Racan refuse d’abord de porter son jugement.
Thiers plaida pour les flagellations avec le même zèle qu’il montra lorsqu’il écrivit contre l’usage des perruques que portent les ecclésiastiques.
Ne serait-ce point que les âmes tendres et tristes sont naturellement portées à se plaindre, à désirer, à douter, à exprimer avec une sorte de timidité, et que la plainte, le désir, le doute et la timidité, sont des privations de quelque chose ?
Par un admirable respect pour la vieillesse, on croyait que les personnes âgées étaient d’un heureux augure dans une maison, et qu’un ancien domestique portait bonheur à son maître.
Mais est-ce notre faute si la formule célèbre : « un coin de nature vu à travers un tempérament », se transforme à l’égard de Zola, en « un coin de nature vu à travers un sensorium morbide », et si nous avons le devoir de porter la hache dans ses œuvres ?
. — Qu’on dise après cela que les premiers fondateurs des villes furent ceux qui marquèrent par un sillon le contour des murs ; qu’on juge si les étymologistes ont raison de faire venir le mot porte, a portando aratro, de la charrue qu’on portait pour interrompre le sillon à l’endroit où devaient être les portes.
Nous n’acceptons que les doctrines dont nous portons déjà le principe en nous. […] Cela est si rare que l’on compte les ouvrages qui, comme celui-ci, ne portent pas en eux un atome de rhétorique. […] On s’aperçoit que quelques-uns des jugements portés sur l’écrivain par la critique et l’opinion n’étaient pas entièrement exacts. […] Il eut peu d’imaginations, mais ces imaginations, il les porta, il les roula en lui toute sa vie. […] Seule son œuvre a rendu possible le jugement que ces jeunes gens et l’auteur qui raconte leurs aventures portent sur la société actuelle.
Takoumi no Kami avait la garde d’un casque porté par l’aïeul du shôgoun vivant, et une planche montre la femme du daïmio le montrant dans une caisse à Kôzouké, envoyé pour l’inspecter. […] Norimon porté dans l’eau. […] Les titres de cette série de la plus grande rareté tantôt portent le nom d’un poète, tantôt le titre d’une poésie. […] Et, comme cette année 1806 est l’année du tigre, il y a des femmes qui portent des robes brodées de tigres. […] Je ne doute pas que vous voudrez bien accorder au vieillard les demandes qu’il vous adresse, et j’espère que dans vos familles vous vous portez tous bien.
Tous ces légistes en perruque solennelle et en hermine, ces évêques en dentelles, ces lords brodés et dorés, ce beau gouvernement adroitement équilibré est porté sur le dos d’une brute énorme et redoutable qui d’ordinaire chemine docilement, quoique grondante, mais qui tout d’un coup, d’un caprice, peut le secouer et l’écraser. […] L’Anglais, naturellement sérieux, méditatif et triste, n’est point porté à regarder la vie comme un jeu ou comme un plaisir ; il a les yeux habituellement tournés non vers le dehors et la nature riante, mais vers le dedans et vers les événements de l’âme ; il s’examine lui-même, il descend incessamment dans son intérieur, il se confine dans le monde moral et finit par ne plus voir d’autre beauté que celle qui peut y luire ; il pose la justice en reine unique et absolue de la vie humaine, et conçoit le projet d’ordonner toutes ses actions d’après un code rigide. […] La poésie naissante et la religion renaissante au seizième siècle y ont imprimé leur gravité magnifique, et l’on y sent palpiter, comme dans Milton lui-même, la double inspiration qui alors souleva l’homme hors de lui-même et le porta jusqu’au ciel. […] En somme, il s’interdit les hautes questions et se trouve fort porté à nous les interdire. […] Les deux Pitt ne montent si haut que parce qu’ils sont portés par elle, et l’indépendance de l’individu aboutit à la souveraineté de la nation.
Mais c’est en Espagne et en Angleterre que l’effort médiéval sur le plan du théâtre devait reprendre élan et porter ses plus nobles fruits. […] Mais sous la forme spéciale et strictement confessionnelle des Autos Sacramentales que portaient de grands chars sur les places les jours de fêtes, il plonge encore plus avant dans la vie du peuple, dans le catholicisme dont il est issu. […] Grâce à elles pourtant, ceux-ci auront porté l’art dramatique à un point de rigueur, d’intensité et de perfection inconnu avant eux et qu’on peut dire insurpassable : Corneille dans Polyeucte, Racine dans Britannicus. […] Chez les auteurs, l’hérésie du « naturalisme » a déjà porté tous ses fruits : le Théâtre Libre est partout ; il a ramené l’attention sur une certaine vraisemblance extérieure qui porta quelques-uns à un souci plus grand de la vérité intérieure. […] L’art dramatique qui se cherche est condamné à la dispersion, en raison même d’une complexité qui pourrait porter le nom d’anarchie.
Harpagon ordonne au valet de ne verser du vin qu’après qu’on en aura demandé deux ou trois fois, et de porter toujours beaucoup d’eau ; encore ne va-t-il pas boire dans leurs verres. […] puissance et droit étrange, dont chacun commence à user, jusqu’à l’âne, qui se demande « à quoi bon porter les herbes au marché, et s’il faut pour cela interrompre son somme. » Il ferait mieux « de songer à attraper les morceaux de chou qui ne lui coûtent rien. » Car le chat, sortant de sa cage, Lui fit voir en moins d’un instant Qu’un rat n’est pas un éléphant. […] Néanmoins, si vous nous promettez de ne dire mot en chemin, nous vous porterons ; mais nous rencontrerons des gens qui vous parleront, vous voudrez leur répondre, et ce sera votre perte. » Dans La Fontaine, ils n’hésitent pas. […] Nous le voyons porter toutes les misères et toutes les grandeurs du règne, et les bras roidis de fatigue, le front contracté par la douleur, se traîner vers son unique repos, la mort. […] L’édit portait Qu’un mois durant le roi tiendrait Cour plénière, dont l’ouverture Devait être un fort grand festin, Suivi des tours de Fagotin.
L’hypnotisé ne taillera pas le crayon distraitement, mais par concentration exclusive de l’attention disponible ; la distraction portera sur les autres choses, non sur l’acte de tailler le crayon, tandis que, tout à l’heure, c’était l’inverse. […] Le premier phénomène prouve combien nous sommes portés à nous faire illusion sur notre libre arbitre, lorsque nous ne voyons pas les raisons cachées de nos actes, les liens de notre pensée actuellement dominante et impulsive avec toutes les traces autrefois laissées dans notre cerveau. […] Une fois hypnotisé, ce sujet était à la merci de toute suggestion et de tout ordre, hormis un seul : rien ne pouvait l’amener à porter un télégramme ; on avait beau lui promettre 20 livres sterling ou le menacer de mort, rien n’y faisait. […] Nous trouvons en effet, de nos jours, à côté de ceux qui admettent l’inconscience absolue, d’autres psychologues portés à admettre dans un même individu trop de consciences et de personnalités. […] Janet lui avait suggéré par la pensée de prendre une lampe, à onze heures du matin, et de la porter au salon.
Racine, certes, la sentait tout entière, mais il ne la rendait pas également, et il l’accommodait plus ou moins à l’usage de son temps, selon ce qu’on en pouvait porter autour de lui. […] On dirait que le goût des anthologies animait, poursuivait Méléagre en toutes choses ; il combinait et tressait ses propres passions comme les muses de ses poëtes : il faut le voir, dans cette Tyr dissolue, le long de ces îles d’Éolie qu’il parcourt, composer et assortir en tous sens les bouquets, les grappes d’Amours comme des grappes d’abeilles, retourner et diversifier à plaisir ses groupes de Ganimèdes et de Cupidons : cela rappelle cette nichée d’Amours, grands et petits, qu’Anacréon portait toujours dans le cœur. […] Que si tu m’amènes la belle enfant, je te coifferai d’une peau de lion, ô moucheron sans pareil, et je te donnerai à porter dans ta main la massue d’Hercule129. » Nous avons épuisé le chapelet de femmes que Méléagre nous avait composé tout d’abord, et il ne nous reste plus qu’Héliodora : c’est celle aussi, le dirai-je ?
. — Quand le talent de la farce s’ajoute ainsi au besoin de la vérité, la plaisanterie devient toute-puissante ; car elle donne satisfaction à des instincts universels et profonds de la nature humaine, à la curiosité maligne, à l’esprit de dénigrement, à l’aversion pour la gêne, à ce fonds de mauvaise humeur que laissent en nous la convention, l’étiquette et l’obligation sociale de porter le lourd manteau de la décence et du respect ; il y a des moments dans la vie où le plus sage n’est pas fâché de le rejeter à demi et même tout à fait […] Chaque fois qu’une veine de talent, si mince qu’elle soit, jaillit de terre, c’est pour propager, porter plus avant la doctrine nouvelle ; on trouverait à peine deux ou trois petits ruisseaux qui coulent en sens contraire, le journal de Fréron, une comédie de Palissot, une satire de Gilbert. […] Nouvelle Héloïse , passim, et notamment la lettre extraordinaire de Julie, Deuxième Partie, n° 15. — Émile, discours du précepteur à Émile et à Sophie, le lendemain de leur mariage. — Lettre de la comtesse de Boufflers à Gustave III, publiée par Geffroy (Gustave III et la cour de France). « Je charge, quoique avec répugnance, le baron de Cederhielm de vous porter un livre qui vient de paraître : ce sont les infâmes mémoires de Rousseau, intitulés Confessions.
Le chevreau qu’elle portait encore, la tête renversée sur son épaule, expira sur ses genoux en entrant à la maison. […] Les dimanches, après la messe, nous irons, ton père, Fior d’Aliza et moi, te porter ton linge et ta nourriture de la semaine. […] Je pensai que je n’oserais jamais sortir de dessous l’arche du pont sur lequel j’entendais déjà les pas des contadins qui portaient des raisins et des figues au marché, et surtout que je n’aurais jamais le courage de passer devant les gardes des portes, et d’entrer dans la terrible ville.
Vie de Michel-Ange (Buonarroti) I Cet homme, trop grand pour être contenu dans un seul nom d’homme, devrait porter quatre noms ; car son génie et ses œuvres suffiraient à quatre éternelles mémoires. […] Baldossari, ravi de cette œuvre, la porta à Rome, la fit enfouir dans une de ses vignes, voisine de Rome ; puis, l’ayant fait découvrir comme par hasard dans une fouille, toute souillée et toute mutilée, la fit offrir au cardinal de Saint-Georges comme une statue antique. […] Mais Michel-Ange l’affermit, le simplifia, l’éclaira, donna à ses piliers les muscles qui leur manquaient pour porter un Panthéon dans le ciel, le décora de son unité, de sa lumière, de son harmonie, ces trois attributs de la Divinité qu’il renferme, et mit, pour ainsi dire et pour la première fois, le christianisme en plein jour et en plein firmament ; enfin il fit le modèle, il commença les premières courbes de cette immense et sublime coupole qui écraserait le sol, si elle ne paraissait soutenue par le miracle de la pensée qui l’éleva dans les airs ; il attacha à jamais ainsi son nom et sa mémoire au plus grand acte de foi que l’humanité moderne ait construit en pierres.
Batailles générales ou combats singuliers ne portent guère bonheur à nos trouvères, même dans le Roland : ils ont à peine à sortir d’une monotone banalité, parce que peut-être la réalité était monotone et banale. […] L’embuscade dressée aux nouveaux mariés, le combat dans la lande tandis qu’il y a fête au château, Bègue laissé pour mort, sa jeune femme couchée sur son corps et se lamentant, la triste arrivée du cortège où le maître est porté sur une civière, le conseil des médecins, dont le plus vieux commande d’abord qu’on éloigne la jeune femme qui troublerait le malade : ce sont des scènes qui ont vie et mouvement. […] Mais le talent est rare : et pour quelques heureuses trouvailles, qu’on peut porter au compte des remanieurs, la somme de leurs méfaits est prodigieuse.
Il me suffira de rappeler que les principaux débats engagés dans les Chambres de la Restauration ont porté sur la liberté des cultes et toutes les questions particulières qui y tenaient, sur les biens nationaux et l’indemnité des émigrés, sur la liberté de la presse, sur l’organisation du système électoral, sur les majorats, sur la guerre d’Espagne, sur toutes sortes d’applications ou d’interprétations de la Charte, et, au fond, toujours sur la question de savoir qui l’emporterait, de la Révolution, ou de l’« absolutisme ». […] Pendant ses campagnes, il a porté son Homère dans sa poche ; dans ses loisirs de garnison, il traduisait Xénophon677 . […] La révolution de 1830, qui le porta au pouvoir, l’arrêta sur cette pente, et, comme dit M.