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529. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Tourmentée par Cinthio à ce sujet, Isabelle (c’était le nom de la sœur) prit le parti de quitter le pays. […] Le capitaine, de son côté, était venu dans cette ville et était sur le point d’y prendre femme. […] Stefanello fuit d’abord à Bologne et de Bologne à Rome, ayant pris le nom de Pantalon et sa fille celui d’Isabelle. […] Mais il veut d’abord prendre un acompte sur le souper et manger quatre bouchées avant de rentrer chez lui. […] Pantalon, qui songe à se remarier, prend le parti de faire extraire les molaires d’où cette infirmité provient sans doute.

530. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Voilà pourquoi il prend cet air de doute et d’incertitude. […] Swift ou Lucien, voulant mettre les hommes au-dessous des animaux, ne s’y seraient pas mieux pris. […] Elle me prend mes mouches à ma porte. […] Il le prend, il l’emporte…. […] Seulement elle y prend des formes différentes de celles qu’elle peut avoir en Europe.

531. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Qu’on prenne les uns après les autres tous les membres dont est composée la société, ce qui précède pourra être répété à propos de chacun d’eux. […] Elles prennent ainsi un corps, une forme sensible qui leur est propre, et constituent une réalité sui generis, très distincte des faits individuels qui la manifestent. […] Au premier abord, ils semblent inséparables des formes qu’ils prennent dans les cas particuliers. […] La structure politique d’une société n’est que la manière dont les différents segments qui la composent ont pris l’habitude de vivre les uns avec les autres. […] Il y a ainsi toute une gamme de nuances qui, sans solution de continuité, rattache les faits de structure les plus caractérisés à ces libres courants de la vie sociale qui ne sont encore pris dans aucun moule défini.

532. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Prendre tant de peine pour prouver qu’un ouvrage est mauvais, c’est presque laisser croire qu’il peut n’être pas tout à fait médiocre. […] C’est que la besogne est rude, et il n’est pas bien commode à un critique de railler le travail, quand tous les grands écrivains l’ont pris au sérieux. […] C’est d’une telle évidence, et ses antithèses sont si peu « noyées », si peu « invisibles », que la plupart des critiques ont pris plaisir à les signaler. […] Il le prend par la peau du cou, comme un chat méchant, et le jette par la fenêtre. […] On a vu de la prétention dans cet exercice ; tout le monde eût constaté qu’il n’y en avait pas et la démonstration eût sauté aux yeux, si notre contradicteur eût pris la peine de reproduire la page qu’il critique.

533. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Je préviens, au reste, qu’ici, comme dans toute la suite de cet écrit, je prends la parole dans le sens le plus général et le plus étendu. […] Maintenant, le sens le plus général de ce mot a pris une bien autre extension. Nous appelons littérature classique celle qui est fondée sur l’étude et les traditions des langues anciennes, celle qui a puisé ses règles dans l’analyse des chefs-d’œuvre de ces mêmes langues, celle enfin qui s’astreint à l’imitation de ces chefs-d’œuvre, et qui prend ses sujets à la même source. […] Lorsque l’homme doué de génie prenait cette lyre d’or que lui avait donnée le ciel, il en tirait des sons qui lui étaient inconnus à lui-même ; et il n’y avait alors que ces sons divins qui eussent reçu le pouvoir d’adoucir les mœurs, d’élever les sentiments, d’agrandir les facultés. […] Pour introduire de suite le lecteur dans le sens intime d’une pareille discussion, je vais le mettre aux prises avec le plus grand nom des lettres françaises, avec Bossuet : encore ne prendrons-nous pas Bossuet tout entier.

534. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

L’Égalité civile et politique n’est qu’une égalité relative, une part faite à qui veut tout prendre, car les principes sont absolus. […] Ce qui n’avait été qu’à l’état de haute aspiration personnelle, dans Mme de Staël, prit tout à coup, sous l’action du saint-simonisme, l’impérieuse généralité et la décision incisive du dogme. […] Ce jour-là, les femmes prirent, dans le monde de la publicité, une position et un pied qu’elles n’y avaient jamais pris. […] Ce n’est pas un crime de ne prendre que ce qu’on a. […] Soit logique, soit indifférence, ces égalitaires dédaigneux, grossiers, occupés, acharnés aux affaires, ont laissé les femmes invoquer pour leur sexe le bénéfice de l’égalité avec eux, et même le leur ont laissé prendre.

535. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Il ne la formule pas, il est vrai, avec cette étreignante rigueur ; il s’y prend, lui, de plus longue main que moi. […] Dans ce système, comme je l’ai indiqué plus haut, ce qu’on a pris pour de l’abjection chez le peuple romain, était la preuve de sa solidité politique. […] Et bien en prit au monde entier, du reste ! Bien en prit à tout ce qu’il y avait alors de civilisation, menacé par tout ce qu’il y avait de barbarie ! […] Et je dis contemporains, car, dans une époque confisquée par l’esprit moderne, il n’a pensé à prendre son histoire que dans les écrivains des six premiers siècles.

536. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Quel parti doit prendre l’auteur ? […] Telles sont les moeurs des bergers pris dans l’état d’innocence. […] Mais il avoit pris un système, il falloit le soûtenir. […] Ainsi ce que l’action de l’Enéide a de grand est pris dans la nature, ce qu’elle a de petit est pris dans le préjugé. […] Achille invite Priam à prendre du repos.

537. (1883) Le roman naturaliste

Où celui-ci prend-il Niebuhr ? […] Daudet ne prenne quelque part intérêt. […] Jules Claretie ne s’y prend pas tout à fait de la même manière. […] C’est à lui de savoir s’y prendre. […] Comment vous y prendriez-vous pour la traduire ?

538. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Un poumon est perdu et l’autre tout comme… » Et il faut revenir à la malade, lui verser de la sérénité avec notre sourire, lui faire espérer sa convalescence dans tout l’air de nos personnes… Puis une hâte nous prend de fuir l’appartement, et cette pauvre femme. […] Là, nous prenons machinalement un numéro de l’Illustration, et sous nos yeux tombe le mot du dernier rébus : Contre la mort, il n’y a pas d’appel ! […] Enfin c’est fini, je l’embrasse… Un garçon la prend sous un bras, la femme de ménage sous l’autre. […] Je prends la lettre ; elle porte le timbre de Lariboisière. […] Enfin, ce matin, je prends mon courage à deux mains.

539. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Prenons un autre exemple. […] Je veux, je prends une résolution, j’en prends une autre, puis une autre encore ; je la modifie, je la suspends, je la poursuis, etc. […] Prenez la mécanique, l’astronomie, la physique générale : qu’y trouvez-vous ? […] Prenez les choses par le bon côté, je vous prie. […] Prenez les livres de métaphysique ; et je ne vous dis pas : Prenez tel ou tel livre, mais prenez celui que vous voudrez ; prenez, par exemple, Condillac ; certainement il n’est pas incompréhensible de profondeur.

540. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIX » pp. 277-278

Les journaux ne savent plus trop à quoi se prendre pour faire de l’opposition : ils se chamaillent du mieux qu’ils peuvent. […] On remarque depuis quelque temps le rôle politique singulier que prend la Presse, journal jusque-là très-pacifique et conservateur. […] — Janin, dans son feuilleton (de lundi 4) sur les Nuées d’Aristophane, trahit sa peur qu’il ne s’élève un tel auteur comique qui dise des personnalités : il a l’air de plaider pour lui et de se prendre pour Socrate ; c’est comique.

541. (1932) Le clavecin de Diderot

Sans doute, à ce piège, ne se laissent définitivement prendre que les niais parmi les niais. […] Le chat le prend pour une souris. […] Pris entre deux feux, pas moyen d’en sortir. […] On a pris pour un fauve de l’intelligence le produit de la plus sensuelle des horticultures. […] Si on est pris, on paiera.

542. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace, du coup, en prend une idée de l’Andalousie, des belles Andalouses, du boléro dansé sur place, et d’un combat de taureaux. […] Pour cela faire, il nous a fallu prendre toutes sortes de précautions. […] Nous prendrons Sébastopol avec cinq officiers du génie, cinq douaniers et cinq gardes nationaux. […] Un autre jour, Horace était au bord du lac de Genève, il prenait quelques croquis, de simples indications. […] Peuple léger, flatte-toi même d’être devenu un peuple grave ; tu as pris assez de peine pour y réussir.

543. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Pour prendre la place qu’il laissait vide, deux hommes se présentèrent : l’année 1656 vit débuter dans la tragédie Thomas Corneille et Quinault. […] Il prend son point de départ si près du point d’arrivée, qu’un tout petit cercle contient l’action, l’espace et le temps. […] Prenons le témoignage des contemporains : Quinault les satisfaisait, et Racine leur lit l’effet d’un brutal. […] Racine prend ses sujets dans Euripide : Andromaque, Iphigénie, Phèdre. […] Lulli se fit céder ce privilège (1672), et prit pour poète Quinault, qui avait déjà travaillé dans un genre analogue, pour Psyché (1670).

544. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Personne ne pourrait se résoudre à suivre cette route rectiligne et personne ne saurait où la prendre. […] L’illusion, il est vrai, a son utilité, et je ne la méconnais point, mais il faut quelquefois la prendre pour ce qu’elle est. […] Et peut-être aussi est-il bon qu’il prenne parfois ses béquilles pour un signe de force et de gloire. […] Prendre le sentiment de ce qu’il y a d’éphémère, de relatif, de contingent en eux, c’est parfois en assurer ou en prolonger la vie. […] L’homme qui se complaît le plus béatement dans ses idées et ses satisfactions prend aisément l’attitude ironique quand il juge le bonheur des autres.

545. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Le fond en était pris à une ancienne pièce d’un auteur obscur, Belin. […] Mais la reine ne cessa d’y prendre le plus vif intérêt ; c’était sa tragédie d’adoption. […] Les deux premiers partis ne me convenaient pas : j’ai pris intrépidement le dernier. […] Et cependant il sent bien qu’il prend sa part de leur bienveillance, qu’il en profite, et il en souffre. […] Mais il faut savoir prendre son parti sur les contretemps de cette espèce.

546. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Si en effet nous pouvons dire, par exemple, avec certitude, que Dieu est intelligent, qu’il est libre, comment soutiendrait-on que cet objet échappe absolument aux prises de la science humaine ? […] Ce n’était donc pas sans raison que nous avions pris la liberté d’objecter à M.  […] Dans le domaine de la vérité relative ou humaine, il y a du plus et du moins, du vrai et du faux, du certain et de l’incertain ; il y a à prendre et à laisser. […] Prenons au contraire la doctrine du péché originel : quelle clarté ! […] La religion, une fois acceptée pour vraie, peut prendre la forme scientifique ; mais il en est de même de toute philosophie.

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