Non que l’Allemagne fût restée terre inconnue, pour les savants ou les hommes d’état des siècles passés. […] Elles ont été exposées avec talent par un grand nombre de critiques après lesquels il resterait peu de chose à dire. […] Saint-Marc Girardin, et lui est toujours resté fidèle. […] Lamartine resta étranger à ces grandes luttes de l’homme contre l’autorité et la destinée, familières aux poètes d’origine germanique. […] Bouilhet, Baudelaire, de Banville, sont restés fidèles à la manière du maître, ce qui ne les empêche pas d’avoir chacun un talent fort différent.
Il plaida sa première cause le 30 janvier 1570 ; cette cause est restée fameuse dans les fastes de la province. […] Sur ce refus, j’alléguai la loi de l’empereur Théodose, qui, après avoir commandé par colère et trop précipitamment la mort d’un grand nombre de chrétiens, fut rejeté de la communion par saint Ambroise, qui le contraignit de venir à pénitence, et, pour une entière satisfaction, faire une loi par laquelle défense était faite aux gouverneurs en l’administration de la justice qui présidaient dans les provinces, de ne faire à l’avenir exécuter tels mandements extraordinaires qui étaient contre l’ordre et la forme de la justice, sans attendre trente jours, pendant lesquels ils enverraient à l’empereur pour avoir nouveau commandement en bonne et due forme ; ainsi qu’il fallait envoyer promptement au roi… Grâce à cet avis d’une ferme et respectueuse résistance qui prévalut et fut adopté, avant même qu’on eût envoyé vers le roi, le contrordre eut le temps d’arriver de Paris : la Bourgogne fut garantie du crime et du malheur commun, et le nom du comte de Charny est inscrit dans l’histoire à côté de ceux du comte de Tendes, de MM. de Saint-Hérem, d’Orthez et d’un petit nombre d’autres, comme étant resté pur de sang dans l’immense massacre. […] Du reste, il ne croit avoir à se justifier qu’en ce qui touche à Henri III, car envers le roi de Navarre il n’avait aucun engagement particulier ; Henri III assassiné (août 1589), il se pouvait considérer comme libre jusqu’à un certain point de suivre le parti de Mayenne, tant que Henri IV ne se faisait point catholique, et moyennant que lui-même il avait conscience de ne donner que les meilleurs avis possibles, les plus favorables à l’État, et de rester un bon conseiller jusque dans un méchant parti.
Pour rester dans les règles toutefois, il était convenable que le gouverneur stipulât directement, et en son nom, sa capitulation avec le marquis de Marignan ; mais au premier mot qui lui en fut dit de la part de ce dernier, il s’enflamma et parut se révolter, déclarant qu’il aimerait mieux perdre mille vies, et que le nom de Montluc ne se trouverait jamais en capitulation. […] Dans la description de sa marche, il n’a garde d’omettre qu’il emmena avec lui et fit passer tous les Siennois compromis qui s’exilaient, et en voyant les adieux de ceux qui partaient et de ceux qui restaient, leur déchirement, et toute cette ruine et désolation d’un peuple « si dévotieux à sa liberté », il n’avait pu retenir ses larmes. […] Quand on a lu cette partie des mémoires de Montluc et qu’on a surmonté l’impression d’horreur que causent et ses propres cruautés et celles qu’il prétend punir, on reconnaît mieux comment, en de pareils temps, les édits de L’Hôpital durent manquer leur effet ou en produire un qui, bientôt traduit et dénaturé au gré des passions, ne serait pas resté profitable et conforme à la pure idée de tolérancee.
Le roi prend lui-même connaissance de l’affaire et décide ; presque tout est jugé en faveur de Sainctot, qui a pour lui une longue possession : il restera indépendant de M. de Blainville, ne prendra point l’ordre de lui, marchera à sa gauche, mais sur la même ligne, etc […] À force d’être curieux et soupçonneux, il y a des moments où Saint-Simon devient crédule : Restons dans les limites sévères de l’histoire. […] Dès le premier jour les dames de qualité s’effrayent de rester dans la ville ; on demande pour elles un passeport : « Le roi l’a refusé ; cependant les dames sont sorties et sont venues à une maison près de la Sambre.
Ces questions complexes étaient peut-être contenues dans votre programme : elles resteront longtemps encore proposées ; nous aimons à espérer qu’elles se résoudront peu à peu, et dans un sens qui ne sera pas défavorable, en définitive, à l’honneur des lettres, ni à l’émancipation de l’esprit. […] Plusieurs de ceux qui n’ont pu y atteindre et qui sont restés en deçà, s’étant hâtés d’en appeler au public et de faire imprimer leurs vers, je n’ai point à m’en occuper ici. […] C’est sur le terrain élargi de ce second et plus impartial jugement que j’ai vu des hommes de directions et de natures de talent très diverses se rencontrer, se rapprocher durant des semaines, et chercher sincèrement à se mettre d’accord pour rester justes envers les concurrents, ces autres confrères inconnus.
Quand le jardin des Tuileries eut été arrangé par Le Nôtre, la première pensée de ce grand et dur Colbert, en le visitant, fut de le fermer au public : Perrault conjura l’interdiction et obtint que cette promenade restât ouverte aux bourgeois de Paris et aux enfants. « Je suis persuadé, disait-il à Colbert au milieu de la grande allée, que les jardins des Rois ne sont si grands et si spacieux, qu’afin que tous leurs enfants puissent s’y promener. » Le sourcilleux ministre ne put s’empêcher de sourire […] Il ne fit point comme les frères Grimm ont fait de nos jours en Allemagne, il ne prit point le bâton de voyageur et ne s’en alla point de chaumière en chaumière, de château en château, pour ramasser tout ce qui restait et flottait encore de poésie : ce n’était point la mode de tant courir au xviie siècle. […] Je ne demande pas, remarquez-le bien, qu on opprime l’enfance de contes prolongés et de terreurs superstitieuses : de tendres esprits trop frappés d’abord peuvent rester gravés à jamais, et on a peine souvent à se relever d’un premier pli.
Nous faisons pour notre compte de simples monographies, nous amassons des observations de détail ; mais j’entrevois des liens, des rapports, et un esprit plus étendu, plus lumineux, et resté fin dans le détail, pourra découvrir un jour les grandes divisions naturelles qui répondent aux familles d’esprits. […] Un mot d’Eschine est resté le plus bel éloge de Démosthène. […] Tel, quoi qu’il fasse d’excellent ou de spécieux en divers genres, est et restera toujours un rhéteur.
Pour moi, je crois entendre l’Ombre de Ménandre, par chacun de ces vers aimables qui nous sont arrivés en débris, nous dire : « Pour l’amour de moi, aimez Térence. » Les Anciens eux-mêmes, en les comparant, restaient parfois dans le doute. […] Venu plus tard, Térence eût sans doute pensé différemment, et il aurait tenté au théâtre ce que Virgile accomplit pour l’épopée ; il aurait essayé de combiner les éléments étrangers et l’inspiration latine en des productions toutes neuves, et de rester Romain en imitant. […] C’est égal, le vis comica est en circulation et y restera, nonobstant la meilleure leçon.
Le Dey d’Alger disait de lui que « quand il tenait sous bonne garde le manchot espagnol, il tenait en sûreté ses esclaves, ses galères et même toute la ville. » Dans l’Histoire du Captif, Cervantes, faisant raconter à ce personnage réel ou fictif bien des choses dont lui-même avait été témoin et les horreurs qui avaient affligé sous ses yeux l’humanité, lui fait dire encore : « Un seul captif s’en tira bien avec lui (avec le Dey) ; c’est un soldat espagnol, nommé un tel de Saavedra, lequel fit des choses qui resteront de longues années dans la mémoire des gens de ce pays, et toutes pour recouvrer sa liberté. […] Sa vie littéraire commence à ce moment ; il avait trente-sept ans ; marié, sans fortune, homme d’imagination, n’ayant gagné à sa première vie militaire que de l’estime et des blessures, il se dit, après son début de Galatée, qu’il y avait à faire de belles choses dans les lettres, et particulièrement à entreprendre pour le théâtre qui était resté comme dans l’enfance. […] Heureusement pour la postérité et pour ce pauvre Don Quichotte, si souvent en péril de ne pas naître, la demande de Cervantes resta sans effet.
J’ai regret à tout ce que le passé garde dans ses abîmes ; je voudrais qu’il nous restât tout entier. […] Aussi je ne crains pas de dire qu’il faut une très-grande force de volonté aujourd’hui pour rester simple poëte, même quand on est poëte évidemment. […] Marie enfin, dans sa troisième forme, n’a plus qu’à rester comme cela, sans une épingle de plus ni de moins, et à vivre.
Le danger de cette passion, la crainte de mettre le trouble dans la famille royale, les noms de beau-frère et de belle-sœur mirent un frein à leurs désirs ; mais il resta toujours dans leurs cœurs une inclination secrète, toujours chère à l’un et à l’autre. […] Il faut croire à ce succès pourtant, d’après l’impression qui en est restée ; La Harpe, dans le chapitre de son Cours de Littérature où il juge l’œuvre, se plaît à rappeler le nom de Gaussin comme inséparable de celui de Bérénice. […] Talma aurait joué Titus ; mais les choses en restèrent là.
pendant longtemps encore la passion que l’on ressent rend impossible de croire qu’on ait cessé d’intéresser l’objet de sa tendresse : il semble que l’on éprouve un sentiment qui doit se communiquer ; il semble qu’on n’est séparé que par une barrière qui ne vient point de sa volonté ; qu’en lui parlant, en le voyant, il ressentira le passé, il retrouvera ce qu’il a éprouvé ; que des cœurs qui se sont tout confiés, ne peuvent cesser de s’entendre, et rien ne peut faire renaître l’entraînement dont une autre a le secret, et vous savez qu’il est heureux loin de vous, qu’il est heureux souvent par l’objet qui vous rappelle le moins ; les traits de sympathie sont restés en vous seule, leur rapport est anéanti. […] vous vous exposez, avec des cœurs sans défense, à ces combats où les hommes se présentent entourés d’un triple airain ; restez dans la carrière de la vertu, restez sous sa noble garde ; là il est des lois pour vous, là votre destinée a des appuis indestructibles ; mais si vous vous abandonnez au besoin d’être aimée, les hommes sont maîtres de l’opinion ; les hommes ont de l’empire sur eux-mêmes ; les hommes renverseront votre existence pour quelques instants de la leur.
Cela restait grêle, léger et joli : un rythme vif, sautillant, aimable, merveilleusement apte à recevoir cette mousse de sentiments, qui débordent de l’âme sans l’emplir. […] Aussi, à l’ordinaire, nos amants resteront bien loin des ardeurs qui échauffent chaque ligne de l’Imitation : leur dame ne sera que l’idée de la dame, leur passion ne sera que l’idée de la passion ; tout se passera dans leur tête, en constructions abstraites, non dans leurs cœurs en vivantes émotions. […] Car, dans le riche et délicat Midi, cette doctrine répondait encore à quelque réalité, à un certain ordre de relations établi entre les hommes et les femmes : mais, dans notre Nord, si rude et si brutal, loin d’avoir son fondement dans la vie, elle restait absolument irréelle, idéale et didactique.
Ceux-ci viennent du Parnasse plus directement que ceux-là ; ils restent liés à lui par des habitudes difficiles à rompre et, sans qu’ils s’en doute je crois, négligent à ce point de vue les conquêtes nouvelles pour continuer la réaction d’hier contre les derniers Romantiques. […] Quelques-uns de ses poèmes sont remarquables par des mouvements divers qui restent cependant toujours inséparables de l’harmonie. […] Vielé-Griffin les déploie plus distinctement au milieu du poème qu’elles vivifient de leurs brises ; mais dans les nouveaux Cygnes comme dans les Épisodes, elles restent des décors pour une action ou une idée, ou bien elles sont l’impalpable manteau chatoyant dont peut s’envelopper une âme.
Voit-il les choses directement ou à travers des tableaux restés dans sa mémoire ? […] Que de lacunes révélatrices et faciles à constater, depuis ceux qui n’ont pas senti la nature extérieure, comme Boileau, jusqu’à ceux auxquels manque le souci de l’au-delà, comme Stendhal ; depuis ceux qui n’ont jamais eu le moindre battement de cœur pour une cause politique et sociale jusqu’à ceux auxquels l’amour de la famille paraît être resté presque tout à fait étranger, témoin l’étrange époux et père que fut notre La Fontaine ! […] Bref, on pénètre assez aisément jusqu’aux intentions qui se croient le mieux cachées ; et si, malgré tout, elles viennent à rester douteuses, il faut avoir le courage de conclure par un point d’interrogation.
D’un autre côté, par la même raison, serons-nous obligés d’admettre que les mœurs doivent aussi rester indépendantes de l’opinion. […] Les dynasties sont renversées, des générations entières sont noyées dans le sang ; mais les institutions restent. […] Il est temps de confondre dans nos affections la France ancienne et la France nouvelle ; mais ne soyons point étonnés de ce qu’un certain nombre d’hommes est resté fidèle au culte des ancêtres, de ce que les Sabins ne sont pas encore tout à fait devenus des soldats de Romulus.
… » Mais Élie Sterne ne resta pas longtemps assis, à exhaler ces plaintes sacerdotales. […] Hédouin, les chapitres du Koran ne seraient que les fragments interrompus de ces Mémoires que Sterne avait projetés et qui sont restés en chrysalide. […] Le Koran continuera de rester le livre inconnu dans les œuvres complètes de l’humouriste enchanteur à qui nous devons trois des livres les plus exquis qu’aient jamais produits les littératures.
C’est qu’en effet ces deux noms s’évoquent invinciblement l’un l’autre, et doivent rester unis dans une même admiration. […] J’imagine qu’ils resteront froids en les regardant. […] C’est un de ceux où l’on peut dire qu’il est tout à fait supérieur, et restera inimitable. […] Mais l’important, c’est de montrer sa propre nature à travers le personnage, c’est de rester soi. […] qu’en restera-t-il de bon ?