J’en prends deux, au hasard, dans Leurs figures : « Dans cette plaie panamiste, si mal soignée par des médecins en querelle, les sanies accumulées mettaient de l’inflammation. » L’autre phrase est particulièrement basse et, joyeux d’une joie de latrines, vous avez souligné vous-même deux fois le mot qui en aggrave ignominie : « Resté seul, cet homme de valeur, subitement chassé de son cadre, fit de la poésie sentimentale, tel un influenzé eût fait de l’albumine. » Je vous souhaite, Monsieur, de ne jamais faire de poésie sentimentale et d’albumine.
Elle avait été jusque-là une femme de lettres brillante et enviée, n’ayant été femme que les jours où elle avait été poëte, et ces jours-là, vous le verrez, furent moins nombreux que ces poésies, quoique plusieurs d’entre ces jours aient été très beaux ! […] Seulement, si la spontanéité de ses facultés passait bien souvent par-dessus les faux cadres dans lesquels posait sa pensée, nul ne put croire tout d’abord que, la plume à la main, cette Belle Impétueuse, qui se faisait un peu trop de rayons autour de la tête avec ses longs tire-bouchons d’or pût se maintenir, comme en ces Lettres parisiennes, femme du monde spirituelle, moqueuse et adorablement frivole, dans cette simplicité qui devait être une compression, et que nous avons tant admirées dans Mlle Mars, à la scène, car le talent de Mme de Girardin dans ses Lettres parisiennes rappelle le jeu de Mlle Mars, comme dans ses Poésies les cris de Mme Desbordes-Valmore rappellent le pathétique de Dorval.
Insupportable, si elle l’est, en effet, cette ubiquité, elle n’est plus divine, et Gœthe, réputé l’Olympien, Gœthe divinisé par l’admiration universelle, n’est plus le Dieu, comme on l’a fait, de la philosophie et de la poésie de ces derniers temps. […] — la poésie de l’Allemagne, comme l’éclectisme avait accepté sa philosophie ; et, d’enthousiasme, il prit Gœthe et Schiller sur le pied où l’Allemagne les prenait tous les deux : grands, mais inégaux, Gœthe devant toujours être « l’incomparable Gœthe » même en France, où Schiller, cependant, pour l’emporter sur lui, avait trois qualités d’un effet toujours certain sur l’aimable sensibilité française : il était pulmonique, sentimental et philanthrope.
Il avait vécu dans l’atmosphère de Lamartine, cette pile de Volta de poésie et d’éloquence qui électrisait les âmes, même les moins semblables à la sienne, et dont la séduction était si grande que ceux qui ne pensaient pas comme lui avaient grand’peine à s’en défendre. […] Le lyrique et l’enthousiaste qui sont encore en lui ont eu horreur de cet antipathique petit bourgeois, de ce Tartufe de libéralisme qui savait jouer sa partie avec l’opinion et gagner, en trichant, la popularité, de ce constructeur de couplets qui mettait de l’habileté jusque dans sa poésie charmante et dont l’imagination froide, madrée et libertine, n’eut jamais une grande et vraie inspiration.
Comme celle de Novalis, sa poésie est une maladie. » Heine ne dit pas quelle est cette maladie. […] En descendant des idées religieuses aux idées littéraires, Cazotte avait publié son Diable amoureux et mouillé la lèvre de l’imagination contemporaine d’un philtre qui n’avait pas, dans la coupe de l’enchanteur français, une bien grande magie, mais dont la saveur excitait et préparait à des saveurs plus pénétrantes… Au Nord comme au Midi, l’Europe, dégoûtée de matérialisme et de littérature positive, avait soif de surnaturel, la vraie poésie.
C’est un panthéiste qui, pour être profond et puissant, n’est ni trouble, ni confus, comme tous les esprits qui inclinent au panthéisme, aussi bien en poésie qu’en philosophie, aussi bien dans le sentiment que dans l’abstraction. […] Cette biographie d’un poète qui était plus la Poésie encore dans sa vie que dans son talent, ce n’est pas le fusain rapide de Sainte-Beuve qui en tiendra lieu, si je ne m’abuse, et un jour ou l’autre, soyez tranquille !
Malot ne semble guère avoir le sens des grandes cérémonies catholiques, inépuisables de poésie attendrissante et profonde. […] Il n’osait prononcer l’un et se sentait trop faible pour relever l’autre. » Cela n’est pas mâché, comme vous voyez, et on sait que nous ne sommes pas prude, mais nous demandons humblement, soit un peu de poésie, soit un peu de passion, pour faire passer ces franquettes d’expression qui, à froid, et dites comme cela, sont insupportables.
Elle n’était pas belle, elle aurait pu craindre qu’une femme si rayonnante à côté d’elle ne donnât des distractions dangereuses et sans repos aux cœurs qui lui étaient dévoués ; c’était l’époque où Benjamin Constant, cet Allemand léger, la pire espèce des légèretés, habitait souvent le château de Coppet ; le sentimentalisme suisse, la poésie nébuleuse de la Germanie s’unissaient dans ce caractère à l’étourderie spirituelle, mais un peu prétentieuse, de la France émigrée ; il ressemblait à un Berlinois de la société perverse et réfugiée de Potsdam du temps du grand Frédéric. […] Son hôtesse et lui passèrent une délicieuse saison à Tivoli et à Albano dans les maisons de campagne de Canova ; c’est là que cette femme, mondaine jusque-là, apprit à contempler la nature et à rêver ; madame de Staël l’avait troublée par sa politique, Canova et Albano la calmèrent par leur poésie. […] Son visage d’Antinoüs, ses cheveux parfumés, ses vêtements élégants, ses attitudes étudiées pour l’effet, sans mélange visible d’affectation, le faisaient remarquer partout ; son esprit très cultivé aimait le beau dans les lettres et dans les arts comme dans la toilette ; il sentait vivement la poésie et la piété, cette poésie des âmes tendres. […] Il souffre impatiemment cet exil dans un pays sans terre et sans ciel, pays fait pour l’intrigue et la guerre, et non pour la poésie.
Quand la philosophie sera devenue ce qu’elle doit être, qu’il n’y aura plus en elle que du général, des abstractions, des idées, qu’elle sera complètement en dehors des faits, alors il apparaîtra clairement aux yeux de tous qu’elle est une œuvre d’art plutôt que de science : poésie ennuyeuse et mal écrite pour les uns, élevée, puissante, vraiment divine pour les autres. […] De là vient qu’à l’ordinaire la métaphysique et la haute poésie se touchent, se confondent quelquefois comme dans le Paradis de Dante. […] Ier), « domine évidemment la pensée de la limitation de notre savoir », ressemble à la poésie sobre et mesurée du xviie siècle. […] Il nous faudrait parcourir l’histoire entière de la métaphysique pour montrer combien elle ressemble à la poésie. […] La philosophie continuera-t-elle à donner de la poésie pour de la science, à revêtir ses fictions de formules indéchiffrables, et à annoncer au monde pour la centième fois qu’elle a trouvé le mot de son énigme ?
Des convoitises ardentes, chauffées à blanc par la vue du succès et comprimées par les réalités de leurs positions, torturaient les plus médiocres des fils de la bourgeoisie, subitement émancipée ; pour endormir leurs appétits irrités que rien ne parvenait à rassasier, ils s’enivraient d’idéal, ainsi que d’un opium, ils s’embarquaient pour le pays des chimères, pour le monde du mensonge et de la poésie. La versification mécanique du xviiie siècle pétrifiait la poésie et la rendait impuissante à exprimer les nouveaux sentiments de l’âme sociale. […] La prose se poétisait puisque la poésie échouait dans le prosaïsme le plus morne et le plus conventionnel. Chateaubriand s’empara de la langue forgée par la révolution et la mania en virtuose de génie : ce n’est que lorsque la langue romantique eut affirmé dans la prose sa suprématie rhétoricienne et eut élaboré les éléments d’une langue poétique que Victor Hugo put, à son tour, faire triompher le romantisme dans la poésie. […] A. de Musset, Premières poésies.
Maurice Tourneux Il avait à peine dix-huit ans quand la Chronique, revue mensuelle (1842), inséra ses premiers vers, réimprimés depuis dans un recueil de poésies, intitulé d’abord Préface de la vie, puis Péchés de jeunesse (1847).
Toute la grande poésie romantique se réfléchit dans ses vers, non effacée, mais adoucie, comme dans une eau limpide.
Il a senti profondément l’austère poésie de la mer, son attirance magique, ses splendeurs sauvages.
Nous devons à cet Auteur un Essai sur le récit ou sur la maniere de raconter, qu’on peut regarder comme un Traité complet de la Narration, & où l’on trouve d’excellens préceptes sur l’Apologue, le Conte, le Poëme épique, la Poésie dramatique, & le Roman.
De là cette multitude de Poésies pleines de délicatesse, d’aménité, de sentiment, & d’une hardiesse plus que philosophique.
Quant à ses petites Poésies, elles annoncent, comme ses Comédies, l’Homme d’esprit, né sur les bords de la Garonne, mais jamais l’Homme de génie, élevé sur les bords de l’Hipocrene.
Sédaine est beaucoup plus agréable dans ses petites Poésies.
C'est sur-tout en cela qu'on peut le regarder comme un des meilleurs modeles de Poésie pastorale, quoique la chaleur du sentiment n'anime pas toujours ses Interlocuteurs.