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1730. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

S’il allume du feu, c’est à l’endroit où son éclat semblerait devoir éteindre le reste de la composition.

1731. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Remarque finale. Le Temps de la Relativité restreinte et l’Espace de la Relativité généralisée »

La chose reste ici distincte de sa mesure, laquelle porte d’ailleurs sur un Espace représentatif du Temps plutôt que sur le Temps lui-même.

1732. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Il enlève Briséis à Achille, sans doute afin que ce héros, qui portait avec lui le destin de Troie, s’éloigne avec ses guerriers et ses vaisseaux, et qu’Hector égorge le reste des Grecs que la peste a pu épargner… Voilà pourtant le poète qu’on a jusqu’ici regardé comme le fondateur de la civilisation des Grecs, comme l’auteur de la politesse de leurs mœurs.

1733. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Un degré moindre de laideur est celui où la forme reste en arrière de son type et ne le révèle qu’imparfaitement. […] Chacun sait de reste que dans la poésie fantastique toutes ces figures sont de libres allégories. […] Allez donc au diable avec le reste de la séquelle !  […] Là est son œuvre, là est sa vie véritable, là est sa gloire ; tout le reste n’est rien ou peu de chose. […] Et pourtant Béranger ne nous aimait pas d’instinct ; nous le savions de reste.

1734. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Tandis que le rythme est, au fond, un ensemble de sons en proportion avec nos organes, la rime reste simple conformité de sons dans les finales des mots, et bien qu’il puisse y avoir conception d’un système poétique sans rime, et qu’il ne puisse y en avoir sans rythme, insensiblement, même dans les versifications soumises à la métrique grecque, comme la latine par exemple, l’allitération aidant, des rapprochements de sons s’opèrent « date telum, fama malum » et, de par l’assonance se crée la rime. […] Aussi se prêta-t-il de la meilleure grâce du monde à une conversation que lui-même, en sa haute probité d’art, voulut longue ; il nous reste un regret, celui de ne pouvoir donner telle qu’il l’essaima cette conversation du puriste par excellence de notre époque. […] pour le reste !  […] la Poésie populaire n’est pas morte encore puisqu’il reste au clair soleil de la vieille Gaule — en dépit des envahissantes brumes scandinaves — des aèdes de gloire comme Mistral et Verlaine, des jongleurs d’étoiles comme Silvestre, Tailhade et même Mendès, des trouvères de joie comme Ponchon, Courteline et Goudeau, des jardiniers de rêve comme Sully Prudhomme, Jules Bois (quand il oublie l’irrégulière et perverse Magie), Maurice Bouchor et vous-même ! […] La poésie novatrice prend de jour en jour une plus juste conscience d’elle-même et, malgré les ̃« néo-classiques » ou les « romans », elle reste synthétique et symboliste (ce qui est tout autre chose qu’allégorique, quoi qu’en dise le chimiste Strindberg).

1735. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Rien ne reste. […] Je voudrais qu’on y enseignât le reste. […] Au reste, tout est relatif ; pour un symboliste, il est limpide. […] Au reste, il me parut peu occupé de son ouvrage et de lui-même. […] Mais en deux bonds il remplit le reste de sa carrière et touche le but.

1736. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Que reste-t-il donc, sinon de nous en accuser nous-même ? […] C’est la question qu’il nous reste à examiner maintenant. […] Le reste ne me mena pas bien loin. […] Laissez là le reste des hommes ; qu’ils vivent, mais qu’il n’en soit pas question. […] C’est ce qu’il me reste maintenant à montrer.

1737. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Une chose singulière, c’est que la demande passoit le pouvoir de cet empereur, absolu pour tout le reste & petit-fils du conquérant de la Chine. […] Au reste, tous ces excès ne doivent être mis que sur le compte des fanatiques des deux partis. […] Il les condamnoit à consacrer tout le reste du temps au travail des mains, ou bien à la prière. […] Les lettres qu’il écrivoit continuellement, en réponse aux leurs, lui faisoient oublier tout le reste. […] Il signifie du son & tout ce qui reste de la farine, lorsqu’elle est blutée.

1738. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

» Le reste est du même style. […] » Sa conversation est un composé de jurons, de lamentations et de radotages ; ce n’est plus un homme, mais les débris d’un homme : il ne subsiste en lui que des restes discordants de passions viles, pareilles aux tronçons d’un serpent écrasé, et qui, faute de pouvoir mordre, se froissent et se tordent dans la bave et dans la boue. […] Moyennant cent mille guinées donnés au père, Pump le marchand épouse lady Blanche Cou-Roide, laquelle reste lady, quoique sa femme. […] Il prêche en surplis, mon cher monsieur, c’est un puséiste. » Cette famille sensée bâille toute seule six mois durant, et le reste de l’année jouit de la gloutonnerie des hobereaux qu’elle régale et des rebuffades des grands lords qu’elle visite. […] Je suis le chef de la maison, chère Lady ; mais Franck reste vicomte de Castlewood, et, plutôt que de le troubler, je me ferais moine, ou je disparaîtrais en Amérique. » Comme il parlait ainsi à sa chère maîtresse, pour laquelle il aurait consenti à donner sa vie ou à faire à tout instant tout sacrifice, la tendre créature se jeta à genoux devant lui et baisa ses deux mains dans un transport d’amour passionné et de gratitude tel que son cœur fondit et qu’il se sentit très-fier et très-reconnaissant que Dieu lui eût donné le pouvoir de montrer son amour pour elle et de le prouver par quelque petit sacrifice de sa part.

1739. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

. — Reste donc à admettre pour la première période une floraison lyrique. […] Bédier n’est pas encore achevée à l’heure où j’écris ces lignes ; mais on peut en prévoir la conclusion ; il lui reste à montrer, à côté de l’Église instigatrice, le rôle de l’imagination populaire dans la légende, et celui de l’individu dans la création des poèmes ; déjà elle explique fort bien l’occasion déterminante, le mécanisme et une partie de la tendance ; sans doute elle dira bientôt l’esprit général, le souffle qui anima tant de poètes, et la fusion de l’idée nationale avec l’idée religieuse. […] Un grand seigneur, Charles d’Orléans, âme égoïste, légère et gracieuse, survit encore, du moins pour les lettrés, par le seul charme de la forme. — François Villon, le seul poète de cette période et le plus grand de la première ère, est un cas exceptionnel ; on a souvent étudié son individualité ; il reste à dire, par une analyse minutieuse, le conflit de son tempérament avec celui du siècle. […] Reste Jean-Jacques. […] Lavedan dialogue ses romans, puis il passe au théâtre ; Gyp en reste au roman dialogué (mais est-ce bien encore de la littérature ?) 

1740. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Il s’associe à un vagabond pour montrer, à prix de petite monnaie, un jouet de physique au peuple des campagnes ; il revient au seul asile qui lui reste, la maison et le cœur de madame de Warens. […] Rousseau affecte de narguer son chef, reste à Venise malgré lui, emprunte à toutes mains pour payer son retour en France, et revient victime de son orgueil. […] Rousseau reste seul, sans amis, mais entouré d’un prestige de culte pour ses talents et ses vertus qui lui font une atmosphère de fanatisme. […] Le grand historien anglais Hume a pitié de ses agitations : il se dévoue à le conduire en Angleterre et à lui trouver, avec une pension du roi, un asile champêtre dans le plus beau site du royaume pour passer en paix le reste de ses jours.

1741. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

La maison pleine de mélancolie où se sont accomplis les événements de cette histoire était précisément un de ces logis, restes vénérables d’un siècle où les choses et les hommes avaient ce caractère de simplicité que les mœurs françaises perdent de jour en jour. […] Quand Nanon avait lavé sa vaisselle, serré les restes du dîner, éteint son feu, elle quittait sa cuisine, séparée de la salle par un couloir, et venait filer du chanvre auprès de ses maîtres. […] « Reste-t-il du pain d’hier ? […] Voilà Eugénie Grandet, visitée un jour par un précoce rayon d’amour, expiant, pendant le reste de sa vie, la férocité de son père.

1742. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Cet homme était le général Bernadotte, depuis roi de Suède, qui caressait alors les restes du parti jacobin. […] Il fallait, pour plaire à notre maître, vraiment habile dans l’art de dégrader ce qu’il reste encore d’âmes fières, il fallait que je me déshonorasse pour obtenir mon retour en France, qu’il se moquât de mon zèle à le louer, lui qui n’avait cessé de me persécuter, et que ce zèle ne me servît à rien. […] Je passai une heure en prière devant cette porte de fer qui s’est refermée sur les restes du plus noble des humains, et là, mon âme fut convaincue de la nécessité de partir. […] « Mon unique enfant, car il ne me reste que toi, d’autres à qui j’avais donné la vie dorment là-bas sous le gazon du cimetière ; mon unique enfant, tu vas t’en aller en suivant la route par laquelle je suis venu.

1743. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Déjà, nous ne croyons plus Wagner un fou sans talent ; — nous ne nions plus les beautés de ses morceaux, et nous le tenons quitte des crimes qu’il n’a jamais commis : — mais, promptement, il faudrait en finir de ces vieilles sottises, et franchir ce troisième degré, et, — lorsque, dans le reste du monde, l’Association Wagnérienne propage l’Œuvre de Bayreuth — il faudrait que nous voulussions bien voir en Wagner plus qu’un génie musical admirable, merveilleux, unique, et autre chose qu’un monstre de vanité, d’outrecuidance, de prétentieuse sottise. […] Le reste du temps, il goûtait la joie de s’entendre gratifier, négligemment, du titre de « fou » par les passants éclairés qui l’approchaient. […] Nous avons vu au contraire, — lorsque, il y a plusieurs années, nous visitions les restes mortels de Beethoven, — une conformation totale du squelette extraordinairement solide, et, aussi, le crâne très épais, d’une dureté incommune. […] — à toi, Non-sage, — je le nomme en l’oreille, — pour que, insoucieuse, éternellement, tu dormes. — La Fin des Dieux — d’angoisse ne me tourmente pas, — depuis que mon Désir la veut… — Ce que, dans l’âpre douleur de la discorde, — désespérant, jadis, j’ai décidé, — joyeux et jouissant, — aujourd’hui, librement, je l’ordonne : — en un furieux dégoût, j’ai voué — l’univers à l’envieux Nibelung ; — au très gai Waelsung — je retourne, maintenant, mon héritage. — Lui, élu par moi, — mais par moi non connu, — très hardi garçon, — dénué de mon conseil, — il a pris l’anneau du Nibelung : — exempt d’envie, — radieux d’amour, — il ne subit pas, le Noble, — la malédiction d’Albérich ; — car étrangère lui reste la crainte. — Celle que tu m’as enfantée, — Brünnhilde, — sera éveillée par lui, pour lui, le gracieux Héros : — veillante, elle accomplira, — ta Sachante enfant, — l’acte de l’Universelle Libération… — Donc, dors, à présent, toi, — ferme ton œil ; — rêvante, vois ma Fin !

1744. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Et la différence artistique est non moins marquée : En ses opéras, Wagner reste librettiste d’opéra, content avec une esquisse de poème au lieu d’un poème développé, avec une ébauche littéraire, hâtée, confuse, incorrecte, un récit de fait-divers, au lieu de la précise et complète analyse du roman ; le spectacle est celui de l’opéra, dialogues d’interlocuteurs qui ne se regardent point, brillants défilés ; enfin, musicien d’opéra, Wagner emploie, — génialement, — une forme étriquée, et, — mélancoliquement, — il renonce aux richesses symphoniques de l’étude passionnelle… Mais, en ses drames, il est poète, avec les subtilités, les grandeurs, et les affinements des purement poètes ; son drame existe, littérairement, comme un roman dialogué ; — et il est le musicien révélateur de l’essence musicale, et son orchestre a appris à exprimer, — clairement (pour la première fois), — les ineffables intimités des âmes. […] Et ce sera l’artiste, l’extraordinaire Ménétrier, qui retient et gouverne la danse idéale des choses, et reste sous elles, ferme et fier, tout entier, dans la complète science de son pouvoir complet. […] Les revenus de la Fondation sont répartis, deux cinquièmes à l’acquisition de places aux Représentations, devant être données, un cinquième à des bourses de voyages à Bayreuth, et le reste à un fonds de réserve. […] L’histoire résumée de l’œuvre de Bayreuth étant arrivée à sa fin, il reste à rapprocher de l’œuvre exécutée, l’œuvre rêvée par Richard Wagner ; à examiner ce qui a et ce qui n’a pas été fait, et ce qui pouvait ou ne pouvait pas l’être ; — à voir comment l’œuvre actuelle réalise l’idée du Maître.

1745. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Reste à savoir en quoi précisément consiste cette utilité qui a déterminé la genèse des organes en général et, en particulier, la genèse des organes des sens. […] Une sensation, en effet, ne peut pas à elle seule occuper tout le champ de la conscience : 1° elle est toujours une modification partielle d’un état général de conscience ; et, 2° quand une sensation nouvelle se produit, la conscience n’y est point tout entière passée et absorbée ; il reste sous la sensation nouvelle, quelque chose de l’état antérieur. […] Si un enfant naît et reste dans une chambre qui a gardé une forte odeur de musc, cette odeur constante, non séparée du reste, ne pourra pas être séparée par sa conscience. […] Mais, tant que l’effet subsiste, sa constance ne l’empêche pas d’exister, et de même la constance de la sensation, tant qu’elle subsiste, ne l’empêche pas d’être sentie avec tout le reste ; elle l’empêche seulement d’être triée à part.

1746. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Au reste, un écueil qu’on n’évite pas assez dans les analyses psychologiques, c’est de confondre l’analyse d’une idée avec les moyens de sa production. […] Reste l’extériorité des parties entre elles, qui a pour marque non plus seulement la distinction, ni même l’opposition des parties, mais leur position. […] Une fois accordé que nous avons un sentiment spécifique de transition causé par le mouvement, soit par celui de nos membres, soit par celui de nos yeux, soit surtout par celui des objets que voient nos yeux, il ne reste plus qu’à considérer dans son ensemble une série de sentiments de transition répondant au mouvement, série dont les termes ne peuvent coexister et dont l’ordre est invariable, pour acquérir, en y ajoutant tous les autres éléments précités, la notion de distance : la distance, en effet, est la nécessité d’une succession de transitions en ordre invariable pour aller d’un terme à un autre. […] Dans un cerveau rudimentaire ou mal exercé, l’onde nerveuse que l’excitation provoque reste diffuse et ne se concentre pas nettement en une partie distincte et étroite.

1747. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Mais le voici qui parle ; ses termes sont recherchés et vagues, un soudain sourire de confiance amicale et fate éclaircit son visage ; il fait un geste solennel de la main, prononce quelques phrases sonores, s’en va majestueusement en fredonnant un air et l’homme est posé pour tout le reste du livre. […] Toujours Dickens reste l’artiste outrancier, partial et borné que nous avons appris à connaître et qui se plaît autant à accentuer le comique et la satire de ses pages dialoguées que le mystère et la terreur de celles où, usant d’indications descriptives disconnexes, il accumule sur certains incidents les ténèbres et le vague, conservant malgré tout une vérité dans l’excès, un air de réalité dans le fantaisiste, qui n’est pas le trait le moins curieux de cet art singulièrement complexe. […] Dickens n’est supérieur que quand il reste, comme le lui commande son talent, tout de premier jet et d’emportement, l’artiste caricatural et partial qui déforme violemment tout ce qu’il entreprend de décrire, et qui sait nous montrer les choses et les gens, mais les montrer comiques, haïssables, monstrueux, mystérieux, humoristiques, dignes de pitié ; qui, essentiellement subjectif et passionné, ne peut évoquer ni une scène ni un personnage sans les figurer de telle sorte qu’on les connaisse moins qu’on n’apprend à les juger L’art de Dickens est en effet un art moral, et c’est en vertu de règles précises, d’une vue arrêtée sur le monde, qu’il délivre le blâme et l’éloge. […] Herbert Spencer (Principes de psychologie) a consacré à ce phénomène mental, il est exposé que fondamentalement un sentiment diffère d’une perception, d’une connaissance, d’une idée, en ce qu’il dérive des choses une impression immédiate et continue, non la notion de leurs rapports avec le reste des êtres, non une notion classificatrice, un jugement, mais une pure sensation pendant laquelle l’objet seul apparaît dans la conscience, la flatte ou la heurte selon qu’il lui est bienfaisant ou malfaisant.

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