En effet, il le pense, non sans raisons. […] Jusque dans les moments extrêmes, la nature désespérée subissait l’empire de la raison et des convenances. […] Nulle part on n’a vu une telle force, une telle abondance de raisons si hardies, si frappantes, si bien accompagnées de détails précis et de preuves ; tous les intérêts, toutes les passions appelées au secours, l’ambition, l’honneur, le respect de l’opinion publique, le soin de ses amis, l’intérêt de l’État, la crainte ; toutes les objections renversées, tous les expédients trouvés, appliqués, ajustés ; une inondation d’évidence et d’éloquence qui terrasse la résistance, qui noie les doutes, qui verse à flots dans le cœur la lumière et la croyance ; par-dessus tout une impétuosité généreuse, un emportement d’amitié qui fait tout « mollir et ployer sous le faix de la véhémence » ; une licence d’expressions qui, en face d’un prince du sang, se déchaîne jusqu’aux insultes, « personne ne pouvant plus souffrir dans un petit-fils de France de trente-cinq ans ce que le magistrat et la police eussent châtié il y a longtemps dans tout autre » ; étant certain « que le dénûment et la saleté de sa vie le feraient tomber plus bas que ces seigneurs péris sous les ruines de leur obscurité débordée ; que c’était à lui, dont les deux mains touchaient à ces deux si différents états, d’en choisir un pour toute sa vie, puisque après avoir perdu tant d’années et nouvellement depuis l’affaire d’Espagne, meule nouvelle qui l’avait nouvellement suraccablé, un dernier affaissement aurait scellé la pierre du sépulcre où il se serait enfermé tout vivant, duquel après nul secours humain, ni sien ni de personne, ne le pourrait tirer. » Le duc d’Orléans fut emporté par ce torrent et céda. […] Il se tenait et marchait un peu courbé, avec un faux air plus humble que modeste, et rasait toujours les murailles pour se faire faire place avec plus de bruit, et n’avançait qu’à force de révérences respectueuses, et comme honteuses, à droite et à gauche à Versailles. » Voilà une des raisons qui rendent aujourd’hui Saint-Simon si populaire ; il décrit l’extérieur, comme Walter Scott, Balzac et tous les romanciers contemporains, lesquels sont volontiers antiquaires, commissaires-priseurs et marchandes à la toilette ; son talent et notre goût se rencontrent ; les révolutions de l’esprit nous ont portés jusqu’à lui. — Il voit aussi distinctement le moral que le physique, et il le peint parce qu’il le distingue. […] Cette impétueuse passion est la grande force des artistes ; du premier coup, ils ébranlent ; le cœur conquis, la raison et toutes les facultés sont esclaves.
Il est le même dans tous ses Ouvrages : de l’esprit, de l’érudition, du style, de la raison ; en voilà plus qu’il n’en faut pour être un estimable Académicien.
Par malheur pour ses Ouvrages, les beautés ne s’y rencontrent que par intervalles, & n’en rachetent point les défauts, raison décisive pour n’occuper qu’un rang médiocre.
Il n’en est pas certainement dans la Littérature comme dans la Noblesse : l’Auteur d’une grande Maison est ordinairement un homme d’un grand mérite, & c’est de lui qu’on se fait gloire de dater ; tandis que le plus souvent un Ecrivain obscur est l’inventeur d’une nouvelle génération poétique : mais son obscurité n’est pas une raison pour se dispenser de l’hommage qu’on doit à son invention.
Ce qui paroîtra étonnant, c’est que ce Moine, qui avoit, dit-on, des mœurs si dures, qu’il se rendoit insupportable à tous ce qui l’environnoit, & qui fut obligé, par cette raison, de se démettre de son Abbaye, ait traduit en François les Lettres d’Abailard & d’Héloïse d’une maniere plus libre que son état, son caractere, le texte même, ne devoient le lui permettre.
Le Cardinal, qui avoit des raisons pour y croire, récompensa magnifiquement le zele de la Mesnardiere, le fit son Médecin, lui procura une place à l’Académie, & la charge de Maître-d’Hôtel du Roi, qui valoit encore mieux.
On a eu raison de dire de Pavillon ce qu’on ne peut dire d’aucun d’eux : Rival ingénieux d’Ovide S’il vouloit fléchir une Iris, Les Graces dictoient ses Ecrits, Et l’Amour lui servoit de guide.
Varillas a fait encore quelques autres Ouvrages, dont le plus connu est l'Histoire des Hérésies, très-peu exacte, & que Ménage appeloit avec raison, une Histoire pleine d'Hérésies.
Dans le dernier surtout, il s'éleve, avec raison, contre cette manie de basse plaisanterie, qui ne sauroit être qu'un triste reste de la barbarie où nous avons vécu si long-temps.
Cochin Vous avez raison, ce dessin au crayon rouge représentant Lycurgue blessé dans une sédition, mérite d’être regardé : le passage subit de la fureur à la commisération dans cette populace effrénée qui le poursuit est bien rendu.
Le temps seul eut peu à peu raison de cette fièvre d’Oberman 77. […] L’insuccès de ces trois premiers volumes, qui aurait pu se prévoir, agit plus que de raison sur cette imagination mobile. […] Il a trouvé cent raisons plus subtiles et plus cherchées les unes que les autres pour prouver qu’il avait bien fait de les omettre. […] C’est précisément en juillet 1827 que Mlle Clémentine, fière, digne et généreuse, ayant mis à la raison un premier goût, agréa M. […] Les observations de Diez sur la permutation des lettres ne sont pas du tout vaines, et Ampère avait raison d’entrer à sa suite dans cette voie.
Mais avait-il raison d’y croire ? […] Pourtant on découvre en ce point la raison pour laquelle La Fayette n’était pas un gouvernant et n’aurait pas eu cette capacité. […] La Notice écrite par lui sur lui-même (1794), et que La Fayette discute, est, ainsi que celui-ci la qualifie avec raison, plus acre que vraie sur bien des points. […] Je suis un peu effrayé par moments, je l’avoue, de cette unité et de cette perpétuité de raison, cela fait douter ; quelques fautes de loin en loin rendraient confiance. […] En quoi Boileau a tort et raison en cela, je ne le recherche pas pour le moment ; je reprendrai cette thèse ailleurs.
L’Histoire universelle, supérieurement envisagée, vient à l’appui de ces raisons, & ne laisse rien à désirer dans sa démonstration.
La raison & la vérité dédaignent toute parure recherchée, & le ton de la vraie Philosophie est ennemi de tout ce qui peut sentir l'emphase & la prétention.
— La politique, à tort ou à raison, est de plus en plus morte en ce moment en France.
La science, quand on est de ceux qui la découvrent ou qui la fixent, a toujours raison.
La raison en est toute simple, les anciens Romains n’étoient pas Molinistes.
Brun, [Pierre le] Oratorien, né à Brignolles, mort en 1629, a écrit contre les Sorciers, & croyoit aux Sorciers : cependant son Histoire critique des pratiques superstitieuses est pleine d’érudition, & assez pourvue de jugement, excepté quand il en est à l’article des sortiléges, dont il combat le ridicule en admettant souvent des faits que la raison auroit dû rejeter.