Éclair brillant et pur du feu qui nous anime, Étincelle ravie au grand foyer des cieux ! […] Au bord de quelque golfe d’Italie, à l’entrée de quelque villa dont la blancheur contraste avec les bosquets de citronniers qui l’entourent, on entend le son d’une harpe, et une voix, voix si douce que l’amour s’y devine : Le portique au soleil est ouvert : une enfant Au front pur, aux yeux bleus, y guide en triomphant Un lévrier folâtre aussi blanc que la neige, Dont le regard aimant la flatte et la protège ; De la plage voisine ils prennent le sentier Qui serpente à travers le myrte et l’églantier ; Une barque non loin, vide et légère encore, Ouvre déjà sa voile aux brises de l’aurore, Et berçant sur leurs bancs les oisifs matelots, Semble attendre son maître, et bondit sur les flots..
Tel est le rôle des idées générales, et des relations générales, purs artifices destinés à soulager la mémoire. […] Quoiqu’on l’ait souvent considéré comme un pur disciple des Anglais, il reproche vivement à Mill d’avoir voulu réduire la science à n’être qu’une constatation des faits.
Mais ce qui va bien au paysage et à son peintre : la vapeur, les traits indistincts, les lointains fuyants, mal accusés, noyés, perdus, ne va plus au peintre de l’âme, au moraliste, à l’observateur de la nature humaine qui doit voir clair, tout discerner, tout accuser d’une ligne pure et inflexible. […] et l’éclat pur de son rire sonore s’éteindrait dans ce pensif sourire qui traîne aux lèvres de ceux qui ont jugé la vie, comme un bout de velours traîne sur une tombe, — bien doucement et sans faire aucun bruit.
Mais en poésie, où tout est Sentiment et Expression, ces deux purs dons de Dieu, comme la Beauté et la Naissance, le travail compte pour rien quand il est tout seul, et voilà pourquoi la Critique, qu’on croit dédaigneuse et qui ne veut pas même être sévère, laisse là, en fait de poésie, les violettes de la médiocrité, d’autant plus cachées sous le foin de leur gazon que leur parfum ne les trahit pas. […] Gramont est un homme de race militaire, et la virilité de sa pensée donne souvent à l’accent de sa poésie quelque chose de stoïquement inconsolable, d’un effet très pénétrant et très nouveau… Sorti d’un père vendéen, ami de Talmont et de Charette, ce fiancé de l’épée, à qui l’épée a manqué, victime fière et pure de la fidélité du souvenir, nous dit dans ses Chants du Passé tous les veuvages de sa jeunesse : Je comptais retrouver cette épouse de fer Que de ma destinée une erreur a disjointe.
Or, je ne sais par quel sortilège exécrable, Dans cet homme flétri, dégradé, lamentable, Je revoyais l’enfant du tableau contemplé, Les traits purs de l’enfant sérieux et bouclé. […] III Ainsi, un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui-là qui plaît davantage, — le plus pénétrant et le plus pur… Certes !
Pour les liquides, ils les réduisaient à une seule espèce, à celle du sang ; ils appelaient sang la liqueur spermatique, comme le prouve la périphrase sanguine cretus, pour engendré ; et c’était encore une expression juste, puisque cette liqueur semble formée du plus pur de notre sang. […] C’est de là que les Latins conservèrent succi plenus, pour dire charnu, plein d’un sang abondant et pur.
Maxime n’est pas un cœur pur, c’est un puriste ; il ne se contente pas d’être un homme d’honneur, c’est un raffiné. […] Octave Feuillet fait couler ce frais et pur ruisseau au milieu des fanges de la vie parisienne qui lui servent de contraste. […] ce n’est plus là de la charité, ni même de la sensibilité, c’est de la sensiblerie et de l’affectation pure. […] Ainsi la Convention commit des crimes effroyables, elle versa des torrents de sang, et le tout en pure perte. […] Fantine était belle et resta pure autant qu’elle put.
Il n’y a pas de Raison pure, pas plus qu’il n’y a de montagnes de cristal. […] Pure théologie. […] L’homme séparé du reste de la nature est un pur mystère. […] Bourdeau, du beylisme pur ? […] Ce système, en linguistique, conduit au phonétisme pur.
— Selon nous, c’est là une pure apparence, et le travail s’accommode aussi bien que le jeu des mouvements esthétiques. […] C’est ce mystère qui suffira toujours à entretenir dans l’art, au-dessus du beau pur et simple, le sentiment du sublime. […] Nous sommes bien loin aujourd’hui des idées cartésiennes, qui réduisaient tout dans le monde, sauf la pensée humaine, à un pur mécanisme. […] L’art ne pourra donc jamais devenir une affaire de pure science, parce qu’il est une sorte de création et que savoir n’est pas créer. […] Pures questions de métier, par exemple, que tels reproches adressés à A. de Musset par les parnassiens.
Aussi nous inclinons-nous devant les impulsifs purs tels que Musset, Verlaine, Laforgue, et plus récemment M. […] Viélé-Griffin, Henri de Régnier, de purs poètes ! […] Le Vinci et l’Angelico ne sont-ils pas de plus purs artistes que Gérard Dow ou Véronèse ? […] Je crois que, dans le domaine de l’observation pure, on peut s’arrêter là ! […] fis-je en humant instinctivement de larges bouffées de cet air pur qu’agitait un petit vent du Nord.
Roseau parlant, mais agité par tous les vents qui se combattent, à qui demandait-elle le souffle pur de la parole ? […] Il serait vain et fastidieux de les rechercher autre part que dans Valérie qui en réunit, comme en un miroir, tous les rayons les plus purs. […] La naissance de cet amour, ses progrès, ce souffle de tous les sentiments purs qui y conspirent, remplissent à souhait toute la première moitié : des scènes variées, des images gracieuses, expriment et figurent avec bonheur cette situation d’un amour orageux et dévorant à côté d’une amitié innocente et qui ignore. […] Un peu après, quand Gustave, passant durant la nuit près de la chambre de Valérie, chastement sommeillante, ne peut résister au désir de la regarder encore une fois, et qu’il l’entend murmurer en songe les mots de Gustave et de mort, c’est là un songe officiel de roman, c’est de la fable sentimentale toute pure, couleur de 1803. […] … Gustave qui, à certains moments de sa solitude enthousiaste, se rapproche aussi de Werther ; qui égale même cette voix éloquente et poétique, en cette espèce d’hymne où il s’écrie : « Je me promène dans ces montagnes parfumées par la lavande…, » Gustave s’en distingue encore à temps et demeure lui-même, rejetant l’idée de se frapper, pieux, innocent et pur jusque dans son égarement, rendant grâce jusque dans son désespoir.
Ces amours moins vagues et moins éthérés, quoique aussi purs, vous feront découvrir dans votre cœur des fibres plus émues et plus consonantes au cœur humain ; vous descendrez des généralités idéales aux personnalités passionnées de la vie humaine, et, après avoir été un poète d’autel, vous deviendrez un poète de foyer. […] Ta chute laboura, comme un coup de tonnerre, Un arpent tout entier sur le sol paternel ; Et, quand son sein meurtri reçut ton corps, la terre Eut un rugissement terrible et solennel : Car Cybèle t’aimait, toi l’aîné de ses chênes, Comme un premier enfant que sa mère a nourri ; Du plus pur de sa sève elle abreuvait tes veines, Et son front se levait pour te faire un abri. […] Les paraboles mêmes, ces apologues évangéliques qui ne font rejaillir la vérité que sous la forme ingénieuse de l’allusion, sont froides comme les images répercutées dans le miroir lumineux mais impassible de la pure intelligence. […] À ces flots onctueux, fumant d’un double arôme, L’homme a fourni les pleurs et la terre le baume : Tous les deux vous offrant leurs présents les meilleurs, La nature, ses fleurs, et l’âme, ses douleurs ; Puis versant tous les deux sur vos traces sereines Ce que vous avez mis de plus pur dans leurs veines ! […] C’est la terre réfléchie dans une âme pure et transparente comme l’onde du Lignon cher à d’Urfé, du Lignon qui dort sous l’ombre des rochers de son cher Forez après avoir écumé en grondant du haut de ses montagnes.
Ce ne sont plus, comme dans les siècles précédents, quelques accents délicats et purs, quelques retours heureux à l’antiquité, de l’analyse et de l’éloquence ; c’est la poésie elle-même qui a paru. […] Un tel état de l’âme est une grave, une affreuse maladie, bien que cette maladie vaille mieux que le calme de l’incrédulité pure, ou que le calme de la religiosité du passé. […] J’y trouve le retour à la nature, le sentiment de l’égalité humaine, le sentiment pur de l’amour : ce sont trois traits de Rousseau, qui, comme une image sacrée de l’idéal, ont passé dans l’âme de Goethe, et y vivaient à l’époque où il fit Werther. […] Les trois grands milieux du cœur de l’homme, la Nature, l’Humanité, la Famille, sont donc sentis dans ce livre, et sentis d’une ardeur pure et sincère, mais isolément sentis. […] Montrez-nous l’amour aussi ardent, aussi pur que Goethe l’a peint dans Werther ; mais que cet amour sache qu’il y a un amour plus grand, dont il n’est qu’un reflet.
Decalandre paraissait en proie au délire sacré et, secouant une revue à couverture jaune, il ne m’eût pas serré la main, qu’il se répandit en sonores discours — avec le pur accent de Castres et de Lombez, comme parlait Laurent Tailhade, lequel, étant né à Tarbes, était fort qualifié pour railler l’accent méridional. […] Les Francs, — les Barbares d’outre-Loire, comme on disait il y a huit cents ans à Toulouse, — aidés d’ailleurs par quelques barbares d’outre-Rhin, envahirent et ravagèrent le pays d’oc, massacrèrent la fleur de ses fils, égorgèrent ou brûlèrent ses femmes, lui imposèrent leur parler et leurs lois, bref lui firent connaître toutes sortes de choses que nous avons pu apprécier d’assez près il y a quelque temps ; une précoce et puissante civilisation fut ainsi anéantie jusque dans son épanouissement suprême : sa langue, cette langue d’oc si miraculeusement belle que ses purs servants n’ont presque jamais osé la compromettre en vulgaire prose. […] Chaumié, que de citer encore Marguerite d’Angoulême, Olivier de Magny, Jean de La Gessée, Nicolas Rapin « — Le favory d’Apollon et des Muses », — François Maynard, aussi pur écrivain que son maître Malherbe, et souvent plus pathétique, Claude de Trellon, Annibal de Lortigue, et, enfin, Théophile de Viau, qui eut une soixantaine d’éditions, de 1621 à 1656. […] De « race » pure, il n’est point question. […] Même s’il est vrai que tous les grands poètes français soient nés dans le nord de la France, il paraît impossible d’y voir autre chose qu’un pur hasard.
ô vous, pures étoiles ! […] pures étoiles ! […] pures étoiles ; — amour ! […] Sa pensée s’arrêta sur elle, et son cœur reprit un peu de calme : « Pure jeune fille ! » prononça-t-il à demi-voix… « Pures étoiles !
Il est bien certain que la jeunesse a droit à quelque fantaisie, même dans la poursuite d’un très pur et très sévère idéal. […] Mais celui-ci déjà parle une langue sûre et pure. […] Je salue en Léon Dierx le plus pur poète, l’âme la plus irréprochable de toute une génération. […] les purs, les vastes, les hauts, les lumineux poèmes ! […] Peu de poèmes sont plus fiers, plus purs, plus noblement mélancoliques que ceux de M.
Nous dirons dès lors, contrairement à Wundt, que la surprise est de l’effroi diminué, émoussé, contrebalancé, réduit à la sphère intellectuelle, de manière à paraître voisin de l’indifférence sensible ; mais, au fond, la surprise est encore un mouvement du désir et non de la pure pensée. […] Des sensitives furent semées les unes dans du sable pur, les autres dans de la terre végétale mêlée de sable en diverses proportions. […] Celles qui avaient de la terre végétale pure finirent par être robustes et presque insensibles : un coup de baguette sur leur feuillage le faisait bien se replier, mais il se redressait presque aussitôt. […] La joie, d’ailleurs, n’est pas toujours pure. […] Dès lors, il n’est pas étonnant que le violon rappelle une voix humaine et exprime des émotions très complexes, tandis que la flûte rappellera plutôt les voix, les sentiments purs et simples de la nature, aux heures de calme.
» dit-il, « fallait-il donc que cette race antique qui, depuis son origine, s’était conservée si pure, trouvât sa fin en moi, qui ne dois pas connaître le nom si doux de père ; semblable à un fleuve majestueux dont les eaux limpides et abondantes finissent par se perdre dans des sables stériles et ignorés ! […] En voyant ces purs esprits sans cesse plongés dans la plus profonde contemplation, à l’ombre de ces arbres immortels ; tantôt occupés à se purifier dans une eau limpide et toute brillante de la poussière dorée du nénuphar sacré ; tantôt ravis en extase au sein de ces grottes silencieuses ornées par la nature elle-même de roches étincelantes, je m’écrie : « Oui ! […] mille fois heureux les pères, lorsque, en soulevant dans leurs bras un enfant chéri qui brûle de se réfugier dans leur sein, et tout couverts de la poussière de ses petits pieds, ils contemplent, à travers son gracieux sourire, la blancheur éblouissante de ses dents pures comme les fleurs, et prêtent une oreille complaisante à son petit babil, composé de mots à demi formés ! […] C’est d’abord l’amour, qui ne sert pas toujours de texte au drame indien, mais qui souvent en est le sujet ; l’amour chaste et tendre, pur et innocent, semblable à celui qui brûle dans les pièces de Sophocle. […] Que de contradictions se rencontrent dans celui-là même qui passe pour le plus pur !