/ 3286
689. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 334-336

Tout ce qui est parti de sa plume, est marqué au coin d’une raison lumineuse & d’une onction pénétrante. […] Il ne restera qu’un odieux souvenir des Perturbateurs de la raison humaine.

690. (1894) Critique de combat

Mabilleau prodigue plus que de raison, même pour un philosophe, les grands mots abstraits. […] que vous avez raison, fit avec élan M.  […] Pour quelle raison l’histoire ne figure-t-elle que dans la Faculté des lettres ? […] Mais il me semble qu’il y a des raisons plus graves. […] Point de raison générale à cela : c’est la faute des personnes.

691. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

C’est là qu’est la moralité de l’art et la raison de son influence sur la destinée humaine et sur la marche de la civilisation. […] La raison en est certainement dans une fausse conception du costume tragique. […] Les raisons que nous avons présentées sont artistiques et comme telles de plus grande valeur. […] Et cela pour deux raisons d’ordre supérieur. […] C’est là une raison toute philosophique.

692. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Oui, nous sommes tous, à des degrés divers, positivistes de raison. […] Les circonstances finissent par être la raison dernière des vices et des vertus, comme elles sont de plus en plus la raison dernière des opinions. […] Ce style a sa limite dans ce qui fait sa raison d’être et sa légitimité. […] La seconde raison doit être cherchée dans l’âme même de l’écrivain. […] Il y a eu à cela d’autres raisons encore que l’influence de Balzac.

693. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Des raisons autres que littéraires me guidaient alors. Ces raisons existent toujours, mais me paraissent moins pressantes aujourd’hui. […] Ernest d’Hervilly le rappelait en vain à la raison. […] Ont-ils raison ou tort ? […] Il avait ses raisons, qui étaient surtout de vouloir ainsi.

694. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Et c’est ainsi que, par un détour, je donne raison à M.  […] On reprend : « Le peuple a raison. […] Tous ces témoins avaient des raisons pour ne pas dire la vérité. […] Mais on démontrerait avec la même facilité que les témoignages de ses amis ne sont pas moins suspects, pour d’autres raisons. […] Mais voici qu’il me donne lui-même raison.

695. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Si donc nous la tenons d’emblée, l’étude de la réalité présente n’a plus d’intérêt pratique et, comme c’est cet intérêt qui est la raison d’être de cette étude, celle-ci se trouve désormais sans but. […] S’il en a été ainsi des sciences naturelles, à plus forte raison en devait-il être de même pour la sociologie. […] On ne peut pas admettre qu’elle soit vraie ; on lui oppose une fin de non-recevoir, et la passion, pour se justifier, n’a pas de peine à suggérer des raisons qu’on trouve facilement décisives. […] D’autre part, il est clair que cette définition devra comprendre, sans exception ni distinction, tous les phénomènes qui présentent également ces mêmes caractères ; car nous n’avons aucune raison ni aucun moyen de choisir entre eux. […] Il faudrait, par exemple, avoir des raisons de croire que, à un moment donné, le droit n’exprime plus l’état véritable des relations sociales, pour que cette substitution ne fût pas légitime.

696. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemoyne, André (1822-1907) »

André Lemoyne, renferment des pièces parfaites de limpidité et de sentiment ; j’ai des raisons pour recommander celle qui a pour titre : L’Étoile du Berger. […] Philippe Gille Ce n’est qu’avec une extrême réserve que nous accueillons les poètes ; la raison en est, hélas !

697. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 142-143

Toujours vertueux par systême, Coupable trop souvent, mais par fragilité, Du moins, lorsque d’Aaron j’entends la voix suprême, Fidele Israélite, & m’oubliant moi-même, De ma folle raison j’abaisse la fierté, Et laisse captiver devant un diadême Mon impuissante liberté. […] Ses sentimens répondoient du bon usage de ses talens ; la maturité de l’âge en eût vraisemblablement écarté la frivolité, y auroit substitué l’empreinte d’une raison plus solide, & l’on n’eût pas eu à craindre de voir sa vieillesse déshonorée par des Productions propres à déshonorer tous les âges.

698. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

— La comtesse de Boufflers, qu’on a souvent confondue avec la précédente, et qui, sans qu’on veuille en rien faire tort à celle-ci, lui était, au dire de bons témoins, « supérieure en figure, en agréments, en esprit et en raison  » ; qui avait aussi, il faut en convenir, plus de prétentions qu’elle au bel esprit et à l’influence, a pour qualité distinctive d’avoir été l’amie du prince de Conti, celle de Hume l’historien, de Jean-Jacques, du roi de Suède Gustave III ; elle est perpétuellement désignée dans la Correspondance de Mme du Deffand sous le nom de l’Idole : le prince de Conti ayant dans sa juridiction le Temple en qualité de grand-prieur, la dame favorite qui y venait, qui même y logeait et y avait son jardin et son hôtel attenant, s’appelait tout naturellement l’Idole du Temple ou, par abréviation, l’Idole. […] Dès ce premier entretien le prince lui fit plusieurs questions sur les raisons qu’il pouvait avoir eues, lui Français, de renoncer à la France pour s’attacher à l’Angleterre comme à une patrie. […] Madame, il a raison ; nous le méritons bien. » Le grand Frédéric, lorsque Dutens eut l’honneur de le voir quelques années après, reconnut de même la force de ce raisonnement et lui donna raison. […] Je traduirai du moins, sans en rien retrancher, la dernière moitié de cette belle et longue lettre, qui perd assurément à ne pas être présentée dans toute son étendue : « La perte d’un ami, celle d’une dignité ou de la fortune, admet quelque consolation, sinon par raison, au moins par oubli, et ces sortes de chagrins ne sont pas éternels. […] comme ce philosophe historien qu’on a taxé de scepticisme et de froideur sait entrer dans toutes les raisons, même dans celles du cœur et les plus intimes !

699. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il ne semble pas qu’on doive en faire aucun reproche à Catinat : il exposa et fit goûter toutes ses raisons à Chamlay, qui vint sur les lieux pour en juger par lui-même. […] Il y a quelque chose d’invisible, et un enchantement perpétuel et impénétrable qui conduit cette machine… Encore une fois je deviens fou, mais mon état ne fait rien au roi… » Je suis forcé de supprimer les détails et les raisons à l’appui. — Et dans une autre lettre du 10 août, Tessé indiquant les mouvements en sens divers et les incertitudes multipliées de Catinat, allait jusqu’à dire : « Le pauvre Pleneuf [le munitionnaire] fait au-delà de l’imagination ; mais les ordres changent trois fois dans un jour ; encore si le bon maréchal voulait se faire servir ou se laisser servir, patience ! mais il a ses opiniâtretés, et dans le moment qu’il parle de remarcher aux ennemis, il songe à repasser l’Adda et dit qu’il n’y a que cela à faire… Au bout du compte, le roi doit être informé qu’il n’y a en vérité plus, comme l’on dit, personne au logis, et que sa pauvre tête s’échauffe, s’embarrasse et puis qu’il n’en sort rien. » En rabattant de ces vivacités d’esprit et de plume tout ce qu’on voudra, il reste bien démontré, quand on a lu les pièces, que Louis XIV avait raison d’être peu satisfait ; son armée d’Italie avait perdu confiance en son général et n’était plus conduite : « Je vous avais mandé, écrivait-il à cette même date à Catinat, que vous aviez affaire à un jeune prince entreprenant : il s’est engagé contre les règles de la guerre ; vous voulez les suivre et vous le laissez faire tout ce qu’il veut. » Ce n’est pas d’avoir remplacé Catinat, c’est de l’avoir remplacé par Villeroy qu’on peut blâmer Louis XIV. […] Il fit demander au roi que, tout en restant à l’armée pour la fin de cette campagne, il lui fût permis de se retirer après, et il en donna les raisons suivantes, ne craignant point de fournir lui-même des motifs d’excuses et presque des armes à la sévérité dont il était l’objet : « Je ne suis.plus jeune, écrivait-il à Chamillart (28 août), je suis près d’entrer dans ma soixante-quatrième année. […] Les pauvres gens savent gré au-delà de tout de cette bonté, de cet esprit d’égalité dans un supérieur et un homme célèbre, à plus forte raison dans un guerrier.

700. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

On est trop juge et partie ; on est trop intéressé à donner raison à Caton le censeur. […] C’était pour lui l’enluminure et, par conséquent, l’altération de la vérité ; c’était la pompe et la vanité, substituées à la raison et à la logique ; c’était le succès de la cause, sacrifié au succès de l’orateur ; enfin, la déplorable phrase, au lieu du mouvement du cœur et de l’esprit. […] Il lui soutenait que l’italien n’était pas une langue ; elle le réfutait, elle épuisait les raisons : il ne se rendait pas. […] La raison qu’en donne M.  […] Je n’ai jamais rien trouvé de si vide que la gloire, et à plus forte raison ma gloriette à moi.

701. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Pendant que je me moque d’elle avec vous, je lui écris, de temps en temps, par honnêteté, de tendres ou pompeux galimatias, et, si quelqu’un comparait mes lettres à elle avec mes lettres sur elle, on me regarderait avec raison comme un fou méchant et faux. […] C’est même là l’unique raison qui puisse faire excuser de la creuser si à fond et d’en rechercher jusqu’au bout les misères. […] La raison, éclairée par l’expérience, avertie par les revers, a beau dire, elle a beau faire l’éloquente et la souveraine à de certains moments solennels, elle n’a plus à ses ordres la volonté. […] La raison en est réduite à ce rôle de Gaston en bien des âmes. Ce ne fut là que l’un des côtés de la raison supérieure de Benjamin Constant, mais ce côté est hors de doute ; sa conversation s’y tournait le plus volontiers.

702. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Pour la première fois, la doctrine de la Providence directrice est rejetée de l’histoire, et la raison des faits est cherchée dans les faits mêmes, dans le rapport des antécédents et des conséquents. […] Montesquieu a utilisé pour son Esprit des Lois toutes les études partielles qu’il avait en portefeuille ; et ce procédé nous révèle une des raisons de l’incohérence du chef-d’œuvre. […] Par la raison que leurs crimes, leurs injustices, le mal qu’ils justifient par l’utilité et le bien public, que tout cela ne sert à rien : leurs agitations sont vaines et ne changeront rien à l’action toute-puissante de causes éternelles. […] Ainsi les lois d’un peuple ne sont ni le produit logique de la raison pure, ni l’institution arbitraire d’un législateur : elles sont le résultat d’une foule de conditions physiques, météorologiques, sociales, historiques. […] C’était une œuvre de raison et d’humanité.

703. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Il passe résolument d’un camp à l’autre ; et de ce qu’il a rendu justice d’un côté, ce ne lui est jamais une raison de la refuser à ce qui est vis-à-vis. […] dit-elle encore, que la passion m’est naturelle, et que la raison m’est étrangère ! […] « L’esprit de la plupart des femmes sert plus à fortifier leur folie que leur raison. » C’est La Rochefoucauld qui dit cela, et Mlle de Lespinasse le justifie. […] Il y a des jours, des semaines, où elle se croit presque guérie, revenue à la raison, au calme ; elle célèbre la raison et sa douceur : ce calme même est une illusion. […] Elle ne regrette plus alors ce calme trompeur, insipide : « Je vivais, disait-elle ; mais il me semblait que j’étais à côté de moi. » Elle le hait, elle le lui dit, mais on sait ce que cela veut dire : « Vous savez bien que quand je vous hais, c’est que je vous aime à un degré de passion qui égare ma raison. » Sa vie se passe ainsi à aimer, à haïr, à défaillir, à renaître, à mourir, c’est-à-dire à aimer toujours.

704. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Sur la religion, il dira, en répondant à quelques opinions tranchantes qu’avait exprimées son fils : « La raison de chaque homme est et doit être son guide ; et j’aurais autant de droit d’exiger que tous les hommes fussent de ma taille et de mon tempérament, que de vouloir qu’ils raisonnassent absolument comme moi. » En toutes choses, il est d’avis de connaître et d’aimer le bien et le mieux, mais de ne pas s’en faire le champion envers et contre tous. […] Selon lui, « Duclos, dans ses Réflexions, a raison d’observer qu’il y a un germe de raison qui commence à se développer en France. […] Lord Chesterfield destinait ce fils si cher à la diplomatie ; il trouva d’abord quelques difficultés à ses vues dans les raisons tirées de l’illégitimité de naissance. […] Ce serait peut-être à moi à décider lequel est le plus triste d’être sourd ou aveugle, ou de ne point digérer : je puis juger de ces trois états avec connaissance de cause ; mais il y a longtemps que je n’ose décider sur les bagatelles, à plus forte raison sur des choses si importantes. […] En indiquant son charmant cours d’éducation mondaine, nous n’avons pas cru qu’il fût hors de propos de prendre des leçons de savoir-vivre et de politesse, même dans une démocratie, et de les recevoir d’un homme dont le nom se rattache de si près aux noms de Montesquieu et de Voltaire ; qui, plus qu’aucun de ses compatriotes en son temps, a témoigné pour notre nation des prédilections singulières ; qui a goûté, plus que de raison peut-être, nos qualités aimables ; qui a senti nos qualités sérieuses, et duquel on pourrait dire, pour tout éloge, que c’est un esprit français, s’il n’avait porté, jusque dans sa verve et sa vivacité de saillie, ce je ne sais quoi d’imaginatif et de coloré qui lui laisse le sceau de sa race.

705. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il montre que cette explication surnaturelle n’est point nécessaire, et qu’avant de rechercher la cause d’un fait, il importe de bien étudier ce fait en lui-même : « Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance, dit-il, par les choses qui sont et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point et dont nous trouvons la raison. […] Dans sa Digression sur les anciens et les modernes (1688), il a raison sur presque tous les points, excepté sur le chapitre de la poésie et de l’éloquence, surtout de la poésie, qu’il ne sent pas et qu’il croit posséder et pratiquer. […] Hors de là, il est dans le vrai et il a l’œil dans l’avenir : « La Nature, dit-il, a entre les mains une certaine pâte qui est toujours la même, qu’elle tourne et retourne sans cesse en mille façons, et dont elle forme les hommes, les animaux, les plantes. » Et il en conclut que, puisqu’elle n’a point brisé son moule, il n’y a aucune raison pour qu’il n’en sorte point d’illustres modernes aussi grands à leur manière que les anciens. […] Dans les extraits, il s’attache, avant tout, à éclaircir et à démêler ce qu’il expose : il avait pour principe que, dans les sciences, la certitude elle-même des résultats ne dispense point de la clarté, et que la raison commune a droit à tout instant d’intervenir et de demander compte, autant qu’il est possible, de ce que les méthodes particulières lui dérobent. […] C’est ainsi que cette raison éclairée et saine avait fini par triompher chez elle-même d’un goût qui était si malsain à l’origine, et par en tirer un parti tout à fait heureux.

706. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Je ne l’ai point voulu chercher parmi les hommes, parce qu’il manque toujours à leur commerce je ne sais quelle douceur qu’on rencontre en celui des femmes ; et j’ai cru moins impossible de trouver dans une femme la plus forte et la plus saine raison des hommes, que dans un homme les charmes et les agréments naturels aux femmes. Cette raison saine, cet esprit sensé, mêlé à l’enjouement et au charme, il l’avait trouvé chez Ninon, et ce coin du portrait d’Émilie n’était pas du tout une pure idée imaginaire. […] Sa raison faisait preuve de solidité dans ses jugements ; ses saillies les plus folles recouvraient souvent un grand sens. […] Elle eut de la sorte pour amis tout ce qu’il y avait de plus trié et de plus élevé à la Cour, tellement qu’il devint à la mode d’être reçu chez elle, et qu’on avait raison de le désirer par les liaisons qui s’y formaient. […] Elle est morte avec toute sa raison, et même avec l’agrément de son esprit, qui était le meilleur et le plus aimable que j’aie connu en aucune femme.

/ 3286