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950. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Ceux qui s’y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s’est lentement amassée là, au fond d’une âme.

951. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte, et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange.

952. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Sans cette attente, l’esprit occupé de sujets imaginaires et donnés, ne s’échauffera jamais d’un feu réel, d’une chaleur profonde, et l’on n’aura que des rhéteurs.

953. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henriette d’Angleterre » pp. 7-9

Un écrivain dont nous regretterons longtemps la perte, — un esprit assurément moins original, moins profond, moins artiste que Stendhal, mais qui était de la même race, qui en avait l’acier, moins damasquiné mais aussi pur, et surtout le fil, — Bazin, l’auteur du Louis XIII, ce sobre historien que les imbéciles peuvent croire sec, avait entrepris de restaurer le livre de madame de La Fayette, et c’est cette restauration, accomplie avec le tact d’une connaissance approfondie, que l’éditeur Techener a publiée.

954. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ampère, qu’il n’avait pas voulu se donner la peine de suivre mes calculs, qui exigent, en effet, de profondes connaissances en mathématiques. […] dans le monde, où tous les sentiments s’affaiblissent, où toutes les douleurs morales finissent, on trouvera très-naturel votre second mariage ; on croira qu’il est le fruit de l’inconstance de nos affections et de l’instabilité de nos sentiments, même les plus vils et les plus profonds. […] Maine de Biran lui-même, le métaphysicien profond près de qui il se place, n’a laissé qu’un témoignage imparfait de sa pensée dans son ancien traité de l’Habitude et dans le récent volume publié par M.  […] La quantité de remarques neuves et ingénieuses, de points profonds et piquants d’observation, qui remplissaient une leçon de M.  […] Nous pourrions citer, d’après les plus anciens papiers et projets d’ouvrages que nous avons sous les yeux, des preuves frappantes de cette large part faite à l’intelligence, qui corrigeait tout à fait le point de vue profond, mais restreint, de M. de Biran, et l’environnait d’une extrême étendue.

955. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« Les grands fleuves ont ordinairement un lit profond et des bords escarpés qui leur donnent un aspect sauvage. […] Personne ne sait à quelle époque remontent, je ne dis pas les premières ébauches de la société, mais les grandes institutions, les connaissances profondes et les monuments les plus magnifiques de l’industrie et de la puissance humaines. […] Il a jeté notre terre sur ces deux pôles ; car Jéhovah est le maître des deux pôles, et sur eux il fait tourner le monde. » IX Tel est ce livre, la grande œuvre philosophique du comte de Maistre : un style étonnant de vigueur et de souplesse ; des vues neuves, profondes, incommensurables d’étendue sur les législations, sur les dogmes, sur les mystères, et quelquefois des plaisanteries déplacées en matière grave ; un grand génie doublé d’un sophiste, un Diderot déclamateur dans un philosophe chrétien et sincère, un Platon souvent, quelquefois un Diogène. […] Aujourd’hui que nous venons de le relire refroidi par trente ans, nous y trouvons plus de talent que de philosophie réelle ; la pensée y est plus hardie que forte, plus subtile que profonde, plus brillante que solide. […] Quel sujet intarissable de profondes méditations philosophiques et religieuses !

956. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Dans cette espèce d’hébétement, on voit les actrices venir, sortir, comme à un appel invisible, aller à quelque chose de lointain, d’où s’échappe un murmure profond comme une clameur d’océan. […] une chemise sans taille, et pour tout le reste ; ce sont des ajustements au caprice et à la fantaisie de la femme. » Là-dessus, il nous met sur les genoux un album de ses anciennes lithographies qu’il a retrouvé, et nous voyons combien, avant d’arriver à sa facilité de dessin sans modèle, à son imagination du vrai, il a fait de profondes, sérieuses, patientes, scrupuleuses études de la nature… C’est partout là-dedans, la mère de Feydeau, le père de Feydeau, et d’Abrantès, et jusqu’au dos d’Henri Berthoud, faisant le dos de cet inconnu. […] « Une femme, mais c’est impénétrable, non pas parce que c’est profond, mais parce que c’est creux !  […] Vraiment, à voir la misérable petite, pelotonnée sur le banc, et le mouchoir aux yeux, et qui a commencé par la mendicité, et qui n’a eu nul appui, nul enseignement pour résister aux pauvres petits vices de son âge, il vous prend une mélancolie profonde. […] Il est encore chaud, sous la sculpture profonde de la mort sur un vieux cadavre.

957. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Il ne faut chercher chez lui ni une psychologie profonde ni de vastes sujets ; il n’est ni un romancier de notre école réaliste ou idéaliste, ni même un romancier véritable, ni surtout ce que nous avons appris à considérer comme un artiste. […] De même que ses portraits de physionomie sont dessinés par ces traits saillants qui sautent tout d’abord aux yeux, sans indication véritablement pénétrante des particularités marquantes et profondes des faces, sans en susciter davantage la vision qu’un signalement tantôt comique ou haineux, tantôt sec, les caractères s’accusent chez le romancier anglais par leurs manifestations les plus immédiatement perceptibles, les actes, de gros actes donnés tels quels sans narrer des mobiles des résolutions préalables, et, infiniment plus souvent, par des paroles, des conversations, des soliloques, des tics verbaux, d’interminables et merveilleux bavardages. […] Son œuvre n’est pas consacrée à susciter les profondes émotions induites de science et de sympathie que cause le spectacle de quelque grande âme humaine mise à nu. […] Outrés encore dans leur étrangeté, le vague qui les entoure, les inquiétantes suppositions qu’ils donnent à concevoir, ces personnages de mystère à peine esquissés qui figurent dans les derniers livres du romancier et qui joignent cependant à tout l’étonnement qu’ils causent une complexité et une vérité profondes, comme sont vrais également, malgré tous leur débordants ridicules, les personnages comiques qui satirisent et montrent à merveille en un énorme grossissement les travers, quelquefois les vices, le plus souvent les innocentes manies qu’il est facile d’observer en tout lieu et qui frappent quiconque a quelque peu voyagé en Angleterre. […] Usant de cet art sobre et puissant des indications disconnexes que nous avons appris à connaître, employant quelque solennité de ton, s’abandonnant à tout le morose d’une imagination qui s’était lassée de trop d’humour, Dickens composa dans Les Grandes Espérances, dans L’Ami commun, Le Mystère d’Edwin Drood, dans certaines parties de Dombey et fils, de La Petite Dorrit, quelques épisodes d’une sinistre beauté, puissamment, écrits, et dans lesquels, par aventure, il atteignit du même coup la force d’un réalisme presque profond, et l’intérêt intense du fantastique.

958. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Pour l’imaginatif, au contraire, elle aura un intérêt profond, un charme incomparable. […] De là l’émotion profonde qui ne peut manquer de nous pénétrer. […] Elle trouvera plaisir à ces images qui l’avaient effarouchée d’abord ; elle s’absorbera dans ces visions comme dans une méditation profonde. […] Les mêmes lois profondes qui président à la formation des êtres dans le monde organique président dans l’esprit de l’artiste et du poète à la formation spontanée des images. […] Aux couleurs vives de la nature on fera correspondre sur le papier des clairs bien tranchés, aux nuances dégradées des gris délicats, aux tons saturés des noirs profonds.

959. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Louis Bertrand avait eu raison de signaler des différences profondes entre la version de 1856 et celle de 1874. […] Jules Lemaître devient menaçant pour toute passion tragique et tout sentiment profond. […] Cette vérité profonde n’appartient pas seulement au domaine de la religion, mais à tous les champs de l’activité humaine. […] Il aime la nature comme une personne vivante, d’une affection profonde, voire un peu jalouse. […] Point de vaste plan harmonieux, ni d’émotion profonde, ni de large envolée.

960. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Quelque sombre qu’il soit, il sourit toujours quand nous voulons qu’il sourie, parce que, lac profond et insondable, il est aussi un miroir. […] Un changement, et profond, dans la nature humaine, voilà ce qui est la condition nécessaire du système de Fourier et de tout système analogue. […] Il sera entendu qu’on la possède. » Elles répondent à un des instincts, à un des besoins les plus profonds de l’humanité. […] A certains égards, ce qu’il projetait était une révolution plus profonde que la Réforme. […] Il a cité une magnifique et profonde parole de Marc-Aurèle : « Vois, examine de près, comme tous les êtres se transforment les uns dans les autres.

961. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

On se demande s’il ne faut pas le louer davantage de sa profonde connaissance des mouvements du cœur humain, et des ressources qu’il retire de leur usage pour accroître l’intérêt qu’il veut répandre sur son héros et sur le malheur des Troyens. […] C’est surtout dans les plaintes et les prières qu’Horace et Boileau proscrivent le style descriptif, et ce précepte émane de leur profonde connaissance des passions. […] Cet heureux choix témoigne son goût exquis et sûr, ou son habileté profonde. […] Du naturel violent de son héros naît un ressentiment de l’injure, si profond, que l’inflexibilité qu’il oppose aux prières et aux malheurs des Grecs, doit paraître vraisemblable, quoique extrême. […] Cet auguste signe de sa volonté vient de sceller un serment irrévocable, dont le Styx, qui doit le garantir, a tressailli jusqu’en ses plus profonds abîmes.

962. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Il est le créateur d’une vie profonde et subtile, éclairée ensuite par une philosophie pleine de lumière et de sincérité. […] Mais Beethoven a compris encore une vérité plus profonde. […] Tous les moyens de la plus savante musique employés à recréer, suivant leurs nuances profondes, ces cinq émotions. […] Alors il a découvert que les parties de son rêve étaient liées impérieusement : chacune étant l’image profonde du reste. […] Cependant un jeune homme, aussi, renonce le ravissement profond de l’ataraxie, séduit par le désir de l’or.

963. (1893) Alfred de Musset

Son château avait des parties moyen âge, aux embrasures profondes, aux planchers doubles, dissimulant trappe et cachette. […] Elle produisait alors une impression profonde sur les siens, habitués à la voir tranquille et grave. […] Il était bon, généreux, d’une sensibilité profonde et passionnée, et il était violent, capable de grandes duretés. […] Elle respire une lassitude profonde. […] Quels mystères profonds dans l’humaine misère !

964. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Quelle impression profonde, intime, toute chrétienne, d’un christianisme tout réel et spirituel ! […] il y a des causes anciennes et profondes. […] Ce passage prouve le respect profond que Sainte-Beuve avait pour Vinet. […] Assez souvent je ressens pour cet auteur une vive sympathie intellectuelle et artistique ; une autre plus profonde, jamais. […] Verra-t-on dans Monsieur Jean, si profond, si touchant, autre chose que l’extraordinaire d’une situation ?

965. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Si profond que soit le travail des siècles, l’esprit et la nature sont toujours les mêmes, et l’ancien culte subsiste sous d’autres noms. […] A tout le moins il faut les connaître, d’autant plus qu’elles ne peuvent manquer d’intervenir dans la lutte plus profonde qui divise aujourd’hui les classes. […] Tout coule de source, d’une source regorgeante et profonde, sans trouble, sans heurt, sans intermittences, et roule dans un lit naturel avec la limpidité d’une grande eau vive. […] Mais l’ironie habituelle est le signe d’une souffrance profonde, et de temps en temps le découragement l’emportait. […] Ampère, étaient aussi profonds.

966. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais, si la douleur de perdre sa compagne lui a paru moindre que l’ennui de mourir en personne, elle n’en est pas moins réelle et profonde pour cela. […] Seulement, il arrive que l’œuvre, ainsi dépouillée de ce que d’ingénieux et parfois profonds commentateurs y avaient ajouté, paraît presque trop simple. […] Dans ce tas énorme, il y en a de profonds, il y en a de féroces, il y en a de pittoresques, il y en a de gais, il y en a très peu de médiocres. […] Même ils ont été suivis d’un silence particulièrement profond, vous savez ? […] Ce Pascal est une façon de bohème très distingué, d’une blague un peu mélancolique, capable de sentiments profonds.

967. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

« Idée ingénieuse », — « mot profond », — « tour spirituel », etc. […] Lorsque Racine écrivit le rôle divin de Monime, il ne trouva point une émotion plus contenue, plus délicate et plus profonde. […] Ils parlent trop bien et trop pour des hommes troublés d’un sentiment profond. […] Puis après l’assassinat, quand elle éclate, une profonde et poignante raillerie abat ses scrupules improvisés. […] Ce qu’il y a de plus voisin de l’abattement profond, c’est le renoncement à soi-même.

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