un peu trop général ; il suffirait seul pour rendre Lachaussée recommandable auprès des belles : malheureusement l’expérience ne prouve que trop que beaucoup de riches se sont appauvris en faisant du bien à ce qu’ils aimaient. […] Ce qui m’avait enchanté dans Les Fausses Confidences est précisément ce qu’il y a de moins bon ; c’est la partie romanesque : c’est une riche veuve qui s’enflamme dans quelques heures pour un inconnu sans fortune, et finit par épouser le soir celui qu’elle a vu pour la première fois le matin. […] On voit combien un pareil fond doit être riche en situations intéressantes.

1139. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

à la figure survenue du Poète changé en lui-même par l’éternité, « hoir » De maint riche, mais chu trophée. […] D’une sensibilité très fine, un peu maladive, il manquait de cette riche santé avec laquelle Hugo disciplinait la sienne pour en exploiter fortement les filons inépuisables. […] La rime riche leur conférait une valeur unique, les transfigurait dans un bain de musique. Mais la rime riche et significative ne fait que souligner par un trait d’archet final ce qu’en effet les poètes et les prosateurs ont pratiqué comme un des secrets de leur art. […] Il les aime riches brillants et rares et il les place, sertis d’or, autour de son idée, comme un bracelet de pierreries autour d’un bras de femme ».

1140. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Le fils Mauperin veut faire un riche mariage ; or il a été l’amant d’une Mme Bourjot, la mère de la jeune fille qu’il veut épouser. […] Et ne vaudrait-il pas mieux pour ces déshérités (riches le plus souvent) avoir été déposés sur le fameux tour de la rue d’Enfer ? […] Celui-là est un des nôtres, un homme établi, marié, riche, considérable et considéré, père de famille. […] Mon père en a vu jusqu’à des soixante par jour, dans la révolution, qu’les ruisseaux en étaient tout rouges ; et des riches, encore. […] Les pauvres haïssent les riches parce que les riches mangent ; les riches exècrent les pauvres parce que les pauvres voudraient manger.

1141. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

C’est dire tout de suite que ces Turdis étaient aussi riches que bien nés ; car, si le duc était terrible sur la naissance, il ne l’était pas moins sur l’argent. […] Lui-même était fort riche. […] nous le serions… la terre est riche — les prairies suffisantes, et la peste noire n’est jamais venue sur nos bestiaux, — dit-elle en crachant à terre pour conjurer le mauvais sort, — mais voilà ! […] Le père de Charles était riche ; c’était un avoué de Paris. […] Pour ne pas être riche, elle est loin d’être indigente, mais elle ignore les à peu près et n’a qu’un mot pour une idée.

1142. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

« Le voyageur a beaucoup d’hôtes, et peu d’amis… . » Il ressemble au possesseur d’un palais qui passerait sa vie à parcourir ses riches et vastes appartements, sans s’arrêter un instant dans celui que son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses amis, ses concitoyens occupent. […] « Qu’on n’a jamais cité Montaigne en fait de goût. » Montaigne est riche en expressions, il est énergique, il est philosophe, il est grand peintre et grand coloriste. […] « Le commerçant dont la cargaison est la plus riche, est celui qui doit le plus d’actions de grâces à Neptune. » Le magistrat rend la justice ; le philosophe apprend au magistrat ce que c’est que le juste et l’injuste. […] Sénèque était frugal ; riche, il vivait comme s’il eût été pauvre, parce qu’il pouvait le devenir en un instant : sa fortune était le fonds de sa bienfaisance ; son luxe, la décoration incommode de son état : c’était ses amis qui jouissaient de son opulence ; il n’en recueillait que l’embarras de la conserver et la difficulté d’en faire un bon usage. […] Et le moyen de ne pas paraître trop riche à des gens qui n’ont pas trouvé que Démétrius304 fût assez pauvre ? 

1143. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Sa conversation, plus riche d’idées fortes que de mots heureux, est tout unie. […] Ses descriptions sont à la fois riches en couleur et toutes pénétrées d’émotion. […] Lavedan est fils de famille riche et souvent noble. […] Elle doit tout à son mari qui lui a sauvé la vie, qui l’a faite riche et princesse. […] Or on n’a pas besoin d’être princesse, ni riche, ni même de vivre ; maison a besoin de vivre heureuse.

1144. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Ils cherchent dans les victoires mêmes de la philosophie des obstacles à ses progrès futurs. » Ces opinions, si fermement et si prudemment exprimées par l’écrivain de vingt-huit ans, nous paraissent être demeurées toujours les siennes ; et c’est sur cette base primitive, sur ce fond recouvert, mais subsistant, que son impartialité historique et critique si étendue, si nourrie d’études, se vint superposer année par année, comme une riche terre végétale, en couches successives. […] Avant même de s’établir au hameau de Rueil, Cabanis était souvent à Villette, chez son beau-père, M. de Grouchy : « Oui, venez voir nos riches prairies, écrivait-il de là à Fauriel au printemps de 1804, nos blés admirables, notre verdure aussi riche que fraîche et riante. […] Ce genre de littérature ne lui coûtait presque aucune peine ; la forme n’étant pour lui ni un obstacle ni une parure, il n’avait qu’à puiser, comme avec la main, dans un fonds riche et abondant ; c’était devenu pour lui presque aussi simple que la conversation même. […] Milet, jusque-là la ville la plus riche et la plus florissante de cette belle contrée, fut entièrement ruinée ; elle cessa d’être le siége des écoles de philosophie.

1145. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

et l’eau déjà lui en vient à la bouche ; il est fier de lui-même, et il a bien raison ; à la vue de ces tranquilles bourgeois, de ces riches paisibles, de ces bourses bien garnies qui ne tiennent qu’à un fil, Mascarille, bien plus logiquement que Figaro, peut s’écrier : — Et moi ! […] Nous en avons vu beaucoup, dans les livres et dans les comédies du siècle passé, de ces sortes de filles, assez bien nées pour avoir besoin d’être riches, trop pauvres pour se rappeler longtemps qu’elles étaient bien nées ; vous en trouverez dans ces qualités-là et à profusion, dans les Mémoires d’un certain Casanova qui se mêlait de bonnes fortunes. […] Marphurius est un de ces nombreux philosophes que vous rencontrez à chaque page du Pantagruel, une de ces perles que Molière a ramassées avec tant de bonheur et de coquetterie dans le riche fumier de Rabelais. […] Quelle bouillante colère devait fermenter dans le cœur de cet éloquent proscrit de l’univers civilisé, quand il se comparait à Alceste, lui, l’ardent génie et le sophiste convaincu, lui le persécuté de la foule, le calomnié des philosophes, l’homme sans pain, l’amoureux tremblant de tant de belles dames qui n’avaient pour ses amours ni un regard, ni un sourire ; lui, le mari ou plutôt le domestique d’une ignoble servante, à quel point la rage le devait prendre, ce misanthrope, obligé de vivre du travail de ses mains, comparé à cet heureux Misanthrope de Molière, estimé de tous, noble et beau, si brave et si riche, si regretté par cette belle Célimène qui l’abandonne, si aimé par cette douce Éliante qu’il dédaigne ! […] Que de riches dentelles à son bonnet, que de broderies à sa jupe, et que sa robe feuille-morte a bon air !

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